En observant la décivilisation, il semble que nous allions contre l'idée galvaudée du progrès universel. Cela n'est pas gênant ; mais ce qui l'est, c'est que l'idée de progrès s'adosse à une vision de l'histoire assez consistante, portée par Kant, Hegel ou d'autres.
Pour les philosophes rationalistes, le vrai, le bien, la science, s'imposaient nécessairement aux hommes. Donc, dans la confrontation entre des forces obscures et des Lumières, ces dernières finissaient toujours par l'emporter, au moins pour deux raisons différentes :
- les hommes, êtres raisonnables, adhéraient librement aux propositions de la Raison ;
- les puissances porteuses de la raison s'avéraient mieux armées, plus capables, in fine moins désorganisées, que les puissances obscures (prosaïquement, c'est dans un Etat libre et démocratique que la science et les techniques se développent, donnant l'avantage décisif à celui-ci sur ses adversaires théocratiques ou totalitaires).
En vertu de ces quelques considérations, on devrait donc pouvoir penser que ce sont bien les Lumières et la science qui convertiront, à court ou moyen terme, les "décivilisateurs". Et que dans la rencontre, la Civilisation doit en quelque sorte sortir d'une phase de Décivilisation (qui ne peut être qu'une phase...).
Bon, ces quelques notes en forme de provocation n'ont pour objectif que d'inviter la noble assistance à exprimer la philosophie de l'histoire de l'In-nocence, et son rapport avec des philosophies de l'histoire optimistes ou kantiennes.