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Mme Ernaux

Envoyé par Henri Rebeyrol 
11 septembre 2012, 20:18   Mme Ernaux
Le texte (appel ? pétition ? adresse ?) que Mme Ernaux a publié dans Le Monde (de toute évidence, ce journal lui a ouvert toutes grandes ses colonnes et a rameuté des "soutiens") pour exiger on ne sait quoi - la condamnation, la relégation, l'exil, le licenciement, la disparition, la mort ? - de Richard Millet n'étonne pas ceux qui ont lu son oeuvre et savent la complaisance qu'elle a toujours manifestée à l'encontre des régimes tyranniques (communistes ou autres) et l'admiration aveugle et sans borne qu'elle voue à Bourdieu, le chantre de Lénine et du FLN. La lecture de La Distinction a été sa nuit de la destinée. Ce qu'elle appelle "fascisme" n'a rien en commun avec ce que fut la réalité du fascisme historique, celui des partisans de Mussolini ou d'Hitler, mais tout à voir avec l'épouvantail nommé "fascisme" que brandissent communistes et compagnons de route depuis 1934 ou 1935, quand Staline a appris à ses sbires à réduire tout adversaire du communisme au fascisme.

Ce qui est inquiétant dans son appel, c'est la haine : cette femme est mue par la seule haine et toute son argumentation consiste à décliner sa haine, tout en la camouflant derrière l'invocation de quelques principes universels. Elle n'est pas la seule femme écrivain à se laisser porter par ces mauvais sentiments. Il y a eu de beaux spécimens dans la Chine de Mao, dans le Viêt-nam de M. Ho, dans le Kampuchéa de Pol Pot, dans l'Allemagne nazie (Eva B, S. Undke) et même en France. Pierre Péan révèle dans son livre sur la jeunesse de Mitterrand comment Mlle Donnadieu, qui a écrit en 1940 un livre à la gloire de l'Empire français, puis a travaillé pour les services allemands, a pu se faire nommer en 1944 "procureur" dans un procès expéditif et a obtenu la mort d'un pauvre type qui avait fricoté avec les Allemands (selon Péan, la véritable raison de la condamnation à mort, suivie d'une exécution quasiment immédiate, était autre).

De Mme Ernaux, on connait tout : ses parents, son grand-père, ses baisades, ses hontes, ses "humiliations", ses haines, ses admirations. Ses parents étaient des gens admirables - des "gens de peu", pauvres, se contentant de ce qu'ils gagnaient, n'ayant guère d'ambition, très dignes et d'une moralité exemplaire. Ils étaient l'ancienne France. Jamais il ne leur serait venu à l'esprit de dire du mal en public ou en privé de leurs voisins; jamais ils n'auraient signé un appel appelant à tuer un concurrent ou un professeur de leur fille unique. Dans son récit "La Place", elle met en exergue une phrase de Genet : "je hasarde une explication : écrire, c'est le dernier recours quand on a trahi". De fait, il semble qu'elle veuille expliquer par la trahison le choix qu'elle fait de la "littérature" (ou de "l'écriture"). Pour elle, la trahison est sociale. Elle a trahi ses parents parce qu'elle est devenue une bourgeoise - n'exagérons rien, une (toute) petite-bourgeoise. En obtenant le CAPES de lettres modernes, elle aurait basculé, écrit-elle, dans un autre monde, celui des gens comme il faut, des gens d'en haut, des bourgeois. Elle se voit sans doute plus haut qu'elle n'est réellement, même si, dans son esprit, c'est en maîtrisant la culture, qu'elle juge bourgeoise (elle a lu La Distinction cinq ou six auparavant) (le CAPES, pour elle, c'est un brevet de bourgeoisie culturelle !), qu'elle a trahi ses parents et ses grands-parents ouvriers agricoles.

