Le site du parti de l'In-nocence

Gabriel Matzneff, les écologistes et l'islam

Envoyé par Patrick Andrew 
Je conseille vivement la lecture du dernier billet de l'excellent Gabriel Matzneff dans "Le Point", "Pourquoi les Verts aiment les mahométans".
Tentative de réponse à un intervenant du Point s'interrogeant sur le pourquoi de l'affinité entre EELV et l'islam (déposée sur LePoint.fr mais probablement "modérée"):

Les raisons sont politiques : les Verts sont une formation politique nouvelle qui cherche sa place sur l'échiquier (à 2% des suffrages exprimés, on "cherche encore sa place"); or cet échiquier est verrouillé depuis des lustres par deux blocs qu'il est inutile de présenter; leurs bases électorales, avec quelques fluctuations, sont fixes (à preuve, les 2% qu'il reste aux Verts). Les Verts ont alors recours à la plus vieille stratégie politique du monde : promouvoir l'essor d'une clientèle d'importation, se faire "parti de l'Etranger" pour enfoncer un coin politique et se faire une place sur l'échiquier, aménager sur cet échiquier un espace nouveau correspondant à une base électorale d'identité nouvelle. Ce parti nouveau qui ne trouve pas à s'implanter doit promouvoir un peuple nouveau qu'il aura quelque chance de représenter en exclusivité, une civilisation nouvelle dont il pourra sa faire le porte-étendard (ce qui tombe bien : le vert est la couleur de l'étendard mahommétan); l'amour des Verts pour le mahométisme est politique (à tel point que l'on a vu certains de ses candidats à des consultations électorale utiliser le calendrier de l'Hégire pour désigner l'année 2012, sur leurs affiches électorales!) et il possède un fondement stratégique opportuniste et non esthétique ou philosophique: si la composante migratoire dominante en France était celle des Adorateurs de l'oignon, ou des Enfants de Belzébuth, l'on verrait nos Verts agiter des chapelets d'oignons ou parader avec des couvre-chef bucéphales, et promouvoir les droits des Adorateurs de l'oignon ou ceux des Enfants de Belzébuth dans tous les forums et les instances politiques nationales, seule espérance leur restant de représenter enfin des citoyens. Les Verts étant sans espérance politique, leur seule issue est de devenir un parti identitaire, et comme les formations politiques identitaires françaises occupent déjà le terrain autochtone; il ne leur reste plus qu'à en trouver un d'importation. Simple non ?
Il est écrit ci-dessus : et comme les formations politiques identitaires françaises occupent déjà le terrain autochtone ... Ma foi, ce serait trop beau ! Il faudrait déjà, toute petite entreprise, que le Cartel des Non arrive à redistribuer les cases de l'échiquier où tout nouveau venu est condamné à séduire au mieux 2% de l'électorat, comme les Verts.
Je pensais au FN ou au Rassemblement Bleu Marine, qui ne sont pas à 2%.
Avez-vous un lien ? Je ne trouve sur le site du Point de texte de Matzneff que sur les obsèques de Vergès.
Cher Francis Marche, vous avez absolument raison. Sauf qu'entre le programme des Verts (EELV) et des Verts (islamiques), il y a un gouffre. Et un jour ou l'autre ces Verts (EELV) devront bien choisir leur camp.
à ce dilemme, Gabriel Matzneff apporte déjà quelques éléments de solutions : les verts de EELV se feront mahométans tendance Arabie heureuse. Le mahométisme, comme le trotskysme à sa grande époque, admet les tendances, quitte à ce qu'elles s'entr'égorgent. Aucun incompatibilité donc, aucune "nécessité de choisir", et du reste, le mahommétisme est à sens unique : on n'y fait pas machine arrière, pas davantage que dans Faust; on n'y exprime aucun choix, seulement des préférences, des tendances, des penchants, des styles divers, où le talibanisme et la burqua ne sont pas exclusifs. Notre Duflot nationale incarne déjà le mahométisme français de demain, cool, moderniste, irréversible, avec quelques tabous (alimentaires notamment) infrangibles et pour le reste mille variations personnelles. Duflot montre que dans la France de demain, on pourra être écolo-muzz et sympa.
Le lien ne fonctionne pas, il semble que l'article ait disparu du site du Point.
Je m'attendais à ce que mon commentaire soit "modéré"; je ne m'attendais pas à ce que Le Point supprime le billet de Matzneff. C'est pourtant ce qu'ils viennent de faire.

Voici le texte du billet de Matzeneff, par chance copié-collé avant sa disparition du site du Point:

Par GABRIEL MATZNEFF
À la une du Point.fr

Les gens de droite sont volontiers surpris par le contraste existant entre l'hostilité à peine voilée (ou ostensiblement dévoilée) des Verts au christianisme et leur manifeste amour du mahométanisme. Un amour qui parade ces jours-ci à Marseille, où les écologistes réagissent passionnément aux propos qu'ils tiennent pour "islamophobes" du ministre de l'Intérieur.

