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Marions-les et qu'on en finisse !

Envoyé par Alain Neurohr 
Ça ressemble à ces fins de repas de fête interminables et assommants : les invités s'ennuient et faute de savoir chanter ensemble ( les Français sont le seul peuple de la terre à ne pas savoir chanter ensemble, cela en dit long), ils se chamaillent à n'en plus finir. Querelle d'ivrognes : faut-il les marier, les deux jeunes femmes dont les robes blanches commencent à sentir la fatigue et la sueur, les deux messieurs en fracs noirs qui se serrent les mains convulsivement pour que personne ne doute de leur amour ?
La barbe ! Tous les arguments pour et contre ont été ressassés jusqu'à la nausée ! Poussez-les dans leurs lits, un petit mot du maire et les consentements et puis hop, on éteint la lumière, dodo, et on passe à autre chose, demain est un autre jour ! Armistice !
Quelle tristesse, ce mariage gay ! L'impudent anglicisme se vautre tous les jours en première page du Monde, tiens je tape sur la case des italiques et ça le fait pas... Tout le monde s'est ridiculisé dans cette histoire. Les homosexuels veulent un embourgeoisement dont plus personne ne veut, c'est la fin de milliers d'années de marge, de secret, de jeux de masques, de chefs d'oeuvre, Oscar Wilde épousant son jeune aristocrate au lieu d'écrire la sublime "Ballade de la geôle de Reading", Proust annonçant au Ritz qu'Albertine est en réalité Albert et qu'il va "normaliser" toute la "Recherche du Temps Perdu", Tchaïkovski délivré de ses angoisses et en même temps de son génie musical. Quel cauchemar ! La droite s'est laissé coincer par la gauche, et se trouve comme forcée de réendosser son costume de réactionnaire. La gauche se caricature elle-même en destructrice méticuleuse et impitoyable de la société française, en attendant de remettre un coup d'accélérateur sur le Grand Remplacement et de rendre le chômage obligatoire, universel et "citoyen".
Aussi, j'adresse une humble supplique à Messieurs les députés de droite : votez-la, leur petite loi-chiffon rouge de matador pour exciter le taureau, arrêtez les amendements et votez, comme on quitte la place devant un imbécile de brailleur qui fait des histoires pour une place de stationnement. Gardez vos forces pour le grand combat qui s'annonce contre le vote des étrangers non-communautaires. Cette fois, la majorité sera écrasante, cent Frigide Bargeot se lèveront dans nos rues et nos campagnes, formez vos bataillons.
Un coup de gueule comme je les aime et comme il faut salutairement en pousser de temps à autre! Merci!

Je me permets de reproduire ci-après ce que m'inspiraient il y a peu ces interminables et bruyantes batailles sociétales:

Vivement que "tout" soit accordé, le droit au mariage gay, à fumer du cannabis dans la cour du bahut, un statut des professeurs revalorisé, etc. (Au vrai, tout sauf le vote des étrangers et le maintien, en l'état, du statut des intermittents du spectacle). Comme ça, on ne verra plus deux hommes ou deux femmes s'embrasser longuement sur la bouche devant des caméras comblées (vos désirs ne nous regardent pas), et qui croient encore, en faisant cela, poser un acte puissamment politique. Comme ça, nous n'entendrons plus les "pour" et les "contre" s'affronter pour la millionième fois, sur fond d'expertises interchangeables, sur le bien ou le mal fondé d'une légalisation de la consommation d'herbe. Et comme ça, on pourra, pour un moment peut-être, déduire au moins une date du calendrier annuel des tragi-comiques manifestations revendicatrices.
Utilisateur anonyme
02 février 2013, 18:41   Re : Marions-les et qu'on en finisse !
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Alain Neurohr
Cette fois, la majorité sera écrasante, cent Frigide Bargeot se lèveront dans nos rues et nos campagnes, formez vos bataillons.

