Madame la Candidate,
Mon cher Coûteaux,
Mesdames & Messieurs,
si notre ami Paul-Marie Coûteaux a bien voulu
m'inviter à prendre la parole devant vous aujourd'hui, et à m’adresser à Marine
Le Pen, c'est en tant qu’ex-candidat moi-même, désormais, puisque je n’ai pas
réussi à obtenir les fameuses cinq cents signatures, et en tant que président
d'un parti politique, petit, sans doute, mais qui n’est pas sans une certaine
activité sur la Toile et comme producteur de concepts, si j’ose dire,
d’expressions ou de thèmes dont certains font leur chemin, et parfois jusqu’en
votre bouche, Madame, je l’ai remarqué avec plaisir : la décivilisation,
la Grande Déculturation, le Grand Remplacement, le changement de
peuple, la sécession scolaire. Il y en a un, malheureusement, que nous ne
sommes pas arrivés à répandre jusqu’à présent, et c'est regrettable pour nous
car il est essentiel à notre façon de voir les choses et il est le nom de notre
parti, j'ai nommé l’In-nocence, dont quelques-uns d'entre vous, Mesdames
et Messieurs, ont peut-être déjà eu l'occasion de m’entendre parler, et je les
prie de m’en excuser.
L'In-nocence, la non-nocence, la non-nuisance,
le pacte d’in-nocence, l’engagement civique à ne pas nuire, à ne pas déranger,
à ne pas importuner ou attaquer ses concitoyens, il nous semble pourtant que
c'est ce dont notre société a le besoin le plus urgent ; car la nocence, la
nuisance, la nocivité, l'agression, la brutalité et la violence y vont
croissant, qu’elles s’exercent contre les personnes ou contre les biens, contre
le territoire, le sol, l’air, l'eau ou contre la planète en son ensemble.
Lorsqu’on interroge les Français sur ce qui fait la matière de ce pessimisme et
de cette mélancolie qu’on leur voit, ce qu’ils nomment en premier c’est la
dureté des rapports sociaux, des rapports de voisinage, dans les immeubles et
dans les halls d’immeubles, dans les transports en commun et dans les lieux
publics. La nocence va des trop fameuses incivilités aux crimes les plus
épouvantables comme ceux dont Toulouse et Montauban ont été tout récemment le
théâtre. Un univers d'intensité sépare ces manifestations diverses, bien sûr ;
et pourtant il n’y a pas entre elles de solution de continuité : c’est globalement
que doit être envisagé ce monde de la violence petite et grande, de la méfiance
de tous contre chacun, qui est celui auquel nous contraint le prétendu “vivre
ensemble”, cette antiphrase, cet idéal mensonger qui prétend, sous l’instance
d'une conception imaginaire de l’homme, forcer à partager un même territoire
des individus, passe encore, mais aussi des peuples, à présent, des cultures,
des civilisations, des langues, des religions qui ne le désirent pas et trop
souvent ne s'aiment pas. Le politique s’obstine à traiter séparément des
questions qui n’ont de sens et d'espoir de solution qu’à être envisagées du
même regard au contraire : les problèmes de voisinage et le multiculturalisme,
la crise de la transmission et la remise en cause des structures familiales,
l’ultra-violence et le changement de peuple, la délinquance et le Grand
Remplacement dont elle est le bras armé, la surpopulation carcérale et
l’islamisation, l’immigration et la crise du logement, la banlocalisation du
monde, son devenir banlieue, et l’évolution démographique, laquelle d’ailleurs,
soit dit en passant, rend absolument vaines, inopérantes et dérisoires toutes
les politiques écologiques, si ruineuses soient-elles.
Le concept d'in-nocence a ce mérite — et c’est
pourquoi nous y tenons, et c'est pourquoi nous ne désespérons pas de le répandre
sinon dans le public du moins dans la réflexion politique — qu’il permet
d’envisager ensemble ce qui relève du politique proprement dit, ce qui relève
de l'écologie — car la nocence n’est rien d'autre que la fameuse nuisance
des écologistes — et ce qui relève de la vie quotidienne, des rapports entre
les individus, ce qui fait la matière même de leurs jours et dont les Français
trouvent que les candidats ne se soucient pas assez.
