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Bilan après huit mois de gouvernement ....

Envoyé par Gérard Rogemi 
Je vous propose de lire un court extrait de la lettre n° 42 de la Fondation Héritage & progrès se rapportant au bilan de l'action de Nicolas Sarkozy. Au-delà de toute polémique sur son comportement il me semble que notre président mérite un traitement plus équitable.

Après huit mois de gouvernement Les Français sont-ils mécontents ? Oui.
Une série de sondages portant sur deux périodes successives de 2 et 3 semaines a constaté une chute de confiance envers le Président de la République, variant de 15 à 20 %. A ce stade, il est absolument inutile – et dangereux – de mettre en avant des explications du type « les réformes engagées n’ont pas encore donné de résultats », « la presse est responsable d’une campagne sur le pouvoir d’achat sur lequel le Gouvernement n’a pas de prise », « les médias sont responsables d’une exposition excessive de la vie privée du Président »... Ces explications valent ce qu’elles valent : bien peu de choses. Il y a deux raisons et deux raisons parfaitement claires à la chute de la côte de confiance du Président :

1. les axes essentiels du projet de réforme présidentiel sont devenus quasiment illisibles en moins d’un mois. Trop de réformes tuent la réforme ;

2. la vie privée du Président, surexposée, apparaît aux Français comme très éloignée de la leur.

Le projet de réforme présidentiel est devenu quasiment illisible en un mois.

Lors de notre dernière lettre, nous avions voulu montrer l’importance et la cohérence des réformes autour de douze lois ou décrets pris en 2007 et de six chantiers dont on savait qu’ils allaient s’ouvrir dès le premier trimestre 2008.

Cela faisait déjà beaucoup et nous avions bien noté que toutes ces mesures étaient parfois incomplètes et constituaient de simples cadres à remplir ultérieurement. Deux éléments ont depuis brouillé les cartes au lieu d’éclaircir le paysage : la conférence de presse du Président et le rapport Attali.

Au cours de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy a fait un exposé trop long – près de 50 minutes – en ne laissant aux journalistes que le même temps, ce qui était insuffisant lorsqu’on invite 300 personnes. 20 questions posées équivalent à 280 personnes frustrées. De plus, sur le fonds, le discours du Président a été peu compréhensible. Les Français sont prêts à accepter toutes les réformes si elles sont clairement exprimées autour d’idées fortes qui les concernent clairement : comment améliorer leur situation et leur revenu, comment améliorer le destin de leurs enfants :
- Diminuer un endettement insupportable qui conduit bientôt à faire du paiement des intérêts le premier budget de l’Etat et interdit les investissements productifs (l’Etat en faillite).

- Augmenter les salaires et réduire massivement le chômage en conduisant une vraie politique de croissance à 3 % ou plus (la réforme aujourd’hui pour la croissance demain).

Tous les chefs d’entreprise savent bien que, pour faire adhérer l’ensemble des salariés à une politique, il faut et il suffit d’expliquer longuement et clairement les axes de cette politique, de répéter ces explications et de montrer les perspectives positives attendues.

Au lieu de cela, nous avons entendu des propos relativement hétéroclites que, sur les conseils d’Henri Guaino, le président a articulé autour d’un thème intellectuel particulièrement fumeux « La politique de civilisation ». Citer Victor Hugo, Jaurès, Blum, Mendès-France, Pinay ou de Gaulle est toujours utile. Citer Edgar Morin, intellectuel particulièrement abscons, ancien communiste resté résolument socialiste, auteur récent de trois volumes hermétiques destinés à montrer que notre société est complexe et que, par conséquent, aucune solution n’est simple, c’est courir à la catastrophe. Pour afficher un haut niveau de réflexion philosophique et sociologique, M. Guaino aurait peut-être intérêt à s’appuyer davantage sur Alexis de Tocqueville que sur Edgar Morin.

L’idée « pompeuse » de politique de civilisation est à cent lieues des préoccupations des Français et notamment des cadres qui ont massivement voté Sarkozy : réduire la dette pour pouvoir investir, augmenter la croissance pour augmenter le pouvoir d’achat.

