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La parole dans les quartiers populaires

Envoyé par Michel Le Floch 
La parodie est devenue inutile (suite) :

Mohamed Mechmache, l'inlassable porte-voix des banlieues
LE MONDE | 11.01.2013 Par Sylvia Zappi


Il y a quelques mois, il aurait été de l'autre côté de la salle, avec ses camarades du Forum social des quartiers populaires. Intervenant avec la rage des gosses des cités, même la quarantaine dépassée. Mercredi 9 janvier, dans le salon d'honneur de la préfecture de Bobigny, Mohamed Mechmache est assis à quelques mètres du ministre de la ville, qui lance ce soir-là ses débats citoyens. François Lamy l'a nommé, avec la sociologue Marie-Hélène Bacqué, à la tête d'une mission chargée de réfléchir à de nouveaux outils de concertation avec les habitants des cités.

Quand le ministre est venu le rencontrer à Clichy-sous-Bois, lors d'un concert de ses potes de Zebda, fin 2012, lui parler de sa consultation et de son désir de l'y associer, il y croyait à moitié. Encore une idée de techno ! Lui, consulter les habitants des banlieues, il le fait depuis sept ans. A ses yeux, la politique de la ville a toujours ignoré les premiers concernés : ceux qui vivent dans les cités. C'est pour cette raison qu'il a lancé son association AClefeu au lendemain des émeutes urbaines de novembre 2005 : durant six jours et six nuits, alors éducateur de rue, il avait arpenté les rues en feu de Clichy-sous-Bois, harangué les gosses qui voulaient sentir la poudre pour venger Zyed et Bouna - deux ados morts dans un transformateur électrique - pour les convaincre qu'ils jouaient contre leur camp.

Sans relâche, du haut de son mètre soixante-cinq, il avait palabré pour les désarmer, leur dire qu'il fallait qu'ils se mêlent de politique mais d'une autre manière. Avec autant de rage peut-être mais de façon plus constructive. "C'était une forme de suicide ! Mais il faut se souvenir : toutes les nuits, les hélicos survolaient les cités, projos braqués sur les appartements. Le lendemain, les gamins rejouaient les scènes dans les cours de récréation", raconte-t-il de sa voix éraillée.

CAPACITÉ À S'INDIGNER

Avec d'autres adultes, eux aussi choqués par la manière dont leur banlieue a été traitée, il lance un tour de France pour recueillir les doléances des habitants. Cent vingt propositions pour interpeller sur l'urgence sociale des quartiers populaires. En vain. Les banlieues ne brûlent plus. L'association tente quelques coups d'éclat et prises de parole sauvages lors des voyages médiatisés de Fadela Amara dans les quartiers. Mais la gauche reste sourde. En 201 2, enrageant de voir le thème mis de côté par les candidats à la présidentielle, l'association occupe un local en plein coeur de Paris et décrète un "Ministère de la crise des banlieues". François Hollande viendra, mais ne parlera guère du sujet dans sa campagne.

Mohamed Mechmache, père de trois filles, fait partie de cette génération impliquée dans le milieu associatif, qui a tout fait pour peser en politique, sans jamais s'encarter, et qui est si déçue par la gauche. "François Hollande a fait lever des salles entières sur le droit de vote des étrangers ou sur les récépissés de contrôle d'identité à Aulnay ou ailleurs, lors de son "banlieue tour", en avril. Depuis ? Rien."

Il a gardé intacte sa capacité à s'indigner, six mois plus tard. Même avec sa nouvelle charge. Elle vient de loin, cette colère devant le sort fait aux gens des cités. Né dans un bidonville, à Nanterre, en 1966, de parents algériens, Mohamed a vu ses oncles faire la Marche pour l'égalité en 1983 et lutter contre les bavures policières. Il s'est investi dans un club de jeunesse dans sa cité des Bosquets, à Clichy.

"MILITANT EXIGEANT"

Il a vu aussi les dégâts de la drogue, les trafics gangrener les cages d'escalier et tuer à petit feu nombre de ses potes. "Je voyais des mecs qui étaient nos idoles demander à des gamins de leur tenir le garrot pendant qu'ils se shootaient ; c'était devenu des morts-vivants", se souvient-il, les larmes aux yeux. Comme deux de ses oncles qu'il retrouve, à 16 ans, morts d'overdose. "On s'est organisés, et on a débarrassé le quartier des dealers. Maintenant, on essaie de donner du sens."

