Meirieu contre les robots

Parmi les réactions hostiles aux nouvelles orientations que voudrait emprunter l'Education nationale, il y a celle de Philippe Meirieu (je ne suis pas sûr de l'orthographe de ce nom) qui tient à s'élever contre la volonté d'entraîner la mémoire des élèves, (ambition ridiculisée en "retour du par cœur"), qui n'aurait comme effet, selon ce savant pédagogue, que de former des "robots".

Ils ne se repentiront jamais.

Bien cher Orimont,


Comme vous le savez, je suis par nature pragmatique.

Ce que vous citez est au-delà du repentir et tient de la bêtise.

Seuls les gens intelligents peuvent se repentir. Ce monsieur est con, c'est incurable.

Après réflexion, j'aurais tendance à maintenir cette idée du refus du repentir. Qu'il y ait chez ces faramineux idéologues de l'IUFM ou apparenté une part de bêtise originelle n'en fait pas à mes yeux d'incurables cons. J'imagine qu'aujourd'hui, pour la plupart, ils ont pris conscience de l'énormité de leurs erreurs, contre-sens et même folie pure à l'œuvre dans leurs conceptions. Certains d'entre eux, rares, l'ont avoué du bout des lèvres et ce Philippe Meirieu s'est lui-même fendu, naguère, d'une tribune dans Le Monde où il semblait vouloir reconnaître que le niveau "posait problème" (ou quelque chose comme ça.)

Je crois qu'en leur âme et conscience et au moyen de leur intelligence les plus en vue de ces fanatiques savent qu'ils ont mal fait mais ils préféreraient crever la bouche ouverte que de l'avouer franchement et, en effet, de se repentir. A mon avis, l'orgueil les étouffe plus encore que la bêtise ne les aveugle.

A vrai dire, la guerre de Meyrieu et des pédagogogues contre la mémoire ne les prédisposera pas au repentir, qui ne peut exister lui-même sans mémoire. Leur oeuvre est cette génération festive qui ne se souvient jamais de rien, ces vieux jeunistes qui s'extasient de découvrir la lune et le fil à couper le beurre chaque matin. Philippe Muray et Alain Finkielkraut ont tout dit là-dessus.

Je pense que certains doivent être effrayés par les conséquences de leur engagement, et que, en effet, par vanité et lâcheté ils ne veulent pas les dénoncer, mais il ne faut pas oublier ceux, nombreux dans ce domaine, qui se régalent du désastre, qui l'on voulu en toutes connaissances de cause. Pourquoi ceux-ci se repentiraient-ils d'avoir réussi leur projet ? Pour vouloir une école destinée à instruire le peuple de son pays, il faut aimer son peuple et son pays. Les Amis du désastre détestent l'un et l'autre.

Selon ma propre expérience, on ne peut vraiment apprécier un poème qu'en l'apprenant par coeur. Quand on a dépassé le stade de la mémorisation, on peut alors s'attacher à bien le dire, le rythmer, accentuer tel mot, tel son de telle voyelle, de telle consonne, bien placer un enjambement... Des subtilités se dévoilent. A la centième fois la lecture devient naturelle, on atteint le coeur du poème, il coule, débarrassé de cette gangue bien humaine faite d'emphase, de prétention, d'artifices inutiles, de gêne... il apparaît dans sa nue beauté si particulière, comme de la musique.

Je suis entièrement de l'avis de M. Wan.

Moi aussi.

Un bon exemple valant souvent mieux qu'un long discours, je vous propose de lire un cours de Philippe Meirieu ; il me semble tout à fait révélateur de la qualité de la formation délivrée dans les IUFM où règnent ces grands maîtres en "sciences de l'éducation"...

Parmi les liseurs du forum, quelqu'un a-t-il suivi des cours de Philippe Meirieu ? Si oui, ça vaut quoi ?
J'ai parcouru le document posté par Alexis. Je n'ai pas tout compris, mais je ne suis plus si sûr, aujourd'hui, de tout vouloir mettre à la poubelle. La démarche de la situation-problème, n'était-ce le gaspillage éhonté de temps qu'elle induit, me semble loin d'être infondée. Techniciste, abstraite, c'est sûr, puisqu'elle se veut "science" (et c'est sa fatale erreur) ; mais d'un autre côté, elle postule l'existence d'élèves réels, de petits monstres qui s'en laissent plus apprendre comme au temps jadis, et qu'il faut malicieusement harponner pour transmettre un savoir. Le poème des petits pas de Valéry cité dans le cours est bien joli.
J'ai le souvenir d'un séminaire de pédagogie que j'ai suivi voilà longtemps, dispensé par un certain Develay (orthographe incertaine), un autre sectateur des dites
sciences de l'éduc'. Le génie de cet homme m'avait remué au plus profond de la moëlle.

"(...) elle postule l'existence d'élèves réels, de petits monstres qui s'en laissent plus apprendre comme au temps jadis, et qu'il faut malicieusement harponner pour transmettre un savoir."

Veuillez accepter, cher monsieur, mes hommages irréels pour les lignes ci-dessus.

Condescendriez-vous à être plus explicite, chère âme ?

Demande sincère, cher Orimont, qui êtes le seul ici, depuis longtemps. Il me semble me souvenir que vous êtes (ou fûtes) éducateur, non ? J'ai plongé une partie de ma soirée dans les pages de cours de Philippe Merieu (merci à Alexis pour le lien), malgré mes préventions. Je suis surpris de ce que j'y lis, que j'oserais qualifier d'équilibré, sinon de praticable pour le gardeur de troupeau que je suis. Parce que vous n'avez pas le goût de la caricature, je me permets de vous demander des précisions. Mais peut-être étaient-elles encloses dans votre énigmatique hommage, que je n'ai su lire.

Je signale ce site fort intéressant où l'on trouve une excellente documentation sur la question de l'école, et tout particulièrement une collection d'articles très précieuse.

Merci Alexis pour ce site très riche en effet.
Cette démarche a-t-elle à votre connaissance des équivalents pour le secondaire ?

Cette démarche a-t-elle à votre connaissance des équivalents pour le secondaire ?

Je ne peux pas vraiment vous répondre ; en fait, je suis tombé par hasard sur ce site en cherchant la référence d'un article d'Antoine Compagnon. Peut-être peut-on trouver quelques éléments de réponse dans le blog de Jean-Paul Brighelli, mais vous devez certainement le connaître déjà.