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Prions pour la musique

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
30 ans qu'on lui fait sa fête, la pauvre...Elle est sans conteste, avec la cuisine française, la principale victime de la Grande Déculturation. Métissée à mort sur les planches des festivals et ces dépotoirs que sont devenues les places publiques, la musique selon Jack Lang l'a emporté, et bien au-delà du solstice d'été.

Objet vibrant non identifié, bouillie informe, transgenre et "babélisée", amplifiée de travers et déclenchant de fausses transes risibles, elle se donne en spectacle. Cette négation de la musique - musique pour tous, donc de n'importe qui -, c'est en se bouchant les oreilles qu'il faut souvent l'affronter.

Laideur, agressivité de ces shows subventionnés qu'on impose au territoire.

L'inversion des valeurs est consommée, éteignant l'imparable éclair nietzschéen, Sans la musique, la vie serait une erreur.

P.-S. Les plus courageux jetteront un œil sur la couverture du supplément que Libération consacre, aujourd'hui, à l’événement. C'est édifiant.
21 juin 2012, 11:10   Re : Prions pour la musique
Encore un triomphe de la démagogie et du relativisme culturel !

Tous les concerts ne sont pas minables, soyons justes ! Simplement, les concerts de qualité sont littéralement pris d'assaut et si vous voulez assister à un récital agréable qui commence à 20 heures, à moins d'être sur place des heures à l'avance et de supporter une presse épouvantable, vous ne jouissez d'aucun plaisir.

Le pire, ce sont tous les musiciens ratés qui sortent leurs casseroles et se livrent à d'horribles nuisances sonores jusqu'à pas d'heure (le musicien est fêtard et couche-tard, hélas ! ), croyant livrer à leurs congénères un message artistique, un moment de "partage" lorsqu'ils ne sont (il me semble) que dans la promotion de leur ego.

Tous les ans, ce jour, je souffre, je dors mal, je rêve d'amendes pour tapage.
21 juin 2012, 11:14   Re : Prions pour la musique
A noter que cette Fête de la Musique a absorbé en partie le 14 Juillet. J'ai l'impression que la Fête nationale a été reléguée, et notamment sur les places des Mairies.
Dans les années 80-90, la Place St Sulpice et les rues alentour étaient bondées et fermées à la circulation pour le 13 Juillet au soir, il y avait parfois deux orchestres sur la place ; aujourd'hui, c'est devenu comme un jour de semaine (seul le bal des pompiers se maintient). Je ne sais si ce même processus s'est déroulé en province ?
Non, le pire, c'est l'amplification démente qu'on applique à la production de tous ces OSNI (objets sonores non identifiables).
Utilisateur anonyme
21 juin 2012, 11:16   Re : Prions pour la musique
Historiquement la pratique de la musique par les classes populaires (enfin ceux qui ne sont pas "héritiers") est liée à la pratique religieuse. La loi de 1905 a, de ce point de vue, été funeste. En Allemagne une église peut s’offrir, par exemple, les services d’un chef de chœur professionnel.
Je peux parler de musique avec mes étudiants allemands, pas avec les français.
Ce qui ne veut pas dire que les allemands ignorent la laideur musicale. Mais c'est "moins pire" qu'en France.
"Le cadre naturel de camusiens chuchotant dans un restaurant est le silence ; celui d'hurleurs contemporains mobiles, le bruit de fond." écrit Alain Eytan sur un autre fil. Quant à Renaud Camus, il clôt son Septembre absolu en se demandant si, tout bien considéré, ce qui advient dans notre civilisation ne se résume pas à un combat entre musique et musaque. Ce n'est pas faux, un combat a bel et bien lieu mais, à mon avis, il n'est pas entre musique et musaque mais entre fonds sonores.

Il m'arrive de penser que l'on ne peut rien attendre de la musique, qu'elle est impuissante, précisément, à donner le "la", qu'elle est, au fond, essentiellement suiveuse, soumise au fond sonore de son temps duquel non seulement elle ne peut s'abstraire mais dont elle se fait l'écho, avec une désarmante fidélité. Notre fond sonore, c'est celui du moteur à explosion, en ses innombrables dérivés. La musaque, c'est la musique qui sort naturellement de ce fond-là et tant que ce fond-là se fera entendre, il me semble vain d'espérer quoi que ce soit de la "musique".
21 juin 2012, 11:48   Re : Prions pour la musique
La "fête" de la musique n'est rien d'autre que la célébration d'un néo paganisme diversifié. Babel + décibels.
Utilisateur anonyme
21 juin 2012, 11:53   Re : Prions pour la musique
Citation
Marc Briand
La "fête" de la musique n'est rien d'autre que la célébration d'un néo paganisme diversifié. Babel + décibels.