Depuis, il a été élu maire adjoint à la jeunesse à Noisy-le-Sec, avant de démissionner, a fondé un mouvement politique local, Affirmation, s'est fait haïr de la droite, est devenu chargé de mission dans une association d'aide à la création d'entreprise. Fièrement, il montre son local, dans un petit pavillon, heureux d'avoir recruté une relève qui occupe ses locaux. Mohamed Mechmache a forcé l'admiration des politiques locaux.

"C'est un militant exigeant, qui fait un travail remarquable", dit de lui le sénateur Claude Dilain. "Il reste fidèle à ses valeurs", renchérit le maire de Clichy, Olivier Klein. L'idée de le voir nommé par un ministre aurait pu faire sourire. Lui s'en fiche. Ce qu'il cherche, là encore, c'est "donner du pouvoir aux gens".

Sylvia Zappi
Rassurez-moi, M. Le Floch, cet article est tiré d'un blog du Monde.fr, pas d'une édition imprimée du quotidien, n'est-ce pas?
Je suis désolé de vous décevoir mais cet "article" a bel et bien été imprimé.
Ha... Je vais donc devoir en faire la lecture à mon vieux père. Pas sûr qu'il me croie sur parole mais bon, par piété filiale, je m'impose de le tenir régulièrement au courant de toutes ces choses qui trahissent l'état de délabrement avancé du pays (le Monde qui, dans le fond comme dans la forme, est devenu un torchon, le niveau des élites dirigeantes, de la production culturelle, des étudiants, etc.).
Cette dame Zappi a été militante trotskyste et a passé huit ans à la LCR.
Citation
Pierre-Marie Dangle
Cette dame Zappi a été militante trotskyste et a passé huit ans à la LCR.

Je tombe à l'instant sur une réaction de dame Zappi (excellent surnom) sur Facebook: "les valeurs d'ordre progressent...déprimant". Ce commentaire étourdissant porte sur une étude dans laquelle une majorité de Français osent estimer qu'il y a trop d'immigrés en France.
Les mots croisés d'un Monde de plus en plus décomplexé réservent aussi quelques surprises. J'ai longtemps buté, ce matin, sur la définition "Trompera son monde", réfléchissant à tort à partir de ce que je croyais être une astuce induite par le mot "monde". Mais la grille pratiquement remplie, la solution s'est imposée d'elle-même dans toute sa splendeur : "Trompera son monde"? Mais c'est "Niquera" bien sûr !
Rencontre au sommet à Marseille. Je crois, cher Comolli, que vous allez vivement apprécier cet article de la Grande Mortaigne paru dans le supplément "Culture et idées" du Monde : [www.lemonde.fr]
Moi cela me rappelle, s'agissant de la hauteur de vue, la rencontre entre Heidegger et Cassirer, consacrée à Kant, à Davos en 1929.

L'article dans son intégralité ici :
Indomptable Keny Arkana
LE MONDE CULTURE ET IDEES | Par Véronique Mortaigne - Marseille, envoyée spéciale



Elle est en rogne, Keny Arkana. Elle n'a pas changé de bord depuis sa première "mix-tape" (compilation) produite en 1999, à 17 ans, avec le collectif marseillais Etat Major. Rappeuse radicale, allergique au vedettariat, aux photos, au monde marchand, c'est une petite meuf de la Plaine, zone populaire du centre de Marseille. Keny Arkana (son nom de quartier, l'originel est d'ordre "privé") est une indignée. "A la base, je suis pour l'autonomie", déclare cette voix féminine, habitée sur scène de diables briseurs et de démons turbulents et qui casse les stéréotypes machistes du hip-hop, comme Diam's en son temps. On la dit un peu folle, sans doute parce qu'elle voit tout. L'oeil tranche dans le gras du monde.
Sur un cours Julien en plein travaux de rénovation, on sirote un café allongé à la terrasse du Court jus (parce qu'il y a du soleil à Marseille, même en hiver, et qu'on le prend comme pain bénit). "Marseille, dit Keny Arkana, 29 ans, c'est la porte de l'Orient, une ville du tiers-monde qui vit avec de vieilles histoires occitanes." La Plaine, juste derrière le cours Julien, c'est chez elle, elle connaît ses "frangins", son grand marché, ses trafics, ses accointances et rivalités avec ceux de Noailles, du Panier, de Belsunce... La Plaine, dit-elle, c'était "le peuple au coeur de la ville". Mais la horde des bourgeois bohèmes s'y est répandue.

