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Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 15:55   Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
La question me semble très pertinente. Si l'on souhaite réindustrialiser le pays (pourquoi pas...),où irons-nous trouver cette classe ouvrière qui, petit à petit, disparait ? Les lycéens seront-ils ces nouveaux ouvriers ? Il semble qu'ils renâclent déjà.
Les tâches les plus difficiles sont de plus en plus confiées à la population immigrée, moins récalcitrante.

Donc, le discours à venir est celui-ci : on veut réindustrialiser, soit, il faut donc relancer l'immigration de travail (qui est un bienfait, une chance, etc.).

La seule alternative : un effort à faire dans les filières professionnelles, dans les lycées technologiques. Nous en sommes loin.

[www.franceculture.fr]

La formule était séduisante. La plupart des journalistes y avait succombé. L’entreprise moderne, celle de demain, serait une entreprise sans usines : c’était la prophétie du patron d’Alcatel au tout début des années 2000.

Serge Tchuruk n’avait pas tort sur un point : la France a bien fermé des usines, mais aussi et surtout perdu des emplois : 750 000 dans l’industrie en 10 ans, sans que ceux-ci soient compensés par des créations massives dans d’autres secteurs.

La désindustrialisation est un fait avéré. La réindustrialisation est devenue, ces derniers mois, un impératif politique. Longtemps considérée comme une force déclinante, l’industrie est à nouveau au cœur de la politique économique du gouvernement. Le rapport que Louis Gallois a remis la semaine dernière au premier ministre s’intitule d’ailleurs : pacte pour la compétitivité de l’industrie française.

Mais il ne suffit pas de défendre et de créer de nouvelles usines pour se sortir d’affaire. Encore faut-il les bras nécessaires pour les faire tourner. Les bras ? : des ouvriers, cette catégorie sociale qu’on croyait quasi moribonde à force de ne plus en entendre parler. Pourtant, ils représentent encore près d’un quart de la population active française.

Les efforts de réindustrialisation vont-ils redonner du souffle et de la visibilité aux ouvriers ? Et d’ailleurs, « y a-t-il encore une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ? »
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 16:43   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
« un effort à faire dans les filières professionnelles » — dans le genre marronnier, on ne saurait mieux faire.
Contrairement à ce que préconisent de nombreuses personnes, je ne souhaite pas spécialement une “réindustrialisation” du territoire. Je ne garde aucune image romantique d'une France composée de gros patrons à cigares et de gentils ouvriers en bleus de travail. Tout cela est derrière nous : à mes yeux, ce n'est pas une mauvaise chose.

Après tout, l'industrie traditionnelle aura été une immense source de nocence : pollution, paléo-enlaidissement du territoire, etc. Souhaiter une France remplie d'usines qui tournent à plein régime, c'est bon pour les bobos de France Culture, qui raffolent de solutions inapplicables au prétexte qu'ils les trouvent sympathiques. La réalité, c'est que personne n'a tellement envie d'être un ouvrier, de trimer dans un atelier sous des néons blafards à des heures impossibles, d'avoir le dos cassé à 40 ans, et de mourir d'une maladie professionnelle à 55. Cela se comprend. Non, vraiment, je ne vois pas du tout en quoi revenir à l'industrie de masse constituerait un progrès, tant pour les individus que pour la société.

L'autre argument souvent avancé en faveur d'une "ré-industrialisation" de la France, c'est que l'usine ou l'atelier occuperaient avantageusement une jeunesse désoeuvrée qui, à force de chômage et d'inactivité, aurait fini par sombrer dans la nocence. A cet argument non plus je n'accorde pas le moindre crédit. Comme si nos chers jeunes de banlieue allaient subitement abandonner la paresse, les trafics et la conquête du territoire par la nocence pour la gloire du bleu de travail et de la production nationale ! Là encore, c'est se bercer d'illusions que de croire cela, et faire abusivement confiance aux propos entendus au journal de 20 heures. C'est croire qu'il y a un problème de l'emploi, alors que nous avons un problème de civilisation (ce qui est autrement plus grave). C'est aussi avoir une bien triste conception de l'homme et de son éducation que de ne penser qu'à la façon dont on va l'occuper.

La France n'a pas besoin d'usines, et pour ma part je trouve cela très bien que d'autres pays jouent le rôle d'atelier mondial (grand bien leur fasse). Ce dont elle a besoin, c'est de vide, de silence, de décroissance, de dépeuplement, d'une part ; de civilité, savoir, de connaissances, de hautes technologies in-nocentes (laboratoires de pointe ?) d'autre part.

Tout dans l'état de l'économie mondiale semble indiquer qu'on ne reviendra pas, de toute façon, à une France d'usines. Plutôt que de s'en désoler, plutôt que de se servir de cet état de fait pour se lamenter sans jamais rien proposer de neuf, pourquoi ne pas se dire qu'un territoire sans usines pourrait être, après tout, une excellente chose, et que c'est là un excellent point de départ pour habiter la terre de façon réellement in-nocente ?
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 17:04   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Toutes choses égales par ailleurs, je mets cet idéal de “réindustrialisation” du pays sur le même plan que le retour sacré à la chansonnette populaire française : ce n'est pas parce que ces choses-là ont été remplacées par d'autres pires encore qu'elles sauraient constituer en soi un objet de désir. (Au fond, ces histoires d'usines et de classe ouvrière ne sont qu'une autre forme d'idolâtrie du très-saint peuple. La barbe, avec le peuple ! Qu'il sache ses classiques, pour commencer : cela lui évitera de se précipiter comme il le fait, non sans passion, dans les poubelles de l'histoire.)
Vous comptez le garder longtemps, votre Davoudi, ou bien ?
Ah oui, moi j’aime bien. Et puis on peut dire ce qu’on veut, au moins il est pas sympa. C’est notre petit taliban maison. Avec lui, je me sens solidement calé sur ma droite. Ainsi, débarrassé du souci dogmatique, je peux présenter le visage avenant du parti.
"C'est croire qu'il y a un problème de l'emploi, alors que nous avons un problème de civilisation (ce qui est autrement plus grave). C'est aussi avoir une bien triste conception de l'homme et de son éducation que de ne penser qu'à la façon dont on va l'occuper. " (Afchine Davoudi)

Vous avez raison, s'il s'agit d'occuper les oisifs ou d'importer la main d'oeuvre, la réindustrialisation se ferait en France mais sans la France, absurdement. Ceci dit, contrairement à vous, il me semble que l'impossibilité de réindustrialiser réellement la France est un aspect de la crise de civilisation. Le seul objectif que l'école remplit avec succès est d'apprendre le mépris du travail matériel, l'horreur de la matière.

***

"Ce dont [la France] a besoin, c'est de vide, de silence, de décroissance, de dépeuplement, d'une part ; de civilité, savoir, de connaissances, de hautes technologies (laboratoires de pointe) d'autre part."

Réclamer le vide, le silence et, en même temps, la course en avant vers une société de service à haute technologie intégrée, bavarde et calculatrice, est contradictoire. Beaucoup de professeurs préfèrent discourir sur le silence que de l'entendre.

***

"Souhaiter une France remplie d'usines qui tournent à plein régime, c'est bon pour les bobos de France Culture, qui raffolent de solutions inapplicables au prétexte qu'ils les trouvent sympathiques. La réalité, c'est que personne n'a tellement envie d'être un ouvrier, de trimer dans un atelier sous des néons blafards à des heures impossibles, d'avoir le dos cassé à 40 ans, et de mourir d'une maladie professionnelle à 55."

