Citation
Jean-Michel Leroy
Ha ha, Comolli, vous et votre khat venez de me réjouir pour la soirée !
Un supplément alors: [
www.lemonde.fr] (et ci-dessous).
Avec votre sagacité, vous noterez la tonalité ethnologisante de l'article. Le khat est une substance psycho-active pouvant provoquer des hallucinations et des états de manque? Oui, certes, mais surtout cette substance... libère la parole. A noter également le propos, si j'ose dire, stupéfiant, du diplomate (en gros, on tient là un formidable opium du peuple, on aurait donc de ne point en user pour garantir la paix sociale dans ces pays troublés).
Cette cochonnerie venant s'ajouter aux bières des clochards et aux joints des racailles, cet été, l'ambiance dans nos rues promet d'être animée!
A Djibouti, foire d'empoigne quotidienne pour la "salade"
LE MONDE | 01.03.2013 à 11h30
Par Pierre Lepidi - Djibouti Envoyé spécial
La scène se déroule chaque jour à Djibouti, un peu avant midi. Escortés par des voitures de police, des convois formés de pick-up ou de camionnettes slaloment à vive allure au milieu de la circulation. Le khat, qui est ici en vente libre, a une durée de vie limitée et la population s'impatiente. Rien ne doit ralentir l'arrivage quotidien des tiges, que l'on voit même dépasser à l'arrière des véhicules.
Lire notre enquête : Consommation confidentielle mais saisies record : le khat s'installe en France
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Le système de distribution est parfaitement au point. Après avoir rejoint des hangars de la zone industrielle, la marchandise est répartie dans d'autres véhicules pour alimenter avant 14 heures tous les quartiers de la ville. Dans le même temps, des camions prennent la direction du port. Sur des navettes maritimes, le khat est alors embarqué vers l'autre rive du golfe de Tadjoura pour alimenter le nord du pays.
Selon plusieurs manuscrits, la plante se consomme dans la corne de l'Afrique depuis le XIVe siècle. Une légende raconte qu'un berger éthiopien, après avoir vu ses chèvres ne pas s'endormir grâce aux feuilles, aurait décidé de les goûter.
L'Ethiopie, voisine de Djibouti, est l'unique producteur de la région. Les exportations de feuilles vertes représentent près de 15 % de celles du pays. Cette culture intensive des arbustes, qui a supplanté les autres notamment à l'est, peut s'expliquer par la bonne résistance à la sécheresse et des feuilles et le peu de main-d'oeuvre qu'elles nécessitent, garantissant aux paysans producteurs des revenus stables et réguliers.
A Djibouti, on appelle le khat "la salade". Les échoppes, généralement de couleur verte, s'alignent les unes à côté des autres. A l'intérieur, on trouve trois types de feuilles, plus ou moins chères en fonction de leur qualité. A l'heure du déchargement des estafettes, c'est une véritable foire d'empoigne pour choisir avant les autres ses bottes, ligotées dans des sachets en plastique.
"LE KHAT LIBÈRE LA PAROLE"
La tradition séculaire veut que l'on "broute" (consomme) en groupe, affalé confortablement. Chacun choisit les feuilles les plus vertes des tiges et les mastique jusqu'à former une chique et la placer dans un coin de la joue. Comme le jus assèche la bouche, des canettes de soda, quelques bouteilles d'eau et des paquets de cigarettes sont à portée de main. Le khat détend le corps tout en stimulant l'activité cérébrale, et ses premiers effets se font sentir après une quinzaine de minutes. "Le khat libère la parole, raconte un consommateur. On commence en début d'après-midi, aux heures les plus chaudes de la journée..."
Cette consommation massive de la population, essentiellement masculine, a un impact majeur sur l'économie. "Il faudrait au moins vingt ans pour libérer la Corne de l'Afrique du khat, estime un diplomate européen. Des simples ouvriers aux plus hauts dirigeants de société, tout le monde "broute" la salade ! Mais laisser le khat en vente libre, c'est aussi s'offrir une forme de paix sociale."