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Des taureaux morts au champ d'honneur ?

Envoyé par Serge 
22 décembre 2011, 09:25   Des taureaux morts au champ d'honneur ?
Pierre Henri,
Moi qui suis très impliqué dans le monde équin et depuis fort longtemps, je puis vous assurer que le caparaçon n'empêche nullement que chaque année, de façon récurrente, des chevaux sortent les tripes au vent de nos arènes. Mais la blessure du cheval peut, à la rigueur, être perçue comme accidentelle, que d'autres nommeraient dommage collatéral.

Vous nous dites : "Néanmoins, la vocation d'un taureau est de mourir sous les crocs d'une meute de loups. Sauf erreur, il arrive qu'un renard accélère l'agonie d'un vieux cerf en l'étripant. "

Vous ne vous trompez pas. Mais cette assertion me paraît souffrir non pas une, mais plusieurs objections.

La première concerne la notion de "vocation".

L'humain, en 2012, a la maîtrise quasi absolue des "vocations animales". Il décide dans quelles conditions l'animal est en droit d'exister, où le laisser paître, où l'élever, où l'interdire et où le protéger. L'animal n'est par lui-même plus "appelé" nulle part que l'homme n'en ait posé décret.

Il y a belle lurette par ailleurs que dans la plupart des pays d'Europe les taureaux ne meurent plus sous les crocs des loups pour la bonne raison que les meutes lupines y relèvent de l'anecdote voire du fantasme. En France, dans ce sud-ouest qui réhabilite la corrida, vous me permettrez cette remarque ironique qu'il y a beau temps que nous n'en croisons plus !

Hé puis, déchirer un taureau ou un cerf en retardant sa mise à mort dans le dessein de prolonger une agonie-spectacle n'est pas à ma connaissance le fait du loup ni du renard.
Certains prédateurs, il est vrai, les orques avec les otaries, plus près de nous le chat et la souris, s'amusent avec leur proie avant de leur donner le coup de grâce. Mais rien ne nous autorise à penser qu'ils soient conscients de la souffrance infligée. Une cruauté dont je me refuse, en revanche, à donner quitus à l'être humain (fût-il un adolescent issu d'un quartier sensible, si vous me permettez ce clin d'oeil à ces actualités qui nous affligent). Le fait de cruauté, dans mon esprit, exige cet ingrédient indispensable qu'est la conscience.

Je suis réfractaire, vous l'aurez compris, au mêlange des genres : une souffrance objective, et presque quantifiable à qui s'y attache avec un minimum d'attention, infligée de manière gratuite, à partir de laquelle, bien sûr, il sera loisible à de beaux esprits de broder une symbolique sophistiquée affublée d'une improbable noblesse ; littérature romanesque ; théâtralité mystique de la mort donnée ou reçue et toute la thanatologie qu'on veut y voir ; ce qui me heurte, disais-je, dans tout cela, c'est qu'on finirait bien par en oublier l'essentiel, ce par quoi l'homme se veut distinct de l'animal, se veut civilisé, maître de ses instincts ou si l'on veut de ses passions : lieu commun de la réflexion philosophique depuis l'Antiquité qui devrait bien nous conduire à cette conclusion, avec quelque objectivité, que la corrida flatte l'animal plutôt que l'homme, les bas instincts plus que la civilité.

Hélas pour les aficionados, la corrida n'abolit pas l'humain en l'homme. Elle invite la conscience à marquer une pause. Mais ce sont bien des humains qui sont au spectacle. La cruauté demeure derrière la fête et la responsabilité de pair.
Le taureau est une bête stupide et cruelle comme l'est le destin des hommes, enfin, ceux qui sont dignes d'en avoir un et d'être la proie de sa cruauté ou d'être par elle visés. La corrida rappelle aux hommes cette part essentielle qui fait défaut aujourd'hui à la majorité d'entre eux: le destin existe, le destin choisit son homme, vise les cojones, il est fort, implacable et bas comme le front du taureau qui charge. La corrida est ainsi porteuse d'un enseignement vital; elle est tout opposée à ce que vous nommez à tort thanatologie.

