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Arrangez-vous pour naître au bon moment – qui est bref.

Envoyé par Thomas Rhotomago 
Les élites finissent toujours par trahir (et quand je dis « élites », j’entends le groupe social dominant à telle ou telle époque) ; ceux qui les remplacent en viennent assez vite à trahir l'élan qui les a porté au pouvoir. Heureux celui que le hasard fait naître, soit au moment où les élites commencent à trahir, soit au moment où la trahison de ceux qui les ont remplacées n'est pas encore trop criante.
Hélas, nous ne sommes pas encore au bon moment !
Certes, et pourquoi, par quel fatum les élites trahissent ?
La restriction sur le terme d'élite est opportune car je vois beaucoup de cancres parmi les gens qui prétendent nous diriger.
Utilisateur anonyme
08 mars 2012, 00:35   Re : Arrangez-vous pour naître au bon moment – qui est bref.
Mais nos élites ont-elles quelque chose à trahir?
Oui, je crois qu'il faudrait s'entendre sur ce mot "élite" et en trouver un autre pour désigner ceux qui, en politique, dans les médias et dans le show-biz ont le pouvoir aujourd'hui. Il s'agit en fait pour l'essentiel, d'une caste improductive -- ou productive de camelote -- dans à peu près tous les domaines à commencer par ceux de l'esprit et, donc, inutile, sauf pour elle-même et les avantages que lui procure sa situation . Elle ressemble fort, les belles manières et le savoir vivre en moins, à ce qu'a été la noblesse en bout de course de l'ancien régime, laquelle s'accrochait au pouvoir et à ses privilèges alors qu'elle n'était plus bonne à rien.
J'avais proposé, sans grand succès "cacocratie". À défaut, il vaut mieux parler d'oligarchie et, en tout cas, bannir "élite".
La notion de "trahison des élites" me semble traiter du pouvoir en des termes un peu trop individuels et psychologiques, car souvent je crois qu'elles n'en peuvent mais : je suis pour ma part persuadé que l'exercice du pouvoir expose les hommes à une érosion terrible due principalement à de certains mécanismes de pouvoir inhérents à ce niveau de realité-là, distincte et de fait indépendante de la volonté particulière des hommes en place, s'exerçant à leur corps, et certainement leur idéal, défendant ; érosion et lamination à quoi il faut opposer une force contraire de puissance au moins équivalente pour lui résister, ce qui passe les capacités du commun des mortels.
Utilisateur anonyme
09 mars 2012, 01:22   Re : Arrangez-vous pour naître au bon moment – qui est bref.
La confusion entre l'élite, groupe objectif des meilleurs dans leur domaine (meilleurs médecins, meilleurs professeurs, meilleurs soldats...) et des meilleurs dans la société prise dans son ensemble, et l'oligarchie, le groupe dominant dans la société, ayant avant tout du pouvoir ; cette confusion est détestable.

Le jour du Grand Soir (sic), on sera peut-être inspiré de raccourcir certains membres de l'oligarchie mais on aurait grand tort de s'en prendre à l'élite, qui nous manquerait bien pour faire tourner le pays dès le lendemain.
Comme toujours, le passage au pluriel du terme trahit une corruption de la notion.
C'est vrai. On a mis l'élite au pluriel, le gratin est resté singulier. Ergo, la notion de gratin n'est pas corrompue.
Diriez-vous que l'aristocratie d'Ancien régime était une "oligarchie" ?

S i le terme "élite" ne convient pas, peut-on le remplacer par "privilégié" et écrire : "Les privilégiés finissent toujours par trahir" ?
Je crois qu'il convient de réserver le terme de "privilégiés" à des situations où existent de vrais privilèges établis par la loi ou au moins par la coutume, comme sous l'Ancien Régime.

Le terme "oligarchie" est plus général qu'"aristocratie". L'aristocratie d'Ancien Régime avait en grande partie perdu le pouvoir dès le XVIIe siècle. Dès lors le terme d'oligarchie n'est plus vraiment adéquat pour qualifier sa position.
Sully, Richelieu, Mazarin, Colbert, Vauban, Louvois illustrent bien ce qu'est l'élite ; après, ça se dégrade.
"Je crois qu'il convient de réserver le terme de "privilégiés" à des situations où existent de vrais privilèges établis par la loi ou au moins par la coutume, comme sous l'Ancien Régime."

On bute sur une question de vocabulaire. Comment désigner, par exemple, les phénomènes de "cooptation", de "clientélisme" qui, en dehors de toute loi ou coutume, assurent bel et bien des privilèges ?

