L'Obscénité (au sens camusien)

(On trouve cet article dans Pariscope du mercredi 10 avril 2013, l'adorable personne qui parle (qui est parlée) répond au joli nom d'Alice de Lencquesaing, c'est peut-être jeune actrice de cinéma ? On n'a gardé que le miel de ses propos).

- Plutôt rive droite ou rive gauche ?

Rive droite. J'habite entre la gare de l'Est et la gare du Nord, un quartier qui bouge, grand et très diversifié, dans
lequel il y a plein de communautés. Et je suis à côté de tout, des gares, du canal Saint-Martin, de Montmartre et de la
République.

- Qu'est-ce qui vous étonne à Paris ?

Sa diversité culturelle, son melting-pot. Même si je suis sensible à son homogénéité architecturale, c'est plutôt
l'hétérogénéité de sa population, toute sa variété, à laquelle je suis sensible. Il y a aussi cette énergie folle, négative
ou positive, que cette ville dégage.

- Un lieu que vous préférez à d'autres ?

J'adore le centre Beaubourg. C'est un endroit éclectique où il s'y passe toujours quelque chose (sic). Et puis, par son
aspect extérieur, c'est un monument qui peut sembler un peu farfelu.

- Votre station de métro préférée ?

Pigalle, parce que je trouve à la fois drôle et étonnant que, si proche de cette bouche de métro, sur cette place,
cohabitent tant de choses et de gens différents : la faune du quartier, les touristes. Et aussi la station La Chapelle, si
jolie avec ses petites parois de verre découpées.

- Comment vous déplacez-vous ?

Depuis longtemps à vélo. Le mien, car je trouve les Vélib' trop lourds.

- Votre dernier coup de coeur ?

Au Cent-Quatre j'ai vu le spectacle du collectif Ivan Mosjoukine "De nos jours (notes on the circus)". Un très beau et
généreux moment. Tous les acteurs de cette troupe font véritablement don d'eux-mêmes.

- Que souhaitez-vous à Paris ?

Ce serait peut-être bien que la ville s'élargisse, qu'elle aille au-delà de ses portes. Même si je ne connais pas bien ce
projet, ce serait pas mal que le Grand Paris aboutisse enfin (...).

Ah oui, moi aussi, les quartiers qui bougent, avec plein de diversité, d'énergie et de gens généreux, j'adore.

Une actrice-monde à coup sûr.

Le psittacisme se peut rencontrer dans toutes les chapelles et résonner de tous les sons de cloches.

- Plutôt rive droite ou rive gauche ?

Rive droite. J'habite entre la gare de l'Est et la gare du Nord, un quartier qui bouge, grand et très diversifié, dans
lequel il n'y a pas de juifs ni de métèques. Et je suis à côté de tout, des gares, du canal Saint-Martin, de Montmartre et de la
République.

- Qu'est-ce qui vous étonne à Paris?

La beauté de sa population, comme à Berlin, qui n'est pas mélangée. Même si je suis sensible à son hétérogénéité architecturale, c'est plutôt l'homogénéité nouvelle de sa population, toute cette unicité de traits, ô combien subtile dans sa variété, à laquelle je suis sensible. Il y a aussi cette énergie folle, négative ou positive, que cette ville dégage.

- Un lieu que vous préférez à d'autres ?

J'adore l'hôtel Majestic, boulevard Kléber, mais aussi le Meurice, boulevard Raspail. Ce sont des endroits éclectiques où il s'y passe toujours quelque chose (sic). Et puis, par leur aspect extérieur, ce sont des monuments qui peuvent sembler un peu austères et décalés, j'adore.

- Votre station de métro préférée ?

Concorde, parce que je trouve à la fois drôle et étonnant que, si proche de cette bouche de métro, sur cette place,
cohabitent tant de choses et de gens différents : la faune du quartier, nos amis touristes en tenue vert-de-gris. Et aussi la station Dauphine, si jolie et si proche du 93 rue Lauriston où j'aime retrouver mes ami(es) avec leurs petits morceaux de verre servant à découper et à remplacer les ongles.

- Comment vous déplacez-vous ?

Depuis longtemps à vélo. Le mien, car je trouve les motos allemandes beaucoup trop lourdes.

- Votre dernier coup de coeur ?

Au Cent-Quatre j'ai vu le spectacle du collectif Jeunesse Aryenne "De nos jours (notes sur l'Europe nouvelle)". Un très beau et généreux moment. Tous les acteurs de cette troupe font véritablement don d'eux-mêmes.

- Que souhaitez-vous à Paris ?

Ce serait peut-être bien que la ville s'élargisse, qu'elle aille au-delà de ses portes. Même si je ne connais pas bien ce
projet, ce serait pas mal que le Gross Paris aboutisse enfin (...).

Sinon, dans la catégorie actrice bobo décervelée (mais très très mignonne), il y a Lou de Laâge (cf. sa réaction face à Obertone sur le plateau de “On n’est pas couché”)...

- Plutôt rive droite ou rive gauche ?

