Le site du parti de l'In-nocence

Problème de la violence à l'école

Envoyé par Ostinato 
29 février 2008, 18:37   Problème de la violence à l'école
Aucun lien avec l'immigration à l'unanimité des participants à l'émission "C dans l'air" aujourd'hui. Lorsqu'il s'est agi de simplement poser la question d'un éventuel lien avec une mauvaise intégration des immigrés, ce fut considéré comme du racisme, puisque a-t-on dit, on observe dans les pays du Maghreb que les enfants respectent les adultes et les règles sociales !... Le syllogisme laisse pantois.
La responsabilité d'une certaine immigration dans la violence à l'école est si évidente que plus personne ne peut l'inorer . Pourtant, comme la femme adultère des vaudevilles qui ne voulant pas avouer, le couteau sous la gorge et l'amant dans le placard, au mari, qui y a découvert son rival, qu'elle le trompe, se lance dans les mensonges les plus délirants pour "expliquer" la présence dudit rival, les "spécialistes" ne savent plus quoi inventer pour nier la responsabilité de l' immigration en question dans cette violence. Si elle n'était si tragique la situation serait vaudevillesque.
Ce qui a pu se dire au cours de cette émission, c'est ce qui se dit depuis vingt ans ou plus dans les milieux autorisés. L'un des porte-parole les plus complaisants (ou vils, comme on voudra) de ces milieux est "inspecteur d'académie du Nord". Les autres sont aussi "de la maison".
Ce qu'il faut savoir, c'est que tous les individus qui occupent des postes de responsabilité dans l'appareil de l'Educ-nat (inspecteurs primaires, d'académie, proviseurs, inspecteurs généraux, etc.) sont nommés à partir d'un seul critère : "la carte" - entendre sur simple présentation de la carte d'un parti politique (PS évidemment, mais aussi PC ou radicaux). Ils doivent toute leur carrière à l'appareil : nominations, mutations, promotions (corps des agrégés par la troisième voie, accès à la hors-classe, etc. ). Ils sont asservis aux maîtres : c'est dans l'air du temps. Leur demander d'exposer la situation sans préjugé, ni prévention, en faisant preuve de liberté, c'est-à-dire en termes adéquats, qui pourraient éventuellement déplaire au pouvoir médiatique ou à la grosse machine bureaucratique, c'est comme si on avait demandé aux hauts fonctionnaires de l'ancienne URSS de dire la vérité sur leur pays ou sur le régime : en juin 1989, alors que l'URSS s'effondrait, ils disaient encore que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possible et ils niaient que leur pays rencontrât quelque difficulté.
"On ne parle pas de corde dans la maison du pendu"
Utilisateur anonyme
29 février 2008, 20:04   Re : Problème de la violence à l'école
"Ce qu'il faut savoir, c'est que tous les individus qui occupent des postes de responsabilité dans l'appareil de l'Educ-nat (inspecteurs primaires, d'académie, proviseurs, inspecteurs généraux, etc.) sont nommés à partir d'un seul critère : "la carte" - entendre sur simple présentation de la carte d'un parti politique (PS évidemment, mais aussi PC ou radicaux)."

Je me demande tout de même s'il n'y a pas ici un peu d'exagération : le seul critère de recrutement de tous les cadres de l'Education Nationale serait donc la carte du PS ou du PC ? Je sais que nous sommes tombés très bas, mais j'ai néanmoins du mal à croire que les choses soient à ce point catastrophiques. Cela dit, je ne connais pas bien le problème et il serait bon que d'autres intervenants du forum membres de l'Education nationale nous donnent leur point de vue sur toutes ces questions.
Utilisateur anonyme
01 mars 2008, 01:19   Bobards.
"Ce qui a pu se dire au cours de cette émission, c'est ce qui se dit depuis vingt ans ou plus dans les milieux autorisés"

