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Le mythe des massacres du 17 octobre 1961, par Bernard Lugan

Envoyé par Louis Piron 
Après l’esclavage, le 17 octobre 1961… La coupe de la repentance déborde !

En reconnaissant la responsabilité de l’Etat et en rendant hommage aux « victimes » de la manifestation interdite du 17 octobre 1961, François Hollande s’est comporté en militant sectaire, non en président de tous les Français. D’autant plus que, pour les historiens de métier, les prétendus « massacres » du 17 octobre 1961 constituent un tel exemple de manipulation qu’ils sont étudiés comme un cas exemplaire de fabrication d’un mythe ; comme Timisoara en Roumanie, comme les « couveuses » au Koweit ou encore comme les « armes de destruction massive » en Irak !!!

Tout repose en effet sur des chiffres gonflés ou manipulés et sur des cadavres inventés. Dans une inflation du nombre des morts, les amis du FLN algérien et les porteurs de valises communistes ont ainsi joué sur les dates, additionnant aux 3 morts avérés du 17 octobre ceux des jours précédents ainsi que les décès postérieurs. Pour eux, tout Nord Africain mort de mort violente durant le mois d’octobre 1961 est forcément une victime de la répression policière…même les victimes des accidents de la circulation.

[...] Quel est donc le vrai bilan de cette manifestation ?

-- Le 17 octobre 1961, alors que se déroulait dans Paris un soi-disant massacre, l’Institut Médico Légal (la Morgue), n’a enregistré aucune entrée de corps de « NA » (NA= Nord Africain dans la terminologie de l’époque).
-- Le 17 octobre 1961, de 19h30 à 23 heures, il n’y eut qu’une seule victime dans le périmètre de la manifestation et ce ne fut pas un Algérien, mais un Français nommé Guy Chevallier, tué vers 21h devant le cinéma REX, crâne fracassé. Par qui ?
-- En dehors du périmètre de la manifestation, « seuls » 2 morts furent à déplorer, Abdelkader Déroues tué par balle et retrouvé à Puteaux et Lamara Achenoune tué par balle et étranglé, gisant dans une camionnette, également à Puteaux. Rien ne permet de dire qu’ils furent tués par les forces de l’ordre.

Le 18 octobre, à 04 heures du matin, le bilan qui parvint à Maurice Legay le directeur général de la police parisienne fut donc de 3 morts. Nous sommes donc loin des dizaines de morts et de « noyés » auxquels l’actuel occupant de l’Elysée a rendu hommage !!!

Certes, nous dit-on, mais les cadavres ont été déposés à la morgue les jours suivants. Faux, car ce n’est pas ce qu’indiquent les archives de l’Institut Médico Légal de Paris puisque, entre le 18 et le 21 octobre, « seuls » 4 cadavres de « NA » furent admis à la Morgue :
-- Le 18 octobre, Achour Belkacem tué par un policier invoquant la légitime défense et Abdelkader Benhamar mort dans un accident de la circulation à Colombes.
-- Le 20 octobre, Amar Malek tué par balles par un gendarme.
-- Le 21 octobre Ramdane Mehani, mort dans des circonstances inconnues.

Nous voilà donc bien loin des 100, 200 ou même 300 morts « victimes de la répression » avancés par certains et pour lesquels M. François Hollande a reconnu la responsabilité de la France !!! [...]

Bernard Lugan

17/10/12
Incroyable de voir avec quel aveuglement la gauche continue à colporter les mensonges historiques les plus grossiers. Comme toujours on assiste bouche bée au triomphe de la falsification bornée de l'histoire de notre pays.

Mais le pire c'est de voir que des millions de braves gens croient dur comme fer dans ses tromperies idéologiques.
Ouille.... La falsification est-elle avérée, si j’ose dire ? J’avoue ne savoir que penser... Si Lugan avait raison, un communiqué serait bien le moins que nous puissions faire... Mais j'ai peur de tomber dans un révisionnisme à la Meyssens. Qu’en pensent les esprits rassis (je n’ai pas dit rancis) ? Ça paraît tout de même un peu gros...
Valeurs Actuelles

Nouvelle provoc sur l’Algérie

Frédéric Pons le jeudi, 18/10/2012

Manif contre la commémoration du 19 mars

Un projet de loi communiste réclame de faire du 19 mars une “journée du souvenir”. C’est une imposture historique et un manque cruel de respect aux victimes massacrées après ce faux cessez-le-feu.

La gauche lance une nouvelle offensive partisane visant à manipuler la lecture de la guerre d’Algérie pour faire prendre à François Hollande des décisions contestables, à la veille de son premier voyage officiel à Alger (décembre). Ce 25 octobre, le Sénat doit examiner une proposition de loi visant à faire du 19 mars la “journée nationale du souvenir de la guerre d’Algérie”. Ce texte avait été déposé le 28 mars 2000 par le député Alain Bocquet, au nom du groupe communiste et apparentés, puis adopté par l’Assemblée le 22 janvier 2002. Il n’arrive que maintenant devant les sénateurs !

Revenue dans le débat, cette proposition ne peut que diviser les Français. La très grande majorité du monde associatif (trente associations, représentant 1,5 million de membres) est opposée au 19 mars, déjà rejeté en décembre 2001 par le secrétariat d’État aux Anciens Combattants. Seules deux associations (400 000 adhérents), autoproclamées “républicaines” mais engagées de longue date à gauche, ont choisi cette date.

Cette bataille mémorielle a pourtant été tranchée avec constance par tous les présidents, y compris François Mitterrand : jamais aucun chef de l’État n’a retenu le 19 mars.

Une journée nationale sur les conflits d’Afrique du Nord a même été instituée, le 5 décembre, avec la cérémonie annuelle d’hommage tenue au monument du quai Branly. Depuis la loi de février 2012, votée par une large majorité parlementaire, le 11 novembre a aussi été choisi pour commémorer tous les morts pour la France. Seuls la gauche et les élus manipulés ou mal informés continuent de célébrer le 19 mars.

Hollande a parlé de l’“abandon volontaire” de l’Algérie

Ce choix est une imposture historique totale : il n’y a pas eu de cessez-le-feu ce jour-là et la guerre d’Algérie ne se terminera réellement qu’en décembre 1962. Cette proposition traduit surtout un manque révoltant de respect pour les dizaines de milliers de victimes recensées après le 19 mars. Est-ce vraiment étonnant ? Fidèle aux “porteurs de valises” qui avaient naguère pris le parti du FLN algérien contre la République française et son armée, contre les Français d’Algérie et contre les musulmans restés fidèles à la France, la gauche calomnie depuis cinquante ans l’oeuvre française en Algérie, ne retenant que les pires moments de cette période – il y en eut – , en gommant l’héritage exceptionnel laissé sur cette terre par cinq générations de Français. Les plus militants réclament même un acte de repentance pour les “crimes” de la colonisation. Hollande tombera-t-il dans ce piège tendu par certains de ses amis ?

Le 19 mars (date du cessez-le-feu consécutif aux “accords” signés à Évian le 18 mars) marque la défaite de la France, sinon militaire – la guerre intérieure était gagnée – , au moins politique, avec « l’abandon volontaire » de l’Algérie, selon le mot de François Hollande. Les “accords” d’Évian (il s’est agi en réalité de “déclarations” d’intention, sans aucune portée juridique) furent aussitôt violés. Indifférent, pressé de se “débarrasser du boulet”, de Gaulle accepta les conditions terribles de l’exode des pieds-noirs, au nom de la raison d’État. Le territoire et ses richesses furent bradés. Les fidèles à la France furent lâchés. La valise ou le cercueil !

Le 19 mars n’est en aucun cas un cessez-le-feu (sauf unilatéral, du côté français), à moins de tenir pour quantité négligeable les 386 soldats français tués après cette date, et surtout le calvaire – enlèvements, massacres – subi par quelque 3 000 Français d’Algérie et 70 000 musulmans qui avaient choisi le camp de la France (harkis, moghzanis). Notre pays, en baissant ses armes, les abandonna aux tueurs du FLN.

Les historiens sont d’accord : du 19 mars à la fin décembre 1962, il y eut plus de victimes (Français et musulmans profrançais) que pendant les huit années de la guerre civile (1954-1962) ! Peut-on célébrer le début d’une période marquée par des “crimes contre l’humanité” et une “épuration ethnique”, comme disent aujourd’hui la Ligue des droits de l’homme et la Licra, après cinquante ans de silence ? Le 19 mars est un faux armistice. Par respect pour notre histoire et nos morts, cette date doit rester un faux anniversaire.

Frédéric Pons

Source i c i
Ouhlà, ne compliquons pas... Ça c’est un autre problème (moins obscur, il me semble), auquel il faudrait un autre fil. J’ai beau détester cette expression, je demande : “que faut-il penser” du 17 octobre ? Où est la vérité ?
Quand finira donc l'interminable chemin de croix(ssant) que les gouvernement successifs depuis Chirac -- que le diable ait son âme ! -- infligent à la France pour s'attirer les bonnes grâces des musulmans ? Quand un chef de l'état digne de ce nom s'apercevra-t-il que ce faisant c'est exactement le contraire que l'on obtient d'eux ? C'est vraiment à désespérer de nos hommes politques. Sont-ils crétins à ce point ?

Bienheureux le peuple soviétique à qui l'on cachait la vérité. Au moins était-ce le signe d'un hommage implicite qu'on rendait à celle-ci. Dans la France totalitaire de la Diversité, les historiens dignes de ce nom la disent, la vérité : sur la colonisation dont ils ne cachent pas les effets positifs, sur les atrocités inouïes du FLN, sur l'esclavage pratiqués par les Africains et les Arabes, sur les prétendus massacres du 17 octobre, et j'en passe. Leurs écrits argumentés n'ont jamais été réfutés et pour cause . Or, si irréfutables qu'ils soient, ils glissent comme l'eau sur les plumes d'un canard. Ils ne sont jamais pris en compte par le discours officiel qui fait donc pire que cacher la vérité : lui la méprise ouvertement .
Voici le rapport Mandelkem sur le sujet

[www.ladocumentationfrancaise.fr]

qui conclut qu'au pire, mais c'est déjà beaucoup, il y aurait eu autour de trente morts, et non pas quelques centaines


et une page de débats (je ne l'ai pas lue)

[fr.wikipedia.org]
Je prie les honorables participants à ce forum de faire un "copié-collé" de " l'assassinat de la France ..." . C'est par pure flemme.


"— Il y a quelques années, pendant des semaines, toute la presse a fait état d’un horrible massacre d’Algériens, par la police, qui aurait eu lieu le 17 octobre 1961 à Paris. Des centaines et des centaines, voire des milliers d’Algériens !

— Moi, je crois même avoir entendu parler d’un véritable génocide.

— En effet ! Pour finir, le gouvernement socialiste (le détail a son importance) de Lionel Jospin a diligenté, au moment du procès Papon, une enquête afin d’établir définitivement les responsabilités de ce massacre. Elle a été confiée à des enquêteurs au-dessus de tout soupçon. Ils ont épluché minutieusement les archives de la police, celles de toutes les morgues de la capitale et de l’Institut médico-légal. Ils ont creusé de fond en comble un endroit où la rumeur situait un immense charnier. Ils ont sondé la Seine à l’endroit des barrages qui ne pouvaient qu’avoir arrêté les cadavres jetés dans le fleuve, etc. Et le résultat de tout cela ? Le ‘‘génocide’’ se réduit à… trente et un Algériens tués ce jour-là, ni plus ni moins.

— Et pourquoi cette manif avait été interdite ?

— Comment la France pouvait-elle tolérer qu’une organisation étrangère qui était en guerre contre elle, qui avait sur les mains le sang de milliers de nos compatriotes, se permette d’organiser sur son territoire une manifestation sous la menace, qui plus est, de représailles féroces contre ceux qui s’en seraient abstenus ? C’est comme si des immigrés arabes ou pakistanais avaient manifesté dans les rues de New York, au lendemain des attentats du 11 septembre, aux cris de “Vive Al-Qaïda !”

— Bon, d’accord, c’était pas un génocide, mais c’était pas une fête de charité, non plus ! Trente-et-un Algériens tués dans la même journée, c’est pas rien !

— Sans doute… sauf que la mort de ces trente-et-un Algériens a été automatiquement attribuée à la police sans qu’il y ait aucune certitude absolue qu’ils aient tous été tués par elle, loin de là. Certains cadavres ont été retrouvés égorgés. De plus, il ne s’agissait pas de meurtres prémédités avec chasse à l’homme, autrement dit de ‘‘ratonnades’’. Ces hommes ont été vraisemblablement tués quand la manifestation ‘‘pacifique’’ a dégénéré en échauffourées qui ont obligé les policiers à faire usage de leurs armes pour se dégager. Qu’ils l’aient fait sans modération, peut-être. Il est à noter toutefois qu’aucune femme ni enfant n’a été tué. Pourtant, selon l’habitude bien connue des Arabes musulmans et de leur sens très particulier de l’honneur, ils avaient été placés en tête du cortège dans l’espoir qu’il y aurait des morts parmi eux. Les Algériens auraient pu ainsi jouer, comme ils savent si bien le faire, les victimes, et prendre le monde à témoin de la répression coloniale aveugle qu’ils subissaient.

— Tu dis qu’il n’y a aucune certitude qu’ils aient tous été tués par la police, mais si c’est pas la police, c’est qui alors ?

— Bonne question ! Très probablement d’autres Algériens, car le second scandale de ce prétendu massacre est qu’il en cache un autre, et un vrai, celui-là : le massacre délibéré de ses opposants et de ses rivaux par le FLN, qui a assassiné en un an trois pour cent de la population algérienne vivant à Paris ! Sans compter une cinquantaine de paisibles gardiens de la paix en faction et quelques civils Français ! Il y a eu certes beaucoup d’Algériens tués en octobre 1961, mais avant et après ce 17 octobre, et pas par la police française ! »
Ce que l'on sait avec certitude : il y a eu une répression très dure de la manifestation FLN du 17 octobre, avec, probablement, une trentaine de morts. Ces violences s'insèrent dans un contexte extrêmement dur, notamment marqué par des attentats FLN visant à tuer des policiers et qui ont fait une centaine de tués et blessés.
La "vérité" est sans doute très difficile à établir.

Pour avoir une idée de la confusion qui régnait dans les esprits, on peut se reporter aux débats du Sénat, le 31 octobre 1961.

[www.senat.fr]

Il est dommage que la Commission que M. Frey s'était engagé à créer n'ait pas, finalement, vu le jour (l'exécutif ayant ensuite déclaré que, comme une instruction était ouverte, il n'était pas possible aux parlementaires d'enquêter).

On lira aussi avec intérêt l'interpellation de Maurice Papon par Claude Bourdet, au Conseil de Paris, le 27 octobre 1961 (Claude Bourdet Mes batailles).

Les chiffres de "plusieurs centaines" de tués sont très certainement exagérés. En revanche, aussi bien les articles de presse (Le Monde, Le Figaro, La Croix, France Soir, l'Express) que l'ensemble des témoignages montrent que la police avait agi avec une extrême brutalité et procédé à un nombre incroyable d'interpellations sans que cela ne soit porté sur la moindre main courante, au mépris du règlement.

