Je suis comme vous, je souffre de voir AF, ferrailler seul contre des détracteurs d'aussi mauvaise foi.
Une des tartes à la crème des notables issus de mai 68 est que, soi-disant, la France s'ennuyait ! Comment n'ont-ils pas conscience de l'inconsistance, de la pure subjectivité, de la puérilité d'un tel argument ? Depuis quand les peuples font-ils la révolution parce qu'ils s'ennuient ? Comment ces gens ne voient pas qu'en mettant en avant cet argument débile de gosses de riches, ils révèlent que leur "révolution" n'était qu'un mouvement de fils à papas, soucieux en réalité de se voir piquer, de plus en plus, les bonnes places par les enfants du peuples formés à une école républicaine que, pour cette raison, ils se sont chargés de démolir ? Comment ne se rendent-ils pas compte que, disant cette ineptie, ils révèlent la formidable fracture entre eux et le peuple réel ? Celui-ci, en effet, non seulement, à l'époque, ne s'ennuyait pas, mais éprouvait un épanouissant sentiment de sécurité et un formidable optimisme dans l'avenir, comme en témoigne, justement, ces lignes d'Annie Erneaux : «Le progrès était l’horizon des existences. Il signifiait le bien-être, la santé des enfants, les maisons lumineuses et les rues éclairées, le savoir, tout ce qui tournait le dos aux choses noires de la campagne et à la guerre. Il était dans le plastique et le Formica, les antibiotiques et les indemnités de la sécurité sociale, l’eau courante sur l’évier et le tout-à-l’égoût, les colonies de vacances, la continuation des études et l’atome. Il faut être de son temps, disait-on à l’envi, comme une preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit. En classe de quatrième, les sujets de rédaction invitaient à composer sur “les bienfaits de l’électricité” ou à écrire une réponse à “quelqu’un qui dénigre devant vous le monde moderne”. Les parents affirmaient les jeunes en sauront plus que nous.»
Pour quelqu'un comme moi, issu d'un milieu relativement modeste et qui a vécu cette époque, on ne saurait mieux dire. S'il y eut jamais un peuple aussi près du bonheur que possible, ce fut le peuple français pendant ces années-là !
L'affirmation qu'il fallait briser le carcan d'une société aussi hiérarchisée que l'était la société française est l'autre tarte à la crème des soixante-huitards. Comme si la société actuelle ne connaissait pas de hiérarchies, à ceci près que ce ne sont peut-être pas toujours les mêmes qu'hier ! Il est vrai qu'aujourd'hui, l'ascension sociale, les meilleures places, sont de plus en plus plus obtenues par piston, copinage, réseaux, hérédité, lesquels ont sans dout valu à Cohn-Bendit sa situation, mais ne laissent plus guère de chance au peuple . Est-ce mieux qu'une société hierarchisée selon le mérite républicain mesuré impartialement ?
Quant à la libèration des moeurs, troisième tarte à la crème, elle n'a été possible, pour les hétérosexuels, que par l'existence de la pillule contraceptive inventée par des gens dont le savoir et les méthodes ne devaient certainement rien aux ridicules fantaisies pédagogiques mises à la mode par l'idéologie de 68.