L'hypothèse du "nationalisme" et celle de la "confédération" n'en font qu'une en fait, puisque la seconde est censée permettre à la première de prospérer
Or...
"Aucune réforme de l'Union économique et monétaire ou du marché unique ne réussira si les Européens s'entêtent à penser qu'ils réussiront sur la voie où tant d'autres, avant eux, ont échoué, c'est-à-dire dans la création d'une fédération d'entités qui prétendent rester souveraines : ''La vérité, c'est qu'une souveraineté sur des souverains, un gouvernement sur des gouvernements, une législation pour des communautés distinctes des individus, est une faute énorme en théorie ; en pratique, c'est le renversement de l'ordre, la fin de la vie politique" (
Federalist Papers, n°20)" (p. 180)
(...) "À cet égard, il est assez frappant de mesurer, une fois encore grâce aux
Federalist Papers, que le problème n'est pas nouveau. Leurs auteurs relèvent que le Saint Empire romain germanique a déjà tenté, sans succès, la fusion d'entités qui, à la Diète, prétendaient rester ''souveraines'' : "Le principe fondamental sur lequel (il) repose, à savoir que l'Empire est une association de souverains ; que la Diète représente des souverains ; que les lois sont adressées à des souverains, ce principe fait de l'Empire un corps sans nerfs, incapable de gouverner ses membres, sans sécurité contre les dangers extérieurs, et perpétuellement agité par des convulsions intestines" (
Federalist Papers n°19) (p. 194)
Maintenant, un mot sur l'avenir des mouvements "souverainistes"
Ces mouvements, de droite et de gauche, tablent sur l'effondrement de la zone euro : non seulement ils l'annoncent mais ils montrent qu'ils le souhaitent. Or c'est suicidaire pour deux raisons :
- si le désastre se produit (parce que la sortie de l'euro serait un désastre), ces mouvements pourront en être tenus pour responsables, au moins partiellement ;
- dans le cas contraire, le plus probable, ces mouvements seront discrédités. Le FN l'a bien compris, c'est pourquoi Marine Le Pen a commencé à attaquer sur un autre terrain en prônant une politique "interventionniste" avec soutien de l'Etat à l'économie et protectionnisme (par ex. nationalisme "temporaire" de l'usine française de Mital). Mais un interventionnisme nationaliste n'est pas viable.
Conclusion : les mouvements souverainistes vont dans le mur, à grande vitesse et en klaxonnant. J'espère que le P.I. ne sera pas dans la voiture.
La résolution de la crise économique passe nécessairement par un renforcement de la coopération fédérale, ne serait-ce que pour éviter le dumping fiscal entre Etats "souverains" (qui existe actuellement et démontre une fois encore l'échec du modèle confédéral), ou pour financer les grands investissements rendus nécessaires par la transition énergétique.
Une certaine forme de "fédéralisme financier" se dessine sous la forme de fonds de secours européens : c'est une évolution tardive mais extrêmement importante qu'il faut soutenir pour qu'elle soit encore renforcée.
La résolution de la crise économique passe nécessairement par des migrations intra-européennes : le protectionnisme ethno-culturel auquel le P.I. appelle ne peut avoir une chance d'entrer en application qu'au niveau européen.