Il ne s'agit pas d'industrialisation massive et, d'après ma courte expérience, le travail en usine a ses charmes. Vous inventez une solution pire que le mal pour donner le change, comme ceux qui annoncent des frontières barbelées pour faire croire que l'immigration est une fatalité.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 21:00   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
J'ai lu ici ou là que plutôt d'envisager une simple réindustrialisation, la France devait s'engager dans le luxe, dans la production de produits haut de gamme. Mais là encore, je m'interroge : où sont les petites mains qui vont produire ces produits haut de gamme. L'artisan, comme le paysan et l'ouvrier, n'est-il pas une espèce en voie de disparition ?
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 21:25   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Ah, le luxe... (entre nous : cet idéal petit-bourgeois)
Les beaux produits, la France les fait déjà. Et d'ailleurs, se demander s'il faut produire des voitures ou du parfum, des marinières ou des stéthoscopes, des poutrelles de douze ou des décodeurs, c'est tomber dans le piège grossier du journal de 20 heures, qui veut nous faire croire que là est tout le problème.
Christophe qui n'avez pas gardé les vaches avec moi, vous avez eu bien tort de ne pas le faire. Les eussiez-vous gardées, ces vaches, vous sauriez qu'elles se nourrissent des produits de la nature, sans que nous n'ayons à produire pour elles aucun travail. Les vaches, en effet, broutent, et broutent de l'herbe.

Je comprends assez bien le davoudique raisonnement. Voyez plutôt.

On commence par ne rien produire, ça fait du bruit et ça pue, nous sommes d'accord. Plus d'usines, plus d'agriculture intensive.

Comme nous n'avons pas non plus d'argent, nous ne pouvons rien acheter. Donc nous devons, tels des vaches, brouter, seule solution à notre portée (je simplifie, on peut aussi grimper aux arbres et se nourrir de baies).

Cela présente, dans la davoudéenne pensée, un autre avantage : certains risquent de ne pas pouvoir brouter, les petits vieux et surtout les petites vieilles (qui ne peuvent se baisser, ou se relever si elles y sont parvenues ; de toute façon, elles n'ont plus de dents, le polydent n'est plus produit, adieu le dentier ; brouter sans dents, c'est impossible, je le tiens de source certaine). Or, elles sont légion, ces creuseuses de trou de la Sécu, rien n'est plus évident.

Ces in-brouteurs vont rapidement rejoindre le Boulevard des Allongés, lieu important de la mythologie davoudesque : c'est la place normale des sur-peupleurs, d'où le dépeuplement, et le silence, juste troublé par quelques explosions souterraines, le broutement ayant comme seul défaut connu la production de méthane.
Eh bien, moi qui pensais tomber sur un fil sérieux (voire légèrement rasoir...), je me suis bien ébaudi. Merci, Messieurs !
Utilisateur anonyme
13 novembre 2012, 22:52   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
« Vous inventez une solution pire que le mal »

Tiens, Pire que le mal, ça me dit quelque chose...
Cher Davoudi, vous savez ce qu'il vous dit le peuple ? Il vous dit ... non, rien.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 10:32   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
"La France n'a pas besoin d'usines, et pour ma part je trouve cela très bien que d'autres pays jouent le rôle d'atelier mondial (grand bien leur fasse)"

Donc la nocence pour les autres pays ? Outre que cela nous coûte des emplois, vous vous félicitez que ces pays (la Chine notamment) polluent leur pays plutôt que le nôtre ?

J'ai plutôt une préférence pour le "produire local". Ces grands bateaux qui devront, si on suit votre idée, traverser les océans chargés des biens que l'on ne produira plus, non merci.

"La réalité, c'est que personne n'a tellement envie d'être un ouvrier, de trimer dans un atelier sous des néons blafards à des heures impossibles, d'avoir le dos cassé à 40 ans, et de mourir d'une maladie professionnelle à 55. Cela se comprend."

C'est ce que je voulais soulever : personne n'a tellement envie, sauf la population immigrée qui, et bien sûr ce n'est pas de gaieté de cœur, est prête à devenir nos ouvriers.

"pourquoi ne pas se dire qu'un territoire sans usines pourrait être, après tout, une excellente chose, et que c'est là un excellent point de départ pour habiter la terre de façon réellement in-nocente ?"

C'est vous qui parliez de bobo de France-Culture ?

Un peu de chansonnette pour se détendre



Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 10:36   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
"Christophe qui n'avez pas gardé les vaches avec moi, vous avez eu bien tort de ne pas le faire. Les eussiez-vous gardées, ces vaches, vous sauriez qu'elles se nourrissent des produits de la nature, sans que nous n'ayons à produire pour elles aucun travail. Les vaches, en effet, broutent, et broutent de l'herbe."

Cher Jean-Marc,

j'ai dit (pour rire hein ? j'ose croire que vous n'avez pas pris la mouche) que nous ne les avions pas gardées ensemble, pas que je ne les avais jamais gardées ; chose que j'ai faite auprès de mon grand-père normand (vaches, poules, lapins, une chèvre, quelle époque heureuse !!!).
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 11:33   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Je suis d’accord avec le point soulevé par Christophe Rivoallan : Afchine Davoudi, vous critiquez les bobos pour leur vision déconnectée de la réalité (en quoi vous avez parfaitement raison car c’est sans doute ce qui les caractérise le mieux) mais la vôtre n’est pas très réaliste non plus...
"La réalité, c'est que personne n'a tellement envie d'être un ouvrier, de trimer dans un atelier sous des néons blafards à des heures impossibles, d'avoir le dos cassé à 40 ans, et de mourir d'une maladie professionnelle à 55. Cela se comprend."

Et ce sont les mêmes, sans doute, qui vantent la France d'avant, sa gaieté, l'allégresse de son peuple : on allait et on partait du travail "en chantant"...

M. Davoudi, cet excellent humoriste qui fustige la petite-bourgeoisie toujours et partout (sauf en lui-même, c'est son point faible), ne trouve-t-il pas que préférer mourir dans son lit à 90 ans plutôt que d'une maladie professionnelle à 55
est un idéal bien mesquin ? Bien peu à la mesure de son aristocratisme effréné ?
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 12:55   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
L'absence ou la moindre quantité d'usines en France est une idée tellement irréaliste qu'elle devient chaque jour plus réelle, Cher Leroy.

Pour le reste, la Chine pollue déjà, de toute façon... et quand on voit que les grands sommets du type Copenhague sont des échecs, on se dit que ce n'est pas nous qui allons pouvoir, à court terme, y changer quoi que ce soit.
Si j'ai écrit "grand bien leur fasse", c'est parce que je crois à la souveraineté des nations, d'une part, et en économie au principe de spécialisation, d'autre part.

Pour en revenir à la France, je suis persuadé que personne ou presque n'a envie d'occuper un poste d'ouvrier, y compris et surtout les jeunes issus de l'immigration. C'est ainsi. De nombreux immigrés, certes, sont et ont été ouvriers ; mais il serait naïf de nier qu'une grande quantité d'individus (plus jeunes et plus nocents) aspirent à gagner leur vie de façon nettement moins pénible et surtout moins légale. Quelle stupidité, alors, que de les parquer dans des lycées professionnels pour qu'ils décrochent un hypothétique emploi, dont ils ne veulent guère, dans une "usine" qui n'existe ou n'existera plus.

Quoi qu'il en soit, je suis surpris de constater que d'aucuns à l'In-nocence ont à ce point la passion des usines. Qu'on produise des biens en France, que cela procure encore des emplois, c'est sans doute une bonne chose. Mais l'idéal de ré-industrialisation massive me paraît personnellement aussi vain que peu désirable et suranné.