Bien. Ayant posé cela, que l'on sache que je ne suis pas afficionado. Ce sujet a été traité ici de multiples fois. Il n'y a rien de plus moche et écoeurant qu'une corrida ratée. Mais retenez bien Serge, que la mort n'est pas le sujet de la corrida: le jeu, le risque, l'adresse face à la mort, le triomphe de la vie face à ce qui part pour la détruire, le sont. Si la tauromachie était une thanatologie, Serge, comment expliqueriez-vous l'existence dans tout le midi de la France de jeux taurins où l'on risque sa vie, ou une grave blessure, sans sacrifice de la bête ? Comment expliquez-vous l'existence d'abrivados, où c'est la bête qui risque de tuer (et qui, tous les ans, à Pampelune, tue) absolument sans contrepartie ni rétribution, sans combat, des hommes, contre elle ?

Il existe des corridas à cheval, les novilladas, plus esthétiques et moins "bouchères" que les corridas à pied, où certaines femmes excellent. Avez-vous assisté à certaines d'entre elles ?

Que savez-vous de la tauromachie Serge ? En quoi la connaissance des chevaux vous donne autorité pour vous prononcer sur l'art tauromachique ou seulement nous parler biauou (*)?


(*) taureau, en Arles
N'avons-nous pas d'autres chats à fouetter ?
Bien sûr que si Rogemi: tenez, les souffrances des bêtes exécutées hallal, par exemple.
Je ne voulais pas relever le défi mais ... Je signale que j'ai d'autres textes dont un d'Ernst Jünger en faveur de la course mais je choisis celui-là. Je présume que de nombreux liseurs vont être scandalisés.

Extrait du journal d'exil. Jean Brune.

10 novembre 1961. La course.

C'est toujours le même spectacle dont j'avais gardé comme un éblouissement gravé dans la mémoire. J'ai parlé de fête. C'est une cérémonie rituelle. Un office. Et les costumes colorés, la lumière, les cris, les mouvements ne sont rien. Si l'on s'attarde à les décrire, on se distrait dans le détail et l'on perd l'essentiel. Et l'essentiel, c'est le drame venu du fond des âges dont on donne, dans l'arène, une représentation symbolique, non pas avec des symboles grossiers car alors la cérémonie perdrait son caractère rituel pour se ravaler à l'échelle du théâtre, mais à travers le prétexte du spectacle, en invitant l'homme à jouer lui-même sa propre tragédie secrète en filigrane du combat du matador et du taureau. Et c'est cette invitation qui fait le prix et la beauté de la course et l'élève au rang d'un mystère. Le taureau, c'est le monstre, c'est le mal, c'est le destin hostile, c'est ce qu'Abellio appellerait peut-être l'extra-monde, celui qui pèse sur nous comme une plaie douloureuse et une menace. Ce n'est pas pour rien que son image a traversé les âges à la suite de la malédiction jetée à l'homme. Il est le résumé de tous les dieux au rictus horrible que les générations dispersées à l'Orient et au couchant du monde n'ont jamais cessé de tenter d'exorciser par des sculptures ou des sacrifices de sang, et ce dragon dont l'effroi qu'il inspire est peut-être la seule constante de l'histoire, parce qu'il a vécu au secret du cœur des milliards d'hommes qui se sont succédé depuis la naissance des choses; l'Espagne s'offre à le tuer chaque dimanche en lui jetant en défi la vie des matadors. C'est l'éternel mystère: la vie de l'homme offerte pour que soit égorgé le mal. Comment les foules ne se rueraient-elles pas au spectacle du sacrifice? Elles se vengent chaque dimanche, dans le sang du taureau, du destin hostile qui les tient à la gorge. Et portées par la consolation que leur verse cette vengeance gigantesque et dérisoire, elles rentrent la bouche moins amère, pour une semaine, dans l'échec de la vie où le taureau gagne toujours. Et de cette cérémonie de géant, l'Espagne a fait comme d'habitude un spectacle saisissant de dépouillement. Tout paraît simple. C'est une danse, l'art suprême qui exprime et résume tous autres. J'entends dire " la pauvre bête ". Renvoyez ceux-là qui le disent aux fesses de cette fille qui s'apitoyait sur la mort des animaux aux abattoirs. Vous me direz si cette contemplation les grandit davantage. Les Espagnols ont mis face à face un jour, dans l'arène, un.tigre et un taureau. C'est le taureau qui a tué le tigre. Pour le reste, il n'est jamais mort autant d'hommes que de nos jours, ni dans de plus atroces souffrances et il pèse sur les survivants une menace apocalyptique. Mais telle est l'hypocrisie du monde que l'on se garde en général de protester parce qu'il faudrait prendre part aux batailles qui se livrent; et l'on préfère adoucir la mort des animaux que l'on ne cesse pas de manger pour autant. C'est la mort elle-même que les Espagnols tentent de tuer dans le taureau...
Rêve millénaire, qui fera encore longtemps rêver.
"En quoi la connaissance des chevaux vous donne autorité pour vous prononcer sur l'art tauromachique ou seulement nous parler biauou (*)? "