Inch'allah, mais je crois que vous rêvez un peu.
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Alain Neurohr
Les homosexuels veulent un embourgeoisement dont plus personne ne veut, c'est la fin de milliers d'années de marge, de secret, de jeux de masques, de chefs d'oeuvre, Oscar Wilde épousant son jeune aristocrate au lieu d'écrire la sublime "Ballade de la geôle de Reading", Proust annonçant au Ritz qu'Albertine est en réalité Albert et qu'il va "normaliser" toute la "Recherche du Temps Perdu", Tchaïkovski délivré de ses angoisses et en même temps de son génie musical. Quel cauchemar !
Je dois dire que je ne comprends pas bien cet argument. Wilde s'est marié avec une femme, a eu des enfants, a nié avoir eu des relations avec un jeune homme et on veut faire croire, à présent, que ce comportement était une preuve de courage et d'anticonformisme ? Et, alors qu'il est mort, on cherche à le faire parler contre le mariage de deux hommes ou de deux femmes ? Je suis sûr que ce qu'il dirait nous étonnerait mais il est impossible de dire avec certitude qu'il serait opposé à ce projet. Verlaine a eu un comportement analogue, Gide aussi. Cela ne veut pas dire qu'ils furent sans courage ou qu'ils furent bourgeois. Ils vivaient à une tout autre époque et les invoquer aujourd'hui pour des questions de moeurs n'a pas de sens. Proust se serait-il marié à un homme qu'il n'aurait rien perdu de son génie. Avec un argument comme celui-ci, il faudrait interdire le mariage tout court parce que certains grands auteurs, hétérosexuels, y ont échappé toute leur vie. On dirait : « Vous imaginez si Cioran s'était marié ! Ou Léautaud ! » On peut changer les termes des comparaisons : « On ne devrait pas permettre l'existence d'Internet : vous imaginez si Corneille avait eu un blog ? Ou Pascal ? », « Vous imaginez si Mme de Sévigné avait eu le téléphone ? », « Vous imaginez si Soljenitsyne n'avait pas connu le goulag ? » Faudrait-il dire avec vous : « Quel cauchemar » ?
Je n'ai jamais dit que le mariage de Wilde était une preuve d'anticonformisme ! Pas plus que de conformisme, d'ailleurs, puisqu'à l'époque il se cherchait et aimait sincèrement sa femme. Je n'ai jamais cherché à faire parler des morts illustres contre le mariage homosexuel ! La meilleure preuve, c'est que je ne dis nulle part si moi-même je suis pour ou contre ! D'ailleurs, les jours impairs je suis pour et les pairs contre (ce qui n'est pas une blague, je le jure). Par la suite de votre raisonnement, vous procédez d'amalgame approximatif en amalgame approximatif, ce qui est la meilleure manière de penser faux.
Je dis deux choses : 1° Finissons-en au plus vite avec ce faux débat, quitte à ce que la droite ait l'air de capituler en rase campagne.
2° Renaud Camus le dit très bien, en parodiant le style "djeune" : "Le mariage gay, c'est trop la honte." Je pense qu'une certaine manière d'être au monde, forcé de se poser des questions importantes ("Qui suis-je ? Pourquoi mes copains courent après les filles alors que moi j'aimerais courir après tel ou tel copain ?") est extrêmement féconde pour remettre en question tous les a priori sociaux, toutes les doxas. La civilisation des masses, l'universalisation obligatoire, Mac Do et Kentucky Fried Chicken débarquent enfin sur cette île lointaine et mystérieuse, cette brumeuse Sodome aux tribus étranges et fascinantes, des supervirils bardés de tatouages aux superféminins bardés de colliers, des pieux David et Jonathan aux queutards sans une minute de répit ( un copain m'a raconté avoir fait l'amour avec un beau stewart égyptien dans les toilettes du Assouan-Abou Simbel, 20 minutes de vol ). Les conquistadores de la banalisation universelle déposent sur la plage ces colifichets : mariage-pour-tous, reconnaissance-sociale, paternité si vous en avez envie, et les pauvres indigènes vont s'approcher, les renifler et s'en emparer. Le monde aura encore perdu un peu de sa chatoyante variété. Dans le dernier Houellebecq, l'auteur croque un de ces petits couples plus sulfureux du tout , qui consacre ses week-ends à "la découverte des petits vins de terroir".
PS : Médiatisera-t-on beaucoup le premier divorce homosexuel ?
Je pense à un bon mot de l'humoriste Gaspard Proust disant que la droite, face à la question du mariage "gay", avait manqué une occasion de prendre position de façon nette en rétorquant : "Le mariage pour tous, d'accord ! Mais alors, le divorce pour personne !"
Je suis entièrement d'accord avec Alain Neuhor.
Utilisateur anonyme
03 février 2013, 11:03   Re : Marions-les et qu'on en finisse !
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Alain Neurohr
La barbe ! Tous les arguments pour et contre ont été ressassés jusqu'à la nausée ! Poussez-les dans leurs lits, un petit mot du maire et les consentements et puis hop, on éteint la lumière, dodo, et on passe à autre chose, demain est un autre jour ! Armistice !

Le problème, c'est que demain ce sera peut-être ceci:



Cela dit, le marigae "gay" a été légalisé depuis longtemps en Belgique, et on n'a encore rien vu de nouveau apparaître à sa suite...

Citation

Tchaïkovski délivré de ses angoisses et en même temps de son génie musical.

Poutine/Medvedev auraient-ils fait passer le mariage gay en Russie?...

Citation

Aussi, j'adresse une humble supplique à Messieurs les députés de droite : votez-la, leur petite loi-chiffon rouge de matador pour exciter le taureau, arrêtez les amendements et votez, comme on quitte la place devant un imbécile de brailleur qui fait des histoires pour une place de stationnement. Gardez vos forces pour le grand combat qui s'annonce contre le vote des étrangers non-communautaires. Cette fois, la majorité sera écrasante, cent Frigide Bargeot se lèveront dans nos rues et nos campagnes, formez vos bataillons.

Le vote des étrangers est passé depuis plusieurs années en Belgique, personne n'a manifesté contre... Et pourtant, depuis des années, les sondages montrent que les Belges sont parmi les plus virulent vis-à-vis de l'immigration de masse ou de l'islam, encore plus que les Français dans selon le fameux récent sondage du Monde. Donc, je ne me ferais pas trop d'illusions, mobiliser contre l'immigration ou l'islam demeure beaucoup plus clivant, difficile et intimidant pour beaucoup de personnes...
Utilisateur anonyme
03 février 2013, 11:10   Re : Marions-les et qu'on en finisse !
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Emmanuel Michon
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Alain Neurohr
Cette fois, la majorité sera écrasante, cent Frigide Bargeot se lèveront dans nos rues et nos campagnes, formez vos bataillons.

Inch'allah, mais je crois que vous rêvez un peu.

Inch'allah: vous ne croyez pas si bien dire...
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Alain Neurohr
Je n'ai jamais dit que le mariage de Wilde était une preuve d'anticonformisme ! Pas plus que de conformisme, d'ailleurs, puisqu'à l'époque il se cherchait et aimait sincèrement sa femme. Je n'ai jamais cherché à faire parler des morts illustres contre le mariage homosexuel ! La meilleure preuve, c'est que je ne dis nulle part si moi-même je suis pour ou contre ! D'ailleurs, les jours impairs je suis pour et les pairs contre (ce qui n'est pas une blague, je le jure). Par la suite de votre raisonnement, vous procédez d'amalgame approximatif en amalgame approximatif, ce qui est la meilleure manière de penser faux.

Vous n'êtes pas contre le mariage de deux personnes du même sexe mais estimez que cette "reconnaissance sociale" fera perdre au monde "un peu de sa chatoyante variété". Cet argument, au moins, vous le reconnaitrez, n'est pas favorable à la cause. Peu de gens considèrent que mettre un terme à la chatoyante variété du monde est une chose indifférente, encore moins que c'est une chose souhaitable. Même si l'on veut croire que c'est l'ambition de quelques machiavéliques dirigeants, en tout cas personne ne l'admettra tout haut. Je pense faux, me dites-vous. J'en suis désolé. Apprenez-moi donc à "penser juste". Montrez-moi en quoi mes comparaisons sont des amalgames approximatifs. (Le mot me paraît fort, étant donné qu'un amalgame est déjà une approximation.) Vous disiez tout de même que la mariage homosexuel mettait un terme à "des milliers d'années de marge, de chefs-d'oeuvre". Pour moi, cela est plus qu'approximatif. Les chefs-d'oeuvre ne vont pas disparaître magiquement au lendemain de l'adoption de la loi, et la marge n'est pas une affaire de loi. Il y aura encore des marginaux et des poètes, qui se marieront ou ne se marieront pas. Des hommes aimant les femmes ont vécu des vies bien popotes socialement et ont pourtant produit des oeuvres géniales. D'ailleurs, ne serait-ce pas facile aujourd'hui d'être un pédé à la manière de Verlaine, de Wilde, de Genet ? Ne serait-ce pas une attitude, une pose ? La marge s'est déplacée, cela me paraît normal. Certains auteurs aux penchants homosexuels ont semé dans leurs oeuvres des allusions voilées à leurs désirs parce que l'homosexualité n'était pas acceptée socialement. Doit-on dire qu'il est dommage que l'homosexualité ne soit plus réprimée ? Suis-je encore en train de faire un amalgame selon vous ?
Je ne souhaite pas finir ce message sur une note d'amertume. vous êtes pressé que cette loi soit adoptée. Moi aussi, et pourtant je ne souhaite pas me marier. J'ai autour de moi des personnes qui attendent cette loi avec impatience, dont elle changerait la vie très favorablement, des homosexuels qui ont déjà des enfants et aux yeux de qui cette reconnaissance serait une chose de prix. Ce ne sont pas des bourgeois, des parisiens bobos, des pédés underground, ce sont des gens normaux qui rêvent d'un bonheur simple. Ce n'est pas à la société de leur dire : Mais enfin, soyez poètes !
Je pense, à la différence de plusieurs d'entre vous, que s'il y a une tentative de faire voter la loi sur le vote étranger au parlement (au lieu du congrès à Versailles, comme prévu), la réaction sera forte car l'objection est juridique (la nationalité ne se découpe pas), et non racialiste. Je ne sais pas ce que la charia prévoit de couper aux homos, mais là, croyez-moi, ils verront bien où est le bon camp...
Cher Nicolas, ne vous échauffez pas trop sur mon romantisme de la marginalité. "Génie et marginalité" est d'ailleurs un pensum à discutailler à l'infini, jusqu'au vomitorium, tout comme le mariage unisexe. Mais j'y pense, j'ai un Belge de mon côté ! Henri Michaux dans le "Voyage en Grande Garabagne" ou un autre de ses récits de voyages imaginaires découvre un peuple où l'on élève une partie des enfants dans d'abjects orphelinats pour qu'ils deviennent des génies...
PS : je suis un admirateur fanatique de Tchaïkovski, je ne partage hélas pas son génie musical, mais il me semble qu'à travers le temps, je communie avec ses souffrances, ses humiliations et même la tragique façon dont, d'après Natalia Berberova et d'autres, il serait mort (un "suicide d'honneur"...) Je suis peut-être vampirisé ?
Citation
Alain Neurohr
d'après Natalia Berberova et d'autres, il serait mort (un "suicide d'honneur"...)