Si l'ère industrielle, celle qui emloyait des millions de bras, est bien derrière nous comme il semble qu'elle le soit, ce n'est pas moi qui en conceverai de la mélancolie. Encore une fois, c'est l'occasion de passer, comme on dit, à autre chose. L'In-nocence n'a pas, que je sache, la nostalgie de cette ère industrielle qui a, faut-il le rappeler, fait tant de mal au territoire au nom de la consommation de masse ; et nos préoccupations devraient aller au-delà du sempiternel problème de l'emploi qui en ces temps de réensauvagement demeure, malgré tout, secondaire.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 12:59   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
« M. Davoudi, cet excellent humoriste qui fustige la petite-bourgeoisie toujours et partout (sauf en lui-même, c'est son point faible), ne trouve-t-il pas que préférer mourir dans son lit à 90 ans plutôt que d'une maladie professionnelle à 55
est un idéal bien mesquin ? »

Comme disait Nicolas Sarkozy, autre grand humoriste, « ce n'est pas drôle de mourir ».
A part ça, non, vraiment, je ne vois pas ce qu'il y a de noble ni de désirable dans le fait de mourir de façon précoce d'une maladie professionnelle. Mieux vaut mourir un peu plus tard, oui, si possible sans douleur, et dans son lit pourquoi pas. Mais si vous n'en êtes pas sûr, on peut demander aux malades de l'amiante ou aux victimes de la silicose ce qu'ils en pensent... et leur expliquer qu'il y a un certain degré de “noblesse” dans une fin pareille.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 13:09   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
La nostalgie de l’In-nocence porterait donc sur un avant de l’ère industrielle ? Pourtant, cette ère-là coïncide parfaitement avec l’apparition de la “culture bourgeoise” :

« La culture, au sens particulier qu’elle a revêtu naguère dans l’appellation ministère de la Culture, aura vécu un peu plus de deux siècles : de la deuxième moitié du XVIIIème siècle aux premières années du XXIème. »

(Renaud Camus, Au nom de Vancouver. Journal 2008, éditions Fayard (2010), page 460.)

Une confusion à éviter, je crois, est celle qui mélange les immigrés au sens propre du terme et les enfants d’immigrés, les immigrés nationalisés, les jeunes divers et les chers sensibles (ceux dont on a déjà l’habitude).

De ceux-ci, on ne pourra jamais plus rien faire, probablement. Ils ont déjà pris le pli, l’habitude de renâcler, de traîner, de zoner, de se livrer aux petits trafics (pour une part (et une grande part) d’entre eux, les autres occupant les mêmes emplois de services que les pauvres “de souche” défoncés à l’hébétude).
Ceux-là sont ceux qu’il s’agirait de faire venir en plus. Car dans l’esprit de nos dirigeants, l’immigré perd très vite cette qualité. Il devient très vite, très facilement, très rapidement un Français comme un autre (auquel on devra allocations et aides), bref, un fainéant dont on ne peut rien faire ! Cette logique de réindustrialisation à base d’ouvriers-qui-meurent-à-55-ans appelle donc encore plus de Grand Remplacement.
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 13:10   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
(Cher Davoudi, je crois que M. le Président de la République disait : « Mourir, c’est pas facile. »)
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 13:15   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Ah oui, sans doute. Grand merci de cette précision.
Mon Dieu, c'est bien la première fois qu'on risque de confondre M. Sarkozy et Paul-Jean Toulet :

Toulet meurt le 6 septembre 1920, laissant sur sa table de chevet un ultime poème :

Ce n'est pas drôle de mourir
Et d'aimer tant de choses
La nuit bleue et les matins roses
Le verger plein de glaïeuls roses
(L'amour prompt)
Les fruits lents à mûrir...
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 14:46   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Bien sûr ! De là vient le fait que j'avais cette expression-là en tête...
Utilisateur anonyme
14 novembre 2012, 16:54   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
« Le seul objectif que l'école remplit avec succès est d'apprendre le mépris du travail matériel, l'horreur de la matière. » (Pierre Henri)

Croyez-moi, elle inocule avec plus de succès encore le mépris du travail intellectuel, de la poésie, de la forme, du savoir, du désintéressement.
Notez, Christophe, que M. Davoudi rejoint les Penseurs Chrétiens de ce site. En effet, pour passer de cette école qui est plus nulle que nulle aux "laboratoires de pointe" (où les chercheurs en aquaculture travaillent au son de "La Truite"), il ne faut qu'une chose : l'opération du Saint-Esprit.
Utilisateur anonyme
15 novembre 2012, 00:59   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Il est probable en effet que la prise de conscience par nos concitoyens de ce qui arrive, et plus généralement la reprise en main de la civilisation, constituent un horizon si éloigné qu'on en soit à invoquer quelque chose de la sorte.
Sachez néanmoins, Cher du Masnau, que vos moqueries et votre ton goguenard sont à mes yeux la confirmation de la pleine justesse de mes vues. Il faut dire que vous êtes, dans votre genre, un indicateur infaillible (en négatif, but still...)
Je tombe des nues quand vous parlez de moqueries...

Cela veut dire que vous pensez sérieusement ce que vous écrivez ? je croyez que vous étiez à vous seul la synthèse de Reboux & Muller, et que vous produisiez une sorte "d'à la manière de Kevin-Rayan Malthus".
Utilisateur anonyme
15 novembre 2012, 12:06   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
« Cela veut dire que vous pensez sérieusement ce que vous écrivez ? »

Parfaitement. Cela ne veut pas dire que j'exclue la possibilité d'aller trop loin, voire de me tromper, etc. — mais je ne suis en aucun cas en train de bouffonner.
Et je trouve que votre étonnement, toute proportions gardées (ou perdues) ressemble fort à celui des Amis du Désastre qui, réunis l'autre soir chez Taddéi, demandaient, en gros, à l'auteur de Septembre absolu s'il croyait à sa définition du Grand Remplacement. Ils n'en revenaient pas qu'on puisse voir, penser et surtout dire cela.
Votre cause est-elle si incertaine que vous soyez obligé de la défendre par l'analogie ?
Utilisateur anonyme
15 novembre 2012, 14:42   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Ou plutôt : si certaine.
L'analogie — je suis ravi que vous employiez ce terme, fût-ce dans votre style habituel d'interrogatoire — me va très bien.

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Ce qu'il y a de bien avec Davoudi, c'est — notamment — qu'il est pugnace.
Oui, mais M. du Masnau l'est tout autant...
Ça promet.
"Et d'ailleurs, se demander s'il faut produire des voitures ou du parfum, des marinières ou des stéthoscopes, des poutrelles de douze ou des décodeurs, c'est tomber dans le piège grossier du journal de 20 heures, qui veut nous faire croire que là est tout le problème." Afchine Davoudi

Va-t-on faire ceci ou cela ? Ces projets puérils ressortent de l'excitation chauvine, qui est, avec l'administration, le seul legs qu'homo oeconomicus ait hérité des défuntes nations. Le sport médiatique prospère toujours sur ce filon comme l'économie médiatique qui vante sans complexe les atouts du team France qui, d'ici 2030, devrait passer devant l'Allemagne (yes !) assurent les experts.

