En voyage, il faudrait avoir le courage de jeter son ordinateur par-dessus les moulins, par-dessus les vahinés, par-dessus la muraille de Chine. Sinon, on reste lié par la Toile à ses histoires de famille et de pays. Il n'y aura plus jamais de ces envoutantes reprises romanesques : " Après tant d'années passées loin de France, notre héros allait à son retour découvrir bien des changements..." Frédéric Moreau revient et découvre le Second Empire, moins romantique que 1848, mais baigné d'optimisme par la révolution industrielle.
Dans les rues souriantes et fourmillantes de Phnom Penh, je pense à la guerre au Mali. Nulle part, ni sur les sites des journaux français, ni sur le "Canard" que je viens de lire au Centre Culturel Français pour la première fois depuis trente ou quarante ans, je ne trouve qu'ait été avancée l'option d'un bombardement aérien impitoyable des deux colonnes d'AQMI. Celles-ci avançaient fortement concentrées de chaque côté du Niger, dit-on. Des cibles idéales pour une attaque aérienne.
Le mauvais esprit que je suis a aussitôt émis l'hypothèse que bombarder et puis se tirer au café de l'Aviation pour boire le pastis entre copains, ça ressemblait trop à l'attaque sarkozienne contre les blindés de Khadafi
roulant à vive allure pour égorger la Cyrénaïque (oh, laissez-moi cette dénomination qui fleure bon la Grèce des comptoirs méditerranéens et les forums romains). On critiquera tant qu'on voudra cette guerre-là, au moins elle ne nous a pas ensablés, puisqu'on n'a pas mis les pieds au sol. J'espère un démenti, j'espère qu'on ne va pas ramener des cercueils de soldats français pour la seule raison qu' "il" n'a pas voulu faire comme son prédécesseur honni.
Deuxième question : comment des antiracistes patentés, certifiés, estampillés, vont-ils pouvoir comprendre quelque chose (et donc agir avec efficacité) à un conflit dont la dimension ethnique est primordiale ? Les Américains ont, paraît-il, entraîné et équipé l'armée malienne jusqu'au jour où une bonne partie de celle-ci a déserté avec armes et bagages pour passer chez AQMI. Vous avez deviné qui étaient ces gens ? Réponse juste ! Les Touareg !
Ceux-ci ont toujours considéré les Noirs comme du bétail, mais la décolonisation et la création du Mali les ont mis en situation d'infériorité. Vouloir reconquérir le Mali jusqu'à sa frontière nord pour faire plaisir aux militaires d'opérette de Bamako ? O mânes de Pierre Loti, de Saganne et de tous les nobles méharistes français ! Touche pas à mon Touareg ! Bonne guerre du Vietnam, Messieurs les socialistes.