Keny Arkana est impossible à contenir, mais elle trace sa route, scandant : "Il pleut des émeutes sur le globe, oui, la jeunesse est dans la ville." Quand elle n'est pas tête brûlée, elle apprend à reconnaître ce qui lui importe : "J'adore l'huile d'olive", répète, tout sourire, l'auteure de Tout tourne autour du soleil, album radical de hip-hop, balancé et énergique, sorti le 3 décembre. Dans ce disque de dix-huit titres figure Le Syndrome de l'exclu, ou comment devenir parano dès qu'on sort de son quartier, comment s'auto-exclure parce que l'on a intégré le regard du vigile et de la bourgeoise.

Avec son sempiternel bandeau enserrant d'épais cheveux, son regard fixé vers des ailleurs, la jeune fille s'est extirpée très tôt du calcaire et des calanques en cul-de-sac. Marseille, c'est sec, "très sec". Pas de vert. "Enfant, je disais à ma mère : "Y a pas de forêt, quand est-ce qu'on part en forêt ?"" Méfiante, comme souvent, Keny Arkana dit de la cité phocéenne, ville adorée, dangereuse par ses indolences communautaires, qu'elle "siphonne, et aspire". "On peut y rester pour toujours, fumer des joints, boire des bières, ne pas bouger. On est bien." (avec une pointe d'accent).

Les rappeurs marseillais de la seconde génération - celle d'après IAM - ont affirmé une identité faite "de soleil et de larmes", selon le chanteur Soprano (d'origine comorienne, issu de la cité du Plan d'Aou, quartiers nord), une mélancolie festive, mélangée. Les règlements de compte en chaîne, l'assassinat d'un buraliste du quartier des Chutes-Lavie, poignardé pour un butin dérisoire à la mi-novembre, font basculer la ville vers un chaos inédit. "Marseille, c'était un grand quartier, où on a toujours vécu grâce aux réseaux", politiques, sportifs, mafieux, clientélistes. "Aujourd'hui, il y a trop de monde dans les réseaux, et ça coince. Alors, dans les quartiers nord, on résout le problème de surcharge avec des armes de guerre, trente balles à la fois, et Gaudin [Jean-Claude, maire UMP de Marseille] pense qu'ils n'ont qu'à s'entre-tuer. Ici, dans le centre, nous n'avons jamais eu la même forme de délinquance. On a toujours aimé aller au charbon, les coups d'éclat, tirer les cartes bleues des touristes allemands. Le meurtre du papetier, c'est abuser !"

Marseille sera Capitale européenne de la culture en 2013. Keny Arkana traduit : Capitale de la rupture, long texte au flot continu figurant sur son album, critique acerbe de la perte d'identité. "C'est le rappeur RPZ, avec qui je travaille, qui a trouvé le titre. On projette des gratte-ciel à l'Estaque, on veut castrer l'anarchie marseillaise. La Joliette, populaire, va devenir un quartier d'affaires ! On vire les Marseillais du centre-ville et les quartiers nord récoltent ce qu'ils peuvent."

Au Court jus, le soleil a tourné. Un drôle de gus en costume de clown tape de l'argent aux habitués ; un chanteur de blues au bord de l'usure, chapeau noir et pantalon pattes d'eph'très moulant, poursuit des chimères. Keny Arkana distribue des "Salut, mon frère" avec ce ton haussé qu'ont adopté les rappeurs, avec accents mélangés (celui des "renois", des "céfrans" à bonnets, des "rebeus"). Keny Arkana porte un tee-shirt estampillé "La rabia del pueblo", "la colère du peuple" en espagnol, parce qu'elle est un peu argentine. Son "géniteur" l'était. Sa mère et celui qui fut son père sont marseillais. Les hasards de la conception l'ont fait naître le 20 décembre 1982 à Boulogne-Billancourt.