Il ne s'agit pas de faire ceci ou cela mais de produire, de préférence, ce que l'on consomme, et de consommer, de préférence, ce que l'on produit, sachant que l'on ne consomme pas que des services. Si l'on comprend l'industrie comme un aspect de l'économie matérielle, la réindustrialisation et la décroissance me semblent aller de paire. Au contraire, la spécialisation à outrance que vante Afchine Davoudi est un autre nom de la croissance sans fin ni raison. "Ces grands bateaux qui devront, si on suit [son] idée, traverser les océans chargés des biens que l'on ne produira plus, non merci." Christophe Rivoallan

La croissance n'est pas seulement une accumulation de biens, elle est aussi une accumulation de données. L'artificialisation et l'instrumentalisation de la réalité est à son paroxysme au coeur des cités dématérialisées, dont les écoles continuent de former des individus performants, à tel point qu'ils ne s'intéressent à "La Truite" (Jean-Marc du Masnau) que pour en mesurer les effets sur le biotope aquatique, et inculquent à la masse, à défaut de l'instruire vraiment, une haute estime d'elle-même qui la détourne de tâches qui auraient pu lui apporter autant de joie que celles presque obligatoires où elles la mènent. Une classe à demi hébétée à demi maline s'est substituée à la classe ouvrière. Plutôt que d'imaginer reconstituer la seconde ou d'importer une très provisoire main d'oeuvre ("l'immigré perd très vite cette qualité" Jean-Michel Leroy), chacun devrait tenir compte du parti pris des choses et, un recueil de poèmes de Francis Ponge en poche, prendre, de temps à autre, le chemin de l'usine ou du chantier.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2012, 00:04   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Mais enfin je n'ai vanté aucune spécialisation à outrance !
Quant aux biens en question (« des biens que l'on ne produira plus »), nous ne les produisons déjà plus, et depuis bien longtemps souvent. Et les cargos traversent déjà les océans, que nous ayons des usines ou non.

Ou bien je me suis mal exprimé, ou bien on m'a mal lu.
Je n'ai fait que critiquer cet idéal un peu benêt qui consisterait à vouloir revenir à une France très industrielle, où des usines gigantesques et innombrables surgiraient de terre on ne sait trop comment pour résoudre notre seul et unique problème, au demeurant bien connu : le sacro-saint chômage.

(Décidément, sur ce forum comme ailleurs, on adore faire dire aux individus ce qu'ils n'ont pas dit — on adore forcer le sens, autrement dit : le fatiguer.)
Cher Afchine Davoudi, vous faîtes bien de moquer les nouveaux chantres de la réindustrialisation qui sont aussi ceux de l'économisme (la croissance comme panacée), du bougisme (occuper les chômeurs) et d'une puérile euphorie (y a qu'à faire ça). Seule réserve, le bagne industriel ne me semble pas un épouvantail crédible : les agités de la croissance réclament le “développement durable”.

Par contre, une certaine approbation de la désindustrialisation pourrait contredire votre credo civilisationnel, puisque cette désindustrialisation résulte de la répartition internationale du travail en zones de surconsommation à crédit et en zones de surproduction créditrices, et de la répartition sociale du travail entre une minorité hautement qualifiée, hyper-active, super-performante et un peuple livré à la "déglingue" (Réplique du 10 novembre) suite à l'indigne abandon de la production à des ouvriers étrangers, dont les effectifs doivent être sans cesse renouvelés à mesure que la masse aux mains molles les absorbe, répartitions qui participent de l'ensauvagement du monde, de l'hyper-taylorisme.

Observant ce lien entre désindustrialisation et décivilisation, il est envisageable de défendre l'idée d'une réindustrialisation au nom de la recivilisation, toute tournée contre l'hybris des individus, en commençant par réinscrire l'industrie dans un ordre plus vaste, l'économie matérielle, la réalité sensible du monde et la dignité qu'il y a à ne pas déléguer.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2012, 17:07   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Le dit “développement durable” n'est qu'une farce inventée par quelque service marketing privé ou d'état.
Pour le reste, je me bornerai à rappeler que la civilisation n'a pas attendu l'industrie de masse pour exister. Mais bon, que voulez-vous, je suis un romantique (un taliban romantique).
« Taliban romantique », c'est très bien ça.

Je suis assez d'accord avec vous, au moins sur un point : il n'y a pas lieu de réclamer que tous les produits industriels que nous consommons soient fabriqués en France, notamment lorsqu'il s'agit de montage, une activité qui est d'ailleurs en général, lorsqu'elle est faite en France, exécutée par des immigrés. Mieux vaut construire ces usines dans les pays dont viennent ces immigrés, ils en ont le plus grand besoin, et cela nous ferait un peu d'air. Cette question est en tout cas inséparable de celle du Grand Remplacement.

Vous avez également raison sur le fait qu'il vaut mieux développer la conception de produits de haute technicité et les faire fabriquer ailleurs. Apple réalise ainsi une part majoritaire de sa plus-value sur le sol américain alors que ses produits sont fabriqués ailleurs.

Reste que la population active française, même exclusivement indigène, ne peut pas être entièrement constituée d'ingénieurs de haut niveau. Il existe des secteurs industriels à forte plus-value qui emploient encore des ouvriers qualifiés (des ouvriers professionnels ou OP dans le langage industriel). Ces secteurs-là font la force économique de pays comme l'Allemagne ou la Suisse, et la faisaient aussi pour la France, notamment dans des secteurs comme la construction aérienne, ferroviaire, etc. C'est là que nous avons perdu du terrain sottement, notamment par insuffisance de formations de haut niveau.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2012, 17:53   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Je vous reçois 5 / 5, Cher Marcel Meyer.
Citation
Afchine Davoudi
Mais enfin je n'ai vanté aucune spécialisation à outrance !
Quant aux biens en question (« des biens que l'on ne produira plus »), nous ne les produisons déjà plus, et depuis bien longtemps souvent. Et les cargos traversent déjà les océans, que nous ayons des usines ou non.

Ou bien je me suis mal exprimé, ou bien on m'a mal lu.
Je n'ai fait que critiquer cet idéal un peu benêt qui consisterait à vouloir revenir à une France très industrielle, où des usines gigantesques et innombrables surgiraient de terre on ne sait trop comment pour résoudre notre seul et unique problème, au demeurant bien connu : le sacro-saint chômage.

(Décidément, sur ce forum comme ailleurs, on adore faire dire aux individus ce qu'ils n'ont pas dit — on adore forcer le sens, autrement dit : le fatiguer.)

On adore aussi caricaturer, apparemment. C'est ce que vous faites dans votre avant-dernier paragraphe : souhaiter une réindustrialisation de la France n'est pas forcément vouloir une France "très industrielle", ni des "usines gigantesques et innombrables", ni considérer le chômage comme "sacro-saint", ni, enfin et surtout, considérer que l'emploi en serait l'unique objectif. On peut, par exemple, vouloir réindustrialiser par souci écologique (produire ici des lunettes en respectant des normes environnementales évite l'horreur écologique chinoise par exemple, et le "coût écologique" du transport). Ou par désir d'indépendance. Ou par nécessité, disons, sociale. Car comme le dit M. Meyer, "la population active française, même exclusivement indigène, ne peut pas être entièrement constituée d'ingénieurs de haut niveau", et, ajouterais-je, de poètes, de néo-aristocrates et d'amoureux du silence. Je n'idéalise pas les ouvriers ou je ne sais quelle "culture ouvrière", mais ces métiers offraient des débouchés à une partie de la population qui est et restera incapable de dessiner un Airbus, de lire Mallarmé ou de "faire de l'accueil téléphonique" pour Orange. A force de bousculer l'écosystème, de supprimer des espèces entières, sous prétexte de refiler les basses besognes à l'atelier du monde (et peu importe que la Chine détruise ses paysages, ses villes, ses vallées, ses montagnes, son silence, la santé de sa population — du moment que j'ai mon Ipad pour surfer sur le site de l'In-nocence, je suis content), on se retrouve avec un immense peuple de pseudo bacheliers ignares, de lumpen-étudiants, de chômeurs déprimés, de zombies affectés à des services qu'ils sont bien incapables de rendre, et de l'autre côté, d'une infime minorité de très riches ou de très cultivés (ce ne sont presque plus jamais les mêmes, d'ailleurs). Bref. Je crois que l'industriel et ses ouvriers sont très nécessaires à la France, à son écosystème, à son équilibre social, et même, paradoxalement, à la beauté de ses paysages et à son silence.
Utilisateur anonyme
16 novembre 2012, 22:15   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Jérôme Reybaud,

Tout d'abord, je n'ai pas d'Ipad et je ne surfe certainement pas sur le site de l'In-nocence. Je n'ai pas non plus la prétention d'influencer un pays comme la Chine qui, de toute façon, se fiche de notre avis et qui a décidé, pour le meilleur et sans doute pour le pire, d'être économiquement ce qu'il est, de faire ce qu'il fait (en revanche, pour ce qui est des droits de l'Homme, il ne faut absolument pas être indifférent).

