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Renaud Camus publie son journal sur Boulevard Voltaire

Envoyé par Utilisateur anonyme 
» C'est bien ce que je dis : l'immobilisme de l'islam est culturel mais d'une culture qui fonctionne comme fonctionnent les races telle qu'on imagine qu'elles fonctionnent, qu'elles existent ou pas. Elle est donc en contradiction avec l'essence même du phénomène culturel qui permet l'adaptation à la conjoncture

Chère Cassandre, mon argumentation était exactement contraire : l'immobilisme culturel de l'islam procède non pas de la "race", laquelle est de la nature, soumise elle aussi au temps et au changement, mais d'une hyper-culture, c'est-à-dire du plus haut degré de la culture envisagée comme ce qui s'abstrait et s'oppose radicalement à la nature : le "blocage temporel" dont il est question relève d'un immobilisme moniste quasiment éléate, il réalise l'état le plus a-naturel qui soit, puisqu'il impose par décret transcendant, extra-mondain, la pétrification des phénomènes naturels que sont l’évolution, le mouvement, le changement et l'adaptation.
Race et culture ("culture" dans votre sens, considérée pratiquement comme instrument et moyen du changement) sont ici dans le même camp, contre le figement imposé par ce qu'on pourrait presque appeler l'Un, principe spirituel par excellence.


» il s'agit d'investir le monde pour se procurer à bon compte les richesses que les musulmans sont incapables de produire, qu'ils ne songent même pas à produire, mais qu'ils convoiten par dessus tout. Or la logique implacable de cette situation est que plus les musulmans investissent les pays non musulmans et y imposent leur culture, plus les richesses qu'ils convoitent sont condamnées à disparaître

Peu importe, puisque le but de la prédation n'est point la prédation elle-même, mais la conquête en soi, c'est-à-dire l'islamisation : ce que je voulais dire, c'est que de même que la violence et la délinquance sont l'un des instruments de l'islamisation en terre étrangère, la pauvreté en est un chez soi, puisqu'elle incite à immigrer, donc à conquérir, etc. Aussi, si vous jugez les indices du niveau de vie à l'aune d'une adéquation souhaitée entre les conditions matérielles et le but "culturel" à accomplir, c'est une grande réussite.

(Et non, il n'est absolument pas question de "défendre" l'islam, mais je ne vois pas pourquoi un ordre de mobilisation générale devrait nécessairement vous ôter tout sens critique.)
Cher Henri Bès, je pense que la prise en compte d'une impossibilité de principe de juger absolument de la valeur des... valeurs, et des civilisations, n'implique pas le relativisme, sauf si l'on confond ce que je me hasarderais à appeler, faute de mieux pour l'instant, des "niveaux de langage" différents.

Je me permets de citer une mienne réponse à la question : « Comment alors sort-on du relativisme" posée ici naguère.

«En n'y étant jamais entré et en subissant la "contrainte axiologique" que je mentionnai plus haut : on ne s'abstrait pas de son propre système de valeurs, profondément ancré en chacun de nous, lorsqu’on constate qu'on ne peut, objectivement, rationnellement ou absolument le fonder à l'exclusion de tous les autres, il continue de valoir impérativement, même sans ultime justification possible, parce que ce mode de manifestation du "sentiment moral" ressortit à une autre faculté que celle qui fait cette constatation.
C'est une analogie qui vaut ce qu'elle vaut : le fait de trouver un sentiment que vous éprouvez parfaitement ridicule ou déplacé n'implique en rien la "relativisation" du fait de ressentir pleinement ce sentiment — ce terme n'a même guère de sens dans ce contexte — puisque, vous jugeant sottement émotif, vous n'en continuerez pas moins d'être désespérément sentimental.
Cette relativisation est purement cérébrale, c'est pratiquement une vue de l’esprit qui n’a aucune prise réelle sur la façon dont vous vous comporterez effectivement : or toute morale concerne expressément la façon dont on se comporte.
Vous pouvez rattacher ce "relativisme" à une sorte d'aveu d'ignorance, mais depuis quand le fait de ne pouvoir entièrement rendre compte de quelque chose empêche-t-il cette chose d'exister et de se manifester de la façon qui lui est propre ? »
" ce que je voulais dire, c'est que de même que la violence et la délinquance sont l'un des instruments de l'islamisation en terre étrangère, la pauvreté en est un chez soi, puisqu'il incite à immigrer, donc à conquérir, etc. Aussi, si vous jugez les indices du niveau de vie à l'aune d'une adéquation souhaitée entre les conditions matérielles et le but "culturel" à accomplir, c'est une grande réussite."
Mais voyons, cher Eytan, les musulmans ne font pas exprès d'être pauvres ! Croyez bien qu'ils ne demandent qu'à être riches davantage encore peut-être que la plupart des hommes ! Nulle part d'ailleurs, contrairement au christianisme, les textes de l'islam ne font l'apologie de la pauvreté, même pas pour des raisons stratégiques !
Cela dit, je conçois parfaitement que le terrain sur lequel on s'avance quand il s'agit de déterminer la supériorité d'une civilisation sur d'autres est sufisamment périlleux pour qu'on évite de s'y référer et que l'on se contente d'affirmer son attachement viscéral à sa prorpe civilisation envers et contre tout.
Vous continuez de juger des musulmans et de l'islam d'après des critères "occidentaux", centrés dans ce cas sur l'individualisme : "ils font exprès de...", comme si l'état de cette civilisation et la légitimité de sa vocation devaient être évalués selon le bien-être et la volonté explicite des individus qui la composent.
Mais peu importe s'ils font exprès ou non, ce qu'ils veulent et ce qu'ils demandent, puisque dans ce type de "collectivisme totalitaire", ce n'est pas l'individu qui compte et le monde ne s'organise ni autour de lui ni pour lui : c'est le message du Prophète, son imposition universelle au sein d'une communauté en constante expansion, l'Oumma, qui constituent le seul critère pertinent d'après quoi juger de la réussite ou de l'échec, à mon avis, et les volontés particulières comptent pour le beurre qu'ils n'ont pas, si j'ose dire...
Citation
Alain Eytan
Cher Henri Bès, je pense que la prise en compte d'une impossibilité de principe de juger absolument de la valeur des... valeurs, et des civilisations, n'implique pas le relativisme, sauf si l'on confond ce que je me hasarderais à appeler, faute de mieux pour l'instant, des "niveaux de langage" différents.

Je me permets de citer une mienne réponse à la question : « Comment alors sort-on du relativisme" posée ici naguère.

«En n'y étant jamais entré et en subissant la "contrainte axiologique" que je mentionnai plus haut : on ne s'abstrait pas de son propre système de valeurs, profondément ancré en chacun de nous, lorsqu’on constate qu'on ne peut, objectivement, rationnellement ou absolument le fonder à l'exclusion de tous les autres, il continue de valoir impérativement, même sans ultime justification possible, parce que ce mode de manifestation du "sentiment moral" ressortit à une autre faculté que celle qui fait cette constatation.
C'est une analogie qui vaut ce qu'elle vaut : le fait de trouver un sentiment que vous éprouvez parfaitement ridicule ou déplacé n'implique en rien la "relativisation" du fait de ressentir pleinement ce sentiment — ce terme n'a même guère de sens dans ce contexte — puisque, vous jugeant sottement émotif, vous n'en continuerez pas moins d'être désespérément sentimental.
Cette relativisation est purement cérébrale, c'est pratiquement une vue de l’esprit qui n’a aucune prise réelle sur la façon dont vous vous comporterez effectivement : or toute morale concerne expressément la façon dont on se comporte.
Vous pouvez rattacher ce "relativisme" à une sorte d'aveu d'ignorance, mais depuis quand le fait de ne pouvoir entièrement rendre compte de quelque chose empêche-t-il cette chose d'exister et de se manifester de la façon qui lui est propre ? »

Je suis entièrement d'accord avec vous.
Je trouve quand même que votre analyse relève du sophisme. N'importe quel truand appartenenant à une communauté ma fieuse est, lui aussi, persuadé de la supériorité de sa "culture " : celle des "affranchis" par rapport à celle des honnêtes gens : les "caves". Et le fait que les mafias prolifèrent et s'étendent depuis la nuit des temps donnerait donc raison aux truands. Est-ce que le "succès " de l'algue tueuse qui envahit les fonds marins, les apauvrit et y fait disapraître toute biodiversité est la preuve d'un organisme supérieur ? La cellule cancéreuse qui envahit tout le corps et le tue est-elle la preuve d'un organisme supérieur ? Or la caractéristique de l'islam est de fairte disparaître jusqu'au souvenir de toute autre civilisation que la sienne.
Je crois, pour ma part, qu'il serait certes difficile mais possible de s'accorder sur des critères qui permettraient d'établir le degré de civilisation ou de barbarie des sociétés humaines. Se contenter du relativisme culturel est une solution de facilité qui contrairement à ce que dit la bien pensance peut se révéler dangereuse pour l'humanité..
«En n'y étant jamais entré et en subissant la "contrainte axiologique" que je mentionnai plus haut : on ne s'abstrait pas de son propre système de valeurs, profondément ancré en chacun de nous, lorsqu’on constate qu'on ne peut, objectivement, rationnellement ou absolument le fonder à l'exclusion de tous les autres, il continue de valoir impérativement, même sans ultime justification possible, parce que ce mode de manifestation du "sentiment moral" ressortit à une autre faculté que celle qui fait cette constatation.
C'est une analogie qui vaut ce qu'elle vaut : le fait de trouver un sentiment que vous éprouvez parfaitement ridicule ou déplacé n'implique en rien la "relativisation" du fait de ressentir pleinement ce sentiment — ce terme n'a même guère de sens dans ce contexte — puisque, vous jugeant sottement émotif, vous n'en continuerez pas moins d'être désespérément sentimental.
Cette relativisation est purement cérébrale, c'est pratiquement une vue de l’esprit qui n’a aucune prise réelle sur la façon dont vous vous comporterez effectivement : or toute morale concerne expressément la façon dont on se comporte.
Vous pouvez rattacher ce "relativisme" à une sorte d'aveu d'ignorance, mais depuis quand le fait de ne pouvoir entièrement rendre compte de quelque chose empêche-t-il cette chose d'exister et de se manifester de la façon qui lui est propre ? »


