L'antisémitisme rabique, viscéral, pulsionnel des musulmans - un antisémitisme sans juif dans les pays arabes et musulmans, ce qui le limite aux discours communs, ceux des gens d'en bas, des journaleux, de toutes les institutions, des pouvoirs, alors qu'en France, il se mue en assassinats, crimes ou délits - est un fait connu - et même archiconnu - de tous les "experts", "islamologues", "arabisants", "spécialistes" du Coran et autres journalistes, même au Nouvel Obs et au Monde, ainsi que de quelques écrivains (Paula Jacques a écrit quelques belles pages sur le sujet, sans tirer de ce qu'elle écrit la moindre conclusion sur le racisme). Cet antisémitisme n'a pas commencé en 1948 avec la création d'Israël; il est aussi ancien que l'islam; il a seulement redoublé de violence avec le départ volontaire ou forcé des Juifs des pays arabes; il est dissocié du conflit entre Israël et les Palestiniens, même si ce conflit a pu exacerber l'antisémitisme primaire des musulmans. Or, la règle "déontologique", puisqu'elle est celle d'une profession ou d'une corporation (journalistes, savants, instruits, diplomates, etc.), est de n'en rien dire. Silence dans les rangs. C'est l'omerta. Le sujet est tabou.
Le plus désolant dans ces affaires n'est pas le constat que fait M. Roder, mais qu'il ait eu l'idée de s'exprimer dans le Nouvel Obs, car ce journal est, avec Le Monde et Libération, la pointe émergée de l'iceberg du négationnisme bon chic bon genre, bobo et progressiste bon teint. Que M. Roder brise la loi du silence est assez courageux (mais il ne perd rien pour attendre, les piliers de l'omertisme lui feront payer cher son audace, et d'abord ses "chers" collègues), mais qu'il l'ait fait dans un des temples du négationnisme montre qu'il n'est pas totalement lucide et que quelque chose lui échappe encore du nouvel ordre du monde, que ce soit en France ou partout ailleurs sur les cinq continents.