Il est évident qu'elle a trahi ses ancêtres, non pas parce qu'elle serait "cultivée" (et eux non), mais parce que, bien qu'elle soit nantie en tout et que, matériellement, elle jouisse de revenus très élevés, elle est mue par la seule haine, par le ressentiment, par la rancoeur et qu'elle est prête à faire couper la tête à un écrivain, dont elle ne partage pas les idées. Voilà qui était totalement étranger à sa mère et à son père. Pour continuer cette réflexion, on peut se demander ce qu'elle a retenu des années passées au lycée et à l'université. Je suis certain que les professeurs qui lui ont enseigné les lettres lui ont appris la grandeur de la liberté et que les fondements de la civilisation étaient la liberté d'expression. On a dû lui seriner cette belle phrase de Voltaire (en substance) : "je ne partage pas vos idées, mais je me batrtai pour que vous puissiez les exprimer". A quoi tout cela a-t-il servi ? A rien, apparemment, au point que l'on peut se demander s'il n'aurait pas mieux valu pour elle et pour la simple morale sociale ou "laïque" - la common decency, comme on dit - qu'elle restât, comme ses parents, modeste et humble sans doute, inculte ou mal instruite, mais épargnée par des pulsions de meurtre qui font d'elle une harpie digne de Pol Pot ou de Mao. Que penser alors de la centaine de crétins, ces prétendus "écrivains", qui ont lu son "papier" et qui ont approuvé ses envies d'ostracisme, de censure, d'élimination ? Que pour eux aussi il aurait mieux valu qu'à l'âge de 14 ans, ils devinssent apprentis boulangers ou plombiers ou apprenties couturières. Au moins, ils ne nuiraient à personne.
11 septembre 2012, 21:11   Re : Mme Ernaux
Le texte de Mme Ernaux est inutile, et il est même stupide, notamment quand elle évoque le fascisme.

Cela étant, elle ne me parait pas dépourvue de talent, pour ce que j'ai lu de ses romans, et elle n'appelle tout de même pas au meurtre.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:20   Re : Mme Ernaux
Citation
JGL
Le texte (appel ? pétition ? adresse ?) que Mme Ernaux a publié dans Le Monde (de toute évidence, ce journal lui a ouvert toutes grandes ses colonnes et a rameuté des "soutiens") pour exiger on ne sait quoi - la condamnation, la relégation, l'exil, le licenciement, la disparition, la mort ? - de Richard Millet n'étonne pas ceux qui ont lu son oeuvre et savent la complaisance qu'elle a toujours manifestée à l'encontre des régimes tyranniques (communistes ou autres) et l'admiration aveugle et sans borne qu'elle voue à Bourdieu, le chantre de Lénine et du FLN. La lecture de La Distinction a été sa nuit de la destinée. Ce qu'elle appelle "fascisme" n'a rien en commun avec ce que fut la réalité du fascisme historique, celui des partisans de Mussolini ou d'Hitler, mais tout à voir avec l'épouvantail nommé "fascisme" que brandissent communistes et compagnons de route depuis 1934 ou 1935, quand Staline a appris à ses sbires à réduire tout adversaire du communisme au fascisme.

Ce qui est inquiétant dans son appel, c'est la haine : cette femme est mue par la seule haine et toute son argumentation consiste à décliner sa haine, tout en la camouflant derrière l'invocation de quelques principes universels. Elle n'est pas la seule femme écrivain à se laisser porter par ces mauvais sentiments. Il y a eu de beaux spécimens dans la Chine de Mao, dans le Viêt-nam de M. Ho, dans le Kampuchéa de Pol Pot, dans l'Allemagne nazie (Eva B, S. Undke) et même en France. Pierre Péan révèle dans son livre sur la jeunesse de MItterrand comment Mlle Donnadieu, qui a écrit en 1940 un livre à la gloire de l'Empire français, puis a travaillé pour les services allemands, a pu se faire nommer en 1944 "procureur" dans un procès expéditif et a obtenu la mort d'un pauvre type qui avait fricoté avec les Allemands (selon Péan, la véritable raison de la condamnation à mort, suivie d'une exécution quasiment immédiate, était autre).

De Mme Ernaux, on connait tout : ses parents, son grand-père, ses baisades, ses hontes, ses "humiliations", ses haines, ses admirations. Ses parents étaient des gens admirables - des "gens de peu", pauvres, se contentant de ce qu'ils gagnaient, n'ayant guère d'ambition, très dignes et d'une moralité exemplaire. Ils étaient l'ancienne France. Jamais il ne leur serait venu à l'esprit de dire du mal en public ou en privé de leurs voisins; jamais ils n'auraient signé un appel appelant à tuer un concurrent ou un professeur de leur fille unique. Dans son récit "La Place", elle met en exergue une phrase de Genet : "je hasarde une explication : écrire, c'est le dernier recours quand on a trahi". De fait, il semble qu'elle veuille expliquer par la trahison le choix qu'elle fait de la "littérature" (ou de "l'écriture"). Pour elle, la trahison est sociale. Elle a trahi ses parents parce qu'elle est devenue une bourgeoise - n'exagérons rien, une (toute) petite-bourgeoise. En obtenant le CAPES de lettres modernes, elle aurait basculé, écrit-elle, dans un autre monde, celui des gens comme il faut, des gens d'en haut, des bourgeois. Elle se voit sans doute plus haut qu'elle n'est réellement, même si, dans son esprit, c'est en maîtrisant la culture, qu'elle juge bourgeoise (elle a lu La Distinction cinq ou six auparavant) (le CAPES, pour elle, c'est un brevet de bourgeoisie culturelle !), qu'elle a trahi ses parents et ses grands-parents ouvriers agricoles.