Si ce on de la première phrase est transverse à toutes civilisations et à toutes personnes qui se réclament d'une civilisation ou d'une culture ou qui revendiquent leur attachement à icelle, alors rien n'est fait ni dit dans ce raisonnement pour sortir de la relativisation : si personne, jamais, ne relativise autrement qu'en opérant cette relativisation "purement cérébrale", ni ne s'abstient de relativiser sa culture par ce moyen, alors pareille commonalité instaure une méta-relativisation; en effet dès lors que vous posez que les modes de ne pas pouvoir s'extraire de sa culture ni de pouvoir la relativiser sont les mêmes pour tous, pour le mahométan, le juif ou l'Européen déchristianisé, vous opérez une formidable restauration de la relativisation (tous égaux, tous équivalents dans la non-relativisation ou relativisation partielle-cérébrale) désormais sur-verrouillée par cette boucle tautologique inversée au terme de laquelle nous nous trouvons tous méta-relatifs de par la manière dont nous partageons tous ce mode de relativisation partielle-cérébrale. En posant un mode universel d'incomplétude de la relativisation de soi et de sa culture, vous scellez une absolue relativisation des cultures et des civilisations.

Nos capacités à nous relativiser, nous autres Européens déchristianisés, les juifs et les mahométans sont parfaitement dissemblables pour ces trois systèmes culturels; et cette dissemblance, parce qu'elle porte sur le sujet même de l'ontologie (se relativiser, ou non, c'est se définir, prendre la mesure de soi), introduit une échelle, une inégalité relative, avant de devenir absolue par le comportement et l'éthique.

Si j'ai tort, si comme vous le soutenez nous sommes bien tous assujettis à des modalités communes d'incapacité de relativisation totale de soi, alors il n'est point de pensée stratégique qui vaille : la guerre des tranchées, la guerre du retranchement face au miroir (ou derrière un Mur) est bien le seul état social et politique, la seule et unique pente naturelle (n'appelant aucun autre effort de pensée) du politique confronté à ce qui advient.

[message modifié]
Je crois aussi que seuls les occidentaux admettent ce relativisme culturel à leurs dépens. Même quand ils croient in petto à la supériorité de leur propre civilisation, ils admettent le principe que d'autres puissent la valoir. Le paradoxe est que cela fait peut-être partie, justement, de la supériorité de leur civilisation.
Je crois aussi que seuls les occidentaux admettent ce relativisme culturel à leurs dépens. Même quand ils croient in petto à la supériorité de leur propre civilisation, ils admettent le principe que d'autres puissent la valoir. Le paradoxe est que cela fait peut-être partie, justement, de la supériorité de leur civilisation.

Oui. Absolument. Cependant, cette supériorité profonde, et profondément paradoxale, est vécue à la surface des choses comme une remarquable faiblesse, perçue comme telle (et comme signe d'infériorité) par toutes les forces qui menacent l'Occident, et objectivement (ontiquement) vécue comme telle par tous ceux qui, en Occident, subissent ces menaces.
Jusqu'au milieu du siècle passé la question ne se posait absolument pas : on tenait pour acquis parce qu'évident qu'il y avait un progrès en matière de civilisation (de progrès et aussi de décadence et d'effondrement) et qu'il y avait donc évidemment des états de civilisation supérieurs à d'autres. En même temps on admettait plus ou moins explicitement qu'il y eût des civilisations différentes, fondées sur des coutumes, des systèmes de pensée, des religions différentes, sans qu'il y ait nécessairement une supériorité de l'une sur d'autres. Il y a donc deux niveaux d'analyse entrelacés qu'il est parfois difficile de séparer et l'on pourrait trouver plus agréable et désirable la vie à Bagdad au Xe siècle que dans le royaume Franc au même moment même si l'on se sent plus à l'aise avec les modes de pensée et les aspirations qui sont les nôtres. Voilà qui permet de résoudre la contradiction apparente que vit le Maghrébin immigré « parce que c'est mieux ici » mais farouchement persuadé de la supériorité de la civilisation islamique sur celle des Roumis.

La précaution méthodologique apparue avec l'anthropologie structurale, l'idée qu'une civilisation ne peut être jugée que selon ses propres normes et valeurs, aboutit à une absurdité lorsqu'elle est érigée en loi éthique qui interdit de penser qu'il y ait la moindre supériorité civilisationnelle entre, mettons, l'Europe occidentale du XVIIe siècle et les Papous nécrophages et atteints de ce fait d'encéphalite spongiforme. Dans l'entre-deux, évidemment, c'est parfois plus compliqué mais il existe tout de même des constantes anthropologiques dans le domaine moral qui sont autant de critères possibles — et sans doute nécessaires — pour juger d'autres civilisations que les nôtres car ces critères sont communs à toutes : la droiture, l'honnêteté, la compassion, l'efficacité, la beauté, la poésie, l'in-nocence pour reprendre notre vocabulaire, sont universelles et leur négation aussi. Pour la même raison qu'il nous est possible de comprendre et d'aimer l'art nègre, la calligraphie chinoise ou la musique indienne il nous est possible de juger d'autres civilisations en fonction de ces critères.
"car ces critères sont communs à toutes : la droiture, l'honnêteté, la compassion, l'efficacité, la beauté, la poésie, l'in-nocence pour reprendre notre vocabulaire, sont universelles et leur négation aussi."

Je suis globalement d'accord avec Marcel Meyer, mais si une "civilisation" considère, par exemple, la compassion, y compris pour les faibles aussi innocents soient-ils, indigne d'un homme viril, modèle auquel doit se conformer tout individu dans cette civilisation ? Si elle considère que toute forme de nocence à l'encontre de qui ne lui ressemble pas comme un frère est légitime ( on ne ricane pas : je prends mes exemples au hasard ) ? Puisqu'elle va ainsi contre des critères communs à l'écrasante majorité des civilisations faut-il la mettre au ban de l'humanité ?
Marcel Meyer parle d’or. Jusqu’au XIXe siècle, qui voyait beaucoup plus clair que nous sur ces questions, c’est bien un double criterium qui était appliqué : 1. supériorité objective de la civilisation occidentale, 2. tolérance pour les faits douteux (de notre point de vue, pour les crimes) des civilisations inférieures, puisqu’il sont accomplis au nom de leur morale.

Il suffit de relire les romans indiens de Fenimore Cooper. Les Indiens sont bien cruels (ils torturent, tuent, violent, scalpent). Les blancs sont objectivement supérieurs aux Indiens puisqu’ils ne font pas ces choses-là (du moins, elles ne sont pas honorables chez eux). En même temps, on ne peut pas reprocher aux Indiens ce qu’ils font puisque c’est « leur culture » (« Je pense qu’un blanc doit respecter les lois des blancs et que l’homme rouge doit avoir le même privilège pour suivre ses usages de Peau Rouge » dit Deerslayer). Dans Le Tueur de daims, c’est Hurry Harry qui pense qu’on peut rendre la pareille aux Indiens et qui veut scalper et écorcher les sauvages comme on coupe les oreilles d’un loup. Il est clairement décrit comme une crapule.

On peut prendre la question par un autre bout. Les besoins des hommes sont partout les mêmes (alimentation, sexualité, appartenance, prestige, etc.). Mais la façon dont ces besoins sont assouvis, et tout simplement ce qui est tenu pour bon, pour honorable, les valeurs, en somme, diffèrent radicalement d’une société à l’autre. Quand les valeurs en question sont les valeurs féminines issues du christianisme, leur caractère non universel saute aux yeux de tous (sauf peut-être d’un bobo décérébré). Qui peut croire que les valeurs de pacifisme et d’égalité des sexes aient cours dans la société pachtoune ? Il s’agit d’une aristocratie guerrière.
» Si ce on de la première phrase est transverse à toutes civilisations et à toutes personnes qui se réclament d'une civilisation ou d'une culture ou qui revendiquent leur attachement à icelle, alors rien n'est fait ni dit dans ce raisonnement pour sortir de la relativisation : si personne, jamais, ne relativise autrement qu'en opérant cette relativisation "purement cérébrale", ni ne s'abstient de relativiser sa culture par ce moyen, alors pareille commonalité instaure une méta-relativisation; en effet dès lors que vous posez que les modes de ne pas pouvoir s'extraire de sa culture ni de pouvoir la relativiser sont les mêmes pour tous, pour le mahométan, le juif ou l'Européen déchristianisé, vous opérez une formidable restauration de la relativisation

Je ne crois pas : on "vit" une morale (ou une série de "valeurs", certaines caractéristiques qui constituent, entre autres, une "civilisation"), on en fait l'expérience de l'intérieur, on la pratique, c'est précisément une modalité pratique du comportement et de l'être ressentie comme "devoir être" au plan subjectif ; or le fait de ressentir ce devoir-être comme tel n'est pas annulé par l'hypothèse que d'autres personnes, appartenant éventuellement à d'autres civilisations (mais ce n'est même pas toujours le cas), puissent éprouver cela de façon différente.
La "relativisation" dont il s'agit ici n'implique que le fait de ne pouvoir justifier certaines manifestations d'une faculté de juger axiologique de façon absolue, à l'exclusion de toutes les autres possibles, parce qu'une telle justification, universelle et nécessaire, n'existe tout simplement pas.