Certains articles ne laissent aucun doute, comme celui de Jacques Derogy, paru dans l'Express (ce grand reporter, très réputé, a personnellement assisté aux faits, voici un extrait) :

Je me trouve devant la piscine Neptuna, boulevard Bonne-Nouvelle, quand claquent les premières détonations...je vois tirer d'un car de la préfecture en direction de la terrasse du café-tabac du Gymnase... d'autres policiers tirent maintenant à leur tour, je compte plus d'une vingtaine de détonations.

... Dans le désordre qui règne sur le trottoir, j'aperçois sept corps allongés à la terrasse du café, parmi des chaussures, des bérets, des chapeaux et des vêtements, au milieu de flaques d'eau et de sang. Deux Algériens sont couchés sur le côté, inertes, an pied d'un arbre. Ils ont l'air de saigner d'un peu partout. A trois mètres, autour d'une table du bistrot, cinq autres corps sont entassés les uns sur les autres. Deux d'entre eux râlent doucement. - Ils l'avaient bien cherché, dit quelqu'un... Ils étaient armés, dit quelqu'un. C'est eux qui ont tiré sur le fourgon. - Permettez, j'étais là. Ils se sauvaient et cherchaient refuge dans les immeubles quand la police a tiré.


De même celui de Jean-Louis Quennessen, dans France-Soir : " Il était onze heures du soir près du Pont du Château. une trentaine d’Algériens sont ramassés. Roués de coups, ils sont jetés dans la Seine, du haut du pont, par les policiers. Une quinzaine d’entre eux ont coulé... D’autres essayaient de regagner le bord. Mais les agents tiraient dessus".

Ce passage de France-Soir est sans doute à l'origine des histoires relatives à "plusieurs centaines" d'Algériens noyés.

Il me parait donc fort probable que, ce soir là, la police perdit toute mesure et que plusieurs dizaines (chiffre non vérifiable) d'Algériens furent tués.

Je suggère en conséquence la plus grande prudence sur le sujet.
Certes, certes, Cassandre, mais si nous prévoyons un communiqué sur le sujet, la ligne qui aurait ma préférence serait la suivante :

1° Oui, à l'occasion de la colonisation et de la décolonisation, l'Etat français a commis des crimes, d'importance variable, mais des crimes.

2° L'honneur de l'Etat français est de faire face à son histoire et de reconnaître que ces crimes ont été commis

3° Cependant, pour juger de l'importance de ces crimes il convient de les rapporter aux pratiques des autres Etats et mouvements politiques aux mêmes époques

4° Le P.I. s'étonne que ce travail comparatif n'ait pas été fait et n'accepte pas que des excuses aient été présentées à des Etats et des peuples qui se sont rendus de crimes semblables sinon supérieurs, pour certains contre la France et des Français, et alors même que ces Etats et ces peuples n'ont jamais reconnu leurs responsabilités dans les "massacres" qu'ils ont commis et dont ils refusent même de reconnaître la réalité (par ex. ce qui est appelé communément le génocide Arménien par la Turquie, l'esclavagisme musulman, les horreurs commises par le FLN etc.)
Roués de coups, ils sont jetés dans la Seine, du haut du pont, par les policiers. Une quinzaine d’entre eux ont coulé... D’autres essayaient de regagner le bord. Mais les agents tiraient dessus.

Je ne suis pas historien et je ne connais pas le dossier, mais là, on est clairement en pleine science-fiction. Ils étaient postés où, les agents qui tiraient sur les Algériens tâchant de regagner les berges ?

Comme toujours dans ces histoires-là, la prétendue occultation, le prétendu point aveugle, cache exactement le contraire : depuis le 17 octobre 1961, n’importe qui raconte n’importe quoi et on se repaît de récits d'épouvante.
Si le parti décide d'obliquer vers la théorie du complot, il deviendra un nouveau Réseau Voltaire, avec les idées inverses. Il est tout à fait possible d'essayer de prouver que la France n'a jamais tué, jamais massacré, jamais menacé personne, qu'elle est belle et pure comme une nymphe des eaux, mais ce serait alors lui retirer son histoire, c'est-à-dire ce qui la constitue. Libre à certains d'aimer les anges, j'aime la France même quand je vois le sang sur son épée.
Oh, rassurez-vous, ce n’est pas à moi qu’on fera croire que la police parisienne ressemble aux bobbies des films “de” Margaret Rutherford...
Surtout quand on vient, des mois durant, de s'amuser au tir aux pigeons sur eux. Cela n'excuse sans doute rien mais explique beaucoup de choses.
Citation
Libre à certains d'aimer les anges, j'aime la France même quand je vois le sang sur son épée.

Mais personne ne croit que la police francaise est blanche comme neige. Pourquoi toujours ignorer le contexte de l'époque. Je vous rappelle à tous que le FLN a assassiné sur le territoire métropolitain plus de 9000 francais musulmans.

Ce qui est intolérable c'est de voir qu'un gouvernement francais s'aplatit devant les revendications revanchardes des dirigeants algériens.
[[b]i]Roués de coups, ils sont jetés dans la Seine, du haut du pont, par les policiers. Une quinzaine d’entre eux ont coulé... D’autres essayaient de regagner le bord. Mais les agents tiraient dessus.[/b]

Je ne suis pas historien et je ne connais pas le dossier, mais là, on est clairement en pleine science-fiction. Ils étaient postés où, les agents qui tiraient sur les Algériens tâchant de regagner les berges ?[/i]


Je n'y étais pas, mais France-Soir n'a jamais eu la réputation d'être un journal gauchiste. Je ne sais pas si le journaliste a affabulé, mais si les policiers en cause étaient sur le pont et que les personnes citées ont essayé de nager vers la berge, il n'était pas du tout impossible aux policiers de tirer du pont vers la rivière.

Le mieux n'est-il pas d'admettre ce qui est vraisemblable, c'est à dire que des policiers souvent cibles des attentats du FLN se sont laissés aller ce soir-là ?
« Ce qui est intolérable c'est de voir qu'un gouvernement francais s'aplatit devant les revendications revanchardes des dirigeants algériens. »

Ah ça alors je suis à cent pour cent d’accord avec cela ! Quand on songe à ce que ces gens-là ont comme sang sur les mains...
Il existe un historien qui a travaillé, à la demande de Jean-Pierre Chevènement, sur la manifestation du 17 octobre 1961. Il s'appelle Jean-Paul Brunet et a publié deux livres sur la question : Police contre FLN et surtout Charonne : Lumières sur une tragédie (Flammarion) dont le premier chapitre est intégralement consacré à un bilan de ses recherches sur la répression policière du 17 octobre. Brunet y réfute brillamment, en s'appuyant notamment sur les registres de l'Institut médico-légal, la thèse du massacre défendue par exemple par le stalinien d'obédience polpotiste Einaudi. Outre de multiples falsifications, Brunet nous montre que ce dernier impute ainsi allègrement à la police des décès de Franco-musulmans advenus des semaines avant et après le 17 octobre, et dont on sait (au moins pour qui veut savoir) que beaucoup était victimes du FLN. Pour Brunet, le bilan probable de la répression est au maximum de trente morts soit dix fois moins que les chiffres avancés par les djihadistes de la repentance. Chiffre par ailleurs à mettre en parallèle avec celui des véritables massacres commmis par l'organisation spéciale du FLN en France : en cinq ans près de quatre mille "Algériens" ont été assassinés par leurs tueurs (messalistes, harkis, indifférents). Le 17 octobre est donc une gigantesque mascarade qui vise à occulter ce fait massif et terrible. François Hollande n'est qu'un âne et les repentants des loques juste bonnes à servir à nettoyer les babouches sanglantes des tueurs et des falsificateurs.
Je n'y étais pas, mais France-Soir n'a jamais eu la réputation d'être un journal gauchiste. Je ne sais pas si le journaliste a affabulé, mais si les policiers en cause étaient sur le pont et que les personnes citées ont essayé de nager vers la berge, il n'était pas du tout impossible aux policiers de tirer du pont vers la rivière.

Elle coule, la rivière, comme vous dites. Si les noyés-assassinés par balles trouvent leur second souffle et nagent vers la rive, ils sont loin du pont, en théorie.
François Hollande n'est qu'un âne et les repentants des loques juste bonnes à servir à nettoyer les babouches sanglantes des tueurs et des falsificateurs.

Merci Petit-Détour. D'ordinaire, ici, nous prenons trop de gants. C'est un défaut. Parias pour parias, autant leur dire leur fait. Brider sa liberté de parole quand on est déjà condamné d'avance pour ses idées (Millet, Camus, etc.) n'a aucun sens. Profiter au contraire de l'ostracisme total qui nous frappe pour peindre les choses, les faits et les hommes, très exactement pour ce qu'ils sont.
La guerre d'Algérie a traumatisé une génération de jeunes Français.

Ces hommes ont été plus marqués encore par les crimes dont certains officiers, soldats et policiers français se sont rendus coupables (torture, "corvées de bois", "ratonnades", etc. ) que par les supplices dont leurs camarades ont été victimes (notamment les égorgements avec castration et parties génitales placées dans la bouche des martyres).

Leur sentiment de culpabilité était d'autant plus grand pour nombre d'entre eux qu'ils avaient le sentiment d'avoir un peu fait en Algérie ce que les Allemands avaient fait en France.

La plupart des responsables politiques et hommes d'Etat des années 1970-1990 sont issus de cette génération.

Cela explique à mon sens l'aveuglement de ces dirigeants de droite et de gauche sur les régimes politiques maghrébins issus de la décolonisation.

Les responsables d'aujourd'hui sont plus jeunes et devraient faire preuve de plus de discernement mais ils assument en fait l'héritage idéologique et surtout affectif de ceux qui furent leurs mentors en politique.

De notre côté, il me semble que ce serait une erreur grave de relativiser les crimes commis par l'Etat français pendant la colonisation et la décolonisation.

Les Français qui ont connu ces crimes, et ont tellement souffert de ne pouvoir en parler pour se libérer du sentiment de honte, ont été un peu soulagés lorsque la vérité a été enfin officiellement reconnue et assumée par l'Etat.

De ce point de vue, je trouve très salutaire pour ces Français que "les événements d'Algérie" aient été officiellement reconnus pour ce qu'ils étaient : une guerre, sale assurément et comme elles le sont sans doute toutes, à des degrés divers.

Parce que nous reconnaissons l'horreur de ces faits commis par l'Etat français, nous sommes en droit de demander que ceux qui prétendent nous juger fassent leur propre examen critique.
Quelques précisions & commentaires sur le sujet.

Trois livres sont à l'origine de ce "mythe des massacres du 17 octobre 1961" :
-- La 7e Wilaya (Le Seuil, 1986) d'Ali Haroun (plaidoyer militant rédigé par d'anciens responsables de la fédération du FLN en France)
-- La Bataille de Paris – 17 octobre 1961 (Le Seuil, 1991) de Jean-Luc Einaudi (une accumulation d'errances méthodologiques et de partis pris rédigée par un marxiste et ancien maoïste)
-- Paris 1961 -- Les Algériens, la terreur d'Etat et la mémoire (Tallendier, 2008) de Jim House et Neil MacMaster (ouvrage écrit par deux historiens britanniques qui passent sous silence les exactions du FLN, les assassinats de ses opposants et la guerre FLN-MNA, ne respectant ainsi pas la déontologie historique et défandant la thèse que tous les Nord-Africains tués en France durant la guerre d'Algérie le furent par la police)

En réponse, il y eut (entre autres) :
-- Police contre FLN. Le drame d'octobre 1961 (Flammarion, 1999) de Jean-Paul Brunet (livre argumenté démontant les arguments de Jean-Luc Einaudi)
-- Pour en finir avec le "massacre" des Algériens à Paris le 17 octobre 1961 (Afrique réelle, n°33, 2001) du lieutenant-colonel Raymond Montaner (témoignage de l'ancien commandant de la Force de police auxiliaire des harkis de Paris qui réduit à néant les accusations portées par les amis du FLN, notamment les prétendues "noyades" depuis le pont Saint-Michel)
-- Sur la méthodologie et la déontologie de l'historien. Retour sur le 17 octobre 1961 (Commentaire, n°122, 2008) de Jean-Paul Brunet

De plus, dans Charonne. Lumières sur une tragédie (Flammarion, 2003), Jean-Paul Brunet reprenait les éléments constitutifs de la légende du 17 octobre 1961 sur six points essentiels :
-- Le prétendu "rapport de police" faisant état de 140 morts le 17 octobre, document servant de point de départ du livre d'Einaudi, n'a jamais existé.
-- La majorité des décès de la liste plubliée par Einaudi date d'avant le 17 octobre.
-- Les chiffres fournis par Einaudi sont manipulés, puisque sont additionnés les cadavres non identifiés au nombre des disparus et à celui des Algériens transférés administrativement en Algérie après qu'ils eurent été arrêtés le 17 octobre.
-- Les individus comptabilisés par Einaudi apparaissent plusieurs fois sous des orthographies différentes.
-- Le postulat des dissimulations de cadavres est faux (ces "dissimulations" étant impossibles).
-- L'histoire tragique de la jeune Fatima Bedar, présentée comme une "enfant martyre" retrouvée noyée dans le canal Saint-Denis après avoir été la victime des bourreaux policiers, est tristement celle d'un suicide.

Et il concluait (concernant Einaudi) : « Quand à ces déficiences se joint une passion militante débridée, un esprit de "repentance" aveugle qui aboutit à mettre au compte de la police française tous les crimes du FLN et à multiplier par huit ou dix le nombre des Algériens tués le 17 octobre 1961, la catastrophe est totale ».

D'autre part, cinq faits établis (et révélateurs des us et coutumes en vigueur à cette époque) sont à garder en mémoire :
-- le 17 octobre, en plein couvre-feu (dans un contexte de guerre) destiné à géner les communications du FLN et l'acheminement d'armes clandestines, le FLN décida de lancer 20000 manisfestants vers les lieux symboliques de la capitale avec comme objectif prémédité de "susciter une réaction optimale des forces de l'ordre" (in La force de police auxiliaire : une historiographie sous influence ? Réponse de l’auteur aux critiques formulées contre son ouvrage "Les calots bleus et la bataille de Paris. Une force de police auxiliaire pendant la guerre d’Algérie (1959-1962)" (Publinew, p.11, 2009) de Rémy Valat) ;
-- les autorités furent surprises par l'ampleur de cette manifestation, comme le montre le rapport Madelkern. Assaillis de toutes parts, les 1658 hommes des forces de l'ordre rassemblés en urgence (et non 7000) firent preuve d'un grand sang-froid et d'un professionnalisme se traduisant par un bilan des pertes "modéré" dans de telles circonstances ;
-- pour toute l'année 1961, 308 cadavres de Nord-Africains sont entrés à l'Institut médico-légal de Paris, la plupart étant des victimes du FLN (partisans de l'Algérie francaise, ou du MMA de Messali Hadj) --- on pourra sur ce point se reporter à La Guerre d'Algérie des messalistes (L'Harmattan, 2001) de Jacques Valette ;
-- au mois d'octobre précisément, les 34 corps de Nord-Africains retirés de la Seine ou de la Marne étaient pour la plupart ceux de victimes du FLN dont une des méthodes d'assassinat consistait à noyer ses opposants ;
-- l'origine des prétendues "noyades" se trouve être un tract en date du 31 octobre 1961 et repris par les militants français pro-FLN, essentiellement ceux du parti communiste.