N'étant de droite qu'à mi-temps, je ne suis pas le moins du monde étonné de ce que les Verts soient affectionnés à l'islam. Les Verts sont en effet les héritiers directs des soixante-huitards, les gardiens de nos valeurs anarchistes et libertaires ; et s'ils aiment les barbus à turban, c'est parce qu'ils considèrent avec raison que l'islam est une religion du plaisir : leur modèle politique, éthique, est le tener Arabs, l'Arabe voluptueux que célèbre Tibulle.

Les Verts, m'objectera-t-on, citent rarement Tibulle. Certes, mais il y a une explication à cela. Les poètes grecs et latins, ça fait un peu réac, et lorsqu'on a des ministres dans le gouvernement Ayrault, et un président de la République qui se fout éperdument de tout ce que recouvre le mot "culture" (sur ce point, nous devons lui reconnaître le mérite de la franchise), des progressistes ne peuvent pas trop se permettre de publier leur attachement à Théocrite, Anacréon, Tibulle, Horace ou Ovide.

Un prix pour la plus belle paire de moustaches

En revanche, les poètes érotiques de la tradition mahométane, Omar Khayyâm, Abou Nawas, on peut les citer, se référer à eux, sans craindre de perdre le précieux label d'"intellectuel de gauche". Ils sont musulmans donc blanc bleu. En outre, ils sont homosexuels, leur thème d'inspiration cardinal est l'amour des jeunes garçons et en ce bel été 2013, où les moustachus de France et de Navarre se bousculent aux portes des mairies pour y convoler en justes noces, c'est une raison supplémentaire de les lire, de les déclamer. J'ai un proche ami qui participe à ces journées marseillaises et vertes, il devrait suggérer à ses camarades de créer un prix Abou Nawas qui récompenserait la plus belle paire de moustaches.

Oui, les Verts, héritiers directs des soixante-huitards. Nous sommes nombreux à garder un souvenir ému de cette historique manifestation contre la pollution organisée en 1972 par Mouna, le père spirituel des futurs Verts, dont le cri de ralliement était : "Pouah, ça pue ! des vélos, plus d'autos !" où la fine fleur des végétariens Peace and Love défila à bicyclette de la porte Dauphine au bois de Vincennes, se castagna avec les CRS ("CRS, SS"), place de la Nation.

Le Bouddha-Mahomet, c'est kif-kif bourricot

À l'époque, pour dire vrai, notre maître à penser n'était pas Mahomet, c'était Ohsawa, l'auteur du Zen macrobiotique, et nous préférions le riz complet (dont nous mâchions cinquante fois chaque bouchée) au couscous, car, comme nous disions alors, "le riz, c'est Bouddha".

Le temps passe, les modes changent. Hier, le Bouddha, aujourd'hui, Mahomet, c'est kif-kif bourricot. Car, au fond, la seule chose importante, si l'on veut être un vrai Vert, un homme de gauche garanti pur sucre, c'est que ce ne soit pas la Sainte Vierge.
Francis, suivons votre hypothèse et supposons une tendance dans une religion traditionnelle, tendance particulièrement écolo-compatible, gay-compatible et tolérant-compatible et, surtout, devenant majoritaire (du moins en Europe) parmi ses adeptes, avec partout des Duflot voguant joyeusement avec leurs valeurs progressistes ; dans ce cas hypothétique, il n'y aurait pas de frictions "sociétales" entre les adeptes et la société.
Les frictions viennent de ce que, au fond, il y a bien une essence aux mouvements idéologiques, religieux, etc., qui ne sont pas extensibles, et si tactiquement il existe des moments de convergences possibles entre disons des partisans du mariage gay et des partisans de l'éventuelle lapidation des gays, ces convergences ne sont pas tenable stratégiquement.
Les frictions viennent de ce que, au fond, il y a bien une essence aux mouvements idéologiques, religieux, etc., qui ne sont pas extensibles, et si tactiquement il existe des moments de convergences possibles entre disons des partisans du mariage gay et des partisans de l'éventuelle lapidation des gays, ces convergences ne sont pas tenable stratégiquement.

Je crois bien avoir précisé que la coexistence de "tendances" au sein de l'islam politique n'excluait nullement l'entr'égorgement musulman-musulman, comme le mahométisme nous en fait la démonstration quotidienne depuis des lustres dans quinze pays au moins, quels que soit ces derniers à tout moment et selon les circonstances du temps.

Du reste ne serait-il pas temps que les philosophes du Forum, dont il m'a paru que vous étiez, cher Loïk Anton, se penchassent sur ce phénomène : l'irréversibilité de la conversion et l'unité fondamentale de l'Oumma qui n'admet que des tendances et jamais de sortie de l'état initial par évolution, révolution ou involution que pourraient permettre la dialectique et le logos, le choix de pensée raisonné (le libre choix d'une sortie de l'Oumma qui s'opèrerait par la voie de l'examen de conscience ou de la disputatio) -- cette irréversibilité faustienne et cette immarcessible unité peuvent-elles aboutir à autre chose un jour qu'à cette perpétuelle tension sans résolution autre que celle qu'apporte la violence sanguinaire se déchaînant au sein même de l'Oumma ?

Il n'y aura jamais friction en effet, cher Loïk; il y a aura le prévisible et classique entr'égorgement islamique entre muzz sympas et muzz pas sympas. Simple non ?
Gabriel Matzneff n'a pas la tête politique, c'est ce qui fait son charme. Je trouve pourtant son article très faible, même littérairement. Prétexte pour ressortir ses éternelles marottes, comme les poètes latins. On aura échappé de justesse à la piscine Deligny. Ou au jansénisme. Taper sur les soixante-huitards me paraît du dernier mauvais goût, de la part d'un Matzneff qui fut le grand ami de Guy Hocquenghem. Les Verts sont les soixante-huitards d'aujourd'hui : ce genre de filiation est absurde, qui suppose une homogénéité d'un côté comme de l'autre. Quant à la quasi-conclusion de Matzneff : Le temps passe, les modes changent, le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas renversante d'originalité. Ni de pertinence. Quand un peuple est submergé, effacé de la photo, comme l'écrivait Renaud Camus dès 2002, il ne s'agit plus de mode. Car la mode a un petit côté léger, futile : et elle suppose un éternel recommencement. Or ce qui survient en France n'est ni léger ni futile et interdit tout recommencement. C'est du jamais vu. De l'irrémédiable.
Là je ne suis pas sûr de comprendre.
Il me semble que le propos de l'In-nocence revient, en partie, à défendre la cause de l'essentialisme : nations, civilisations et religions auraient une essence, qui les fixerait et exprimerait leur forme ou leur horizon de possibilité (si j'ose dire).
Le mal viendrait d'un sorte de miscibilité indéfinie qui conduirait non pas à un métissage harmonieux (par extensions successives de la forme première), mais à une déstructuration de la-dite forme, et à un abêtissement concomitant des peuples qui la véhiculent.
Donc, cette conception implique - par cohérence - que le monde chrétien-libéral ait bien une forme, le monde islamique une autre forme (d'ailleurs non hiérarchisées et non hiérarchisables, pour reprendre les discussions avec Alain Eytan, chacun préférant naturellement la sienne).
Mais si la forme islamique, par exemple, commence à intégrer des "tendances" aussi disparates que la tendance gay-friendly, alors cela signifie qu'il n'y a pas de "forme islamique" mais une construction extensive indéfiniment. Ce qui contredit le postulat fondateur (ou qui me semble tel) de l'In-nocence.
Nommer ces extensions des "tendances" ne cache pas le problème, qui est le constructivisme.
S'agissant des "convergences qui ne sont pas tenables stratégiquement" : les Verts chevauchent et ont misé sur un Cheval de Troie politique. Qu'ils ne puissent le chevaucher harmonieusement très longtemps, cela va sans dire. La question qui se pose est celle du scénario de sortie de cette chevauchée car comme il est dit "les formes ne sont pas extensibles à l'infini des tendances". Le point à relever est celui-ci: il n'y aura pas de "friction", seulement des tueries. Il n'y a pas de "frictions" entre chi'ites et sunnites, seulement lutte à mort, comme entre les Talibans, Al Caïda d'une part et certains régimes adeptes d'un islam insuffisamment politique à leur goût d'autre part.

Le malheur est que l'islam "sympa", façon Duflot, gay-friendly, sera à terme perçu par l'islam pas-sympa comme traitre à éliminer, et sera ainsi rendu fauteur de guerre à son corps défendant, ce qui est généralement le destin que réserve l'histoire aux apprentis sorciers politiques. Et c'est ainsi que, sauf reniement spectaculaire assorti de dangereuse apostasie, le pari très aventuré de nos Verts d'aujourd'hui conduira à la guerre de laquelle, très classiquement, ils seront les premières victimes, tombant sous les coups de leurs protégés rendus furieux par leur hérésie, et que notre Duflot nationale, si elle continue sur sa lancée, elle ou sa successeuse, fera une très jolie Bénazir Buttho française déchiquetée dans son véhicule officiel par l'explosion d'une bombe dissimulée là par plus islamique qu'elle.

Pour en revenir à la question des formes, et c'est sur ce point que l'analyse d'un philosophe serait utile: la forme islamique de résolution des conflits est toute la forme de l'islam parce que, et c'est là qu'il y a hypthèse de ma part que je vous soumets, l'effusion de sang est l'unique forme d'avancée historique d'une civilisation où le choix raisonné n'existe pas, y compris et pour commencer, le choix de faire marche arrière, le raisonnement vers une sortie choisie.

