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Ce qu'ils savaient

Envoyé par Philippe Versini 
30 octobre 2012, 10:47   Ce qu'ils savaient
Il y a deux ans, j'avais polémiqué avec Marcel Meyer à propos de l'attitude de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale et du comportement des alliés vis à vis de l'extermination des juifs.
France 3 a diffusé un documentaire très intéressant qui accuse les alliés d'indifférence presque complice et de silence accablant pendant la seconde guerre mondiale: ils auraient pu sauver une partie des juifs assassinés !

Ce qu'ils savaient.
30 octobre 2012, 11:09   Re : Ce qu'ils savaient
France 3 a diffusé un documentaire très intéressant qui accuse les alliés d'indifférence presque complice et de silence accablant pendant la seconde guerre mondiale


Il ne faut tout de même pas oublier qu'ils combattirent les nazis, a priori le moyen le plus efficace, et qu'une très large part des Juifs fut tuée par les Einsatzgruppen.

Je ne comprends pas cette fureur de ré-écrire l'histoire.
30 octobre 2012, 11:51   Re : Ce qu'ils savaient
Manuscrit de feu M. Jérôme (1825), Livre premier, chapitre II (auteur Antoine Français).

Résumé : en 1793, 94 ou 95 (aucune date n'est indiquée), quatre "révolutionnaires", sentant le vent tourner et désireux de ne pas se faire couper en deux, se réfugient dans les Alpes (Alpes du Sud, département des Hautes-Alpes). Au moment où ils approchent de la chaîne frontière, ils mettent en accusation l'humanité tout entière.

"En portant nos regards sur ces sommités que les fureurs de la guerre ont souvent abreuvées de sang et que le printemps couronne tous les ans de fleurs, combien nous déplorâmes l’ambition des princes qui portent leurs armes dans des contrées éloignées et l’aveuglement des peuples qui, pour un peu de gloire, se forgent de honteuses chaînes !
Nous évoquâmes tous les souvenirs de l’histoire, nous appelâmes à comparaître devant nous les perturbateurs de la terre et ceux qui, à diverses époques, ont sans nécessité franchi ces barrières et se sont débordés comme des torrents dévastateurs. Nous accusâmes Brennus et les Gaulois, César et la République romaine. Nous accusâmes Rome de retenir encore aux jours de sa faiblesse l’empire qu’elle dut jadis à sa haute civilisation et à l’habileté de ses armes. Nous sommâmes ces grands coupables de paraître, de s’expliquer, de nous répondre : nul ne comparut, mais fidèles au code éternel de la morale, nous les jugeâmes dans la rigueur du droit comme des contumaces obligés."

Ces "révolutionnaires" amers ou déçus ou pleins de ressentiment étaient les Madame Balibar et autres accusateurs publics et refaiseurs d'histoire de tous nos services publics - d'information, d'enseignement, de recherche. En 1795, ils étaient quatre. Aujourd'hui, ils sont des dizaines de milliers. Les révolutions avortées mettent au monde des monstres par milliers.
30 octobre 2012, 12:42   Re : Ce qu'ils savaient
Les révolutions avortées mettent au monde des monstres par milliers.

Ha, ce ventre fécond...
30 octobre 2012, 15:57   Re : Ce qu'ils savaient
Citation

Je ne comprends pas cette fureur de ré-écrire l'histoire.

Mais regardez le documentaire avant de dire des bêtises ! Ensuite vous pourrez le critiquer...
A la lueur de documents devenus publics et grâce à une enquête qui m'a paru sérieuse, les auteurs s'interrogent sur le comportement des alliés pendant la seconde guerre mondiale.
Il ne s'agît, en aucun cas de réécrire l'Histoire mais on a quand même le droit de poser des questions soixante-dix ans après les faits, car jusqu'à présent le sujet était quasiment tabou.
Un seul exemple : les alliés ont fait le choix de ne pas bombarder le camp d'Auschwitz afin de ne pas tuer les déportés, mais ils n'ont pas hésité à bombarder des villes françaises en tuant des dizaines de milliers de personnes !
En bombardant ce camp, ils auraient enrayé la machine de mort allemande et peut-être sauvé des vies.
Je pense qu'il est légitime de se poser la question.
30 octobre 2012, 16:00   Re : Ce qu'ils savaient
Je vois très bien ce genre d'émission. Je suppose que la suivante sera le rôle trouble du Général dans l'écrasement de la manifestation d'octobre 61.
30 octobre 2012, 16:23   Re : Ce qu'ils savaient
L'interrogation n'est certes pas illégitime, elle n'est pas non plus nouvelle. D'autant moins nouvelle que depuis l'époque même des événements elle est présente, y compris dans les médias. Je me souviens notamment d'une excellent documentaire de la BBC datant des années soixante, sérieux et approfondi, comme les Anglais savaient les faire, qui en traitait de façon très complète.

