Le site du parti de l'In-nocence

L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.

Envoyé par Gérard Rogemi 
Je viens de lire sur le blog d'Hoplite un excellent billet que je soumets à l' appréciation des liseurs de ce forum.
*************************************************************************************************************************
L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
Université de Poitiers : tollé contre l'arrivée d'un ex-dirigeant du GUD.
Des étudiants de l'université de Poitiers, soutenus par la présidence, par des enseignants et des élus locaux, se mobilisent pour refuser l'affectation d'un professeur, Benoît Fleury, en raison de son passé au sein du mouvement d'extrême droite GUD (Groupe union droit). Une pétition a été lancée et a recueilli plus de 250 signatures, dont celles de trois députés socialistes de la Vienne et du doyen de l'UFR de sciences humaines et arts. Reçu major à l'agrégation d'histoire du droit, M. Fleury a pu choisir l'université où il voulait enseigner et son choix s'est porté sur Poitiers. Selon le président de l'université, Jean-Pierre Gesson, "les affectations ne posent pas de problème la plupart du temps", mais la venue de M. Fleury "est une source de trouble". Dans un communiqué publié lundi 25 février, le conseil d'administration de l'université "prend acte avec la plus vive inquiétude de l'éventuelle nomination de Benoît Fleury et regrette que la procédure d'affectation des agrégés du supérieur ne laisse aucun droit aux instances de l'université, ni à son président, de s'opposer au recrutement d'un ancien dirigeant d'un groupuscule violent d'extrême droite". Le conseil demande au président de la République de ne pas procéder à la nomination à Poitiers de M. Fleury. De leur côté, des étudiants de l'université ont annoncé leur intention de perturber ses cours s'il était nommé et de "lui rappeler à chaque fois son passé". M. Fleury a présidé le GUD de 1995 à 2000. "Il incarne, dit la pétition hostile à sa venue, une droite extrême et nauséabonde." Dans un entretien à L'Echo des Savanes paru en mars 1999, M. Fleury, surnommé "Lord", déclarait notamment : "Nous, partout où il peut y avoir de la baston, on y va." Il se réclamait du national-socialiste belge Léon Degrelle, et estimait qu'il "faut rayer de la carte Israël".


Source de cet article

Quel est le problème exactement ?

Que ce juriste brillant ait eu un engagement politique militant à l’extrême droite et non à l’extrême gauche ou simplement à gauche…

Quel rapport avec sa compétence professionnelle et la qualité de son enseignement de l’histoire du droit ? Aucune…

Que les choses soient claires : je ne prends pas ici la défense de cet homme que je ne connais pas et dont les opinions antisémites et l’apologie du national-socialisme, si elles sont avérées, me répugnent.

Ce qui m’insupporte dans cette affaire, c’est la tartuferie habituelle des milieux enseignants.

Cette affaire en rappelle une autre : l’affaire Boudarel. Cet enseignant catholique Français et marxiste en poste à Sai¨gon, qui déserte l’armée Française pendant la guerre d’Indochine, trahit son pays en devenant commissaire politique d’un camp de prisonnier Français, le camp 113, ou les conditions de détention, la torture physique et psychologique, et la mortalité sont dramatiques. Boudarel est chargé de la rééducation politique de ses compatriotes, à la différence des camps nazis ou du goulag soviétique ou les détenus n’avaient pas à subir ce lavage de cerveau. Inculpé de trahison, Boudarel est condamné à mort par contumace en juin 1953. En 1970, après la loi d’amnistie couvrant les crimes commis en Algérie ou enn Indochine, votée par les communistes et les Gaullistes, Boudarel rentre en France, intégre le CNRS et l’Université de Paris VII comme maître-assistant d’histoire, spécialiste du Viêt-Nam…En 1991 éclate l’affaire Boudarel lorsque celui-ci est reconnu et dénoncé publiquement, lors d’un colloque organisé au Sénat, par un ancien détenu du Vietminh Jean-jacques Beucler, alors secrétaire d'État aux Anciens combattants. Une association d’anciens combattants et anciens prisonniers/ rescapés du camp 113 essaie alors de faire condamner cet homme pour crime contre l’humanité, les crimes de guerre étant amnistiés. Ils sont déboutés en 1993 par la cour de cassation qui fait valoir que seuls les crimes nazis relèvent de crimes contre l’humanité…

Plusieurs remarques.

