Je suis bien sûr d'accord avec vous Jmarc, concernant le respect des niveaux de langue des textes en traduction. "Vernaculaire" n'est pas si mal que ça cependant; il permet par exemple de traduire la notion métalinguistique chinoise de "kou yu" (口語) qui peut, en un sens, être vu comme un "authentic language".
Concernant la simplification du style administratif dans le monde anglo-saxon: je ne connais que le cas de la Grande-Bretagne et sa "plain English campaign", c'est ainsi que certains dépliants, chez le médecin, à la poste, sont porteurs d'un label "plain English" pour que les migrants puissent les comprendre. C'est un "nivellement par le bas", comme disent les syndicalistes en s'en plaignant, celui-là étant volontaire et revendiqué.
Concernant la Chine continentale; l'on pourrait sans trop exagérer dire que depuis 1959, toute la Chine communiste s'est construite en nivelant le langage par le bas; en commençant par simplifier les graphies, avec l'effet pervers qu'elles en deviennent indistinctes et que bon nombre s'assimilent à des proches et "tombent" ainsi du langage. C'est le vieux problème de la discrimination dans le sens le plus noble du terme. On s'aperçoit ainsi, en creux, c'est à dire en en faisant l'économie, que la discrimination est
aussi une forme d'intellection.
Concernant Taïwan et Hong Kong: je crois devoir répondre par la négative. Le style administratif impérial se doit d'être univoque, elliptique et même obscur; la langue chinoise classique est toujours un monologue vertical descendant qui, se passant de grammaire , semble toujours dire au lecteur "si tu ne comprends pas, c'est ta faute"; elle n'est pas (ou elle n'est qu'exceptionnellement) socratienne, "chatty". Lorsqu'elle le devient, elle cesse d'être administrativo-classique et se coule dans le "Kou Yu" susnommé, dans la cohue indifférenciée du populaire , du bavard, du braillard, et, du coup, ce qui peut paraître paradoxal mais ne l'est pas,
elle acquiert une nécessaire grammaire !