J’ai échoué, je n’ai pas pu être candidat, nous
n'avons pas pu répandre dans le public l'idée de l’in-nocence, du pacte
d’in-nocence, de non-nocence dans lequel nous voyons un nouveau, fondamental et
très nécessaire contrat social. Nous n’avons pas pu imposer dans la campagne
électorale nos thèmes principaux, la décivilisation, la Grande Déculturation,
le Grand Remplacement, le drame de l’École. Je n'ai pas pu obtenir les fameuses
cinq cents signatures, du fait de mes propres limitations, sans doute, du fait
aussi d'un double barrage dont vous savez quelque chose, Madame, même si vous
en avez triomphé et en triomphez chaque jour : barrage institutionnel, barrage
médiatique — celui-ci, dans mon cas, plus rigoureux encore que celui-là. Les
médias et moi, nous nous sommes détestés à peine nous étions-nous entraperçus.
Or ils sont le pouvoir qui n’oublie ni ne pardonne. Critiquez un journal, une
station de radio, une chaîne de télévision, c'est être un homme mort pour
chacun d’eux : un homme mort qu’on peut encore tuer, si besoin est. Il est à
noter que la liberté d’expression, qui fut inventée pour une large part au
bénéfice de la presse, n’a pas aujourd'hui de plus rigoureux ennemi qu'elle.
Dans son combat de tous les instants pour la vertu idéologique, le journalisme
tient à lui seul tous les emplois : policier, juge d'instruction, enquêteur,
mouchard, indicateur, procureur, juge et même bourreau, pour assurer la fameuse
mort civile, si bien prévue par Tocqueville, du déviant, du sceptique, de celui
qui s’obstine à en croire ses yeux et ses oreilles, son expérience, sa
souffrance, et à ne pas porter foi au monde imaginaire forgé par le complexe
médiatico-politique, ce faux réel, ce réel faux, ce qu'on pourrait appeler le fauxéel,
ce fameux vivre-ensemble où l’on vit de moins en moins de moins en moins
ensemble.
Nous tenons à l’In-nocence que le changement de
peuple, le Grand Remplacement, la substitution à la population indigène d'un ou
plusieurs peuples allogènes constitue à la fois le phénomène le plus
cataclysmique de l'histoire de France depuis quinze siècles et, par voie de conséquence,
le plus considérable de ceux auxquels nous assistons : plus considérable même,
et plus grave car plus irréversible en ses effets, que la crise, la fameuse
crise économique, dont loin de moi pourtant de diminuer la gravité, certes ; et
plus considérable même que la crise de la transmission, la crise scolaire, la
crise des systèmes d'éducation, ces crises qui pour une large part ne sont
qu’un contrecoup du Grand Remplacement. Je l’ai dit et écrit cent fois, un
peuple qui connaît ses classiques, qui est conscient de son histoire et sait ce
qu'il se doit, ne se laisse pas mener sans rechigner dans les poubelles de
l'histoire. Pour que s'accomplisse le changement de peuple est indispensable la
déculturation qui procède du désastre du système éducatif, de l'enseignement de
l’oubli, de l'imbécilisation médiatique, de l’industrie de l’hébétude. Et le
type d’homme et de femme ainsi créé, ou plutôt produit, fabriqué,
industriellement façonné par la télévision et le divertissement de masse, cet
“homme remplaçable” qui ne reçoit d’autre enseignement rigoureux que celui de
l’antiracisme dogmatique, c’est-à-dire la doctrine de sa propre
interchangeabilité et de l'interchangeabilité générale, cet homme désoriginé,
désapparenté, ce fils de personne qui ne sait même plus le nom de jeune fille
de sa mère ou de sa grand-mère et connaît à peine son propre nom, ou du moins
s'en sert de moins en moins car nous sommes entrés dans l’ère du prénom quand
ce n’est pas de l’affreux pseudo des réseaux internetiens, cet homme sans honte
et sans parole, sans parole d’honneur, car il n’y a que le nom qui signe et qui
engage et mette en jeu l'honneur, cet homme remplaçable, donc, il est
exactement ce que désirent les responsables de la crise économique, ce dont ils
ont besoin pour leurs affaires, leurs multinationales et leurs spéculations.