Ce qui est certain c'est qu'on n'a pas fait le tour de la question lorsque l'on dit, comme l'a fait Roosevelt à maintes reprises à ceux qui le suppliaient de faire quelque chose, que gagner la guerre était le meilleur moyen de venir en aide aux Juifs — ce qui était à la fois une évidence et parfaitement inadéquat, l'entreprise de destruction des Juifs dans l'Europe occupée étant pour l'essentiel achevée dès l'automne 44.
30 octobre 2012, 16:52   Re : Ce qu'ils savaient
Exactement, Marcel.

Les reportages BBC peuvent être vus sur YouYube et copiés grâce à download helper.
30 octobre 2012, 19:05   Re : Ce qu'ils savaient
Ce qui est certain est qu'on n'a pas fait le tour de la question lorsque l'on dit, comme l'a fait Roosevelt à maintes reprises à ceux qui le suppliaient de faire quelque chose, que gagner la guerre était le meilleur moyen de venir en aide aux Juifs — ce qui était à la fois une évidence et parfaitement inadéquat, l'entreprise de destruction des Juifs dans l'Europe occupée étant pour l'essentiel achevée dès l'automne 44.

Mais cela ne revient-il pas, ou n'aboutit-il pas à reprocher aux Américains de n'être pas intervenus plus tôt ? Ce qui est une question légitime mais tellement en dehors de ce débat !

Les administrations et les armées alliées n'ont-elles pas fait tout ce qu'elles ont pu, dans le temps qui leur était imparti, pour mettre fin à cette horreur ? Je crois me souvenir que Karslfed, par exemple, répond à cette question par l'affirmative. Les Américains, d'après ce que nous en savons, ou ce que nous avons jusqu'ici admis d'en savoir avec toutes les bonnes raisons du monde, ont découvert, sur le terrain, l'horreur, en même temps qu'ils y mirent fin. Le Général George S. Patton, à Buchenwald, vomit d'horreur, ordonnança la libération des malheureux qui y restaient, punit les coupables, et fit défiler la population civile allemande du quartier devant les charniers. Que pouvait-il faire de plus ? Que pouvait-il faire plus tôt ? Et qu'aurions-nous fait, nous, à ce moment, de plus ou de mieux que ces soldats ?
30 octobre 2012, 19:52   Re : Ce qu'ils savaient
Les autorités alliées, le Vatican, le gouvernement polonais en exil, savaient l'essentiel et cela avec très peu de décalage. Les sources d'information, juives mais pas seulement (mission Karski, le clergé...) ont été nombreuses, précises détaillées et assez rapides. Dès l'opération Barbarossa les services britanniques avaient d'ailleurs informé très précisément leur gouvernement sur les tueries que nous appelons à présent "la shoah par balles" (un million et demi de morts).

Tout cela a abouti, au dernier trimestre 42 (les premiers gazages datent du début de l'été) à la publication par la presse américaine de l'essentiel de l'information. Puis sont venues la déclaration conjointe des Alliés dénonçant les assassinats de masse et la déclaration un peu moins nette du Vatican. Puis, plus rien jusqu'à la découverte des traces restantes au moment de la libération des camps qui n'avaient pas, comme Treblinka et Sobibor, été effacés. Mais le sort des Juifs est à peine évoqué à Nuremberg.

Aurait-on pu faire quelque chose ? On aurait au moins pu essayer. Bombarder les voies ferrées menant aux camps d'extermination n'aurait servi à rien car les voies sont réparées dans la nuit suivante. On aurait pu en revanche bombarder les trois crématoires (ensemble chambre à gaz et fours d'incinération) d'Auschwitz, bien identifiés grâce au témoignages des deux évadés et aux photos aériennes. C'est ce que demandaient les organisations juives et c'est ce qu'espéraient les détenus qui ont vu passer au-dessus de Birkenau les bombardiers envoyés pour détruire le chantier de l'usine de caoutchouc synthétique de Buna (Auschwitz III). Dans le documentaire de la BBC, un pilote de bombardier de la RAF explique qu'ils auraient pu détruire avec une grande précision les crématoires sans toucher les baraquements. Mais bon, c'est facile à dire après.

Cependant, une chose est sûre : sauver les Juifs d'Europe n'était pas un but de guerre.
30 octobre 2012, 19:57   Re : Ce qu'ils savaient
» Que pouvait-il faire de plus ?

Tenter de bombarder les lignes de chemins de fer menant aux principaux camps, et accorder à cela une certaine priorité ; ils bombardaient bien les installations industrielles utilisant comme main-d'œuvre les détenus et jouxtant les camps.
30 octobre 2012, 20:05   Re : Ce qu'ils savaient
» Bombarder les voies ferrées menant aux camps d'extermination n'aurait servi à rien car les voies sont réparées dans la nuit suivante

Oui, enfin, question de point de vue, bien entendu, Marcel : à certaines périodes, notamment pendant l'acheminement à Auschwitz des Juifs hongrois, quelques jours de retard pouvaient différer la mise à mort de dizaines de milliers de personnes...
30 octobre 2012, 20:30   Re : Ce qu'ils savaient
Non, ce n'est pas une question de point de vue. Elle a souvent été débattue. Et l'opinion qui prévaut est celle que j'ai indiquée. Les bombardements aériens ne sont guère efficaces contre des objectifs aussi étroits et faciles à réparer ; les chasseurs-bombardiers qui attaquaient les locomotives étaient beaucoup plus efficaces. J'ajoute que lorsqu'un convoi de déportés était bloqué pour une raison ou une autre les Allemands le mettaient sur une voie de garage en attendant le déblocage. Une grande partie des déportés, voire presque tous, arrivaient alors à destination déjà morts.
30 octobre 2012, 20:52   Re : Ce qu'ils savaient
J'ajoute que lorsqu'un convoi de déportés était bloqué pour une raison ou une autre les Allemands le mettaient sur une voie de garage en attendant le déblocage. Une grande partie des déportés, voire presque tous, arrivaient alors à destination déjà morts.

