Quand "Le Monde" s'alarme.

C'est vrai que si j'étais eux j'aurais la trouille onvadir.

Extraits (l'article est réservé aux abonnés) :

Les crispations alarmantes de la société française
(…)
L'IRRITATION ATTEINT DES SOMMETS SUR LA VIE POLITIQUE
(…)
Quant à l'Europe, s'il ne se trouve que 28 % des sondés pour souhaiter une sortie de la zone euro et un retour au franc, deux sur trois, en revanche, souhaitent "renforcer les pouvoirs de décision de notre pays, même si cela doit conduire à limiter ceux de l'Europe".
Dans un autre registre, celui de la vie politique, l'irritation atteint également des sommets. Non seulement "le système démocratique fonctionne plutôt mal en France" (72 %), mais "les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels" (82 %) et "la plupart" d'entre eux "sont corrompus" (62 %). Comme c'est le cas depuis une vingtaine d'années, les médias sont mis dans le même sac.
(…)
Cette crispation est, à la fois, autoritaire et identitaire.
(…)
86 % des sondés (sans écarts significatifs entre gauche et droite, jeunes et vieux) estiment que "l'autorité est une valeur trop souvent critiquée". Et, pour la première fois, elle trouve explicitement sa traduction politique : 87 % des sondés sont d'accord pour dire que l'"on a besoin d'un vrai chef en France pour remettre de l'ordre". La question est brutale, la réponse aussi.
LE MUSULMAN EST VOLONTIERS ASSIMILÉ À "L'INTÉGRISTE"
(…)
70 % des sondés (et jusqu'à 83 % à l'UMP) jugent qu'il y a "trop d'étrangers en France" et 62 % que l'on "ne se sent plus chez soi comme avant".
Mais le point de fixation de ce rejet massif s'est déplacé du terrain économique vers le terrain religieux. Ce n'est plus, majoritairement, le travailleur immigré, susceptible de "prendre le travail des Français" qui est pointé du doigt, mais le musulman, volontiers assimilé à "l'intégriste", et dont la religion est jugée, par 74 % des Français, intolérante et incompatible avec la société française.


Bien entendu, la conclusion vaut son pesant de cacahuètes :

Mais si l'Histoire ne se répète jamais, elle invite à souligner le rôle dangereux de ceux qui, loin de les apaiser, attisent ces peurs. Ils trouveront dans cette enquête la justification de leurs philippiques. Ils feraient mieux d'y voir le résultat de leur travail d'incendiaires.


J'ai posté ceci en commentaire et suis curieux de voir si ça passera :

« le rôle dangereux de ceux qui, loin de les apaiser, attisent ces peurs » D'abord ce ne sont pas des peurs mais des refus ; pas des phobies mais des colères. Ensuite, au lieu d'accuser "ceux qui attisent" vous feriez mieux de vous interroger sur les raisons profondes qui poussent les Français à ne plus croire aux contes de fées que vous leur racontez, alors même que tout le complexe médiatico-politique, tout le système d'enseignement, toute la culture déversent le même discours lénifiant.

Quelques commentaires de dirigeants politiques.


José Bové (EELV) : "Une vision régressive"

"C'est très grave : cela me donne le sentiment que les gens ne croient plus dans la démocratie. C'est une vision de la politique complètement régressive où l'on a besoin de s'en remettre au chef pour donner une ligne."

Pierre Laurent (PCF) : "La culture du chef est souvent une illusion"

"La culture du chef est souvent une illusion et une défaite de la démocratie. L'histoire retient quelques chefs marquants, elle oublie les cohortes de chefs qui n'ont conduit leur peuple qu'à la catastrophe."

Ségolène Royal (PS) : "Une demande d'ordre juste"

"La demande d'autorité est plus que jamais une demande de ce que j'ai appelé l'ordre juste. Cette exigence politique, que je défends depuis 2007 était à ce moment âprement raillé par les "bobos" dont on voit confirmation du grand décalage dans votre enquête."

Jean-Louis Borloo (UDI) : "Besoin d'un cap et de repères"

"Cette étude démontre que nos concitoyens souhaitent plus que jamais savoir où ils vont. Ils signifient à leurs gouvernants qu'ils ont besoin d'un cap et des repères forts."

Jean-François Copé (UMP) : "La faillite d'une certaine pensée de gauche"

"Le fait que 87 % des Français, toutes tendances confondues, souhaitent qu'on 'remette de l'ordre' signe la faillite d'une certaine pensée de gauche relativiste, qui place tout au même niveau : l'élève et le maître, le délinquant et la victime... "

Marine Le Pen (FN) "L'Etat doit reprendre la main"

"Les Français en ont assez des dirigeants successifs qui ont fait du laxisme, en tout domaine, une idéologie d'Etat. L'Etat doit reprendre la main partout où il a faibli, et mettre à bas le fondamentalisme religieux."

C'est en effet très inquiétant. Cher Marcel, une seule solution pour détendre les "crispés" : se rendre au prochain Grand "débat" organisé par Edwy Plenel et Mediapart.

«En direct de Mediapart» ce vendredi: être musulman face à l'islamophobie

Vendredi 25 janvier, première soirée «En direct de Mediapart» de l'année 2013. Le philosophe Jacques Rancière sera l'invité de Joseph Confavreux, puis nous reviendrons sur l'actualité du Mali et sur l'affaire Cahuzac. A 20h30, notre grand débat sera consacré aux pratiques de l'islam et au développement de l'islamophobie dans la société française. Mediapart sera exceptionnellement en accès libre.


20h30 - 22h30. Le Grand débat
Musulmans de France : de l’invisibilité à l’islamophobie

En partenariat avec Beur Fm

1/ Discriminations et mobilisations

Animé par Edwy Plenel, Abdelkrim Branine, journaliste à Beur Fm, et Carine Fouteau, journaliste à Mediapart

Avec Zahra Ali, chercheuse, féministe, auteur du livre Féminismes islamiques (La Fabrique); Samy Debah, président du Collectif contre l’islamophobie, Eric Vandorpe, psychologue clinicien.

2/ Pratiques et institutions

Animé par Edwy Plenel et Abdelkrim Branine de Beur FM

Avec Patrick Simon, auteur de l’enquête TeO sur les pratiques religieuses des immigrés et de leurs descendants (lire l'article); Nacira Guénif-Souilamas, sociologue; Morad Aggoun, militant associatif.

3/ Construction d’un "problème musulman"

Animé par Edwy Plenel et Abdelkrim Branine

Avec Raphäel Liogier, politologue et sociologue, auteur du Mythe de l’islamisation (lire l'article); Véronique Rieffel, directrice de l'Institut des cultures d'islam; Houda Asal, post-doctorante en sociologie; Marwan Mohammed, sociologue.

Dans les commentaires d’hommes (et de femmes, et de femmes !!!) politiques, plus on descend vers le bas de la liste, plus on monte vers les sommets de la raison.

J’adore le fait qu’on puisse être post-doctorante en sociologie.

Pourquoi ont-ils publié d'un coup quatre ou cinq articles sur le “““populisme””” ? L'article que vous citez, cher Marcel Meyer, peut-être consulté par tout le monde. J'invite tous les in-nocents à lire les commentaires de notre Trésorier.

Il y a quelques perles dans les autres commentaires, qui pourraient figurer dans le blog Didier Goux chez les modernoeuds — par exemple :

« (...) seules la volonté perpétuelle de justice et l'espérance en une société toujours plus humainement et économiquement acceptable pour le plus grand nombre nous aidera à combattre la certitude des supposés bienfaits collectifs de l'intolérance et la soumission aux manipulations narcotiques des réalités statistiques. »

Hé bé...

Peut-être une réponse indirecte au livre d'Obertone, qui s'est vendu comme des petits pains dès sa sortie.

Lisant le message de Le Floch, j'ai cru un moment que j'avais affaire à une de ces belles parodies qu'on trouve sur ce forum de temps en temps...

Citation
Jean-Michel Leroy
J’adore le fait qu’on puisse être post-doctorante en sociologie.

On peut imaginer que certains ont besoin de faire un tas d'études interminables pour persister dans la négation du lien logique entre Grand Remplacement, et, entre autres catastrophes, sentiment de dépossession nationale.

"Lisant le message de Le Floch, j'ai cru un moment que j'avais affaire à une de ces belles parodies qu'on trouve sur ce forum de temps en temps... "
Ce n'en est pas une ?

Citation
Cassandre
"Lisant le message de Le Floch, j'ai cru un moment que j'avais affaire à une de ces belles parodies qu'on trouve sur ce forum de temps en temps... "
Ce n'en est pas une ?

Au risque de vous laminer l'âme... : [blogs.mediapart.fr]

Mais c'est assez drôle, au contraire :

« Croyez moi (sic) ou pas, en tant que sociologue de formation, une des raisons du port de la burqa est justement l'islamophobie. »

C'est dans un commentaire. Du reste, ça ne doit pas être entièrement faux...

Je passe ma vie avec des gens de bonne compagnie (ici ou “IRL”) : il est saisissant (et salutaire) de voir que le “vrai monde”, ce sont aussi ces gens-là et leurs idées...

« Au risque de vous laminer l'âme... »

En partenariat avec Beur Fm

« le rôle dangereux de ceux qui, loin de les apaiser, attisent ces peurs » D'abord ce ne sont pas des peurs mais des refus ; pas des phobies mais des colères. Ensuite, au lieu d'accuser "ceux qui attisent" vous feriez mieux de vous interroger sur les raisons profondes qui poussent les Français à ne plus croire aux contes de fées que vous leur racontez, alors même que tout le complexe médiatico-politique, tout le système d'enseignement, toute la culture déversent le même discours lénifiant."

Bravo.

Oui enfin les islamoméfiants sont bien taiseux, malgré tout... On se demande même par quel phénomène on en trouve autant (cela fait 5 ou 10 ans qu'on voit ce genre de sondages avec des résultats comparables), alors qu'ils ne se manifestent au grand jamais. On va bientôt accroire que 80% des français pensent comme l'in-nocence, mais alors l'élection de Hollande ou les politiques conduites relèvent de la magie...
Je crois à ce sujet plus volontiers Jourde, qui dans un article récent disait que pratiquement tous les étudiants, les profs et les jeunes qu'il rencontre sont très loin de "l'islamophobie". Mettons aussi nombre d'autres milieux, on pourrait songer à celui de la politique, au monde associatif, journalistique, sportif, aux artistes, à la restauration rapide et j'en oublie...

» On va bientôt accroire que 80% des français pensent comme l'in-nocence, mais alors l'élection de Hollande ou les politiques conduites relèvent de la magie...

C'était à peu près ma réaction après les élections, à quoi l'on me répondit surtout que nombre de gens votaient en dépit d'eux-mêmes, aveuglés qu'ils étaient par la caste médiatico-etc. qui leur jetaient des sorts.

La prochaine fois, on votera le jour de Pourim...

Mon ami Noé, avec qui j’ai réalisé l’entretien avec Renaud Camus pour Radio Sciences Po, me dit (alors même que lui est plutôt de tendance “Front de Gauche”) que ces sondages mériterait peut-être un communiqué de notre parti. Je suis d’accord.

Une explication pourrait être l'intensité du jugement porté ; les gens interrogés ont peut-être une "vague impression" négative, mais éloignée d'un rejet militant tel que fut celui des anticléricaux de la grande époque. On aurait donc une masse vaguement inquiète, mais avec modération.

Je me demande ce que pourrait dire un tel communiqué, au fond. Peut-être un communiqué pour mettre en doute ces chiffres qui alarment le lecteur du "Monde" et le rassurer.

Non ce n'est pas une parodie. Il faut se résigner de vivre avec Plenel et des chercheur(e)s post-doctorantes postnationales en études postcoloniales. Cela dit, les résultats de l'enquête du CEVIPOF (cela fleure bon le soviétisme d'antan) méritent le détour : les Français sont de plus en phase avec l'In-nocence. Y compris ceux du Front de gauche : 46% des sympathisants estiment qu'il ya trop d'immigrés en France ; 70 % que le pays n'a pas besoin de nouveaux immigrés ; 79 % que l'Islam est un problème. Le Petit timonier a du souci à se faire.

Citation
Michel Le Floch
79 % que l'Islam est un problème

Donc presque la totalité des non musulmans de France, si l'on considère qu'un échantillon représentatif de français a été interrogé.

des chercheur(e)s post-doctorantes postnationales en études postcoloniales

C'est tellement ça !

Et des civilisationnistes aussi, n’oubliez pas les civilisationnistes !

La France se transforme rapidement en Postistan (le pays des post-), facilement islamisable.

"Je crois à ce sujet plus volontiers Jourde, qui dans un article récent disait que pratiquement tous les étudiants, les profs et les jeunes qu'il rencontre sont très loin de "l'islamophobie" "

Forcément, les jeunes comprennent très bien que dans ce milieu il vaut mieux ne pas trop se montrer islamophobe et contre l'immigration, mais je crois que beaucoup n'en pensent pas moins. En tous cas, beaucoup changeront d'avis passée la trentaine.

"Mettons aussi nombre d'autres milieux, on pourrait songer à celui de la politique, au monde associatif, journalistique, sportif, aux artistes, à la restauration rapide et j'en oublie..."

Si les catégories sont nombreuses, cela ne fait pas, toutefois, beaucoup de monde.Et là encore nombre de ces personnes doivent en leur for intérieur être en désaccord avec les sentiments qu'il convient d'afficher pour réussir ou tout simplement pour garder son travail.

Il me semble d'ailleurs, à les lire rapidement, que les lecteurs du " Monde" sont nombreux à critiquer les commentaires de ce journal à ce sondage, ce qui tendrait à prouver que même les "bobos" commencent à devenir lucides.

La leçon de tout cela est tirée dans Le Monde par le grand témoin, interrogé par Gérard Courtois, l'historien Michel Winock, lequel, dans la grande tradition, invoque les heures sombres pour parler des "peurs" françaises d'aujourd'hui. Je cite pêle-mêle : Drumont, La France juive, Dreyfus, l'antisémitisme, Je suis partout, 1933, les Ligues, Gustave Hervé, Pétain, la xénophobie, l'islamophobie, le phylloxéra. Pauvre type !
Je crois que Lyotard, dans un numéro de Socialisme ou Barbarie des années 50, pour se moquer des grandes peurs de la gauche, invoquant à tout bout de champ le fascisme à propos du poujadisme, évoquait l'hypermnésie des mourants.

La gauche-opéra, celle qui meurt le temps d'un Acte qui durera 4 siècles ?