Comment désigner le groupe qui gravite autour de "Cinémonde" ? Aristocratie ? Oligarchie ? Mafia ?
Compte tenu de la critique que nous avons faite du terme d'élite, on ne peut guère parler, aujourd'hui, que de mafia.
Et user des armes de l'adversaire ? Le terme de "dominants" n'a-t-il pas ses lettres de noblesse ? Il a l'avantage de désigner une position fonctionnelle sans s'appesantir sur le mode de désignation ni la qualité ou la non-qualité des membres.
Non, "mafia" ne convient pas du tout : ce ne sont pas des gangsters, ne protègent ni ne tuent et n'ont pas la moindre trace d'un sentiment de l'honneur.

"Aristocratie" ne va pas non plus parce que le terme implique une appartenance par naissance légalement assise.

Reste "oligarchie" et je ne vois rien à lui opposer. Cela dit je reste quant à moi attaché à l'idée de "cacocratie" ou même d'"oligarchie cacocratique" parce que l'extrême médiocrité intellectuelle et morale de ce milieu est un phénomène sans doute unique dans l'histoire et que le terme le dit.
Moi j'aime bien aussi "cacocratique" parcequ'on entend dans ses sonorités le croassement des corbeaux du malheur qui nous guette.
Ce qui donnera un discours de cette nature :
"La cacocracie a décidé la contre-colonisation en dépit de toute bathmologie, plongeant le peuple historique dans une cascade de nocences (...)"
Il doit y avoir encore quelques termes choisis à ajouter pour générer une forme ni nocente, ni tout à fait in-nocente.
"le clan spectaculaire" // "la nomenklatura spéculaire" (pour transcrire sa perpétuation par cooptation)

"la nomenclature à paillettes"

"l'oligâchis"
Ce que je reprocherais au terme "cacocratie" et "cacocrate", c'est de manquer de neutralité, de contenir d'emblée un jugement de valeur. On ne peut rien attendre d'un "cacocrate" et tout est dit en un seul mot. C'est pourquoi je lui préférerais le terme plus général de "privilégié", qui peut s'entendre en bonne ou mauvaise part et s'appliquer à n'importe quelle époque ou société.

J'y songeais en lisant ceci, de Zinoviev (L'avenir radieux) :

"Quelqu'un m'a dit récemment que ce qui compte, ce n'est pas l'existence de couches privilégiées au sein de la société, mais leur type, leur être réel, le style de vie qu'ils imposent à la société. Nos couches privilégiées sèment l'ennui, la grisaille, la médiocrité, l'âpreté au gain, la débauche, le mensonge, le parasitisme, la vanité, etc. Ils nous imposent à tous un mode de vie qui tue tout ce qui jadis était l'objet de la grande littérature russe."

Il me semble que cette citation perdrait de l'amplitude avec l'emploi d'un dérivé de "cacocratie."

La trahison des privilégiés, cette "érosion" évoquée par Alain Eytan, me paraît naître de l'ennui qu'ils finissent par éprouver à l'égard de l'exercice de leurs privilèges et se manifeste par une sorte de perversion à vouloir les rendre accessibles à tous, ce qui revient à les nier.
l'ennui qu'ils finissent par éprouver à l'égard de l'exercice de leurs privilèges et se manifeste par une sorte de perversion à vouloir les rendre accessibles à tous, ce qui revient à les nier.

Vous êtes bien optimiste Orimont!

Qu'ils s'ennuient c'est un fait, mais ils ne s'en rendent pas compte, cherchant tout un tas de causes toutes plus tordues les unes que les autres à cet ennui, ce qui les occupant, leur masque l'ennui à eux-même.

Quant à rendre accessible à tous leurs privilèges, ce n'est pas du tout dit; dès qu'ils sentent quelqu'un de plus intelligent pointer son nez, quelqu'un qui pourrait faire meilleur usage de leurs privilèges, ils lui barrent la route plutôt deux fois qu'une, et reviennent aussitôt à la sacro sainteté de leurs privilèges. Car sans ces privilèges, ils ne sont plus rien, c'est de là que vient leur peur principale.
Orimont, la négligence et la veulerie des élites russes a toujours été un ferment de bonne littérature ; après tout, Zinoviev en témoigne aussi. Ce que l'on pourrait reprocher à nos privilégiés d'Europe de l'Ouest, c'est de ne même pas stimuler la verve des écrivains... Pour quelle raison, je ne sais!
Une élite dépravée, ou folle, ou grise, semble stimulante ; le Grand Remplacement, même pas. Les barbares vont déferler et il n'y a plus de Pétrone.
"L'ennui qu'ils finissent par éprouver à l'égard de l'exercice de leurs privilèges et se manifeste par une sorte de perversion à vouloir les rendre accessibles à tous, ce qui revient à les nier. "

"Car sans ces privilèges, ils ne sont plus rien, c'est de là que vient leur peur principale."

C'est pourquoi si tout le monde a les même privilèges, on finira par en inventer d'autres.
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