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Avatar et la culpabilité de l'homme blanc !

Envoyé par Gérard Rogemi 
Ces derniers jours un film à grand spectacle dénommé AVATAR est sorti en salles et semble faire un tabac.

Il s'agit bien sûr d'une resucée de films comme Danse avec les loups, Le Dernier Samourai, Enemy mine ou bien District 9 qui est aussi sorti en 2009.

Et comme toujours le film met en avant la méchanceté de l'homme blanc, qui n'en finit pas de se sentir coupable de toutes les horreurs qu'il aurait commises contre les gens de couleur. Le héros, un homme blanc bien sûr, passe de l'autre côté et prend la défense des extra-terrestres (indiens) bleus et devient lui-même un des leurs d'où le nom avatar.

Je viens de trouver un excellent article sur le sujet en anglais. Pour le lire cliquez i c i dans lequel l'auteur pose la question: When will White People Stop Making Movies Like "Avatar" ?
Utilisateur anonyme
24 décembre 2009, 10:41   Re : Avatar et la culpabilité de l'homme blanc !
Cette tendance est aussi observable dans le récent film « 2012 », dans lequel les principaux héros sont des noirs (le président américain, le jeune scientifique qui découvre le péril à venir, le père d’icelui etc.), des Indiens et des moines bouddhistes. Les personnages négatifs sont des blancs (le conseiller du président, un milliardaire russe, un médecin autoritaire), même s’il y a quelques personnages secondaires de blancs positifs. On peut aussi y voir le Dôme de la basilique Saint-Pierre s'effondrant sur le pape, les cardinaux et les fidèles, alors que la Kaaba entourée de musulmans en prière, reste de marbre...

Wiki nous apprend que "dans une interview, effectuée par le Journal du Dimanche le 7 novembre 2009, le réalisateur Emmerich déclare avoir coupé volontairement une scène, où l'on voyait des musulmans priant à la Mecque se faire balayer par une vague ainsi que la Kaaba détruite, afin, dit-il, de ne pas provoquer une fatwa et devoir vivre avec des gardes du corps."
On peut aussi faire observer, et certains n'y manquent pas, qu'il ne faut que trois mois à l'homme blanc du film pour devenir le leader de ces demeurés d'hommes bleus.
Et on peut également faire remarquer que ce film consacre (en filigrane ?) le triomphe de la Tradition sur le Progrès...
Citation
Et on peut également faire remarquer que ce film consacre (en filigrane ?) le triomphe de la Tradition sur le Progrès...

Tout n'était donc pas mauvais dans ce film ?

Vous savez quand les européens sont arrivés en Amerique (du nord comme du sud) ils ont fait des découvertes très sympathiques.

Allez voir le fil suivant: Merveilles des cultures différentes
Ce que je veux dire, c'est qu'une fois de plus les "amis du désastre" courent deux lièvres à la fois, et ce film a au moins l'intelligence de le mettre en perspective (si du moins c'est voulu...).

Qu'y voit-on ? Un "gentil" peuple bleu colonisé par un "méchant" peuple blanc. Au final, bien évidemment, le public applaudit le massacre des humains et la victoire des autochtones... qui sont par ailleurs monarchistes, sexistes et traditionalistes. Le pouvoir ? Autocratique. Les "immigrés" ? Ils doivent passer diverses épreuves probatoires. Les anciens ? On leur voue un culte. La nature ? N'en parlons pas. La religion ? Elle est omniprésente. Et n'allez pas leur parler de démocratie, de capital et de laïcité ! Tout ce que l'esprit contemporain assigne à l'empire du Bien n'est pas présent en bloc dans l'un des deux peuples. Ce film a au moins le mérite de pousser à y réfléchir, c'est ainsi que je l'ai compris. Je n'y vois pas pour autant un chef d'œuvre, je vous rassure.

