Le site du parti de l'In-nocence

Requête en genre peut-être mal vu

Envoyé par Thomas Rhotomago 
Quelqu'un qui en saurait assez sur cette question, accepterait-il de prendre la peine d'éclairer ma lanterne sur les tendances contemporaines de la littérature de science-fiction ? Mes connaissances en ce domaine se bornent aux "classiques" du genre, soit, en tout et pour tout, deux auteurs : Asimov et K. Dick (que je découvre avec intérêt.)
J'ai beaucoup aimé le premier tome de la saga de Dan Simmons, Hypérion. Il semble que Dan Simmons soit reconnu dans son milieu comme ce qui se fait de mieux dans le genre de la science-fiction. Une chose est certaine : son univers est envoûtant, l'intrigue passionnante, et son écriture exigeante. Hypérion est d'ailleurs truffé de références à la culture la plus haute...
Utilisateur anonyme
03 mars 2012, 13:09   Re : Requête en genre peut-être mal vu
Une thèse intéressante: architecture du livre-univers passe en revue Simmons (cité ci-dessus, que je n'ai pas lu), Frank Herbert: Dune (dont j'ai lu le premier) et aussi Stefan Wul, auteur français dont j'ai presque tout lu (un peu connu pour des adaptations au cinéma: La planète sauvage, Les maîtres du temps).
Dan Simmons est un très grand auteur de science-fiction dont les récits sont d'une puissance épique exceptionnelle et en plus il a eu quelques intuitions assez étonnantes puisqu'il a quasi vu l'arrivée d'internet ou du moins d'un système de communication qui lui ressemble beaucoup. En effet son cycle "Hypérion" a été écrit avant l'introduction d'internet.
Citation
Orimont Bolacre
K. Dick


Juste "Dick", si vous ne citez pas son prénom.

Pour rester avec les grands auteurs, je vous conseille également les œuvres de William Gibson, Maurice G. Dantec, Tim Powers (un ami de Dick), Iain M. Banks, etc. Je n'ai pas eu l'occasion d'explorer profondément plus ce genre — le problème quand on commence avec Dick, c'est qu'on a du mal à lire autre chose.
Il faudrait prier Henri Bès d'éclairer votre lanterne.
Ou bien Michel Pébereau.
Grand merci à tous pour ces conseils.

Celui de Renaud Camus est nettement ironique (je m'en disais justement deux mots dans le message sur Bergounioux) et ne laisse guère d'illusions sur son absence de goût pour ce genre littéraire (qualificatif que, d'ailleurs, il trouve peut-être abusif d'attribuer à la science-fiction.) Peut-être, encore d'ailleurs, ne plus se sentir de ce monde naît du fait que la trame dudit monde se lit désormais, précisément, comme un roman de science-fiction et que l'on n'a jamais aimé ce genre.
Non, ce n’était pas ironique, je crois Michel Pébereau extrêmement compétent en matière de science-fiction. Il me semble d’ailleurs qu’il tient quelque part une chronique à ce sujet.
Utilisateur anonyme
03 mars 2012, 18:23   Re : Requête en genre peut-être mal vu
Pour ma part je n'ai pas d'a priori sur la science-fiction ou le fantastique, mais je dois avouer que la lecture de quelques sommets signalés de ces genres (Dick, Simak, Lovecraft...) m'a largement laissé sur ma faim. Mais peut-être ai-je été mal conseillé sur les livres à lire (Lovecraft : Les montagnes hallucinées, Simak : Demain les chiens, Dick : Substance mort...).

Pour Lovecraft, je recommande cependant l'excellent essai de Houellebecq, qui me paraît supérieur à lui seul à tout ce que j'ai pu lire en « genres mineurs ».
Je suis de l'avis de David, la SF et le Fantastique maquillent des vieux thèmes et rajoutent quelques accessoires. Je ferai une exception pour La montagne morte de la vie de Michel Bernanos.
Je préfère, de très loin, essayer de comprendre, autant que je peux, et rêver ensuite, le trou de ver, par exemple, que de lire un livre de science fiction, pour deux raisons : il y a toujours une guerre quelconque et ça ne présente aucun intérêt sur le plan scientifique.
"(...) il y a toujours une guerre quelconque et ça ne présente aucun intérêt sur le plan scientifique."

En somme, c'est trop réaliste.
Ne mélangeons pas science-fiction et fantastique, tout de même ! Lovecraft relève exclusivement du second genre (et je vous trouve bien sévère avec lui…).