Oui, cher JGL, et je dirais que tout ceci ne me gêne pas/plus, car cela participe, plus globalement encore, d'une certaine "vision du monde" (contre laquelle on ne peut rien, ou si peu). Ce qui m'étonne, c'est que ça dure encore... et que personne ne puisse répondre à l'argument théologique : "où cela mène-t-il ?"
Pour le dire vite, il n'y a pas qu'en temps de guerre que la prolifération des "bobards" atteint des proportions gigantesques.
Cher Alexis,
essayons de ne pas être naïfs.

a) L'administration de l'Education nationale date, pour ce qui est des principes sur lesquels elle est fondée (division du territoire en en "académies" - à leur tête un Recteur, nommé en Conseil des Ministres -, puis en départements, puis en secteurs correspondant à un canton ou à un groupement de cantons : chaque division est dirigée par un inspecteur : d'académie ou primaire), de deux décrets impériaux : 1806 et 1808 (rédigés, semble-t-il, par Fontanes, d'après les directives de l'Empereur) et évoqués par les historiens sous le nom de "refonte de l'Université". A ma connaissance, ces décrets n'ont pas été précédés de débats publics. Tous les régimes qui ont succédé à l'Empire s'en sont accommodés. On en comprend les raisons : l'Education nationale compte près d'un million (ou plus d'un million) de fonctionnaires ou assimilés. La hiérarchie ne doit pas excéder 5000 personnes (directeurs d'IUFM, inspecteurs d'académie, pédagogiques, primaires, généraux, directeurs du ministère). C'est peu. Il est aisé de la contrpoler, en plaçant des "hommes sûrs" (comme disait Jospin) à tous les échelons. D'ailleurs, parmi les innombrables conseillers qui exercent sous la responsabilité du Ministre de l'Education nationale ou du Président de la République, il y en a plusieurs dont la mission est de préparer les nominations de fonctionnaires d'autorité.

b) Un secteur échappait à l'arbitraire politique : l'inspection générale. Or, nous avons appris (c'était en 1984 ou 1985), à la suite de la nomination par Mitterrand comme inspecteur général d'un ancien séminariste défroqué, n'ayant pour diplôme qu'une licence de théologie ou un équivalent de cette licence (des associations ont essayé de faire casser la nomination par le Conseil d'Etat - ou une autre institution), que désormais les inspecteurs généraux ne se cooptaient plus parmi les professeurs de classes préparatoires et anciens normaliens, mais étaient nommés directement par le Ministre. Cela signifiait très exactement que la "pédagogie" n'avait plus d'autonomie (elle n'était plus soumise au jugement des meilleurs pédagogues), mais qu'elle relevait désormais d'une décision politique. D'autant plus que les socialistes ont élargi l'inspection générale en créant le corps des inspecteurs de la vie scolaire. La forme (l'administration) et le fond (les contenus à enseigner) dépendent désormais d'une même et unique instance. Cela a des conséquences dans les recrutements, dans la composition des jurys de concours, dans les carrières, dans les programmes, dans les examens et les concours, etc. C'est ainsi que Geismar a fini sa carrière comme inspecteur général. Deux affaires ont montré l'ampleur du phénomène. En 1994 ou 1995, Bayrou a nommé inspecteurs généraux un de ses amis personnels et son "écrivain" (un poéte qui lui rédigeait ses discours). Certes, il a fait ce que les autres ont institué avant lui. Les socialistes ou leurs affidés ont protesté contre le "fait du prince", prétextant que les deux élus en question n'étaient que professeurs certifiés et que l'un des deux avait été un étudiant médiocre.

c) La "gauche" tient l'école publique pour son bien ou son fonds de commerce, parce qu'elle est porteuse d'un projet messianique qui consiste à refaçonner la société. Dans les années 1970, la conviction dominante était que, pour changer la société, il fallait d'abord changer les hommes; et pour changer les hommes, il fallait éduquer leurs enfants suivant des principes nouveaux. L'éducation est, pour parler comme eux, un enjeu politique majeur. D'où les innombrables lois et réformes depuis un quart de siècle qui établissent une "école nouvelle", matrice de "l'homme nouveau"; d'où la nécessité de contrôler tous les rouages et, une fois le système mis en place, d'en faire la promotion dans les media en occultant les mauvais résultats ou en les relativisant, usant même de subterfuges grossiers : les examens sont maintenus, puisque l'opinion publique l'exige, mais ils n'évaluent plus rien, parce que, s'ils évaluaient la maîtrise de connaissances élémentaires, le BEPC et le baccalauréat, par exemple, se termineraient par des hécatombes.

d) En 1983, la "gauche" a fait le bilan de deux années de gouvernement. Ou elle continuait sur sa lancée et allait à la déroute. Ou elle effectuait un virage à 180° pour "sauver les meubles". Mitterrand a choisi le second terme de l'alternative, obligeant le Parti socialiste à renier tous ses engagements des années 1970. En théorie, les militants et adhérents ayant des convictions auraient dû démissionner. Il n'en a rien été. Les cadres sont restés. Pourquoi ? Au congrés de Valence (en 1981 ou 82), Quilès a parlé de "couper des têtes" : les media s'en sont indignés; la carrière de Quilès a été interrompue net. Mais si la question a été soulevée lors d'un congrès, qui a décidé de la ligne de ce parti pendant trois ou quatre ans, c'est qu'il y avait parmi les militants et adhérents une vraie impatience : de la victoire électorale, ils attendaient leur part de butin. Les illusions envolées, il ne reste plus que les intérêts. Autrement dit, le Parti socialiste n'a pas éclaté ou ne s'est pas vidé de ses adhérents (de toute façon, ils ne sont pas très nombreux), parce qu'il a changé leur vie - en leur ouvrant les portes de la carrière. Actuellement, ce parti compte un peu plus de 200000 adhérents, dont plus de la moitié sont des élus (conseillers municipaux, généraux, régionaux, députés, etc.). Les autres sont, pour la plupart d'entre eux, fonctionnaires d'autorité dans la hiérarchie de l'Education nationale.

e) Darcos (ou, avant lui, Ferry) croit qu'il remédiera au désastre en conservant le système, tel qu'il est. Il est le seul ou quasiment le seul à nourrir cette illusion.
Utilisateur anonyme
01 mars 2008, 08:53   Re : Problème de la violence à l'école
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
01 mars 2008, 09:04   Re : Problème de la violence à l'école
Cher JGL, je vous remercie de cette longue réponse. Vous connaissez la question beaucoup mieux que moi et ce que vous nous dites correspond certainement à la (triste) réalité. Tout cela est désespérant, et la conclusion de votre message ne laisse guère entrevoir une quelconque amélioration de la situation, hélas !
Utilisateur anonyme
01 mars 2008, 09:12   Re : Vaudeville
Pour aller dans le même sens que Cassandre, je signale la performance accomplie ce matin sur France Inter par le sociologue Laurent Bonelli, lequel a réussi à parler pendant dix minutes de l'insécurité sans prononcer une seule fois le mot "immigration". Il n'était question que des "classes populaires" ou des "quartiers populaires" réagissant légitimement aux injustices sociales dont ils étaient victimes. Le prétexte de cette discussion était la parution du nouveau livre de Bonelli : La France a peur.
L'idéologie immigrationniste de la part d'enseignants qui en subissent les conséquences néfastes peut paraître surprenante. Cependant on peut faire un rapprochement avec l'ouvriérisme d'antan du PCF qui intimidait les intellectuels qui auraient pu s'opposer, en développant une mauvaise conscience chez les "petits-bourgeois" sympathisants ou adhérents et en disqualifiant par avance leurs propos. Le phénomène me paraît du même ordre et cela en l'absence de structure organisée et puissante : l'idéologie passant par les médias, les associations et groupuscules divers. Il a fallu Mai 68 pour venir à bout de l'emprise sociale et idéologique du PCF, qu'adviendra-t-il pour cette idéologie parente ?
Utilisateur anonyme
01 mars 2008, 10:19   Re : Problème de la violence à l'école
Merci pour ce remarquable message, cher JGL !, et pour celui qui, comme moi, ignore tout ou presque des rouages "monde enseignant", un texte comme le vôtre, examiné "à cru et à nu", avec les yeux du profane, prend malgré tout un relief passionnant.
01 mars 2008, 20:51   Inspection
Bien cher JGL,