Donc l'immiscibilité, dans cette perspective, demeure, entre une civilisation du logos et une civilisation de la foi irrévocable et cette immiscibilité se manifeste dans et par la différence entre une civilisation de négociation et de dépassement des conflits et une autre où l'indépassabilité des différences ne peut se résoudre que dans et par le carnage qui élimine les choix, les élague en un seul.
Le scénario Francis Marche concernant Duflot me semble très probable.
(A ma connaissance, Mme Duflot n'est pas non plus islamologue ni musulmane, donc en faire une sorte de paramètre d'une version émergente de l'islam représente une extrapolation, ou pour le moins une "expérience de pensée".)
Mme Duflot a publiquement déclaré qu'elle respectait les interdits et prescriptions alimentaires de l'islam.
Puisqu'il faut vous faire un dessin :

Notre ministre de l'Environnement à son meilleur, qui ne veut pas s'étendre sur sa dhimmitude, sa soumission, qu'elle se refuse à discuter et à comprendre :

video: [blip.tv]
Mme Duflot a publiquement déclaré qu'elle respectait les interdits et prescriptions alimentaires de l’islam.

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Aux dernières nouvelles, son mets préféré c’était le confit de porc (mais elle n’avait pas le droit de le dire pour ne pas faire de peine à son électorat).
"Chaque visage divin opère moyennant une Idée-force qui le décrit et qui est tout : quand on dit le Christ en climat chrétien, on a tout dit ; le mystère de la manifestation salvatrice prime tout, il n'y a qu'une seule vérité décisive à savoir que "Dieu est devenu homme pour que l'homme devienne Dieu". (...)
En climat musulman, l'Idée-force est le postulat du Dieu-Un ; qui dit Allâh a tout dit ; ce mot ferme quasi-existentiellement la porte à toute contestation. (...)
En face du christianisme, l'argument de l'islam est fondamentalement le suivant. Quand un homme sait que Dieu est Dieu - qu'il est la Suprême Réalité et qu'il est le Souverain Bien - et que cet homme se tient devant Dieu avec un coeur pur, alors rien ne lui manque quant à l'essentiel et au décisif."

La différence des Idées-forces conditionne les différentes formes et produit de façon cohérente différentes civilisations.

Si on ne se situe pas à ce niveau, si on s'amuse à comprendre l'islam à partir de phénomènes seconds, il est peu probable que l'on puisse lui adresser une contre-proposition - ou éviter qu'il ne remplisse sans aucun souci le vide métaphysique de la "laïcité" ou du christianisme social.
mais elle n’avait pas le droit de le dire pour ne pas faire de peine à son électorat

Et si ce n'est pas de la soumission ça, qu'est-ce donc ? Dans l'entretien enregistré et mis en ligne supra, elle affirme que oui, mais que non, et qu'elle ne sait pas pourquoi au juste mais qu'elle préfère s'abstenir d'en manger. Ecoutez donc et jugez vous-même.
Non, non, ce n’est pas clair du tout. Elle a l’air de manger du porc plus ou moins en secret. Pour une écolo, ce n’est pas fort. C’est carrément spéciste (le spécisme est le racisme des bêtes). Enfin, il faut être le dernier des cochons, écologiquement parlant, pour manger du porc.
Citation
Thierry Noroit
Car la mode a un petit côté léger, futile : et elle suppose un éternel recommencement.

Légère, futile, la mode ? Voire... comme le disait Montherlant, "On prend le manque de jugement, on y ajoute le manque de caractère, et on a la mode. Il n'y a rien de plus abject."
La philosophie n'est-elle pas qu'affaire de mode ? mode Nietzsche à un moment, mode Freud à l'autre, mode Bourdieu, mode Hegel, mode Heidegger, tous se succèdent au rythme des modes universitaires. A tel point que l'on peut savoir l'âge d'une personne à ses philosophes de référence.
Intéressante citation de Montherlant... pourriez-vous m'indiquer où elle se trouve, que j'en comprenne le contexte ?
Citation
Loïk Anton
"Chaque visage divin opère moyennant une Idée-force qui le décrit et qui est tout : quand on dit le Christ en climat chrétien, on a tout dit ; le mystère de la manifestation salvatrice prime tout, il n'y a qu'une seule vérité décisive à savoir que "Dieu est devenu homme pour que l'homme devienne Dieu". (...)
En climat musulman, l'Idée-force est le postulat du Dieu-Un ; qui dit Allâh a tout dit ; ce mot ferme quasi-existentiellement la porte à toute contestation. (...)
En face du christianisme, l'argument de l'islam est fondamentalement le suivant. Quand un homme sait que Dieu est Dieu - qu'il est la Suprême Réalité et qu'il est le Souverain Bien - et que cet homme se tient devant Dieu avec un coeur pur, alors rien ne lui manque quant à l'essentiel et au décisif."

La différence des Idées-forces conditionne les différentes formes et produit de façon cohérente différentes civilisations.

Si on ne se situe pas à ce niveau, si on s'amuse à comprendre l'islam à partir de phénomènes seconds, il est peu probable que l'on puisse lui adresser une contre-proposition - ou éviter qu'il ne remplisse sans aucun souci le vide métaphysique de la "laïcité" ou du christianisme social.

Si j'ai reconnu dans votre remarque une phrase attribuée à St Vincent de Lérins ("Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne dieu") et souvent reprise par les théologiens orthodoxes, j'ignore de qui est le reste, que vous citez entre guillemets. Pouvez-vous nous en dire plus ? A priori, théologiquement et disciplinairement, un baptême est à considérer comme aussi définitif qu'une conversion à l'islam, par quoi un être humain se voue par sa parole et ses actes à un être éternel. Mais le parallèle trouve sa limite assez vite entre islam et christianisme : Benoît XVI, à Ratisbonne, n'a-t-il pas opposé d'un côté une religion du Logos qui se rend accessible à l'homme en s'incarnant pour lui donner accès à Lui, de l'autre une religion de l'absolue transcendance (si j'ai bien compris) imposée à l'humanité comme du dehors ? Je dois caricaturer.
Ce passage est un extrait de Fritjof Schuon, Résumé de métaphysique intégrale, où il aborde la question de la diversité des religions.
Matzneff a intuitivement perçu la connivence entre les Verts et l'islam, connivence dévoilée il y a une dizaine d'années par l'affaire Boumedienne - non pas le hiérarque algérien, mais le député français au Parlement européen (Thierry-Boumedienne) qui faisait financer ses campagnes par des traficants qui avaient basculé dans l'islam de combat, et par toutes les déclarations complaisantes envers l'islam, le djihad, les régimes tyranniques d'outre Méditerranée, l'imaginaire islamophobie, le voile, etc. que nous assènent les hiérarques écolos.

Les Verts sont des gauchistes masqués qui, comme tous les gauchistes, sont orphelins de la Révolution. Celle-ci s'est arrêtée en URSS à la mort de Staline, elle a repris en Chine avec Mao et sa théorie de monstres, Marx, Lénine, Staline, Mao, puis à la mort de celui-ci et à la suite de l'emprisonnement de la Veuve, malgré un sursaut au Cambodge, en Iran. Khomeiny et l'islam, pour nos gauchistes, sont l'ultime avatar du grand projet révolutionnaire, lequel, parti de France et d'Allemagne, et après avoir été porté par la Russie, le Chine, Pol Pot, Cuba, est dans l'islam, consubstantiel à cette idéologie, et cela depuis Mahomet. Voilà ce dont les écolos sont les prophètes.

L'islam a beau tenir l'écologie, la nature, l'evironnement pour une guigne, ils n'en ont que faire, comme les révolutionnaires qui les ont précédés s'aveuglaient sur les pays de l'Est et tenaient le despotisme oriental pour du progressisme. Rien n'est plus classique que cet aveuglement.

Il nous reste à renvoyer l'écologie à son origine, à savoir le très détestable Ersnt H qui l'a inventée à la fin du XIXe siècle, avec son cortège nauséabond : haine du judéo-christianisme, pangermanisme, darwinisme social, franc-maçonnerie élitaire, élimination des dégénérés, etc. et, bien entendu, fascination pour l'islam.
.
Vos désirs sont des ordres, Monsieur. Cette citation est tirée des carnets de Montherlant, Va jouer avec cette poussière (1958-1964), p.17 dans l'édition originale. Quant à son contexte, je crains que vous ne soyez déçu, car c'est une phrase qui se présente isolée, à la manière d'un apophtegme. Vous n'aurez donc pas l'occasion de pouvoir en rabattre le sens. Mais on trouve d'autres phrases notables dans cet ouvrage, celle-ci par exemple : "Les gens qui ont la réputation d'avoir un caractère difficile sont en général des gens très faciles mais à condition qu'on soit correct avec eux. Les gens faciles sont des gens qui acceptent qu'on soit incorrect avec eux, habitués qu'ils sont à être incorrects avec les autres."
C'est en effet d'une grande élévation... je vais, soyez en sûr, mettre à profit ces paroles...

A propos, sont-ce les embardées en direction de la jeunesse prêtées à Matzneff par dame Daisy qui vous ont fait penser à Montherlant ? Montherlant et Matzneff dans le même fil, diable...
Votre analyse, Henri Rebeyrol, me semble lumineuse. A propos des Verts et de leur fascination calculée pour ces autres Verts, j'aurais envie de créer le néologisme de musulmimétisme.
Quelqu'un saurait-il pourquoi le billet de Matzneff a disparu si vite de la page du ''Point'' ? N'est-ce qu'une question de lexique ? Ou des fonds quataris, par exemple, financent-ils le magazine ? Vous remarquerez qu'en bon lecteur de Delfeil de Ton, j'ajoute un ''u'' au mot ''Qatar''. Qui cherche trouvera.
A propos, sont-ce les embardées en direction de la jeunesse prêtées à Matzneff par dame Daisy qui vous ont fait penser à Montherlant ?

Euh... cette dame a disparu du fil presque aussi rapidement que de ma mémoire, à l'instant où j'avais fini de la lire.
Utilisateur anonyme
25 août 2013, 13:24   Re : Gabriel Matzneff, les écologistes et l'islam
En effet, mon message a disparu ,pourquoi ? Par ce que je faisais le lien entre l'islam et les verts à propos de la pédophilie
revendiquée ,par les verts allemands dans les années 70 80( je citais le répugnant D C.B) , or l'islam ne la condamne pas,
mais revendique le viol des petites filles à partir de 9 ans suivant le modèle de leur ignoble prophète.
Je partage les valeurs de ce site en ce qui concerne le changement de peuple, et aussi l'inversion de s valeurs qui me sidère chaque jour.
Toutefois, j'aimerais savoir pourquoi mon message a disparu. Merci
Chère Daisy, Matzneff est un écrivain et même un très bon écrivain.
Peut-être à cause d'un usage éprouvant de la typographie ?
Trois raisons à cela, Madame :

- un jugement à l'emporte-pièce sur Gabriel Matzneff qui n'est pas un adversaire, loin de là

- une négligence extrêmement irritante dans la façon d'écrire, de ponctuer, d'espacer

- la non application de la règle édictée ici selon laquelle l'identifiant doit, à défaut d'être le vrai nom de l'intervenant (ce qui est instamment souhaité), consister en un prénom et un nom normaux, crédibles, présentables.

Mettez-vous au moins en règle sur ce point, s'il vous plaît (cliquez, en haut et à droite de la page, sur "Mon profil" puis sur "Modifier mon profil"). D'avance, merci.
Jacqueline, soit, à condition d'y mettre une majuscule et de le faire suivre d'un patronyme...
Daisy-Jacqueline : G. Matzneff est l'un des rares écrivains lucides sur le changement de peuple en cours, même s'il n'aborde ce problème que de biais, et en écrivain, non en idéologue ou en penseur politique. Il a d'ailleurs assez peu la tête politique, comme cela a été noté sur ce fil. Il est donc, même lointainement, une sorte d'allié de l'In-nocence et a toujours témoigné de l'amitié à R. Camus, je crois. Votre attaque était donc mal venue. Je ne m'exprime qu'en mon nom, étant moi-même un néo-intervenant dans ce forum. Je ne suis pas chargé de défendre Matzneff mais ne voir en lui qu'un "pédophile" est une caricature ridicule (et Dieu sait que ses goûts amoureux sont aux antipodes des miens !).
Je profite de ce fil pour signaler que le dernier "billet" de Matzneff, intitulé "Ne vous trompez pas de Barrès, Monsieur Valls !", toujours dans "Le Point", mérite d'être lu.
Citation
Loïk Anton
Ce passage est un extrait de Fritjof Schuon, Résumé de métaphysique intégrale, où il aborde la question de la diversité des religions.

Je vous remercie, et je comprends mieux maintenant l'opposition que vous faites entre les essences des religions et leurs manifestations multiples ou secondes. Le nom de Frithjof Schuon (1907-1998) me disait quelque chose, et j'ai retrouvé la trace de cet auteur dans un ouvrage qui mentionne ses nombreux déplacements en pays d'islam, ses fréquentations assidues de maîtres soufis, au point qu'il reçut de l'un d'eux l'investiture pour enseigner le soufisme en Europe. Je ne trouve pas trace de sa conversion à l'islam, en revanche. Sa métaphysique, dit mon auteur, "sous-tend toute confession et en constitue la doctrine et la méthode spirituelles. Accessible à tous les ésotérismes dans chaque tradition orthodoxe, elle leur fournit un environnement de beauté et de sacralité. Sa discipline pratique fut centrée sur des thèmes de méditation, associée à l'invocation du Nom divin (dhikr) ... Si son enseignement se plaçait dans le cadre de l'islam et du soufisme, sa doctrine se situait à la confluence des grandes traditions religieuses, y compris l'hindouisme et, ultérieurement, même la tradition amérindienne... " Paul B. Fenton, "Les judéo-soufis de Lausanne, un point de rencontre dans la mouvance guénonienne", in Réceptions de la cabale, ouvrage collectif sous la direction de Pierre Gisel et Lucie Koennel, éditions de l'Eclat, 2007, p. 286.

D'où mon étonnement : cet auteur est-il le mieux choisi pour répondre à la question que posait Francis Marche, sur la forme musulmane de résolution des conflits, doctrinaux, politiques ou autres ? La mystique d'origine guénonienne reprend à l'islam la thèse selon laquelle tout le monde est d'accord au fond, de naissance, avec les principes fondamentaux de la soumission à Dieu. Seuls la mauvaise volonté, l'erreur, la falsification, l'oubli, ou des traditions surajoutées brouillent cette vérité première à laquelle il s'agit de revenir (ainsi, Adam, Noé, Moïse, Isaïe, Jésus étaient-ils musulmans, mais les Juifs et les chrétiens les ont défigurés par la suite). Quand il y a conflit, c'est que l'on s'est trompé en oubliant le Principe. Il n'y a jamais de conflit réel, il suffit de rafraîchir la mémoire des parties opposées. Cette idée, que je simplifie sans doute trop, n'aide guère à comprendre l'islam réel.
Un site consacré à F. Schuon :

I C I

Le volume intitulé Regards sur les mondes anciens paru dans les années 50 n'est pas dénué d'intérêt, notamment le chapitre "Chute et déchéance" que cite Pierre Chaunu dans son Histoire et Décadence (Perrin, 1982) et dont il paraît s'inspirer en partie, notamment dans son étude des notions d'entropie et de néguentropie.

I C I

Il n'empêche que l'enseignement de Schuon, que je ne connais mal, n'apporte pas la consistante réponse à la question précise posée supra qui le méritait peut-être.
Si j'ai bien compris, Schuon ne semble pas supposer de "résolution des conflits" au niveau exotérique ; il dit explicitement que chaque forme est exclusive des autres.
Je pense que l'approche de Schuon répond sur la question des Formes ou des Archétypes que chaque religion exprimerait. Elle a l'avantage de ne pas réduire l'islam à une caricature, mais de le considérer comme un des rapports possibles entre l'homme et l'Absolu ; évidemment l'ésotérsme de Schuon fait place aux autres rapports possibles entre l'homme et l'Absolu, sous la modalité de l'amour (christianisme), de l'infinité (hindouisme) etc. Schuon s'est aussi intéressé aux religions indiennes.
Le côté discutable de ses thèses est sans doute cette notion d'unité transcendantale des des religions, qui laisse entendre que les divergences - qu'il acte pourtant - seraient résorbables à un niveau métaphysique supérieur. Vue erronée je le crains qu'on trouve aussi chez Guénon.
Cette notion de l'unité des Traditions explique bien sûr qu'il y ait tentation, chez de nombreux intellectuels y compris à droite ou dans la frange catholique, d'un front commun avec l'islam (contre le monde désacralisé des Modernes, avec sa fausse connaissance, son caractère dissolvant, sa démocratie de pacotille etc.)
Cette notion de l'unité des Traditions explique bien sûr qu'il y ait tentation, chez de nombreux intellectuels y compris à droite ou dans la frange catholique, d'un front commun avec l'islam (contre le monde désacralisé des Modernes, avec sa fausse connaissance, son caractère dissolvant, sa démocratie de pacotille etc.)

Il ne faut pas tout mélanger. Les théosophes (au sens large) comme Schuon partent du postulat de l’unicité de toutes les religions, quitte à chercher ensuite des doctrines passablement excentriques (les alaouites, que rejoint Schuon, ne sont pas reconnus comme musulmans par les autres musulmans).

Pour ce qui est d’un front commun avec l’islam, il me semble que les catholiques (certains catholiques) ont pu croire à un moment que, dans un monde sécularisé, les religions avaient des intérêts communs, qu’elles avaient intérêt à s’associer. Tout le monde en est bien revenu. Frappez à n’importe quelle sacristie, on vous expliquera qu’on est pris entre le marteau de la « laïcité à la française » (c’est-à-dire des héritiers du petit père Combes) et l’enclume de l’islam (qui se voit déjà majoritaire et n’a évidemment aucune intention de tolérer les vils « associateurs »).
Citation
Loïk Anton
Je pense que l'approche de Schuon répond sur la question des Formes ou des Archétypes que chaque religion exprimerait. Elle a l'avantage de ne pas réduire l'islam à une caricature, mais de le considérer comme un des rapports possibles entre l'homme et l'Absolu (...)
Le côté discutable de ses thèses est sans doute cette notion d'unité transcendantale des des religions, qui laisse entendre que les divergences - qu'il acte pourtant - seraient résorbables à un niveau métaphysique supérieur. Vue erronée je le crains qu'on trouve aussi chez Guénon. (...)