Vous êtes un peu injuste avec les païens.
21 juin 2012, 11:59   Re : Prions pour la musique
Il faut fermer les écoutilles, aujourd'hui, voilà tout, se garder du monde extérieur d'où proviendront les agressions ; et on peut mettre, pourquoi pas, l'élégie de John Foulds.
21 juin 2012, 12:21   Re : Prions pour la musique
"Vous êtes un peu injuste avec les païens. "

Cher Jean-François Chassaing, il est difficile de faire le tri dans tout ce brouhaha. Le solstice méritait mieux, j'en conviens.
Il va tout de même falloir que nous autres, récalcitrants, nous mettions une bonne fois en tête que la musique vient de l'Afrique et qu'elle y retourne.
21 juin 2012, 14:41   Re : Prions pour la musique
Bientôt elle n'aura plus besoin de se déplacer.
Au moment où je lis cette agréable discussion, la douce... musique d'un orage accompagné d'une violente chute de grêle se fait entendre à mon oreille de parisien. On dit qu'il pleut souvent pour la fête de la diversité des diversités sonores : n'a-t-on pas compris que le ciel lui-même pestait contre ce grand raffut estival ?
21 juin 2012, 15:22   Sauvés par la pluie
Moi aussi, l'orage, avec un peu de grêle ! Nous ne devons pas être très loin l'un de l'autre. Il s'est éloigné...
21 juin 2012, 15:41   Re : Sauvés par la pluie
La pluie reprend sur le XIIe arrondissement, après s'être arrêtée quelques temps. Il fait comme nuit. Cela augure d'une excellente soirée.
21 juin 2012, 16:53   Re : Sauvés par la pluie
Cher Olivier Lequeux vous avez un message privé ainsi que Francis Marche.
21 juin 2012, 17:54   Re : Sauvés par la pluie
Chère Cassandre, suivez ce lien :
Anthologie
Utilisateur anonyme
21 juin 2012, 18:59   Re : Prions pour la musique
Les Mus ne diraient pas pire :

"La "fête" de la musique n'est rien d'autre que la célébration d'un néo paganisme diversifié. Babel + décibels. "

qu'attendons-nous pour la supprimer ?

alla breve !
21 juin 2012, 19:50   Re : Prions pour la musique
Les Mus ? J'ai toujours du mal à comprendre ce que vous écrivez, Dardanus.
Utilisateur anonyme
21 juin 2012, 19:55   Re : Prions pour la musique
Le ciel se dégage...
Citation
Stéphane Bily
Les Mus ? J'ai toujours du mal à comprendre ce que vous écrivez, Dardanus.

Je ne vois que deux possibilités : les mus(es), ou les mus(ulmans)... Cela dit, moi aussi, j'ai toujours un peu de mal, "perso"...
21 juin 2012, 22:19   Re : Prions pour la musique
C'est l'émotion !
Utilisateur anonyme
21 juin 2012, 23:13   Re : Prions pour la musique
c'est réciproque !
cependant " alla breve " aurait dû vous aider , mais bon chacun son jargon , voir son idiome !
mais rien sur alla breve ? S Bily .
( les µ.) !!! pas de pb
Utilisateur anonyme
22 juin 2012, 00:44   Re : Prions pour la musique
Il y a grave du laisser-aller, là !
Au sujet des "mus" et autres muses, j'ai pensé à ce texte de Richard Millet (que dans ma paresse j'ai préféré prendre en photo).

Le texte
22 juin 2012, 07:52   Grave
mais non , J. Leroy les messages de M dardanus sont clair comm de l' eau de roche !!!§ et puis chacun il écrit comme il veut .

pas de pb .
Utilisateur anonyme
22 juin 2012, 08:23   Re : Grave
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 juin 2012, 08:55   Re : Prions pour la musique
Sur la musique...et les Muses, petit extrait d'un texte relu hier pour l'occasion.