Au fond, vous nous ressortez l'éternel argument qui consiste à dire qu'il faut bien occuper les pauvres hères qui ne sont pas faits pour être des savants. Et c'est en effet une grave question, qui n'appelle pas de réponse simple. Ce que je crois, néanmoins, c'est que l'usine, la grosse industrie à valeur technologique moyenne ou faible, l'assemblage comme le souligne si bien Marcel Meyer, ne sont en aucun cas des solutions, mais des vieilles lunes ayant le grand avantage d'être économiquement irréalisables vu l'état de la concurrence mondiale. Et ces emplois, je l'ai déjà dit, ne sont pas aussi désirés que l'on voudrait nous faire croire (ce qui se comprend).

Je pencherais davantage vers un retour à l'artisanat, à la petite entreprise, au savoir faire si possible irremplaçable, ce que l'Allemagne et même l'Italie ont d'ailleurs su faire ces derniers temps, il me semble (mais aussi aux hautes technologies, bien évidemment, tant qu'elles sont in-nocentes). Ce serait aussi l'occasion d'orienter de nombreux élèves qui ne sont pas faits pour les longues études vers l'apprentissage, ou le compagnonnage, bien plus souhaitables que ces pétaudières que sont les lycées professionnels. Ces entreprises auraient ainsi un rôle pédagogique à assumer, ce qui permettrait de soulager l'Ecole qui n'en peut mais.

Mais tout cela demeurera très problématique tant que la France sera surpeuplée par le nocent Grand Remplacement. Quand on aura réussi à faire partir cette masse remplaçante, oisive, onéreuse et revendicatrice, alors nos finances publiques iront mieux, et l'on pourra moins taxer ces entreprises, qu'on encouragera à produire des biens non programmés pour mourir aussitôt achetés. Il faut absolument mettre fin à l'économie de l'obsolescence programmée, en donnant toutes les incitations nécessaires (fiscales et autres).

Je suis intimement persuadé que ce n'est qu'en luttant contre le Grand Remplacement et contre la Grande Déculturation que l'on tendra alors, tant sur le plan culturel que sur le plan économique, vers une nation composée d'êtres moins remplaçables, oeuvrant à des travaux moins “délocalisables”, ce qui va naturellement de pair ; ainsi qu'à un climat de moindre défiance, c'est-à-dire de plus grande confiance, absolument nécessaire à toute prospérité économique.
On cherche 4000 bouchers. Ce ne sont pas 4000 bouchers qui vont ré-industrialisier la France. Sinon Halal.
Les métros : vides. On supprime les caissières, les contrôleurs, les guichets.
Les magasins : relativement vides. On supprime les vendeuses.
Les files à la poste : souvent longues.
De moins en moins de gens travaillent à un rythme de plus en plus soutenu, et beaucoup de postes autrefois confiés à des humains sont transférés à des terminaux. Vide, insécurité, impossibilité d'avoir un renseignement par une personne, sketch redoublé du répondeur, Sncf qui vous demande dix fois votre destination et confond Laon et Lyon...
Sans parler des petits commerces disparaissants...
Donc, je ne sais pas si la France nécessite de la réindustrialisation, mais du moins cette frénésie de modernité et de mécanisation est-elle si rentable que cela ? Même du point de vue économique...
Cher Afchine Davoudi
Avez-vous pensé, vous qui semblait déplorer le grand remplacement dont l'un des effets est la multiplication des noms et prénoms arabe ou d'origine africaine, à adopter un prénom français?
Ce serait un symbole fort qui donnerait une grande cohérence à votre discours.
Utilisateur anonyme
17 novembre 2012, 11:40   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Cher (Chère ?) Brindamour,

Avez-vous songé, vous qui semblez accorder de l'importance à ces questions, à vous exprimer en votre nom propre, comme c'est la règle ici, plutôt que de vous cacher derrière un “pseudo” ?
Ce serait un symbole fort qui donnerait une grande cohérence à votre discours.

(Et je me demande bien quel peut être le rapport entre cette question et le sujet du fil...)
Afchine Davoudi,

il est piquant de vous voir disqualifier la réindustrialisation au prétexte qu'elle serait "économiquement irréalisable" et placer tous vos espoirs dans le compagnonnage... De même, il est amusant de vous voir employer les exemples allemand et italien : les usines Volkswagen sont la preuve éclatante de la possibilité (et de la force) de l'industrie européenne, de même que les usines Fiat (le président de cette marque vient d'assurer qu'il ne fermerait aucune usine en Italie). La France serait-elle la seule à ne pouvoir garder ou rapatrier en France son industrie automobile ? Quant à votre éloge des "petites entreprises" allemandes et italiennes, je note avec satisfaction qu'il marque une forte évolution de votre point de vue, par rapport à votre première intervention sur ce fil. On peut en effet difficilement se féliciter de l'existence des usines allemandes et italiennes, fussent-elles qualifiées de "petites", et proclamer que "La France n'a pas besoin d'usines" et qu'il est très bien que "d'autres pays jouent le rôle d'atelier mondial".
D'ailleurs qui a dit que l'industrialisation ou la réindustrialisation de la France devait uniquement passer par des usines immenses et des entreprises gigantesques ? Qu'elle devait se faire sur le modèle unique de l'industrie du XIXème siècle, avec "gros patrons à cigares et de gentils ouvriers en bleus de travail" ?

En un mot : artisanat et compagnonnage sont des solutions qui n'excluent ni les petites ni les très grandes entreprises, bien au contraire, et la réindustrialisation de la France, loin de la caricature que vous avez formée pour pouvoir mieux la balayer d'un revers, a toute sa place dans la réflexion qui devrait permettre à la France de sortir de l'illusion d'une "France de services" comme du doux rêve d'une France "de vide, de silence, de décroissance, de dépeuplement, d'une part ; de civilité, savoir, de connaissances, de hautes technologies in-nocentes (laboratoires de pointe ?) d'autre part."
Utilisateur anonyme
17 novembre 2012, 14:55   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Je n'ai jamais fait la moindre référence à une "France de services". Une fois encore, vous me faites dire ce que je n'ai pas dit. De même, je ne place en aucun cas tous mes espoirs en quoi que ce soit.
Je vous rappelle que l'économie allemande, ce n'est pas que Volkswagen ; de même que l'économie italienne ne se résume pas à Fiat.

Quant au fait de qualifier mes idées de "doux rêve", c'est là aussi faire exactement la même réponse que celle que nous font toujours les Amis du Désastre quand on leur expose nos vues : ils nous disent que c'est un rêve, un fantasme, que ça ne peut pas exister, qu'on est en train de leur parler de "je ne sais quelle France", etc.

