Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1457 : Sur les propos tenus par M. Hollande au Sénégal à propos de l’esclavage

Communiqué n° 1457, samedi 13 octobre 2012
Sur les propos tenus par M. Hollande au Sénégal à propos de l’esclavage

Le parti de l’In-nocence est accablé par le pas supplémentaire dans la repentance que serait amenée à franchir la France à propos de la Traite négrière s’il fallait en croire les propos du chef de l’État à Dakar et à Gorée et les rumeurs de "réparations" venues de Matignon, alors même que ladite repentance est déjà très largement ordonnancée par la Loi Taubira.

Le parti de l’In-nocence, tout comme François Hollande, estime indispensable que soit enseignée en France, certes, l’histoire de l’esclavage, et notamment, bien entendu, la traite dont s’est rendue coupable une partie de l’Europe ; mais aussi, bien sûr, la réduction à l'état d'esclaves de millions d’hommes et de femmes par les tribus et royaumes d’Afrique et leur vente massive aux négriers européens, lesquels n’ont pas eux-mêmes pratiqué la capture d'êtres humains en vue de leur réduction à l'esclavage ; et les razzias à l'échelle du continent qu’ont perpétrées les Arabes islamisés de la péninsule arabique, du Machrek, du Maghreb, de même que les musulmans des Indes et les Ottomans. Cet esclavage-là a fait des millions de victimes et si ses traces sont peu visibles dans la population actuelle des pays concernés c’est parce que les hommes qui en étaient les victimes étaient systématiquement émasculés. Nombre de ses formes sont toujours vivantes en Arabie, en Mauritanie et au Soudan. Il est indispensable que cela aussi soit dit, proclamé, et inscrit dans les programmes scolaires, de même que les innombrables enlèvements, la réduction en servitude et la vente dont ont été victimes, de la part des Barbaresques, des Arabes et des Ottomans, près d’un million d'Européens entre le XVe et le début du XIXe siècle.

Le parti de l’In-nocence considère que si l‘on veut que l’histoire parle, alors, il faut qu'elle dise tout ; et pas seulement ce qui alimente la curieuse passion de repentance unilatérale qui alimente l’âme malade de l’Occident déculturé, systématiquement pétri de haine de soi par l’antiracisme dogmatique, lui aussi et par excellence unilatéral. Il faut qu'elle évoque la longue lutte qui a abouti à la seule chose que l’Occident ait inventée en matière d’esclavage, à savoir son abolition ; et encore cette autre lutte menée par les puissances européennes, après l’abolition officielle, contre les trafiquants d'esclaves — c’est ce combat seul, en effet, qui a permis l'éradication, hélas incomplète, de l'esclavage en Afrique et au Proche Orient.
« ...la seule chose que l’Occident ait inventée en matière d’esclavage, à savoir son abolition... » : purement génial.
" Non, ce n’est pas une excuse, mais ce n’est pas une raison pour nous faire porter le fardeau d’une culpabilité dont les autres se dispensent. Et puis il y a une différence de taille entre les autres et nous, Français et Anglais surtout.

— Laquelle ?

— Eh bien, ça aussi, tu devrais le savoir : nous avons été les premiers à condamner solennellement puis à interdire effectivement l’esclavage alors qu’il perdure dans nombre de pays. La conquête, l’esclavage, la colonisation étaient considérés par toute la planète comme des pratiques tout à fait normales et banales. Il n’y a donc pas lieu de ne les reprocher qu’à l’Occident. En revanche, son mérite éclatant est, précisément, de ne plus les avoir considérés, à partir d’une certaine époque, comme normales et banales, mais barbares ou dépassées. C’est là que se situe l’exception occidentale, et non dans la colonisation ni l’esclavage ! Même chose pour le racisme : tous les pays sont racistes et plutôt deux fois plus que l’Occident, mais c’est l’Occident seul qui a condamné le racisme et inventé l’idéologie antiraciste. "


"L'assassinat de la France ...."
Cela n'est pas tout à fait exact.

La Chine avait une certaine avance en la matière.

La loi de 1681 interdit de maltraiter les esclaves et de les vendre lorsque la terre change de mains par vente en non par héritage, ce qui est d'une grande portée pratique : qui vend une terre doit affranchir les esclaves qui y sont attachés.

En 1685, KangXi affranchit tous les esclaves appartenant aux familles mandchoues.

En 1730, YongZheng met de telles limites à l'esclavage qu'il va disparaitre dans les faits du monde rural (on voit là une subtilité bien chinoise : juridiquement, l'esclavage existe, mais il devient quasi-impossible en pratique).

Seule une forme d'esclavage domestique, totalement marginale, subsistera dans les familles riches (encore qu'on ne soit pas bien certain de son statut juridique) et ne sera abolie en droit qu'en 1909.

On notera que la Chine fut alors, dans ses campagnes, confrontée à un autre problème : celui des Landless Peasants, les fameux "Paysans sans terre" chers à nos années 70.
Sur un autre aspect de la mythologie anti-occidentale et pro-africaine concernant l'esclavagisme, une très bonne mise au point du remarquable anthropologue Alain Testart (qui critique certains aspects de l'oeuvre de Lévi-Strauss, mais c'est un autre débat), dans son ouvrage L'esclave. La dette et le pouvoir, Éditions Errance, 2001, Annexe II, "De quelques conceptions erronées à propos de l'esclavage antique et de la façon dont elles faussent toute comparaison avec l'esclavage dans les autres mondes", pp. 198-201

Extraits :

"C'est par centaine que pourraient se compter les références de ceux qui disent que l'esclavage qu'ils rencontrent en Inde, en Asie du Sud-Est, en Afrique, chez les Indiens d'Amérique, etc., n'est pas vraiment de l'esclavage parce qu'ils ne retrouvent pas les traits de l'esclavage antique. (...). On mentionne souvent comme une chose étonnante, et spécifique à l'Afrique, la possibilité que possède l'esclave de changer de maître s'il le souhaite. (..) Mon deuxième exemple correspond à une opinion plus répandue encore, exprimée à satiété à propos de l'Afrique ou de l'Asie : l'esclave, nous dit-on, est bien traité, on souligne qu'il s'agit d'un esclave ''domestique'' ; plus, l'esclave est considéré comme un membre de la famille. On nous dit tout cela avec le sentiment que nous avons affaire à quelque chose de très différent de la tradition antique (..) (Par ailleurs) l'esclave, dans l'Antiquité, aurait été vu et traité comme une chose et son humanité aurait été déniée "

Or, dans l'Antiquité :
1° "Les esclaves sont en quelque sorte les ''familiers'', les familiers de la maison au même titre que les serviteurs ; ils appartiennent à la famille tout comme les serviteurs étaient encore comptés comme membres de la famille dans l'Europe du XVIè ou XVIIè siècle. (...) Le fait que l'esclave appartienne à la famille est une parfaite banalité et l'on ne saurait en aucune façon en faire une caractéristique distinctive de l'esclavage africain ou asiatique"
2° "l'esclave, dans tous les textes juridiques romains, est défini comme res, ce que l'on entend par ''chose'', et l'on en conclut qu'il n'était que cela et pas un homme (...or) : le mot employé dans un contexte juridique désigne l'objet de droit (par opposition au sujet de droit) et ne signifie rien d'autre que le fait que l'esclave, étant seulement objet de droit, n'est donc - du point de vue juridique, mais seulement de ce point de vue- qu'une chose (..) Le mot res (..) ne s'oppose jamais, dans la sémantique latine, au caractère humain (..). en droit antique" ; "l'esclave n'est pas une chose : on le considérait comme un être humain" ;
3° "Enfin les esclaves romains avaient une vie religieuse : ils participaient traditionnellement au culte des ancêtres de leur maître et il était coutumier (bien que ce ne soit pas un droit du point de vue de l'Etat romain) de leur faire des funérailles, la tombe de l'esclave ayant, comme n'importe quel être humain, le caractère de res religiosa" (..) "Il est donc inutile de faire valoir que l'esclave africain n'est pas une ''chose'', qu'il est au contraire reconnu comme un être humain à part entière, tout particulièrement parce que la dimension religieuse de lui est pas refusée, notamment lorsqu'il est initié au même titre que les hommes libres : il n'en allait pas différemment de l'esclave antique".
N'y a-t-il pas, Rémi, une différence entre trois catégories d'esclaves, dans le monde romain :

- ceux qui ont choisi d'être esclave par souci de promotion sociale, par exemple pour assurer des tâches de comptabilité ou de gestion (voir Satyricon) ;

- les esclaves domestiques (toujours chez Pétrone : idem sutor est, idem cocus, idem pistor, omnis Musae mancipium). Classiquement, on traduit "ancilla" par "servante", alors que c'est une esclave, juridiquement ;

- les esclaves travaillant la terre ?

A ma connaissance, "mancipium" ne s'utilise pas pour un esclave travaillant la terre, bien qu'il ait été "vendu".
On retrouve partout cette distinction entre les esclave domestiques et les esclaves ouvriers. Si les premiers connaissent souvent, pour des raisons évidentes, une vie plus confortable que les seconds, il n'y a pas entre eux de différences juridiques. D'autre part il y avait une grande variété de conditions concrètes. Les esclaves qui travaillaient dans les mines du Laurion le faisaient semble-t-il dans des conditions épouvantables, tandis que certains esclaves artisans, que leur maître établissait en ville et qui lui versaient une redevance, pouvaient s'enrichir, dépasser leur propriétaire en aisance et acheter leur affranchissement.
Notons tout de même que si le statut de l'affranchi était en quelque sorte intermédiaire, les enfants de celui-ci nés ingénus étaient citoyens à part entière.

Quand Cicéron proclame à propos d'Antoine :

Sed hoc idcirco commemoratum a te puto, ut te infimo ordini commendares, cum omnes te recordarentur libertini generum et liberos tuos nepotes Q. Fadi, libertini hominis fuisse.

Il va trop loin, car le Sénat ne peut le suivre sur ce terrain : dire des fils d'Antoine qu'ils sont petits-fils d'esclave, c'est nier le droit romain.
Ce communiqué est trop bien écrit pour n'avoir pas été rédigé de main de Maître.
Testart dans l'ouvrage que j'ai cité note que "Finley, dans plusieurs de ses articles, s'est attaché à montrer la diversité considérable des formes de dépendance dans l'Antiquité et a souligné que ces formes n'étaient en aucune façon réductibles à l'esclavage", sachant que le nombre de statuts serviles était très élevé et que "les Anciens ne s'y retrouvaient guère plus que nous"(...) "Qu'il y ait à Athènes des gens qui soient des esclaves seulement en partie, c'est peut-être ce que nous n'avons pas appris à reconnaître" (op. cit. pp. 33-34)
(je n'ai pas le temps de développer)
Citation
Il faut qu'elle évoque la longue lutte qui a abouti à la seule chose que l’Occident ait inventée en matière d’esclavage, à savoir son abolition ;

Il faut noter que sans la colonisation de l'Afrique [cad la prise possession des territoires] par les puissances européennes cette abolition serait restée lettre morte.

C'est - défense de rire - la colonisation qui a mis fin à l'esclavage.
C'est - défense de rire - la colonisation qui a mis fin à l'esclavage.


Vous plaisantez, j'espère.
Vous vous y mettez vous aussi ?

Je parlais bien sûr de la traite inter-africaine cad entre noirs et entre noirs et arabes. J'espère que vous n'ignorez pas que les trafiquants d'esclaves européens n'allaient pas chercher leurs esclaves eux-mêmes mais les achetaient à des rois africains.

Sans la colonisation cette traite inter-africaine aurait bien entendu continuée. Logique non ?

D'ailleurs il y a encore des résidues en Mauritanie et dans la péninsule arabique.
"Sans la colonisation cette traite inter-africaine aurait bien entendu continuée."

Assurément.
Mettre fin à l'esclavage était l'un des buts avancés par la gauche pour justifier la colonisation de l'Afrique au cours du dernier tiers du XIXe siècle — et de fait ce fut le cas.
Marcel,

Il me semble que l'esclavage a perduré au Soudan français et aussi en Mauritanie.
Oui, vous avez raison, certaines formes d'esclavage domestique notamment. J'ai écrit trop vite. Ce qui a été combattu plutôt efficacement par la colonisation française, ce sont les razzias et la traite trans-saharienne. De même, la colonisation anglaise en Afrique de l'Est a interrompu la traite orientale, d'Afrique vers l'Arabie sans venir à bout de certaines formes d'esclavage dans cette péninsule.
Il est temps de relire et de faire lire un grand oublié, Henry de Monfreid. Dans "Les secrets de la Mer Rouge" et d'autres oeuvres, on voit à l'oeuvre les esclavagistes arabes qui font passer en Arabie des esclaves noirs, dont de jeunes garçons toujours mutilés "à fleur de ventre". Les navires de guerre qui traquent les boutres sont européens, anglais, français, italiens, etc. Je n'ai pas vérifié les dates de Monfreid, il doit s'agir des années 1920-1930. Alain Neurohr.
"Il est temps de relire et de faire lire un grand oublié, Henry de Monfreid. Dans "Les secrets de la Mer Rouge" et d'autres oeuvres, on voit à l'oeuvre les esclavagistes arabes qui font passer en Arabie des esclaves noirs, dont de jeunes garçons toujours mutilés "à fleur de ventre". Les navires de guerre qui traquent les boutres sont européens, anglais, français, italiens, etc. Je n'ai pas vérifié les dates de Monfreid, il doit s'agir des années 1920-1930. "
Vous avez raison.
Il paraît que Henry de Monfreid se serait converti à l'islam, peut-être par pur opportunisme .
En vacances aux Seychelles, j'ai découvert un monument célébrant la libération des esclaves noirs par la marine anglaise.
En effet, dans la seconde moitié du 19 éme siècle, les navires anglais arraisonnaient dans l'Océan Indien les bateaux esclavagistes arabes et amenaient les noirs libérés aux îles Seychelles, afin de les peupler.
Voici un fait dont on ne parle jamais !
La gentillesse et l'amabilité des seychellois m'a étonné : ces îles ont été miraculeusement préservées de la haine et du ressentiment répandus sur la terre entière par le marxisme et le tiers-mondisme.
Lors de mon séjour, j'ai eu le sentiment que les diverses communautés vivaient en bonne entente ; je dois ajouter que, contrairement aux Maldives en proie à l'islam intégriste, il y a très peu de musulmans aux Seychelles...
Voici ce qu'on lit au sujet de la conversion de Monfreid dans Wikipédia :

Il entame ensuite une vie de contrebandier, se convertit à l'islam en 1914, religion de son équipage, se fait circoncire, et prend le nom d'Abd-el-Haï (esclave du vivant). Selon Guillaume de Monfreid, sa « conversion était une conversion de circonstance ». Il continue : « je ne crois pas qu'il fût plus attaché à un rite qu'à un autre, parce que de toute façon, ce n'était pas un homme pour qui le spirituel avait beaucoup d'importance. Il était trop noyé dans l'action. Et puis, ayant découvert la vraie liberté, il ne veut plus de carcan ».
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter