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Envoyé par Francis Marche 
28 juin 2011, 02:39   Sans commentaires
Une école maternelle en Suède a décidé de lutter contre le sexisme en enlevant tous les signes qui différencient filles et garçons.

L'école maternelle "Egalia" à Stockholm, en Suède, tente de lutter contre les clichés qui différencient filles et garçons. Pour éviter au maximum de tomber dans les stéréotypes, le personnel éducatif a tout vérifié. Du choix des livres à la décoration, en passant par les jouets, tout est fait pour ne pas créer de différences notoires entre les deux sexes. D'ailleurs, les enfants sont appelés des amis, et les professeurs évitent au maximum les mots "il" et "elle". Les sujets abordés avec les enfants parcourent également tous les thèmes. De nombreux livres de leur bibliothèque parlent de l'homosexualité, de l'adoption ou du divorce. Aussi, lorsqu'un plombier, un électricien ou autre vient à l'école, il est appelé par les enfants et leurs professeurs "une poule", afin de ne pas se focaliser sur le sexe de la personne.

"La société attend des filles qu'elles soient mignonnes, gentilles et jolies et des garçons qu'ils soient virils, rudes et souriants. Egalia leur donne l'opportunité fantastique d'être ce qu'ils veulent", explique Jenny Johnsson, enseignante de 31 ans, au Huffington Post. Cette école, financée par des fonds publics, est une démonstration des efforts qu'opère la Suède pour l'égalité des sexes. Pour le pays, trop de pouvoir est donné aux garçons et ce rééquilibrage des sexes est une mission prioritaire du programme éducatif national. Et les Suédois ont mis en place les moyens nécessaires. Des pédagogues ont été recrutés pour identifier les comportements risquant de renforcer l'inégalité garçon-fille et mieux les combattre. ...

la suite ici

Enfin si, un petit commentaire toutefois: qu'en est-il du désir d'autrui (désir dirigé vers autrui) ? Si chacun comble à l'envi son désir d'être ce qu'il veut, comme il veut et suivant un dosage "de genre" que lui-même se prescrit, quel manque va motiver l'attraction ? Si chacun est une roue platonicienne équilibrée suivant son propre désir d'être ce qu'il veut... quel besoin d'un partenaire ? L'hermaphrodisme et l'autoérotisme sont-ils l'avenir de l'homme-femme ? Ca se pourrait bien. Ca serait marrant tiens!

Ces gens sont profondément indésirables, ne motivent aucun désir possible. Je ne comprends pas comment l'on peut désirer quelqu'un qui se suffise si bien.
28 juin 2011, 07:00   Re : sans commentaires
Je vous conseille la lecture, très éclairante y compris sur ce que vous évoquez, du portrait que fait Renaud Camus des Suédois dans Parti pris, par exemple dans les pages 294 et suivantes.
28 juin 2011, 09:03   Re : Sans commentaires
Pourtant certains parents se demandent si cette éradication des différences entre les garçons et les filles ne va pas trop loin.

Y a toujours des rabat-joie. Pour une fois que les choses étaient vraiment poussées jusqu'au bout...
28 juin 2011, 09:12   Re : sans commentaires
Oui, merci Marcel. Parti pris figure évidemment sur ma liste de lecture.

Je me demande s'il est possible de désirer qui que ce soit qui prétend pouvoir être vous, quand il veut, où il veut (puisque le genre est fluide, dosable à son gré) sans avoir à vous toucher, sans avoir le moins du monde à s'intéresser à vous. Dans le désir il y a, pour le dire simplement, volonté de connaître. Cette volonté devait tenailler les êtres autrefois qui formaient des couples, des êtres qui voulaient aller au fond des choses, ce qui leur prenait évidemment des décennies. La maîtrise du genre annule jusqu'au genre lui-même et non point seulement la différenciation sexuelle, voire ce qu'ils nomment "l'inégalité des sexes".

Pour en revenir au désir, voici un vilain mot: posséder. Le désirant veux posséder, s'il n'a pas de creux en lui, d'inconnu, d'impossibilité à être, s'il est déjà tout ce qu'il veut, si son désir s'applique à être ce qu'il désire selon sa lubie du moment, ou selon ce qui l'entoure alors sa libido est déjà tout entière investie dans ce jeu et cette satisfaction, qu'il ne lui reste plus qu'à entretenir la vie durant, seul comme un caméléon, auto-ravi par les variations de sa robe.
28 juin 2011, 10:12   Re : Sans commentaires
Ce qui me frappe, c’est que pour lutter contre la différence entre les sexes – laquelle est une nécessité biologique pour la pérennité de l’espèce – on abolit dans le langage des enfants la différence entre humanité et animalité : on appelle le plombier « poule » plutôt que de le dire « homme ». La mention de la démocratie ne doit étonner ici : on la met à toutes les sauces. C'est que Renaud Camus appelle à juste titre l'hyperdémocratie, laquelle est une aberration et est souvent la justification de nombreuses aberrations.
28 juin 2011, 10:16   Re : Sans commentaires
Il y a une terrible crise du désir en Scandinavie : les hommes étant complètement féminisés (à pouponner, repasser, nettoyer...) et les femmes ayant depuis toujours un fort caractère, on ne trouve plus d'hommes jouant le rôle du "vir", si bien que les femmes sont frustrées dans leur désir et donc souvent névrosés et les hommes vivent souvent une grave crise identitaire et sont souvent en dépression. La nuit hivernale n'arrange rien. Les Suédoises, les Norvégiennes, les Finlandaises, les Islandaises et les Danoises sont volontiers excitées par les étrangers, virils et macho, mais professent que l'homme idéal assure les tâches ménagères - même s'il ne leur inspire guère de désir. Les hommes quant à eux, ils vont souvent chercher femme ailleurs, en Thaïlande ou en Russie, où ils trouvent des femmes tout à fait soumises et dévouées.
Voilà comme ce délire totalitaire (imposer un modèle ménager) conduit à accélérer le grand Remplacement là-bas aussi : les conjoint(e)s venant souvent accompagné(e)s de leur famille.
28 juin 2011, 10:20   Re : Sans commentaires
La crise de la masculinité s'explique assez bien en Scandinavie, où il n'y avait presque pas d'élite intellectuelle - les intellectuels avaient tendance à partir, Ibsen, Strindberg... - et où l'homme trouvait son rôle dans le travail physique de la vie rurale. La fin du monde paysan là-bas aussi, lequel s'est accéléré au XXe siècle, surtout après la guerre, n'a pas permis aux hommes de remplacer leurs prérogatives physiques par un équivalent politique, intellectuel ou simplement symbolique. Tout ce qu'un homme fait, ou presque, une femme peut désormais le faire et le fait souvent mieux qu'un homme, en Scandinavie comme ailleurs. Dès lors, l'homme devient une femme comme les autres, sans le glamour.
28 juin 2011, 10:39   Re : Sans commentaires
En Thaïlande, on voit des hommes scandinaves en effet, prêts à tout et à n'importe quoi pour un sourire féminin et ce qu'ils perçoivent (souvent à tort, hélas) comme de la douceur ou de la féminité chez les Thaïlandaises. Et l'on voit ces petites bouvières d'Isarn toutes surprises et fiérotes de se voir proposer en mariage par des Vikings enflammés, attendris, gagas. Et les hommes thaïs de demander: "mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir nous prendre nos femmes ? ils n'ont donc pas de femmes chez eux ?" Non monsieur: Ils n'ont pas de femmes chez eux !
28 juin 2011, 10:43   Re : Sans commentaires
Tout à fait Francis : ils n'ont pas de femmes chez eux, ou fort peu. Ils ont des valkyries.
28 juin 2011, 11:29   Re : Sans commentaires
"(...) la différence entre les sexes – laquelle est une nécessité biologique pour la pérennité de l’espèce – (...)"

Tout comme le travail a perdu de vue son origine originelle (et non son leurre) : trouver à se nourrir pour rester en vie, la sexualité s'est détachée de son origine originelle (et non son leurre) : la nécessité biologique pour la pérennité de l'espèce.

De là, tous ces errements.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 13:11   Re : Sans commentaires
Citation
Orimont Bolacre
"(...) la différence entre les sexes – laquelle est une nécessité biologique pour la pérennité de l’espèce – (...)"

Tout comme le travail a perdu de vue son origine originelle (et non son leurre) : trouver à se nourrir pour rester en vie, la sexualité s'est détachée de son origine originelle (et non son leurre) : la nécessité biologique pour la pérennité de l'espèce.

De là, tous ces errements.

Pardonnez-moi, Orimont, mais je trouve votre analyse terriblement pauvre et réductrice. Si l'on accepte ce que vous dites là, on ne pourrait comprendre que Nietzsche ait pu écrire : « Sans musique, la vie serait une erreur », ou encore, l'idiosyncrasie de ce moustachu n'étant pas toute française, que Giono ait pu écrire, dans Un Roi sans divertissement : « On ne peut vivre dans un monde où l'on croit que l'élégance exquise du plumage de la pintade est inutile. »

Réduire l'homme à n'être essentiellement qu'un estomac n'aspirant qu'à envahir le monde de ses gamètes revient à rejeter dans les limbes de l'inutilité du luxe toutes les hautes manifestations de l'homme : l'art, la littérature et la science. La civilisation tend précisément à surmonter l'animalité humaine.
28 juin 2011, 14:10   Re : Sans commentaires
Cher Henri,

Relisez-donc les premières pages du Gai savoir.

Si mon analyse vous semble pauvre et réductrice, qu'y puis-je ? Je ne me sens pas personnellement humilié de savoir que j'ai impérativement besoin de me nourrir et que mes semblables se perpétuent par l'essaimage des gamètes. Pourquoi faut-il immédiatement que celui qui rappelle ces simples vérités soit aussitôt accusé de "réduire" l'homme à n'être qu'un estomac ? Il ne fait pas bon rappeler les simples conditions de l'existence. Il est préférable, en somme, de se leurrer.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 14:19   Re : Sans commentaires
Citation
Orimont Bolacre
Il ne fait pas bon rappeler les simples conditions de l'existence. Il est préférable, en somme, de se leurrer.

Cher Orimont, certains hommes ne pourraient pas vivre sans art : c'était le sens de ma réplique. Les conditions d'existence dont vous parlez ne différencient en rien l'homme de tout animal. Autant confier la conduite de l'État aux biologistes ; mais le monde serait terriblement pauvre et cynique.
28 juin 2011, 14:43   Re : Sans commentaires
Certains hommes ne pourraient pas vivre sans art. Aucun sans nourriture. Que voulez-vous que j'y fasse ? On ne saurait être humilié ou rabaissé par ce qui est.

"Les conditions d'existence dont vous parlez ne différencient en rien l'homme de tout animal." Je ne définis pas les conditions d'existence dans leur ensemble et dans leur fin unique, je ne réduis pas l'existence à ces conditions (se nourrir et se reproduire) et si l'homme se distingue des animaux c'est précisément parce qu'à partir - je dis bien "à partir" - des conditions qu'il partage avec eux et avec toute forme de vie, il a développé un inestimable génie à tâcher d'oublier les-dites conditions - et c'est l'Art - ou de les combattre - et c'est la Science.

Selon moi, il arrive qu'un jour - le nôtre - il est parvenu à interposer entre lui et les conditions d'existence originelles, impératives, un tel écran d'art, de culture, de science, il a mis en oeuvre une fabrique de leurres si fascinante, qu'il en est tout déboussolé - et principalement dans deux moteurs de sa vie : le travail et la sexualité.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 15:01   Re : Sans commentaires
Citation
Orimont Bolacre
Selon moi, il arrive qu'un jour - le nôtre - il est parvenu à interposer entre lui et les conditions d'existence originelles, impératives, un tel écran d'art, de culture, de science, il a mis en oeuvre une fabrique de leurres si fascinante, qu'il en est tout déboussolé.

Je ne crois pas. Je pense au contraire que dès l'origine, depuis des temps immémoriaux, l'être-au-monde de l'homme — j'emploie volontiers cette expression pour faire plaisir à Didier — est teinté d'art et de culture. Les rites cultuels, les tombeaux, les bijoux, etc., sont essentiellement humains. Les conditions d'existence dont vous parlez caractérisent tout vivant — c'est même la définition biologique du vivant —, mais elles échappent complètement à saisir l'humanité — l'être-humain devrait-on écrire — du vivant. En somme, je pense que "l'homme biologique" dont vous parlez n'est pas homme, à strictement parler.

In summa : « L'homme habite en poète sur cette terre. » (Hölderlin)
28 juin 2011, 16:01   Re : Sans commentaires
Même les poètes boivent, mangent, respirent, défèquent, pissent et, lorsque cela leur est possible, copulent. Ce qui ne les empêche pas de faire des vers, surtout lorsque ces choses-là sont faites. Comme dit Brecht : Zuerst das Fressen, dann die Moral.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 16:19   Re : Sans commentaires
Citation
Marcel Meyer
Même les poètes boivent, mangent, respirent, défèquent, pissent et, lorsque cela leur est possible, copulent. Ce qui ne les empêche pas de faire des vers, surtout lorsque ces choses-là sont faites. Comme dit Brecht : Zuerst das Fressen, dann die Moral.

« Et ils pissent comme je pleure Sur les femmes infidèles... » (Brel, Amsterdam)

La marin pisse comme le poète pleure : les idiosyncrasies diffèrent.

« Une certaine intempérance bestiale, une certaine convoitise balourde — les deux traits réunis forment le type plébéien. » (Nietzsche, FP XI, 34 [218])

Je le répète : la civilisation tend à surmonter l'animalité.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 16:33   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
28 juin 2011, 18:10   Re : Sans commentaires
"Je le répète : la civilisation tend à surmonter l'animalité."

Mais bon sang qui a dit le contraire ? Pas moi. Et si la civilisation tend à surmonter l'animalité, c'est bien que "l'animalité" est la donnée première et non pas un "leurre". On dirait que cela vous humilie de la reconnaître avec simplicité, cette "animalité", au strict respect de laquelle je vous rappelle que vous devez de pouvoir piquer sur vos touches pour protester vertement que vous n'êtes pas un "estomac" !

(on arrosera le marronnier, cher Didier, on y vient, on y revient, pas-à-pas, ou plutôt au goutte à goutte et je crains de demeurer tristement court, aussi longtemps que tous ici s'accorderont à ce qui me parait encore plus court et qui consiste à nommer "leurre" (c'est-à-dire "illusion", "faux-problème", "faux-semblant", autrement dit chose trompeuse dont on pourrait se passer) ce qui, ne vous en déplaise, est exactement le contraire d'un "leurre". Ce qui est un "leurre", et un "leurre" essentiel tant que vous voudrez, un "leurre" génial, c'est tout ce que les hommes ont entrepris pour surmonter l'animalité, décorer la chaîne de la consommation de protéines très-obstinées ou tenter de la dissoudre.)
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 18:13   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 18:28   Re : Sans commentaires
Citation
Orimont Bolacre
Ce qui est un "leurre", et un "leurre" essentiel tant que vous voudrez, un "leurre" génial, c'est tout ce que les hommes ont entrepris pour surmonter l'animalité, décorer la chaîne de la consommation de protéines très-obstinées ou tenter de la dissoudre.

Justement, Orimont, c'est bien cela qui me heurtait. L'hypothèse implicite de toute civilisation est que l'homme ne peut se passer de culture : celle-là n'est jamais un leurre.

D'ailleurs, les paléoanthropologues le savent très bien : l'homme est depuis l'origine un être culturel. La culture, chez l'homme, est une modalité de son existence — de son être-là, de son Dasein (encore en hommage à Didier...) —, non un leurre. "L'homme non culturel", purement animal, fût-il possible, n'est pas un homme : c'est une bête.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 18:29   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
28 juin 2011, 18:45   Interlude gai
"La doctrine du But de la Vie - Que je considère les hommes avec bonté ou malveillance, je les trouve toujours, tous tant qu'ils sont et chacun en particulier, occupés d'une même tâche : se rendre utile à la conservation de l'espèce. Et ce non point par amour de cette espèce, mais simplement parce qu'il n'est rien en eux de plus ancien, de plus puissant, de plus impitoyable et de plus invincible que cet instinct,... parce que cet instinct est proprement l'essence de notre espèce, de notre troupeau."

Nietzsche - Le gai savoir (trad. Alexandre Vialatte)

Qui souscrit à ce point de vue pourrait-il préciser par quoi passe en premier lieu cette ambition de "conservation de l'espèce" ou, quelles étapes ne peuvent être sautées ?
28 juin 2011, 18:48   Re : Sans commentaires
"Boire sans soif, faire l'amour en tout temps, voilà ce qui nous distingue des autre bêtes..."
28 juin 2011, 18:52   Re : Sans commentaires
C'est en effet la plus efficace manière de se "rendre utile à la conservation de l'espèce".
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 19:06   Re : Interlude gai
Orimont, Nietzsche ne dit ici nullement que la culture soit un leurre, c'est-à-dire inessentielle à l'espèce humaine. Il rappelle simplement que la volonté de conserver l'espèce — ou plutôt le type moyen que cette espèce représente — est quasi insurmontable. Mais il est aisé de montrer que le concept de Civilisation désigne chez Nietzsche un efficace moyen de préservation de l'espèce : en domestiquant l'homme, elle réduit le nombre de guerres, de dangers, de conflits ; elle amenuise le caractère tragique de la vie au profit de la sûre conservation du nombre. Nietzsche, pour désigner le mouvement inverse, c'est-à-dire celui qui consiste à vouloir dépasser le type que l'espèce représente, emploie le concept de Cultur : il pense que les cultures sont très rares dans l'histoire, car elles sont le fruit d'une longue accumulation de force.

In summa : Nietzsche, à l'instar des paléoanthropologues contemporains, pense que la civilisation ou la culture est consubstantielle à l'homme, qu'elle n'est jamais un leurre. Seulement, selon lui, la civilisation tend à conserver le type ; la culture, au contraire, à l'élever.
28 juin 2011, 20:36   Re : Interlude gai
Oui, ce doit être ça. Lasciamo perdere : la conservation de l'espèce ne passe pas en priorité par la conservation de la vie ni par l'essaimage des gamètes, activités tout à fait secondaires. Ces affaires-là sont des leurres, des blagues, des fantaisies. D'ailleurs, j'ai décidé de m'en passer et je vous engage à en faire autant.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 20:42   Re : Interlude gai
Orimont, enfin ! Ai-je écrit que l'instinct de reproduction était un leurre ? Je conteste simplement que la civilisation (ou la culture) le soit — rien de plus. Selon moi, la culture est aussi nécessaire et indépassable que ce que vous appeliez les "conditions d'existence".
28 juin 2011, 21:28   Re : Interlude gai
Tempête dans un verre d'eau. Tout le monde sait que l'homme commence là où commence la civilisation. Ce qu'on vous dit, c'est que ça ne l'empêche pas de continuer à être d'abord un animal — d'abord au sens à la fois chronologique (il l'est à peu près exclusivement à la naissance), et d'abord aussi au sens de la priorité qui s'impose dès qu'il y a manque — avec des besoins, des instincts, des pulsions qui sont communs au monde animal (supérieur).
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 21:47   Re : Interlude gai
Marcel, la divergence est peut être plus profonde que vous croyez. Je me suis élevé contre l'idée d'Orimont, selon laquelle les « errements » dont on parlait au début de ce fil étaient dus à l'oubli des "conditions d'existence naturelles" — la culture, selon Orimont, nous « leurrant » sur ce qui était primordial. Mon point de vue prenait le contre-pied de cela : selon moi, tout se joue dans la culture, laquelle, loin de leurrer, exprime les conditions d'existence de ceux qui prônent et défendent cette culture — les personnes qui prônent l'effacement des différences sexuelles ne se leurrent pas : elles savent très bien ce qu'elles font et expriment par le refus des différences naturelles un besoin (une condition d'existence) qui leur est propre. Autrement dit, je ne crois pas à l'état de nature qui indiquerait la voie à suivre : la culture infiltre quasiment tous les gestes de l'homme.
28 juin 2011, 21:50   Re : Interlude gai
Cher Marcel,

L'origine de cette discussion (fil "scandale") était, de ma part, l'hypothèse que les vérités que vous énoncez étaient mises à mal par la technique. En matière de travail, que la part "animale", le lien avec la priorité "animale" de trouver sa subsistance, au sens le plus stomacal du terme, était de plus en plus distendu, comme il l'est avec la priorité "animale" de la reproduction sexuée. Voilà tout.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 22:00   Re : Interlude gai
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 22:22   Re : Interlude gai
Citation
Didier Bourjon
Un enfant vient de loin, de très loin. Non seulement "il est déjà assez vieux pour mourir", mais encore il est très ancien.

Je ne peux que vous féliciter, cher Didier, d'avoir écrit cette profonde vérité, fût-elle sibylline et d'une logique assez subtile.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 23:46   Re : Interlude gai
Citation
Henri s'enthousiasmant
Citation
Didier Bourjon
Un enfant vient de loin, de très loin. Non seulement "il est déjà assez vieux pour mourir", mais encore il est très ancien.

Je ne peux que vous féliciter, cher Didier, d'avoir écrit cette profonde vérité, fût-elle sibylline et d'une logique assez subtile.

Quignard, dans le chapitre XI de Sur le jadis, écrit :

« Au Japon, on sait que la nostalgie insiste jusque dans la mort. Il faut aider les disparus à disparaître. Ce sont les . Représentations où les non-vivants regrettent les saisons, attendant le moment de s'y réinscrire. […] Quand on meurt, un feu voyage, un éclat quitte le visage : il se déplace dans le temps, touchant un autre visage, visage des nouveau-nés. C'est pourquoi le visage des nouveaux-nés est encore plus fripé que celui des vieillards. » (C'est moi qui souligne.)

Heidegger s'intéressait de près à la pensée japonaise. Dans Acheminement vers la parole, il est aussi question du dans le texte intitulé D'un entretien de la parole, Entre un Japonais et un qui demande. Il faudrait que je le relise afin d'y découvrir des liens éventuels avec cette question de l'ancienneté des nouveau-nés.

Mais l'on peut interpréter autrement, selon la pensée heideggerienne, l'ancienneté des nouveau-nés. Je me souviens qu'Heidegger écrivit quelque chose comme — je cite de mémoire — : « Il est faux que nous entendions parce que nous avons des oreilles, mais nous avons des oreilles parce que nous entendons. » Autrement dit, l'entente précède l'organe fonctionnel. Cela vaut pour l'ensemble de nos fonctions vitales. Appliqué au cas du nouveau-né, l'on peut dire que son être-au-monde préexiste à son actualisation par l'expérience. En cela, il est déjà très ancien, il est homme, du point de vue de ses possibilités d'être.

Je propose enfin une lecture nietzschéenne de cette vérité. L'ancienneté du nouveau-né en termes de lignée et de préformation du caractère par l'influence de la culture ancestrale : « Nous sommes plus qu'un individu ; nous sommes aussi la chaîne entière, avec les tâches qu'impliquent toutes les destinées futures de cette chaîne. » (1887)
« Il est faux que nous entendions parce que nous avons des oreilles, mais nous avons des oreilles parce que nous entendons. » Autrement dit, l'entente précède l'organe fonctionnel. Cela vaut pour l'ensemble de nos fonctions vitales.


Autrement dit, nous avons commencé à manger, puis nous est apparue une bouche.
Utilisateur anonyme
28 juin 2011, 23:53   Re : Interlude gai
Mutatis mutandis, la génétique valide cela, cher Jean-Marc !
29 juin 2011, 00:04   Re : Interlude gai
Ah, j'allais réagir au fil de la lecture mais j'arrive bien tard.

Pour qui a croisé le regard d'un nouveau-né, il n'y a là rien de sibyllin ni de logique, il y a la vie la plus vivante, la plus sacrée, et la plus insaisissable sans doute. Une évidence autant qu'une chance à ne pas manquer.

Pour qui a la chance de croiser ce regard, il est impossible d'oublier... Mais si peu savent regarder. Et aujourd'hui, si peu nombreux sont ceux qui se donnent réellement cette chance !
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 02:43   Re : Interlude gai
Citation
Henri se souvenant
Mais l'on peut interpréter autrement, selon la pensée heideggerienne, l'ancienneté des nouveau-nés. Je me souviens qu'Heidegger écrivit quelque chose comme — je cite de mémoire — : « Il est faux que nous entendions parce que nous avons des oreilles, mais nous avons des oreilles parce que nous entendons. » Autrement dit, l'entente précède l'organe fonctionnel. Cela vaut pour l'ensemble de nos fonctions vitales. Appliqué au cas du nouveau-né, l'on peut dire que son être-au-monde préexiste à son actualisation par l'expérience. En cela, il est déjà très ancien, il est homme, du point de vue de ses possibilités d'être.

Je viens de retrouver le texte. Il est extrait d'Essais et conférences et s'intitule Logos (Héraclite, Fragment 50). Il y est dit (pp. 259-60) :

« Nous n'entendons pas parce que nous avons des oreilles. Nous avons des oreilles, nous pouvons être dotés d'oreilles corporelles, parce que nous entendons. Les mortels entendent le tonnerre du ciel, le vent dans la forêt, le clapotis de la fontaine, les accords de la harpe, le grondement des moteurs, les bruits et rumeurs de la ville ; mais toutes ces choses, les mortels ne les entendent que, et dans la mesure où, de quelque manière, eux-mêmes en font déjà partie et n'en font pas partie. Nous sommes tout oreilles quand notre recueillement se transporte, pur, dans notre pouvoir d'écouter, quand il a complètement oublié les oreilles et la simple impression des sons. [...] Nous avons entendu, quand nous faisons partie de ce qui nous est dit. »

Je comprends ce retournement heideggerien comme l'affirmation de la nécessaire subordination de l'écoute au sens des choses, lequel dépend d'une inscription culturelle et ancestrale préalable. En ce sens, le nouveau-né, par sa situation propre au sein d'un monde façonné par les anciens, transporte déjà avec lui l'épaisseur du temps qui lui permettra d'entendre.

Autrement dit : l'homme n'entend que ce qu'il connaît ; mais la connaissance des choses étant ancestrale, c'est-à-dire fixée, donnée et transmise par les ancêtres, l'entente, consistant en un retour sur le passé du sens, en un rappel, préexiste en sa possibilité et précède l'organe permettant physiquement l'écoute. Si cette entente, c'est-à-dire ce mouvement de retour, était devenu impossible, l'oreille ne saisirait plus que des sons purs et dénués de véritable sens.

La rupture avec le passé étant de plus en plus marquée, il s'ensuivrait que cette entente soit de moins en moins possible. Aussi le monde serait-il devenu opaque et inaudible : en témoignerait, comme l'a analysé Renaud Camus, le c'est-vrai-qu'au-soi-mêmisme faisant suite à la mort de l'entente et voulant réinstaurer, réaffirmer, reconstruire facticement, par l'écholalie d'un prédicat de vérité moribond, une réalité de plus en plus fuyante, car déliée de son immémoriale attache aux ancêtres et aux morts.
29 juin 2011, 02:53   Re : Sans commentaires
N'est-ce pas Pascal qui a écrit une pensée assez subtile à propos de ce qu'est l'homme, et qu'il n'est ni ange, ni bête ?
» Autrement dit : l'homme n'entend que ce qu'il connaît

Ne nous emballons pas ; nous pouvons avoir la sensation de ce qui ne fait aucun sens, autrement dit qui n'est pas répertorié et reconnu. Nos sens sont suffisamment perfectionnés pour nous informer de toute modification de notre milieu immédiat, c'est exactement leur rôle.
Le sens, c'est ce qui vient bien après : c'est la capacité à adapter correctement notre comportement à cette modification ; savoir ce qu'il convient de faire face à telle modification, nous orienter en fonction de cela, c'est douer notre comportement et la modification de sens. Mais avant cela, il faut impérativement en être informé. Parfois, cette information peut se traduire en un contenu sensoriel qui ne veut rien dire du tout. Nous n'en serons pas moins conscients.

Mais finalement peu importe : le fait, à supposer qu'il puisse être avéré, que nous soyons ceci ou cela, n'implique en rien que nous devions de toute éternité être fidèles à cette... essence.
Aucune des "nécessités de la biologie" si chères à Virgil ne nous oblige envers elle en quoi que ce soit, puisque la seule notion d'une telle obligation morale aura signifié que nous avons dépassé le stade des nécessités strictement naturelles.
On fait ce qu'on veut, nom d'un chien...
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 07:57   Re : Les hommes sont des butors ingrats
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il me semble que ce qui fait du nouveau-né un homme, outre son potentiel à devenir un homme et qui est évidemment l'essentiel, c'est plutôt un manque : il est à la fois le plus physiquement inachevé des êtres à la naissance et le plus dépourvu d'instincts (par exemple celui de rester parfaitement silencieux en l'absence de la mère (ou d'un parent)). Je ne dis pas que nous sommes tantôt des animaux et tantôt des hommes mais que nous avons en commun avec les animaux (ceux qui sont les proches de nous) un certain nombre de fonctions biologiques essentielles, d'affects et de tempéraments, sexués et non sexués. La culture nous éloigne de leur expression brute : nous apprenons à manger comme des hommes (de moins en moins il est vrai, en tout cas chez nous), nous apprenons même à respirer comme des hommes, du moins en certaines circonstances. Le nouveau-né mange et respire comme n'importe quel mammifère nouveau-né ; cela ne veut pas dire qu'il est un animal mais que son animalité modèle davantage ses comportements que chez l'adulte (cultivé).

Dans les années cinquante, un éthologiste suisse (à l'époque on disait plutôt "zoologiste"), qui exerçait les fonctions de directeur du zoo de Bâle, avait fait l'expérience suivante. Sa femme étant enceinte, il s'est arrangé pour recueillir, au moment de la naissance de leur enfant, un chimpanzé nouveau-né (du même sexe je crois). Les deux êtres ont été élevés ensemble, les parents s'efforçant, c'était la règle de l'expérience, de ne faire aucune différence dans la façon dont ils s'en occupaient. Tout a été très soigneusement observé, noté, filmé. Pour faire court : au début, pendant une dizaine de mois si mes souvenirs sont exacts, le petit singe progressait plus vite que le petit homme, sans que ce dernier, disaient les expérimentateurs, montrât une quelconque spécificité en dehors de la relative lenteur de son apprentissage. Tout a brusquement changé au moment de l'apparition du langage articulé. Si, au début, le singe comprenait autant de mots et même davantage que le petit homme, celui-ci a "décollé" dès qu'il a commencé à articuler lui-même des mots, laissant sur place son pseudo-congénère. "Sur place" littéralement car il n'a plus progressé.

Un mot encore : j'ai passé beaucoup de temps à observer mes trois enfants au tout début de leur vie, y compris à leur naissance ; il se peut que je fasse partie des aveugles qui ne savent pas voir, et même des sourds qui ne savent pas entendre, mais en fait non, pas spécialement, je ne crois pas.
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 08:16   Re : Les hommes sont des butors ingrats
(Message supprimé à la demande de son auteur)
La différence de perspective qu'il y a entre nous est dans le "natif". Pour moi, il s'agit surtout d'un potentiel ; surtout mais pas exclusivement. Les "enfants sauvages" auxquels on s'est tant intéressé jadis l'illustrent bien : l'enfant-loup est très loup et peu homme mais enfin, ce n'est pas un loup comme les autres. En revanche, même récupéré par la société des hommes, il ne rattrape pas les autres enfants, certains potentiels non exploités à temps semblent perdus à jamais. Curieusement, et contrairement à ce que laissait supposer le début de cet échange, je donne finalement davantage de place, d'importance à l'éducation, la culture, la civilisation dans la définition (ontologique ?) de l'homme.
Sans doute vais-je encourir le reproche de simplisme, mais il me semble que la discussion ne peut s'entendre qu'à la condition de séparer les causeurs entre croyants et non-croyants.

Je ne comprends cette idée "Un enfant vient de loin, de très loin" et que l'homme puisse "accomplir en une façon donnée ce [qu'il] est toujours déjà, et qui n'a jamais commencé" que s'il a été créé par Dieu à son image. Autrement, pardonnez-moi, je ne comprends rien à tous ces concepts philosophiques, je ne les comprends pas.

Henri Lesquis se dit athée. Didier, Marcel,Alain ou Virgil, d'autres qui ont pu participer à ce débat, je ne sais pas - ou plus, peut-être se sont-ils déjà prononcés sur ce thème. Jean-Marc est croyant.

Or, je ne vois pas comment on peut se dire athée sans être matérialiste et, partant, admettre a minima l'existence d'impérieuses nécessités matérielles (je dis bien "impérieuses" et non pas "primordiales", je n'ai jamais prétendu que se nourrir et se reproduire étaient des activités "primordiales", j'ai dit, en soi ou pas en soi, qu'elles étaient impératives, à quoi, si j'ai bien compris, on m'a répondu que, tout en étant impératives, ces conditions (ce que l'on n'a tout de même pas eu l'audace philosophique de nier (quoique...)), eh bien cela n'était pas de poids dans le débat sur le travail ou la sexualité, pas de poids ou de peu de poids, que cela ne comptait guère en regard d'autres nécessités (que je n'ai jamais niées) telles que l'Art, la Culture (pour ce qui est des termes que j'ai pu comprendre car je ne saurais citer d'autres concepts philosophiques que j'ai le regret de ne pas bien saisir et que, si d'humeur chagrine (et uniquement), j'aurais la tentation de voir comme autant d'écrans de fumée), impérieuses nécessités, disais-je, avec lesquelles l'homme est amené à composer sans cesse, qu'il choisisse de les combattre intellectuellement en commençant par leur dénier la place qu'elles occupent dans sa vie ou qu'il choisisse de les combattre "matériellement" au moyen de son invention technique.

(Désolé, je dois laisser le poste un instant.)
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 09:20   Re : Les hommes sont des butors ingrats
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Marcel Meyer
Un mot encore : j'ai passé beaucoup de temps à observer mes trois enfants au tout début de leur vie, y compris à leur naissance ; il se peut que je fasse partie des aveugles qui ne savent pas voir, et même des sourds qui ne savent pas entendre, mais en fait non, pas spécialement, je ne crois pas.

Cher Marcel, veuillez me pardonner, j'écrivis de manière trop hâtive hier soir et vous n'étiez point du tout visé dans mon message.

Il se trouve que je rencontre et ai rencontré beaucoup de jeunes (et moins jeunes) parents. Lorsqu'ils s'expriment au sujet de leur nourrisson, leur discours est souvent en décalage absolu avec ce que je perçois, ce qui est toujours très étonnant, parfois inconfortable. Jusqu'à ma propre belle-mère, qui est pourtant une femme cultivée, ouverte d'esprit et qui fût assurément une bonne mère, pour peu que cette expression ait un sens (mais vous me comprendrez j'en suis sûre), belle-mère qui comparait donc les petits de cet âge ni plus ni moins à de "petits animaux", ainsi que beaucoup de gens le font, et le pensent. Inutile de vous dire que nous avons eu une grande discussion à ce sujet...
Ne vous en faites pas, chère Phénarète, tout va bien.
Chère Phénarète,

Jamais, pour ma part, ne me viendrais à l'idée de comparer un nourrisson à un "petit animal" (et, d'ailleurs, je me suis toujours très bien entendu avec les nouveaux-nés, seul êtres dont le commerce inspire simultanément et le mystère et l'évidence), pas plus que je n'irais comparer l'acte reproducteur humain avec celui des animaux. Cependant, si quelqu'un ne travaille pas à nourrir le nourrisson, il meurt, quoi qu'il arrive, tout comme il ne voit pas le jour si un homme et une femme ne s'unissent (ça, c'est de moins en moins vrai, d'où les "errements" autour du "genre".)
29 juin 2011, 10:03   Re : Sans commentaires
Chère Phénarète, je comprends globalement le sens de votre message d'hier soir mais je bute sur le mot regard. Le regard d'un nouveau-né est nul dans les premières semaines et, s'il apparaît progressivement, il est purement captatif. La voix, en revanche, joue un rôle important dès les derniers mois de la grossesse. La voix différenciée de la mère et la voix différenciée du père. Les sexes ne sont pas interchangeables, le nourrisson le sait.
Quant au regard, j'ai, étant jeune scout, croisé celui du général De Gaulle quelques secondes, un regard ne s'oublie pas, en effet.
En lisant les uns et les autres, je ne trouve pas de si grandes différences entre eux, mais il est vrai que je suis philosophiquement parlant, on ne peut plus bornée Il me semble que si l'art et la culture sont des leurres , ces leurres sont indissociables de la nature humaine. Un animal ne se leurre jamais et si on le leurre c'est en imitant le réel et non en le transfigurant. Le mot "art" a bien donné artifice donc "leurre" et la religion qui fait si éminemment partie de la culture n'est-elle pas le "leurre" par excellence destiné à nous faire croire au père Noël et à calmer rnotre angoisse purement humaine devant la mort ?
Cher Florentin,

la voix (et la musique...) jouent un rôle essentiel, même avant les derniers mois de la grossesse, croyez-moi, j'en sais quelque chose...

Mais le regard d'un nourrisson... n'est pas nul, ni dans les premières semaines, ni aux tout premiers instants de vie ! Il est peut-être le plus intense au moment même de la naissance (je vous renvoie ici au dernier message de Didier Bourjon, message auquel je souscris pleinement, ce qui n'étonnera sans doute personne)

N'avez-vous jamais plongé votre regard dans celui, profond comme un abîme, du nouveau-né fraîchement sorti du ventre maternel ? N'avez-vous jamais observé la reconnaissance mutuelle si particulière qui relie la nouvelle mère à son petit dans les premières heures de vie de ce dernier, et leurs regards croisés (quand tout se passe bien et quand ce regard est possible, je veux dire, quand la possibilité d'avoir lieu lui est donnée) ?
"Il ne s'agit en rien d'un clivage croyant / non croyant, de mon point de vue."

Eh bien, cher Didier, voici donc une autre occasion de n'être pas d'accord avec vous.
Je ne parviens pas à imaginer que l'on puisse "raisonner" de la même façon selon que l'on soit croyant ou non-croyant. Pour ce qui est de l'action, c'est différent.
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 10:55   Re : Les hommes sont des butors ingrats
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Orimont,

je ne suis pas surprise de ce que vous dites de vos rapports aux nourrissons, et je pressens que nous avons potentiellement beaucoup en partage à ce sujet. Pour le reste j'aurais tant à vous dire à propos de l'enfant qui vient de loin, si loin. Mais je manque de talent et de temps pour l'exprimer comme il convient aujourd'hui.

Je serais bien tentée de vous dénicher un récit de naissance. Certaines femmes (dont des non-croyantes...) parviennent à faire affleurer ce que nous tentons de dire ici, et ce langage vous parlerait peut-être.
Citation
Je serais bien tentée de vous dénicher un récit de naissance.

N'hésitez pas et mettez un tel récit en ligne. Nous sommes tous "gespannt" curieux et impatients.
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 12:07   Re : Les hommes sont des butors ingrats
Citation
Cassandre

Le mot "art" a bien donné artifice donc "leurre" et la religion qui fait si éminemment partie de la culture n'est-elle pas le "leurre" par excellence destiné à nous faire croire au père Noël et à calmer rnotre angoisse purement humaine devant la mort ?

Hem, hem. Vous pensez vaiment qu'une religion sert à ça?

Une religion ne sert qu'à incarner dans la vie quotidienne notre amour de Dieu. Il nous faut donner des preuves d'amour et le rite sert au minimum à ça.

On peut être ponctuellement angoissé à l'idée de la mort, on peut l'être durablement en cas de maladie grave et la foi peut alors être d'un grand secours. Mais cette foi ne vient pas de la peur de la mort, elle vient de l'amour de Dieu.

Je crois que vous avez une vision utilitariste de la religion. Si je peux me permettre, je vous conseille "La prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies" de Pascal
29 juin 2011, 12:44   Sous l'angle des croyances
Je m'intéresse peu à mes croyances, mais sous cet angle, trois questions m'interpellent :
- Le monde est-il autre chose qu'un "objet à la merci des oeuvres" ?
- La chair peut-elle être aussi une "richesse pleine de malices" ?
- Le diable se résume-t-il à un "sous-produit de l'idéal", ce qui nous absout ainsi de nous comprendre nous-mêmes ?
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 13:20   Re : Sous l'angle des croyances
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Didier,

Je partage dans l'ensemble votre point de vue, car "pour faire gros" et pour être sans à-priori, on ne peut pas douter de la bonne foi d'une approche ou d'une autre.

Mon hésitation à intervenir ici était d'ailleurs entière sur un point : n'aurais-je pas dû ouvrir un nouveau sujet ?

Car en analysant, la distinction d'approche n'est pas qu'une simple "belle affaire" : j'imagine qu'une croyance peut parfois jeter un soupçon de ménagement dans nos pensées lorsqu'elle nous évite de réfléchir, tel le sort de l'homme pressé qui remet ses lectures à des lendemains hypothétiques ou problématiques.
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 14:27   Croyants et incroyants
Citation
Orimont Bolacre dit "Le Dualiste"
Sans doute vais-je encourir le reproche de simplisme, mais il me semble que la discussion ne peut s'entendre qu'à la condition de séparer les causeurs entre croyants et non-croyants. [...] Je ne parviens pas à imaginer que l'on puisse "raisonner" de la même façon selon que l'on soit croyant ou non-croyant.

Cher Orimont, je pense qu'il est très difficile de trouver quelque invariant dans l'art de raisonner des croyants ou dans celui des non-croyants, ni même quelque invariant dans la compréhension générale du monde — l'ontologie — des premiers ou dans celle des seconds.

Concernant l'art de raisonner : certains "grands croyants" sont des raisonneurs géniaux. Pour ne citer qu'eux : Enstein et Kurt Gödel (d'ailleurs tous deux étaient de bons amis), ce dernier ayant été le plus grand logicien de l'histoire depuis Aristote — Gödel a même rédigé une "preuve de l'existence de Dieu" dans ce qu'on appelle, chez les logiciens, la logique modale S4. Gödel était en quelque sorte un "Saint Augustin des temps modernes". Beaucoup de mathématiciens, bons raisonneurs par définition, fascinés par la beauté des lois qu'ils étudient, en viennent à croire en Dieu. Alors qu'un vieux bigot, vous me l'accorderez, sera évidemment un piètre raisonneur.

Concernant l'ontologie : certains "grand athées" sont de grands chantres de la beauté, de l'harmonie du monde et de ses lois, à l'instar des croyants. Je citerai le biologiste, éthologiste et théoricien de l'évolution britannique Richard Dawkins (voyez son livre Pour en finir avec Dieu) — qui pourrait d'ailleurs être rangé parmi les "grands raisonneurs" — ou encore certains grands cosmologistes et astrophysiciens qui s'émerveillent de l'harmonie cachée de l'univers. Le Big Bang de ces derniers n'est autre qu'un "Dieu mathématisé", une causa sui comme disaient les théologiens d'antan. On pourrait aussi citer le fameux physicien et informaticien Stephen Wolfram qui, bien qu'incroyant, décèle l'origine de la complexité dans la nature dans un petit nombre de lois formalisées par des automates cellulaires. Il pense que le déroulement de l'univers est "programmé" par une loi simple et ramassée qu'il s'agirait de trouver (voir son livre A new kind of science). Alors que beaucoup d'athées ne voient dans le monde qu'un indomptable et indescriptible chaos.

Aussi croyants et incroyants pourront-ils toujours dialoguer...
Cher Henri,

Pourquoi Einstein, par exemple, n'a-t-il pas compris suffisamment à temps qu'il jouait un rôle important dans la fondation des chaos-à-venir liés à l'utilisation de l'arme atomique (et même bien plus tard du nucléaire civil...) ?

Lorsqu'il s'est lancé dans cette aventure, n'a-t-il pas cru alors à la "gentille" Science, au Progrés "positif", à la capacité humaine d'être "raisonnable", aux "promesses" de l'Amérique, à la "bonne" volonté d'un Dieu, ... ou à lui-même, bref tout simplement à ses propres croyances ?

A-t-il vécu des lendemains problématiques ou des "cas de conscience" face à l'échec de certaines de ses hypothèses ?

En conclu-t-il que les hypothèses ou les croyances peuvent être trompeuses ou pleines d'à-priori ?


Ainsi croyants et incroyants pourront-ils toujours débattre...
(...pour se prévenir du pire entre faire par croyance et ne rien faire par incroyance.)



PS : je pose ces questions à Einstein, mais indirectement à tous les scientifiques traitant de tous les sujets qui se révèlent être inquiétants pour notre avenir !
Pour référence, cher Henri, ce que nous avons dit et pensé de Richard Dawkins ici, il y a quelques temps déjà:

[www.in-nocence.org]

[www.in-nocence.org]

[www.in-nocence.org]

[www.in-nocence.org]

Nous n'avons pas inventé la roue Henri, ni pour nous-mêmes, ni pour ceux qui voudrait l'inventer à notre place...
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 16:40   Re : Croyants et incroyants
Cher Francis, je vous trouve un peu dur. La théorie du gène égoïste de Dawkins est tout de même assez élégante et son pouvoir explicatif est puissant — elle permet de démêler certains phénomènes naturels complexes. Ce que je reprocherais à Dawkins, c'est de ne pas distinguer nettement entre science et politique : son évolutionnisme se passe volontiers de Dieu, certes, mais ne permet en rien d'inverser les rapports de force qu'ont établis les systèmes religieux. Il croit pouvoir éradiquer les superstitions par quelques livres — en cela, il fait preuve d'une naïveté bien risible.

Mais nous nous écartons du sujet.
29 juin 2011, 18:45   Les très grands livres
Citation
Henri se délaissant
Dawkins (...) croit pouvoir éradiquer les superstitions par quelques livres — en cela, il fait preuve d'une naïveté bien risible.

Oui, sauf que tout le monde n'est pas Dawkins.
Au contraire, le Français moyen raisonne à merveille, ses fautes viennent d'abord de son ignorance, mais son esprit me semble des plus justes et des moins noués.

Or la lecture n'est-elle pas la meilleure source pour éclairer l'ignorance ?

Que voulez-vous, cher Henri, déconseiller à ce Français de lire de très grands livres - ces derniers n'ayant d'ailleurs que peu de lecteurs -, en l'abandonnant ainsi à cette ignorance qui l'handicape ?
Utilisateur anonyme
29 juin 2011, 19:16   Re : Croyants et incroyants
Oh, cher Pyrrhon, je ne conseille ni ne déconseille rien. Pour vous dire les choses autrement : je pense que l'ardeur de Dawkins n'est qu'une posture, une stratégie de showman, une ruse de polémiste qui lui permet de parvenir à la notoriété, dans la mesure où je doute fort qu'il puisse ignorer que l'industrie du spectacle est immensément plus désacralisante que ne l'est toute son œuvre — ou alors il est un bien piètre analyste. C'est pourquoi l'arrogance des titres de certains de ses livres — comme Pour en finir avec Dieu — m'amuse un peu.
29 juin 2011, 19:44   Les très grands livres
Ha, et quelles lectures conseilleriez-vous si vous ne déconseillez pas de lire ?
» "l'être humain..."potentiel" mais singulier (avant même que d'être conçu (je le fais exprès)), qui est déjà tout ce qu'il peut être, et qui aura — tout au long de son "existence" — toujours à être ce qu'il est, car tel est son "rapport" propre à "l'être", la définition même de l'existence humaine..."

Didier, juste un petit retour sur une soit-disant mienne volonté à tout prix "'d'un départ matériel" : alors là vraiment non, vous le faites exprès... Combien de fois ne vous ai-je dit qu'il ne s'agit en fait que d'un point d'appui de circonstance, parce qu'il faut bien commencer quelque part, et cela ne peut se faire que d'où l'on est.
Or le percipi aut percipere constitue ce point d'appui liminaire d'où je suis bien obligé de "partir", même si l'on voudra plus tard accorder à d'autres instances une ancienneté fondatrice plus concluante. Mais jusqu'à présent je n'ai pas eu de lumières vraiment convaincantes à ce sujet.
Pardon, mais les obsédés de l''"origine", qui veulent incontinent s'y porter pour se maintenir en état d'équilibre instable, un pied dans le rien actuel et l'autre dans le tout potentiel, en brassant dans l'entre-deux du pur mouvement, ce sont... bon.
29 juin 2011, 22:35   Re : Sans commentaires
Par où revenir à nos moutons, fût-ce pour les passer au barbecue ?

Accompagnez-moi sous le marronnier pour un brin de sieste, voulez-vous ?
Utilisateur anonyme
30 juin 2011, 01:50   Re : Sans commentaires
Citation
Pyrrhon
Ha, et quelles lectures conseilleriez-vous si vous ne déconseillez pas de lire ?

En le lisant doucement, très doucement, le Répertoire des délicatesses du français contemporain de Renaud Camus.

Retravailler régulièrement sa langue est hygiénique et formateur. Je crois aux codes, aux formes, aux rites ; tout le reste est secondaire. D'ailleurs, je vais de suite replonger dans le Répertoire des délicatesses...
Utilisateur anonyme
30 juin 2011, 07:55   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
N'empêche qu'entre "être déjà tout ce qu'on peut être" et "avoir toujours à être ce que l'on est" — on est un peu replongé dans Astérix et les Normands, quand à la fin de l'ouvrage les Normands, forts d'une angoisse toute neuve, se mettent à battre des mains et entreprennent de voler...
Utilisateur anonyme
01 juillet 2011, 07:53   Re : L'Origine, premières lectures
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 juillet 2011, 07:58   Re : Croyants et incroyants
"Être Normand" ou "être tout le temps dans l'avoir", telle est la question.
01 juillet 2011, 09:31   Re : Sans commentaires
Sans commentaires :
"C’est pour sacrifier à ces virtualités qu’un couple canadien décidait récemment de ne pas révéler aux gens le sexe de leur bébé de quelques mois, prénommé Storm, afin qu’il puisse le choisir librement par la suite."

[www.polemia.com]
01 juillet 2011, 10:17   Re : Sans commentaires
Cher Petit- Détour, heureuse de vous lire à nouveau !
01 juillet 2011, 10:39   Re : Sans commentaires
Merci chère Cassandre. Quant à moi, je n'ai jamais cessé de vous lire et d'être d'accord avec vous sur l'essentiel.
Utilisateur anonyme
01 juillet 2011, 11:35   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 juillet 2011, 12:18   Re : Sans commentaires
Monsieur le Premier Secrétaire, je vous salue.
Utilisateur anonyme
01 juillet 2011, 12:35   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 juillet 2011, 12:51   Re : Sans commentaires
Astérix et les Normands, de la B.D. ?

C'est heureusement, un peu plus compliqué...
Utilisateur anonyme
01 juillet 2011, 14:58   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 juillet 2011, 15:09   Re : Sans commentaires
Eh bien, je dirais simplement ceci : les Astérix d'avant 1977 ne peuvent pas être réduits à de la simple "bande dessinée" ; il s'agit pour moi de livres écrits par René Goscinny. Ouvrez-en un au hasard, vous verrez, vous n'y trouverez rien de vulgaire.
01 juillet 2011, 15:48   Re : Sans commentaires
Louis,

Nous sommes du même avis.

Didier, à propos de BD, dans quelle catégorie classez-vous Tardi, dont on a parlé à plusieurs reprises ?

Plus précisément, que pensez-vous de la "mise en images" du Voyage, sachant que la titulaire du droit moral l'a expressément approuvée ?
Utilisateur anonyme
01 juillet 2011, 16:02   Re : Sans commentaires
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 juillet 2011, 16:10   Re : Sans commentaires
Rien ne vous y oblige, mais votre réponse m'intéresse. Personnellement, je considère qu'un grand illustrateur est comme un grand cinéaste. Il permet d'avoir un regard nouveau sur une oeuvre.


Tardi mit en image Léo Malet, moins connu que Céline. Malet fut au départ un peu surpris, mais apprécia très rapidement le travail de Tardi.

Dans le domaine du cinéma, considérez "Le Quai des brumes" : MacOrlan le trouvait à la fois proche et différent de son roman, et en tout cas supérieur.
01 juillet 2011, 16:39   Re : Sans commentaires
Personnellement, je trouve qu'un texte se suffit à lui-même. Ceci dit, je trouve l'adaptation de Léo Malet par Tardy très intéressante. Pour Céline je récuse toute adaptation passée, présente et future. Pour Proust aussi. En revanche j'ai beaucoup aimé l'adaptation de Bouvard et Pécuchet par Jean Carmé et Jean-Pierre Marielle. J'aime aussi les adaptations de Bresson.
05 juillet 2011, 18:45   Re : Sans commentaires
Citation
Henri Lesquis
Citation
Pyrrhon
Ha, et quelles lectures conseilleriez-vous si vous ne déconseillez pas de lire ?

En le lisant doucement, très doucement, le Répertoire des délicatesses du français contemporain de Renaud Camus.

Retravailler régulièrement sa langue est hygiénique et formateur. Je crois aux codes, aux formes, aux rites ; tout le reste est secondaire. D'ailleurs, je vais de suite replonger dans le Répertoire des délicatesses...

Ah, bien, fort bien — profitez-en pour remplacer de suite par tout de suite.
05 juillet 2011, 18:58   Re : Sans commentaires
A suivre...
Utilisateur anonyme
05 juillet 2011, 19:49   Re : Sans commentaires
Citation
Francmoineau
Ah, bien, fort bien — profitez-en pour remplacer de suite par tout de suite.

Que voulez-vous, étant fils de concierges* et logicien de formation, je ne vouerai pas si facilement aux gémonies l'expression de suite. Vous le savez fort bien, cher Francmoineau, Renaud Camus remarque que si l'on bannit de suite, il faudrait en toute logique bannir tout de suite. Ici ce n'est pas la logique qui règne, mais le snobisme langagier. Par effronterie, je ne laisserai donc jamais tomber l'expression de suite...

* Je plaisante...
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