Elle est allée en Argentine, "en 2002, juste après la crise, en famille, avec ma mère, mon frère". Ce retour identitaire lui a donné l'envie de parcourir l'Amérique latine "en mode sac à dos", d'aller au Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil en 2003, puis de suivre la tribu altermondialiste en Inde, au Mali, et enfin de rencontrer le sous-commandant Marcos, ce "héros", qui dénonça les sigles comme FMI, OMC, Alena (l'accord commercial des Etats sud-américains) et la paupérisation qu'ils induisaient. Un parcours où elle croise Manu Chao, dont elle a assuré les premières parties de concerts en 2006. Mais Manu Chao n'est pas un engagé. Il flirte avec la vague altermondialiste, quand sa cadette marseillaise s'y jette à corps perdu. Diam's s'est convertie aux préceptes du "saint Coran". Booba voue un culte sans partage à l'argent et au paraître. "Moi, je vis simple, je ne suis pas dépensière."

C'est l'heure du déjeuner. Keny en est toujours au café. Une "sister" en dreadlocks, gros écouteurs enserrant le cou, terrienne de nulle part, passe et lui lance : "Tu m'as sauvé la vie", avec des titres insoumis comme ce Cinquième soleil, repris sur les blogs des jeunes insurgés tunisiens du "printemps arabe". La fille lui dit qu'elle n'y "croit pas " de la rencontrer - elle en tremble. Keny Arkana consent une photo commune, se rebiffe, au fond, mais elle a du coeur - (dans la chanson Vie d'artiste, elle dit : "Je suis l'artiste de personne, je suis la plume de mon âme/Qui était là quand petite fille domiciliait sur le macadam ?"). Elle ne donne pas son téléphone, "non, sister, c'est privé".

Protégée, à l'affût, Keny Arkana est impulsive. Son rap est astucieux. Il se barre sans arrêt, elle avec. En 2005, Courrier International écrit que Marcos a disparu. La gamine va vérifier in situ, au Chiapas, en stop - "quelle galère, le voyage de Mexico au Chiapas, jamais plus". Keny Arkana est tranchante. Gentille ado prête à claquer la porte. On voudrait qu'elle détaille. Mais elle esquive. Marcos parle vrai, il est vivant. Elle apprend l'espagnol "sur la route". Sept ans après, en novembre, elle donne un concert à Bogota, boule d'énergie en pelote, chantant ses "indignados" - ses "indignés" ultra en colère, introduits sur l'album par la voix de Stephane Hessel.

"A Bogota ou en Grèce, je résonne", constate, avec justesse, l'irraisonnable. Ici, dans la France de François Hollande, la révolte est en berne. La Rage, son premier disque (deux titres), est sorti trois mois après les émeutes de banlieue d'octobre 2005. "On rêvait d'un mouvement mondial, hors des cadres des partis, des syndicats, des associations subventionnées." Keny Arkana et ses camarades ont dissous en 2007 La Rage du peuple, collectif créé dans le quartier Noailles, en 2004, parce que "Sarko arrivait, que les associations étaient faciles à pirater, que les gourous guettent à la porte des assemblées populaires". Elle venait de publier son premier album, un brûlot, Entre ciment et belle étoile - selon l'historien du rap Olivier Cachin, l'un des cent disques de hip-hop à posséder absolument. Elle se fait un nom chez Because Music, la maison de disques de Catherine Ringer, Justice ou Manu Chao, Mais elle annule tout, rejoint ces réseaux militants qui ont "fait vivre ma musique", anarchistes et autonomes qui organisent des forums militants, parce qu'"un autre monde est possible et qu'on fait tous partie de la solution".

