Je comprends très bien qu'à des fins politiques, afin de préserver la paix civile, on dise des choses comme : "Il ne faut surtout pas faire l'amalgame entre les terroristes et l'immense majorité de la population musulmane de France ". Il n'en reste pas moins vrai que cette assertion ne tient pas la route une seconde sur le plan intellectuel. Partons du musulman parfaitement intégré, qui a un bon travail, est mariée à une Française de souche ( je ne trouve pas l'expression ridicule, elle a une connotation végétale, donc in-nocente, qui me plaît bien) et se soucie de la religion comme d'une guigne. Bref, un représentant de la "beurgeoisie", comme dit le journal du soir exaspérant-mais-factuel. Peut-être Jamel Debbouze, mais je ne connais pas ses opinions.
Cet homme a forcément un parent, un copain, très bien intégré comme lui, mais qui se dit musulman sans agressivité et va à la mosquée pour les grandes fêtes. Ce monsieur a forcément un ami qui pratique la prière du vendredi, a eu des difficultés à trouver un emploi, mais s'est stabilisé, a épousé une musulmane bien française. Ce gentil couple connaît forcément un autre couple sympathique, lui est au chômage et a fait venir sa cousine du bled pour l'épouser. Cette famille a forcément un jeune copain qui a fait des petites conneries en banlieue, mais vraiment pas grand chose, plutôt des incivilités que de la délinquance . Ce jeune homme à légers problèmes a forcément parmi ses copains un jeune homme à problèmes graves, qui a commis quelques braquages et passé quelques mois en prison. Le jeune homme à parcours chaotique n'est par contre absolument pas intéressé par le djihad, le martyre et toutes ces bêtises. Il préfère aller en boîte de nuit qu'en Afghanistan. Ce voyou anodin a forcément parmi ses relations quelqu'un qui a fait le voyage dans ces terres si paisibles du Proche et du Moyen Orient, qui passe ses journées sur les sites djihadistes les plus violents. Cet homme a forcément un cousin beaucoup plus radical que lui : celui-ci est allé une fois à Toulouse sans payer son billet de TGV, et au cours d'un rodéo, il a fait connaissance d'un "frère" , un garçon vraiment sympa et marrant qui s'appelle Mohammed Merah.
Où mettre la barrière entre les gentils et les méchants ? Qui est dangereux et qui ne l'est pas ? Qui doit être surveillé par la police et qui doit être laissé tranquille ? La question de l'amalgame est une fausse question, complètement "irrelevante" (l'anglais nous a tellement volé de mots qu'il est bon de lui en reprendre, surtout quand ils sont manifestement d'origine latine). Les musulmans de France sortiront du cercle infernal quand ils cesseront de fonctionner en tribu, quand ils se marieront massivement avec des chrétiennes ou des juives, quand ils n'exigeront plus une certaine qualité de viande pour leur bifteck.