« Moi je sais quelle France, Monsieur. »

Je persiste à penser que dire, étant entendu que notre problème principal est le chômage, que tout ce qui nous manque, c'est la capacité d'occuper les individus en créant des usines, ce n'est qu'un leurre de plus, un pénible marronnier, une vieille lune bien pratique pour ne pas se poser les bonnes questions, en défonçant encore plus le territoire. D'ailleurs on essaie, et on n'y arrive pas !
Si j'ai écrit des messages sur ce fil, c'est parce qu'il pose une bonne question : quand bien même on arriverait à créer ces emplois-là, y aurait-t-il des individus désireux de les occuper ? Je crois que la réponse à cette question est en grande partie négative. Ce n'est pas parce que les chiffres du chômage sont élevés que lesdits chômeurs se précipiteront pour occuper ces très hypothétiques postes. Soit parce que cela ne les fait pas rêver, soit parce que les allocations c'est aussi bien, soit parce que vendre de la drogue ou travailler au noir c'est plus rentable, soit parce qu'ils ne sont pas faits pour le travail, etc. — mille et une bonnes raisons, en somme.

La France d'aujourd'hui, empêtrée dans les problèmes qui sont les siens, n'a pas besoin, au premier chef, d'usines, pas plus que d'éoliennes, de hangars, de croissance du PIB et de stabulations — de tout cela elle n'a eu que trop, ces derniers temps. L'Histoire avance. Il est vraiment de temps d'imaginer et de passer à autre chose, et notamment à des individus et à des activités irremplaçables.

(Thinking out of the box, comme disent les anglophones.)
Il ne s'agit pas d'occuper des gens avec des emplois. Quand il s'agit de cela, les socialistes sont très forts : ils créent quelques centaines de milliers de postes d'animateurs. Il s'agit bien de civilisation. Voilà pourquoi il importe peu que les gens le veuillent ou pas.

Les communiqués du PI associent la conservation des paysages, des écosystèmes, des économies et de la dignité des populations indigènes. Voyez le beau communiqué sur le Parc de la Vanoise. L'écologie ne se limite à la préservation des écosystèmes "parce que nous le valons bien". Aussi, conformément à l'esprit des communiqués, déléguer les tâches réputées ingrates (l'industrie, mais aussi le BTP et le soin des personnes âgées), serait-il judicieux pour l'écosystème d'un pays (aux dépens d'un autre) ou pour la croissance (se réserver les opérations à haute valeur ajoutée, c'est bon pour le PIB), est condamnable en ce qu'il porte atteinte à la dignité des peuples et à leur économie naturelle. Voyageant en Italie du Nord, il y a deux ans, j'ai été frappé de croiser un groupe de cantonniers, visiblement tous italiens, et d'observer une sorte de réincarnation d'Alix, le héros de bande dessinée, réparer une toiture par plus de quarante degrés. Je doute que ce dernier, surtout, prenait beaucoup de plaisir sur son toit. Mais l'important est ailleurs ! Ces visions de l'Italie éternelle m'ont grandement émues car ce sont ses derniers témoignages. Dans vingt ans, il en ira là-bas comme en France.

Il y a un rapport entre l'univers feutré des sociétés post-industrielles et la décivilisation. Quand les cultureux se rencontrent, ils chuchotent et polluent peu. Les bureaux bruissent des flatteries, des crasses et de l'humour le plus vulgaire des experts en manipulation des signes.

***

La reconstitution de la classe ouvrière ou plutôt de l'économie matérielle indigène pourrait être déclarée impossible si sa reconstitution avait été tentée sans succès (en transférant les charges sociales de la production à la consommation, entre autres).
Utilisateur anonyme
17 novembre 2012, 15:51   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
Les emplois-jeunes des socialistes sont pris en charge par l'Etat, qui de toute façon pourra de moins en moins se permettre de faire cela. Les entreprises, elles, malgré quelques déclarations d'intention de temps en temps, ne regardent les choses qu'en terme de charges et de profits — c'est ce qui les définit, après tout.

Pour ce qui est d'une reconstruction de la classe ouvrière indigène d'antan, c'est une idée séduisante mais je n'arrive pas à y croire. Parce qu'à bien y réfléchir, je ne sais pas si c'est si désirable que cela, et si qui que ce soit le désire vraiment. Cette structure sociale-là, qui avait peut-être ses charmes, encore que j'aie du mal à les apprécier pleinement, est derrière nous, et ce n'est peut-être pas plus mal. Quitte à devoir reconquérir le territoire et à reconstruire un modèle économique et social après le Désastre, autant inventer des choses neuves, non polluantes, non remplaçables, non toxiques, in-nocentes. Remonter aux sources de notre culture occidentale, oui. Pour le reste (qui sera toujours d'une importance relative moindre), de grâce, allons de l'avant.
“Quitte à devoir reconquérir le territoire et à reconstruire un modèle économique et social après le Désastre...” Afchine Davoudi

Après le Désastre, il n'y a rien ou plutôt si l'Islam. Dans cette perspective, il convient de considérer ce qui réchapperait de la disparition de l'Europe occidentale, des diasporas, des communautés, et ce qui n'aurait été qu'altéré par le Désastre, le reste du monde, et, tout particulièrement, les mondes les plus susceptibles d'accueillir les diasporas ou de laisser s'épanouir les communautés prolongeant la vieille Europe : les Amériques, Israël, l'Europe de l'Est. Personne n'étant prophète en son pays, je crois que des pays d'Amérique du Sud pourraient comprendre ce qui est ici incompréhensible.

***

“...autant inventer des choses neuves...” Afchine Davoudi

Les infirmes auront toujours besoin d'être lavés, les toits fuiront toujours, les routes se troueront toujours. Il est impossible de penser un peuple irremplaçable sans se préoccuper de ceux qui laveront, colmateront, reboucheront. Qu'un peuple puisse considérer qu'il y a pour lui des tâches indignes de son génie (et l'industrie, du moins, ses opérations les plus modestes, compterait au nombre de ces tâches indignes) est une faute morale qu'il convient de fustiger et qui se paye par son remplacement immédiat. On pourrait imaginer qu'un tel peuple délivre des titres de séjours temporaires de travail. Mais il ne le fait pas. Ce calcul, ce commerce vulgaires lui sont étrangers, car, s'il refuse d'assumer les nécessités matérielle de sa survie, c'est qu'il se méprise, c'est qu'il fait l'ange ou le boeuf, c'est qu'il n'entend pas survivre.

Ces considérations se passent de l'économie. Il est aussi possible d'inventer les conditions économiques qui rendent un peuple irremplaçable. (Paul-Marie Coûteaux a consacré une émission que j'ai manquée au solidarisme.)
"Qu'un peuple puisse considérer qu'il y a pour lui des tâches indignes de son génie (et l'industrie, du moins, ses opérations les plus modestes, compterait au nombre de ces tâches indignes) est une faute morale qu'il convient de fustiger et qui se paye par son remplacement immédiat."
Très juste. Hier le peuple ne rechignait pas aux taches ingrates. La conjonction entre le travail manuel méprisé par une éducaton nationale de gauche et l'immigration a rendu possible cette faute morale.
L'immigration a rendu possible que le peuple rechigne aux tâches ingrates. L'immigration imposée au peuple par les immigrés a rendu possible que le peuple rechigne aux tâches ingrates faites par les immigrés. Les tâches ingrates ont été rechignées par le peuple du fait de l'immigration attirée par les tâches ingrates. Le peuple etc...
NB: Ceci est une réponse à Cassandre. Avec Afchine le niveau monte trop pour moi.
Pour la signature, vous avez parfaitement raison.
Voilà qui est fait.
En ce qui concerne le rapport avec le fil de discussion cela a un petit rapport.
En effet, le remplacement de population évoque dans le fil a à voir avec les noms et l'identité de la population.
D'ailleurs, il a existé une epoque où l'immigration était un succès entre autres parce que les nouveaux arrivants se dépêchaient d'adopter un prénom français, parfois pour eux et toujours pour leurs enfants.
Les infirmes auront toujours besoin d'être lavés, les toits fuiront toujours, les routes se troueront toujours. Il est impossible de penser un peuple irremplaçable sans se préoccuper de ceux qui laveront, colmateront, reboucheront. Qu'un peuple puisse considérer qu'il y a pour lui des tâches indignes de son génie (et l'industrie, du moins, ses opérations les plus modestes, compterait au nombre de ces tâches indignes) est une faute morale qu'il convient de fustiger et qui se paye par son remplacement immédiat. On pourrait imaginer qu'un tel peuple délivre des titres de séjours temporaires de travail. Mais il ne le fait pas. Ce calcul, ce commerce vulgaires lui sont étrangers, car, s'il refuse d'assumer les nécessités matérielle de sa survie, c'est qu'il se méprise, c'est qu'il fait l'ange ou le boeuf, c'est qu'il n'entend pas survivre.


