"La petite bourgeoisie qui règne seule, culturellement, se révèle chaque jour plus incapable et moins désireuse de défendre une civilisation qui au fond ne lui est rien et pour laquelle elle éprouve le même ressentiment haineux que les actuels colonisateurs contre-coloniaux." Très juste.
S'agissant de la réaction médiatique aux évènements de Londres et de Stockholm il me semble que la palme de l'ignominie revient une nouvelle fois au
Monde, et notamment à son correspondant en Angleterre, Marc Roche.
Pour lui, à le lire, le problème des quartiers comme Woolwich, où s'est déroulé le meutre du jeune soldat anglais, ce sont les derniers "petits Blancs", les "blancs d'en bas", les "blancs de souche", les "perdants" comme il les nomme dans son article dégoulinant d'un mépris de classe éclatant, qui sont bien sûr racistes - ils font régner dans le quartier un "racisme endémique" -, xénophobes et complaisants à l'égard des nazillons de
l'English Defence League, laquelle aurait d'ailleurs attaqué des mosquées. Petits blancs, retraités ou ouvriers sans qualification qui n'ont pu quitter le quartier, qui se sentent "trahis" par la politique des travaillistes et n'acceptent pas leur statut minoritaire dans les "zones populaires des grandes villes anglaises" dominées désormais, jubile Marc Roche, par les"minorités (sic) noires et asiatiques". Ah les salauds ! Cependant, au regard de la longue durée, tout cela n'est pas bien grave puisqu'ils ont toujours été des salauds de racistes. Au XIX
e siècle, nous explique Marc Roche, leurs ancêtres haissaient les juifs et les huguenots. On se demande bien pourquoi Engels admirait la classe ouvrière de l'est de Londres.
La page suivante traite du "déclassement" des banlieues immigrées suédoises. Là nous sommes en territoire connu si l'on peut dire. "Ségrégation", "échec scolaire", "coupe" dans les budgets sociaux, "brutalités" et "racisme" policiers, baisse des subventions des assoces, manque d'équipements culturels, fermeture des centres pour les "jeunes" ; ne manque que la référence, devenue inévitable en France, à la stigmatisation postcoloniale. Mais comme la pauvre Suède n'a colonisé personne ou presque, Olivier Truc, le correspondant du
Monde peut difficilement caser un petit couplet sur la question(cela dit, des historiens postcolonaux suédois trouveront bien un jour, sur les rives du fleuve Sénégal, les restes d'un petit drakkar ayant mené un raid esclavagiste au XI
e siècle ; les assoces pourront demander réparation...)...