Je vous trouve en l'occurrence singulièrement abstrait et cérébral, et peu pratique et concret : soit une situation qui entraîne chez vous une réaction "morale", où vous éprouvez qu'il faut venir en aide à une personne en difficulté, parce que ce qu'elle subit vous révulse : en quoi l’hypothèse (c'est en fait beaucoup plus qu'une hypothèse) qu'il existe quelque abruti lambda s'en fichant complètement et n'éprouvant rien de la sorte relativisera votre comportement et votre empressement à secourir d'une façon ou d'une autre la personne en difficulté, pouvez-vous me le dire ?
Quelle est le sens précis de cette relativisation, dans cette situation ? Est-ce que votre compulsion à agir, votre intime conviction qu'il le faut, sera diminuée parce que sur un plan strictement rationnel ou conceptuel force vous serait d'admettre qu'il n'y a aucun moyen de démontrer que vous avez absolument raison ?
Dans la négative, eh bien je pense que la relativisation en question, "méta" ou pas, ne veut rien dire dans ce cas. C'est pourquoi elle n'est censément qu'une vue de l'esprit.

Personne, pas moi en tout cas, ne nie qu'on puisse porter des jugements de valeur relatifs, c'est-à-dire relatifs à certains buts ou idéaux prédéterminés*, en quoi consiste pour nous le bien, semble-t-il ; mais justement, ces prédéterminations sont internes à notre système de croyance, et ce n'est certes pas une raison de n'y pas tenir absolument.

*C'est la "route correcte" de Wittgenstein, correcte parce que relative à la destination qu'on s'est fixé, en opposition à la "route absolument correcte", sans indication de destination particulière, parce qu'elle n'existe pas ; sa conception, de laquelle je tiens en grande part, considère que tous les jugements de valeur absolus (dont fait partie la hiérarchie des cultures et civilisations comme indications de la meilleure façon de vivre en société et en soi) participent de la nature de cette "route absolument correcte".
Eh bien, pour reprendre votre exemple Alain Eytan, si la règle "je n'aide pas les autres" était universalisée, elle conduirait à une société moins bonne que la règle "j'aide les autres".
On peut donc départager les deux comportements et les échelles de valeurs qui y sont rattachés par le critère kantien, que vous connaissez mieux que moi.
Je ne crois pas qu'un kantien puisse rejeter l'idée qu'il existe une forme de hiérarchisation des comportements et des maximes qui y président ; en remontant logiquement selon ce critère, on peut donc juger des systèmes de valeurs eux-mêmes.
Contrairement à la plupart de leurs coreligionnaires, les Patchounes sont au moins cohérents avec eux-mêmes. Ils n'ont jamais rien demandé à l'occident . Ils restent chez eux et vivent à leur manière sans convoiter nos biens de consommation. Eux peuvent légitimement se réclamer de la supériorité de leur civilisation. Mais la plus part des musulmans ne rêvent que de ces biens tout en étant incapables de les produire. Pour parler familèrement : ils veulent le beurre et l'argent du beurre.On est alors en droit de se poser la question : qu'est-ce qui a fait, depuis des lustres, la supériorité de l'occident, au moins dans ce domaine, et donc l'infériorité de ses rivaux ? Cette performance tient sans doute à de nombreux facteurs : la curiosité, la liberté d'esprit, de penser, d'innover, qui manquent si cruellement dans le monde islamique, semblent les plus évidents, mais d'autres y jouent aussi un rôle non négligeable : l'inégalité des sexes , le fait que les femmes, considérées comme inférieures, n'aient pas voix au chapitre, favorise la stagnation de ces pays. On ne se prive pas impunément des idées et des initiatives de la moitié de sa population. .En outre, dans nos sociétés, le fait de devoir séduire une femme pour la posséder pousse les homme à se surpasser, selon bien sûr leurs moyens, phénomène qui n'existe pas chez les musulmans où les époux sont généralement choisis par les parents. Enfin, je pense aussi que le mariage monogame et indissoluble, pour pénible qu'il puisse être parfois, est un des éléments non négligeable qui a fait sur le long terme la supériorité de l'occident.
Reste qu' à partir du moment où l'on décide que toutes les civilisations se valent, il devient inutile, voire suspect, de chercher la recette qui a permis notre supériorité puisque supériorité il n'y a pas. La connaître pourrait, pourtant, non seulement nous être utiles, à nous mêmes, mais aussi aux autres. Je trouve que ne pas s'en soucier, est, au fond, assez égoîste et irresponsable.
Citation
Loïk Anton
Eh bien, pour reprendre votre exemple Alain Eytan, si la règle "je n'aide pas les autres" était universalisée, elle conduirait à une société moins bonne que la règle "j'aide les autres".
On peut donc départager les deux comportements et les échelles de valeurs qui y sont rattachés par le critère kantien, que vous connaissez mieux que moi.
Je ne crois pas qu'un kantien puisse rejeter l'idée qu'il existe une forme de hiérarchisation des comportements et des maximes qui y président ; en remontant logiquement selon ce critère, on peut donc juger des systèmes de valeurs eux-mêmes.

Et qu'est-ce que ça peut vous faire, que la société soit "moins bonne", si vous avez les moyen de tirer votre épingle du jeu, notamment par le fruit de vos méfaits, et de vous accommoder confortablement de cette triste réalité ?
Pourquoi, vous, homme mauvais (je ne dis pas ça pour vous, cher Loïk), voudriez que la société fût bonne, bon sang de bon sang ??
Bref, pour appliquer un critère qui détermine la meilleure façon de se conduire, et la meilleure société, et la meilleure vie, etc., encore faut-il vouloir que les choses se déroulassent de la meilleure façon.
Et si pour être moral, il faut faire en sorte que "la maxime déterminant votre volonté puisse être une loi de la nature", il faut vouloir être moral, et juger qu'il est nécessaire de disposer de tels critères ; l'"impératif" est branlant par cet aspect, qu'il présuppose la volonté de se bien comporter comme condition de se bien comporter. Je crois que Kant lui-même avait flairé l'anicroche, parce qu'il s'était résolu à accoler à tout l'édifice constituant les critères de la loi morale une sorte de condition préalable : la "bonne volonté".
» Dans l'entre-deux, évidemment, c'est parfois plus compliqué mais il existe tout de même des constantes anthropologiques dans le domaine moral qui sont autant de critères possibles — et sans doute nécessaires — pour juger d'autres civilisations que les nôtres car ces critères sont communs à toutes : la droiture, l'honnêteté, la compassion, l'efficacité, la beauté, la poésie, l'in-nocence pour reprendre notre vocabulaire, sont universelles et leur négation aussi

Et pourtant, sur certains points essentiels — place du religieux dans la société, droits de l'homme et surtout de la femme, rapport à l'autre, façons de concevoir le temps et le changement, traditionalisme et modernité, etc. — et pourtant donc l'Orient musulman diffère très sensiblement de la civilisation occidentale sur certains points essentiels. L'apparente "universalité" des valeurs que vous mentionnez n’empêche pas cette différence : c'est précisément là où se situent les singularités axiologiques fortes, et la difficulté, voire l'impossibilité de trancher objectivement en invoquant des méta-critères.
Cher Alain et cher Henri,


Je reprends ce qui est une de mes plus grandes interrogations sur ce forum, et depuis des années, et que la phrase d'Henri :

Il se peut, en effet, que des nécessités de propagande politique conduisent certains à soutenir des thèses intenables en pure logique et en toute rigueur.

Expose fort clairement.

Il y a deux façons de tenir un discours politique : prêcher un convaincu, ou convaincre les autres. Détailler inlassablement les forfaits passés, présents et à venir de l'islam, pris de façon générale (Sicut erat in principio, et nunc, et semper...) est de mon point de vue contre-prudctif et ne prêche que les convertis (c'est approprié).

En revanche, une approche par laquelle la réflexion politique ne serait pas uniquement habitée voire hantée par ce qui est une sorte d'obsession me semblerait beaucoup plus efficace.

Qu'attendent les gens ? non qu'on leur dise "boutons les musulmans hors de France et tout sera résolu, tout ira mieux du jour au lendemain". Appuyer cela par des reconstructions historiques ou un défilé des horreurs finit par lasser l'interlocuteur modéré qui pense qu'il y a peut être autre chose et que, les musulmans éventuellement partis, il est peu probable que l'agneau et le léopard boivent au même ruisseau.

C'est un danger, un grand danger que de tout centrer sur un seul point, un peu comme le médecin de Molière qui à toute évocation de symptome répondait "Le poumon, le poumon, vous dis-je".

Ne verriez-vous pas l'intérêt qu'on essaie de développer ici des thèmes qui ne seraient pas forcément reliés à cela, notamment des thèmes économiques, fiscaux ? Francis avait lancé plusieurs fils, notamment sur le travail, on dirait que ça n'intéresse que peu de gens...
Citation
Alain Eytan
La "relativisation" dont il s'agit ici n'implique que le fait de ne pouvoir justifier certaines manifestations d'une faculté de juger axiologique de façon absolue, à l'exclusion de toutes les autres possibles, parce qu'une telle justification, universelle et nécessaire, n'existe tout simplement pas.
... Est-ce que votre compulsion à agir, votre intime conviction qu'il le faut, sera diminuée parce que sur un plan strictement rationnel ou conceptuel force vous serait d'admettre qu'il n'y a aucun moyen de démontrer que vous avez absolument raison ? ...
Personne, pas moi en tout cas, ne nie qu'on puisse porter des jugements de valeur relatifs, c'est-à-dire relatifs à certains buts ou idéaux prédéterminés*, en quoi consiste pour nous le bien, semble-t-il ; mais justement, ces prédéterminations sont internes à notre système de croyance, et ce n'est certes pas une raison de n'y pas tenir absolument.
*C'est la "route correcte" de Wittgenstein, correcte parce que relative à la destination qu'on s'est fixé, en opposition à la "route absolument correcte", sans indication de destination particulière, parce qu'elle n'existe pas ; sa conception, de laquelle je tiens en grande part, considère que tous les jugements de valeur absolus (dont fait partie la hiérarchie des cultures et civilisations comme indications de la meilleure façon de vivre en société et en soi) participent de la nature de cette "route absolument correcte".

(C'est moi qui souligne)

Je me demande si le problème politique n'est pas là. Renaud Camus constate dans son Journal que beaucoup partagent ses analyses de la situation, sans aller jusqu'à réagir, et s'étonne de cette passivité. La conscience claire de l'impossibilité de juger dans l'absolu, partout prêchée sous la forme d'un relativisme bête, est peut-être à la source de cette passivité. L'habile sait bien que ses jugements de valeur n'engagent que lui, dans la relativité de son temps et de son monde, ce qui ne l'empêche pas de les assumer ou de les imposer. Le demi-habile est paralysé ("Thus conscience does make cowards of us all", dit Hamlet). En somme, pour être un militant efficace, il faudrait croire à l'absolu de ses choix et préférences relatifs, oublier tout cela, pour rejoindre dans la lice, à leur niveau, les adversaires qui croient absolument aux leurs sans se poser de questions. On gagnerait en énergie combative ce que l'on perdrait en lucidité. C'est ce que dit Eric Werner de la guerre, citant Clausewitz : chaque adversaire fait la loi de l'autre.
Citation
Jean-Marc du Masnau
Ne verriez-vous pas l'intérêt qu'on essaie de développer ici des thèmes qui ne seraient pas forcément reliés à cela, notamment des thèmes économiques, fiscaux ? Francis avait lancé plusieurs fils, notamment sur le travail, on dirait que ça n'intéresse que peu de gens...

Ce serait d'un grand intérêt, je crois, mais ce serait en même temps moins fédérateur, moins passionnel. Il faudrait aussi un niveau de spécialisation et de connaissance que je n'ai pas. Et puis, regardez ce qui est arrivé à l'agora littéraire : c'est peut-être le signe que nous sommes tous en proie à une obsession, même au sens étymologique du mot. On dirait qu'il existe deux sortes de médias : ceux qui n'en parlent jamais, et ceux qui en parlent tout le temps. Toutefois le Forum de l'In-nocence est un des lieux de la Toile où l'on sait encore parler d'autre chose.
Mais enfin, débattre pour savoir si on peut dégager ou non des critères objectifs qui permettraient de juger les civilisations, pour savoir, à la limite, ce qu'est vraiment la civilisation, pour faire la différnence entre elle et la barbarie, pour se demander der si "civilisation barabare" n'est pas un oxymore, me semble du plus haut intérêt et n'a rien à voir, sauf indirectement, avec nos "obssessions", par ailleurs parfaitement justifiées, concernant le "Grand remplacement" ! Vous savez, Christophe Colomb était obsédé par l'Inde, l'or et les épices et son obssession l'a conduit à découvrir l'Amérique.
(message modifié)
Utilisateur anonyme
08 août 2013, 13:39   Re : Renaud Camus publie son journal sur Boulevard Voltaire
On nous explique à l’école — assez tôt d’ailleurs — qu’un immense progrès dans la pensée (occidentale) est survenu au moment où l’on commença à dire les civilisations au lieu de la civilisation. Dans la foulée, on disqualifie tout ce qui a pu être dit, pensé, écrit avant cette évolution, sur le mode “Vous comprenez, les pauvres gens, ils ne savaient pas”. Je pense que nous sommes tous d’accord, ici, pour dire : que cette évolution dans la pensée constitue un progrès objectif (dans la pensée — pas forcément dans d’autre domaines, notamment pour ce qui est de la puissance, de l’influence, de la capacité à croire en son propre génie) ; que néanmoins on ne peut pas oublier totalement le singulier du mot civilisation, et qu’en fait, singulier et pluriel peuvent fort bien s’articuler. Il existe la civilisation universelle, au génie de laquelle concourent les différentes civilisations (et le concept de niveaux de civilisation, de degrés, aide fort bien, je crois, à comprendre cette idée).

Le procès qu’on aurait tendance à faire à une personne qui dit : “Notre civilisation est supérieure”, comme le fait Francis Marche, serait non pas celui qu’on croit faire (en gros, une critique basée sur les dérives où ont pu mener de telles croyances) mais un procès en obscurantisme des temps anciens. On reproche à quelqu’un qui dit : “Notre civilisation” (a fortiori s’il ajoute “est supérieure”) de dire : “la civilisation”, au singulier qu’on nous a appris à détester comme une erreur et comme une monstruosité (puisque ce singulier serait responsable de l’extermination des Indiens d’Amérique, de la traite des Noirs, de la colonisation...).

La question peut se résoudre fort simplement. Il faut dire, de façon tautologique : “Notre civilisation est supérieure aux autres, pour nous, elle est ce qu’il y a de mieux pour nous”. Nous ne prétendons imposer sa supériorité à personne, mais jouir d’elle tranquillement, entre nous. De cette façon, l’affirmation de supériorité n’est pas une marque d’impérialisme ou de volonté de domination mais le signe qu’on est allé voir ailleurs, qu’on s’est renseigné, qu’on a vu et que, tout bien pesé, ce qui est à nous nous convient très bien. (Reste évidemment à déterminer ce qui est à nous...)
A propos du tweet (quelle horreur, ce vocabulaire internétique) dont il est question dans le Journal, un blogueur a publié cette remarque amusante :

"Les journalistes amoureux de la langue française qui se sont fendus d'un article sur le sujet gagneraient en crédibilité en alignant à leur tour une prose impeccable. Force est de constater que ce n'est pas toujours le cas : « Quand à la ministre de la Culture, elle s'est dédouanée de ses négligences, imputant hier la faute à son assistant en communication » (gala.fr), « Aurélie Filippetti soutien le journaliste Frédéric Haziza » (meltybuzz.fr), « Construit ainsi, on comprend que c'est Frédéric Haziza qui est coupable d'attaques. Hors c'est le journaliste qui fait l'objet d'une pétition relayée sur Twitter » (closermag.fr), « Résultat : son tweet avait été effacé et réécrit, mais... la deuxième version était encore mauvaise. La troisième fût finalement la bonne » (rtl.fr), « Au lieu de cela, l’écran de fumée de la dénonciation et de la discrimination a été déployé à grand renforts de moyens et d’argent du contribuable » (agoravox.fr), « L'opposition qui n'a pas manqué d'établir des parallèles avec le chef de l'Etat, François Hollande, supposé se défausser sur les autre » (bfmtv.com). Décidément, le français n'est plus en odeur de sainteté nulle part..."

D'autre part on n'a pas relevé l'incohérence et l'imprécision de l'expression "relent d'avant-guerre", puisque, généralement, l'avant-guerre est une période heureuse ou du moins, par définition, paisible.
On reproche à quelqu’un qui dit : “Notre civilisation” (a fortiori s’il ajoute “est supérieure”) de dire : “la civilisation”, au singulier qu’on nous a appris à détester comme une erreur et comme une monstruosité (puisque ce singulier serait responsable de l’extermination des Indiens d’Amérique, de la traite des Noirs, de la colonisation...).

Il faut tout de même rappeler d’où sort cette accusation culpabilisatrice. Elle ne doit rien à une quelconque méthodologie scientifique, elle n’a rien d’un précepte éthique. Elle relève strictement d’une rhétorique, d’un argumentaire politique, celui des « minorités » (les noirs, les femmes, les LGBT, plus tard les musulmans), à l’intérieur de ce que le théoricien de la littérature Harold Bloom appelle l’école du ressentiment. Il s’agit d’une mise en accusation systématique et revancharde d'une « majorité » définie a contrario (les non-noirs, les non-femmes, etc.).

Une fois qu’on sait cela, on peut traiter cette idéologie de la réclamation et de la bêtise, dans ses myriades de facettes (les mulâtres, les intergenres, les asexuels, les rohingyas, etc.), comme elle le mérite.
Il me semble que la question sous-jacente à "l'évaluation" des civilisations revient à une question anthropologique : si l'homme est un, est doté du même cerveau et des mêmes aspirations (par ex. celles définies par Maslow selon son échelle des besoins), alors on peut évaluer les civilisations selon cette échelle.
Celles qui répondent le mieux aix besoins primaires de confort/nourriture/décurité, puis aux besoins secondaires de perpétuation/affectivité, aux besoins tertiaires de reconnaissance/amitié/citoyenneté et aux besoins quaternaires de spiritualité/transcendance.
Le problème est que chaque civilisation est plus ou moins avancée sur les différents types de besoins, et si l'une est meilleure selon telle catégorie de besoin, elle est peut-être moins avancée pour telle autre. De là la perplexité à prendre "en bloc" chaque civilisation pour la comparer aux autres.
On peut alors sélectionner 2 ou 3 critères, et les considérer comme les plus importants pour évaluer ensuite les différentes civilisations : par ex. la liberté individuelle et la sécurité basique de la personne.
Je crois que pour finir nous sommes à peu près tous d'accord.
"Il faut tout de même rappeler d’où sort cette accusation culpabilisatrice. Elle ne doit rien à une quelconque méthodologie scientifique, elle n’a rien d’un précepte éthique. Elle relève strictement d’une rhétorique, d’un argumentaire politique, celui des « minorités » (les noirs, les femmes, les LGBT, plus tard les musulmans), à l’intérieur de ce que le théoricien de la littérature Harold Bloom appelle l’école du ressentiment. Il s’agit d’une mise en accusation systématique et revancharde d'une « majorité » définie a contrario (les non-noirs, les non-femmes, etc.)."
Très juste.
Théorème : une civilisation qui convient, en sus de ceux qui y sont nés, y ont grandi, à d'autres que ceux-là, est supérieure à toutes celles qui ne montrent pas ce trait.

Conjecture : La supériorité visée dans le théorème peut être cause de grande vulnérabilité si ceux qui sont en droit de revendiquer pleinement leur appartenance à la civilisation porteuse de ce trait n'abstiennent de s'en faire les champions ou persistent à nier la factualité de la supériorité et le caractère précieux de la civilisation tels qu'ils se révèlent dans le théorème.
» L'habile sait bien que ses jugements de valeur n'engagent que lui, dans la relativité de son temps et de son monde, ce qui ne l'empêche pas de les assumer ou de les imposer. Le demi-habile est paralysé ("Thus conscience does make cowards of us all", dit Hamlet). En somme, pour être un militant efficace, il faudrait croire à l'absolu de ses choix et préférences relatifs

C'est bien possible. Peut-être faudrait-il jouer de la fibre de l'instinct de propriété auprès des militants de base pressentis : comment, ceci est à vous, provenant de vous, vous définissant et vous distinguant, et vous n'y tiendriez pas plus que ça ? Quelle singulière preuve de désamour de soi.
08 août 2013, 22:25   Tous les moyens sont bons
» Quand les valeurs en question sont les valeurs féminines issues du christianisme, leur caractère non universel saute aux yeux de tous (sauf peut-être d’un bobo décérébré). Qui peut croire que les valeurs de pacifisme et d’égalité des sexes aient cours dans la société pachtoune ? Il s’agit d’une aristocratie guerrière

N'oubliez pas la critique nietzschéenne : la lutte continue toujours, quels que soient les moyens détournés qu'on emprunte pour parvenir à la victoire. Le christianisme n'est qu'une feinte des faibles pour rendre inopérante la supériorité naturelle des forts et s'en rendre maître : quiconque n'a pas en soi le nerf et la puissance vitale manifeste pour s'imposer veillera à paralyser ceux des autres, à coups de piquouses lénifiantes et débilitantes à base de charité, bonté, égalité, etc. ; le terrible guerrier lymphatique démocratisé chrétien n'en fera qu'une bouchée, de votre aristocrate pachtoune.
Jésus est un guerrier comme un autre, poursuivant la guerre par d'autres moyens, redoutables en vérité.
Le droitdel'hommisme et l'universalité sont aussi des armes, et il n'est pas exclu que le dernier avatar occidental n'ait recourbé une fois de plus son dard dévirilisant pour frapper l'ennemi : qui sait si les récents événements dans les pays arabes ne constituent les prodromes de l'effet dévastateur progressiste ?
Jésus est un guerrier comme un autre, poursuivant la guerre par d'autres moyens, redoutables en vérité.

Ah non, par exemple, c’est la thèse de Reza Aslan, islamiste iranien installé aux États-Unis (Zealot: The Life and Times of Jesus of Nazareth, juillet 2013). Jésus, c’est Mahomet !
"Théorème : une civilisation qui convient, en sus de ceux qui y sont nés, y ont grandi, à d'autres que ceux-là, est supérieure à toutes celles qui ne montrent pas ce trait. "

Je suis bien d'accord. C'est la raison pour laquelle, les musulmans dans leur incommensurable vanité, se prétendent si mal dans notre civilisation dans le but de pouvoir se persuader que la leur lui est supérieure.
Je viens de faire un "Ctrl F" en tapant le mot "métissage", et je constate qu'aucun des titans du forum ayant alimenté brillamment la discussion n'a utilisé le terme. Or la civilisation occidentale ne présente-elle pas cette curiosité extrême de chercher à se suicider, de vouloir à tout prix échapper à ce qu'elle fut et est encore peu, en s'auto-dissolvant dans des opérations sans fin de métissage? Le métissage est vraiment le propre concret de l'Occident actuel. Un métissage à mort, dont le moteur inavoué serait le ressentiment évoqué plus haut par Henri Chatterton. Un métissage reposant sur la croyance revendiquée à coups de slogans positifs clamant qu'hybridation et ajout sont les mamelles inépuisables de l'enrichissement culturel. Les groupes de musique battent des records de mélange, avec leur percussionniste africain, chanteur bulgare, joueur de oud égyptien, pianiste serbo-croate, chœur occitan et j'en passe... Et que dire de ces cuisiniers qui mettent le Maroc et l'Inde à toutes leurs sauces? L'exotisation des sensations est un moyen commode, chevillé au principe de plaisir, pour ne plus avoir à penser du tout la civilisation occidentale, fade, ringarde, criminelle et réac, en termes de valeurs, de hiérarchisation casse-gueule de celles-ci, de frontières et de différences réelles, éventuellement inconciliables. (Ou alors, du point de vue des Amis du Désastre, la grandeur de l'Occident serait proportionnelle à sa capacité à métisser toujours plus, par accumulation des allégeances, pour atteindre à une sorte d'auto-effacement laissant toute la place aux coutumes des Autres: une place nette post-apocalyptique, recouverte de minarets). Les rues de nos villes sont world, épicées, brassées, créolisées dans la joie et la bonne humeur d'une consommation tolérante, bigarrée et dépaysante, socle de la dictature du vivre-ensemble. Que demander de plus? dit le "dernier homme" avec un rictus, lui qui ne désire que s'éclater en mangeant du couscous (plat préféré des Français), en riant aux blagues de Jamel Debouzze, voire en assistant à une conférence de Tariq Ramadan. Nos sociétés sens dessus dessous, traversées d'une seule ligne droite, l'islamisation, lui offrent en tout cas l'écrin idéal pour ce faire.
Hors (au-delà et en-deça) de l'éthique, l'esthétique (poésie), le sentiment du beau, se situent le faire et la technique, la connaissance du monde pour la joie de connaître le plaisir d'y agir et de s'y mouvoir.

Le vivre-ensemble des métissolâtres d'une part et la solidarité organique (ainsi que la désigne Alain de Benoist dans sa série d'entretiens qui paraît sur Boulevard Voltaire en même temps que les entrées quotidiennes du Journal de Renaud Camus) des sociétés ou le vivre-ensemble était si consubstantiel à l'être social que personne n'avait éprouvé la nécessité de forger pareil terme ou concept d'autre part, sont très fragiles, vulnérables et foncièrement précaires parce qu'ils reposent pour celui-là sur une volonté farouche, localement négociée et pactisée ou nationalement imposée par l'autorité d'un complexe médiatico-politique qui le promeut comme pilier doxique et idéologique, mot d'ordre permanent, instance morale suprême; pour celui-ci sur un monde organique auquel il était physiquement chevillé, celui des sociétés où chacun était sensible au sort du voisin parce que lié à lui par une histoire locale ou familiale commune, une communauté de vie géolocalisable, partageant une chronologie, voire une vieille unité de destin que l'on dirait aujourd'hui communautaire.

Fragilité du premier car toute injonction à aimer pour aimer est hasardeuse et vouée à la déception générale; précarité du second parce que la vie moderne, la mobilité imposée, les bouleversements de l'espace et les conséquences de son aménagement ont déjà mis fin à peu près partout à ce qui était autrefois "la vie de village" où "tout le monde se connaissait" et avait souci de son prochain.

De Benoist déplore que "les solidarités organiques" soient mortes et que l'injonction au "vivre ensemble" ne sauraient s'y substituer, et comme il fallait s'y attendre, met en cause pour pareil marasme "le marché" et l'émergence de "l'homme lambda", consommateur insensibilisé à son histoire autant qu'à son prochain, etc.

Tout le monde oublie, dans ce débat, homo faber, l'homme chez qui la solidarité active peut se confondre avec "les solidarités" et pour qui le vivre-ensemble qu'impose sans honte aux citoyens l'idéologie de la refonde de civilisation d'une part et "la solidarité organique" du village local moribon d'autre part n'ont pas plus de sens l'un que l'autre. La pérennisation du partage et du respect chez homo faber repose sur le faire-ensemble, perenne et nullement exposé au risque de la désaffection, du désamour ou des passions négatives du fait qu'il est attaché à une instance projetée de soi-même (ne se superposant pas exactement à soi-même) et ce bien autrement aussi que ne l'est le présentissime vivre-ensemble ne serait-ce que parce qu'oeuvrer, et donc oeuvrer ensemble ou en se cotoyant, c'est (se) projeter vers l'avant, l'avenir et porter un regard sur le monde médiatisé par l'objet du faire.

Or les propagandistes du vivre-ensemble, cela me semble patent mais encore faut-il le dire, ne font rien ensemble. Et du reste, si l'injonction du vivre-ensemble doit être si omniprésente et omnipotente, n'est-ce pas, précisément, parce qu'ils n'ont rien à faire ensemble ? en sus, comme une très grande minorité d'entre eux, de ne rien faire du tout.

La condition du nocent moderne : ne rien faire, rien d'autres que des misères à son prochain et pratiquer sur lui une forme de harcèlement moral d'Etat sous forme d'injonctions aracistes et vivre-ensemblistes qui ne sont rien d'autres qu'une forme de pression surhumaine qu'il lui applique afin de le forcer à accepter ce dont il ne veut pas, ce qui ne lui est rien, qu'il n'a jamais désiré, avec quoi il n'a rien de commun et avec qui rien à fabriquer non plus.

Des ateliers faire-ensemblistes, à la rigueur, pourraient constituer une proposition sérieuse au terme de laquelle les ci-devant "solidarités naturelles" pourraient trouver, artificiellement, à se régénérer, mais l'injonction à la fête vivrensembliste, au vivre-ensemble pour le vivre-ensemble est bien aussi irréelle, fictionnelle, fausseliste que, par exemple, et ce n'est pas un exemple pris au hasard, la Fête de la musique, autrement dit la fête obligatoire célébrant la fête, la méta-fête célébrant une méta-volonté d'être festif pour l'être.

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Or les propagandistes du vivre-ensemble, cela me semble patent mais encore faut-il le dire, ne font rien ensemble. Et du reste, si l'injonction du vivre-ensemble doit être si omniprésente et omnipotente, n'est-ce pas, précisément, parce qu'ils n'ont rien à faire ensemble ? en sus, comme une très grande minorité d'entre eux, de ne rien faire du tout.

C'est exactement ça. J'associe: votre réflexion me rappelle ce que dit Cassandre quelque part de la non-relation, pendant la guerre d'Algérie, entre les belles-âmes tiersmondistes et les indigènes: les premiers avaient une peur bleue des seconds, tandis que ceux-ci n'avaient strictement rien à dire aux premiers, dont ils se moquaient comme d'une guigne (au moins les pieds-noirs, eux, les connaissaient-ils).

Fascinant penchant, de tous temps politiques, à appeler de ses vœux, à plaider en faveur d'un dialogue... de sourds!
Le combat mené par l'In-nocence ne serait-il pas devenu, à la vue et par suite de ce qui survient en Europe, anthropo-logique ?
Je vois très bien Renaud Camus animant un atelier faire-ensembliste, et dynamisant un groupe de travail en sifflotant du Lutoslaswki, dans la joie, l'ineffable transport de créer enfin quelque chose ensemble, n'importe quoi ; gourou de la dynamique de groupe laborieuse et poïeutique, voilà une expérience inédite à tenter, ça irait du reste comme un gant à nombre d'In-nocents.
— Eh là-bas, les ci-devant à lambiner dans les ornières de l'otium, magnez-vous le train, et qu'ça saute !!

(L'immigré n'était-il pas à l'origine un travailleur, et l'appel d'air de la main-d'œuvre nécessaire l'amorce du phénomène du Remplacement ? En fait, le milieu du travail n'est-il pas en règle générale beaucoup plus divers que le cadre de la "vie privée", où l'on ne se mélange en fait guère et reste entre soi ?)
Je vois très bien Renaud Camus animant un atelier faire-ensembliste,

Vous êtes un authentique visionnaire, cher Alain, même si à très courte vue : cet atelier va en effet se dérouler, du 29 au 31 de ce mois, dans une ferme bretonne. Décidément, vous m'étonnez.
"J'ai la flemme d'appuyer sur la touche Shift (Je n'aime pas dire la touche Maj car sur mes claviers il n'y a pas de touche maj, il n'y a qu'une flèche vers le haut )", dit un "meilleur commentateur" sous l'entrée du jour. Je suppose qu'il faut lire son commentaire au deuxième degré ; mais il me semble incontestable que la pratique quotidienne de l'écriture sur clavier, a fortiori l'écriture d'emails, de tweets ou de SMS, dans l'impatience et la frénésie, aura largement contribué à l'effondrement syntaxique.
Soit ce court vidéogramme dans lequel une jeune femme française, victime de l'accident d'autocar qui a fait deux tués la nuit dernière et qui en est ressortie indemne, narre posément la suite d'événements qui précéda l'accident et qui, selon elle, laissait présager celui-ci.

Son témoignage est livré après celui du jeune homme espagnol :

video: [www.lefigaro.fr]

Voici la transcription écrite du récit oral de la jeune femme :

déjà dès le départ à la sortie de la gare routière on allait avoir un accident; le chauffeur il savait même pas où on va passer parce qu'il tournait en rond et il demandait aux passagers je vais passer par où.

Les verbes n'ont plus de temps, plus de mode, plus d'auxiliaire. Le récit est monomodal et sans temps de conjugaison: le futur proche de l'indicatif remplace le passé, le futur simple, et le mode conditionnel. Le futur proche "aller avoir", "aller passer" (deux fois pour ce dernier) confère à "aller" un rôle d'auxiliaire verbal et modal (qui remplace uniformément les auxiliaires "être" et "avoir"); mais ce "aller" à vrai dire remplace TOUT verbe : dans la première phrase, le verbe auxiliaire faillir.

Cette jeune femme s'exprime, dans ce moment grave, et en montrant un calme réfléchi (point de halètement, d'urgence, de "pression", etc.) dans la langue d'une enfant de cinq ans, cependant que son français, à n'en point douter, est la seule et unique langue qu'elle sache baragouiner.

Je ne connais aucun pays au monde où le niveau de la langue maternelle des habitants soit à ce point dégradé, insuffisant à dresser un récit événementiel de deux lignes qui soit intelligible. On assiste à l'émergence d'un patois qui n'est doublé d'aucune langue nationale de culture ou de référence. En d'autres termes si, comme certains se plaisent à l'avancer et peut-être à le croire, l'avenir du français est en germe dans le parler des cités (car c'est bien ce parler-là, ce sabir très inférieur, par exemple, au français qui sert de lingua franca en Afrique, qui se fait entendre dans la bouche de cette jeune femme), alors le français est déjà langue morte, patois en phase de disparition, d'effacement, de dessèchement et d'infériorité sans appel.

En français non point "intellectuel", non point "savant", ou "distingué" ou "bourge", ou tout ce qu'on voudra de pas bien et qui rend méchants certains commentateurs de Boulevard Voltaire, mais seulement en français audible et vivant, tant soit peu intelligible, traduisible en une langue constituée autre que le français, le récit de la jeune femme aurait pu être celui-ci:

Dès le départ, à la sortie de la gare routière, nous avons failli avoir un accident; le chauffeur ne savait même pas par où passer; il ne faisait en effet que tourner en rond et demander aux passagers : par où est-ce que je dois passer ?

parmi la vingtaine au moins de variantes intelligibles, conjuguées et articulées dans un large éventail de niveaux de langue au sein de la langue constituée.

Pour ce type de cauchemar linguistique qui consacre la perte totale et définitive de TOUTE langue, les ministres de l'Education nationale et leurs gourous pédagogistes mériteraient les assises. Ils ont largement contribué à l'assassinat de ce pays et de sa civilisation.
Dans le premier extrait auquel mène votre lien, le procureur, qui ne semble pas être maghrébin ni issu d'une cité sensible, n'est pas mal non plus : « les passagers (...) ont tous été pris [il cherche le mot juste] pris en compte, (...) ils sont actuellement en cours de soutien... »
La cosa ditte diversité est le lieu d'émission, le faux-nez, le faux nom et le masque imposé d'une mono-langue, monomodale, monotemporelle (présentiste du futur immédiat -- aller +vb à l'inf.) appelée, politiquement appelée, à recouvrir et à enterrer la diversité originelle et à la faire se taire et la faire oublier. Elle est le masque imposé à une réalité qu'elle est investie de la mission d'étouffer et de faire périr avec l'aide et l'encouragement des hommes du pouvoir nouveau.

Le substrat originel était riche, divers, articulé, exposé à l'objection et invitant à la dialectique. La monolangue de la mono-diversité a pour rôle politique de recouvrir et de faire oublier, jusqu'aux modalités même de cet oubli, cette diversité originelle qui était le lieu du logos où, libre d'ambiguité, le sens pouvait être abordé franchement et contradictoirement.

La langue devenue si pauvre, si dévastée, se présente dans un tel état d'indigence qu'il n'est plus possible d'objecter à son discours. Elle n'existe plus que pour être soit subie (par nous tous), soit afin de susciter une adhésion globale, parfaitement tribale et indiscutée de la part des siens, de tous ses acquis de naissance, ceux qui l'acquièrent et lui sont acquis dès la naissance, en amont de tout apprentissage ou sortie de soi.
Le récit du jeune homme espagnol est traduisible en français (à preuve la version française qu'en donnent les producteurs de ce vidéogramme); en revanche, la version narrée des événements livrée par cette jeune Française, dont la sonorité de voix n'est nullement désagréable, qui paraît être une personne posée, calme et même réfléchie, qui ne gesticule pas comme une sauvage, qui n'est pas non plus désagréable à regarder, est parfaitement intraduisible; elle est opaque, inaudible hors le rayon des douze kilomètres où est circonscrite sa banlieue et le cercle de ses proches où se perpétue son baragouin.

Nous tenons là la preuve par l'image et par le son, la preuve par comparaison (Espagne vs France), du crime politique contre la nation dont se sont rendus coupables les gouvernements français depuis vingt-cinq ans au moins et l'incurie de leur "Education nationale", hypocrite faux-nez de la barbarie.
Francis, vous mettez en exergue tel discours disons peu structuré ; mais celui-ci coexiste sans doute avec le discours particulièrement clair et structuré de jeunes et brillants sujets.
Ce qui me frappe le plus dans cette société, c'est la coexistence, la simultanéité de niveaux de discours incommensurables, ou de niveaux de répressions assez éloignés (pour l'un qui roule à 55Km/h des ennuis, et pour l'autre qui fait des rodéos en quad, un "rappel à la loi").
L'aspect irrationnel et difficilement saisissable de notre société tient à cet éclatement des normes... et non à l'aplatissement à une barbarie et à un désordre absolus, qui lui, aurait au moins sa cohérence.
Mais enfin qu'est-ce donc que vous appelez "éclatement des normes" sinon précisément ce que vous nommez à la ligne suivante "barbarie et désordre absolu" ?

La "barbarie ordonnée" existe, au moins théoriquement, qui peut prétendre au statut de civilisation rudimentaire, porteuse d'espoir d'amélioration ou au moins de maturation par l'unité formelle que lui confère son ordre filtrant, tandis que le pathétique bordel désorienté, absolument sans queue ni tête, absolument violent et insensible, sans norme ni loi, ensanglanté de ses "meurtres de déséquilibrés" où se trouve cette société qui se ment à chacune des paroles qu'elle émet sur elle-même, est bien la barbarie nouvelle, sans direction d'amélioration aucune, dont l'ordre est occulte, où nous barbotons, que nous subissons comme le dessein et le destin d'un autre, d'un inconnu par qui nous sommes agis.
Mais pourtant la cohérence est assez visible : le désir éperdu de suicide civilisationnel.
La question est plutôt : pourquoi certains veulent-ils à ce point suicider cette civilisation et d'autres, non ? Pourquoi ce décalage douloureux ? Si du moins nous y allions tous du même pas, nous n'en souffririons...
Il faut supposer que le désordre même de cette involution est le plus fort garant de son aboutissement; une involution ordonnée, aisément décelable, pourrait être réversible. Celle-ci, protégée par l'indescriptible chaos entretenu et voulu par ses ingénieurs, progresse inexorablement vers son terme. Les processus camusiens (Grand Remplacement, Grande Déculturation, etc.) relèvent essentiellement du chaos, adviennent à la faveur et sous couvert du chaos lequel leur a conféré jusqu'ici la protection de l'inintelligible, les masquant d'un loup de carnaval, les peignant de teintes bouffones et folkloriques, particulières, sympathiques, etc. faisant de ces géants des êtres furtifs, noyés dans l'événement permanent qui bouscule et emporte la société et le monde.
En lisant vos intéressants commentaires sur le récit de l'accident de car, je me faisais une réflexion. Peut-être le chaos linguistique et intellectuel que vous décrivez si bien a-t-il toujours existé ; il serait devenu plus visible, plus audible et plus choquant aujourd'hui, car il est montré sur la place publique en toute occasion par les médias. Ou plutôt, parce que les médias envahissants ne dissimulent plus, par filtrage et sélection, ce genre de phénomène, tout occupés qu'ils sont à cacher autre chose, à filtrer ou à escamoter des vérités sociales plus gênantes que celle-ci. Bien sûr, on pourrait m'objecter que les gens s'exprimaient mieux lors des rares "micro-trottoirs" télévisés des années 60 ou 70, mais ne les sélectionnait-on pas au préalable ? Ne se gênaient-ils pas un peu plus, sachant qu'ils parlaient en public ?

Je rencontre dans mes classes certains élèves (environ un tiers du groupe les mauvaises années) qui sont, au fond, absolument étrangers au système scolaire, à ses valeurs, et qui ne conçoivent même pas la nécessité d'apprendre et de progresser, se trouvant très bien comme ils sont. J'ajoute que ceci n'a absolument aucun rapport avec le Grand Remplacement, puisqu'ils sont en gros français d'origine. Nous n'avons rien à nous dire : serait-ce que le niveau est en chute libre ? Ou bien que l'on a décidé de faire entrer de force au lycée des gens qui n'auraient pas eu l'idée d'y aller, un peu comme les touristes au musée du Louvre ? Nous faisons de grands efforts pour rendre notre produit attractif, en le défigurant à l'image du public que nous devons attirer (ou peut-être, selon la caricature du "bas peuple" qui habite l'imagination des pédagogistes de pouvoir). Mais en l'absence de désir, que peut-on faire ?

Peut-être la décadence vient-elle en partie d'un défaut de sélection, de mise au point optique. Peut-être donne-t-on la parole, ou l'accès à la culture, à des gens qui n'en ont que faire. Vos observations me rappelaient ce beau chapitre de Mimesis d'Erich Auerbach (j'y reviens toujours) sur l'état de la prose latine à l'époque de Grégoire de Tours. Comme vous, il signale à quel point l'horizon de ses récits ne dépasse pas le diocèse, la paroisse, l'anecdote du chien écrasé, la tribu. (Mimésis, IV, "Sichaire et Chramnesinde").
Cher Henri, c'est aussi mon idée, que je formulerai de façon peut être excessive.

Il y a toujours eu, dans notre pays, une "basse classe" (non point par l'argent, il y avait bien des pauvres travailleurs, mais par les pratiques) qui est à la fois cossarde, peu soucieuse d'apprendre et de s'élever, toujours prête à quémander et parfois prête à se révolter et à piller, dans ses pires moments.

Autrefois, il y avait les gendarmes et la sélection, il y a maintenant les travailleurs sociaux et le Collège unique.
l'absence de désir

Le désir d'apprendre ne fait pas toujours défaut. Mais cela suffit-il d'être motivé, passionné, d'avoir envie? Pas sûr, à en croire ce mail que m'a adressé ce matin une gentille jeune femme, titulaire de plusieurs diplômes après le bac:

Bonjour,
Vous m'avez envoyé une offre dans le poste de Rédactrice
Je suis intéressée et je voudrais apprendre d'avantage dans votre domaine
Je suis accès dans le domaine des sciences humaines, de la culture et de l'art surtout du cinéma et de l'audiovisuel. Ceci dans le but de transmettre, créer et innover. J'aime enquête, faire des recherches et découvrir.
Je fais de l'association d'idée, du métissage de concept, innovation, créativité, ...

Je suis patiente, polyvalente et persévérante et surtout curieuse
J'ai pas beaucoup d'expérience mais j'apprends vite

j'espère vous aidez dans les quelques connaissances et savoir faire que j'ai en moi.
C'est très curieux, cet usage multiple de dans, surtout à la place de par. Je n'ai jamais vu cela, ni entendu des choses de ce genre dans le français parlé. Etes-vous certain que le français est la langue maternelle de cette dame ?
En lisant vos intéressants commentaires sur le récit de l'accident de car, je me faisais une réflexion. Peut-être le chaos linguistique et intellectuel que vous décrivez si bien a-t-il toujours existé ; il serait devenu plus visible, plus audible et plus choquant aujourd'hui, car il est montré sur la place publique en toute occasion par les médias. Ou plutôt, parce que les médias envahissants ne dissimulent plus, par filtrage et sélection, ce genre de phénomène, tout occupés qu'ils sont à cacher autre chose, à filtrer ou à escamoter des vérités sociales plus gênantes que celle-ci. Bien sûr, on pourrait m'objecter que les gens s'exprimaient mieux lors des rares "micro-trottoirs" télévisés des années 60 ou 70, mais ne les sélectionnait-on pas au préalable ? Ne se gênaient-ils pas un peu plus, sachant qu'ils parlaient en public ?

C'est évidemment une question qu'il faut se poser, comme le laborantin qui découvre une bactérie gigantesque, de taille jusque là inconcevable doit se demander si le monstre révélé n'est pas un brin de cil qu'il aurait laissé trainer sur le verre de son microscope.

La réponse est claire: c'est non. Ceux qui étaient jeunes hommes ou jeunes femmes dans les années 70 ou en-deça et qui eurent l'occasion d'entendre s'exprimer des personnes sans aucune culture et vraisemblablement analphabètes peuvent en témoigner : ils entendaient des "j'avions rentré les foins"; "je m'ai tombé le soc de la charrue sur le pied"; "la pièce du père Martin elle est plus lointe d'ici que le chemin de fer". Tous les rustiques qui apparaissent dans les romans de George Sand vous le confirmeront: leurs discours de forme aussi cocasse que l'on puisse s'imaginer, demeurent intelligibles.

J'ajoute que, à l'oral, les cas d'analphabétisme "classiques", celui des campagnards qui avaient été trop tôt requis par leur famille pour s'adonner leur jeunesse entière aux travaux des champs, de telle sorte qu'ils avaient été entièrement privés d'école, étaient difficilement décelables, la régularité de l'expression masquant habilement la honteuse carence.

Nous sommes en présence d'un phénomène inédit : un quart de la population adulte de la France (un quart ? un tiers peut-être à présent qui sait ? ce ne sont évidemment pas nos socio-linguistes chercheurs au CNRS qui nous le diront) s'exprime sans aucune vergogne absolument comme des enfants de quatre ans, dont le babil, devenu totalement agrammatical, rendu à un stade inchoatif, perd sa fonction de communication la plus élémentaire: celle de rendre compte d'une séquence d'événements comme en fournit l'illustration l'histoire de l'autocar dans la bouche de cette jeune française qui ne donne pas particulièrement l'impression d'être une handicapée mentale.

