Hier, je suis allé au cinéma voir le dernier film d’Olivier Assayas,
L’heure d’été, lequel est sorti dans les salles la semaine dernière. Il s’agit du premier film de ce réalisateur que je vois. Je connaissais Assayas pour sa proximité avec le cinéma de Debord, que j’aime beaucoup. Assayas a d’ailleurs dirigé l’édition en DVD des
Œuvres cinématographiques complètes du créateur de
L’Internationale situationniste. Sur le plan formel et esthétique,
L’heure d’été n’a rien à voir avec le cinéma de Debord. Ce film relève plutôt d’un classicisme, parfaitement maîtrisé, et d’un naturalisme mis au service d’une vision critique de notre magnifique époque. En revanche, sur le plan de la sensibilité,
L’heure d’été est proche du dernier Debord, celui de
Panégyrique et de
In girum, œuvres sombres et mélancoliques, et d’un certain Renaud Camus. A travers l’histoire d’un héritage trop lourd à porter, Assayas met en scène la disparition d’une certaine culture « bourgeoise », d’un art de vivre, de l’impossible transmission du passé aux jeunes générations, de la muséification du monde où « tout ce qui était directement vécu s’éloigne dans une représentation ». La force du film tient dans une subtilité, une délicatesse qui évite la pesanteur de la dénonciation. Le processus de dispersion et d’évanescence d’un patrimoine est montré avec une distance, qui vient souligner son caractère inexorable. Il n’y a rien à faire, en effet, contre le rouleau compresseur de la modernité, du « désastre », de la « grande déculturation », surtout quand il s’avance sous le masque « sympa » d’héritiers si représentatifs de leur époque. Si ce n’est, comme le personnage incarné admirablement par Charles Berling, se retirer un moment de la scène pour pleurer en silence.