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Paris en 1914

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 janvier 2013, 14:02   Paris en 1914
Par le truchement de ce lien, l’on pourra voir de superbes photographies colorisées de Paris en 1914.
26 janvier 2013, 17:34   Re : Paris en 1914
La toute dernière montre l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue du Bac…
Utilisateur anonyme
26 janvier 2013, 17:38   Re : Paris en 1914
Tout cela a un peu changé...

(Et, au passage, je signale que je crois m’être trompé : ces photographies seraient en fait les premières à avoir été prises en couleur.)
Utilisateur anonyme
26 janvier 2013, 17:39   Re : Paris en 1914
Moi, j’aime bien celle des fortifications...
Utilisateur anonyme
26 janvier 2013, 18:04   Re : Paris en 1914
Ah, la jolie vendeuse de fleurs, rue Cambon...
Utilisateur anonyme
26 janvier 2013, 18:22   Re : Paris en 1914
Utilisateur anonyme
26 janvier 2013, 18:56   Re : Paris en 1914
Oui, celle-ci.

Tout y est beau : la façon dont les fleurs sont présentées, le châle sur ses épaules, etc. J'ai envie de pousser la porte du beau magasin de chaussures ; et me présenter lundi avec de beaux souliers 1914 aux pieds.
26 janvier 2013, 21:54   Re : Paris en 1914
Étonnante impression de réalité, n'est-ce pas ? la couleur restitue bien la matérialité coutumière de la présence, et comme il s'agit de choses absolument disparues depuis longtemps, cela me cause toujours une sorte de choc.
27 janvier 2013, 06:04   Re : Paris en 1914
Je suis pour ma part surpris de trouver à ces paysages un air familier, la rue qui débouche sur la porte Saint-Denis, par exemple, a toujours son redent sur le trottoir de droite, avec son café, devenu oriental depuis lors, certes (kébab, etc.) mais sans que la topographie des lieux n'ait été affectée d'un centimètre. Non, ce qui surprend avant tout c'est la sous-population relative de ces rues, de cet espace. Paris paraît désert. On y entend presque le chant des oiseaux. Autre point remarquable: les cheminées d'ateliers sur les berges de la Seine, non loin du Grand Palais, et en aval les Quais de Javel, à l'activité portuaire intense.

On peut tirer de cela -- des afflux de populations qui occupent sans toucher à rien, sans construire ni modifier l'architecture des lieux -- la réflexion que les remplaceurs, à terme, parce qu'ils ne produisent aucun apport architectural ou urbain autres que leurs mosquées, sont eux-mêmes éminemment remplaçables: ils sont davantage occupants que colons.

Dans les années 20, et à fortiori pendant les années de guerre qui les avaient précédées, Paris était quasi-vide d'hommes. A voir ces images, on conçoit fort bien que ces années-là aient été très réjouissantes pour "les hommes qui restaient", et évidemment pour ces "Américains à Paris" qui venaient s'y divertir et y nouer des attaches, qui venaient "aimer Paris", lui faire l'amour (H. Miller, Hemingway, etc.) ou même pour les russes blancs qui y trouvaient refuge.
27 janvier 2013, 10:04   Re : Paris en 1914
Oui, le plus frappant est là, à quel point ces lieux ont peu changé, beaucoup moins que les gens en tout cas. Si l'on pouvait comparer de la même façon le Paris du début du XXe siècle à celui du début du XIXe le constat serait exactement inverse.
27 janvier 2013, 12:14   Re : Paris en 1914
A propos de la marchande fleurs et sa cariole: Londres, encore dans les années 1990, gare Victoria, par exemple, où la statue de Foch doit encore tenir sur son socle à cette heure, avait les mêmes.

Les populations ont été remplacées (à Londres, c'est fait, les allochtones sont désormais majoritaires) mais les murs sont restés: l'Occupant, comme en 1940, se retient de les abattre, il se contente de les tagger. La statue de Foch près de Victoria, aux dernières nouvelles, n' a pas été remplacée par celle de Soliman le Magnifique. C'est là un signe qui invite à l'optimisme; une part indestructible de l'oeuvre de cette civilisation demeure, qui est celle du gros oeuvre, plus essentielle qu'on ne croît, assurément moins remplaçable que le fretin humain de passage.