Ne pas perdre de vue ceci : dans la France des campagnes que l'on disait alors "arriérées", les patois abondants, omniprésents, se savaient heureusement, respectueusement doublés par une langue nationale à laquelle tout le monde reconnaissait des vertus supérieures. Le rustique en était bilingue, peu ou prou. Cependant que le "parler des cités" est unique, exclusif, rien ne le double, ne le concurrence, il est, pour ses locuteurs, le sommet de la langue, comme du reste pour les hommes et les femmes politiques il l'est aussi, par démagogie, plaisir sadique de flatter l'inférieur, "politique culturelle", souci que rien n'échappe au filet des circonstances utiles au Grand Remplacement : "le parler des cités, mais c'est formidable, c'est le creuset où s'élabore le français de la France d'après, le français de demain etc." -- enfin toute l'antienne habituelle des Amis du Désastre qui s'accorde à merveille, très servilement, à la haute idée que se font d'eux-mêmes ces locuteurs du néant.
Citation
Jean-Marc du Masnau
C'est très curieux, cet usage multiple de dans, surtout à la place de par. Je n'ai jamais vu cela, ni entendu des choses de ce genre dans le français parlé. Etes-vous certain que le français est la langue maternelle de cette dame ?

Bonne question, M. du Masnau: la "rédactrice" est d'origine malgache. Pour autant, elle est diplômée en sciences humaines d'universités parisienne et marseillaise.
Pour aller dans le sens de Francis, il me semble en effet que la France des années 60 comptait de nombreuses personnes (pas forcément des ruraux) qui parlaient de façon parfois incorrecte, mais avec une syntaxe locale fixe. Un peu plus tôt (parution en 1950), le professeur Séguy expose cela très clairement dans "Le Français parlé à Toulouse", qui présente des tournures syntaxiques particulières (par exemple l'accord du participe après avoir, qui se faisait suivant la règle française, sauf lorsque le complément d'objet est éloigné, auquel cas la forme neutre (masculin) est utilisée, c'est un calque de l'occitan. Je n'ai pas le livre de Séguy sous la main, je n'ai donc pas son exemple en tête, mais ce serait quelque chose du style : la tarte que ma soeur a faite... la tarte que ma soeur (vous savez, celle qui habite à Lyon) a fait).
Pour tout vous dire, les diplômes en Sciences humaines (il y a donc des sciences inhumaines, sans doute celles que j'ai étudiées) m'inspirent la plus grande circonspection (notamment ceux de Toulouse-Mirail, je vois bien qui descend du métro à cette station, les profs de fac enseignant là sont môches à en pleurer (où est le temps de Séguy, de Lacombrade ?), aucune allure, des pouilleux).
Citation
Francis Marche
Ne pas perdre de vue ceci : dans la France des campagnes que l'on disait alors "arriérées", les patois abondants, omniprésents, se savaient heureusement, respectueusement doublés par un langue nationale à laquelle tout le monde reconnaissait des vertus supérieures. Le rustique en était bilingue, peu ou prou. Cependant que le "parler des cités" est unique, exclusif, rien ne le double, ne le concurrence, il est, pour ses locuteurs, le sommet de la langue, comme du reste pour les hommes et les femmes politiques il l'est aussi, par démagogie, plaisir sadique de flatter l'inférieur, "politique culturelle", souci que rien n'échappe au filet des circonstances utiles au Grand Remplacement : "le parler des cités, mais c'est formidable, c'est le creuset où s'élabore le français de la France d'après, le français de demain etc." -- enfin toute l'antienne habituelle des Amis du Désastre qui s'accorde à merveille, très servilement, à la haute idée que se font d'eux-mêmes ces locuteurs du néant.

Il est très vrai que la langue de référence, aujourd'hui, la langue valorisée, le beau langage, est en régime culturel petit-bourgeois ce qui vient "naturellement" dans la bouche des nouveaux bons sauvages. Nous savons bien que le naturel, c'est le stéréotype. Quel désir d'apprendre (d'être changé) peut bien émerger de ce narcissisme entretenu par les autorités ? Et quand un jeune individu courageux, à ses risques et périls, essaie de se cultiver pour de bon, il lui arrive de ne pas trouver bon accueil parmi les "profs" qu'il sollicite.
Je vois très bien Renaud Camus animant un atelier faire-ensembliste, et dynamisant un groupe de travail en sifflotant du Lutoslaswki, dans la joie, l'ineffable transport de créer enfin quelque chose ensemble, n'importe quoi ; gourou de la dynamique de groupe laborieuse et poïeutique, voilà une expérience inédite à tenter, ça irait du reste comme un gant à nombre d'In-nocents.

...et puis, avec l'esprit du Grand Escalier qui m'anime en permanence et me tient lieu d'armoiries, dans l'antichambre de la galerie des portraits d'ancêtres, je tiens à vous faire savoir, cher Monsieur Eytan, que Renaud Camus ne sifflote jamais du Lutoslaswki, jamais, mais qu'en revanche, lors de ces ateliers, il lui est arrivé de chanter, d'une belle voix de ténor d'après-boire


Gloire au 17ème en duo avec votre serviteur. C'est authentique. Il y a des témoins.

Quant à la poïétique, je vous engage à relire la préface de Hugo à son Cromwell, ou bien encore de ces études précieuses sur la dichotomie valéryenne esthésie/poïesie, telle celle-ci que l'on doit à Véronica Estay-Stange, voire, si vous ne vous l'interdisez point, certaines recherches sur le travail, en marge et autour des enseignements et pratiques de Gurdjieff et de ses "idiots" de Fontainebleau.
Tiens étonnant de voir cité Gurdjieff en ces lieux (?)...
Une danse sacrée n'est pas un danse mais un mouvement (cf. l'étude de V. Estay-Stange dont la conclusion ouverte porte sur le mouvement).

Symétrie cachée 6, prière n°39 (Taipei, 2008)





Travailler à nulle autre fin que celle de dépouiller son esprit de ses défauts -- se travailler, se polir l'esprit dans et par l'ouvrage (Hugo, Préface à Cromwell):

L’auteur de ce livre connaît autant que personne les nombreux et grossiers défauts de ses ouvrages. S’il lui arrive trop rarement de les corriger, c’est qu’il répugne à revenir après coup sur une chose faite. Il ignore cet art de souder une beauté à la place d’une tache, et il n’a jamais pu rappeler l’inspiration sur une œuvre refroidie. Qu’a-t-il fait d’ailleurs qui vaille cette peine ? Le travail qu’il perdrait à effacer les imperfections de ses livres, il aime mieux l’employer à dépouiller son esprit de ses défauts. C’est sa méthode de ne corriger un ouvrage que dans un autre ouvrage.
Citation
Francis Marche
Travailler à nulle autre fin que celle de dépouiller son esprit de ses défauts -- se travailler, se polir l'esprit dans et par l'ouvrage (Hugo, Préface à Cromwell):

L’auteur de ce livre connaît autant que personne les nombreux et grossiers défauts de ses ouvrages. S’il lui arrive trop rarement de les corriger, c’est qu’il répugne à revenir après coup sur une chose faite. Il ignore cet art de souder une beauté à la place d’une tache, et il n’a jamais pu rappeler l’inspiration sur une œuvre refroidie.

La première partie de la citation dit autre chose : l'auteur semble croire que l'inspiration est nécessaire à la correction des défauts, alors que d'autres auraient dit que du travail (littéraire) suffit. C'est ce même préjugé romantique que Valéry, un siècle plus tard, signalait chez les surréalistes, qui "trouvaient sacré le désordre de leur esprit" en refusant de revenir sur leurs textes "spontanés". Paradoxalement, ils avaient publié dans leur revue son "Cantique des colonnes". On peut aussi remarquer ceci : pour Hugo, le défaut est partie intégrante de la venue de l'oeuvre, et revenir dessus après coup, c'est risquer de rompre l'harmonie première de ce qui a jailli. Justement les poèmes de Valéry, qui semblent se refuser toute faiblesse, atteignent parfois une densité, une altitude d'écriture où l'on étouffe, tant ils opposent leur perfection au lecteur.
En l'occurrence Hugo souligne la disharmonie première mais faire oeuvre implique que l'ouvrage suivant corrigera les traits disharmoniques ou les aspérités sans y opérer de reprise de couturière ("souder" du beau sur une tache). De la chaîne d'ouvrages impurs naît une forme d'oeuvre intègre et intégrale, qui révèle que les impuretés premières étaient nécessaires à la vue d'ensemble finale, objet ultime du travail. Oui, c'est sans doute une vision romantique -- la critique à bon droit a fait de cette préface un manifeste romantique, un manifeste du drame romantique -- mais cela dit aussi que l'auteur oeuvrant affine et polit sa lyre, son esprit au contact de ces aspérités, en les y laissant, et fait de l'oeuvre tout entière (donc la part d'oeuvre à venir) le sommet invisible de l'ouvrage en cours; le travail de taille perpétuelle et perpétuellement grossière et la magnitude de cette entreprise occultent ce sommet, seulement visible et seulement harmonique du point de vue de la postérité.

Cette "méthode" vaut probablement aussi pour la composition musicale, l'oeuvre musicale savante des deux derniers siècles.
15 août 2013, 21:50   Dans le tunnel
Impossible de retrouver ce passage du Journal de Kafka ou est évoqué, en plein travail d'écriture (il s'agissait je crois du Verdict), le mode ichtyen de la création : le monde de l'auteur s'étrécit au point de se réduire aux muets mouvements buccaux du poisson surnageant à peine dans son bocal, n'y voyant plus rien au-delà d'une seule phrase en étouffoir, ou même d'un mot...
La "vue d’ensemble", l'Œuvre, le perfectionnement de l'esprit, ah !
15 août 2013, 22:28   Re : Dans le tunnel
ah quoi ?
Utilisateur anonyme
31 août 2013, 11:01   Re : Dans le tunnel
La dernière tribune en date de notre président sur Boulevard Voltaire : « Se regrouper pour dire non au grand remplacement »
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