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Immigration : Analyse d'Ivan Rioufol sur la politique proposée par Sarkozy

Envoyé par Ostinato 
Bloc-notes: oser repenser l'immigration
[blog.lefigaro.fr]

L’Europe peut s’unir sur une politique migratoire. Nicolas Sarkozy entend le prouver avec son pacte sur l’immigration et l’asile, présenté lundi à Cannes par Brice Hortefeux. Le président, qui croit en la puissance du verbe, saura convaincre ses partenaires. D’ailleurs, l’accord est déjà annoncé pour octobre. Mais le document devra dépasser les conformismes, s’il veut être symbolique de ce que l’Union peut produire quand elle s’adresse aux peuples. Or, les bonnes questions ne sont pas posées.
Dans son actuel préambule, le pacte en appelle à la pensée académique en soulignant la "chance" que peuvent représenter les migrations qui "contribuent à la croissance économique de l’Union et des États membres qui ont besoin de migrants, en raison de leur situation démographique ou de l’état de leur marché du travail". Le texte se garde de s'attarder sur les déstabilisations culturelles que provoquent des phénomènes de peuplement. En Grande-Bretagne, cette réalité incite le chef de la magistrature à accepter la loi islamique (charia) dans certains contentieux.
La tentation de sous-évaluer la fragilité des nations est confirmée par le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale quand il juge "mineure" une des concessions faites au gouvernement socialiste espagnol de renoncer à la signature d’un "contrat d’intégration obligatoire" incluant pour les immigrés légaux l’obligation d’apprendre la langue nationale et "les valeurs européennes". Cet engagement n’est-il pas, au contraire, le minimum sur lequel devraient s’accorder les pays confrontés aux repliements ethniques?
Dans l’immédiat, l’Europe a moins besoin d’un pacte que d’un diagnostic partagé sur les effets de l’immigration. Or ce préalable est oublié des dirigeants. Il est vrai que les faits obligeraient à s’interroger sur la réislamisation d’une partie des communautés nouvellement installées et sur leur croissante démographie: des considérations informulables pour le discours officiel. Le non-dit y reste la norme.
Pourtant, même le rapport de la commission Mazeaud sur les quotas d’immigration, remis aujourd’hui à Hortefeux, reconnaît l’inefficacité de "l’immigration choisie", que la France voudrait faire partager à ses vingt-six partenaires. Tout au plus cette politique, qui vise à favoriser une arrivée quantifiée de travailleurs, aboutirait à augmenter ceux-ci sans abaisser les improductifs flux familiaux. Aussi faut-il oser repenser l’immigration en fonction des nouveaux problèmes qu’elle crée.

Ouvrir et protéger
"Le pacte ne promeut ni une Europe forteresse ni une Europe passoire", explique Brice Hortefeux. Il fait valoir que le texte affirme que "les étrangers en situation irrégulière sur le territoire des États membres doivent quitter le territoire". Cependant, il est loisible d’estimer mal pensée cette vision d’une Europe en attente d’un peuplement de secours pour financer ses retraites et enrayer son déclin nataliste. Ce raisonnement comptable ne peut que conduire à l’effacement progressif de l’hôte, amené à accueillir continûment des cultures hétérogènes et ne s’assimilant plus. Comment concilier ouverture au monde et protection des nations?
Répondre à la question oblige à reconsidérer l’immigration, sans la rejeter. Quand les membres de la commission Mazeaud proposent de favoriser les va-et-vient entre les pays d’origine et la France en assouplissant les contraintes, ils ouvrent une piste que votre serviteur suggère aussi dans La Fracture identitaire (page 188). L’idée, notamment soutenue par le recteur Gérard-François Dumont, de développer des visas de circulation pourrait être un des outils de cette fluidité répondant à des besoins ponctuels et évitant les sédentarisations et les déracinements.
Mais ce système oblige à une réforme de l’accès à la nationalité, sujet que n’aborde pas le rapport Mazeaud. Une nation ouverte ne peut maintenir son harmonie si sa nationalité est bradée, comme elle peut l’être avec l’application du droit du sol. Il serait temps de réfléchir, notamment, à la suppression de cet automatisme, instauré en 1851, qui impose une identité parfois rejetée. Le droit du sol pourrait être remplacé par l’expression solennelle d’une volonté à devenir français (le jus voluntatis), exigeant engagements et allégeances. Sujet tabou? Raison de plus pour en discuter.
Ce Rioufol, autant courageux que pertinent !

Aussi, derrière ces invasions migratoires, se pose tout le problème de l'héritage : de quoi hériteront nos descendants ?, sachant que cette société multiculturelle, par définition hostile à toute forme de tradition, méprise le passé (présentisme) et ne transmet jamais rien. Maurras (après bien d'autres) disait que "l'homme naît d'abord comme héritier" - il naît avec un héritage spécifique, qu'il peut assumer ou rejeter, mais il naît (naissait ?) avec ! Ce qui, dans une époque de confusion telle que la nôtre, implique de "démêler" notre héritage : sommes-nous encore des héritiers ?, si oui, qu'avons-nous à transmettre, quelles valeurs ?, la transmission est-elle encore possible, souhaitable ?

Revenir aux saines questions posées par Nietzsche : qui a apporté telle valeur ? dans quelle circonstance ? qui en est le bénéficiaire ? quels sont les résultats concrets de son application ? etc.
"l'effacement progressif de l'hôte" : tout est dit...
"Dans l’immédiat, l’Europe a moins besoin d’un pacte que d’un diagnostic partagé sur les effets de l’immigration. Or ce préalable est oublié des dirigeants. Il est vrai que les faits obligeraient à s’interroger sur la réislamisation d’une partie des communautés nouvellement installées et sur leur croissante démographie: des considérations informulables pour le discours officiel. Le non-dit y reste la norme."

Oui, un diagnostic partagé sur les effets/méfaits de l'immigration, il y a urgence !
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