Nature et liberté sont des apanages de droite, avec tout le bon et tout le mauvais que cela comporte. Avatar le rappelle sommairement.
J'ai hâte de voir ce film !
Quant à Morgan Freeman, il est, cinématographiquement parlant, présidentiable à vie : je viens de revoir le saisissant et tsunamien Deep impact, film catastrophe de la décennie précédente, eh bien il était déjà président, mêmement belle âme et grand sauveur d'humanité. Peut-être eût-il effectivement été mieux qu'Obama.
Enfin, dans 21012, le héros est quand même tout blanc non ? De quoi vous plaignez-vous...
Ah, 2012, je suis bien d'accord pour dire que c'est une infâme bouse du non moins infâme Roland Emmerich, qui est au cinéma ce que Ponson du Terrail fut à la littérature.
Citation
infâme Roland Emmerich

J'approuve ce jugement car la liste des navets qu'il a mis en scéne est longue en dépit du fait qu'Il soit un des seuls metteurs en scéne européens (allemand) qui aient réussi à Hollywood. L'autre est Wolfgang Petersen qui est également allemand mais qui a tourné des films qui sont, à mon avis, de meilleure facture. Mais bon cela reste quand même de la production hollywoodienne.
Utilisateur anonyme
30 mars 2010, 09:40   Re : Je dérive.
L'autre est Wolfgang Petersen


L'autre encore est le peintre Wilhelm Petersen... Un très bel ouvrage aux éditions Grabert : Wilhelm Petersen, Der Maler des Nordens, préface d'A. de Benoist.
Utilisateur anonyme
06 avril 2010, 17:42   Re : Avatar et la culpabilité de l'homme blanc !
Dans 2010 le héro blanc est un héro alibi, les vrais héros sont tous noirs.

En somme, la situation est inversée par rapport aux films des années cinquante à quatre-vingt.

John Cusack est un peu le Sidney Poitier de notre époque.
Citation
Agrippa
John Cusack est un peu le Sidney Poitier de notre époque.

Oui... le charisme en moins !
Utilisateur anonyme
08 avril 2010, 17:41   Re : Avatar et la culpabilité de l'homme blanc !
Avatar, un film gobinien et post-humaniste.

L'actualité des derniers jours m'ayant amené à faire quelques recherches sur racisme et antiracisme, je me suis intéressé quelque temps au Comte de Gobineau tenu par beaucoup pour être l'un des pères des théories racistes qui ont mené le monde à la barbarie nazi. La réalité est évidemment plus complexe que ne le suggère l'étiquette qu'on lui accole.

Si j'en crois ce que j'ai glané sur Internet, sa thèse centrale se résume ainsi (trouvé sur Wikipedia mais aussi sur d'autres pages) : "Il y est établi qu'aucune civilisation réelle ne peut naître sans l'initiative d'un peuple de race blanche." (dans son Essai sur l'inégalité des races humaines). Avant de dire cela dans une quelconque émission de télévision, appliquez le principe de précaution : appelez votre avocat et louez les services d'un garde du corps .

J'ai eu l'idée de me servir de cette affirmation, en dehors de tout jugement, comme grille de lecture du film Avatar.

Quelles sont les forces en présence dans ce film ? D'un côté, des terriens exploitant un mystérieux minerai sur une planète exotique et protégés par des mercenaires (plus que des militaires) ; de l'autre, une civilisation extraterrestre mystico-écologiste, représentée par une de ses tribus. Chacun vit de son côté et les grands bleus nous sont d'abord présentés comme étant assez chatouilleux, n'hésitant pas à décocher quelques flèches quand on les serre de trop près ; un message du genre : "Casse-toi, pauvre c…".

Les terriens sont représentés par trois groupes : les civils exploitant le minerai, les militaires chargés de la protection, et les scientifiques aux intérêts forcément plus nobles.

Jake Sully (sully, du français "souiller"), le héros, appartient au groupe des militaires mais passe bientôt à celui des scientifiques, comme il passera de celui des terriens à celui des indigènes (traitement en miroir et progression parallèle).

Le conflit entre les deux races (plus qu'entre deux espèces pour des raisons visuelles) naît quand les terriens décident de déloger nos sympathiques innocents de leur demeure ancestrale pour de viles raisons d'intérêt. Remarquons tout de suite que le film ne raconte pas la victoire des Bleus sur les Blancs, d'une civilisation pacifiste sur une belliqueuse (thème de nombreux livres de science-fiction).