Il est significatif que le nom même de la musique soit dérivé de celui des Muses, ces déesses président à toutes les activités intellectuelles et artistiques de l’homme : c’est que la musique apparaissait vraiment aux Grecs comme la partie essentielle et comme le meilleur symbole de toute culture. L’homme cultivé, en effet, c’est le nousicos anèr. Thémistocle reconnaissait que son éducation avait été incomplète, parce qu’il n’avait pas appris à jouer convenablement de la cithare. Nous disons que « la musique adoucit les mœurs », mais elle était pour les Grecs la condition première de la civilisation, et tout modification apportée à la technique musicale leur semblait dangereuse et capable de modifier l’équilibre moral de tout le corps civique, de l’Etat tout entier. On sait quelle importance primordiale les Pythagoriciens donnaient à la musique dans leur conception de la vie humaine et du monde, conception fondée sur l’harmonie universelle des nombres régissant les intervalles musicaux ; en cela, Pythagore et ses disciples n’ont fait que suivre et développer par la science une tendance naturelle de l’homme grec.
L’enchantement, au sens fort de ce mot, qu’éprouvaient les Grecs à l’audition d’une belle musique est exprimé d’admirable façon sur des vases peints, notamment sur un cratère du musée de Berlin qui représente Orphée jouant de la lyre et chantant en présence de quatre Thraces, visiblement subjugués : on a proposé avec raison pour cette scène le nom de « triomphe de la musique ». D’autres peinture de vases, celles des lécythes funéraire à fond blanc, nous montrent fréquemment, devant la stèle d’un tombeau, un jeune homme, tantôt assis, tantôt debout, qui chante en s’accompagnant de la lyre au milieu d’un groupe de personnes qui paraissent l’écouter dans un religieux silence.

C’est là, a-t-on dit, l’offrande musicale que les survivants font aux parents ou à l’ami qui n’est plus. Il faut à ce pauvre corps, qui est censé continuer à vivre sous la terre, autre chose que des libations : il lui faut le plaisir de l’esprit. Voilà pourquoi, jusque dans la tombe, on s’applique à le réjouir en lui faisant parvenir le son des mélodies qui l’ont enchanté pendant sa vie.

Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Hachette, 1966, pp.126-127.
22 juin 2012, 12:09   Re : Prions pour la musique
Personnellement, je l'ai fêté avec Platon et saint Augustin...
Utilisateur anonyme
22 juin 2012, 16:36   Re : Prions pour la musique
De festivités en festivités : ce soir, Allemagne/Grèce au foutebaule. On va rire !
22 juin 2012, 19:30   Fond
« Le travail continue, pour aller plus vite, toutes les nuits que la lune est suffisamment claire. A demi nus dans un air moite plus accablant que la chaleur du jour, des ouvriers mêlés de tous les sangs et de toutes les races portent partout les coups de leurs marteaux pneumatiques, et les murs s’écroulent à pans, avec un bruit sinistre, comme des rangs de grands hêtres vendus aux marchands de bûches. De fines poussières illuminées par la lune flottent au-dessus des chantiers après que les gravas sont retombés, ce qui fait une sorte de feu d’artifice que ne démentent pas trop les cris et les chants des démolisseurs. On distingue là-dedans les glapissements de chacals des Arabes, les piailleries des Chinois et les mélopées sourdes des nègres d’Afrique. Tous ensemble se réjouissent chaque fois que tombe un nouveau bloc de maçonnerie, et que la lune découvre à leurs yeux pillards le naufrage de meubles que l’on n’a pas fait porter ailleurs assez vite, de tentures trop usées pour servir encore, et d’autre objets, comme des animaux familiers tristement abandonnés par leurs maîtres.

Il n’y a jamais un instant de repos véritable, les équipes se succèdent sans la moindre interruption des travaux, et l’on ne cesse d’entendre toujours ces mêmes cris, et ces mêmes refrains à saccades, et ces détonations en longues séries brutales, coupées de ce même bruit d’écrasement. Nous avons tout essayé pour nous boucher les oreilles : du liège au coton, de la cire mythologique à de petites sphères en moelle de sureau rationnellement fixées sur de longs clous d’argent qui servent à les mettre en place et à les retirer. Un scaphandre ne suffirait pas, et le seul résultat des ces manœuvres est de nous faire perdre l’orientation des foyers sonores, qui semblent multipliés tout autour de nous par un écho à cent voix. »

André Pieyre de Mandiargues Le musée noir (1963)
22 juin 2012, 23:54   Fuite
« Nous n'y pouvons plus tenir — c'est toujours ainsi — et bientôt nous voilà dans l'escalier, vêtus de travers avec un air hirsute de perroquets en maillots de convicts. Voilà cette petite clé que nous ne mettons jamais dans la serrure sans penser que les démolisseurs, du train où ils vont, auront peut-être atteint notre chambre avant que nous soyons rentrés, détruit irrémédiablement le seul refuge que nous ayons encore pendant les heures diurnes. Voilà la porte claquée derrière nous, avec un coup de canon comme un défi aux braillards. Il nous reste à plonger dans une rue, au hasard, parmi toutes celles qui descendent vers le port, et les bruits et les chants décroissent à mesure que la pente nous éloigne des quartiers hauts. »
Oui, cher Alain, c'est nettement mieux en citant le paragraphe qui suit. Merci d'avoir combattu ma paresse.
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