Il est évident qu'elle a trahi ses ancêtres, non pas parce qu'elle serait "cultivée" (et eux non), mais parce que, bien qu'elle soit nantie en tout et que, matériellement, elle jouisse de revenus très élevés, elle est mue par la seule haine, par le ressentiment, par la rancoeur et qu'elle est prête à faire couper la tête à un écrivain, dont elle ne partage pas les idées. Voilà qui était totalement étranger à sa mère et à son père. Pour continuer cette réflexion, on peut se demander ce qu'elle a retenu des années passées au lycée et à l'université. Je suis certain que les professeurs qui lui ont enseigné les lettres lui ont appris la grandeur de la liberté et que les fondements de la civilisation étaient la liberté d'expression. On a dû lui seriner cette belle phrase de Voltaire (en substance) : "je ne partage pas vos idées, mais je me batrtai pour que vous puissiez les exprimer". A quoi tout cela a-t-il servi ? A rien, apparemment, au point que l'on peut se demander s'il n'aurait pas mieux valu pour elle et pour la simple morale sociale ou "laïque" - la common decency, comme on dit - qu'elle restât, comme ses parents, modeste et humble sans doute, inculte ou mal instruite, mais épargnée par des pulsions de meurtre qui font d'elle une harpie digne de Pol Pot ou de Mao. Que penser alors de la centaine de crétins, ces prétendus "écrivains", qui ont lu son "papier" et qui ont approuvé ses envies d'ostracisme, de censure, d'élimination ? Que pour eux aussi il aurait mieux valu qu'à l'âge de 14 ans, ils devinssent apprentis boulangers ou plombiers ou apprenties couturières. Au moins, ils ne nuiraient à personne.

Je ne savais pas. Elle a un coté personnage d'un roman de Richard Millet style Lauve le pur.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:22   Re : Mme Ernaux
Citation
Jean-Marc

elle n'appelle tout de même pas au meurtre.

C'est pas grave alors. Jean-Marc votre amour refoulé de Millet vous perdra.
11 septembre 2012, 21:22   Re : Mme Ernaux
Plus que le texte de Mme Ernaux, qui ne mérite pas à mon avis qu'on s'y intéresse, la liste des signataires du machin pose question.

Je crois y voir bon nombre d'auteurs édités chez Gallimard.
11 septembre 2012, 21:25   Re : Mme Ernaux
Je voulais dire, Jean-François, que ce texte est stupide. Il ne nécessite pas de monter sur ses grands chevaux. Ce qui est plus inquiétant, c'est la liste des signataires, dont certains sont fort estimables, et dont la présence sur cette page est inattendue.

Pour moi, c'est clair. Un bon nombre d'auteurs Gallimard ne veulent plus faire "maison commune" avec M. Millet.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:34   Re : Mme Ernaux
Citation
Jean-Marc
Je voulais dire, Jean-François, que ce texte est stupide. Il ne nécessite pas de monter sur ses grands chevaux. Ce qui est plus inquiétant, c'est la liste des signataires, dont certains sont fort estimables, et dont la présence sur cette page est inattendue.

Pour moi, c'est clair. Un bon nombre d'auteurs Gallimard ne veulent plus faire "maison commune" avec M. Millet.

Ils peuvent aller à L'Harmattan.
Nous allons voir si Antoine sait tenir sa boutique.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:35   Re : Mme Ernaux
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 septembre 2012, 21:36   Re : Mme Ernaux
Je crois que le mieux qui pourrait arriver serait de laisser le soufflé retomber.

Millet a écrit son ouvrage. Les autres ont réagi.

Il me semble que la poursuite de la polémique à "haut bruit" risque de mettre Gallimard dans une position intenable.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:38   Re : Mme Ernaux
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 septembre 2012, 21:43   Re : Mme Ernaux
Mais c'est ce que je vous dis : le mieux est de ne pas répondre et de ne pas faire exister un débat qui n'en est pas un.

