Le parti de l’In-nocence se réjouit infiniment que la petite Berenyss X., dont la disparition avait alarmé toute la France, ait été retrouvée saine et sauve. Il profite de l’allégresse suscitée par ce dénouement heureux pour déplorer que de malheureux enfants puissent être affligés, en France, de prénoms aussi ridicules, et qui constituent de si graves atteintes à la culture, à la littérature et à l’onomastique nationales. Il réclame l’abrogation de la loi de 1993 qui a accordé aux parents une liberté presque entière dans le choix mais aussi dans la fabrication orthographique du prénom de leurs enfants. Cette loi aux effets désastreux a renoncé à un puissant facteur d’intégration sociale et nationale : le tronc commun des prénoms possibles tel qu’il était reconnu auparavant ; et elle l’a fait à un moment de notre histoire où jamais les instruments d’intégration n’avaient été plus précieux, nécessaires et désirables. Alors que la politique officielle, à tort ou à raison, est de gommer les inégalités sociales et culturelles, la pleine liberté accordée aux parents dans le domaine des prénoms, a pour effet de pérenniser, aux dépens des enfants et anciens enfants, les signes de l‘inculture, de la sottise, du mauvais goût ou de la défaveur sociale de leurs géniteurs.