En conclusion, comme l'écrit Jean-Paul Brunet (in Sur la méthodologie et la déontologie de l'historien. Retour sur le 17 octobre 1961, réf. citée) : « de nombreux cadavres de Nord-Africains, parmi les 140 qui ont été enregistrés à l'Institut médico-légal en septembre et octobre 1961, n'ont aucun rapport avec la police parisienne. Certains sont ceux de harkis ou d'anciens harkis, d'anciens membres du Mouvement national algérien, de "traîtres" divers refusant d'obéir aux directives du FLN, d'anciens combattants de l'armée française, de maris de métropolitaines refusant de les rejoindre, d'Algériens n'acceptant pas de payer la capitation mensuelle exigée par le Front, d'Algériens rétifs à la loi coranique, par exemple s'adonnant à la boisson et refusant de s'amender, ou faisant appel aux tribunaux français pour régler un litige, etc. ».
Une piste à mon avis ultra fiable est le procès en diffamation qu'a intenté Maurice Papon contre l'accusation d'avoir laissé la police perpétrer un massacre ce 17 octobre. C'est Jean- pierre Chevènement lui -même, alors misnistre de l'inrtérieur qui a diligenté l'enquête d'où il est résulté que Trente Algériens avaient été tués ce jour-là, point final. A partir de là le climat étant ce qu'il était on a attribué automatiquement ces morts à la police


Voici ce qu'en dit Wikipédia :



"Le procès très médiatisé de Maurice Papon qui se déroule entre octobre 1997 et avril 1998 provoque un regain d'intérêt pour les évènements d'octobre auxquels l'accusé avait été mêlé de près. Bien que les faits reprochés à Papon portent strictement sur la période de l'occupation, Einaudi est appelé à témoigner sur le rôle de Papon sur les violences de 1961. La publicité entourant le procès amène alors le ministre de l'intérieur Jean-Pierre Chevènement à créer une commission chargée d'examiner les archives de la police sous la présidence de Dieudonné Mandelkern qui remet discrètement son rapport à la presse en mai 1998. Trois historiens, dont Jean-Paul Brunet qui avait déposé une demande dès avril 1992[A 47], sont alors autorisés à accéder aux documents originaux contenus dans les archives. Le 3 juin 1998, la ministre de la justice Élisabeth Guigou crée, pour examiner les archives judiciaires, une autre commission d'enquête dirigée par Jean Géronimi. L'exploitation de ces archives permet à Jean-Paul Brunet de publier en 1999 Police contre le FLN où il conclut que le nombre de victimes des violences policières est bien inférieur à celui mis en avant par Einaudi[B 31].

Le 17 juillet 1998, Maurice Papon porte plainte pour diffamation contre Jean-Luc Einaudi qui a publié dans le journal Le Monde du 20 mai « En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de l’ordre agissant sous les ordres de Maurice Papon »[54],[40]. L'ancien préfet de police est débouté de sa demande en mars 1999 au motif que l'« on ne saurait faire grief à un historien […] d'avoir manqué de circonspection […] dans une formule conclusive », Jean-Luc Einaudi est donc relaxé au bénéfice de la bonne foi[55]. La présence au procès de nombreux témoins des événements éveille l'intérêt des médias[B 31].

Le 17 octobre 2001, le maire de Paris, le socialiste Bertrand Delanoë inaugure une plaque commémorative sur le pont Saint-Michel[56]. Le même jour Jacques Floch, secrétaire d'État à la Défense chargé des anciens combattants évoque à l'Assemblée nationale « un couvre-feu appliqué sur la base du faciès ». La plupart des députés du RPR et de Démocratie libérale quittent alors l'hémicycle en critiquant la « récupération politique » de cet événement.

Dans les deux premiers chapitres de son livre Charonne. Lumières sur une tragédie, publié en 2003, Jean-Paul Brunet revient sur les manifestations du 17 octobre. Il consacre tout particulièrement le premier chapitre intitulé 17 octobre 1961, la construction d'une légende à démontrer les inexactitudes des allégations de Jean-Luc Einaudi. Sans sous-estimer la violence de la répression policière, il affirme que la version exagérément démesurée du massacre général soutenu par Jean-Luc Einaudi est un « mythe forgé pour les besoin d'une cause militante bien incertaine »[note 21],[35]. Dans Paris 1961, les Algériens, la terreur d'État et la mémoire publié en 2006 et traduit en 2008, Jim House et Neil MacMaster notent que « la question controversée de l'échelle de la répression de 1961, de plus en plus politisée, devient un élément essentiel des enjeux mémoriels de la guerre d'Algérie »[B 31]. Sarah Howard, une autre historienne britannique, critique leur partialité envers Jean-Paul Brunet notamment concernant le nombre de victimes[57] ...

Et ceci :

"Jean-Paul Brunet qui estime de trente à cinquante les victimes décédées, indique que vu le « nombre limité de morts, on ne peut en bon français parler de massacre »[B 22]. S'appuyant sur une autre définition, les deux auteurs anglais House et MacMaster renoncent au titre Paris massacre parce qu'il ne s'agit pas d'un « évènement isolé, explosif, survenu en un lieu et un moment unique »

Pendant le procès en diffamation intenté par Maurice Papon à l'écrivain Jean-Luc Einaudi, et face au substitut Lesclous qui utilise le terme massacre, Me Varaut soutient que « La police n'était pas préparée pour faire une Saint-Barthélémy. Ce n'était pas un massacre ! »

Considérant le graphique des entrées de corps à l'Institut médico-légal de Paris, l'historien Bernard Lugan conclut que « le 17 octobre 1961, il n’y eut pas de massacre d’Algériens à Paris »

En fait, il y eut des centaines d'Algéreins tués au cours du mois d'octobre 61, mais pas par la police frnaçaise. Et le jour du 17 octobre il n'y en eut "que" de 7 à trente selon les estimations.

Ce que Néron a fait en accusant les chrétiens de l'incendie de Rome, ce que les sovitéiques ont fait en accusant les Allemenands du massacre de Katyn, le communiste historien de quatrième rayon Einaudi l'a fait avec ce prétendu massacre du 17 octobre.

D'ailleurs même si ce massacre avait eu lieu, il serait totalement irrresponsable d'en attiser le souvenir cinquante ans après, s'agissant d'une population dont le ressentiment est le fond de commerce culturel.
Citation
Leur sentiment de culpabilité était d'autant plus grand pour nombre d'entre eux qu'ils avaient le sentiment d'avoir un peu fait en Algérie ce que les Allemands avaient fait en France

Ils étaient surtout mis en condition en métropole avant de s'embarquer pour l'Algérie par la propagande communiste et sur place en Algérie par l'agit-prop anti-colonialiste.

En outre après l'effroyable défaite de quarante et l'abandon de l'Indochine le soldat moyen n'avait aucunement envie de se battre. Le défaitisme régnait déjà totalement sur les esprits.

Citation
Parce que nous reconnaissons l'horreur de ces faits commis par l'Etat français, nous sommes en droit de demander que ceux qui prétendent nous juger fassent leur propre examen critique

II faudra sans doute attendre que les poules aient des dents.
Excusez-moi, j'ai terminé d'écrire mon message pedant que celui de Louis Piron était envoyé et j'ai envoyé le mien qui va dans le même sens avant d'avoir pris connaissance du sien.


"Ces hommes ont été plus marqués encore par les crimes dont certains officiers, soldats et policiers français se sont rendus coupables (torture, "corvées de bois", "ratonnades", etc. ) que par les supplices dont leurs camarades ont été victimes (notamment les égorgements avec castration et parties génitales placées dans la bouche des martyres)."

Je ne suis pas d'accord avec cette analyse.

J'ai connu beaucoup d'hommes du peuple qui ont fait la guerre d'Algérie, y compris des communistes, et ils étaient fiers de se battre contre des sauvages (et c'est volontairement que je ne mets pas de guillemets). Les atrocités commises par le FLN les révulsaient , pas seulement celles infligées à leurs camarades qui après tout étaient des militaires, mais celles encore plus horribles infligées aux populations civiles. Ce n'est que plusieurs années après, en gros avec la gauche au pouvoir, que la propagande médiatique fut telle que ces combattants n'ont plus osé parler, la parole n'étant donné qu'à ceux qui se frappaient la poitrine ou qui se croyaient obligés de se la frapper face à la pression insidieuse des interviewers.

Le mieux à faire serait , à la rigueur, de renvoyer dos à dos la France et l'Algérie, et, dans ce cas, tourner définitivement la page plutôt que d'entretenir une culpabilité à sens unique et malsaine.
Citation
Cassandre
Excusez-moi, j'ai terminé d'écrire mon message pendant que celui de Louis Piron était envoyé et j'ai envoyé le mien qui va dans le même sens avant d'avoir pris connaissance du sien.

Vous n'avez pas à vous excuser, Chère Cassandre, il prolonge parfaitement le mien.

Bien à vous,
Louis Piron (ex-"Pyrrhon")
Je vous assure, Cher Gérard, que les plus fervents à se battre en Algérie furent les appelés communistes. J'ai bien connu chez ma belle -soeur qui recevait le gratin des officiers de para , quelques uns desdits officiers qui se félicitaient de ces jeunes recrues communistes.

Les chose sont commencé à tourner avec l' OAS et, effectivement, avec une propagande qui commençait, sur le tard, à produire ses effets parce que la guerre paraissait interminable.
message modifié à la suite d'observations pertinentes (phrases mises au mode interrogatif)

"Ils étaient surtout mis en condition en métropole avant de s'embarquer pour l'Algérie par la propagande communiste et sur place en Algérie par l'agit-prop anti-colonialiste. "

Incontestablement il y avait une propagande anti-coloniale mais n'aurait-elle pas été sans effet si les méthodes expéditives et la pratique de la torture n'avaient pas été à ce point généralisées ?

"En outre après l'effroyable défaite de quarante et l'abandon de l'Indochine le soldat moyen n'avait aucunement envie de se battre. Le défaitisme régnait déjà totalement sur les esprits"

Le soldat moyen n'avait certainement pas envie de se battre mais la situation sociale qu'il voyait en Algérie et les pratiques de l'armée et de la police ne pouvaient-elles pas le conduire au dégoût de ce que à quoi il participait ?

En revanche le terme "défaitisme" me paraît très mal venu et déplacé parce qu'il laisse croire que la défaite est le résultat de ce "défaitisme".

Ceux qui ont dû affronter l'ennemi ne l'ont-ils pas fait avec courage sans chercher à fuir le combat sachant que beaucoup y ont laissé leur peau ?

La défaite ne fut pas militaire parce que la guerre était gagnée militairement : la défaite ne fut-elle pas morale avant de devenir politique ?

Si nous luttons ici contre le Grand Remplacement nous pouvons comprendre aussi qu'un peuple que la France colonisait se soit battu pour recouvrer son indépendance, quels que soient les bienfaits, et ils sont certainement nombreux, que cette colonisation a pu avoir sur ce peuple.

Les moyens que les indépendantistes Algériens ont utilisés contre les Français ont été parfois ignobles mais ils ne justifient pas certaines des pratiques auxquelles l'armée et la police françaises ont eu recours pendant cette guerre.

Cassandre, je ne partage pas du tout votre point de vue selon lequel la torture et autres horreurs commises par les Français n'ont ému qu'un petit nombre d'idéologues avant que la propagande bien-pensante n'enfume les esprits...

Mais comme je me répète, je n'interviendrai plus sur ce sujet.
Le témoignage de Cassandre sur les appelés communistes est intéressant. Il me fait penser à Jacques Soustelle, homme issu de la gauche de la SFIO, anticolonialiste spécialiste des sociétés précolombiennes, résistant, délégue général du gouvernement français en Algérie, qui bascula dans le camp de l'Algérie française et plus tard de l'OAS à la suite du massacre du village d'El Alia en août 1955 dans le Constantinois.
Cher Petit-Détour, je suis ravie de vous lire à nouveau sur ce forum.
18 octobre 2012, 18:30   Café de Flore 1945
Oh oui, moi aussi. Où étiez-vous pendant la guerre ?
18 octobre 2012, 18:37   Re : Café de Flore 1945
J'ai (...) manqué de prudence dans l'expression de mes convictions qui ne sont pas, assurément, un témoignage direct.

(je modifie mon message pour ne pas faire étalage d'éléments de ma vie privée)
Ah, zut. Vous eussiez intéressé tout le monde.
18 octobre 2012, 18:51   Re : Café de Flore 1945
Adolescent pendant la guerre d'Algérie j'ai gardé des souvenirs intenses des très profonds clivages que les événements suscitaient en métropole — et en pas mal d'entre nous. Ce qu'on lit ici en présente un lointain écho très assourdi.
Citation
Rémi Pellet
J'ai (...) manqué de prudence dans l'expression de mes convictions qui ne sont pas, assurément, un témoignage direct.

Puissiez-vous faire comprendre cela à François...

Je pourrai m'étaler à l'occasion d'une réunion du Parti, si le sujet vous intéresse vraiment (ah mais non j'y pense, ça finirait dans le Journal...)

Hum, M. Piron, lesdites convictions sont quand même fondées sur le témoignage direct de très proches (d'où la discrétion) et je n'en ai pas conclu que tel ou tel devait s'excuser de penser le contraire (je ne suis pas François)

J'ai modifié mon message "polémique".
Le soldat moyen n'avait certainement pas envie de se battre mais la situation sociale qu'il voyait en Algérie et les pratiques de l'armée et de la police ne pouvaient que le conduire au dégoût de ce que à quoi il participait.

En revanche le terme "défaitisme" me paraît très mal venu et déplacé parce qu'il laisse croire que la défaite est le résultat de ce "défaitisme".

Ceux qui ont dû affronter l'ennemi l'ont fait avec courage sans chercher à fuir le combat et beaucoup y ont laissé leur peau.

La défaite ne fut pas militaire parce que la guerre était gagnée militairement : la défaite fut morale avant de devenir politique.


C'est exactement cela.

Les Français, je le rappelle une fois de plus, votèrent le 2 janvier 1956, je dis bien 56, pour la paix en Algérie. Il suffit de lire la presse de l'époque. La faiblesse du Gouvernement et l'activisme des excités à la Soustelle conduisirent à "voler" le résultat de ce vote.

Qui critiqua le plus la guerre d'Algérie ? en "coups de gueule", ce furent les communistes et associés.

Dans la pratique, dans l'effet pratique, ce furent ces centaines de milliers de jeunes gens qui rentrèrent chez eux après avoir fait leur devoir et qui expliquèrent à leurs parents, à leurs amis qu'ils s'étaient battus ou avaient perdu leur temps pour rien, pour un système social qu'ils désapprouvaient très largement.

Je me demande comment on peut faire pour ne pas voir cette réalité historique incontestable : le peuple français ne voulait pas de la guerre d'Algérie et, quand on le lui demanda clairement il répondit aussi clairement le 8 janvier 1961, alors que la guerre était gagnée militairement. Si vous étudiez la carte des votes, vous verrez que le "oui" remporte ses plus grands succès dans la France modérée.
Ah ben mince alors, moi qui venait de mettre tout cela à l'interrogatif. Nous devrions nous coordonner Jean-Marc.