M. Millet est en train de bénéficier de l'intérêt des gens qui trouvent qu'on en fait un peu trop, beaucoup trop. Qu'il laisse les autres se répandre dans la presse, ils s'enferrent.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 21:48   Re : Mme Ernaux
Citation
Jean-Marc
Je crois que le mieux qui pourrait arriver serait de laisser le soufflé retomber.

Millet a écrit son ouvrage. Les autres ont réagi.

Il me semble que la poursuite de la polémique à "haut bruit" risque de mettre Gallimard dans une position intenable.

Je peux me tromper, mais je pense que c’est une petite crise parisienne qui sera vite oubliée. D’ailleurs je ne serais pas surpris d’apprendre que certains signataires ont envoyé un petit billet à Millet du style « Tu comprends j’ai été obligé de signer, mais je suis avec toi ». C’est une pratique assez courante dans ce monde et un bon contrat d’assurance.
11 septembre 2012, 21:51   Re : Mme Ernaux
Je souhaiterais que vous ayez raison, mais M. Millet me parait être d'une toute autre constitution psychologique que vous et moi : je suppose qu'il va contre-attaquer, ce qui est une très mauvaise idée, car on ne contre-attaque pas des âneries.
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 22:00   Re : Mme Ernaux
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
11 septembre 2012, 22:02   Re : Mme Ernaux
Citation
Jean-Marc
Je souhaiterais que vous ayez raison, mais M. Millet me parait être d'une toute autre constitution psychologique que vous et moi : je suppose qu'il va contre-attaquer, ce qui est une très mauvaise idée, car on ne contre-attaque pas des âneries.

Son problème c’est sa posture christique. Il prendrait 4 mois de vacances, irait nous écrire un roman extraordinaire dans sa Corrèze, à son retour plus personne ne penserait à cette histoire, car plus personne n'aurait intérêt à y penser, même et surtout Le Clézio.
11 septembre 2012, 22:26   Re : Mme Ernaux
Exactement, Jean-François.

Nous sommes en phase (le courant passe, pour ainsi dire, Didier !).
11 septembre 2012, 22:54   Re : Mme Ernaux
Annie Ernaux est une femme libérée qui vit seule à Cergy-Pontoise, un pays où elle est à l'oise comme Bloise. La nuit, elle voyage voyage, ou bien elle fait le ménage. Quand y a plus rien dans le frigo, elle sort faire des photos.
12 septembre 2012, 00:00   Re : Mme Ernaux
Merci cher JGl, pour votre commentaire

Oui, Annie Erneaux a trahi ses ancêtres et je l'ai toujours détestée pour ça car elle les a trahis non parce qu'elle a eu accès à la culture bourgeoise comme elle feint de le penser conformément aux simagrées intellectuelles de ses maîtres penseurs mais, au contraire, parce que comme tous ses semblables, elle a travaillé à priver son peuple et les siens de cette grande culture qui pourtant n'est jamais meilleure que lorsqu'elle critique ... la bourgeoisie ou les grands de ce monde. D'ailleurs elle ne se contente pas de dénigrer cette culture bourgeoise, mais également une certaine culture paysanne, véritablement populaire, elle, celle de ses ancêtres, toute pétrie de dignité et de "common decency". Au fond Annie Erneaux n'a fait qu'adopter les codes de la petite bourgeoisie d'aujourd'hui qui prescrivent à ceux qui veulent être dans le coup de traiter par le mépris à la fois la grande culture, et la culture populaire de la France profonde. Sous couvert d'un feint sentiment de culpabilité, c'est la haine de son milieu d'origine qu'elle suinte par tous les pores de la peau et exprime par son méchant visage.
Je la revois il y a quelques années, déjà desséchée et la bouche affreusement amère, trimballant comme un petit chien, sur tous les plateaux de télé, son amant de trente ans plus jeune qu'elle, qui ne savait quelle attitude adopter et avait l'air, le pauvre, de se demander ce qu'il faisait là, tandis que sa maîtresse pérorait sur l'érotisme qui animait leur quotidien. Elle en avait fixé les traces, soigneusement mises en scène, d'une originalité inouïe -- qu'on en juge : petite culotte et escarpins de luxe abandonnés sur le sol, draps de lit froissés,, forcément froissés, mégot de cigarette fumant dans le cendrier sous la lumière tamisée, forcément tamisée, d' une lampe de chevet et j'en passe d'aussi prodigieuses -- sur des photos publiées dans un livre et qui révélaient , en fait, l 'insondable narcissisme de la dame.

(message corrigé)
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