Le problème de la science-fiction est qu'elle prétend vous emmener vers des futurs très lointains, mais dans lesquels les hommes continuent impertubablement de penser comme leurs ancêtres du XXe siècle.
Ne mélangeons pas science-fiction et fantastique, tout de même ! Lovecraft relève exclusivement du second genre (et je vous trouve bien sévère avec lui…).

Absolument pas. Le monde Lovecraftien est parfaitement rationnel. Il s’agit d’une archéologie conjecturale, avec race antédiluvienne, provenue du fond du cosmos. On peut comparer avec les romans d’un Abraham Merritt, où ce motif de la vieille race se mêle d’autres motifs qui sont, eux, tout à fait fantastiques, ce qui pose du reste à Merritt des problèmes de cohérence interne (et de technique romanesque). Fantastique aussi madame Francis Stevens, l’auteur des munsey magazines qui constitue l’influence prédominante à la fois pour Lovecraft et pour Merritt.

Il ne faut pas oublier que la science-fiction n’a pas attendu l’invention des pulp magazines de science-fiction. Elle triomphe dans Argosy. Elle occupe une place importante du sommaire de Weird Tales, dont certains lecteurs réclament à cor et à cri... davantage de romans d’aventures planétaires !
Utilisateur anonyme
04 mars 2012, 14:09   Re : Requête en genre peut-être mal vu
Lovecraft : S'il ne fallait en lire qu'un : Démons et Merveilles.
Utilisateur anonyme
04 mars 2012, 14:47   Re : Requête en genre peut-être mal vu
Précision : Démons et Merveilles. Quatrième partie : à la recherche de Kadath;
Alain L. : je recommanderais plutôt les grandes nouvelles du cycle de Chthulu (en commençant par Le Cauchemar d'Innsmouth). Elles sont regroupées dans le premier tome (sur trois) de la collection Bouquins.
Utilisateur anonyme
04 mars 2012, 16:56   Re : Requête en genre peut-être mal vu
Très subjectivement, je défends "A la recherche de Kadath" qui me semble l'oeuvre la plus personnelle, la plus originale, la plus libre, la plus riche, la plus inventive, la plus cohérente et la plus inspirée. Ce fut en tout cas, à l'époque de ma découverte de Lovecraft (merci Planète), l'oeuvre qui m'a le plus touché.
« Lorsqu'une femme présente un risque de transmettre une maladie liée aux mitochondries, le principe de la "FIV trois parents" est de retirer le noyau d'un ovocyte de cette femme pour le transférer dans l'ovocyte d'une donneuse, dont on aurait préalablement retiré le noyau. Le noyau de l'ovocyte de la première femme se retrouve ainsi dans un cytoplasme sain.
L'ovocyte obtenu serait fécondé in vitro avec le sperme d'un homme. L'enfant aurait essentiellement les caractéristiques génétiques de la première femme et de l'homme mais, aussi, quelques-unes de la donneuse. »

Quel est le titre de ce roman qui maquille des vieux thèmes et rajoute quelques accessoires ?
Orimont Bolacre, merci deux fois.

D'abord pour j'y crois pas que j'ai lu deux fois, dont j'ai apprécié à sa mesure bien rythmée sur indignez-vous les arguments pertinents. Moi aussi je m'étais laissée tenter par cette science fiction de l'indignation contre ceux qui ne s'indigneraient pas. Je partage l'avis que dans un pays de râleurs, le titre ne pouvait faire que des ravages. Banco!
Votre réponse est aussi fraîche, que ce livre créé pour des non-pensants, est vide. En effet nous marchons sur des œufs. Sur ce forum aussi d'ailleurs, mais c'est à la manière d'une réplique en miroir inversé, un genre de science fiction du débat politique qui serait renvoyé par un écho symétriquement renversé.
J'ai une question: le chapitre que vous nommez «Deux versions de l'histoire», et qui se nomme «Deux visions de l'histoire» a-t-il été modifié volontairement par vous? – et que les in-nocents ne se moquent pas de moi si je n'ai pas compris quelque subtilité – je me suis demandée si je n'avais pas eu une version plus récente de M. Hessel, et s'il n'avait pas changé le titre du chapitre pour éviter de répondre à la critique lucide qui en été faite.