(je sens que je risque l'exclusion là)
Utilisateur anonyme
18 octobre 2012, 19:15   Re : Le mythe des massacres du 17 octobre 1961, par Bernard Lugan
L'ignoble Tariq Ramadan, citoyen mondialisé (Égyptien suisse (ou Suisse égyptien) enseignant en Angleterre en étant financé par le Qatar et l'Arabie Saoudite), donne des leçons sur Canal +.
Qu'on me suggère par quels moyens face au terrorisme aveugle qui a tué en quatre ans dix milles Pieds- Noirs sur un million soit l'équivalent de six cent mille civils par rapport à la population française d'aujourd'hui ( qui dit mieux ? ) l'armée française pouvait protéger la population ? En noyant la casbah, principal repaire de terroristes et dans laquelle ne vivait aucun Européen, sous les bombes, tuant des milliers de personnes femmes et enfants d'un coup ? En rasant les villages de Kabylie avec leur population ? J'estime, moi, que compte tenu du genre horrible de guerre voulue par le FLN ( et non par la population algérienne) et des enjeux, la France a mené la guerre la moins sale possible. Pas de napalm sur les cultures ni les forêts comme l'ont si bien fait au Vietnam les Américains qui nous ont donné tant de leçons. Pas de ces atroces mines anti-personnelles non plus. Pas de route ni de ponts ni de voies ferrées minées. Les étrangers qui ont débarqué dans le pays à l'indépendance n'en croyaient pas leurs yeux et se demandaient s'il y avait bien eu une guerre dans ce pays tant il leur paraissait intact. En outre l'action sanitaire de l'armée, mettant à la disposition des poplulations les plus reculées des dispensaires, des infirmiers, des médecins et des instituteurs au dévouemebnt de Samaritains, ont sans doute sauvé au moins autant de vies humaines que la guerre n'a fait de morts, et c'est cette image là de la France qu'avait gardé la population, laquelle, tous les témoins de cetté époque présents sur place vous le diront, ne manifestait aucune hostilité ni aux Français de l'ex métropole ni aux Pieds- Noirs. J'en ai eu moi-même souvent l'éclatante démonstration.
"outre l'action sanitaire de l'armée, mettant à la disposition des poplulations les plus reculées des dispensaires, des infirmiers, des médecins et des instituteurs au dévouemebnt de Samaritains, ont sans doute sauvé au moins autant de vies humaines que la guerre n'a fait de morts,"

Sur ce point là, les témoignages que j'ai recueillis vont dans le même sens que vos dires.

Sur ce qu'il aurait fallu faire pour prévenir cette guerre et sur la capacité des colons à accepter le partage du pouvoir en Algérie, nous divergerions peut-être, compte tenu de ce que j'ai pu lire (abondamment) sur le sujet et là encore de témoignages mais qui ne portent que sur la période de la guerre.
18 octobre 2012, 20:45   Aventinus Minor
Où étais-je, cher Camus, pendant la guerre ? Mais sur le Petit-Aventin.
Citation
Rémi Pellet
Certes, certes, Cassandre, mais si nous prévoyons un communiqué sur le sujet, la ligne qui aurait ma préférence serait la suivante :

1° Oui, à l'occasion de la colonisation et de la décolonisation, l'Etat français a commis des crimes, d'importance variable, mais des crimes.

2° L'honneur de l'Etat français est de faire face à son histoire et de reconnaître que ces crimes ont été commis

3° Cependant, pour juger de l'importance de ces crimes il convient de les rapporter aux pratiques des autres Etats et mouvements politiques aux mêmes époques

4° Le P.I. s'étonne que ce travail comparatif n'ait pas été fait et n'accepte pas que des excuses aient été présentées à des Etats et des peuples qui se sont rendus de crimes semblables sinon supérieurs, pour certains contre la France et des Français, et alors même que ces Etats et ces peuples n'ont jamais reconnu leurs responsabilités dans les "massacres" qu'ils ont commis et dont ils refusent même de reconnaître la réalité (par ex. ce qui est appelé communément le génocide Arménien par la Turquie, l'esclavagisme musulman, les horreurs commises par le FLN etc.)

Cela me paraît juste et inattaquable.
Monsieur Rémi Pellet, vous êtes assurément l'aile gauche du Parti.... Vous nous parlez de défaite morale de la France... Quel poids peut bien avoir, à part pour les intellectuels de la rue Bonaparte, la moralité face aux exactions de barbares... En quoi sommes-nous redevables d'individus qui éventraient des femmes enceintes pour arracher le fœtus alors que celles-ci agonisaient et gisaient au sol... Elle est où votre moralité et votre culpabilité ici ?... Cher jean-Marc, les français étaient contre la guerre ! Cela donne t'il de la légitimité à l'argumentaire visant à incriminer la France sur ses exactions ? Pensez-vous que le peuple français, à l'heure d'aujourd'hui, est prêt à renier son confort et sa petite vie tranquille face à la montée de l'Islam ? Croyez-vous que c'est dans l'âme de ce peuple de vivre en homme réellement libre ? A chaque fois qu'il a été face à des agresseurs, il s'est, dans un premier temps couché ! C'est un peuple à l'esprit artistique, léger qui à l'esprit moutonnier et prend pleine mesure du danger après bien des malheurs... Ce fait affaiblit-il le constat de Renaud camus et bien d'autres sur le Grand Remplacement qui s'opère dans l'impunité la plus totale car il ne faut surtout pas toucher à la vision rassurante créée par la novlangue du fameux vivre ensemble... Pour revenir à la guerre d'Algérie, j'ai nombre de témoignages de personnes s'étant livrées à des actes peu moraux mais qui ne regrettent rien car ils ont été témoins de comportements bien terribles par ceux-là mêmes qui,aujourd'hui, nous fustigent...
A la bonne heure merci Monsieur Léger.
[www.assemblee-nationale.fr]

Alphonse de Lamartine

Discours à l’Assemblée nationale

Séance du 10 juin 1846


(...)

Après une suspension d’un quart d’heure la séance est reprise et M. de Lamartine remonte à la tribune.)

M. de Lamartine. Messieurs, j’ai montré, autant qu’il était en moi, l’inanité des différents systèmes de colonisation qui ont été présentés jusqu’à ce jour, ou dans la presse, ou à la tribune, pour peupler et administrer l’Afrique.

Permettez-moi de reporter maintenant exclusivement vos yeux, avant d’arriver à la solution que nous devons traiter à la fin, permettez-moi de reporter exclusivement et douloureusement vos yeux sur le seul système de soi-disant colonisation qui a été adopté et pratiqué militairement en Algérie. Je veux parler du système actuel du parti militaire.

On vous disait hier que c’était le refoulement… On n’allait pas assez loin, on n’était pas assez logique. Ce système n’est pas seulement le refoulement, il est aussi la conséquence du refoulement d’une population qui ne veut pas, à bon droit, se laisser déposséder du sol sur lequel elle est née, sur lequel elle vit ; et, malgré les intentions les plus humaines, malgré les inspirations et les lumières du gouvernement, ce système conduit inévitablement à ce mot terrible, qu’on a souvent articulé tout bas à cette tribune, mais que je veux aujourd’hui articuler tout haut, et définir dans tous ses excès. Non qu’il ne m’en coûte autant qu’à vous d’énumérer dans cette enceinte les douleurs, les griefs, les excès d’une occupation française qui devrait se signaler partout par son humanité comme elle se signale partout par son courage, mais parce que viennent un jour et une heure, après une possession de douze ou quinze années, où il faut que la France, pour se décider, connaisse, sache, sente la vérité tout entière : à notre grande douleur, quelquefois à notre honte, il faut savoir découvrir les plaies de notre pays, afin d’appeler l’attention énergique du gouvernement, l’attention plus énergique de l’opinion, pour corriger, pour guérir et pour nous faire rentrer dans un système d’occupation et de conquête plus digne du temps où nous vivons, plus digne du gouvernement représentatif, plus digne de la civilisation, plus digne de la religion de la France.

Ce système d’extermination, Messieurs, puisqu’il n’y a pas d’autre mot, je vais le qualifier. Comment se pratique-t-il ? comment s’est-il défini lui-même ? Vous ne le savez peut-être pas, permettez-moi de le dire : il s’est défini lui-même, il s’est caractérisé, avoué tout haut, non pas dans un acte officiel, mais dans un acte semi-officiel, qui nous a été communiqué à une autre époque, dans une commission de la Chambre. Oui, à une époque où on cherchait, comme aujourd’hui, à se définir à soi-même les conditions de l’occupation paisible de l’Algérie par le gouvernement, par un gouvernement chrétien (Mouvement.), il y a eu ce paragraphe dans les instructions données par une commission du gouvernement à la commission d’Afrique, aux généraux qui allaient explorer la question sur les lieux, il y a eu cette phrase : « Quand à l’extermination des indigènes, quant au refoulement violent de la population, vous aurez à examiner si ce mode de pacification serait jamais praticable. » (Sensation.)

Plusieurs voix. Où cela est-il écrit ?

M. de Lamartine. Dans une instruction donnée, en 1837, à la commission d’enquête qui allait étudier les faits en Algérie.

Il faut que vous sachiez comment le système militaire, à son tour, abusant ou usant de cette latitude inhumaine qui lui avait été donnée dans de pareilles pensées, non pas approuvées, je le reconnais, mais exprimées seulement dubitativement dans une pareille pièce, il faut savoir comment l’autorité militaire elle-même en a compris la portée, et là aussi je la laisse parler. C’est cette autorité militaire qui a adopté pour l’expulsion, pour le refoulement des indigènes, ce mot que je rougis de prononcer à cette tribune, comme la France si souvent a rougi de l’entendre et de le voir s’accuser dans ses actes, ses razzias.

Le système de razzias a été le moyen d’exécution, de refoulement qui avait été recommandé à notre commission coloniale d’enquête. (Bruit et réclamations nombreuses.) J’affronterai toutes les dénégations, tous les mouvements, toutes les intentions de la Chambre. La France saura la vérité, elle entendra ce qu’on fait de son nom, de son drapeau, de son honneur. (Murmures.)

Elle le saura, et j’en accepte ici la responsabilité.

Je n’apporte à cette tribune que des pièces authentiques. Si j’avais voulu y apporter ces récits, dont les correspondances de l’Algérie sont remplies, j’aurais trop contristé le sens moral de mon pays.

Je vais lire des extraits authentiques copiés non pas sur des journaux algériens ; vous pourriez les révoquer en doute, bien qu’ils soient censurés et qu’ils soient une vérité semi-officielle ; mais sur des pièces authentiques, peu nombreuses, qui serviront à caractériser dans l’imagination de la Chambre, dans la pensée de la France, le système militaire qui a été suivi jusqu’à aujourd’hui. Nous ne venons pas en accuser les généraux et les soldats, mais la nature même du système qui peut permettre de tels résultats, le système de l’expulsion violente des indigènes. Lisez les menaces du commandant en chef :

« Je pénétrerai dans vos montagnes, je brûlerai vos maisons, je couperai vos arbres fruitiers… » (Murmures.)

Messieurs, je n’ai pas l’habitude de murmurer ; je n’ai pas murmuré quand l’honorable M. Abraham Dubois énonçait ici des doctrines, des sentiments contraires, au sujet d’une expédition sinistre que je ne peux pas nommer. Je supplie la Chambre de me laisser à moi seul la responsabilité de mes sentiments, mais de me permettre avant tout de les exprimer. (Parlez ! parlez !)

« Je brûlerai vos moissons. Et, les Arabes n’étant pas venus au-devant de nous, ajoutait plus tard le général dans une de ses lettres, nous fîmes un ruban de feu d’environ deux lieues de largeur. » (Mouvement d’horreur général.)

Voici d’autres expéditions, d’autres récits par des officiers généraux qui en ont été les exécuteurs obligés, et dont vous aurez tout à l’heure le témoignage.

« Chacune de nos colonnes, ravageant dans sa marche tous les villages ou réunions de tentes qu’elle rencontrait, portait la désolation dans le pays. Aucun homme ne fut épargné ! les femmes furent prises, les troupeaux enlevés, les silos vidés, et le feu brûla tout ce qui ne parvint pas à s’échapper. »

Sur un autre point, du côté de Medeah, le bulletin d’Alger raconte ces exécutions sauvages.

Et voici les réflexions que ces hommes, que ces écrivains endurcis laissent échapper de leur plume :

« C’était un beau spectacle, au milieu de l’incendie de ces vallées, c’était un beau spectacle que la vue de nos soldats échelonnés sur les pitons nombreux et les couronnant de feu. »

La beauté de l’incendie, la beauté de la dévastation, voilà ce qui frappait ces hommes. Quant aux populations ainsi traquées dans ce réseau de feu et confondues avec leurs troupeaux, écoutez encore, voici le texte :

« Je vous les confie, dit un colonel, vous pouvez en disposer. »

Or, savez-vous de quoi se composaient ces troupeau ? De 60 000 têtes de bœufs. Ces populations, savez-vous de combien d’âmes elle se composaient, de combien de femmes, d’enfants, de vieillards ? Lisez le Moniteur algérien de quelques jours plus tard ; elles se composaient de 7 000 âmes, femmes, enfants, vieillards et soldats arabes. Savez-vous combien sont parvenues jusqu’à la Maison Carrée, de ces 7 000 âmes ? 3 000. Le reste était mort de misère en route.

Plusieurs membres. Ou échappé !

M. de Lamartine. Quelques-uns heureusement s’étaient échappés ; mais un grand nombre de femmes et d’enfants, et vous allez en voir la preuve, avaient expiré dans la longue route. C’est l’extinction de la race par l’extinction des enfants. L’Algérie se dépeuple ainsi par le germe.

M. Gustave de Beaumont. Il y a de meilleurs extraits à faire dans les annales de l’Algérie… de plus honorables !

M. de Lamartine. Je prends ceux qui sont le plus propres à vous faire frémir et réfléchir. Et savez-vous combien de lieues on leur a fait faire ainsi ? 250 lieues !

Vous pourrez confronter ; je ne dis rien qui ne soit pris textuellement sur les écrits officiels dont j’ai eu l’honneur de vous parler. Mais il faut que vous sachiez la vérité.

Ce n’est pas moi qui chercherai jamais à déshonorer la gloire française, mais jamais je ne rendrai la gloire de nos soldats, leur humanité, complices de ce système barbare qui arrive à de pareils résultats, et je crois les défendre en montant à cette tribune pour accuser le système de guerre qui les déshonorerait !

Ecoutez encore, à la date du 18 mai 1845, c’était dans un village du Jurjura couvert en tuiles :

« Tous les Arabes qui sont sortis pour combattre ont été passés au fil de l’épée : tout le reste de la population a été brûlé sous les toitures incendiées des maisons. » (Algérie 1844, mois de juin.)

Quelle est donc la puissance qui force ces hommes à se vanter de pareils actes et à se dénoncer ainsi eux-mêmes de leur propre bouche ?

Je vous le demande à vous-mêmes. Est-ce nous qui avons inventé ces bulletins atroces qu’on a fait circuler en France et pour lesquels certaines voix voudraient obtenir aujourd’hui un bill, non pas d’indemnité, je le reconnais, mais un bill de silence. Ce bill de silence, elles ne l’obtiendront pas.

Et les mêmes actes se renouvellent le 26 et le 27 juillet 1845 dans les mêmes montagnes du Jurjura.