Peut-être, cher Francis, en ce que né dans le midi et fréquentant régulièrement des éleveurs et des dresseurs de chevaux PRE et portugais, Alter real, Andrade, Ortigao Costa ou Veiga ainsi que des cavaliers de tauromachie dont je ne citerai pas les noms ici par pur respect mais chez lesquels il m'arrive plus qu'à mon tour d'être convié à juger des épreuves de dressage classique ou d'équitation de travail, ce depuis bientôt 30 ans, mon avis n'a certes pas valeur de dogme mais n'est pas non plus celui d'une cruche écolo déblatérant sur un monde dont elle ignore tout. Parmi ces gens que je compte parmi mes amis certains torréent, cher Francis.

Je n'ai pas très bien saisi ce qui, dans votre présentation des faits, interdit de regarder la corrida comme une un discours autour de la mort. N'hésitez pas à y revenir si le coeur vous en dit.

Quant à assister à une corrida, n'y songez même pas. Je suis navré, Francis, mais je n'ai pas le goût des jeux du cirque, même présentés sous la forme d'un art et même à présenter le taureau sous la forme d'un être stupide et bas du front. Peut-être l'est-il, certainement, d'ailleurs, mais il n'est certainement pas cruel pour les raisons que j'ai exposées plus haut.
Vous condamnez un "cirque" auquel vous n'avez jamais assisté. Dont acte. Pour ma part je ne condamne que les cirques auxquels j'ai eu l'occasion d'assister.

Peut-être l'est-il, certainement, d'ailleurs, mais il n'est certainement pas cruel pour les raisons que j'ai exposées plus haut

Avez-vous déjà vu un taureau s'acharner à coups de cornes sur un homme ou une bête à terre, cher Serge ? Non, bien sûr, sachant vous ne fréquentez pas ce cirque et que vous n'avez nul besoin de vérifier vos affirmations de visu, puisque vos convictions suffisent. Fort bien.

Je ne comprends pas que vous ne compreniez pas ce que je vous ai écrit plus haut qui invalide la prétendue "dimension thanatologique de la corrida". Je ne comprends pas que lorsqu'on vous rappelle que le jeu d'adresse avec le taureau existe à l'intérieur comme à l'extérieur du régime sacrificiel, vous continuiez d'être obnubilité par la dimension essentiellement thanatologique que vous prêtez abusivement à ces jeux dont la corrida n'est à l'évidence qu'une forme extrême.
"Vous condamnez un "cirque" auquel vous n'avez jamais assisté. Dont acte. Pour ma part je ne condamne que les cirques auxquels j'ai eu l'occasion d'assister."

Francis, je n'ai jamais assisté au viol d'une femme, à un attentat terroriste, à une tuerie, et pourtant je me permets de les condamner, voyez-vous ! Votre argument n'a rien de définitivement convaincant à mes yeux.

Je regrette le ton inutilement agressif sur lequel vous me répondez, de même que de vous voir répondre à ma place aux questions que vous posez ( "Avez-vous déjà vu un taureau s'acharner à coups de cornes sur un homme ou une bête à terre, cher Serge ? Non, bien sûr..."). Si nous avons l'occasion de nous rencontrer un jour je me ferais une joie de vous montrer que je connais pour les avoir vécues de près pas mal de situations concrètes avec des animaux, en élevant moi-même.

Je vous ferais par ailleurs aimablement remarquer qu'il n'est nullement nécessaire de se trouver dans une arène pour voir qu'un animal échaudé puisse s'acharner sur un homme à terre, et pas seulement sur un homme d'ailleurs. Ce sont des situations que les éleveurs, dont je suis, sont souvent les témoins.