Utilisateur anonyme
27 janvier 2013, 13:32   Re : Paris en 1914
Tout à fait d’accord avec vous, cher Francis Marche. J’ai ressenti cette sensation que, en fin de compte, les rues avaient très peu changé hier soir alors que j’étais à Paris et que j’avais encore en tête ces photographies de la capitale telle qu’elle était au début du siècle dernier.
Utilisateur anonyme
27 janvier 2013, 13:53   Re : Paris en 1914
Les peuples changent, les rues restent.
27 janvier 2013, 20:01   Re : Paris en 1914
Pour ce qui est de cette impression de rues presque désertes, il faut tenir compte, je crois bien, du fait que, en ces époques, le temps d'exposition d'une plaque photographique était très long. Si bien que, sur ces clichés, on ne voit que les gens qui posent ; les autres, ceux qui passent, disparaissent sans presque laisser de traces sur la pellicule (mais on en discerne parfois quelques-unes tout de même).
27 janvier 2013, 20:09   Re : Paris en 1914
C'est exactement cela, Didier.
27 janvier 2013, 20:47   Re : Paris en 1914
Je ne sais pas Didier. Etant totalement ignorant en techniques photographiques je me garderai bien de vous contredire, pourtant, il me semble que ce que vous dites vaut surtout dans les décennies antérieures, l'âge des daguerréotypes, etc. Si les passants disparaissaient de ces vues à cause de la contrainte d'une exposition prolongée, aurait-il été possible de prendre les scènes de foules (devant l'Hôtel de Ville, etc.)? Dans les années 20, la photographie, le cinéma, marchaient à plein régime. Le premier prototype de Leica fut créé en 1913, viens-je d'apprendre.
27 janvier 2013, 20:56   Re : Paris en 1914
Voici une de ces photos, et les efforts de pose, très visibles.

Le long temps de pose permet de "supprimer" ensuite à la retouche les personnages mouvants.

27 janvier 2013, 21:01   Re : Paris en 1914
A-t-on alors aussi supprimé les voitures, les triporteurs en mouvement (pour ne conserver que celui-ci qui se tient à l'arrêt) ?

Cher Jean-Marc, je pense que vous vous trompez: observez les personnages aux fenêtres, à la verticale du triporteur. Ce sont des femmes le regard tourné vers l'objectif, or ces femmes ne peuvent être soupçonnées de poser, pourquoi dès lors les personnages qui se tiennent debout sur la chaussée poseraient-ils davantage qu'elles. Tous regardent l'objectif par curiosité et non parce que le photographe les y invite, et tous les personnages qui furent présents dans cette scène sont présents sur la photo, à l'arrêt, figés par l'objectif et la prise de vue, n'obéissant, pas plus que ces femmes, à aucune injonction du photographe.
27 janvier 2013, 21:08   Re : Paris en 1914
Non, en fait ils devaient prendre ces images tôt le matin et faire une sorte de "cordon" autour de la scène. Observez le personnage en canotier : il est est "des deux côtés" par rapport au personnage au premier plan.

Quand les scènes sont "sur le vif", elles sont beaucoup plus animées :




Les personnages sont plus flous.
27 janvier 2013, 21:23   Re : Paris en 1914
Ils sont flous mais ne disparaissent pas. Pour en revenir au propos initial: Paris paraît désert sur ces clichés, et il semble que cela n'incombe à aucune contrainte technique des prises de vue, non plus qu'à une "mise en scène" (cordons, filtrage des passants, etc.) de la part du photographe.

Le personnage en canotier qui apparaît (droite de l'image) deux fois, de part et d'autres du personnage en avant-plan atteste s'il en était besoin qu'il n'y a pas de suppression (qu'aucun personnage n'a été "photoshoppé" dirait-on aujourd'hui) des fantômes photographiques causés sur la pellicule par des personnages en mouvement dans le champ d'une exposition prolongée. Autrement dit, l'argument du "double à canotier" apporte encore de l'eau à mon moulin: ces vues, non content de ne pas montrer moins de monde qu'il n'y en avait dans Paris dans ces temps là, en montrent plus !
27 janvier 2013, 21:23   Re : Paris en 1914
Pour le personnage au canotier, une explication simple serait que le personnage en melon au premier plan a la masse d’une étoile naine. D’où le célèbre phénomène de « loupe gravitationnelle » (on voit deux images d’un unique canotier qui se tient en réalité derrière l’homme au melon).
27 janvier 2013, 21:40   Re : Paris en 1914
Certains disparaissent, observez les chaussures qui marchent toutes seules ; remis en mouvement, le passé reprend ses droits...


