Stéphane Camus

Dans son discours de ce jour en Avignon, le candidat Sarkozy a fait allusion à "l'écrivain Stéphane Camus". Les commentateurs ne savent pas s'il s'agit d'un lapsus sur le nom d'Albert ou sur celui de Renaud Camus. A-t-on des lumières ici ?

Ce doit être un nouveau pseudonyme du Maître...

Quelqu'un aurait-il le texte ?

En effet, sans le contexte... S’il s'agit de peste, de chute, d’étranger, de malentendu, c’est moi qui suis visé. Ou bien il voulait parler de Mallarmé ?

Discours

Ci-mer, Albert !

Il y a du Stéphane Hessel là dessous...

Il est vraiment bouffé de tics, le Président.

Une heure quatre minutes et huit secondes de discours sarkozien, c'est trop, cher Albert... Dites-nous plutôt où se situe le passage en question !

Je n'en ai aucune idée ; j'attendais qu'un In-nocent se jette dans les profondeurs abyssales de la rhétorique sarkozienne pour remonter à la surface sa pêche miraculeuse...

Mais ça ne mord pas...

Je crains en réalité que ce ne soit que bis repetita ; après Roland Bartesse, Stéphane Camus.

Allez, je suis généreux

Roland Bartesse... Bernard-Henri Lévy a un jour avoué avoir commis cette bourde, devant une assemblée d'étudiants aussi sévères que médusés, dans ses jeunes années. L'espace d'un instant, cela me l'a rendu sympathique.

Nous ne pouvons que regretter les lacunes de certains membres du forum. Stéphane Camus fut un acteur, certes secondaire, mais non négligeable de la vie littéraire du début du XXe siècle.

Né à Rouen en 1871 Stéphane Camus fut porté disparu lors de la guerre de 1914-18.
Il fut d’abord banquier. Compromis dans le scandale de Panama, décrédibilisé par ses positions contradictoires lors de l’affaire Dreyfus, il se consacra à la littérature érotique ce qui lui valut un nouveau séjour en prison. Pierre Louÿs s’est largement inspiré de son œuvre. A partir de sa libération en 1910 Stéphane Camus, retrouvant son origine rouennaise tenta dans « La Nouvelle Madame Bovary » une parodie qui, d’après les quelques lecteur du manuscrit, se révéla médiocre. Son amitié avec Marcel Proust semble être une légende même si certains universitaires défendent encore l’idée que c’est Stéphane Camus qui imposa à Proust le titre « A l’ombre des jeunes filles en Fleurs » Fervent défenseur de la laïcité, son évolution vers le mysticisme lui valu d’être exclu du Grand Orient de France. Jaurès, peu de temps avant son assassinat, dénonça sa traîtrise à plusieurs reprises. Il trouva cependant un soutien en la personne de Joseph Caillaux. Son Introduction à la Mystique Laïque est certainement son œuvre la plus achevée. Son dernier roman : Au Delà des Frontières, l’Étrangère ne fut jamais achevé. Sa participation aux mutineries de la guerre de 14 est incertaine, il fut officiellement porté disparu en 1917.
Son œuvre ne fut jamais publiée. Certains extraits se trouvent dans des fonds privés, d’autres, peu nombreux, sont consultables aux Archives nationales série F 17.

Je me suis arrêté à "La France n'a pas le droit à l'erreur."

"La France n'a pas le droit de faire des bêtises", c'est l'antienne en Sarkhollandie. On peut réclamer tous les droits, sauf celui-là.

"Je sais mes chers amis à qui je parle. [...] Je sais très exactement ce que, dans cette région, on vote.

Moi qui la connais si bien votre région, qui l'aime d'ailleurs et qui l'ai parcourue dans tous les sens. Vous le savez, vous le savez. [Ovation de la salle]

C'est pour moi toujours un plaisir de venir ici. Je me sens tellement - comment dit on ? - méditerranéen

Au fond, je ne sais pas pourquoi, c'est peut-être Stéphane Camus ! Mais j'aurais tellement aimé naître sur les bords de la Méditerranée."

Il s'agissait bien d'Albert. L'olibrius achève sa vie politique en beauté, sur un ultime affront à la culture française, à la littérature et à la langue. Kevin Hugo, Théo Proust et Lucas Baudelaire pourront au moins reposer en paix.

Ce que vous nous révélez est terrible Olivier.