Ensuite, merci pour l'idée de la science fiction sur ce forum, les réponses m'ont permis de faire un tour constructif vers des références passionnantes. Tous les genres n'ont pas été abordés, car c'est un champ prolifique et de plus en plus vaste : Cyberpunk, Space Opera, Uchronie, Dystopie, Biopunk, Science-Fiction Post-Apocalyptique, Science-Fiction Militaire, la liste s'allonge. Mais cela m'a permis de reprendre une nouvelle que j'avais écrite, celle-ci étrangement prémonitoire avec ma découverte du parti de l'in-nocence, puisque j'y racontais précisément la création d'un nouveau parti contre un pouvoir dont le chef se nommait "Maître de la parole". Au passage j'ai trouvé quelques idées de lecture pour mon fils. Voilà un domaine qui peut faire passer de belles idées dans des têtes heureusement pas encore totalement fermées.
D'un point de vue théâtral, il y a aussi une très belle pièce de Radovan Ivšić Aiaxaia. Deux point du temps se rencontrent, le passé et le futur, après une sorte de fin du monde.
Ah oui, mais il y a aussi, dans cet ordre de création littéraire, chez les Japonais, ce phénomène de Murakami Haruki et cet invraisemblable objet littéraire qui se nomme Sekai no owari to hādo-boirudo wandārando (je cherche si ce titre a été traduit en français... donnez-moi quelques instants encore.)
En attendant, le Wikipedia anglais de la chose : [en.wikipedia.org]
A propos de production littéraire d'exception, la plupart d'entre nous, francophones, ne connaîtrions guère la science fiction sans les travaux de certains scripteurs qui se font appeler traducteurs. Cette catégorie de transcripteurs de texte est généralement assez méprisable, une boue, traîtresse et servile tout à la fois, et hélas très souvent barbotant dans son incompétence. C'est pourtant dans cette boue que brille à l'occasion de quelque averse textuelle, un diamant. Un de ces diamants, de ces éclaireurs, malheureusement, le qualificatif de génie est récusable à cette catégorie de penseur du texte, pourtant, si je le pouvais, je l'emploierais avec respect pour vous présenter Jay Rubin, traducteur yankee de Murakami et de Soseki. Les traductions anglaises de Murakami par Jay Rubin sont un peu l'équivalent outre-atlantique des travaux de Baudelaire sur les nouvelles d'Edgar Poe. Les connaisseurs apprécieront.

En Europe, il faut mentionner, chez les diamants francophones, Georges-Arthur Goldsmith, et ne manquer aucune occasion de lui rendre hommage. Le travail des diamants est très équivalent, en plus modeste, à celui des diamantaires.

L'autre traducteur du Murakami S.F. est Alfred Birnbaum : [en.wikipedia.org]

à qui l'on doit la version anglaise de Hard-boiled Wonderland and the End of the World (je cherche encore le titre français de ce roman)
Citation
Francis Marche
(je cherche encore le titre français de ce roman)

Il s'agit de La fin des temps.
"Georges-Arthur Goldsmith" vous parlez de l'écrivain et traducteur de l'allemand. Vous avez raison c'est un très très grand Monsieur et ses travaux de traduction sont époustouflants.

Il y a aussi un des traducteurs de E. Jünger Henri Plard, un germaniste belge dont les traductions étaient d'une telle qualité que beaucoup de lecteurs francais ont cru que Jünger était francais.

Vous êtes un peu injuste avec les transcripteurs de textes de science-fiction. Dans la collection Ailleurs et Demain chez Robert Laffont les grands best-sellers furent correctement traduits et certains même brillamment.

Je viens de lire la traduction en allemand d'un livre de Michael O'Brien un écrivain canadien anglais. La traductrice est géniale et dans un pavé de 550 pages elle a fait une seule faute en ne traduisant pas "liberals" par "de gauche ou progressistes" ce qui est bien sûr un contre-sens. C'est une faute qui est d'ailleurs faite de manière récurrente dans le doublage de séries télévisées et de films.

A mes yeux la traduction est un don, une grâce du ciel.
Ah oui, merci Serge, la Fin des temps. Lisez-le, vous verrez. Je ne sais toujours pas comment classer, ni même interpréter ce roman. SF ? Fantastique ? C'est un roman que l'on s'abstient de relire pour mieux en conserver le charme et le mystère. Une superbe réussite.

Oui Rogemi, c'est bien lui, le grand Goldsmith.
"J'ai une question: le chapitre que vous nommez «Deux versions de l'histoire», et qui se nomme «Deux visions de l'histoire» a-t-il été modifié volontairement par vous ?"

Non. C'est une citation fautive dont je suis seul responsable et qui, jusqu'à votre question, m'avait échappée, comme elle a échappé aux diverses relectures des uns et des autres. Cela ne me parait pas très grave.

Une autre idée de lecture (éventuellement adolescente) : La guerre des salamandres, roman d'anticipation écrit en 1936 par Karel Capek (inventeur, en 1920, du terme "robot".) C'est un roman qui ne manque pas d'humour et offre l'occasion de certaines réflexions.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter