Proposer une variante supplémentaire dans l'offre des partis-pris politiques ne saurait constituer la
réponse face « à ce qui survient ».
La situation du pays n'appelle pas à un parti de plus ou de moins — sans parler d'un groupuscule, ou d'un
particule suscité d'un clic de souris informatique.
La situation du pays appelle à la constitution d'un
rassemblement, le plus large possible, pas au succès des entreprises d'une "doctrine" parmi d'autres.
Elle appelle au rassemblement sur l'essentiel, sur les enjeux vitaux, sur la défense du pays.
Il est urgent de fédérer toutes les volontés, toutes les lucidités, toutes les optiques — afin de tenter de redresser une situation désespérée, de retrouver les voies de la raison simplement raisonnable, de la fidélité au legs de nos prédécesseurs, au soin de leur héritage, et les voies de la reprise du meilleur de notre civilisation, pour renouer avec ses promesses non trompeuses, ses exigences fondées, sa dynamique pensante, son sens politique. Il est urgent de renouer avec notre légende.
Il est urgent de préparer l'alternative aux aberrations qui surgissent dans presque tous les domaines et dont on ne peut imaginer qu'elles tiennent très longtemps encore (économie, finance, écologie, surpopulation, mélangisme et remplacisme accéléré de tout et de tous).
Sortir du cauchemar de l'idéologie faite monde total ne peut pas se faire de façon univoque.
Au sein d'un tel rassemblement, il est possible de laisser à chacun, ou à chaque "courant", sa pleine liberté de positions diverses tout en approfondissant le sillon commun, celui de la reprise de l'essentiel : notre civilisation.
Le terme fédérateur est celui "du" politique, du retour des conditions de sa possibilité, de la reconstruction de
notre espace politique (avec la question centrale de la légitimité, principal levier du changement de cap démographique). Sans préjuger de ses formes futures.
Que l'on incrimine au premier chef, ou pas, "l'Empire", et même, tant qu'à faire, ceux qui le manipulent ; que l'on s'inscrive ou non dans une optique strictement nationale, et jacobine, ou que l'on imagine un retour aux sources régionales et à la dimension du terroir ; que l'on se pense décisivement chrétien ou que l'on se pense une provenance plus ancienne encore ; qu'on soit attaché au pays par la "gauche" ou par la "droite", par conservatisme ou progressisme ; que l'on soit "humaniste" ou que l'on pense qu'il faille désormais dépasser les limites de cette conception ; qu'on prenne son départ à la Révolution ou bien avant : quelle que soit la configuration de l'horizon que l'on embrasse, quelles que soient les sources auxquelles on s'abreuve de préférence, il y a aujourd'hui pour tous un point cardinal : c'est celui de la
maîtrise de notre destin, dont la perte est sciemment organisée par la destruction de tout espace de jeu politique propre, dans une fuite en avant abstraitement universaliste, chosifiante, et vénale — par le naufrage délibéré du
pays.
Peuvent se retrouver sur cet enjeu vital tout ceux qui n'ont pas abdiqué en faveur des paradis artificiels du mondialisme technique, ceux qui veulent que
demeure leur pays, ceux qui ne conçoivent le lointain que pour autant qu'ils savent leur port d'attache, et pour qui l'étranger est le détour qui y ramène par excellence.
Face à l'hébétude organisée par la toute puissance du spectacle et l'emprise clérico-médiatique expropriatrice du réel, face à leur maîtrise idéologique des images qui saturent et confisquent l'existence par temps de déculturation ; face à la passivité et à l'impuissance entretenues par l'atomisation marchande, l'isolement technique ; face à la novlangue sophistique qui soutient le processus mondial à l'œuvre : il faut une réponse politique combattante mais rassembleuse, un appel à
se ressaisir.
À ceux qui ont été intéressés par ce que j'ai essayé de faire et de dire à ce jour : j'y travaille, à travers des initiatives locales et bientôt nationales. Beaucoup, sinon tout, est à faire.
Ni restauration, ni révolution, ni reconquête, mais le dépassement par la
reprise.
Que la France demeure — pour une reprise française.