Enfin est arrivé le rapport Attali : « 300 décisions, autour de 20 réformes fondamentales ». Et là, le Président a commis une erreur certaine en indiquant qu’il approuvait d’emblée l’ensemble du rapport et qu’il en mettrait en œuvre l’essentiel.

C’était la phrase de trop. D’abord parce qu’un rapport s’étudie avec d’être approuvé ou critiqué. Ensuite, parce qu’aucun rapport n’est à prendre ou à laisser dans sa totalité. Enfin parce que l’ensemble des réformes doit correspondre dans un pays démocratique non pas à un rapport de techniciens, quelle que soit sa valeur, mais à un programme électoral et à une majorité parlementaire. Jacques Attali n’a strictement aucune légitimité à dire que son rapport est à prendre ou à laisser. C’est au Président et au Parlement de prendre et de laisser ce qui leur semble souhaitable.

La vie privée du Président, surexposée, apparaît aux Français décalée et très éloignée de la leur.

Les Français – contrairement aux Américains et aux Anglais – ont la sagesse, en règle générale, d’autoriser leurs dirigeants politiques à avoir la vie privée qu’ils souhaitent. Peu de gens se seraient préoccupés d’une liaison du Président avec telle ou telle femme : c’est son choix. Par contre, ce qui n’est pas passé, c’est la rapidité d’une part, l’affichage de l’émoi amoureux et du coup de foudre d’autre part.
Les turbulences de son second mariage et l’annonce impromptue du divorce ont déjà surpris. Le « coup de foudre » et le remariage trois mois plus tard ont semblé à beaucoup un signe de jeunesse inquiétant.
C’est sans doute cette question de la vie privée qui empêchera – combien de temps ? la remontée de la confiance, quelle que soit l’efficacité de la politique présidentielle.
« Amour, sur ma vertu prends un peu moins d’empire », faisait dire Corneille à Eurydice.
Un disque va sortir. Mille journalistes vont reprendre les paroles de chansons qui, comme toutes les chansons, parlent d’amour. Qu’il le veuille ou non, quelles que soient les précautions prises, le Président s’installe pour un an dans un maelström médiatique où vaudeville et show-biz, vont nécessairement chevaucher en permanence la politique économique et sociale. Elle risque de passer au second plan et de devenir inaudible, comme les deux derniers discours sur l’Europe et sur la politique des banlieues. Dans le monde qui est le nôtre, le vrai pouvoir appartient aux médias.

Quel dommage !

Pour la première fois depuis l’arrivée du Général de Gaulle et le plan Rueff-Pinay, un président faisait bouger les lignes. Son bilan en neuf mois était déjà considérable. Une série de réformes réputées impossibles était lancée : les régimes spéciaux de retraite, le droit du travail et la fin du contrat par consentement mutuel, le maintien des jeunes de 16 h 30 à 18 h 30 pour les devoirs à l’école, la réduction forte du nombre des fonctionnaires, un début d’autonomie des universités, etc. Les ministres et leurs cabinets avaient des feuilles de route précises. Une vague législative et surtout une impulsion politique très forte était donnée. Il est évident que Nicolas Sarkozy ne va rien abandonner de sa stratégie dans les mois qui viennent.

C’est avec anxiété que nous attendons la suite... en misant sur le talent politique indéniable de notre Président.
Bien cher Rogémi,


Je suis d'accord avec vous.
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 00:34   Re : Bilan après huit mois de gouvernement ....
L'erreur des Français est sûrement d'avoir espéré un changement trop radical (sans le désirer réellement), la fameuse "rupture". Qu'un changement radical au sein d'un système politique devienne impossible, cela ne signifie pas que ce système soit là pour toujours, mais au contraire que c'est le système lui-même, dans sa totalité, qui est appelé à disparaître (pourquoi pas?).
Sarkozy nous propose à la rigueur une attitude, il approuve ou il rejette d'instinct, mais la droite qu'il est censé incarner n'a pas/plus de doctrine. Elle en est au point qu'elle ne peut plus dire quelle forme d'Etat ou de gouvernement elle voudrait voir s'instaurer, quelle forme d'économie elle entend promouvoir, à quelle analyse sociologique elle pourrait souscrire : elle recycle, elle bégaie, elle est aveugle, et c'est presque à se demander si les Français désiraient vraiment de voter à droite...
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