Rive droite. J'habite entre la gare de l'Est et la gare du Nord, un quartier qui bouge, grand et très diversifié, dans
lequel il y a plein de communautés non européennes. Et je suis à côté de tout, des gares, du canal Saint-Martin, de Montmartre et de la République.

- Qu'est-ce qui vous étonne à Paris?

La beauté de sa population diverse qui ne se mélange pas, comme dans toutes les capitales occidentales, chacun sa communauté. Même si je suis sensible à son architecture pour tous, c'est plutôt l'hétéro-homogénéité de sa population, toute cette subtilité de traits, ô combien uniforme dans sa variété, à laquelle je suis sensible. Il y a aussi cette énergie folle, négative ou positive, que cette ville dégage.

- Un lieu que vous préférez à d'autres ?

J'adore tout du boulevard Kléber au boulevard Raspail, en passant par le centre Beaubourg. Il y a tout plein d'endroits éclectiques où il s'y passe toujours quelque chose (sic). Et puis, par tous les aspects extérieurs, il y a foule de monuments qui peuvent sembler un peu austères et décalés, I love a lot ce qui est farfelu.

- Votre station de métro préférée ?

Toutes, parce que je trouve à la fois drôle et étonnant que, si proche de ces bouches de métro, sur des places,
cohabitent tant de choses et de gens différents : les faunes de touristes, nos ami(e)s de quartier en tenue vert-de-gris et rose. Et aussi les autres, celles que je ne connais pas, si jolies j'imagine et parfois tellement proches où j'aimerais emmener mes ami(e)s pour boire un petit verre ensembles.

- Comment vous déplacez-vous ?

Depuis longtemps à vélo. Le mien, car je trouve les Motolib' de la marque Bertha trop grosses.

- Votre dernier coup de coeur ?

Au CIV j'ai vu le spectacle du collectif Ivan La Jeunesse "de nos jours (notes on the nouvel ordre Mondial)". Un très beau et généreux moment. Tous les acteurs de cette troupe font véritablement don d'eux-mêmes.

- Que souhaitez-vous à Paris ?

Ce serait peut-être bien que la ville s'élargisse, qu'elle aille au-delà de ses portes. Même si je ne connais pas bien ce
projet, ce serait pas mal que le Big Paris aboutisse enfin (...).

à Leroy:

C'est surtout un article de propagande pour l'Ordre Nouveau, lequel se décline et se célèbre en des termes qui, pour leur être inverses, n'en sont pas moins dans leur forme absolue superposables à ceux d'hier.

Les Visibles, à travers leur désordre apparent, ont créé un Ordre Invisible, qui, telle la figure des vampires dans les films populaires, ne donne à lire ses formes parfaitement que dans un jeu de miroir et de mémoire.

Céline Hesme est bien aussi, dans le genre:

Ils vivent le long du canal de l’Ourcq, dans le XIXe arrondissement. Ils ont acheté 100 mètres carrés au quatrième étage, pour 450 000 euros. Elle s’en amuse : «C’est une très bonne affaire, mais c’est la rue la plus craignos de Paris.» Le code de la porte est cassé. Elle jette la clé par la fenêtre, dans une petite bourse matelassée. La nuit, les dealers sécurisent les entrées : «Avec eux, aucun risque de cambriolage.» Sur les paliers, il y a salon de coiffure africain ou papotage téléphonique chinois.

Sa gamine va dans un établissement bilingue à la «pédagogie non violente», école des parents et réseaux d’approvisionnement bio compris. Malgré tout, il lui faut se confronter à l’exercice de l’autorité. Elle dit : «Ce qui m’intéresse, c’est de vagabonder, d’être dans l’errance, de ne pas avoir de limites. Et là, je me retrouve à devoir en imposer.» Et d’ajouter, rieuse : «J’en chie.»

Jeanne Balibar a également souvent son mot à dire, mot féministe ou diversophile, comme ici:

Diriez-vous que le milieu du cinéma, en France du moins, traite bien les femmes ?

A talent égal, les femmes cinéastes ont infiniment plus de difficultés à tourner que les hommes. Patricia Mazuy s'en sort à peu près parce qu'elle a une attitude, toutes proportions gardées, à la Kathryn Bigelow : elle a opéré une conciliation avec certains codes de démonstration de force qui sont censés être les attributs naturels du cinéaste (que ce soit dans le cinéma américain sur le mode " J'ai le pouvoir de remuer les foules ", ou dans le cinéma français sur celui de l'Auteur avec un grand A).

Mais prenez Laurence Ferreira-Barbosa ou Sophie Fillières, qui refusent absolument de travailler cela, et le tableau est différent. La première ne tourne pas depuis des années et la seconde va tourner bientôt, mais avec un budget dérisoire. C'est un problème qui traverse le cinéma dans son ensemble. Y compris la critique. Une forme de domination du mâle blanc hétérosexuel catastrophique. C'est une manière d'écarter la concurrence des femmes, des Arabes, des Noirs, des homos, qui fait terriblement baisser le niveau général.