-Boudarel, traître, déserteur et criminel, a donc pu enseigner pendant plus de vingt ans au sein de l’université Française sans que cela pose le moindre scrupule à la communauté enseignante. On comprend effectivement que la récupération par l'université Française, en tant qu'enseignant, d'un tortionnaire condamné à mort par contumace par la justice Française ne puisse pas "être cause de troubles" au sein du corps professoral et estudiantin...

-Contrairement à Fleury, il ne s’agit pas seulement dans l’affaire Boudarel d’engagement politique, d’idées, aussi condamnables soient-elles, mais de désertion devant l’ennemi, de trahison et de complicité de crime de guerre ou de crimes contre l’humanité, excusez du peu ! A-t-on entendu à cette époque la moindre réticence de la communauté enseignante ? Non. Pourquoi ?

-Faire le procès de Boudarel, c’eut été instruire le procès du communisme, cet autre totalitarisme, coupable de plus de cent millions de mort durant le XXIème siècle, la plus vaste entreprise de terreur organisée, d’esclavage et de misère de masse. C’eut été se poser la question de la complaisance coupable de ces milieux enseignants qui hurlent à l’ogre fasciste dés qu’un enseignant promu ne fait pas partie du sérail collectiviste, mais qui ne voient pas ou ne dénonce pas l’engagement radical, totalitaire, à gauche d'une majorité du corps enseignant Français…C’eut été faire le procès de toute une intelligentsia complaisante à l’égard du communisme et que dénonçait Aron dans L’opium des intellectuels
Témoignage. Livre en ligne, préfacé par l'homme qui confondit Boudarel :

[www.chez.com]
C'est, à mon sens, une erreur que de réduire cette nomination à une affaire partisane.

Il n'y a pas de mode de recrutement plus objectif, plus laïque, plus républicain, plus conforme au grand principe d'égalité des citoyens en droits et devant la loi, que les concours de recrutement des professeurs de droit. Ces concours d'excellence (très peu de postes, beaucoup de candidats) sont ouverts aux titulaires d'une thèse, quelle que soit leur nationalité, et qui ont un casier judiciaire vierge. Ils sont faits d'épreuves écrites (la correction est anonyme) et, pour ceux qui sont déclarés admissibles, d'un long exposé oral devant un jury nombreux de spécialistes (douze heures ou plus de préparation) sur un sujet tiré au sort.

Ce mode de recrutement est le plus juste qui soit : il est à peu près imperméable au copinage, aux pressions syndicales ou politiques, aux préférences matrimoniales, locales, sexuelles, idéologiques, népotistes, familiales, etc. qui contaminent (et souvent discréditent) les recrutements dans les autres disciplines : sciences et lettres, surtout depuis que Savary, puis Jospin, ont confié à des commissions "locales", le plus souvent noyautées par les syndicats, le soin de recruter les ATER, les maîtres de conférence et les professeurs. Il est dans l'ordre des choses que des professeurs ou des maîtres de conférence qui doivent leur emploi à ce mode de recrutement obscur qui, parfois, relève de règles mafieuses (mais l'omerta coud les lèvres), protestent contre la latitude que les lois de la République (celles qui sont encore libérales) laissent à un agrégé d'histoire du droit de choisir son poste parmi les postes déclarés vacants au JO de la République, et cela suivant la place qu'il occupe dans le classement final des candidats admis au concours.

Ce qu'exigent en fait ces protestataires (qui sont dignes de Tartuffe en effet : mais Boudarel n'est qu'un minuscule exemple), c'est que ce soit eux et eux seuls qui décident, suivant leurs propres critères, idéologiques, mafieux, familiaux, religieux, pourquoi pas raciaux ?, de qui est digne d'occuper un poste de professeur dans une université - c'est-à-dire que soit étendu à toutes les disciplines encore préservées - droit et médecine en particulier- le mode de recrutement en vigueur en sciences et en sciences humaines et sociales. Le droit ou la médecine rabaissé au niveau de la sociologie ou des sciences de l'éducation : voilà ce qui fait bouger les agit-propeurs et leurs barons politiques.
27 février 2008, 10:07   De quoi Badiou est-il le nom ?
Il y a quelque chose d'odieux dans cette chasse à l'homme menée par les partisans du "bien". Il n' y a pas de prescription pour les anciens militants de l'extrême-droite. En revanche, des partisans toujours proclamés de Mao et Pol Pot, comme Alain Badiou par exemple, continuent de parader dans les institutions universitaires sans qu'aucun compte ne leur soit jamais demandé.
27 février 2008, 12:52   Accord total
Encore une fois, je suis d'accord !

Il doit y avoir un virus qui rôde, ce n'est pas normal...
27 février 2008, 13:35   Re : Accord total
Je suis, moi aussi, entièrement d'accord avec vous.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 17:34   Re : L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
Serrée l'argu de JGL. Mais bon, d'après le portrait qui est fait de ce M. Fleury, le bonhomme n'apparaît pas sous son meilleur profil. Qu'il soit reçu premier ou pénultième n'y change rien, sinon qu'intellectuellement on ne puisse que s'incliner devant son talent. Mais selon moi, fût-il le meilleur historien de droit dont on puisse rêver pour le job, ses prises de positions abjectes font problème. Vous répondez Badiou, M. Petit-Détour, mais est-ce que parce que l'Université est viciée par des gauchistes, l'on doive ouvrir les bras aux fachos ? Que les faits datent de 30 ou de moins de 10 ans, puisque c'est ici le cas, n'est pas la même chose ; et l'on est en droit, alors, de s'inquiéter des opinions politiques d'un agent de l'Etat quand ce n'est pas un obscur scribouillard, mais un professeur de l'Université qui semble avoir tenu des propos si inquiétants, et si récemment. Bien sûr, tout ce ramdam ne manque pas d'être ridicule et suspect - entièrement d'accord -, mais il ne faudrait pas céder à la joie mauvaise d'un retour de balancier vers la droite.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 17:39   Re : L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
mais il ne faudrait pas céder à la joie mauvaise d'un retour de balancier vers la droite.

En l'occurrence, je dirais plutôt vers l'extrême-droite.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 17:50   Re : L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
you're right
27 février 2008, 17:59   Opinions politiques
Pour ma part, je ne veux connaître que des faits.

Ce Monsieur, que je ne connais pas et que je n'ai pas envie de connaître semble remplir les conditions légales pour tenir son poste (réussite au concours, jouir de ses droits civils) et je n'arrive pas à concevoir pour quelle raison on lui interdirait de telles fonctions.

Si cela devrait être le cas, il faudrait aussi interdire la fonction publique à M. Besancenot et autres.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 18:12   Re : Opinions politiques
Citation
jmarc
il faudrait aussi interdire la fonction publique à M. Besancenot et autres
Mais que je sache, hormis sur les plateaux, Besancenot n'exerce aucun magistère !
Quant au légalisme et la lucidité de son éthique du bien public, on sait bien de quoi il retourne...
27 février 2008, 18:15   Magistère
Je comprends mal en quoi un magistère vient faire quoi que ce soit là dedans. Ou alors, il faut inscrire dans la loi les conditions que l'exercice du magistère en cause suppose. Faute d'un texte, ce Monsieur, avec lequel, je le rappelle, je ne me sens aucune affinité, ne peut être privé de cet emploi.


On voit bien, dans ce cas, cette sorte de "religiosité d'une certaine morale laïque" : on ne croit pas en Dieu, mais on se pose en arbitre des élégances morales (je ne parle pas de vous, cher Faboc, mais de ces étudiants).
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 18:32   Re : Magistère
Vous faites mine de ne pas comprendre, cher jmarc ! Qu'importe pourvu que nous pouvons in-nocemment nous contredire. Ceci étant, je suppose qu'à vous comme à moi, au terme de magistère est résolument attaché un certain prestige moral, sinon une autorité. Je n'ai besoin, ni de Dieu, ni d'accoler au beau mot de "morale" une tutelle laïcarde à la mode pour former une jugement sur l'affaire dont nous causons (et de laquelle, vous avez raison de le souligner, nous ne savons presque rien). Mais ce n'est pas parce que le haro crié sur le Monsieur est aussi nauséeux que les idées qu'on lui prête que je n'y trouve pas un fondement de bon sens.
27 février 2008, 18:35   Prestige moral
Bien cher Faboc,


Le GUD (dont je ne partage pas les idées) peut sans doute être critiqué. Cependant, l'avoir présidé ne me semble pas avoir été une activité immorale. Il ne s'agit pas de trafic de drogue.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 18:42   Re : Prestige moral
Eh bien, cher jmarc, nous ne pourrons nous accorder sur rien !
27 février 2008, 18:54   Rien ?
Bien cher Faboc,


Etant mathématicien de formation, je puis vous affirmer ceci :


- le fait que nous n'ayons jusqu'à présent été d'accord sur rien ne signifie pas que nous ne soyons jamais d'accord sur rien dans le futur ;

- en revanche, si nous avions été d'accord sur quelque chose, cela aurait immédiatement signifié que nous ne pouvions pas n'être d'accord sur rien.