Impossible de voir, comme je l'avais secrètement espéré, en Nicolas Sarkozy, une sorte de Paul Reynaud de la fin, encore défendable, un point neutre (un point mort) avant l'action de l'histoire. N.S. ne peut pas même prétendre à ce rôle, qui eût pourtant été encore honorable.

Vous forcez l'analyse d'un simple lapsus.

Nous ne pouvons que regretter les lacunes de certains membres du forum.

Regrettons.

Tout de même, un lapsus qui fait sens comme on dit. L'erreur est tellement grosse, tellement infaisable, sauf sous l'emprise d'une drogue ou d'une énorme fatigue mentale (c'est possible d'ailleurs). N'y aurait-il pas chez Sarkozy comme une violente auto-censure au moment de faire une "référence culturelle" ?

Il me semble qu'en 90 NS s'exprimait de manière plus décente (voir le reportage qu'un In-nocent a posté récemment). Je me demande s'il n'a pas cultivé le style bad boy de la politique...

Avant il récitait, maintenant il improvise...

Se tromper sur le prénom d'Albert Camus alors que L’Étranger est le livre de poche le plus vendu en France et que l'on avait déclaré être intéressé par les auteurs qui vendaient des millions d'ouvrages (cf. la citation que l'autre Camus rapporte dans La Grande déculturation à propos de Marc Lévy), c'est un peu gros.

Etrange tout de même. NS semble avoir une assez bonne mémoire des noms. Il se souvient de ceux des journalistes sur les plateaux, dans les studios de radio et dans les conférences de presse, par exemple. Ne commet aucune erreur dans ce domaine, ce qui serait pourtant bien excusable. Ce lapsus-ci ne peut guère être considéré comme un "simple lapsus". Peut-être une surcorrection de dernière fraction de seconde, comme s'il s'agissait de ne surtout pas se tromper de prénom en prononçant "Renaud"' ? Allez savoir. Etrange.

Peut-être a-t-il pensé au dernier moment à Stéphane Hessel...

Je la trouve d'autant plus étrange que j'aurais compris qu'il fît l'erreur de parler d'Alfred Camus, par exemple, car il me semble que le lapsus emprunte normalement un chemin de paronymie, comme la fois où il a appelé le chef d'EELV Cécile Soufflot. Mais là...

Ou alors le lapsus est volontaire. J'entends par-là qu'à force d'entendre depuis cinq ans qu'il était inculte, Nicolas Sarkozy aurait décidé de faire sciemment la bourde la plus grossière et la plus inexplicable qui soit, pour en voir l'effet dans les médias et s'en délecter. Cette hypothèse n'est pas à exclure, car l'homme est un farceur.

On pourrait même envisager la possibilité d'un pari...

A moins de considérer que Chamalières se trouve sur "les bords de la Méditerranée", il ne parlait pas de Décivilisation ou de Remplacement.

Ou alors...peut être pensait-il à sa femme et à sa beauté latine; son esprit fécond l'entraînant, dans un stream of consciousness exceptionnel, de l'Italie vers le soleil dionysiaque de l'Algérie camusienne:

"Au fond, je ne sais pas pourquoi. C'est peut être ces femmes...Camus!...Mais j'aurais tellement aimé naître sur les bords de la Méditerranée."

Ou ces femmes quasiment nues...

Je me demande quelle est la source de ce lapsus.

M. Sarkozy connait évidemment Albert Camus, un homme né en 1955 en a entendu parler des heures et des heures au lycée, c'est comme s'il avait parlé de Claude Vian...

Ce ne peut pas être de l'in-culture... alors, image de M. Hessel ? crainte de dire Renaud pour Albert et ainsi prendre le neutre Stéphane que personne ne peut rattacher à rien ?

Je propose une explication : N.S. lit régulièrement le forum de l'In-nocence, et finit ensuite par confondre pendant son discours Renaud Camus et Stéphane Bily.

Le mot de la fin

Un élu local d'Europe Écologie-Les Verts qui n'avait rien d'autre à faire...

Voici le catalogue d'une exposition sur Sartre ; la photographie avait été retouchée et, comme on peut le voir, le philosophe privé de la cigarette qu'il tenait entre son majeur et son index...

Jean-Michel,


Cette fameuse photographie de Lipnitzky se nomme "Hollande, un mois après". Le pauvre Jean-Sol n'a plus de cigarette, il n'a qu'un mégot.