Quant à l'aspect thanatologique de la corrida, il y en aurait sans doute beaucoup à dire mais pour l'heure j'ai à faire. J'en rediscuterai volontiers avec vous.
Si vous mettez en parallèle la corrida, activité réglementée, absolument légale, ressortant à une coutume ancestrale qui s'inscrit en continuité avec des jeux taurins qui font le divertissement saisonnier de milliers et de dizaines de milliers de familles dans tout le quart Sud du pays ou presque, d'une part et "le viol d'une femme", d'autre part, je pense que cette conversation n'aura plus lieu d'être reprise entre nous, et qu'elle a assez duré, je pense aussi que vous devriez vous intéresser à la candidature et au programme de Mme Eva Joly, philosophiquement beaucoup plus proche de vous que tout autre homme ou femme politique du moment.
Serge n'a pas tort sur ce point, ce serait quand même un comble de devoir participer aux actes que l'on juge condamnables avant que de se permettre de les condamner moralement.
Le parallèle est effectivement outrancier et je vous prie de m'en excuser.
J'ai rédigé, il est vrai, à la hâte et un peu agacé, je l'avoue, que vos réponses répondent moins aux arguments que j'ai exposés qu'elles ne se sont efforcées d'emblée de semer le doute sur mes intentions ou sur mes connaissances du sujet évoqué. Me suis-je permis la moindre attaque personnelle à votre encontre, Francis ? Vous aurais-je, sous prétexte que je ne partage pas vos convictions, taxé d'ignorance ? Me serais-je permis de vous discréditer ? Le cas échéant, je vous en prie, dites-le moi.
Pourquoi donc éludez-vous les points sur lesquels je m'efforce d'attirer votre attention et en guise de réponse vous permettez-vous de me soupçonner d'être un écolo sectaire ?
Oui, de fait, je trouve vos arguments fallacieux et foncièrement de mauvaise foi.
Fallacieux quand vous omettez, décrivant le taureau qui s'acharne sur l'homme à terre, par exemple, d'évoquer le contexte dans lequel intervient ce genre d'incident. Le taureau s'acharne-t-il parce qu'il est "cruel" ou parce qu'arraché à son environnement habituel il se retrouve brutalement désorienté, plongé dans un environnement étranger, bruyant, face à lui un bipède qui s'agite et le provoque, fût-ce par jeu, toutes circonstances génératrices de stress chez un animal qui ne comprend pas ce qu'on attend de lui et se sent agressé ?
De mauvaise foi lorsque vous évoquez les jeux taurins, la course à la cocarde qui n'étaient nullement l'objet de mon intervention première.
Sans un minimum d'objectivité de votre part, en effet, cette discussion ne nous mènera nulle part.
Utilisateur anonyme
23 décembre 2011, 07:39   Re : Des taureaux morts au champ d'honneur ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Splendide race portugaise, en effet, trempée dans le sang. C'est l'un de ses représentants, Soante, du fait même passé à la postérité dans le monde équestre qui, il y a de cela quelques années, a eu le "privilège" de désarçonner le maître écuyer portugais Nuno Oliveira, hélas décédé alors qu'il animait un stage en Australie et dont j'ai eu l'immense honneur de recevoir les enseignements. C'est Soante que l'on aperçoit sur la couverture des Souvenirs d'un écuyer portugais, l'une des dernières oeuvres publiées par Oliveira.
Utilisateur anonyme
23 décembre 2011, 10:14   Re : Des taureaux morts au champ d'honneur ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Le reportage passé avant hier soir sur Equidia au sujet de l'école portugaise était particulièrement intéressant.

École française, autrichienne, espagnole, portugaise sont à mes yeux les seules écoles qui vaillent. Existe-il une école allemande ?
Il existe une académie équestre à Warendorf. Y sont organisées des formations destinées aux enseignants dans les disciplines olympiques en partenariat avec l'ENE de Saumur mais à ma connaissance rien de comparable avec la tradition telle qu'elle s'exprime et se perpétue à Vienne, Saumur, au château de Queluz ou à Jerez de la Frontera.
Je croyais que les Pays Bas tenaient leur rang, j'ai en tête ce concours de dressage dont j'avais mis la vidéo ici même.
Parlez-vous du CDIO de Rotterdam ?
Pour ce qui concerne l'Allemagne, si vous entendez par "école" une académie comparable à Saumur, ma réponse serait négative. Si en revanche vous parlez d'une tradition en dressage classique, je vous répondrais par l'affirmative, les Allemands ayant couplé, et depuis fort longtemps, une sélection rigoureuse de chevaux de dressage puissants, forts de cadences métronomiques aux trois allures et d'un tempérament qui les rend spécialement aptes aux rudesses de la discipline à des techniques d'entraînement de haute vertu, si bien qu'ils caracollent en tête des classements dans les compétitions internationales. Les Pays bas tiennent leur rang grâce à des cavaliers de grand talent au premier rang desquels la très efficace Anky van Grunsven.
Citation
si bien qu'ils caracollent en tête des classements dans les compétitions internationales.