Et en 1846, Messieurs, il y a peu de mois, pendant que nous faisions retentir cette tribune des accents de justice, de bienveillance et d’humanité, en ce moment même peut-être, les mêmes dévastations ont encore lieu.

En 1845, on a porté les flammes jusque dans les oasis du désert, à 80 lieues du littoral de nos occupations.

On a occupé les soldats à couper les arbres fruitiers. Ainsi, on a fait la guerre à la nature : on ne fait plus seulement la guerre aux hommes, on la fait aux germes, à la reproduction, à la nature. (Mouvement.)

Cette exécution de sang-froid, savez-vous combien elle a duré ? Elle a duré toutes les journées du 30 avril et du 1er mai. Deux cents bulletins sont pleins de mêmes faits depuis quatre ans. Lisez dans les annales algériennes les innombrables récits de tribus massacrées par le système des razzias.

Ainsi, la petite tribu des Ousias a été surprise endormie sous ses tentes, dans la nuit, pendant l’expédition du 7 avril ; elle a été fusillée et sabrée, sans exception de sexe, par plusieurs cavaliers auxiliaires.

Ce n’étaient pas des Français, je me hâte de le dire ; plusieurs cavaliers auxiliaires que nous employons trop légèrement et dont nous acceptons trop aisément la responsabilité, rentrèrent au camp en tenant à la main, je ne veux pas dire quoi !... Vous frémiriez !

Voilà ce que nous faisons d’une population que nous voulons fondre avec nous, que nous voulons attirer à nous par l’attrait de notre conduite, de nos doctrines, de notre religion et de notre humanité ! La place que Dieu lui a donnée sur le sol, nous la lui enlevons ; nous voulons ce sol, et pour cela nous la refoulons, nous sommes contraints de l’exterminer. Eh bien ! entre les Arabes et nous, il y a un juge, Messieurs ! Ce juge, c’est Dieu. S’il leur a donné une terre et un soleil, c’est apparemment qu’il leur reconnaissait le droit d’en jouir et de les défendre.

Voilà le système militaire tout entier ; jamais vous ne trouverez d’autres résultats, quelle que soit l’humanité des généraux, que je n’accuse pas. C’est le système que j’accuse ; car, Messieurs, il y a quelque chose de plus cruel que Néron et Tibère : c’est un système faux. Nous ne sommes pas dans les temps de la barbarie et des caractères féroces ; mais nous sommes dans des idées fausses. Oui, il y a quelque chose de plus cruel, en effet, que la cruauté individuelle, c’est la cruauté froide d’un système faux ; et c’est contre celle-là que je m’élève à cette tribune pièces en main !

Voulez-vous la définition de la guerre de razzia par celui-là même qui l’a inventée ? elle n’est pas de moi cette définition ; vous allez juger le caractère de cette guerre par la définition qu’en a faite celui qui en est l’auteur ; la voici dans son texte :

« Vous ne labourerez pas, vous ne sèmerez pas, vous ne pâturerez pas sans ma permission. » Qu’est-ce qu’une razzia ? ajoute l’écrivain militaire. « C’est une irruption soudaine ayant pour objet de surprendre les tribus… (Ecoutez.) pour tuer les hommes, pour enlever les femmes… » les femmes innocentes et les enfants. L’enlèvement d’enfants à la mamelle, par des cavaliers qui ont tué les pères et enlevé les mères, je le demande à votre bon sens, y a-t-il bien loin de là, d’un pareil système de guerre, d’un pareil système de refoulement, à un honteux et fatal système d’extermination ? C’est à votre conscience réfléchie de me répondre ; je ne vous demande pas une réponse en face de la gloire de votre pays que vous craindriez de ternir, mais une réponse que vous me ferez en silence, dans le secret intime de votre conscience.

Enfin il est un autre général qui a dit sa pensée sur ce système ; c’est la dernière citation que j’aie à vous faire, ayez la patience de l’entendre, comme j’ai eu la patience de la copier : « Depuis onze ans, on a renversé les maisons, incendié les récoltes, détruit les arbres, massacré les hommes, les femmes, les enfants, avec une fureur tous les jours croissante. »

Messieurs, c’est le général Duvivier qui dit cela ; vous le connaissez tous, il a noblement participé à cette guerre ; mais rentré dans le silence de sa vie de citoyen, il n’a pu s’empêcher de repasser douloureusement sur les actes dont il avait été témoin, et d’en faire la dénonciation à l’indignation de son pays. Voilà cette paix, Messieurs ; je vous laisse juger du mot qu’elle mérite ici : ubi solitudinem faciunt, pacem appellant, là où il a fait le désert, le vide, le sang, il a appelé cela la pacification de l’Algérie. Si la pacification ainsi entendue était le résultat du système militaire, je ne craindrais pas de suivre l’exemple de courage donné par mes honorables amis MM. de Corcelle, de Tracy, de Tocqueville, Desjobert ; je ne craindrais pas, au nom de la conscience du pays, d’engager la France à renoncer à l’Afrique, plutôt que de tolérer une guerre d’exécutions signalée par de tels actes. (A gauche : Très bien.)

Une voix. La guerre est la guerre !


M. de Lamartine. On me dit : « La guerre est la guerre ! » (Interruption.) J’entends un de mes honorables collègues qui me dit : « La guerre est la guerre ! »

En effet, la guerre est la guerre ; mais la guerre des peuples civilisés et la guerre des barbares, des sauvages, ce sont deux guerres apparemment. (Approbation.) La guerre est la guerre, sans doute ; mais d’abord, dans la guerre, il y a les conditions de justice de la cause ; il faut que la cause soit juste, qu’elle soit sainte et digne de compenser, par sa sainteté, et sa grandeur, les flots de sang et les débordements de malheurs qu’elle occasionne à l’humanité.

Voilà d’abord pour les causes de la guerre.

Et, quant au mode de la guerre, je dirai à l’honorable membre qui m’a interrompu que, s’il peut être permis à des peuplades barbares, sauvages, qui n’ont ni les lumières de notre religion, de notre civilisation, ni la puissance de notre gouvernement, ni la discipline de nos armées, de se faire mutuellement ces guerres de chacals, ces guerres de lions, qu’on appelle razzias dans le vocabulaire de l’Afrique, un général à la tête de 100 000 Français, un général à quarante heures de la mère patrie, à la portée de ses renforts, un général, éclairé par les lumières de la civilisation moderne, et qui l’est, je le reconnais, par la générosité de son propre cœur, un pareil général qui croirait s’excuser par ce mot : « La guerre est la guerre ! » et qui pourrait imiter la guerre féroce et barbare de ces peuplades indisciplinées et sauvages, serait un général qui ferait accuser son pays de rétrograder vers la barbarie.

A gauche. Oui ! oui ! – Très bien ! (Réclamations au centre.)

M. de Lamartine. Je dis qu’il n’y aurait, ni dans ce temps, ni dans l’avenir, aucune excuse qui pût effacer un pareil système de guerre, dans l’état de force, de discipline, de grandeur et de générosité que nous commande notre situation civilisée ! Je pourrais vous parler d’autres actes qui ont fait frémir d’horreur et de pitié la France entière, les grottes du Dahra, où une tribu entière a été lentement étouffée ! J’ai les mains pleines d’horreur : je ne les ouvre qu’à moitié. (Agitation.)

(....)
Oui des horreurs ont été commises pendant la conquête, comme dans toute conquête. Toutefois, comme pour l'esclavage, la France s'est distingué du lot ordinaire des conquérants du fait que ces horreurs n'ont pas empêché la population indigène de croître considèrablement à une époque où la population augmentait très peu , voire pas du tout . Elles ont été en quelque sorte annulées, si je puis me permettre cette expression, par l'extraordinaire effort sanitaire de la colonisation à l'égard des populations indigènes et l'éradication des sauterelles qui faisaient des ravages terrifiants. Pour ce qui est de l'aspect sanitaire, j'en sais quelque chose puisque mon mari a été un temps directeur de l'hopital, très important, de Mostaganem. Je peux vous dire que la France faisait bénéficier sans compter aux Algériens qui remplissaient à eux seuls l'établissement, de ce qui était sans doute à l'époque la meilleure médecine du monde. Et j'y ai vu des "fellaghas" blessés, soignés avec autant de dévouement que les autres malades par le chirurgien de l'hopital et les infirmiers pieds-noirs pourtant partisans de l'Algérie française.

La meilleure preuve que la barbarie du colonisateur faisait moins peur que celle du colonisé est que le nombre d'Algériens qui se sont mis volontairement au service de la France et de son armée pendant la guerre est de cinq fois supérieur à celui de ceux qui ont fait partie des rebelles de l'ALN !

Quant aux injustices de la colonisation, elles existaient certes, mais moins qu'on ne l'a dit. les Algériens avaient lla nationalité française mais pas la citoyenneté, non par mépris raciste mais parce qu'ils qu'ils refusaient de renoncer au droit musulman. Il était impossible que sur 9 millions de citoyens, huit eussent été contre les règles républicaines. N'est-ce pas exactement le même problème qui se pose aujourd'hui en France avec une communauté rétive à s'adapter aux lois de la république ?

Pour ce qui est de l'administration faut-il rappeler que les Algériens y recevaient le même ... tiers colonial qu'y recevaient les fonctionnaires de la métropole. Voilà pour le racisme.

Enfin en ce qui concerne les travailleurs algériens dont la plus grande partie étaient, faute de qualification, des journaliers agricoles , ils n'étaient certes pas à la fête. mais on oublie que jusque dans les années 60, en France même, les travailleurs agricoles n'étaient pas mieux traités ou à peine. J'ai dans mes amies, une femme devenue inspectrice régionale de l'Education nationale, dont les parents louaient, en Normandie, une ferme et vivaient de ses seuls produits. La misère et le mépris dans lesquels elle a vécue son enfance et son adolescence, obligée qu'elle a été dès son plus âge de faire la boniche chez le bourgeois et à continuer plus tard pour payer ses études, n'a rien à envier , si j'ose dire, à ceux des travailleurs agricoles algériens. J'ai un autre ami, médecin, qui a connu exactement, en Bretagne, les mêmes conditions de vie dans sa jeunesse.

De plus les Algériens ont échappé au sort affreux des ouviers européens du début du XXème siècle et l'Algérie a échappé aux destructions terribles des deux guerres mondiales.
Chaque pays dans l'histoire a eu son lot de calamités. J'affirme que la colonisation "à la française" a été loin d'être le pire des malheurs qui peuvent s'abattre sur une population.
Il me semble que l'indépendance telle qu'elle fonctionne depuis est un bien plus grand malheur pour les Algériens.
Voilà ce que nous faisons d’une population que nous voulons fondre avec nous, que nous voulons attirer à nous par l’attrait de notre conduite, de nos doctrines, de notre religion et de notre humanité ! La place que Dieu lui a donnée sur le sol, nous la lui enlevons ; nous voulons ce sol, et pour cela nous la refoulons, nous sommes contraints de l’exterminer. Eh bien ! entre les Arabes et nous, il y a un juge, Messieurs ! Ce juge, c’est Dieu. S’il leur a donné une terre et un soleil, c’est apparemment qu’il leur reconnaissait le droit d’en jouir et de les défendre.


Ainsi donc c'était Dieu qui avait placé les Arabes en Algérie ! Et moi qui croyais que les Arabes venaient de la péninsule arabique et qu'il s'étaient eux-mêmes emparé de ces terres en y chassant l'indigène qu'ils y avaient trouvé, par le recours à la razzia, justement, terme qu'ils avaient donc dû emprunter au patois du pays d'Anjou où il est vraisemblable qu'ils aient appris, par l'exemple, au septième siècle de notre ère, les méthodes atroces mises en cause par Monsieur de Lamartine.

Pauvre Lamartine. Pauvre Dieu.
Citation
La meilleure preuve que la barbarie du colonisateur faisait moins peur que celle du colonisé est que le nombre d'Algériens qui se sont mis volontairement au service de la France et de son armée pendant la guerre est de cinq fois supérieur à celui de ceux qui ont fait partie des rebelles de l'ALN !

Merci pour cette superbe intervention chère Cassandre mais je ne pense pas que Monsieur Pellet se laisse convaincre par vos arguments.
Je ne pardonnerai jamais aux ""élites"" de droite comme de gauche de ce pays d'avoir transformé, à force de "millecollinisation", de braves gens qui ne demandaient qu'à tourner la page ou à venir en France pour s'y intégrer paisiblement, en crétins haineux et revanchards.
Marche :

Larmartine dit que la France se déshonore à copier "la guerre féroce et barbare de ces peuplades indisciplinées et sauvages".

Autrement dit, les crimes des autres, que Lamartine ne cherche pas à nier, ne justifient pas les nôtres alors surtout que nous prétendons apporter aux colonisés la civilisation ou une civilisation supérieure.

Pour vous, parce que tous les peuples ont été un jour ou l'autre colonisateurs et violents, la colonisation est justifiée et tous les moyens sont bons pour conserver les terres conquises ? Si oui, ne nous plaignons pas de ce qui nous arrive.

Cassandre

1° vous faites comme si j'avais nié que la colonisation ait, sur certains aspects, dans le domaine sanitaire notamment, amélioré, et parfois considérablement, les conditions de vie des arabes.

Pourtant j'avais écrit : "Si nous luttons ici contre le Grand Remplacement nous pouvons comprendre aussi qu'un peuple que la France colonisait se soit battu pour recouvrer son indépendance, quels que soient les bienfaits, et ils sont certainement nombreux, que cette colonisation a pu avoir sur ce peuple.

2. Vous considérez que la condition des arabes en Algérie coloniale n'était pas pire que celles des prolétaires français en métropole.

C'est sans doute vrai à bien des égards mais ce n'est pas l'essentiel : quid, comme je vous l'avais écrit plus haut, de "la capacité des colons à accepter le partage du pouvoir en Algérie" ?

Vous indiquez à ce sujet que l'obstacle à l'égalisation des droits était le refus des musulmans d'abandonner leur statut civil.

C'est tout à fait exact et c'est précisément ce que j'avais écrit sur le texte de Me Karim Ouchikh (cf. un autre fil) qui
"est fondé sur une erreur historique : le principe de laïcité défendu "par les grands prêtres de la IIIème République " n'a jamais signifié l'équivalence des religions, comme le prouve le statut réservé aux musulmans en Algérie coloniale : ceux-ci étaient exclus de la citoyenneté en raison de leur statut civil.", sachant que les musulmans refusaient d'abandonner "leur statut réel et leur statut personnel"

Cependant sauf à penser que les arabes allaient tous se convertir ou abandonner la religion musulmane, la colonisation conduisait nécessairement à la monopolisation du pouvoir politique en Algérie par les Français chrétiens et donc à des rapports éternellement inégalitaires, ce qui était évidemment intenable.

Et toutes les études historiques sérieuses montrent que l'administration française, sous la pression des colons, a tout fait pour empêcher qu'aboutissent les rares demandes individuelles d'abandon du statut réel et personnel musulman.