Compte tenu de son année de naissance, 1840, Natalia Berberova ne prend pas trop de risque à le déclarer mort (mais ça reste quand même à démontrer) :o) .

Ceci étant, si j'en crois mon vieux Lagarde et Michard, tous les romantiques sont morts "suicidé pour l'honneur", c'est même un peu ça, le romantisme (dixit, le "malaise d'une génération", Alfred de Musset). Alors, plutôt que Tchaïkovski, ne serait-ce pas votre romantisme qui vous vampirise ?

Sinon, pour rencontrer Tchaïkovski, avez-vous déjà essayé la métempsychose ?
.
Utilisateur anonyme
03 février 2013, 21:29   Re : Marions-les et qu'on en finisse !
C'est pourtant clair...



Utilisateur anonyme
03 février 2013, 21:38   Re : Marions-les et qu'on en finisse !
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Alain Neurohr
PS : je suis un admirateur fanatique de Tchaïkovski,

Moi itou.

La mort officielle de Tchaïkovsky semble être due au choléra. Le compositeur aurait bu de l'eau du robinet non bouillie.



Bernard, il faudrait tout de même lire le début de la phrase : "la tragique façon dont il est mort". Berberova avance que pour ne pas laisser éclater un scandale où sa liaison avec un jeune aristocrate (encore !) serait révélée, "on" lui a intimé l'ordre de se suicider. Cela n'a rien à voir avec le "mal du siècle". Le choléra servirait à cacher la vérité.
Et maintenant, Mesdames et Messieurs, on va dire pour notre compte : Stop au faux débat sur le mariage gay ! Assez donné dans le piège de la gauche ! Ce fil se termine, dans l'honneur et la dignité de chacun des participants, cela va sans dire.
J'attends de voir nos gouvernants sur un débat un peu plus sérieux : comment en finir avec ce choix monstrueux du chômage qu'a fait la France depuis trente ans. Comment faire comprendre que les syndicats défendent becs et ongles ceux qui ont un travail contre ceux qui n'en ont pas ? Il nous faudrait une Thatcher, vite ! Evidemment, nous n'aurons pas cette chance. J'ai l'impression de revivre pas à pas les années Mitterand, où je ne sais plus quel Pierre Mauroy ou un autre premier ministre disait par exemple :"Je me battrais sur la crête de deux millions de chômeurs". Evidemment cet abject baratin, avec la ligne bleue des Vosges apparaissant en filigrane, a été submergé par la réalité. Contre le chômage, la gauche n'a jamais su faire que des mots. Vous verrez, à la fin de 2013, le concours de trouvailles rhétoriques pour expliquer que "non, décidément la courbe ne s'est pas inversée, mais..."
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