Je me tourne vers vous, Madame, parce que l’In-nocence
et moi ne savons plus à quel saint ou sainte nous vouer. Je tiens pour l’un des
grands désastres de l'histoire de notre pays durant les trente ou quarante
dernières années qu’à votre parti beaucoup de Français, dont je suis, aient
jugé impossible de se rallier, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai
pas, alors même que sur bien des points ils lui donnaient raison et
reconnaissaient même qu'il était seul à dire la vérité sur ce qui survenait. En
votre personne cette impossibilité est largement levée, quand bien même on ne
serait pas en accord avec les vues de votre parti sur l'économie, par exemple,
ou sur l’Europe. Sur la question pour nous primordiale, essentielle,
fondamentale du Grand Remplacement, ou, pour parler de façon plus séculière, de
l’immigration, je ne sais pas si vous êtes d’accord avec nous mais nous
pensons, nous, et c’est tout ce qui compte pour nous en cette urgence, que vous
êtes, de tous les candidats admis à se présenter, le plus à même de ralentir la
tragédie qui survient, voire d’y mettre fin ou de la renverser. C’est pourquoi
nous tournons vers vous nos espérances et sommes tout disposés à appeler nos
membres, nos amis, nos sympathisants et les habitués de nos forums à vous
apporter leurs suffrages si vous voulez bien, Madame, considérez d’un œil
favorable les quatre points ci-après :
Premièrement, reconnaissance de la nécessité urgente
de mettre un terme, par toutes mesures appropriées, dans le strict respect de
l’État de droit mais quitte à modifier profondément la loi et même les
engagements internationaux de la France, au Grand Remplacement du peuple
français par d'autres peuples de toute origine et à la substitution, sur son
territoire même, d’autres cultures et d'autres civilisations à celles qu'il
avait lui même portées si haut — il s'agit d’interrompre résolument
l'immigration de peuplement et d’œuvrer de façon déterminée à l’assimilation,
au sens le plus traditionnel et puissant du terme, des immigrés récents et de
leurs descendants, en invitant ceux d'entre eux qui y seraient hostiles à
regagner leur véritable patrie. La France, par exemple, n’est pas une terre
d'islam, elle ne l’a jamais été et elle ne désire pas le devenir. Sa
civilisation et celle de l’Europe se sont largement constituées par opposition
et en résistance à cette religion et à ce système politique, car c’en est un,
même s’il nous paraît ces temps-ci bien mauvais et peu efficace. Il me semble
que tel pour qui la religion islamique serait ce qu’il y a de plus important
dans la vie — ce qui après tout est parfaitement légitime — et qui désirerait
vivre dans une société islamique, devrait en toute raison faire choix d’une
autre résidence et d’une autre patrie que la France et que l’Europe. Nous
suggérons à ce propos, mais c’est une proposition parmi de nombreuses autres
dont je tiens la liste à votre disposition, que soient pris au mot ceux qui
renient publiquement et expressément la nationalité française, qui déclarent,
comme ce n’est que trop fréquent, n’être français que de papier et que leur
véritable patrie est une autre nation, ou bien défilent, eux Français,
officiellement, sous des drapeaux étrangers, non sans faire quelques dégâts sur
leur passage, en cas de match de football entre leur pays et la France. Que
ceux-là soient exaucés, que leurs vœux soient entendus, que leur situation
administrative soit mise en accord avec leurs sentiments, que la nationalité
française leur soit retirée. Et qu’il en aille de même pour les soldats qui
refuseraient de combattre tel ou tel ennemi, comme je crois comprendre que ce
n’est pas tout à fait sans exemple, au motif qu’il s’agirait de
coreligionnaires ou de frères de race.
Deuxièmement, reconnaissance, au vu de l'état actuel
de l’Éducation nationale et de son caractère irréformable à court terme, et
compte tenu du lien étroit entre déculturation et Grand Remplacement, entre
effondrement du système scolaire et changement de civilisation, reconnaissance,
donc, du droit, pour ceux qui le souhaiteraient — les volontaires des trois
catégories concernées, professeurs, parents d'élèves et élèves eux-mêmes —,
d'obtenir, au pro-rata de leur nombre, des établissements et des subsides
consacrés à une éducation réformée, respectueuse des conditions d'une
transmission effective des savoirs selon une exigence renouvelée en matière de
formation intellectuelle et de culture authentique, en conformité avec les
traditions de l'humanisme européen. Les pédagogistes et leurs éternelles
réformes de réformes nous embrouillent en vain, les choses ne sont pas si
compliquées qu'ils le disent, tout le monde sait à peu près, au fond de soi,
quel système d'éducation donne de bons résultats et en a donné pendant des
siècles à une élite qu'il s'agit d'élargir et de renouveler, et d'abord de
reconstituer parce qu'elle s’est perdue. Que si les volontaires sont mille on
leur donne un lycée, cent lycées s’ils sont cent mille. Ils serviront
d’exemples. Il s'agit de créer des établissements où tous ceux qui le
souhaiteront seront admis, sans distinction bien sûr d'origine sociale,
culturelle, économique ou ethnique, mais où ne seront maintenus que ceux qui
pourront et voudront en bénéficier sans empêcher les autres, surtout, d'en profiter
; ceux qui ne le voudraient ou ne le pourraient pas, en dépit des aides
particulières mises à leur disposition, ne subiront d'autre sanction que de
retourner au système actuel, tant vanté par les Amis du Désastre.