De surcroît, on peut expliquer le refus de l'abandon du statut personnel et réel en considérant que cet abandon conduisait non seulement à une modification considérable des relations familiales mais pouvait conduire à la perte de la propriété domaniale, c'est-à-dire à une forme d'expropriation : je n'ai pas le temps de développer mais j'essaierai d'y revenir.
Il faudrait que nous soyons, encore mieux que nous le sommes déjà (toujours plus loin dans l'amélioration de nos capacités pour l'avenir glorieux aurait peut-être écrit le camarade Lin Piao), à même d'éviter la pensée hémiplégique. La tendance pelleto-jmarciste n'a pas tort, crois-je pouvoir affirmer, de rappeler ici ou là que les dérives, aberrations, abjections etc. de nos adversaires partent en général de faits avérés. D'un autre côté, comme aurait peut-être dit Lao-Tseu, il y a des moments où l'urgence n'est pas de tenir la balance égale mais d'appuyer très fort de l'autre côté — ce qu'il faudrait pouvoir faire sans oublier tout à fait le premier, toute la difficulté est là.
Citation
Cassandre
Je ne pardonnerai jamais aux ""élites"" de droite comme de gauche de ce pays d'avoir transformé, à force de "millecollinisation", de braves gens qui ne demandaient qu'à tourner la page ou à venir en France pour s'y intégrer paisiblement, en crétins haineux et revanchards.

C'est tout à fait vrai.

J'ai travaillé en Algérie dans les années 80, les "vieux" (c'est à dire les gens qui avaient plus de quinze ans à l'indépendance et donc la quarantaine à ce moment-là ) avaient gardé, somme toute, un bon souvenir de la France tout en étant très fiers d'être indépendants.

Les gouvernements algériens (et les funestes "pieds-rouges" arrivés après 62) ont transformé en boule de ressentiment la jeunesse algérienne formée dans le cadre de "l'arabisation". Les "élites", comme ont dit, mais aussi les hordes de professeurs bien-pensants ont fait de même en France auprès de la jeunesse issue de l'immigration, ne lui parlant que de nos crimes et jamais de nos bonnes choses, et les plaçant vis-à-vis de nous en position de créanciers.
En fait il y a eu rencontre, addition de deux phénomènes : la repentance auto-flagellatrice dont vous parlez et l'échec des pays décolonisés. Mais les deux sont liés car les "mille-collinisateurs" étaient aussi et d'abord la génération du tiers-mondisme qui avait reporté sur le Tiers Monde devenu indépendant le messianisme révolutionnaire pour lequel le dit "Camp socialiste" était devenu un support quelque peu faisandé. Or l'échec du Tiers Monde est devenu très vite évident : les anciennes puissances coloniales, le néo-colonisateur, l'impérialisme, l'Occident en somme, deviennent alors le bouc émissaire idéal. Régimes plus ou moins pourris et ineptes du Tiers Monde et bien-pensants occidentaux s'entendent alors comme larrons en foire pour monter les populations des pays sous-développés contre l'Occident, lesquelles ne sont que trop heureuses de trouver un dérivatif à ce qui est au fond leur propre échec.
Pellet

La station morale est une bien belle chose à contempler. Cependant, ce qui advient dans l'histoire, peut-être pas toujours mais très souvent, lui est étranger. Si je vous dis que l'histoire est l'histoire des rapports de force et des volontés, et que ces rapports de forces n'obéissent presque jamais aux injonctions neutres de la morale, je ne vous dis pas pour autant que doit y triompher la real-politik mais le politique, plus précisément et plus simplement. La barbarie, pendant tous les siècles où elle a ravagé les côtes de l'Europe provenait des côtes barbaresques. Il fallait faire quelque chose, cette chose faite fut politique et s'accompagna d'une violence qui avait été appelée par ces siècles d'exactions. Et des contre-razzias eurent lieu, probablement, comme le rapporte Lamartine, s'accompagnant d'actes qui font injure à la morale et aux sentiments d'humanité, qui ternissent la gloire de la France d'alors et qui seraient aujourd'hui passibles des tribunaux internationaux. Mais ce constat moral n'annule rien, il n'invalide aucunement l'entreprise politique et militaire d'ensemble qui s'inscrivait dans un contexte de belligérance permanente, il n'invalide aucune des décisions qui avaient été rendues nécessaires à plus d'un titre et qu'avaient prises les états-majors. Les excès condamnables dénoncés par Lamartine ne furent que l'écho chez la soldatesque française de pratiques ordinaires sur ce théâtre, qu'une pâle copie des méthodes en vigueur chez l'ennemi, qui de longue date les avait adoptées comme moyens tactiques systématiques. L'horreur des années 1840 avait été provoquée; les moeurs s'adoucirent ensuite avec la pacification, et le cauchemar sanguinaire ne reprit que dans les dernières années de l'Algérie française, toujours provoqué par les mêmes.
Marche :

"Les excès condamnables dénoncés par Lamartine ne furent que l'écho chez la soldatesque française de pratiques ordinaires sur ce théâtre"

Rappelez-moi : qu'étions-nous aller faire sur ce "théâtre" ? Répondre à un coup d'éventail, certes. Mais enfin...

Si nous devons employer les mêmes moyens (en pire parfois mais pas toujours) que nos adversaires, nous ne valons pas mieux qu'eux.

L'honneur de la civilisation européenne, après qu'elle a failli plusieurs sombrer et entraîner avec elle le monde entier, c'est sa capacité à l'auto-critique et ses efforts pour s'élever à la hauteur de ses idéaux sans prendre prétexte des travers des autres civilisations pour ne pas chercher à faire mieux qu'elles.

C'est ce que dit Lamartine, en mille fois mieux bien sûr, et vous le moquiez de façon condescendante.
Citation
Et toutes les études historiques sérieuses montrent que l'administration française, sous la pression des colons, a tout fait pour empêcher qu'aboutissent les rares demandes individuelles d'abandon du statut réel et personnel musulman

Chére Cassandre, est-ce vrai ?
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Je note que les positions que Monsieur Pellet prônent sont toujours d'un classicisme républicain pur. Avant-tout il faut défendre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes cad leur auto-détermination.

Je veux bien mais au moment du débarquement à Alger en 1830 le peuple algérien n'existait pas car il s'agissait d'un territoire disparate en principe soumis à l'autorité du sultan ottoman. Le pays était constitué d'ethnies et de tribus rivales sans la moindre conscience nationale. Le seul coagulant était l'islam.

C'est donc la France qui a crée l'Algérie de toutes pièces.

Dois-je rappeller que cette expédition militaire au départ punitive avait pour but d'arrêter les incursions des pirates d'Alger sur les côtes méditerranéennes francaises ?
« Rappelez-moi : qu'étions-nous aller faire sur ce "théâtre" ? Répondre à un coup d'éventail, certes. Mais enfin...  »

Vous savez bien, cher Rémi Pellet que le coup de l'éventail ne fut qu'un prétexte. La cause était avant tout la volonté de mettre fin une bonne fois aux razzias esclavagistes des Barbaresques, ce que le bombardement d'Alger par la flotte anglaise n'avait pas suffi à obtenir. La conquête et l'annexion de l'Algérie, que l'on peut considérer avec le recul comme une tragique erreur, n'est qu'un sous-produit non planifié initialement de cette expédition parfaitement justifiée.
Ce matin sur la RTL, chronique d'Éric Zemmour sur les rapports entre Hollande et l'Algérie où il est question de ce sujet :


Mais je sais bien cher Marcel Meyer, mais il y a un monde entre une entreprise de rétorsion et une colonisation de peuplement, et c'est cet écart que je voulais souligner en rappelant le mince prétexte officiel de la conquête.

La tentative de légitimation de cette colonisation de peuplement me semble pathétique. Elle est apparue comme telle à certains plus lucides que d'autres, dès le début de l'entreprise, Lamartine que j'ai cité, mais aussi plus tard, quand la République se compromettait à son tour, Clemenceau par exemple, qui répondait à Jules Ferry le 30 juillet 1885 : "Races supérieures, races supérieures, c'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand".

Il me semble important de rappeler les débats qui n'ont cessé d'exister en France sur la légitimité de la colonisation parce qu'ils montrent bien, contrairement à ce que prétendent certains folliculaires, que tous les Occidentaux n'ont pas été aveuglés par les préjugés et la bêtise.

Quand je lis maintenant que la colonisation et les exactions qui l'ont accompagnée se justifiaient parce que les colonisés étaient dépourvus de conscience nationale propre...
Seule est valable, constructive, l'autocritique qui relève d'un surcroît d'objectivité, de lucidité. Si elle s'impose au point d'empêcher de voir et de célébrer les aspects positifs de la civilisation dont elle est issue alors, elle se trahit elle -même.
Clemenceau avait raison s'agissant de la race. Mais à l'époque le mot était employé aussi bien pour culture, pour ethnie ou pour peuple.
La philosophie de la colonisation française n'était pas le mépris pour des populations inférieures par la race mais la sollicitude pour des populations inférieures par la culture à laquelle les hasards injustes de l'histoire les avaient assignées. Le devoir de la France était de corriger cette malchance et de leur apporter les bienfaits de sa civilisation. Quand l'Europe , les USA ou la France se mêlent de faire la guerre partout au nom des Droits de l'homme, ils ne procèdent pas autrement, l'hypocrisie et l'impuissance assurée en plus.
Oui, bien sûr que la notion de "race" était celle que vous dites. Il n'en demeure pas moins qu'il y eut des hommes plus lucides que d'autres sur les prétextes de l'entreprise coloniale et ce n'était pas des marginaux, ce qui prouve bien au passage que la culture européenne n'est pas par "essence" colonialiste ou criminelle (comme l'a écrit Milner, cf. Les penchants criminels de l'Europe démocratique)

"Quand l'Europe , les USA ou la FRance se mêlent de faire la guerre partout au nom des Droits de l'homme, ils ne procèdent pas autrement, l'hypocrisie et l'impuissance assurée en plus."

La comparaison de ce qui fut la politique coloniale de la France et son intervention récente en Libye me paraît caricaturale.

L'Europe, les USA ou la France d'aujourd'hui "n'enfument" plus les combattants ennemis et n'organisent pas la domination politique d'un million de colons sur six millions de colonisés dépossédés de la moitié de leurs terres, les meilleures.
Il est évident que les incursions des pirates ne purent être stoppées que par une occupation du territoire à partir duquel ils opéraient. Cela bien sûr n'entrainait aucunement une colonisation de peuplement durable.

Citation
Quand je lis maintenant que la colonisation et les exactions qui l'ont accompagnée se justifiaient parce que les colonisés étaient dépourvus de conscience nationale propre..

On pleurniche sur nos exactions mais celles exercées contre des innocents (enfants, femmes et vieillards) sont bien sûr toujours justifiées quand il s'agit de libérer "son pays" d'un occupant abhorré.

Mr. Pellet vous êtes une chance pour ce forum.
Qui enfume qui dans ce débat, M. Pellet ?

[fr.wikipedia.org]


J'étais avec mon bataillon dans une colonne commandée par Cavaignac. Les Sbéahs venaient d'assassiner des colons et des caïds nommés par les Français ; nous allions les châtier. Après deux jours de course folle à leur poursuite, nous arrivons devant une énorme falaise à pic [...] Dans la falaise est une excavation profonde formant grotte. Les Arabes y sont, et, cachés derrière les rochers de l'entrée, ils tiraillent contre nous. [...] À ce moment, comme nous nous sommes fort rapprochés, nous commençons à parlementer. On promet la vie sauve aux Arabes s'ils sortent. La conversation fait cesser les coups de fusil. [...] Le capitaine Jouvencourt sort du rocher derrière lequel il est caché et s'avance seul devant l'entrée. [...] Déjà il leur parle, lorsque ceux-ci font une décharge, et il tombe raide mort, atteint de plusieurs balles. Il fallait prendre d'autres moyens. On pétarda l'entrée de la grotte et on y accumula des fagots, des broussailles. Le soir, le feu fut allumé. Le lendemain, quelques Sbéahs se présentaient à l'entrée de la grotte demandant l'aman à nos postes avancés. Leurs compagnons, les femmes et les enfants étaient morts. Les médecins et les soldats offrirent aux survivants le peu d'eau qu'ils avaient et en ramenèrent plusieurs à la vie ; le soir les troupes rentraient à Orléansville. Telle fut la première affaire des grottes. »

Qu'est-ce qu'il fallait faire ? Leur envoyer la négociatrice de l'UE à l'entrée de la grotte pour leur annoncer qu'assassiner des colons, ce n'est pas bien, et qu'abattre un négociateur, c'est très mal et que s'ils continuent comme ça, les responsables de leur rébellion meurtrière pourraient bien se retrouver sur les bancs du Tribunal de la Haye, na... ?

On regrette seulement que les Alliés en Afghanistan n'aient pas imité Cavaignac aux grottes de Tora Bora.
Marche :

Les arabes se demandaient eux comment faire pour ne pas être colonisés par une armée européenne et, bizarrement, ils ont tués des Français, lesquels donc, aux moyens "conventionnels" ajoutèrent alors des procédés qui horrifiaient Lamartine, que vous vous jugez normaux et qui selon vous devraient être utilisés de nos jours, tandis que Cassandre, elle, considère que c'est déjà le cas, malgré nos discours hypocrites. Vous me permettrez de souhaiter que vous ayez tort tous les deux.
Cet enfumage est un épisode de guerre ni plus ni moins affreux que des milliers d'autres dans l'histoire et qui ont été oubliés. A propos : sans parler du nazisme, on connaît le nombre de morts dus au communisme soviétique et au maoïsme, mais aucun nombre jamais n'est avancé concernant le colonialisme français que la bien pensance, où les communistes précisément ne sont pas en reste, assimile pourtant à un crime contre l'humanité. Pourquoi cette étrange lacune ? Serait-ce parce que en comparaison du communisme précisément, cette entreprise menée, elle aussi, au nom du bonheur de l'humanité, il apparaîtrait absolument comme dérisoire ? avec cette différence que le colonialisme, lui, a été effectivement globalement positif ? Et n'est-ce pas pour faire oublier les crimes et l'échec cuisant de cette idéologie de gauche que les faiseurs d'opinion, majoritairement à gauche et dont certains ont été communistes ou compagnons de route du communisme, tentent de criminaliser ce point la période coloniale?
Et puis la suppression de l'esclavage et de la dhimmitude des juifs ne valait-elle pas bien ... non, rien.
Ah j'avais oublié de préciser que sans l'occupation de l'Algérie ottomanne par la France les razzias sur les côtes méditerranéennes et l'asservissement et la vente de citoyens francais auraient joyeusement continué.

Les barbaresques ne pliaient que devant la force supérieure.
Exact aussi.
En somme stigmatiser la colonisation sans stigmatiser d'abord la piraterie barbaresque, les ravages qu'elle causait non seulement en mer mais sur les côtes de l'Europe du sud et les populations terrorisées en particulier par la perspective d'être réduites en esclavage, c'est comme stigmatiser les bombardement de Berlin et de Cologne sans parler du nazisme qui les a motivés.
On sait que les arabes n'ont jamais été des colonisateurs particuliérement respectueux des nations et des civilisations qu'ils détruisaient. Il y a trés longtemps j'avais mis ici ce texte Ibn Khaldoun en ligne.