Exactement.
Quelles sont "les choses neuves" qui occupent vos pensées, cher Afchine Davoudi, et qui, pour demeurer fidèle à la ligne du PI, ne relèvent pas de la pensée économique ? Les 4000 bouchers qui manquent me font penser au lien particulier que les Européens entretiennent avec les animaux. Un boucher hallal ne remplace pas un boucher "à la française". Mais si les bouchers "à la française" ne comprennent pas qu'ils ne commettent pas de sacrifice, et que cette différence a un sens et une valeur, ils se croiront remplaçables et remplacés, et les consommateurs de viande le croiront avec eux, ou, plutôt, d'être incapables de formuler le vague sentiment d'une perte, celle d'une boucherie (comment la nommer ?) que la boucherie sacrificielle ne remplace pas, les uns les autres étoufferont sans peine leurs scrupules pour suivre leur intérêt, pour vendre leur fond de commerce et continuer de manger leurs steacks, hallals ou pas.

Que l'intérêt des remplacés entre dans leurs comportements remplacistes conduit à rapprocher la disparition des classes ouvrières indigènes (ou des activités ouvrières indigènes) du néo-colonialisme. Autant que de se croire remplaçables, les remplacistes sont remplacés de se croire irremplaçables, assimilateurs par essence, non pas uniquement en raison de l'individualisme qui fait confondre la France et sa personne, mais en raison d'une confiance absolue dans la supériorité d'un univers qui se suffit d'un contrat sans objet et sans autres partenaires que ceux présents et qui, étant universel, est, par définition, irremplaçable, cela au mépris de la réalité fonctionnelle et sensible des pays. Le néo-colonialisme concerne certains nationalistes qui déclarent abruptement : la France tu l'aimes ou tu la quittes. On peut aimer la France car on y est dispensé des tâches ingrates, mais ce qu'on aime alors n'est pas un pays, c'est un confortable artifice administratif rendu possible par une immigration perpétuelle.

Ne serait-ce que par stratégie, il m'est arrivé de défendre ici l'intérêt qu'il y aurait de flatter la passion des Français pour la repentance (où se cache leur amour propre) et de retourner cette passion contre les dévots qui en font commerce sur le dos des générations passéees, coloniales donc, en demandant aux néo-coloniaux de se repentir publiquement d'exploiter le travail allogène et de se corriger, au plus vite, en arrêtant immédiatement l'immigration de travail ingrat et en se chargeant eux-mêmes des tâches ingrates en rémission de leur racisme et en vue d'accorder leurs actes à leurs démonstrations d'humilité.
C'est ce que Renaud Camus a commencé de faire en déclarant plusieurs fois que l'argument selon lequel il fallait des immigrés pour payer nos retraites était d'un cynisme scandaleux.
Ayant grandi dans un Paris populaire qui a disparu, j'ai gardé une grande tendresse pour le "populo" que j'y ai côtoyé. Je n'y peux rien mais je n'ai le souvenir que de braves gens qui, en effet, ne rechignaient pas à la tâche, tâche qu'ils mettaient un point d'honneur à accomplir le mieux possible . Dans l'esprit de ces gens il y avait les métiers d'hommes, les leurs, et ils en étaient fiers (comme quoi le machisme a parfois du bon) et les métiers de "messieurs", ceux du bourgeois qu'ils ne méprisaient pas pour autant, bien au contraire, à partir du moment où il voyait, précisément, dans ce dernier un grand -- ou un vrai-- monsieur, comme ils disaient, laquelle expression englobait des qualités morales, humaines et intellectuelles. Dans ce cas -là, lutte des classes ou pas, ils s'en laissaient imposer sans se sentir humiliés. En revanche il ne s'en laissait pas imposer ni compter par les "petits" bourgeois quels que fussent leur rang ou leur fortune.
Depuis quarante ans, je vis, d'ailleurs, dans un quartier où mes deux plus proches voisins étaient -- est encore pour l'un d'eux -- des représentants de ce populo : l'un, qui est mort l'année dernière, employé de boucherie à qui j'avais rendu hommage sur ce forum, l'autre, sachant à peine lire et écrire, manutentionnaire dans un magasin de mobilier sanitaire, c'est-à-dire, pour les deux, le bas de l'échelle sociale. Je n'ai eu jusqu'à présent qu'à me féliciter de leur voisinage, de leur serviabilité et de leur bon sens. Je n'ai jamais seni chez eux la moindre jalouisie pour ceux qui étaient plus haut placés ou plus riches qu'eux. Il est vrai qu'ils ont beaucoup compté, pour leurs enfants, sur l'ascenseur social qu'était encore, à l'époque, l'école de la République, à juste raison, car leurs enfant ont, en effet, comme on dit, "réussi". Conscients d'avoir vécu honnêtement, dans tous les sens de ce terme, de leur travail, d'avoir bien élevé leurs enfants; ils vivent, sereins, avec le sentiment du devoir accompli.

L'arrivée des immigrés a complètement changé la donne. A partir de ce moment, la nouvelle gauche dite "caviar", issue de mai 68, a semblé découvrir ces durs travaux que le populo de souche ou assimilé mettait jusque là un point d'honneur à accomplir sans se plaindre, ce qui ne l'empêchait pas de militer pour l'amélioration des salaires et des conditiosn de travail. Ah ces boulots dégueus qu'étaient obligés de se taper ces pauvres immigrés ! entonnait le choeur des pleureuses, comme si les prolos de souche, ces feignasses, étaient responsables de la situation, ignorant ou feignant d'ignorer, par ailleurs, que ces prolos français étaient encore majoritaires dans ce genre de travaux jusqu'à la fin des années 80. Simultanément l'école française poussait les élèves à délaisser le travail manuel pour les études longues, présentées comme beaucoup plus valorisantes. La conjugaison de ces deux phénomènes a eu pour résultat que ces métiers qu'il accomplissait avant sans pleurnicher sur son sort ont fini par se dévaloriser complètement aux yeux du populo et à lui paraître, en effet, des tâches ingrates à éviter autant que possible.
Qu'est-ce qu'un enfant qui "a réussi" ? sinon précisément, dans ce "populo", celui qui s'éloignera des métiers paternels? Ce populo-là, c'est un constat, nullement empreint du moindre jugement de valeur, faut-il le préciser, entretenait, à l'égard de l'avenir de sa progéniture, la valeureuse espérance d'un mieux-aller, le rêve d'une ascension sociale, plus simplement dit. Dans les premiers romans de Marcel Aymé (le Marcel Aymé première période était un romancier que la critique ou la pensance ordinaires ont massivement sous-estimé) est dépeint un personnage, un jeune homme orphelin dont l'enfance avait été prise en main par un oncle paysan qui s'appliquait à lui fournir des recettes pour "réussir" à la ville afin de -- inoubliable image --, être en souliers toute la semaine (sans devoir chausser des sabots). Quitter ses sabots pour de bon, leur dire adieu, c'était tout le symbole de la réussite (aujourd'hui c'est "rouler en jantes à rayons", par exemple).