L'argent ? Keny Arkana le donne "à des assos, par exemple pour racheter de la terre et créer des espaces autonomes, écolos. Les squats sont trop éphémères". Elle cite Rat Luciano, qui avait offert "des vacances au ski à tout son quartier", le Panier, grâce au succès de son groupe, la Fonky Family. C'est une fugueuse précoce. "Je n'avais pas dix ans quand j'ai fait ma première fugue. Je disparaissais. J'ai été placée en foyer, j'adorais réussir à m'échapper, j'avais le goût de la liberté. Je ne me suis jamais rendue. J'avais une conscience aiguisée contre l'autoritaire, contre l'injuste. En foyer, j'ai été bourrée de neuroleptiques, de piqûres dans le derrière pour me rendre amorphe. Il y a une maltraitance physique et psychologique incroyable dans ces foyers. J'ai vu l'hypocrisie du système. Et quand j'étais dehors, il y avait le regard des gens, dur, la faim, le froid, enfin beaucoup de soucis. Et puis ces fugues finissaient par une cascade de conneries." Et une envolée de rap (Eh ! connard, J'me barre, etc.)

Suivre une vie normale ? "Même pas en rêve. Depuis le CP, j'ai dit non à l'humiliation scolaire." Ce qui a sauvé "Keny la folle", ce fut La friche la belle de mai, site culturel où le rappeur marseillais Namor, tagueur, graffeur, proche du groupe Assassin, organisait des ateliers d'écriture, parallèlement à ses classes au quartier des mineurs de la maison d'arrêt d'Aix-Luynes. Keny a quinze ans, elle dérive. "Le foyer m'a fait la guerre pour que je n'y aille pas, mais ma mère m'a soutenue, et cela m'a donné une discipline."

Le soleil est tombé derrière les platanes du cours Julien. On bouge vers le Vieux-Port. Keny roule en scoot. On la retrouve au coin de la Canebière, en peine avec la police. Sa coiffure volumineuse empêche la fermeture du casque. Les représentants de l'ordre veulent qu'elle descende de son scooter et reparte en le poussant. Elle dit "non". Ici, on la connaît. On sourit. Elle est sincère, elle ne triche ni ne transige.

"Monsieur l'agent, vous savez bien que je vais remonter dessus dans dix mètres.
- Allez, descendez.
- J'habite à la Plaine, dans dix mètres, je remonte, je vais pas pousser jusque-là, ça monte..."

La discussion dure. Marseille est un quartier.
Cher Le Floch, quel beau cadeau vous me faites là! Le texte regorge de grands moments. Au hasard : "Son rap est astucieux. Il se barre sans arrêt, elle avec". Ou encore: "Avec son sempiternel bandeau enserrant d'épais cheveux, son regard fixé vers des ailleurs, la jeune fille s'est extirpée très tôt du calcaire et des calanques en cul-de-sac". Ça aussi, j'aime bien : "Elle cite Rat Luciano (...)". Alors, si elle cite Rat Luciano...

C'est simple, on croirait un pastiche rédigé par un contributeur du forum!

Et comme vous avez raison, sur ce choc des titans plane l'esprit d'autres grands entretiens (il y a du Pierre Dumayet chez Véronique "je métisse, donc je suis" Mortaigne).

L'épilogue policier est un régal!

P.S: Une pensée émue pour le pauvre secrétaire de rédaction qui a dû se cogner la relecture et la correction de cet article.
Utilisateur anonyme
18 janvier 2013, 14:56   Re : La parole dans les quartiers populaires
Le Rat Luciano.
Sans doute un ami de La Fouine et Negrescro.
Moi j'aime bien le petit éloge de la crapulerie genre piquer les cartes bleues des boches c'est bien mais dessouder un buraliste "c'est abuser". Quelle magnanimité ! J'aime aussi le passage sur l'humiliation scolaire et puis le "à Bogota j' résonne". Qui va à Bogota comprendra pourquoi. C'est vraiment très drôle de même que la révolte de cette pauvre fille dont témoignerait la présence de Hessel la gâteuse et le refus de pousser le scooter : "Hé z'y va M'sieur l'agent". Cela dit Le Monde est quand même tombé très très bas.
Où l'on apprend qu'il existe déjà des historiens du rap (docteurs ès rapologie ?)
Cette Mortaigne s'est fait depuis longtemps, comme nombre de journalistes de son journal et de Télérama, une spécialité du ton énamouré genre "Saint Beurs rapez pour nous ! ", dans ses reportages et ses interviews concernant les "divers" issus d'Afrique.