Exactement. Les convois transportaient une "marchandise" (mot des nazis) si particulière que ... bombarder ces voies n'aurait fait qu'ajouter au malheur.

Ma conviction, que j'invite à tous de partager, est que les armées alliées, les troupes américaines, la Division Leclerc, les armées de De Lattre, les combattants de Monte Cassino, en mettant fin au IIIème Reich comme on sait, ont fait ce qu'il convenait de faire, dans les circonstances, dans les délais et avec les moyens à leur disposition, en n'épargnant aucun effort et aucun sacrifice. J'aimerais qu'on en reste là, car cela devrait nous suffire, à nous qui avons grandi dans leur grande ombre profilée sur l'histoire et qui nous trouvons si petits, si infimes comparés à eux, face à ce qui nous advient aujourd'hui.
30 octobre 2012, 21:11   Re : Ce qu'ils savaient
Je partage entièrement l'avis de Francis.

Il ne faut pas oublier non plus un autre effet de l'avantage militaire que les Alliés prenaient, auprès des populations d'Europe de l'Ouest.

A l'hiver 42/43, en France, la zone libre ne l'est plus. Les juifs sont en grand danger. Pourtant, beaucoup pourront se cacher et survivront. Pourquoi ?

D'une part, il y eut de bons Français qui les protégèrent. Il y eut aussi beaucoup d'attentisme de la part des Forces de l'ordre. Début 43, Rommel est au tapis, Darlan sous terre, les Japonais reculent et les Allemands perdent à Stalingrad. Il est dès lors prudent de ne pas trop se mettre en avant par des arrestations intempestives.

Il ne faut pas se leurrer : ce n'est pas une question de locomotives, c'est une question de capture : les juifs prisonniers étaient des juifs morts.

Par exemple, à Babi Yar, 34000 juifs furent tués en deux jours, sans aucun transport et sans aucun camp.
30 octobre 2012, 21:20   Re : Ce qu'ils savaient
Cela me fait penser au procès scandaleux fait à la SNCF.


On compte : 1100 cheminots morts en déportation (sur les 2480 cheminots déportés), 309 fusillés, 2481
blessés et 2361 morts, victimes de faits de guerre.

Que voulait-on qu'ils fassent, exactement ?
30 octobre 2012, 21:29   Re : Ce qu'ils savaient
Oui, bon, on peut être d'accord avec ça, mais enfin cela n'aurait pas coûté grand-chose de détourner deux ou trois des bombardiers qui sont allés détruire l'usine en construction de Buna — dont pas un kilogramme de caoutchouc n'était sorti ni près de sortir — pour larguer quelques bombes sur les crématoires de Birkenau, situés à quelques kilomètres de là et qui n'étaient pas protégés par la DCA. Ça n'aurait peut-être pas changé grand-chose au bilan final mais cela aurait été mieux que les glaciales et somme toutes très indifférentes fins de non-recevoir qui ont été opposées aux demandes formulées en ce sens.
30 octobre 2012, 21:32   Re : Ce qu'ils savaient
Ne mélangez pas tout Jean-Marc. La SNCF c'est une tout autre question, beaucoup plus complexe au fond.
30 octobre 2012, 21:33   Re : Ce qu'ils savaient
Je veux dire que c'est la même idée -- des gens ont fait ce qu'ils ont pu, ont combattu, bon nombre sont morts, et on vient dire : "Pouviez mieux faire".
30 octobre 2012, 21:42   Re : Ce qu'ils savaient
Mais enfin qu'est-ce que c'est que cette position parfaitement stalinienne ? On ne peut pas s'interroger sur l'opportunité de tel ou tel choix de priorité dans les buts de guerre, sur tel ou tel choix tactique sans apparaître comme un traître ? Vous croyez qu'il n'y avait pas de discussions, d'oppositions, de décisions remises en cause parmi les Alliés ? Et l'on n'a pas le droit de dire que le bombardement du Havre, par exemple, était une grossière erreur ? Dire ça c'est faire le jeu de qui, des néo-nazis ou quoi ?
30 octobre 2012, 21:53   Re : Ce qu'ils savaient
Mais il y a eu des erreurs, c'est évident. La plus grossière est une des plus mal connues : c'est la très mauvaise défense de Singapour, où 150000 soldats alliés furent capturés par 30000 Japonais, et plusieurs très grands navires perdus. On reconnait là, généralement, une erreur de Churchill. Cela dit, Churchill fit tellement de choses qu'il a pu se tromper parfois.

Savez-vous ce que je n'aime pas dans ces débats ? c'est qu'on repense le monde et une époque à partir de ce qu'on sait maintenant. On sait que le 7 décembre 1941, les Japonais attaquèrent tous azimuts. Comment Churchill aurait-il pu prévoir le débarquement à Khota Bharu ? il avait défendu Singapour contre une attaque navale...

Avec le recul, on peut penser que la flotte américaine aurait dû quitter Pearl Harbour, Churchill envoyer des chasseurs et non des cuirassés à Singapour et les Marines être postés aux Philippines.

Le même raisonnement conduit à ne voir la Grande Guerre que par le "devoir de mémoire envers les fusillés", et au travers de la Chanson de Craonne. Pétain, Foch, Joffre oubliés, Nivelle pris en exemple.
30 octobre 2012, 21:55   Re : Ce qu'ils savaient
Marcel: je nous crois, face à cela, trop petits pour juger. Nos pères, nos grands-pères, se sont de tous côtés battus comme des lions. Ils ont refait le monde en cinq ans, dans ce minuscule laps de temps, ils ont réorienté le cours de l'humanité (cents pays sont nés de cette libération, sur trois continents). Ils ont fait naître un monde pérenne dans lequel, en Europe occidentale, nous prospérons depuis déjà trois générations.

En cinq ans. Qu'avons-nous accompli ces cinq dernières années, ces quinze dernières années ? L'histoire que nous faisons, dans laquelle nous sommes pris, est d'une lenteur désespérante par rapport à la leur. Auraient-ils, à leur époque toléré pareille lenteur, pareil immobilisme dont nous sommes les seuls responsables ? Assurément pas: à leur époque, une guerre perdue à l'automne pouvait être gagnée l'été suivant; ce qui était jugé par certains situation fichue était inversé la saison suivante par des efforts surhumains et surhumainement coordonnés, par des hommes et des femmes oeuvrant en continu, jour et nuit, au mépris de leur vie et de leur santé et de celle de leurs proches. Je nous crois véritablement trop insignifiants pour jeter des hypothèses sur ce qui aurait pu être fait au lieu de ce qu'eux ont fait.
30 octobre 2012, 22:05   Re : Ce qu'ils savaient
Écoutez, je ne suis pas en train de refaire l'histoire mais de rendre compte de débats très tendus qui ont eu lieu à cette époque, dans le feu de l'action ! La question a été posée de multiples fois entre l'été 41 et la fin 44. Churchill a du reste admis que l'on ne faisait pas assez et il a envoyé à l'état-major britannique une note demandant qu'on étudie les moyens d'aider plus efficacement les Juifs, je ne me souviens plus de la date. C'est resté lettre morte mais le fait est que la question était posée. Il ne s'agit pas de jouer les procureurs, de réclamer des repentances mais de faire de l'histoire honnête.
30 octobre 2012, 22:18   Re : Ce qu'ils savaient
Permettez-moi d'ajouter encore une chose. Les historiens qui ont travaillé sur la question se sont beaucoup interrogés sur les causes de la passivité des Alliés dans ce drame. On a montré des exemples probants d'antisémitisme manifeste dans certains rapports des services britanniques et, nettement plus nombreux, là et aux États-Unis, des marques d'indifférence inébranlable. Mais il y a autre chose, qu'indique notamment la correspondance de Roosevelt : la crainte de donner raison aux Allemands dont toute la propagande était centrée sur l'idée d'une collusion judéo-ploutocratique présentant les gouvernements alliés comme des marionnettes aux mains des Juifs.
30 octobre 2012, 22:27   Re : Ce qu'ils savaient
"Les marques d'indifférence" furent nombreuses dans l'attitude des alliés par rapport aux ...Français. Comme vous le savez Marcel, des villes normandes ou picardes furent bombardées sans merci par l'aviation anglaise, et pour ne rien dire du drame de Mers-el-Kébir où tant de marins français périrent. Les alliés eurent souvent la main lourde et approximative, et l'oreille sourde. Je ne connais pas l'histoire aussi bien que vous, cependant je ne crois pas qu'il soit juste d'affirmer, ou de suggérer, que l'antisémitisme orienta les choix des actions alliées dans les dernières années de cette guerre.

Ah oui, un dernier mot, j'ai eu sous les yeux des extraits de cette correspondance de Roosevelt. Un trait en ressort: l'intéressé, comme la plupart des Américains de cette époque, et à plus forte raison des décideurs américains, ne craignait personne et sûrement pas le qu'en-dira-t-on européen. Les Américains comprenaient dans ces mois, ces semaines-là, que l'opinion européenne devrait, pour l'histoire, leur être secondaire.
30 octobre 2012, 22:32   Re : Ce qu'ils savaient
Je maintiens que c'est tout de même une question de point de vue : la déportation des Juifs hongrois était un problème complexe, dont la majeure partie devait être considérée comme une force de travail, pas comme de la matière humaine juive à exterminer séance tenante ; les Allemands n'expédiaient que ceux que les Hongrois voulaient bien leur "donner", et il est probable, étant donné l'efficacité de l'organisation, qu'ils n'auraient pas entrepris de transporter ces travailleurs potentiels (qui devaient être "triés" à Auschwitz et dispersés selon les besoins de l'industrie et de la machine de guerre allemande — c'était du moins le projet initial) si les voies ferrées y menant avaient été coupées.
Les camps où transitaient les Juifs en attente de transport étaient du reste "viables", en tout cas nettement plus sûrement qu'à l'arrivée à Auschwitz, où, finalement, par arrivée trop rapide de wagons bondés, le pauvre Höss avait été débordé et n'avait pas du tout pu faire face aux arrivages et opérer les tris "comme il fallait", expédiant donc le très gros des Juifs directement aux chambres à gaz.
Ne serait-ce donc que par cet aspect, des transports ralentis et beaucoup plus ventilés, empêchés par exemple par des bombardements précis en plusieurs points du réseau ferroviaire (c'était probablement possible, des choses bien plus compliquées et difficiles avaient été au moins tentées, il fallait donc le vouloir plus résolument) auraient pu sauver la peau à des Juifs arrivant à Auschwitz et réexpédiés vers des camps de travail. Encore une fois, comme il s'agit d'un très grand nombre de déportés, cela aurait nécessairement eu une incidence, statistiquement, sur le nombre de personnes sauvées.
Nous parlons tout de même de situations où toute incertitude, délai, grippage de la machine d'extermination, bâtons dans les roues, traverses disjointes, pouvaient très probablement se traduire en morts certaines en moins.
Mais derechef, il aurait fallu étudier sérieusement la chose, la considérer comme un objectif prioritaire, et la tenter, ce qui n'a pas été fait.
30 octobre 2012, 22:53   Re : Ce qu'ils savaient
Cher Alain, concernant les chemins de fer les Alliés avaient une toute autre priorité, parfaitement compréhensible : essayer de ralentir l'immense trafic de la Reichsbahn qui était un maillon d'une importance capitale dans l'effort de guerre allemand. Ils s'y sont employés avec acharnement tout au long de la guerre avec un succès extrêmement limité. Ce n'est que dans les derniers mois de la guerre, quand la conjonction entre les bombardements massifs de gares de triage, les mitraillages constants de locomotives par des chasseurs en maraude et le dynamitage des rails en de multiples points par les maquisards (la Bataille du rail) que le trafic a pu être sérieusement perturbé. L'opération que vous décrivez aurait dû, pour réussir, mobiliser des moyens qu'il n'était pas un instant question de divertir de l'effort de guerre.

Vous savez Jean-Marc, je n'invente rien, je me contente de rendre compte des hypothèses qui ont été avancées par les historiens sur la base d'éléments solides. Si vous regardez le documentaire de la BBC vous verrez ces rapports contenant des annotations clairement antisémites. Quant à a théorie de la crainte de donner raison à la propagande allemande, elle a été d'abord formulée par le secrétaire au Trésor de Roosevelt — son nom m'échappe* — dans une lettre adressée à un ensemble de rabbins qui avaient adressé une Nième supplique au Président.

* Morgenthau
30 octobre 2012, 22:55   Re : Ce qu'ils savaient
Mais enfin, Alain, vous rendez-vous bien compte que malgré la destruction systématique par les avions alliés, pourtant très près de leurs bases, des ouvrages et des voies du réseau du Centre, du Nord et de l'Ouest, malgré les sabotages de la Résistance, les trains roulent encore en juin 44 ?

La grande gare de triage de Sotteville, près de Rouen, a été bombardée 38 fois : les trains passaient encore. La gare de St Etienne a été bombardée en mai 1944 : 900 morts, trois jours d'arrêt.

Il ne faut pas se méprendre sur la précision des bombardements de l'époque : on bombarde de jour à 10000 pieds (3000 mètres), sinon c'est le tir au pigeon pour la DCA.

En fait, les seuls points "bombardables" étaient les gares de triage, assez faciles à repérer.

Tout cela pour dire que les Alliés étaient tout de même confrontés à de grandes difficultés pratiques.
30 octobre 2012, 22:58   Re : Ce qu'ils savaient
Marcel, nos messages se sont croisés. Sur le fond, ce que disait Morgenthau est possible. Il me semble aussi que de nombreux juifs américains influents pensaient que ce type de bombardement tuerait beaucoup de prisonniers juifs.
30 octobre 2012, 23:04   Re : Ce qu'ils savaient
En effet, les bombardements, y compris celui des gares de triage, n'eurent jamais rien de "chirurgical" à cette époque. Curieusement ce forum, il y a très longtemps avait abordé cette histoire (j'y avais évoqué celle d'une cousine nîmoise, alors enfant, dont la famille habitait non loin de la grande gare de triage, bombardée par les Alliés un jour de mistral, où la pluie des bombes fut rendue oblique par ce vent pour finir par s'abattre sur tous les quartiers résidentiels situés au sud de ces voies, détruisant les habitations, tuant de braves gens, et traumatisant cette enfant qui ne recouvra plus jamais l'usage de la parole après avoir vu sa maison familiale réduite en un tas décombres en un éclair, et ses parents en cendres.)
30 octobre 2012, 23:11   Re : Ce qu'ils savaient
Oui. Cependant, pour revenir à la question de l'éventuel bombardement des crématoires de Birkenau, comme ils n'étaient pas protégés par la DCA ils auraient pu être visés par des bombardiers volant à basse altitude. Le camp était immense et la très grande majorité des détenus — pour la plupart condamnés à une mort à brève échéance — étaient bien plus éloignés de ces crématoires que la population civile française ne l'était des gares de triage.
30 octobre 2012, 23:18   Re : Ce qu'ils savaient
Pour en revenir à Morgenthau, je pense que l'administration Roosevelt se montrait active : elle obtint par exemple du Régent Horty la suspension des déportations de juifs, qui ne reprirent qu'Horty renversé. Plus de 120000 juifs de Budapest survécurent.

