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Sur l'idée d'un musée de l'esclavage au Garde-Meuble
Le parti de l'In-nocence admire qu'avec le projet présenté par un certain nombre d'historiens, parmi lesquels Esther Benbassa, Pap Ndyae ou Benjamin Stora, et suggérant l'installation d'un musée de l'esclavage dans l'un des palais de Gabriel sur la place de la Concorde, en l'occurrence l'ancien ministère de la Marine, l'énormité du symptôme névrotique affectant notre malheureux pays s'étale avec une aussi éclatante évidence. Jamais la haine de soi des uns, à merveille combinée avec la haine de l'autre des autres, n'a trouvé à s'exprimer avec tant de concision, à la fois, et tant de sûreté : il ne s'agirait de rien de moins en effet, cette fois, que d'ériger l'un des plus prestigieux monuments du patrimoine français, le plus centralement situé au cœur de la capitale de la Nation, en sanctuaire de la Honte, en temple du crime français, de l'indignité française, du déshonneur français et de la moderne passion française pour implorer le dégoût du monde entier, et d'abord des néo-français. La même conception pourrait amener à faire du palais du Luxembourg un musée de la Saint-Barthélémy, du Grand Palais un dôme de la Terreur et des Invalides un mémorial de la Collaboration, les quatre institutions étant alors confiées à la Réunion des Heures les plus Sombres de notre Histoire (RHSH), siégeant aux Tuileries reconstruites...

Le parti de l'In-nocence convient très volontiers qu'on puisse être écœuré face à la grande braderie véreuse, par le gouvernement, du patrimoine national, qu'il s'agisse de fragments inaliénables de la forêt de Compiègne ou, comme en l'occurrence, d'un des chefs-d'œuvre de notre architecture, faisant face à l'Assemblée nationale, et dévolu à la va-vite, sous l'égide d'un ancien ministre de la Culture, au financier international qui l'emploie et qui entend faire des lieux un emporium culturel de luxe. Il y a bien là, certes, de quoi éprouver de la honte pour les affairistes sans honneur et sans amour de la patrie qui sont en charge des affaires de l'État. Mais la France, faut-il le rappeler, n'a pas connu que des occasions de honte et ce n'est pas à la honte, à sa propre honte, à l'horreur maladive de soi, qu'elle doit consacrer les plus glorieux de ses palais.

Le parti de l'In-nocence remarque que d'autres historiens, parmi lesquels MM. Pierre Nora et Régis Debray, justement ulcérés par la déchéance commerciale, hôtelière et dorée promise à l'hôtel de la Marine, ont suggéré précédemment que soit installé là le grand musée de l'Histoire de France voulu par le président de la République et dont le principe même les avait pourtant trouvés jusque là réservés. Cette suggestion semble excellente. Un tel musée, en un tel cadre digne de lui, pourrait faire leur juste place, bien entendu, aux épisodes les moins honorables de notre histoire, qu'il n'est certes pas question de nier. Mais il disposerait surtout d'un site à la mesure de la grandeur et de la noblesse de notre peuple et de sa civilisation à travers les âges, et c'est là ce qu'il convient de mettre surtout en avant si cette histoire doit se poursuivre.
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