27 janvier 2013, 21:43   Re : Paris en 1914
Vous trichez, c'est une photographie soviétique de 1935 !
Utilisateur anonyme
27 janvier 2013, 21:59   Re : Paris en 1914
Et, ça, c’est quoi ?`

27 janvier 2013, 22:22   Re : Paris en 1914
Hier soir, un documentaire sur Haussmann. Paris a-t-il changé, du point de vue architectural, depuis Haussmann ? Cela semble peu probable.
Ce qui change ce sont les magasins, les gens, les vêtements, les voitures, les lampadaires, les colonnes Morris, les affiches... les immeubles et les rues gardent leur forme quasi-identique, sauf je pense à aller voir des quartiers disparus, comme la rue Vercingétorix d'avant les travaux des années 70-80, ou les Halles d'avant le Forum.
Peut-être aussi verrait-on des différences significatives dans les quartiers populaires, Belleville, où il y avait encore des terrains vagues, des lieux peu construits etc.
L'impression de vide me semble douteuse ; c'est le Paris d'aujourd'hui qui est vide. Avant, il y avait un ou deux cafés dans la moindre rue, les gens sortaient, il y avait des théâtres et des cinémas ; les chambres de bonnes étaient animées ; encore dans les années 60 une grande partie des immeubles autour de la Gare St Lazare étaient habités par des familles (nombreuses), aujourd'hui ce sont des bureaux vides ou à louer...
Utilisateur anonyme
27 janvier 2013, 22:28   Re : Paris en 1914
Assez d’accord avec la remarque de Loïk Anton : Paris est vide ; c’est saisissant. Le petit peuple en a été chassé et les nouveaux possédants n’habitent pas toujours là (et puis il y a les bureaux, les bureaux, les bureaux...).
28 janvier 2013, 00:00   Re : Paris en 1914
J''ai grandi dans le quinzième arrondissement entre le métro Voltaire et Vaugirard. C'était un arrondissement très populaire. Ce qu'il y avait , néanmoins, de remarquable c'est que toutes les classes s'y côtoyaient, dans la rue et dans les immeubles. Il en allait de même pour les "ethnies" : le cordonnier et le marchand de légumes étaient d'origine espagnole, l'épicier d'origine italienne, le quincailler kabyle, le charcutier polonaise, le marchand de charbon auvergnate, etc . Le quartier était très animé, très divers et tout ce monde vivait en bonne intelligence, sans être effleuré par le moindre sentiment d'insécurité quelle que fût l'heure de la journée. Enfant, ce que j'aimais dans Paris, c'était, entre autres, les palissades, surtout quand elles étaient un peu fatiguées, de guingois et que l'herbe poussait entre les planches. A mes yeux d'alors elles enclosaient des territoires d'un autre monde, mystérieux et un peu inquiétant. Je ne sais pas si elles existent toujours et si elles sont toujours aussi poétiques qu'à cette époque.
Utilisateur anonyme
28 janvier 2013, 00:19   Re : Paris en 1914
L’ère des palissades est révolue.
28 janvier 2013, 00:40   Re : Paris en 1914
Il me semble que l'aspect vide de Paris est particulièrement récent. Le soir, on peut longer des boulevards comme le Boulevard Voltaire sans voir de lumières aux fenêtres, ou rarement. Je ne pense pas que c'était ainsi il y a quelques décennies.
J'ai parlé des bureaux, de la disparition des cafés. Je crois avoir entendu que 20% des cafés fermaient chaque année en France, ce qui m'a paru une information étonnante et peu croyable. Mais à la vitesse où les rues se vident, ou les gens cessent de flâner, tout ceci ne m'étonnerait pas trop.
Utilisateur anonyme
28 janvier 2013, 01:58   Re : Paris en 1914
Mêmes expériences que celles que vous décrivez, cher Anton. L’an dernier, j’ai passé des heures et des heures à marcher dans les rues du XVIIème arrondissement et là, de très nombreuses fenêtres donnaient manifestement sur des bureaux (car elles étaient sombres à une heure trop tôtive pour que ce soit le sommeil qui expliquât cette obscurité, car on apercevait du “matériel de bureau”, car on voyait des panneaux “Bureaux à louer” — en effet, pour bien des entreprises, Paris devient trop cher pour y avoir des locaux et l’on est obligé de se déplacer en proche banlieue (cf. le cas d’Orange à Saint-Denis), ce qui ne se fait pas toujours pour la plus grande joie des cadres...).
28 janvier 2013, 02:38   Re : Paris en 1914
Cher Jean-Michel Leroy, les bureaux n'expliquent pas tout. Je doute que le long du Boulevard Voltaire, ou Magenta, les fenêtres éteintes soient celles de bureaux.
Je m'interroge.
Ces appartements trop grands ne sont-ils habités que par une seule âme, celle d'une vieille veuve qui se réfugie dans sa cuisine donnant sur la cour ? Ou bien sont-ils la propriété de riches étrangers qui n'y viennent qu'une semaine par an ?
Dans les photos du Paris de 1914, on voit quelques femmes aux fenêtres. Je ne vois pratiquement plus jamais de gens aux fenêtres de cette façon. Il n'y a plus personne. On nous dit que Paris compte 2 millions d'habitants. N'est-ce pas encore une facétie de nos statisticiens ? Ne sommes-nous dans un décor, ou déjà morts et l'ignorant ? Borgès en aurait fait une nouvelle, de ces étranges façades éteintes, qui s'étendent sur des kilomètres de ville...
28 janvier 2013, 09:07   Unbestimmtheit
Par je ne sais quelle coïncidence qui n'en est probablement pas une, inconsciemment guidée par une plongée impromptue et intempestive que j'ai effectuée récemment dans les travaux et conclusions de Heisenberg, nous retrouvons ici notre homme, laissé tout seul un moment dans le fil sur les accoutrements des professeurs modernes.