Votre message est, comme de coutume, très intéressant.

Un point m'interpelle cependant. Vous nous dites :

b) Un secteur échappait à l'arbitraire politique : l'inspection générale. Or, nous avons appris (c'était en 1984 ou 1985), à la suite de la nomination par Mitterrand comme inspecteur général d'un ancien séminariste défroqué, n'ayant pour diplôme qu'une licence de théologie ou un équivalent de cette licence (des associations ont essayé de faire casser la nomination par le Conseil d'Etat - ou une autre institution), que désormais les inspecteurs généraux ne se cooptaient plus parmi les professeurs de classes préparatoires et anciens normaliens, mais étaient nommés directement par le Ministre. Cela signifiait très exactement que la "pédagogie" n'avait plus d'autonomie (elle n'était plus soumise au jugement des meilleurs pédagogues), mais qu'elle relevait désormais d'une décision politique.


Je ne suis pas certain que le désastre scolaire ne soit pas antérieur à cette période, et j'ai quelques doutes sur la vertu de la cooptation.
Cher ami,
"Se coopter" et "cooptation" sont les termes qu'a utilisés le journal Le Monde il y a plus de vingt ans au moment où ces affaires ont été portées à la connaissance du public. Comme Le Monde était sourdement hostile à l'institution de l'Inspection générale, ils sont sans doute inexacts et inspirés par la seule mauvaise foi. Mais du "Monde", on ne peut guère attendre autre chose. La réalité était la suivante : x était nommé inspecteur général par le Ministre sur proposition du Doyen de l'Inspection, après consultation de ses collègues. De toute façon, qu'il y ait eu cooptation ou procédure abusivement nommée "cooptation", le fait en question ne peut pas être jugé en soi (ce qui n'aurait guère de sens) ou dans l'absolu, mais en le mettant en relation avec ce qui l'a remplacé. Une autonomie réelle était accordée par le pouvoir politique légitime à la "pédagogie" et au jugement pédégogique. Le Ministre et ses conseillers disaient en substance : "nous ne nous en mêlons pas". Bien entendu, le soupçon de "mafia", "place forte" ou "forteresse", "avantages indus" ou même de "privilèges" (pourquoi eux et pas nous ?) porté sur cette "autonomie" était récurrent. Mais, symboliquement, le fait que le pouvoir politique ait aboli l'autonomie (restreinte, étroite, limitée, partiale peut-être, etc.) de la pédagogie ou du jugement pédagogique est, selon moi, un des maillons (sans doute mineur) qui ont conduit à la catastrophe volontaire à laquelle nous assistons : dans la réalité, cela a signifié qu'ont été nommés "inspecteurs généraux" des gens qui pouvaient être de très médiocres intellectuels (pour ne pas dire plus : les manes de Guéhenno doivent s'en lamenter), qui ne devaient leur nomination qu'à une victoire électorale de leur camp, qui, pour certains, avaient été des élèves ou des étudiants médiocres, mais qui n'en étaient pas moins chargés d'évaluer les compétences et l'activité de leurs collègues ou de recruter de nouveaux professeurs. Qu'une idéologie qui a tué l'excellence dans l'école et à tous les niveaux ait procédé ainsi est dans l'ordre de ses choses à elle et cela, j'en conviens volontiers, bien que le désastre ait été antérieur à ces bouleversements.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter