J'entends dans votre message, Cher Jean-Marc, une petite musique qui m'est familière, quoique ses accents soient plus souvent finlandais qu'hollandais. Elle dit quelque chose comme
Mais que font-ils donc là-bas que nous pourrions également faire ici, afin de résoudre nos problèmes ?
Vous savez, j'ai eu ma dose de formatrices d'IUFM à petites lunettes rouges, quadragénaires, vaguement dépressives, et qui ne jurent que par la Finlande, le « modèle scandinave » — you name it. Jamais elles ne semblent comprendre qu'il s'agit là de pays qui n'ont rien à voir avec le nôtre, avec nos façons d'être et notre civilisation ; et que les problèmes liés aux comportements et aux façons d'habiter l'école, le métro, la ville, la terre, ont beaucoup moins à voir avec des histoires de moyens budgétaires, de pratiques pédagogiques, de lois, d'ordinateurs reliés à des Tableaux Blancs Interactifs (sans lesquels il est à peu près entendu qu'on ne peut tout simplement pas enseigner le français, les mathématiques ou l'anglais... d'ailleurs les Norvégiens en ont dans toutes leurs salles !), d'effectifs et de temps scolaires, bref, avec toute la litanie ordinaire des recettes de cuisine, qu'avec le degré de civilisation ou, en l'occurrence, de décivilisation que tel ou tel pays a atteint (on sait que le nôtre est allé assez loin dans ce domaine).
La France peut bien s'amuser à singer ce qui se fait en Scandinavie, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud : ses problèmes resteront les mêmes. Et cette manie actuelle qui consiste à vouloir copier des pays et des civilisations qui ne nous ressemblent en rien (la Finlande, petit pays assez désert qui jusqu'à une date très récente je crois n'accueillait pour ainsi dire pas d'immigrés ; la Hollande, où les comportements sont très influencés par une vieille culture protestante sans rapport avec nos vieilles habitudes latines en voie d'être balayées...) est, je crois, parfaitement vaine. Il faut vraiment être l'homme remplaçable du village mondialisé pour croire que le “modèle finlandais” puisse faire quoi que ce soit pour notre pauvre école malade.
Cela dit, puisque vous parlez des Pays-Bas, n'oublions pas qu'après avoir fait pleinement le pari du multiculturalisme, ce pays (enfin, ce qu'il en reste) s'en est mordu les doigts. Voyez la pauvre ville de Rotterdam, islamisée au dernier degré ! — sans doute la plus grande ville musulmane d'Europe, juste avant... Birmingham ?
Quant à Amsterdam, qui semble tant vous plaire quand vous y faites un saut, vous n'êtes pas sans savoir que cette ville est devenue la sinistre capitale d'un certain crime organisé lié à la vente de drogue (légale ou illégale, peu importe) qui fait des ravages, le lieu où toutes les mafias du monde semblent s'être donné rendez-vous (encore notre vieil ami le multiculturalisme).
Quid de leur bonne maîtrise de l'anglais, enfin. Elle ne doit évidemment rien au hasard. Je crois qu'elle est due, comme en Finlande, par exemple, au fait qu'il s'agit d'un petit pays où la maîtrise de cette langue est absolument nécessaire pour exister économiquement et culturellement, et ce depuis quelques siècles maintenant. Ils sont bons en langues parce qu'ils sont persuadés au fond d'eux-mêmes qu'ils ne peuvent absolument pas s'en passer. Avec le temps, cette idée a fini par devenir ancrée au sein de toute une civilisation, c'est-à-dire, avant tout, au sein des foyers. Sans anglais, donc, pas d'échappatoire, pas de contact (vital) avec l'extérieur : la Hollande, semblable en cela à d'autres petites nations besogneuses et intelligentes, ne pense pas qu'il revient à la terre entière d'apprendre sa langue.
A l'inverse, on constate que dans les pays actuellement ou anciennement impériaux, le niveau en langues étrangères est souvent faible, et qu'au sein du peuple il y a même pour les langues étrangères un vague rejet ou mépris. Ainsi les Anglais, les Américains, les Français et les Russes sont traditionnellement faibles dans ce domaine — sans doute parce qu'ils pensent, consciemment ou inconsciemment, à tort ou à raison, que les autres feront l'effort de se mettre à leur portée.