L'image est floue (connaissance des positions) parce qu'est imprécise et indéterminée la connaissance de la quantité d'énergie (et donc de personnes en mouvement) que contient la scène prise en photo, cependant que le temps t de la prise de vue, lui, est très exactement connaissable.

Pour autant, aucun des quatre vecteurs heisenbergiens (position, quantité de mouvement, énergie et temps) n'est jamais tout à fait nul. Ainsi, une femme, de cette scène s'est évanouie en laissant pour vestige de son passage trois de ses deux chaussures. La question que je pose à Alain est donc la suivante: l'image contient-elle

a) plus d'énergie/présence humaine, ou
b) moins d'énergie/présence humaine que n'en contient la scène réelle ?

Ma réponse est a), car sont représentés, de manière floue ou partielle des fragments d'un personnage qui, dans le réel, est totalement absent. Les fantômes photographiques sont à retrancher du décompte des humains, et comme je le disais à notre ami Jean-Marc, Paris contenait vraisemblablement moins de personnes que la population humaine de ces clichés, et non le contraire.
28 janvier 2013, 13:44   Re : Paris en 1914
Cassandre écrit : J'ai grandi dans le quinzième arrondissement entre le métro Voltaire et Vaugirard.

Mon Dieu, je crois qu'elle cherche à vérifier s'il reste encore de vieux et solides Parisiens en ces lieux, éventuellement amateurs de pacifiques palissades, mais pas ennemis pour autant de précision topographique et métropolitaine : car dans le quinzième arrondissement entre Voltaire et Vaugirard, il y aurait quelque risque de sévère égarement, à moins de remplacer, peut-être, Voltaire par Emile Zola... ou Pasteur...
28 janvier 2013, 22:36   Re : Paris en 1914
» Ma réponse est a), car sont représentés, de manière floue ou partielle des fragments d'un personnage qui, dans le réel, est totalement absent. Les fantômes photographiques sont à retrancher du décompte des humains, et comme je le disais à notre ami Jean-Marc, Paris contenait vraisemblablement moins de personnes que la population humaine de ces clichés, et non le contraire.

Le problème est qu'il n'y a ni vitesse ni position, aussi indéterminées fussent-elles, de quelque chose qui purement et simplement n'existe pas ; même les propriétés d'objets quantiques ne sont pas des mirages artefactuels venant se surajouter au réel par une sorte d'inflation matérielle provoquée par le remous ondulatoire, mais sont au contraire bien révélatrices de la présence de tels objets.
Et si l'on peut déjà à ce niveau évoquer la présence de particules-quantons, alors les chaussures, peu importe leur nombre, chaussèrent bien des pieds qui se trouvaient là.
28 janvier 2013, 23:00   Re : Paris en 1914
On notera que le Paris de 1911 était bien plus peuplé que le Paris actuel : 2 888 000 habitants, contre 2 240 000. D'autre part, l'espace était davantage compté, il y avait de nombreuses usines (Citroën dans le XVème), des gares diverses (celle du Champ-de-mars à la place de l'actuel Front-de-Seine, pour rester dans le même arrondissement), les quartiers Bercy et Italie étaient peu peuplés et couverts d'entrepôts...

Il y a cinquante ans, soit exactement entre la Grande guerre et maintenant, Paris était très populeux, voyez la rue de Rivoli dans Cléo de cinq à sept : minutes 6:30 et 11.



28 janvier 2013, 23:02   Re : Paris en 1914
Entre "Volontaires" et "Vaugirard" .
28 janvier 2013, 23:18   Re : Paris en 1914
La rue de la blague, Vaugirard...

Envoyer un pauvre provincial l'arpenter d'un bout à l'autre...
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