Troisièmement, reconnaissance de l'état de délabrement
écologique, esthétique et ontologique du territoire, menacé par la
banlocalisation générale, par la disparition subséquente de la campagne, de ses
habitants et de sa civilisation propre, par l'artificialisation croissante,
l'aménagement forcené, la publicité et la signalisation à outrance — il s'agit
de protéger rigoureusement tout ce qui a échappé jusqu'à présent au maillage et
au devenir-banlieue précipité, pour établir, au bénéfice de la flore, de la
faune, du patrimoine, de l’eau, de l'air, mais avant tout de l'espèce humaine,
de véritables réserves d'absence, de silence, de nuit et d’in-nocence, de
non-nocence, de non-nuisance
Quatrièmement, reconnaissance de l'impérieux besoin
d'une défense résolue de la langue française, et cela à deux niveaux bien
différents mais intimement liés : d'une part sa présence en France, en Europe
et dans le monde, qui doit être soutenue par le truchement d'incitations, de
subventions, d'exemples et de manifestations et, sur le territoire national,
d'interdictions d'usage public de langues ou d'expressions étrangères, en
particulier dans les enseignes, publicités et raisons sociales ; et d'autre
part sa cohérence, sa qualité, sa correction et sa beauté, dont seront
responsables et garants, en particulier, les dirigeants des différentes chaînes
et stations de service public.
L’état de la langue, nous le croyons très
profondément, est le reflet très fidèle de celui d’une société et même, plus
gravement, d’une nation. Or, si cette observation est juste, elle est très
alarmante. Pour assurer que ne sera pas dit ce qui survient, que la vérité sera
tue, que le réel ne percera pas le mur de mensonge, que le fauxéel ne sera pas
menacé dans ses monopoles, on force les mots, un à un, à dire ce qu'ils ne
veulent pas dire, à signifier autre chose que leur sens : voyez musique,
réduit à désigner l’odieuse sonorisation des rues, des couloirs, des galeries
marchandes, des débats publics et de tous les moments de la vie ; voyez culture,
contraint de nommer toutes les activités de loisir, y compris les plus
imbéciles et les plus désespérées, les plus représentatives au contraire de
l’inculture et de la déculturation ; voyez populaire, milieux
populaires, quartiers populaires, qui ne sert plus que pour les lieux d’où le
peuple ancien a été chassé, où il est déjà remplacé ; voyez jeunes,
voyez incivilité, voyez le ridicule sensible, tous éléments d'un
langage codé, mensonger, qui ne sert plus qu'à assurer que ce qui devrait être
dit ne le sera pas, que ce qui survient ne sera pas nommé, que le réel
n’affleurera pas, que le fauxéel continuera d’être seul autorisé de parole.
Plus profondément encore, c'est l’effondrement de la syntaxe, y compris au sein
des prétendues élites, y compris chez ceux dont les diplômes devraient nous assurer
qu'ils parlent bien, qu'ils écrivent bien, qui témoigne de l'effondrement de la
grammaire d’être, si j'ose dire, entre nos concitoyens, de l’évaporation des
codes, de la dissolution du sens. Rendez leur sens aux mots, Madame, voilà ce
que nous vous demandons. Nommez ce qui survient. Sortez-nous de ce mensonge,
dont les Français ne peuvent plus. Permettez-leur d’en croire leurs yeux,
d’exprimer ce qui leur arrive, ce qu'ils ressentent et ce qu’ils souffrent, de
retrouver la parole, et d’abord la parole d’honneur.