Les arabes selon Ibn Khaldoun

Ils sont en effet, en raison de leur naturel farouche, gens de pilleries et de brigandage : tout ce dont ils peuvent se saisir sans lutte et sans danger, ils l'enlèvent, puis ils s'enfuient vers leurs pâturages du désert. Ils n'attaquent point ouvertement, ni ne combattent en bataille rangée, à moins d'y être contraints pour leur propre défense : aussi, s'ils se heurtent à une forteresse ou à un endroit qui leur réserve des difficultés, ils les laissent de côté, sans les attaquer, et se tournent vers quelque objet de conquête facile. Les tribus qui se retranchent contre eux dans les rochers des montagnes sont à l'abri de leurs rapines et de leurs violences, car ils n'escaladent point les hauteurs, ni ne s'engagent dans des terrains difficiles, ni ne s'exposent à des dangers pour les atteindre. Quant aux plaines, s'ils peuvent s'en emparer du fait qu'elles sont mal gardées ou que le pouvoir gouvernemental manque de force, elles deviennent leur butin et la proie qu'ils dévorent : ils y multiplient leurs incursions, leurs pilleries et leurs violences, en raison de la facilité qu'elles leur offrent, si bien que leurs habitants finissent par tomber sous leur domination; puis ils se les passent les uns aux autres, et le désordre aboutit à la ruine de leur civilisation : Dieu a puissance sur ses créatures; il est l'Unique, le Coerciteur, et il n'est point d'autre Seigneur que Lui.

UN PAYS CONQUIS PAR LES ARABES EST BIENTÔT RUINÉ


C'est là, en effet, un peuple farouche, chez lequel la rudesse de moeurs s'est ancrée au point de devenir leur tempérament propre et leur naturel; et ils s'y complaisent, parce qu'elle leur permet d'échapper à l'emprise de l'autorité et à la sujétion à un gouvernement. Un tel naturel est incompatible avec la civilisation, et leur interdit de se développer, car errer et être les plus forts sont les seuls buts que leur assigne leur manière de vivre, ce qui interdit la vie sédentaire, de laquelle dépend la civilisation, et est incompatible avec elle. Si, par exemple, ils ont besoin de pierres pour caler leurs marmites, ils en arrachent aux constructions, les ruinant pour en avoir; de même, s'ils ont besoin de bois pour faire des poteaux ou des piquets pour leurs tentes, ils démolissent des toitures pour en avoir : la nature de leur existence est donc incompatible avec l'art de construire, qui est la base de la civilisation. Voilà comment il en va d'eux en général.

En outre, leur naturel est d'arracher aux autres ce qu'ils possèdent : leurs moyens d'existence sont à la pointe de leurs lances, et ils ne connaissent, pour ce qui est de prendre le bien d'autrui, aucune limite à laquelle ils se tiennent; au contraire, chaque fois que leurs yeux tombent sur un troupeau, un objet, un ustensile, ils se l'approprient de force. Si, ayant pris le dessus et s'étant adjugé l'autorité souveraine, ils ont toute latitude de se comporter ainsi, il n'est plus aucun moyen administratif de protection de la propriété, et la civilisation est ruinée.

Également, ils obligent les artisans et les corps de métier à des travaux sans leur en verser le salaire et le juste prix. Or le travail est, comme je l'exposerai, la véritable source de la richesse; si donc le travail est vicié, du fait qu'il n'est pas plus profitable, l'espoir en la richesse s'évanouit, les bras cessent le travail, l'ordre établit se dérange, et la civilisation se corrompt.

De plus, ils n'ont aucun souci de gouverner, d'empêcher les gens de mal faire et de les protéger les uns des autres : la seule chose dont ils se préoccupent, c'est ce qu'ils arrachent aux autres, soit par le pillage, soit par des extorsions. Parvenus à ce but, ils ne voient pas loin : nulle préoccupation d'améliorer la situation de la population, de veiller à ses intérêts, d'empêcher certains de mal faire. Souvent, il est vrai, ils infligent des amendes pécuniaires, espérant en tirer profit, en exigent des sommes considérables, comme ils s'y entendent, mais cela ne suffit pas pour empêcher de mal faire et arrêter ceux qui ont de mauvais desseins. Au contraire, car en la matière une amende pécuniaire pèse en regard de la réalisation des desseins.

C'est pourquoi leurs sujets restent, sous leur domination, comme privés de gouvernement, sans personne pour les régir, et l'absence de gouvernement est la perte de l'humanité et la ruine de la civilisation, en vertu de ce que j'ai exposé, à savoir que l'existence de l'autorité souveraine convient particulièrement à l'homme, et lui est naturelle, et qu'il ne peut avoir en dehors d'elle d'existence et de vie sociale.

En outre, tous parmi eux aspirent à commander : il est extrêmement rare que l'un d'eux consente à abandonner l'autorité à un autre, fût-il son père, son frère, ou le principal de sa famille, et encore n'agit-il ainsi qu'à contre-coeur et par respect humain. Si bien qu'un grand nombre d'entre eux sont pourvus d'autorité et de pouvoir, qui pressurent et tyrannisent concurremment leurs sujets, et c'est la ruine et la fin de la civilisation.

Un Arabe venu en députation auprès de `Abdalmalik, comme celui-ci s'informait auprès de lui d'al-Hajjaj, lui répondait (et dans son esprit c'était là faire l'éloge de la manière dont il gouvernait et rendait prospère sa province) : « Quand je l'ai quitté, il ne faisait de tort qu'a lui-même».

Aussi, considère tous les pays qu'ils ont conquis et assujettis depuis la Création : tu verras combien leur civilisation est disloquée, leurs habitations appauvris; leur terre elle-même est transformée. Au Yamen, tous les établissements sédentaires sont ruinés, à l'exception de quelques villes. Dans l'Irak Arabe il en va de même : la civilisation que les Perses y avaient développé est ruinée pour sa plus grande part. En Syrie, de nos jours, il en va de même. En Ifriquiya et au Maghreb, depuis que les Banou-Hilal et les Banou-Soulaïm y sont passés, au début du Ve siècle, et se sont acharnés sur ces pays pendant 350ans, toutes les plaines sont ruinées, alors qu'autrefois su Soudan jusqu'à la Méditerranée tout était cultivé, comme l'attestent les vestiges qui s'y trouvent : monuments, constructions, traces de fermes et de villages. Dieu recevra en héritage la terre et ceux qu'elle porte :«Il est le meilleur des héritiers» (Coran, 21, 89).


DE TOUT LES PEUPLES LES ARABES SONT LE PLUS INCAPABLE DE GOUVERNER.


La cause en est qu'ils sont le plus bédouin de tous les peuples, celui qui erre le plus profondément à l'intérieur des déserts, celui qui sait le mieux se passer des objets de première nécessaire et des grains des régions cultivées, tant ils sont accoutumés à une vie dure et grossière, si bien qu'ils se suffisent à eux-mêmes. Leur goût et la rudesse de leurs moeurs font qu'ils n'acceptent que difficilement d'être soumis les uns aux autres; lorsque leur chef fait appel à eux, c'est le plus souvent à cause de l'esprit de corps qui les pousse à assurer leur commune défense, et il est obligé de n'exercer son autorité qu'en les ménageant et se garder de les contrarier, de peur de voir cet esprit de corps lui manquer, ce qui serait sa perte et la leur : or l'art de gouverner un empire ou un royaume exige que celui qui gouverne contienne par la force ses sujets dans leur devoirs, sinon il ne gouvernera pas correctement. En outre, il est du naturel des Arabes, comme je l'ai déjà dit, d'arracher aux autres ce qu'ils possèdent en propre, et ils ne s'occupent de rien d'autres. Si donc ils deviennent les maîtres d'un peuple quelconque, le but qu'ils assignent à leur domination est d'en profiter pour lui prendre ce qu'il possède, et ils négligent tout autre souci gouvernemental. Souvent ils remplacent par des amendes pécuniaires les châtiments corporels destinés à punir les mauvaises actions, se proposant d'augmenter par là leurs revenus et de profiter d'avantage : pareille pratique est incapable de contenir les hommes dans leur devoir, et souvent même elle pousse au mal, car celui qui a dessein de mal faire considère ce qu'il doit débourser de la sorte comme de peu d'importance en regard de ce que lui assure la réalisation de son dessein; en ****équence, les crimes se multiplient, ce qui amène la ruine de la civilisation. Un tel peuple reste donc comme s'il était dépourvu de gouvernement, chacun cherche à voler le voisin, la civilisation ne peut plus se développer correctement et est rapidement ruinée par l'anarchie, comme j'ai déjà dit.
Il peut arriver parfois qu'ils s'assujettissent des États faibles, comme c'est aujourd'hui le cas au Maghreb, mais ils n'aboutissent alors qu'à ruiner la civilisation des pays dont ils se sont emparés
Les Arabes du Maghreb étaient sans doute le peuple le moins colonisable de la terre et il est probable qu'ils soient restés tels. Ce sont des guerriers farouches, cruels et infatigables, eux-mêmes des conquérants. Pourquoi diable la France s'est-elle lancée dans cette "colonisation" sur un peuple aussi fier et rétif, auquel aucune autre puissance coloniale autre n'ait jamais pu passer le joug, qu'il s'agisse des Italiens, qui s'y sont essayés, ou des Anglais, qui renoncèrent à s'y essayer ? La France aurait-elle tenté, et pendant des décennies, réussi, pareille folle aventure pour le seul blé de la plaine de la Mitidja ? Ou bien l'a-t-elle fait pour d'autres raisons qui, elles, ressortissent à une autre sphère que l'économie ?

Si n'êtes ni sot ni complètement marxiste Monsieur Pellet, vous devez vous enquérir des mobiles historiques, politiques et même philosophiques qui furent à l'origine de cette singulière aventure française, et l'analyser à l'aune de critères autres que ceux du matérialisme ("s'emparer de terres fertiles") inadéquats en vous débarrassant de l'irénisme et de l'anachronisme qui caractérisent votre approche.
Voici un article intéressant d'Olivier Pétré-Grenouilleau sur les esclaves chrétiens en Afrique du Nord. Voici un sujet qui a été longtemps ignoré en Europe, et très peu étudié.

L'Esclavage des blancs. Pourquoi ce silence sur cette réalité?
Olivier Pétré-Grenouilleau, Professeur à l’université de Bretagne-Sud (Lorient)

On l’ignore totalement : au XVIe siècle, les esclaves blancs razziés par les musulmans furent plus nombreux que les Africains déportés aux Amériques. L’historien américain Robert C. Davis restitue les pénibles conditions de vie de ces captifs italiens ou espagnols*.

On a pris aujourd’hui la mesure de la traite des esclaves noirs organisée par les négriers musulmans à travers le Sahara, ainsi qu’en direction du Moyen-Orient et des régions de l’océan Indien (1). On sait aussi que l’affrontement entre l’islam et la chrétienté a alimenté en maures et en chrétiens les marchés d’esclaves des deux côtés de la Méditerranée médiévale.
Mais si des travaux, maintenant assez nombreux, avaient permis d’éclairer la question de l’esclavage dans les pays chrétiens, et notamment dans la péninsule Ibérique, on ne savait pas grand-chose de la condition réelle des esclaves chrétiens dans les États “ barbaresques ” d’Afrique du Nord. Une histoire souvent obscurcie par la légende.
Professeur d’histoire sociale italienne à l’université d’État de l’Ohio, Robert C. Davis nous en livre désormais, dans un ouvrage remarquable, une approche véritablement scientifique. Le fruit de dix ans de travail, principalement en Italie.
Car l’Italie, “ œil de la chrétienté ”, fut sans aucun doute, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la région la plus touchée par les raids des Barbaresques, ou Africains du Nord. Des villages y furent sinistrés, des activités (comme la pêche) entravées, des esprits et des sociétés durablement secoués. La Méditerranée devenant “ la mer de la peur ”, nombre d’Italiens auraient alors délaissé les littoraux pour s’installer plus loin, vers l’intérieur. A propos des effets à long terme de ces razzias, l’auteur va jusqu’à parler de “ désastre social et psychologique ” – une question qui mériterait sans doute des études plus étoffées.

Un million d’esclaves entre 1530 et 1780

Les causes de l’esclavage des chrétiens sont tour à tour mentionnées par Robert C. Davis : la Reconquista, le désir, de la part des musulmans, de prendre une revanche sur les croisades, l’appât du gain. Mais ce qui l’intéresse, c’est surtout la question des conditions de vie de ces esclaves. Une question qui fut l’un des thèmes porteurs de l’historiographie consacrée à l’esclavage américain, et que Robert C. Davis tente d’appliquer, ici, à l’esclavage musulman.
Difficile d’estimer le nombre des esclaves blancs dans les pays barbaresques. On ne dispose que de données partielles, d’époques différentes, qu’il faut recouper avec soin. Parfois même se contenter de projections.
Contre Fernand Braudel, qui en avait minimisé l’ampleur (2), tout ce travail conduit l’auteur à une nouvelle pesée du phénomène. Estimant à environ 15 % le taux de mortalité des esclaves déjà plus ou moins acclimatés à leur nouvelle condition, il évalue entre un million et 1250000 le nombre d’esclaves blancs détenus, entre 1530 et 1780, sur un territoire s’étendant de l’Algérie à la Libye actuelles. Au XVIe siècle, il y avait donc annuellement plus d’esclaves blancs razziés que d’Africains déportés aux Amériques.
90 % au moins de ces esclaves blancs étaient des hommes. Et comme on ne leur laissa guère l’occasion, de fait, d’avoir une descendance, la seule chose d’eux qui aurait pu leur survivre est le produit de leur travail, du moins pour ceux qui étaient affectés à de grandes tâches étatiques : construction de digues, de fortifications, de ports, de rues ou encore de palais. Mais une bonne partie de ces constructions a disparu. Cette institution, qui dura pourtant près de trois siècles, n’a donc laissé pratiquement aucune trace perceptible. “ L’autre esclavage ”, écrit Robert C. Davis, est ainsi devenu “ l’invisible esclavage ”.
Au XVIe siècle, de vastes opérations militaires étaient menées par les États barbaresques, jusqu’à l’intérieur des terres ennemies pour se procurer des esclaves. Mais, à partir des premières décennies du XVIIe siècle, les captifs blancs furent surtout le produit d’opérations corsaires privées. La valeur des esclaves pouvait représenter entre 20 et 100 % de celle des autres prises, navire et marchandises inclus. Aussi les Barbaresques s’occupaient-ils directement, non seulement de capturer les esclaves, mais aussi de les transporter et de les vendre.
L’appât du gain était renforcé par l’arrière-plan conflictuel entre chrétienté et islam. Sinon, comment comprendre l’horreur toute particulière que les cloches des églises des villages qu’ils razziaient inspiraient aux corsaires – dont certains étaient des chrétiens renégats ? Des cloches qu’ils déposaient souvent, et parfois emportaient avec eux – le bronze n’étant pas sans valeur. La violence exercée lors de ces raids avait également une tonalité en partie symbolique qui permettait d’entretenir la crainte des populations littorales.
Même chose pour les humiliations infligées dès leur capture aux nouveaux esclaves : obligation de se dénuder, administration de coups à l’aide de cordes à nœuds, puis, à leur arrivée à bon port, défilé des nouveaux asservis destiné à officialiser le triomphe de leurs nouveaux maîtres. Ainsi désocialisés, les esclaves étaient plus facilement soumis.
D’abord un peu mieux traités, afin qu’ils s’acclimatent correctement, ils étaient ensuite orientés vers des activités variées, allant du travail dans les orangeraies de Tunis au service domestique. Néanmoins, la plupart se voyaient confier des tâches particulièrement dures : galères, extraction et convoyage de pierres, construction, etc. Et aucun “ code blanc ” (à l’imitation du fameux code noir appliqué dans les Antilles françaises), même symbolique, ne venait limiter le pouvoir du maître sur son esclave “ infidèle ”.
Certains captifs jouissaient cependant d’un certain degré de liberté On leur demandait seulement de ramener, chaque matin, une certaine somme d’argent à leur maître ; système rappelant celui, dans les Antilles, des “ nègres à talents ” loués à des entrepreneurs. Le vol pouvait alors être à la fois acte de résistance et moyen de survivre au sein du système esclavagiste.