Citation
Jean-Michel Leroy
Sinon, dans la catégorie actrice bobo décervelée (mais très très mignonne), il y a Lou de Laâge (cf. sa réaction face à Obertone sur le plateau de “On n’est pas couché”)...

C'est en effet très énervant quand elles sont mignonnes...Je prie pour que Léa Seydoux ne tourne pas mal!

Rassurez-vous Leroy, elles ne sont pas mignonnes longtemps. Ce sont les temps actuels, qui sont mignons depuis un bout de temps déjà, et qui eux, contrairement à leurs temps miroirs, qui ne duraient que quatre à cinq ans, dix tout au plus, s'éternisent. Nous y sommes pour beaucoup. En les critiquant, nous les flattons. Ils en deviennent coquets et jouent les stars qui ne vieillissent pas.

Non mais Marche, elle est vraiment mignonne :

Et le Führer en petit garçon boudiné dans une Lederhose en peau de Juifs de Paris, n'est-il pas mignon ?

Des appréciations de l'obscène : il me souvient d'avoir lu dans un recueil de souvenirs d'Arthur Adamov que de Gaulle et Montherlant figuraient pour lui les types mêmes de l'homme obscène (peut-être a-t-il écrit "vulgaire")... En tout cas, l'une des têtes de Turc favorites de Renaud Camus en matière d'obscénité était, je crois, cet ancien collaborateur de France Culture (Dobbels ?), auquel étaient surtout reprochés de suggestifs effets d'âme, qui lui faisaient balancer la sienne comme autant de lascifs mouvements de croupe...

Dans le Che(-king) de Mao, il est dit : "Sa-tari bi-tari, ryûri-no-ko. Sa et bi qualifient ce qui est petit et mignon. Ryûri est le nom d'un oiseau." Tchang commente : " Les vassaux du royaume de Wei avaient, au début, quelques petites qualités, mais en fin de compte, ils échouèrent, ressemblant en cela au ryûri. Le ryûri est le hibou. " On dit que le hibou est un oiseau qui est joli lorsqu'il est petit, mais qui, par la suite, devient de plus en plus ridicule.
Il en va de même du développement des arts humains : il est des artistes qui, bien que possédant, dès l'enfance, un style achevé, deviennent mauvais quand ils avancent en âge. L'explication en est que, dans tout art, la perfection se définit par la concordance entre le métier mis en oeuvre et les moyens physiques de l'artiste; or, la perfection, c'est le style achevé. Il arrive que l'on parle de concordance à propos du comportement d'un enfant; par quoi pourrait-on définir cette concordance? Le métier du jeune âge est caractérisé par un esprit insuffisant, par une exécution incomplète : une manière qui n'atteint pas son objet, voilà donc qui définit la concordance dans la période de l'enfance. Puis, les années passant, au fur et à mesure que l'homme se développe, son métier se complète : l'accession au style achevé définit la concordance au niveau du métier de l'adulte. ( ... )
Zeami (1365-1444) ÛYGAKU SHÛDÔ KEMPÛ SHO, in La Tradition secrète du nô, trad. et commentaires de René Sieffert, Connaissance de l'Orient, Gallimard/Unesco, 1960, page 165.

Cher Alain Eytan, dans un sens j'adore le tremblement de votre prose, toujours un peu imprécise, chaloupée et suggestive à la fois. Cela dit, je ne crois pas du tout que la vulgarité et l'obscénité soient la même chose. Si Arthur Adamov a stigmatisé, à tort ou à raison, la vulgarité de Charles de Gaulle ou de Henry de Montherlant c'est une chose. S'il a stigmatisé, à tort ou à raison, leur obscénité, c'en est une autre. Et dans ce dernier cas, il aura sans doute utilisé le mot d'obscénité dans son sens courant. Sauf erreur, je ne vois pas de prédécesseur à Renaud Camus dans l'usage si particulier du mot et de la notion d'obscénité qui est le sien. Si Arthur Adamov, grand seigneur arménien ruiné devenu un semi vagabond à Paris, se trouvait être, sur ce point, une manière de plagiaire par anticipation de Renaud Camus, ce serait vraiment très intéressant : mais cela reste à prouver.

Je crois que c’était en effet la vulgarité qu’épinglait Adamov, et non l'obscénité, cher Thierry Noroit, et vous avez raison, ce n'est pas la même chose.
L'imprécise impression que je retiens de cette lecture est que lui était insupportable la tranquille et décomplexée assomption de soi qu'il croyait déceler chez autrui, cela valant bien sûr également sur un plan politique ; c'était après tout un être qui aimait qu'on lui passât, et pissât, dessus.


« J'ai vu à Florence, où c'est un spectacle banal, un homme attelé comme une bête de somme à une charrette remplie à pleins bords. Tirant sur les brancards, il allait, l’air hautain et fier, en ordonnant à grands cris de lui laisser le passage. Je retrouvai là l'image de tous ces orgueilleux qui se pavanent, l'insulte à la bouche, pour une raison en tout point semblable à celle de mon charretier, qui est de tirer une charrette. » (Leopardi, Pensées)

Le Temps modernes / le Dictateur en promenade