Vous me decevez un peu, Cher Jean-marc, en avancant un fac-similé qui date de 1946. Huit ans plus tard la situation se présentait en métropole sous d'autres auspices.
Genève 1954, prélude à Evian 1963
A la conférence de Genève qui s’est ouverte le 26 avril, l’équipe René Pleven et Georges Bidault est remplacé le 18 juin par Mendès-France qui, investi à la tête du gouvernement, a fait le pari d’arriver à la paix dans le mois qui suivait.
Rien n’est plus éclairant que de se référer aux mémoires de Khroutchtchev, protagoniste de la conférence de Genève, pour se rendre compte dans quel traquenard nous a entrainé le funeste pari de Mendès-France.
Au cours d’une réunion préparatoire à la conférence qui se tint à Moscou entre alliés chinois, Russes et Viet-Minh, Khrouchtchev dut persuader Chou-en Lai d’apporter tout soutien à Ho-Chi-Minh pour
„ permettre aux Vietnamiens de redoubler d’énergie dans leur résistance aux francais“. En effet, Ho-Chi-Minh avait déclaré au dirigeant chinois réticent que
„la situation au Vietnam était désespérée et que s’ils n’obtenaient pas un cessez-le-feu, les Vietnamiens ne pourraient pas résister plus longtemps aux Francais“
Pour la suite, il suffit de laisser la parole à Khrouchtchev:
„Puis le miracle eut lieu. Au moment où les délégations arrivaient à Genève, les Vietnamiens remportaient une grande victoire en s’emparant de la place forte de Dien-Bien-Phu.
Dès la premiére session de la conférence Pierre Mendès-France alors chef de gouvernement francais, proposa de ramener les troupes de son pays en decà du 17e paralléle. J’avoue que la nouvelle, quand elle nous parvint, nous laissa bouche bée de stupéfaction et de plaisir. Nous n’avions rien espéré de tel. Le retrait en decà du 17e parallèle était en fait une revendication maximum à partir de laquelle nous comptions négocier. Nous avions donné consigne à nos diplomates d’en faire état dans le seul but d’affirmer, d’entrée de jeu, une position dure.
Aprés quelques discussions, nous acceptâmes l’offre de Mendès-France et le traité fut signé. Nous avions réussi à consolider les conquêtes des communistes vietnamiens.“
Etc... etc...
Cette paix à tout prix, justifiée aux dires du gouvernement par la situation calamiteuse fut réclamée à cor et à cri par toute la presse métropolitaine.