Les "élites" auxquelles nos gouvernants se piquent d'appartenir sont hélas issues d'un sytème scolaire dont les acteurs sont majoritairement acquis aux thèses et à l'esprit repentant que vous dénoncez.
Je me suis heurté de front à ces ânes endoctrinés qui instruisent leurs élèves de lycée, à longueur d'année scolaire, à coups de Franz Fanon et d'Aimée Césaire, font de la politique autant sinon plus qu'ils n'enseignent leur matière, instillent jour après jour au coeur de leurs auditoires une culpabilité plantée comme une écharde et à certains égards définitive.
Ces doctrinaires ont face à eux des adolescents naïfs, des êtres dont le bagage est mince, d'une épaisseur en décroissance, inversement proportionnelle à l'humanisme spontané, l'altruisme, la générosité propre à cet âge que leur inspire la cause des miséreux, de ceux qui leur sont présentés comme les victimes historiques a priori et par principe de la cupidité congénitale, de l'arrogance, de l'esprit de domination et de conquête du Blanc, de l'Occidental, de l'Européen.
Du collège à Sciences Po, une même litanie en guise de doxa que l'on approfondit consciencieusement, appuyée sur un passé revisité, filtré, distordu qui ne retient de moments forts que l'intolérance chrétienne : Reconquista, croisades, Inquisition, missionariat autoritaire, le Code Noir, la traite triangulaire, l'esclavage, la colonisation, l'Afrique décimée, soumise et dépecée, les fascismes "européens", le nazisme, Vichy, la Shoah.
L'ensemble de ces nouveaux répères plus thématiques que chronologiques mais qui, nouvelle manière oblige, ont prétention d'être l'un et l'autre, constituent très clairement la trame à partir de laquelle, aujourd'hui, l'histoire de France et de l'Europe est enseignée. Comment voulez-vous que l'Autre, frais débarqué d'Afrique ou du Maghreb ne nous trouve pas haïssables !
Ma démission, veuillez m'excuser de parler de moi, a découlé directement du malaise croissant devenu insupportable à la longue que m'inspirait l'enseignement de cette fraude, de ces mensonges politiquement avalisés.
J'ai toujours gardé en mémoire cette phrase de Michel Foucault dans le troisième volume de son
Histoire de la sexualité , que je cite de mémoire et qui dit à peu près ceci : "l'émergence de toute vérité est sous condition politique". C'est tellement vrai ! quelle volonté politique aujourd'hui ?
Bref ! Cette trame qui cultive la culpabilité comme d'autres les topinambours et de honteuse façon a remplacé l'ancienne, celle qui insistait sur les Grecs et la démocratie, la philosophie, Rome, grande absente désormais des programmes d'histoire allez savoir pourquoi, dont nos élèves ne connaissent absolument rien, sans parler des figures fondatrices de ce pays, de Clovis à Charles-Martel, de Charlemagne à Hugues Capet, Philippe-Auguste, Eloîse et Abélard, Saint-Louis, dont en dépit de la magnifique biographie que lui a consacré Jacques le Goff on ne veut dorénavant retenir que la figure du boucher, Jeanne d'Arc, François Ier, Bayard etc.
Cette histoire-ci est désormais classée "nationaliste" et soupçonnée de conduire inéluctablement à la détestation de l'Autre quand toute politique est axée sur son acceptation, présumée enthousiaste et pourvoyeuse des prodigalités présentes et de richesses à venir.
On insiste sur les geôles de l'Inquisition. On ne dira pas un mot sur le progrès qu'a représenté, pour la justice, l'introduction de la procédure inquisitoriale.
On évoque la Reconquista en oubliant que pour qu'il y ait eu Reconquista, il faut qu'il y ait eu "conquista" au préalable.
On parle de l'eclavage et de la traite mais on omet de signaler son abolition par l'Europe quand le monde musulman n'y a toujours pas renoncé sinon officiellement en 1962, pour l'Arabie saoudite, en 1981 pour la Mauritanie. On ne dira pas un mot des cérémonies d'affranchissements qui ont eu lieu très récemment dans des pays d'Afrique !
On évoque l'Eglise en en soulignant les dérives autoritaires, la tentation théocratique, Galilée, Giordano Bruno. On oublie ce dont la civilisation lui est redevable.
La liste serait trop longue et fastidieuse de tous les non-dits, les mensonges, les mauvais procès qui sont intentés à notre histoire par des ignares.
Et malheureusement pour nous, si les ignares pouvaient voler, les journalistes ne seraient pas les derniers à prendre le vent. Or eux "instruisent" plus sûrement la masse de nos concitoyens que ne le fait une école démissionnaire gangrénée depuis plus de trente ans par un pédagogisme de comptoir.
Une conclusion s'impose en réponse partielle à la question que vous posez : la reconquista chère à nos coeurs passera par l'école ou elle ne passera pas.