Cervantès captif des Barbaresques

Souvent, les esclaves chrétiens travaillaient comme domestiques au service de familles musulmanes. Mais ce type d’esclavage déclina plus rapidement que celui organisé au bénéfice des États barbaresques. Au point que, à la fin du XVIIIe siècle, la moitié des esclaves chrétiens d’Alger vivaient dans des bagnes publics. Les conditions d’existence y étaient extrêmement dures : il y régnait un climat de violence, notamment sexuelle, les geôliers étant accusés d’y favoriser, contre paiement, des pratiques sodomites.
Les captifs qui pouvaient faire l’objet d’une forte rançon échappaient vite à ces conditions d’existence. D’autres pouvaient être rachetés au bout de quelques années. Ce qui fut le cas de Miguel de Cervantès (1547-1616), l’auteur de Don Quichotte, esclave des Barbaresques entre 1571 et 1580. La chose devint théoriquement plus facile avec le temps, car des institutions religieuses spécialisées dans le rachat des captifs furent organisées de l’autre côté de la Méditerranée ; en Italie, des sommes importantes furent mobilisées pour le paiement des esclaves chrétiens.
La durée de captivité s’étendait ainsi, dans nombre de cas, de cinq à douze ans au maximum. Le taux de mortalité, cependant, demeurait élevé. Beaucoup d’esclaves n’avaient donc que peu d’espoir de retourner, un jour, chez eux.
O. P.-G.

Notes
* Robert C. Davis, Christian Slaves, Muslim Masters. White Slavery In The Mediterranean , The Barbary Coast And , 1500-1800, Basingstoke , Palgrave Macmillan, 2003.
1. Cf. “ La vérité sur l’esclavage ”, spécial, L’Histoire n° 280.
2. La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 9e éd., 1990
Comme je ne veux pas laisser à l'excellent Rémi Pellet le monopole de la gauche du parti, je me livre à une sorte de surenchère en citant le jeune Engels :
Article de Friedrich Engels, correspon­dant parisien du du journal anglais /Northern Star/, 22 janvier 1848*

"En somme, à notre avis, c'est très heureux que ce chef arabe [Abdel ­Kader] ait été capturé. La lutte des bédouins était sans espoir et bien que la manière brutale avec laquelle les soldats comme [Thomas] Bugeaud ont mené la guerre soit très blâmable, la conquête de l'Algérie est un fait important et heureux pour le progrès de la civilisation.
Les pirateries des Etats barbaresques, jamais com­battues par le gouvernement anglais tant que leurs bateaux n'étaient pas molestés, ne pouvaient être sup­primées que par la conquête de l'un de ces Etats. Et la conquête de l'Algérie a déjà obligé les beys de Tunis et Tripoli et même l'empereur du Maroc à prendre la route de la civilisation. Ils étaient obligés de trouver d'autres emplois pour leurs peuples que la piraterie et d'autres méthodes pour remplir leurs coffres que le tribut payé par les petits­ Etats d'Europe.
Si nous pouvons regretter que la liberté des bédouins du désert ait été détruite, nous ne devons pas oublier que ces mêmes bédouins étaient une nation de voleurs dont les moyens de vie principaux étaient de faire des razzias contre leurs voisins ou contre les villages paisibles, prenant ce qu'ils trouvaient, tuant ceux qui résistaient et vendant les prisonniers comme esclaves.
Toutes ces nations de barbares libres paraissent très fières, nobles et glorieuses vues de loin, mais approchez seulement et vous trouverez que, comme les nations plus civi­lisées, elles sont motivées par le désir de gain et emploient seule­ment des moyens plus rudes et plus cruels.
Et après tout, le bourgeois moderne avec sa civilisation, son industrie, son ordre, ses « lumières » relatives, est préférable au seigneur féodal ou au voleur maraudeur, et à la société barbare à laquelle ils appartiennent."
Grand merci Petit-Détour ! Comme on dit à l'Académie: ça fait du bien par où ça passe.
Je vous en prie cher Francis. Inutile de préciser qu'en ces temps où l'idéologie postcoloniale domine, Marx et Engels (mâles blancs islamophobes) ne sont plus du tout en odeur de sainteté dans une certaine gauche.
En plein dans le mille lieber Kleiner-Umweg. Marx était un horrible réactionnaire.
De deux choses l'une : si l'on croit à un progrès possible de l'humanté, en admettant, toutefois, qu'il ne peut être que modeste, relatif et ne résulter que d'une politique du moindre mal, alors la colonisation française de l'Algérie a bien constitué un progrès par rapport à la civilisation des populations colonisées. Et Engels a parfaitement raison.

En revanche si l'on affirme que toutes les civilisations, les identités culturelles, se valent, que chacune est sortie entièrement constituée et parfaite de la nuit des temps comme Athéna toute armée du cerveau de Jupiter, alors il faut rayer du vocabulaire la notion de progrès qui pourtant fait partie, justement, des fondamentaux de la gauche et laisser chaque civilisation, chaque communauté culturelle à son soi-mêmisme borné.
Bien entendu, contrairement à ce qu'on me fait dire, je n'ai jamais écrit que le désir de profit avec été le motif premier de la colonisation de l'Algérie. Colonisation de peuplement cependant il y eut qui s'accompagna de la domination politique et économique d'une petite minorité européenne sur une grande majorité de musulmans indigènes. Cette colonisation fut-elle rentable ? C'est un autre débat que la lecture d'une thèse récente me conduira à rouvrir ici d'ici peu.

Par ailleurs, je ne crois pas que Lamartine ait été anachronique dans sa façon d'aborder la colonisation sous l'angle des droits de l'Homme...

Enfin, je ne crois pas non plus que le jugement sur la colonisation algérienne tienne dans les deux branches de l'alternative néo-engelsienne que propose Cassandre, ou bien progrès colonial, ou bien soi-mêmisme borné de celui qui refuse d'être colonisé.

Je me sens de plus en plus néo-colonisé, je ne l'accepte pas et je ne me trouve pas soi-mêmiste pour autant.

L'alternative est plutôt celle-ci : ai-je le choix ou non du progrès en question (colonisation de l'Algérie ; néo-colonisation de la France) ?

Le point commun entre le musulman indigène de l'Algérie coloniale et du Français néo-colonisé, c'est que "le progrès" ("la colonisation comme accès à la civilisation" / "l'immigration chance pour la France") lui a été imposé.

Ergo : la tentative de résistance et de libération nationale me semble aussi bien justifiée chez le néo-colonisé, qu'elle l'était chez l'ex-colonisé. Les deux peuvent d'ailleurs très bien se comprendre s'ils sont sincères puisqu'ils ont interverti leurs rôles.
"Le point commun entre le musulman indigène de l'Algérie coloniale et du Français néo-colonisé, c'est que "le progrès" ("la colonisation comme accès à la civilisation" / "l'immigration chance pour la France") lui a été imposé."

Je suis d'accord sauf que l'immigration, enfin la principale, non seulement a été imposée à la France mais encore représente tout le contraire d'un progrès, alors que la colonisation française au moins ... non, rien.
"non rien..." : il me semble que c'est toujours le point de vue du colonisé qui doit prévaloir parce que le colonisateur peut toujours faire valoir d'excellentes raisons à sa domination (progrès sanitaire et scolaire / chance économique et diversitaire)
À ses interlocuteurs et confidents favorables à l'Algérie française, le général de Gaulle rétorquait habituellement, en substance, que les Algériens (musulmans) ne seraient jamais des Français comme les autres, ne s'assimileraient jamais et que la France risquait d'y perdre son âme : n'est-ce pas, sous une forme plus inattendue, ce qui est en train de lui arriver ?
Sans doute, hélas, cher Marcel.

Et pourtant, paradoxalement, je suis de ceux qui pensent qu'en Algérie, la Fance était sur le point de réussir la quadrature du cercle jamais réussie nulle part au monde, sauf peut-être à un certain moment au Liban : une civilisation vraiment métissée culturellement entre musulmans et non musulmans.

La "nature" chaleureuse, généreuse des Pieds- Noirs a fait très vite tomber les préventions qu' à partir des années 61-62 une propagande scandaleuse avait fait naître à leur encontre. Or cette chaleur, cette générosité, ce sens du geste dans les rapports humains, ils l'avaient empruntée en grande partie aux Arabes ( sans parler de leur gestuelle et de leur accent ) que contrairement à la légende et aux Anglais en Inde ou ailleurs, ils fréquentaient beaucoup. Et ils n'eussent pas hésité à se marier avec des Algériennes si les musulmans avaient accepté que leurs femmes s'unissent à des Roumis. Inversement nombre de musulmans avait appris au contact des Français le goût du travail et du travail bien fait. D'autre part les Pieds- Noirs au contact de la rigueur des moeurs musulmanes sans être le moins du monde puritains s'interdisaient de verser dans le dévergondage, mais de leur côté les Arabes commençaient à se montrer plus libéraux pour leurs femmes. Etc, Etc ... J'ai vu souvent, après l'indépendance, beaucoup de coopérants prendre des Pieds- Noirs ( ils étaient restés nombreux assez longtemps à Blida) pour des Arabes, et, en effet, on pouvait s'y tromper.
Je me rappelle que certains coopérants gauchistes dépités de la complocité qu'ils découvraient entre Pieds- Noirs et Arabes (surtout lorsqu'il s'agissait de se payer la tête ou de faire marcher les nouveaux arrivants) avaient pris en grippe ... les Algériens !


"parce que le colonisateur peut toujours faire valoir d'excellentes raisons à sa domination "

Et pourquoi le colonisateur devrait-il s'interdire de faire valoir ses raisons surtout si elles sont objectivement bonnes et surtout si le colonisé en fait valoir dde mauvaises ou d emensongères à son encontre ?
"Et pourquoi le colonisateur devrait-il s'interdire de faire valoir ses raisons surtout si elles sont objectivement bonnes et surtout si le colonisé en fait valoir dde mauvaises ou d emensongères à son encontre ?"

Parce que c'est toute la différence entre une proposition d'aide, contractuelle en somme, et le fait de soumettre le colonisé à la vérité du colonisateur.

Il n'appartient pas à un peuple d'imposer à un autre ce que doivent être les voies de son bonheur, même si le colonisateur trouve que le colonisé est de mauvaise foi.

Je suis bien persuadé que les Algériens sont moins heureux cinquante ans après leur indépendance qu'ils ne l'auraient été si la présence française avait pu perdurer, sous une forme bien différente évidemment de ce qu'elle avait été pendant 130 ans, cependant c'était à eux d'en décider, pas au colonisateur.

J'aimerais qu'il en soit de même aujourd'hui, que l'Algérie ne cherche pas à m'imposer "la chance de bénéficier" de son émigration et qu'elle ne trouve pas que mes arguments sont de mauvaise foi ou mensongers si je la refuse.
Est-ce par trop simplifier que d'opposer les tenants de l'histoire-procès et les tenants de l'histoire-récit ? Les premiers se diviseraient en deux ailes : le parti sentimental de la repentance et le parti rationnel de la justice (représenté ici par Jean-Marc et Rémi Pellet). Les seconds se diviseraient également en deux ailes : le parti rationnel de la lucidité et le parti sentimental du mythe.

Sauf erreur, Jean-Marc et Rémi Pellet pensent que la poursuite de l'histoire exige un procès juste de la colonisation de l'Algérie. Les autres intervenants refusent qu'un procès soit ouvert par égard pour la vérité du récit.
» Le point commun entre le musulman indigène de l'Algérie coloniale et du Français néo-colonisé, c'est que "le progrès" ("la colonisation comme accès à la civilisation" / "l'immigration chance pour la France") lui a été imposé

Enfin, la tête de pont de ce mouvement, son impulsion première et même la superstructure de l'ouvrage ont bien été commanditées et mises en place par la France, sous la forme d'une main-d'œuvre étrangère massivement importée, puis tout officiellement ratifiées et élargies avec le regroupement familial, si je ne me trompe. C'était toujours au nom du progrès, mais chez soi.
Les Barbaresques, au moins, farouches rapineurs jaloux de leur sauvagerie, n'ont jamais invité personne.


» il me semble que c'est toujours le point de vue du colonisé qui doit prévaloir parce que le colonisateur peut toujours faire valoir d'excellentes raisons à sa domination

Mais y a-t-il jamais eu de colonisé réellement consentant ?... Le seul fait d'avoir été colonisé implique presque nécessairement que l'on se fichait royalement de son point de vue...
Pierre-Henri, vous oubliez les tenants de la psychanalyse collective : "Ne refoulons plus le traumatisme douloureux, et tout ira bien entre les communautés."
Il y a d'ailleurs un précédent souvent cité à l'appui de ce raisonnement : "Les Allemands ont reconnu pleinement les crimes du nazisme et se sont repentis. La France doit reconnaître ses crimes coloniaux et autres, et pourra enfin naître une relation apaisée avec les ex-colonisés."
La repentance est censée ouvrir la voie à une entente réelle, sans non-dits.
d'une main-d'œuvre étrangère massivement importée

"importée" est abusif cher Alain. Elle fut invité et non importée, ce dernier terme connote une passivité foncière et une réification de la matière importée étrangère aux faits. L'émigration algérienne vers la France ne fut jamais forcée, autant qu'on sache.

Les Barbaresques, au moins, farouches rapineurs jaloux de leur sauvagerie, n'ont jamais invité personne.

Non, certes, ils n'invitaient pas, à proprement parler, leurs victimes ramenées chez eux après avoir été saisies en mer ou sur nos côtes.

Et s'il est vrai qu'ils n'ont, dans l'absolu, jamais invité personne, en revanchent ils s'invitent, encore et toujours et en des flux à la mesure de leur prétention de conquête à laquelle les autorise notre passivité.
» Elle fut invité

Moui, Francis, enfin, la cordiale invitation de l'Etat et des entreprises françaises à venir contribuer à l'effort de reconstruction du pays, if you please... ; puis les conditions de recrutement (par des sortes de rabatteurs ?), d'acheminement, de regroupement, de parquage, dans des centres d'hébergement accueillants et très proches de la nature, ma foi, cela contribue un peu à la "réification" de la chose...
Mais je suppose, en effet, qu'y z'avaient qu'à pas venir.
Quand bien même... la présence en France et la qualité de citoyens français des travailleurs "importés" des Trente glorieuses et un peu au-delà ne sont nullement mises en cause ici, de même que leur droit à prendre leur retraite en France entourés des leurs. Ce qui est en cause, c'est l'intarissable flux de faux ayants-droits qui a suivi et leurs prétentions à continuer sur le sol français leur manière d'être exotique en y ajoutant de forte velléités de les imposer aux populations indigènes, lesquelles n'y aspirent aucunement et n'ont aucunement besoin d'eux. Les deux phénomènes sont dissociés dans les faits. Les premiers sont des Français légitimes; les seconds des usurpateurs d'identité nationale.
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