Cela étant, je serais d'accord avec vous pour dire que ce n'était pas la priorité pour les Alliés. Leur priorité, leur survie (tout le monde imaginait les fameuses armes secrètes d'Hitler), c'était la victoire militaire.

Voici le texte de la proclamation publique et solennelle de Roosevelt, qui mit devant leurs responsabilités ceux qui aideraient à la déportation des Juifs :

In one of the blackest crimes of all history—begun by the Nazis in the day of peace and multiplied by them a hundred times in time of war-the wholesale systematic murder of the Jews of Europe goes on unabated every hour. As a result of the events of the last few days hundreds of thousands of Jews, who' while living under persecution have at least found a haven from death in Hungary and the Balkans, are now threatened with annihilation as Hitler's forces descend more heavily upon these lands. That these innocent people, who have already survived a decade of Hitler's fury, should perish on the very eve of triumph over' the barbarism which their persecution symbolizes, would be a major tragedy.

It is therefore fitting that we should again proclaim our determination that none who participate in these acts of savagery shall go unpunished. The United Nations have made it clear that they will pursue the guilty and deliver them up in order that Justice be done. That warning applies not only to the leaders but also to their functionaries and subordinates in Germany and in the satellite countries. All who knowingly take part in the deportation of Jews to their death in Poland or Norwegians and French to their death in Germany are equally guilty with the executioner. All who share the guilt shall share the punishment.

30 octobre 2012, 23:35   Re : Ce qu'ils savaient
Oui, c'est la fameuse déclaration de 1942 dont j'ai parlé plus haut.
31 octobre 2012, 03:39   Re : Ce qu'ils savaient
» Mais enfin, Alain, vous rendez-vous bien compte que malgré la destruction systématique par les avions alliés, pourtant très près de leurs bases, des ouvrages et des voies du réseau du Centre, du Nord et de l'Ouest, malgré les sabotages de la Résistance, les trains roulent encore en juin 44 ?

Ecoutez, Jean-Marc, il s'agit d'un postulat très simple : tout ce qui aurait pu, ne serait-ce que momentanément, enrayer ou stopper la machine de l'extermination, dans l'un des rouages, se serait traduit par des vies humaines sauvées. Ce postulat, je le crois juste, surtout à partir de 44, et en considération de ce j'ai dit plus haut sur la déportation des Juifs hongrois, par exemple, dont il semble bien que beaucoup aient été conduits directement aux chambres à gaz parce qu'ils arrivèrent trop vite et en trop grand nombre.
Le nombre de vies qui auraient été épargnées est une donnée qui n'est évidemment pas chiffrable, mais étant donné qu'il s'agit de très grands nombres, on peut raisonnablement estimer que cela aurait été important.
Considérez seulement la chose suivante : les détenus étaient pour la plupart dans un état tel que le passage de vie à trépas ne tenait vraiment plus qu'à un fil, quelques calories supplémentaires, ou un surcroît d'énergie ou d'espoir : imaginez maintenant l'impact qu'aurait pu avoir un bombardement allié des crématoriums d'Auschwitz, signifiant la chose incroyable que les ennemis des nazis leur faisaient pièce, les bombardaient chez eux, connaissaient l'existence des camps et étaient résolus à intervenir d'une façon ou d'une autre.
Je reviens à la question du point de vue, et de l'estimation de l'importance qu'on attache à l'affaire : tout est de savoir si de telles conséquences hypothétiques d'une action militaire méritaient qu'on examinât sérieusement la question, eu égard à ce que les Alliés savaient de ce qu'il se passait réellement dans les camps.
Or il semble bien que leurs services de renseignement savaient, qu'on n'a jamais étudié sérieusement la question, et qu'aucune, absolument aucune initiative militaire n'ait jamais été prise dans ce sens.
31 octobre 2012, 05:15   Re : Ce qu'ils savaient
Voici, Alain, la transcription de la lettre envoyée par le ministère de la Guerre à l'adjoint de Morgenthau, John W. Pehle.

Proposed Air Action to Impede Deportation of Hungarian and Slovak Jews.


1. Reference is made to Civil Affairs Division disposition form, subject as above, dated 23 June 1944, which forwarded to the Operations Division for necessary action a paraphrase of a cable on the above subject.

2. The Operations Division, WDGS, recommends that the Civil Affairs Division reply to Mr. Morgenthau, the Chairman of the War Refugee Board, substantially as follows:

"The War Department is of the opinion that the suggested air operation is impracticable for the reason that it could be executed only by diversion of considerable air support essential to the success of our forces now engaged in decisive operations.

"The War Department fully appreciates the humanitarian importance of the suggested operation. However, after due consideration of the problem, it is considered that the most effective relief to victims of enemy persecution is the early defeat of the Axis, an undertaking to which we must devote every resource at our disposal."


3. A copy of this D/F, with identical enclosure, has been furnished CG, AAF and AC/S, G-2.

Thos. T. Handy,
Major General,
Assistant Chief of Staff



Et l'original, page 22 de ceci :


[www.fdrlibrary.marist.edu]
31 octobre 2012, 09:10   Re : Ce qu'ils savaient
imaginez maintenant l'impact qu'aurait pu avoir un bombardement allié des crématoriums d'Auschwitz, signifiant la chose incroyable que les ennemis des nazis leur faisaient pièce, les bombardaient chez eux, connaissaient l'existence des camps et étaient résolus à intervenir d'une façon ou d'une autre.

Un avertissement aux Nazis que leur machine à exterminer était connue, et partant, un emballement inégalé de la machine à exterminer, et à effacer les traces de l'extermination. La "découverte" et la libération des camps sur le terrain par la troupe a permis aussi de témoigner, de filmer, etc.

Bombarder ces camps sans disposer des moyens militaires et tactiques de les libérer aurait immanquablement conduit à leur disparition, et ils seraient devenus "un mythe de l'histoire" de plus, et ces bombardements n'auraient non plus sauvé aucune vie. Je ne sais pas si ce raisonnement a existé chez les décideurs alliés mais puisque nous nous autorisons à nous demander "s'ils savaient" et ce qu'ils auraient dû faire, autant en retenir les arguments.
31 octobre 2012, 10:31   Re : Ce qu'ils savaient
Pardonnez, Marcel et Alain, pour la vigueur de mes propos.

Il se trouve que j'ai souvent entendu parler de ce sujet, un de mes grands amis étant un universitaire américain, spécialiste de cette période, et plus spécialement de la "Shoah par balles".

Cet homme, qui a vu une bonne partie de sa famille éloignée être massacrée ainsi, fait partie des intellectuels qui réfutent les thèses dont on parle ici. Il pense, en tant qu'historien, que nombre de ses collègues mêlent travail historique, où ils sont compétents, et analyse militaire, où ils ne connaissent rien.

Il accorde la plus grande importance à la diplomatie de Roosevelt, qui permit notamment d'assurer la survie d'une partie des juifs roumains en aidant financièrement Filderman et aussi les assurances données aux Bulgares, qui protégèrent la totalité des "juifs bulgares de souche" mais laissèrent, tristement, déporter les autres.

Le cas de Miklos Horty est le plus connu.

Il laissa les gendarmes hongrois aider à la déportation des juifs de la campagne mais, quand le rapport Vrba-Wetzler parut en juin 44, l'appel de Roosevelt du 26 juin (appuyé par le sévère bombardement de Budapest le 2 juillet) l'amena à suspendre les déportations le 7. La gendarmerie et le Premier ministre renâclant, le Régent fit alors revenir à Budapest plusieurs régiments de la Honved, déposa le premier ministre, renvoya les gendarmes à la campagne, et chargea l'armée de protéger les juifs quitte à tirer sur ceux qui voulaient les arrêter. Le général Lakatos assura les fonctions de Premier ministre.

Horthy fut renversé par les nazis et leurs alliés locaux le 29 octobre 1944, et son fils envoyé à Dachau.

On notera que ni Horty ni Lakatos ne furent poursuivi, ni par les soviétiques ni pas les occidentaux, et finirent leur vie en exil, le Gouvernement britannique accueillant notamment Lakatos.
31 octobre 2012, 10:47   Re : Ce qu'ils savaient
Les pressions diplomatiques sur les alliés des Allemands, dans les limites étroites tolérées par ceux-ci, étaient évidemment un moyen d'action à privilégier mais ce ne pouvait être efficace qu'aux marges. Quant au reste, et notamment à la note du ministère de la guerre que vous citez, je ne peux que répéter ce que j'ai déjà écrit : les historiens n'ont pas inventé la controverse, elle existait à l'époque, même si c'était bien sûr dans des cercles restreints. Et la note paraît peu crédible au regard de ce que je rappelais des bombardements Buna-Auschwitz.
31 octobre 2012, 10:50   Re : Ce qu'ils savaient
Nous sommes d'accord, mon idée générale est qu'il ne faut pas que ce genre de débat, qui est un débat de spécialistes, fasse perdre le fil général à une opinion qui n'y connait rien et finirait par conclure que Roosevelt et Churchill n'ont rien fait pour aider les juifs.
31 octobre 2012, 21:55   Re : Ce qu'ils savaient
Vous êtes tout pardonné, M. du Masnau, mais cette note ne me paraît pas très convaincante non plus : les Alliés disposaient de milliers d'appareils et effectuaient des bombardements de toute nature, sur des cibles civiles et périphériques qui n'avaient aucun rapport avec les forces "engagées dans des opérations décisives".
Si une intervention militaire contre le dispositif de l'extermination avait été jugée importante, ils auraient trouvé les ressources nécessaires, cela me paraît évident. C'est même précisément ce genre de réponse qui fait douter s'ils étaient réellement sincères en la donnant.
Quoi qu'il en soit, dans les grandes lignes je n'ai pas été convaincu du contraire de ceci: la seule façon de gripper le déroulement d'un processus, c'est d'en endommager physiquement le mécanisme.

Quant à "l'emballement inégalé de la machine" consécutif à un bombardement des crématoriums dont parle Francis, cela me paraît assez abstrait, compte tenu de ce que l'on sait du sort réservé aux centaines de milliers de Juifs hongrois qui débarquèrent à Auschwitz : les Allemands exterminaient non pas aussi vite et intégralement qu'ils pouvaient, mais plus encore : je crois que certains fours explosèrent même, on ne pouvait faire mieux... Et vouloir à tout prix effacer les traces de quelque chose après que cela a été découvert, et certainement photographié, plutôt qu'avant, je ne sais pas...
Utilisateur anonyme
31 octobre 2012, 22:43   Re : Ce qu'ils savaient
Je suis entièrement d'accord avec Francis Marche, nous sommes trop petits pour juger. Je ne me rappelle plus où j'ai lu qu'un élément avait été déterminant dans le choix des Alliés de ne pas bombarder les camps : leur opinion publique. On ne peut pas faire une guerre de cette ampleur contre la volonté des peuples belligérants. Or que ce soit agréable ou pas, moral ou pas, il se trouve que si les Alliés faisaient bien la guerre à l'Allemagne nazie, ils n'étaient pas nécessairement des monstres de philosémitisme. On faisait d'abord la guerre pour se préserver soi-même de l'ennemi, avant de vouloir améliorer le sort des juifs. Si les camps devenaient l'objectif principal, alors qu'il n'y avait là rien de stratégique, il y avait un risque réel que l'effort de guerre ne se transforme dans l'opinion en « guerre des juifs » ou « guerre pour les juifs » et que les grandes obsessions nazies n'infectent les seules sociétés jusque-là résistantes. Il y avait, en outre, dans l'hypothèse où les camps d'extermination auraient été rendus inutilisables, d'autres moyens de mettre en oeuvre la Solution finale, dont on ne voit pas très bien pourquoi les nazis se seraient privés étant donné que la destruction des juifs s'est poursuivie jusqu'à la dernière seconde.
01 novembre 2012, 00:05   Le Pen avait raison
Quelle subtilité dans l'argumentaire on prête aux Alliés, tout de même !
Je crois, beaucoup plus prosaïquement, que la question ne les intéressait pas tant que ça, que dans le contexte de la guerre où les morts étaient chose si commune, si naturels à l'explosion de rage destructrice qui ravageait l'Europe, l'entreprise particulière de l'extermination des Juifs paraissait un détail parmi d'autres, en tout cas pas de nature à mobiliser une réflexion et des moyens spécifiques pour en contrecarrer la réalisation, et c'est bien compréhensible.
Il ne s'agit au reste pas de "juger", mais bien plutôt de constater...
01 novembre 2012, 07:05   Re : Le Pen avait raison
Citation
Il ne s'agit au reste pas de "juger", mais bien plutôt de constater...

Selbstredend !

Ceux qui refusent de se poser des questions sur le pourquoi et le comment de faits historiques en les considérant en quelque sorte comme incontournables sont en fait des déterministes (c'était écrit) convaincus qu'historiquement ce qui s'est passé ne pouvait pas se passer autrement.
01 novembre 2012, 11:23   Re : Le Pen avait raison
Voici un extrait d'un article de Télérama sur le documentaire en question ainsi que le lien pour le lire dans son intégralité.
Télérama

Virginie Linhart convoque les traces occultées du passé pour tenter de répondre au questionnement qui la taraude : que savaient les Alliés de la Shoah, que pouvaient-ils faire ? « J'ai été surprise de voir à quel point Churchill et Roosevelt sont obnubilés par la menée de la guerre. Au point de laisser faire leurs administrations respectives qui, elles, prendront des mesures clairement antisémites. Les services d'immigration américains et le Foreign Office britannique vont ainsi empêcher l'entrée de Juifs sur leur territoire alors que les quotas le permettaient. En fait, je pense que Churchill et Roosevelt avaient une conscience aiguë de l'antisémitisme de l'opinion occidentale. Qui plus est, les Juifs d'Europe de l'Est étaient considérés comme un sous-lumpenproletariat. Quand il s'agira de sauver quelques milliers d'enfants, même la Suède spécifiera : “Pas de Juifs polonais”.
Plusieurs intervenants se demandent ce qu'auraient pu faire les alliés pour sauver des juifs.
Par exemple, ils auraient pu aider les organisations caritatives oeuvrant dans les pays neutres ; malheureusement ils l'ont fait tardivement, en 1944.
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