Une impression des communiqués en vue de leur diffusion sous forme de tracts est-elle autorisée ?
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La méthode des “gauchistes” consiste à surfer sur la vague. Répondant à l'attente de l'époque, tout est facile pour eux : ils peuvent bousculer les prêtres de Notre Dame sans avoir à répondre de profanation ou de racisme, et pour cause, l'époque ne voit là ni profanation ni racisme ; ils peuvent énoncer des obscurités (interdit d'interdire...) sans avoir à s'expliquer, et pour cause, l'époque sentant que cela sonne juste se passe de comprendre pourquoi. Rien d'étonnant qu'ils remportent les débats, qu'ils paraissent plus vifs, plus sûrs : la langue n'est pas neutre, elle précède leur pensée, les dispensent de penser.
Utiliser les mêmes méthodes quand on fend la vague n'est-il pas voué à l'échec ? Les symboles dissidents ne sont pas aimés : des hommes déguisés en nonnes sur le parvis d'une église fait rire, un groupe de jeunes Européens sur le toit d'une mosquée fait peur. Les projets ne sont pas compris : les uns rêvent (à la plage sous les pavés), les autres seraient seulement hostiles (mais que voulez-vous ?), les uns pensent, les autres seraient de droite...
Les dissidents en sont réduits à réclamer des champions (ah ! si seulement Francis Marche...) pour les défendre. Dans l'hypothèse où Francis Marche réussissait l'exercice (c'est possible, Paul Marie Coûteaux invité des Matinales y est parvenu), il n'y aurait aucune raison de se réjouir car les Francis Marche ne courent pas les rues. Or, plus encore que l'intolérance officielle, c'est l'incapacité de défendre ses vues qui condamne à l'opprobre les dissidents. C'est moins la peur des censeurs que celle de leur propre incapacité à les contrer qui paralyse les dissidents. Prenons un exemple. Qu'est ce qu'un peuple ? La vague apporte aussitôt la réponse comme une évidence : l'ensemble des gens qui vivent dans un même pays. Le progressiste donne donc sans peine la réponse, celle qui justifie la-France-pour-tous. Pendant ce temps, notre dissident, même brillant, tourne sa langue dans la bouche, prépare une longue réponse, s'énerve et passe pour être confus, sinon incapable de dire ce qu'il veut. Mais que voulez-vous, une nation aux yeux bleus ? s'impatiente le sémillant progressiste qui, fatigué d'attendre, lui souffle la réponse.
La langue n'est pas neutre, l'histoire non plus. Pourquoi exciper de l'année 732, si cette date n'évoque rien ou rien de bon, la violence des siècles passés par opposition à l'irénisme contemporain ? La dissidence ne court-elle pas le risque de travailler à perte à faire des coups d'éclat avant de pouvoir les défendre, avant d'avoir en poche son petit livre rouge, son petit dictionnaire de la réplique ?
On peut distinguer trois strates : la langue (dictionnaire “oecuménique” de la réplique), le discours (dimension littéraire des communiqués), le haut parleur (observatoires tel Polémia et manifestations pour demander, devant les salles de rédaction qui dénaturent la démocratie, un référendum).
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Au sujet des symboles, la fameuse silhouette du Che me fait penser que L'Angélus de Millet, traité de la même façon, ferait un bel emblème.