Mais il y avait en France, un autre populo, plus endurci, concevant l'appartenance de classe avec fierté, presque comme une appartenance de caste, l'affirmant avec défiance, regardant les "messieurs" avec front. On trouvait ce populo-ci dans le Nord plus fréquemment que dans le Midi; pour lui, toute variance avec le donné, l'héritage du métier, valait trahison de cet héritage. J'ai en mémoire un cas semblable, que je n'ai connu qu'indirectement: papa était mineur, fiston serait mineur. Dans la famille on quitte l'école à 16 ans, pas question de faire une exception pour le fils premier né, qu'il faudrait pas qu'il se croit "plus beau que les autres, non plus". Ceux-là étaient butors, avaient des tempéraments de Ténardiers, tout en déployant un fort esprit de solidarité familiale et communautaire, d'essence clanique, très souvent d'inspiration pro-moscovite.
18 novembre 2012, 23:09   Insomnie
"Non mais... tu es plus beau que les autres toi ?"

Il y aurait lieu parfois de se demander si "la famille recomposée", fléau moderne s'il en est, n'offre pas un superbe avantage structurant pour l'enfant qui s'y trouve pris; ce dernier se voit en effet offert la chance inouïe de pouvoir, dans le giron familial, haïr en toute sécurité. Enfant, on ne peut haïr ou honnir ses propres parents en leur renvoyant la balle de leur dégoût de vous avoir fait sans risquer l'énurésie, la crise d'asthme à répétition, tandis qu'un beau-père, une belle-mère, si, d'abondance et à loisir, à voix haute et par-dessus les toits. Combien n'ai-je vu de ces enviables gaillards, de ces belles plantes grandis solidement et sainement calés dans l'invective hargneuse et franche, et totalement libre, au beau-père, à la belle-mère !

"Pensez aux enfants!" nous lancent dans leurs objurgations les "militants contre" le mariage homo, qui vont devoir grandir "en se cherchant", en se demandant qui reconnaître et qui aimer, dans ces familles tuyaux-de-poële décomposées et recomposées à la va-que-je-fiche. Les enfants de familles décomposées-recomposées vont très bien, merci pour eux. Les orphelins se portent à merveille. Ils ont eu pour tuteur la haine et le rejet propulseurs, ils se sont faits en crachant à la gueule à qui de droit, ce qui leur a donné une belle avance sur les autres. Le beau-parent, tête de turc idéale, punching-ball providentiel, os à ronger et sur lequel baver à souhait, bout de tapis où se faire les griffes, schmurtz familial, se devait d'être inventé pour sauver la civilisation, la faire repartir d'un bon pied. Et vive le mariage homo !
» L'arrivée des immigrés a complètement changé la donne

Franchement, je crois que l'arrivée de immigrés n'y fut pour rien : vous décrivez un état d'esprit en quasi état de disparition, celui de l'"inférieur" satisfait de son état et sachant, avec une admirable bonne volonté, rester à sa place.
Ce sont des vertus qui ont été bel et bien balayées par la folle idée d'égalité qui a entiché les esprits, et qui tient du caractère imparable et inexorable de toutes les "évolutions de mentalité" à échelle historique : à partir d'un certain moment tout le monde a commencé de croire qu'il n'était pas tout le monde, et revendiqué crânement son droit de cité, et celui de parler, de juger, de babiller, de baragouiner, de bêtifier, de compter, d'influer.
Le ver était déjà dans le fruit, et l'on peut même se demander si ce n'est précisément pas cette conscience générale de sa toute nouvelle valeur, aussi uniformément partagée que jalousement tenue par chacun en unique bien inaliénable, qui n'a pas incité certains acteurs économiques à rechercher une accommodante servilité, à l'ancienne, ailleurs.

Cette éventualité ferait des nouveaux arrivants, chère Cassandre, les figurants du chant du cygne de cette classe populaire dont vous déplorez tant la disparition...
Cher Alain Eytan, comme toujours il y a, bien sûr, du vrai dans votre commentaire. N'empêche que si beaucoup de prolos restaient à leur place, ce n'est pas parcequ'ils avaient une âme de larbins mais parce qu'ils étaient plustôt fiers d'être à cette place, conscients qu'ils étaient de leur utilité pour la société. Ils n'étaient pas des résignés non plus, puisqu'ils militaient énergiquement pour l'amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Et puis ils comtaient beaucoup pour leurs enfants, non sur l'égalitarisme de bazar introduit par la gauche caviar, mais sur la dure et loyale compétition au mérite que leur proposait à l'époque l'école de la République. Ce n'est pas un hasard, si ce furent longtemps les prolos qui se sont le plus indignés de la tournure qu'a prise cette école à partir de 68. Et puis le matraquage médiatique et le rôle joué par les professeurs eux-mêmes ont fini par avoir raison de leur bon sens.
Oui, c'est vrai ; à ce propos d'ailleurs, il est piquant qu'il n'y ait que l'école "élitiste", celle qui sanctionne l'échec et promeut activement la réussite des plus méritants, qui puisse faire office d'"ascenseur social"... Pardon pour ce truisme redoutable, mai pour pouvoir s'élever, il faut un élévateur en état de marche, ce qui est le contraire de l'aplanisseur.
De ce point de vue, la faillite de l'école semble concomitante à la disparition d'un prolétariat digne de ce nom...
Utilisateur anonyme
20 novembre 2012, 09:40   Re : Y a-t-il une classe ouvrière pour réindustrialiser la France ?
La France manque de couturières.

[www.franceinfo.fr]
" Pardon pour ce truisme redoutable, mai pour pouvoir s'élever, il faut un élévateur en état de marche, ce qui est le contraire de l'aplanisseur.
De ce point de vue, la faillite de l'école semble concomitante à la disparition d'un prolétariat digne de ce nom... "

Entièrement d'accord.
"C'est ce que Renaud Camus a commencé de faire en déclarant plusieurs fois que l'argument selon lequel il fallait des immigrés pour payer nos retraites était d'un cynisme scandaleux." Marcel Meyer

"La chance inouïe de pouvoir, dans le giron familial, haïr en toute sécurité" que Francis Marche loue chez les familles recomposées serait aussi donnée par la nation recomposée qui permet à des générations épanouies de démocrates d'haïr en toute sécurité le peuple dont ils sont issus. Les misfits, les inadaptés du siècle souffriraient de ne pouvoir "haïr ou honnir" un pays qui visiblement ne veut plus d'eux. Il est vital de pouvoir haïr le ver dans le fruit dont la pourriture attire les guêpes.

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Comment assumer les nécessités matérielles d'un pays (et ses productions indutrielles) sans classe ouvrière ?

Le peuple dans sa majorité n'a pas l'esprit clanique et compte sur l'école pour extraire ses enfants du peuple. Or, une poignée d'irréductibles Picards ne peut assumer seule les nécessités matérielles du pays. Il convient donc de se faire à l'idée que l'élévateur scolaire abaisse aussi bien qu'il élève, et qu'il n'y aurait pas drame à reprendre le travail de son grand-père si l'on savait pouvoir compter sur l'école pour que son fils reprenne le travail de son père, si les lois du marché de l'emploi n'étant pas faussées par l'immigration, les tâches ingrates étaient mieux rémunérées, si l'évidente dignité (morale, économique et politique) de ces tâches étaient reconnues, si la pluri-activité allait de soi, si tout était mis en oeuvre pour aider "l'école du soir" .
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