Sommes-nous d'accord ?
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 19:05   Re : Rien ?
Merci de votre aimable attention, cher jmarc, point n'est besoin d'élargir des brèches de désaccords à des ravins d'incommunicabilité...

Donc sur la première proposition : d'accord (d'ailleurs, je ne voulais pas vous faire maladroitement comprendre autre chose ! Il va de soi qu'il s'agissait d'un futur "proche")
Sur la seconde, je confesse peiner un peu, mais, tout à fait sûr de son in-nocence, j'y donne là aussi mon plein accord, et vous assure que c'est avec plaisir que je retomberai à l'avenir en plein désaccord avec vous ! Bonne soirée.
Avant de condamner il faut, par équité, se pencher sur le dossier et juger sur pièces.

D'une part nous ne savons rien du cheminement personnel de ce Mr. Fleury et d'autre part depuis quand est-on habilité à sanctionner les idées politiques d'un citoyen par une interdiction d'exercer un métier.

Ce type de mesures était l'arme favorite des nazis et des communistes qui punissaient le "suspect de déviationnisme" par des interdictions professionnelles frappant également le conjoint et même les enfants et souvent d'ailleurs toute la parentèle.
S'gissant de ces questions, mon adage préféré, ma boussole est la pensée de Rosa Luxembourg : "La liberté c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement". Et cela vaut pour Fleury comme pour Ramadan ; pour Badiou comme pour Faurisson.
Citation
S'gissant de ces questions, mon adage préféré, ma boussole est la pensée de Rosa Luxembourg : "La liberté c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement". Et cela vaut pour Fleury comme pour Ramadan ; pour Badiou comme pour Faurisson.

Si seulement les successeurs communistes de Rosa Luxemburg en Russie, Chine, Cambodge, Cuba, etc... avaient pu, cher Petit-Détour, prendre cet adage à coeur.
Utilisateur anonyme
28 février 2008, 12:12   Re : Etonnement
"S'agissant de ces questions, mon adage préféré, ma boussole est la pensée de Rosa Luxembourg : "La liberté c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement". Et cela vaut pour Fleury comme pour Ramadan ; pour Badiou comme pour Faurisson."

Si je vous comprends bien, quand Faurisson écrit que "Hitler n’a jamais ordonné ni admis que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion" ou que "le mythe des chambres à gaz est une gredinerie", cela entre naturellement dans le cadre de la liberté de chacun de "penser autrement" ?
Exactement. Il faut bien sûr lui répondre. Non en ayant recours à la censure, aux procès, à la loi, d'inspiration stalinienne, Gayssot mais à des arguments tirés de l'histoire et des faits.
Oui, cher Rogemi.
Sur la question de la liberté d'expression, je partage le point de vue du compatriote wallon de Aline :
[www.amazon.fr]
» ma boussole est la pensée de Rosa Luxembourg

Une Rosa des vents, en quelque sorte...
Utilisateur anonyme
28 février 2008, 15:01   Re : L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
Entièrement d'accord avec M. Petit-Détour. Et ce que je demande pour M. Faurisson (en tant que "Lemalabsolu"), c'est qu'il puisse s'exprimer, s'expliquer, afin d'être sérieusement et "objectivement" contredit, car ce n'est pas en omettant, en dissimulant, en légiférant, qu'on evitera le retour (retour auquel je ne crois absolument pas !) de ce que furent de trop réelles abominations. En résumé, que Faurisson ait comme vous et moi le droit de s'exprimer ne change absolument rien aux crimes des nazis et de leurs complices !

D'autre part, je reste convaincu que l'antinazisme sans nazi (qui empêche Faurisson et d'autres de parler) qui règne actuellement, et qui continuera de régner longtemps, demeure l'ultime exutoire de sociétés déboussolées ne parvenant pas à affronter leurs problèmes réels.
Utilisateur anonyme
28 février 2008, 15:25   Re : L’affaire Fleury ou le regard hémiplégique du milieu enseignant.
Je ne souhaite pas prolonger ici la discussion sur ce thème, mais je me permets simplement de remarquer l'incongruité qu'il y aurait à instaurer un débat sur "de trop réelles abominations" avec des gens comme Faurisson qui en nient à la fois la réalité et le caractère abominable.
Utilisateur anonyme
28 février 2008, 16:05   Donc silence !
A peine a-t-on prononcé le nom de Faurisson que tout échange devient impossible, évidemment... A un degré moindre, le nom de Le Pen est tout aussi imprononçable (excepté pour le salir).
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter