« « Gill, caricaturiste mordant et très populaire du Second Empire, avait renoncé à s’engager dans le mouvement insurrectionnel de 1871. Le calme revenu, considérant son rôle d’opposant comme révolu, il se consacre à la peinture. La perte d’un enfant, la frustration de voir son tableau
Le Fou mal exposé au Salon déterminent plusieurs épisodes délirants qui l’envoient à l’asile. Il mourra à Charenton en 1885.
[Voici comment Jules Vallès interprète ce destin (les découpages dans la citation sont de l’auteur de l’essai) :]
« S’il pouvait, ce décapité qui fut mon ami, s’il pouvait, quoi qu’en aient dit les médecins, retrouver la raison, je lui conterais comment, malgré la douleur et la misère, on ne devient pas fou – tandis qu’on peut perdre la tête dans le bonheur et la gloire ! […]
En tout cas, bourreaux ou victimes, tous ceux qui vivent des sensations de la place publique, ceux-là durent longtemps, gardent le cerveau frais, l’esprit ferme, qu’ils s’appellent Dufaure ou Blanqui, Senard ou Raspail. – La fièvre de la lutte les tient debout et droits jusqu’à ce qu’ils s’écroulent comme des arbres ou qu’on les tue ; les coups de lance qu’on leur porte les clouent à la vie au lieu de les pousser dans la mort.
[…] Il faut prendre parti. Il ne le voulut pas, il repoussa tous les képis et se contenta de coiffer le bonnet de l’artiste. Le bonnet s’est resserré sur ses tempes et est devenu la coiffure d’un galérien de Sainte-Anne ! » »
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L’homme qui se prenait pour Napoléon de Laure Murat (2011)