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Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna

Envoyé par Alain Neurohr 
18 décembre 2011, 11:21   Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Même les Ritals nous lâchent ! Cela me fait particulièrement de la peine. J'ai un nom alsacien, donc germanique, et mon prénom est un aveu de francité auquel je tiens. "Quand je mourrai, écrit Saint-John Perse, mon dernier souffle sera chimiquement français". Moi aussi. Richard Millet a osé dire chez Finkielkraut : "Mohamed ! Mohamed à la troisième génération, c'est vraiment que le gars n'a pas envie de s'intégrer ! " Je croyais être seul à m'agacer de l'évitement du prénom français.
J'ai grandi dans un quartier de Cannes où mes meilleurs copains étaient deux frères d'origine italienne, René et Robert. Les parents ne leur parlaient jamais italien, ils n'auraient pas eu l'idée de s'envelopper dans un drapeau italien pour un match de football. Le père était des Abruzzes, la mère piémontaise. Les Piémontais sont des ponts entre Italiens et Français. Quand Rousseau fut laquais à Turin, tous parlaient français dans la noble maison où il servait. Vers 1900, un cordonnier piémontais nommé Giono alla s'établir à Manosque, il engendra le plus grand écrivain français du XXème siècle. Il ne l'appela pas Giovanni, mais Jean.
Il y a quelques années de cela, une jeune fille turinoise de famille très pauvre débarque à la gare de Lyon avec sa valise en carton. Elle rencontre un jeune prolétaire français originaire de Neuilly, l'épouse. Le couple respire l'air français, touche les allocations familiales française, le mari reçoit un salaire confortable de la République française. Ils attendent un bébé. C'est une fille. Ils la prénomment ...Giulia. Dommage.
Comme il n'y a plus d'exotisme, l'exotisme est à la mode.
il engendra le plus grand écrivain français du XXème siècle

J'aime beaucoup Giono, mais il y a peut-être une nuance à apporter, ici ?
Utilisateur anonyme
18 décembre 2011, 13:04   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Peut-être le plus grand écrivain de Manosque de tous les temps ?
N'allons pas trop loin dans la nuance non plus !!!
Et rendons à Pagnol ce qui est à César.
Je crois qu'il a été dit ici que la France éternelle et généreuse avait confié l'une de ses plus vénérables fonctions, celle de Garde des Sceaux, à une certaine Rachida Dati. Laquelle, en gage de gratitude et d'intégration, avait prénommé sa fille Zohra.
"Les gens se vengent des services qu'on leur rend..."
Je crois qu'il a été dit ici que la France éternelle et généreuse avait confié l'une de ses plus vénérables fonctions, celle de Garde des Sceaux, à une certaine Rachida Dati.


Vous noterez que les Bons Français de Souche Européenne ont toujours fait preuve de gratitude en associant cette fonction à des hauts faits remarquables (je pense à Jean-Baptiste Teste, seul Garde des Machins qui se passa les menottes lui-même, et à ses successeurs lointains Alibert, Bathélemy, Gabolde. Je cite pour mémoire le Président Laval, qui occupa (?) la fonction).
Notez que si Giono fut sans aucun doute le plus grand écrivain de Manosque, il en fut aussi le plus précoce, puisqu'il y naquit en 1895, cinq ans avant que son père ne s'y établît.

Je crois qu'il a écrit des choses sur les Allemands vivants et les Français morts, je ne sais plus trop quoi... il est vrai que du Regain à La Gerbe il n'y a qu'un pas, celui de l'oie.
Utilisateur anonyme
18 décembre 2011, 21:40   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
A mon souvenir le très grand poète René Char avait organisé, lors qu'il résistait, un petit avertissement sonore et pétaradant dans la maison de M. Giono pour lui rappeler qu'il était le plus grand écrivain de Manosque et non de Vichy.
"De gustibus non est discutandum", mais lisez tout de même ces choses moins connues que sont "Le moulin de Pologne" ou "Ennemonde et autre caractères". Personne d'autre que Giono parmi les Français ne donne la même impression de bouffée de grand vent qu'on reçoit en lisant Melville ou Faulkner. Quant à ses opinions politiques, on peut tenir, en mineur, les mêmes raisonnements que sur Céline.
Jean-Marc, Jean-Marc, Jean-Marc ! Souvent imité, jamais égalé... Prenez ce minuscule exemple : vous me citez, je vous en remercie, mais vous omettez la proposition principale de mon intervention. Puis vous mettez en parallèle le Garde des Sceaux dont je je fais mention avec certains de ces prédécesseurs que vous présentez comme étant fautifs. Rien à voir avec ce que j'ai voulu indiquer. J'en connais un qui va encore dire que vous lisez vite ou que vous êtes un peu sophiste mais celui-la se taira puisqu'il a été nommé ministre. Dites-moi, cher Jean-Marc, vous connaissez sans doute le garde des Sceaux qui ne savait pas se garder lui-même ?
Eric, j'avais lu en entier.

Comme j'étais incertain des prénoms des enfants des ministres que je citais, je me suis abstenu de citer votre deuxième paragraphe.

Pour votre question, je ne le connais pas personnellement, mais je crois que si Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Mitterrand la fit rendre par un gland.
A mon souvenir le très grand poète René Char avait organisé, lors qu'il résistait, un petit avertissement sonore et pétaradant dans la maison de M. Giono pour lui rappeler qu'il était le plus grand écrivain de Manosque et non de Vichy.

Michel, je me demande si Giono avait vu là un Signal...
Utilisateur anonyme
18 décembre 2011, 22:33   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Vous êtes bien facétieux ce soir, cher Jean-Marc .En tout cas, l'on rapporte qu'il a été soufflé. Ce dont son oeuvre semble avoir profité, comme l'indique Alain N. !

Plus sérieusement, je suis en partie d'accord avec M. N. : Giono est un grand écrivain.
Vous savez, Michel, il y a toujours, dans toute assemblée, un vilain petit canard (ou un noir corbeau, au choix).

Quand Giono publia "Triomphe de la vie" (joli titre, n'est-ce pas ? on sent là de la volonté), la presse de la collaboration (la vraie, pas Le Monde et Libération et les Inrocks) ne sut trouver de mots assez élogieux. Seul le Peter Pan de "Je suis partout" tempéra cela en écrivant cette phrase mortelle : "M. Giono pense, nous n'y pouvons rien".
Utilisateur anonyme
18 décembre 2011, 22:52   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Mortelle et sublime !

Je ne suis guère ornithologue, mais m'est avis que les canards pourraient bien vous prendre pour un cygne et les corbeaux (qui volent en bande) pour un aigle (qui s'élève seul dans le ciel).
Brasillach aurait été parfaitement incapable d'écrire Un Roi sans divertissement, et la mortalité de ses petites phrases lui est finalement revenue à la figure, ce qui est bien fait.
Autre phrase, axée sur la mort elle aussi, mais à rebrousse-poil, de Giono cette fois : « Si le progrès est une marche en avant, le progrès est le triomphe de la mort. »
Tiens tiens...
19 décembre 2011, 01:18   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
.
Citation
Jean-Marc
Je crois qu'il a été dit ici que la France éternelle et généreuse avait confié l'une de ses plus vénérables fonctions, celle de Garde des Sceaux, à une certaine Rachida Dati. Laquelle, en gage de gratitude et d'intégration, avait prénommé sa fille Zohra.


"La grande Zohra », surnom donné par les Français d'Algérie au général de Gaulle.(wikipédia)
Alain,


Je parlais de l'opinion que ses amis politiques avaient de M. Giono, quand M. Giono écrivait à l'heure allemande.
Utilisateur anonyme
28 décembre 2011, 17:11   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Mes parents, fraichement débarqués de leur Sicile natale en juin 1960. Je suis né en janvier 1961, ici dans un village de la Loire, près de Saint-Étienne. Mon père m'a déclaré à la mairie sous le prénom de "Joseph" et non pas "Giuseppe", comme on dit là bas.
Allez savoir pourquoi !
Parce qu'en 1960, l'admission à la citoyenneté française était un honneur. La France était du camp des vainqueurs (pour les Italiens, cela pouvait avoir une certaine importance), son empire était encore, pour très peu de temps, inentamé, son armée avait été restaurée, ses chefs étaient des combattants, l'Algérie n'avait pas été lâchée, le paquebot France faisait l'admiration du monde entier, et les Etats-Unis d'Amérique, pays des victorieux et du Bien eut pour "first lady", l'année de votre naissance, une dame dont l'arrière grand père maternel était originaire de Pont-Saint-Esprit (Gard), dame habillée "à la française" qui avait étudié à la Sorbonne (et à Grenoble). Franchement, si vous aviez été votre père, n'auriez-vous pas eu envie, en 1961, de prénommer votre fils Joseph plutôt que Guiseppe ?

(Il y eut, en avril 1961, une confrontation de héros français, en Algérie: des héros se rebellèrent contre un autre héros, ce dernier réduisit les premiers, comme dans une tragédie grecque où les vaincus eux-mêmes ressortent grandis. La France était un pays admirable, redressé, et ceux qui durent cette année-là s'incliner devant le charisme de De Gaulle ne virent nullement leur honneur se ternir pour autant. Que faut-il de plus pour rendre la citoyenneté de pareil pays désirable ?)


Utilisateur anonyme
28 décembre 2011, 21:57   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Citation
Francis Marche

(Il y eut, en avril 1961, une confrontation de héros français, en Algérie: des héros se rebellèrent contre un autre héros, ce dernier réduisit les premiers, comme dans une tragédie grecque où les vaincus eux-mêmes ressortent grandis. La France était un pays admirable, redressé, et ceux qui durent cette année-là s'incliner devant le charisme de De Gaulle ne virent nullement leur honneur se ternir pour autant. quote]
Oui Cher Francis Marche
Nous avons accepté le verdict de l'histoire avec le sentiment que notre malheur était un sacrifice à faire à la grandeur de la France, incarnée par un homme. Comment ne serions nous pas plus amers et révoltés que tout autre français devant ce qui arrive à notre pays, envahi, occupé, méprisé, souillé, par ceux là mêmes à qui nous avions dû céder la terre que nous aimions.
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 15:08   Re : Giulia Sarcozzi et Roberto Alagna
Merci Francis, ma réflexion allait dans ce sens.
Être né en France, partager sa culture, son histoire et être fier d'être français (même de génération: 1) est un choix et ne doit en aucun cas être une charge. je suis donc né en France, à l'âge de 18 ans, j'ai choisi d'être français, car j'aime le pays où je vis et, l'autre, celui de mes origines, appartient à mes parents et à eux seuls.
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