Que manque-t-il aux grands bleus pour faire face à la destruction annoncée de leur civilisation ? Justement ce que va leur apporter l'avatar, corps d'indigène mais esprit de terrien, à savoir l'unité des tribus, un minimum de stratégie, et même un degré supérieur de fusion avec maman nature qui, se rangeant aux arguments du héros, va intervenir pour la première fois dans le conflit.

Et le héros est blanc ! Faites l'expérience mentale de le remplacer par un représentant d'une minorité visible — extraordinaire cette expression, non ? Gobineau discriminait le monde en trois races (blanche, jaune et noire, "des archétypes qu'il reconnaît lui-même pour hypothétiques"), nous en sommes désormais à deux (blanche et non-blanche) ! Allez ! Encore un petit effort et nous arriverons bien à la race pure, visée inconsciente de nombreux antiracistes.

Sans l'initiative du héros, que seraient devenus nos grands dadais ? Histoire.

Un film doit toujours être analysé sous ses aspects dramatiques (l'action) et thématiques (le sens). Les différents thèmes ne pouvant être exprimés que par des péripéties où ils s'impriment en creux, c'est dans l'enchaînement des actions qu'on les décèle : Avatar affirme que le salut vient de l'esprit terrien (blanc) du héros. Avatar - Gobineau même combat ?

Le récit de cette nouvelle guerre indienne se retrouvait, comme tous ses prédécesseurs, devant le même problème : et s'il venait à l'esprit des spectateurs (et dieu sait qu'ils l'ont mauvais) que le héros était un traître ? Mauvais pour les entrées ! Que faire ? Utiliser la vieille ficelle qui consiste à scinder le problème en deux, puis résoudre le plus évident dans un temps faible du récit ("trahison" par Sully des militaires) et enfin le cacher au dernier temps fort (la fin). Il y a belle lurette que le héros est devenu son avatar, qu'il n'y a plus de conflit possible par son image ; mais il faut faire mieux : nous faire désirer pour le héros son passage définitif dans l'autre camp. Trait de génie des scénaristes, le coup de la paraplégie. N'avons-nous pas vu la joie de Sully la première fois qu'il habite son nouveau corps ? Que voudrions-nous qu'il lui arrive en toute fin ? Qu'il retrouve ses jambes… et batifole avec la jolie petite grande bleue. Imaginez un instant qu'il soit resté humain. Vous avez oublié quoi à ce moment-là ?

Qu'est-ce qu'ils ont donc de plus ces indigènes pour nous faire désirer devenir l'un d'eux ? Ils vivent à poil dans de beaux paysages ; ils s'excusent auprès de leur bifteck ; ils ont une grande queue ? On en avait une jadis, on l'a perdu, on ne s'en porte pas plus mal. Alors quoi ? Oui, mais c'est bien sûr ! Une tresse USB (version 66.6 ?) qui leur permet d'être les animaux qu'ils montent, de communiquer avec mère nature et même avec les morts ! Internet garanti cent pour cent bio ! Ce ne sont pas des humains version paléolithique mais bien des post-humains, notre avenir réconcilié avec le développement durable.

Et sans nous, enfin les meilleurs d'entre nous, rien de tout cela n'était possible. Gobinien ?

Alors, Avatar une oeuvre sur la culpabilité de l'homme blanc ? Les années 70, 80 furent, pour quelques films, celles de la désillusion, un moment où nous avons posé un regard désabusé sur notre passé - les guerres indiennes, la colonisation, etc. mais nous nous sommes vite repris. Gobinien nous étions, gobinien nous sommes restés. Reconnaître haut et fort les erreurs de nos ancêtres n'est pas un prix trop cher à payer : ce n'était pas nous, on s'en trouve même plus fort que… nous. Droits de l'Homme, Démocratie, Marché est notre nouvelle devise ; ne garantie-t-elle pas la liberté, l'égalité, la fraternité ? N'est-ce pas ce que nous désirons apporter au reste du monde pour parachever leurs civilisations ? Sans nous, les pauvres...

Je ne suis pas certain que ce point de vue plaise à tout le monde. Ce n'est qu'un innocent exercice. Il doit bien y avoir un bon vieux gros débat quelque part qui cause de ça ; courons-y vite, j'ai entendu dire que le montant de la participation au pot citoyen était des plus raisonnable.
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