(message corrigé)
Cher MLF, je me garderais, si j'étais vous, de formules comme "Hessel la gâteuse". "Hesel le gâteux" suffira.
D'autant que le gâtisme serait une excuse, à tout prendre. M Hessel n'est pas gâteux ; il est donc responsable de ses idées.
Ach, c’est la deuxième fois en dix ans que je suis de l’avis du Masnau. Ça commence à devenir troublant...
Citation
Cassandre
Cette Mortaigne s'est fait depuis longtemps, comme nombre de journalistes de son journal et de Télérama, une spécialité du ton énamouré, genre "Saint rapeurs priez pour nous", dans ses reportages et ses interviews concernant les "divers" issus d'Afrique.

Elle me consterne depuis déjà des années... Encore un avocat béat de tout ce qui, culturellement, n'est pas européen et qui vit toujours à Paris. Je n'ai jamais compris ces chantres du métissage qui ne franchissent jamais le pas: si l'Afrique et le Moyen-Orient sont si expressifs, sensuels, chaleureux, envoûtants et que sais-je encore (idéaux, en somme, parce que la France est fade), allez donc vous y installer!
Citation
Pierre Jean Comolli
Citation
Cassandre
Cette Mortaigne s'est fait depuis longtemps, comme nombre de journalistes de son journal et de Télérama, une spécialité du ton énamouré, genre "Saint rapeurs priez pour nous", dans ses reportages et ses interviews concernant les "divers" issus d'Afrique.

Elle me consterne depuis déjà des années... Encore un avocat béat de tout ce qui, culturellement, n'est pas européen et qui vit toujours à Paris. Je n'ai jamais compris ces chantres du métissage qui ne franchissent jamais le pas: si l'Afrique et le Moyen-Orient sont si expressifs, sensuels, chaleureux, envoûtants et que sais-je encore (idéaux, en somme, parce que la France est fade), allez donc vous y installer!

En même temps, si elle habite à Montreuil...
Il fallait lire dans mon précédent message : "Saints Beurs rapez pour nous !" ( et non "saints rapeurs priez pour nous "!). C'est ce qu'on appelle "rater son effet" !
Je me faisais la même réflexion à propos des communiqués...
"Hessel la gâteuse" faisait bien sûr référence au "Moscou la gâteuse" de Louis Aragon. N'y voyez donc pas messieurs Masnau et Camus l'expression d'une quelconque gérontophobie.
Nous voilà tous mis d'accord!



Marseille, capitale d’une autre culture (in Libération)

20 janvier 2013 à 19:06


Par MINNA SIF Romancière


Le 12 janvier chaque Marseillais fut convié à pousser sa clameur au milieu des couacs chichement festifs d’une imposture annoncée : Marseille capitale de la débâcle culturelle, car fomentée sans la singularité de ses territoires. L’ignominie des décideurs, ces peureux d’une culture pour tous, fut d’instrumentaliser le multiculturalisme qui fonde cette ville le temps de la candidature pour mieux le nier par la suite. Ainsi nul lieu dédié au hip-hop. Pourtant Marseille est une capitale du rap dont la réputation a franchi les frontières de l’Hexagone.

Difficile de me reconnaître dans cette sardinade estampillée capitale de la culture bien pensante, conduite par un fatras de «cakes» cultureux, de commissionnés à l’inculture et d’ambitieux pleins de bouche. Sans oublier les élues de la République issues des quartiers, en pleine guerre des cagoles, appelant à la ruée vers les Roms, conviant tanks et armée au chevet des quartiers, au lieu de se battre pour qu’existe à Marseille une reconnaissance des cultures hip-hop. Où sont passés les poètes et poétesses du rap ? Elle est où la reconnaissance de la diversité culturelle marseillaise ? Au con de la Sainte-Baume ! J’ai passé ces trois dernières années dans les quartiers à animer près d’une centaine d’ateliers d’écriture qui font partie des chantiers Marseille-Provence 2013. Lors d’un atelier rap à la Busserine, une cité du XIVe, j’ai croisé des jeunes qui ont une familiarité renversante avec la langue française, une intimité avec les mots que beaucoup leur envieraient. Des auteurs vraiment tous au plus près de la phrase, de son rythme intérieur. Des trouvères, troubadours, rwais, raïssas, griots et griottes de la langue. Tel ce garçonnet de 11 ans qui a chaque atelier nous faisait écouter sa prose, enregistrée, mixée, puissante déjà dans sa revendication. Trois musées sont sortis de terre, tant mieux, cette rage du monument historique est enfin comblée. Il faut à Marseille un lieu vivant, dédié au hip-hop. Un lieu emblématique de ce multiculturalisme dont je suis issue et que certains haïssent par dégoût du genre humain.