J'allais le dire ...
Efficace, c'est le mot :


Si je puis me permettre, cher Marc, le phénomène du moment est Totilas monté par Edward Gal. Je ne parviens pas à rapatrier ici la vidéo de sa finale de coupe du Monde ou des Jeux équestres mondiaux, je ne me souviens plus, à 92 % et des poussières de moyenne, records précédents pulvérisés. C'est une pièce d'anthologie. Elle est sur YOU Tube, vous nous feriez un immense plaisir à mettre ici en ligne cette vidéo qui montre un couple d'exception, à mes yeux le meilleur représentant d'une équitation qui allie l'efficacité germanique à l'équitation de légèreté dans la grande tradition française. A couper le souffle !
Utilisateur anonyme
23 décembre 2011, 16:13   Re : Des taureaux morts au champ d'honneur ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
23 décembre 2011, 16:43   Re : Des taureaux morts au champ d'honneur ?
Serge,

trouvez ici mon soutien. Non seulement vous dites des choses bonnes mais encore vous les dites bellement !




(un peu d'efficacité anglaise pour les amateurs -- ceux qui ne goûteraient pas l'humour gaulois pourront ignorer cette séquence)
Allez Joyeux Noël et Bonne Saillie à tous et à toutes. Je n'interviendrai plus sur ce fil (du rasoir) ni sur les autres jusqu'à l'an qué vint.

Et bon boudin ! (comme disait une Anglaise de mes amis qui, mariée à un Marseillais depuis vingt ans, n'entendait toujours pas le voeu que s'échangent les Provençaux en français à ce moment de l'année: "bon bout d'an")

Merci mille fois, Didier pour cette magnifique vidéo. Concernant votre remarque sur l'efficacité allemande, que répondre...Oliveira n'êut pas mieux dit ! Le thème nourrit d'incessantes controverses bien au-delà des frontières du monde équestre. Les sensibilités s'y expriment avec passion pour ne pas dire les âmes au fil d'un débat pluriséculaire, millénaire, même. En creusant bien, on en retrouverait trace en remontant sans doute jusqu'au palais d'Aachen et jusqu'aux Francs saliens.
Manuel-Antoine, je croise ici des plumes infiniment plus élégantes et affutées que la mienne mais votre petit mot me touche et je le reçois sans déplaisir.
Pourquoi avoir écrit vouloir conserver la tauromachie malgré tant de réserves et de doutes ? La question se pose plus crûment encore pour la chasse à cours. L'approbation de la nature qu'elle implique excède ce que mes nerfs et l'amour tolèrent. Pourtant, la chasse à cours soulève aussi son propre dilemme. Pourquoi domestiquer les chiens ? Pour courir les bois derrière la meute ou pour recouvrer la parole ? je veux dire ravaler les chiens au nombre des humains, adopter leur soi-disant point de vue, rendu débile et factice, pour s'autoriser un jugement sur le monde ?

Je cherche le levier le plus économe de sang pour contenir la niaiserie. Comment surmonter le dilemme du vitalisme dans la nature ou de l'hébétude hors de la nature pour se hisser au dessus de la nature ? Comment surmonter la terreur et la pitié pour aimer, libre ? La violence sera confinée dans une stricte exception, limitée en nombre, réglée dans les gestes et les symboles. La mort du taureau sera sacrée ou scandaleuse, le taureau sera le destin ou la victime innocente. Par contre, seront interdits les combats de chiens, de coqs et la chasse à cours. Les plaques en hommage aux savants tortionnaires de laboratoires seront déboulonnées.

Cher Serge, n'exagérez pas ses responsabilités, l'homme est loin d'avoir domestiqué le monde animal. Le ressort de l'humaine administration sur les animaux est ridiculement réduit. Au fond des océans, les baleines se font dépecer comme des oranges sans qu'aucun humain n'en sache rien ou s'en fasse reproche. Personne ne sait seulement ce qui se trame sous les eaux de la Seine. Aux yeux des insectes, l'homme est un détail. Ce n'est pas se payer de mots que de considérer qu'un taureau rendu à la nature est rendu aux crocs des meutes affamées. D'ailleurs, que les siècles soient passés n'efface pas la mort toujours présente des taureaux d'hier selon les lois impitoyables de la nature.
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