Un lieu pour contenir la poésie vibrante qui secoue les Marseillais de Keny Arkana, petit génie aux textes mordants, à Soprano, Psy4 de la rime, 3e Œil… d’autres encore, en passant par IAM. La très grande majorité des jeunes Marseillais sont atteints de poésie déclamatoire car ils sont les arrière-petits-enfants de ces hommes et ces femmes qui parcourraient les douars, rebâbs et loutars en bandoulière, pour dénoncer les injustices et moquer les frasques de tel caïd ou tel col blanc. Leurs mots nous sont indispensables. Ne pas leur offrir une tribune où clamer leurs hauts faits, rapper l’amour, la peur de la drogue et dénoncer les injustices sociales est un non-sens. Leur poésie est bien d’ici. Légitime et brillante. Sans ce lieu, une part de Marseille restera éteinte, prostrée dans cette inertie qu’on lui connaît. On nous parle de la violence des quartiers. La pire des violences c’est empêcher l’autre de s’exprimer dans sa singularité, le nier dans ce qui fait justement sa richesse.

A paraître le 7 février 2013 : «Massalia Blues», éditions Alma.
Utilisateur anonyme
22 janvier 2013, 19:50   Re : La parole dans les quartiers populaires
Citation
Pierre Jean Comolli
Nous voilà tous mis d'accord!

Marseille, capitale d’une autre culture (in Libération)

20 janvier 2013 à 19:06

Par MINNA SIF Romancière


Hip-Hop youpla boum, c'est le roi du pain d'épîîîce! Blablabla etc.

J'ai dû me frotter les yeux à maintes reprises en lisant cet... ce... euh... ce "machin"?...

Une autre culture? Pas d'accord! Une autre déculture, parmi tant d'autres d'ailleurs...
Utilisateur anonyme
22 janvier 2013, 19:57   Re : La parole dans les quartiers populaires
La « peur de la drogue » ?
La manne de la drogue serait plus honnête...

« Tel ce garçonnet de 11 ans qui a chaque atelier nous faisait écouter sa prose, enregistrée, mixée, puissante déjà dans sa revendication. »
Ça laisse rêveur...
«Elle est où la reconnaissance de la diversité culturelle marseillaise ? », hein c'est vrai quoi, elle est où ?

«Un lieu emblématique de ce multiculturalisme dont je suis issue et que certains haïssent par dégoût du genre humain » : c'est l'inverse Madame : par goût du genre humain (et puis la "haine", vous y allez un peu trop fort).

«La très grande majorité des jeunes Marseillais sont atteints de poésie déclamatoire » : atteints de poésie déclamatoire ? Ils ne peuvent pas s'empêcher, comme parfois l'auteur de Roman Roi, de répéter des vers ?? Ce doit être très curieux à visiter, Marseille.
La douleur revendicative qui sourd de ce verbiage est tout à fait étonnante aussi.

Et en effet, quelle perle ! : «La très grande majorité des jeunes Marseillais sont atteints de poésie déclamatoire »
Utilisateur anonyme
22 janvier 2013, 20:58   Re : La parole dans les quartiers populaires
Citation
Quentin Verwaerde
Ce doit être très curieux à visiter, Marseille.

Ce sont surtout les voitures qui sont visitées...
Que ne s'opèrent-ils vivants de la poésie déclamatoire...
24 janvier 2013, 16:30   Sif ammoniacal
Merci Comolli : je suis encore sous le choc tant ce texte est bouleversant.
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Keny Arkana : "Mon front c'est la musique"

(Ce titre me fait rire depuis ce matin).
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