Oui, l'attitude de Schuon a l'avantage d'aborder l'islam en évitant les caricatures, vous avez raison, et sa pensée paraît de nature à rendre les exclusives impossibles. Cependant, malgré ses voyages en Afrique du Nord et ses rencontres avec Guénon au Caire, Schuon rend-il compte de la religion musulmane dans sa totalité, ou seulement d'une fine élite rompue à la vie spirituelle, toujours prête à accueillir l'autre (Khayyâm et Rumi en témoignent), et que les autorités ont toujours surveillée avec la plus grande méfiance ? Il doit être possible d'aborder le phénomène (ou les phénomènes) islamiques avec réalisme et sans les caricaturer, en évitant le double piège de l'ignorance suffisante et de la fusion fascinée.
Très vite (incapacité de faire plus) : livre de référence de FS : "Comprendre l'islam" où il montre qu'il l'a en effet fort bien compris puisqu'il écrit en substance (chercherai citation exacte quans serai en état) : du moment que le musulman est persuadé que l'islam est la seule vérité il est normal qu'il fasse la guerre pour l'imposer, point de vue qui est aussi celui de FS, lequel, qu'il m'est arrivé de croiser, fisait régulièrement des séjours dans la kasbah de Mostaganem à l'époque où mon mari dirigeait l'hopital de la ville construit à l'entrée de la médinah.
En tout cas si le style c'est l'homme, Schuon avait le mérite d'une langue sobre et épurée, non dénuée d'une poésie toute en retenue. Guénon en revanche me semble difficilement lisible.
Il me semble que la citation de Schuon donnée par Loïk Anton ne contredit pas la remarque de Francis Marche, mais qu'elle la confirme plutôt et même l'explique, dans une certaine mesure : qui dit "Dieu-Un", et "a tout dit" en proférant le Nom d'Allah, celui-là porte l’absolu en poche, ou éventuellement sous sa selle : comment voulez-vous discuter, argumenter, disputer avec l'absolu ? Si tout est déjà dit, il n'y a naturellement plus rien à dire, cela tombe sous le sens. Tout est bouclé, le réel empli à craquer par la charge d'absolu qu'on y a injecté, les places sont prises, il ne reste plus qu'à les peupler de leurs occupants légitimes, ceux qui ont réservé à l'avance.
Je me demande si l'islam des Confréries au Maroc et en Turquie ne diffère pas largement de ce que l'on voit sous le pavillon wahhabbite ; je songe aussi aux Alévis, souvent considérés comme progressistes.
Si j'ai bien compris cette discussion passionnante, l'islam (comme le communisme), se considérant comme la seule vraie religion adorant le seul vrai Dieu révélé par le seul vrai prophète, ne conçoit pas d'Extérieur, n'admet en son sein, si j'ose dire, que des courants, des tendances qui selon les époques, les lieux, les rapports de force, coexistent plus ou moins pacifiquement, s'affrontent ou s'entre-tuent. D'où le statut ambigu des dhimmis en terre d'islam, tolérés jusqu'à un certain point mais dont on attend qu'ils finissent par se convertir puisqu'ils sont déjà, sans le savoir, musulmans. Ce qui revient à dire que nous sommes, dans l'Europe actuelle, dans une impasse dont je ne vois guère de porte de sortie.
Citation
Patrick Andrew
Si j'ai bien compris cette discussion passionnante, l'islam [...] ne conçoit pas d'Extérieur [...]





La télévision russe donne une illustration de ce repli agressif des mahométans sur une contre-société s'affranchissant des normes françaises. Le reportage est certes peu nuancé, mais cela compensera le néant - ou le déni - de nos chaînes nationales sur le sujet.

À noter, une courte intervention de Marine Le Pen.
Ce que je voulais dire c'est que FS raisonnait en musulman qu'il était.
Pour Schuon, l'islam n'est pas plus exclusif que les autres religions, ou plutôt les autres rapports possibles à l'Absolu. Le christianisme aussi, l'hindouisme aussi, et chacun, par définition, est exclusif de tout autre rapport à l'Absolu, qui ne s'épuise dans aucun d'eux, étant l'infini.
Néanmoins, cette exclusivité se situe au plan théologique ; elle n'implique pas l'impossibilité de se côtoyer, d'échanger, etc. En revanche, elle implique que chaque religion a une forme bien définie, correspond à un Archétype qui a sa cohérence complète et ne peut donc s'élargir sans cesse - sans revenir, d'une façon ou d'une autre, à sa forme propre, faute de se dissoudre.
Cela exclut alors les hypothèses de Francis qui voyait en telle ministre écologiste une "sorte" de musulmane gay-friendly ; cela semble intenable si l'interprétation de Schuon est juste.
On pourrait dire alors que l'islam est cohérent, et défend sa forme, alors que beaucoup de chrétiens y compris dans la hiérarchie de l'église, ne semblent plus vouloir que le christianisme conserve sa forme ni même une forme définie. Je ne sais pas si le raisonnement vaudrait pour la civilisation occidentale dans son ensemble...
PS. Cassandre, pensez-vous que si des courants décisifs/majoritaires de l'islam suivaient une voie comme celle de Schuon, cela poserait problème ? Que l'on ne partage pas sa vision de la spiritualité, c'est possible ; mais qu'on le considère comme fanatisé et invasif, cela me semble discutable.
Citation
Loïk Anton
On pourrait dire alors que l'islam est cohérent, et défend sa forme, alors que beaucoup de chrétiens y compris dans la hiérarchie de l'église, ne semblent plus vouloir que le christianisme conserve sa forme ni même une forme définie. Je ne sais pas si le raisonnement vaudrait pour la civilisation occidentale dans son ensemble...

Il semble bien que l'islam bénéficie d'un fort sentiment identitaire chez ses adeptes, mais je ne dirais pas qu'il défend sa forme, mais qu'il tente de l'imposer à l'humanité par tous les moyens compatibles avec son essence (universaliste autoritaire). J'ai souvent parlé ici de Dariush Shayegan, ce philosophe iranien qui pensait, à l'inverse, que l'islam avait perdu contact avec son essence profonde, sa Tradition au sens guénonien du terme, et était devenu une idéologie politique de même forme que le léninisme révolutionnaire (l'auteur écrivait cela en 1982). Selon lui, l'islam n'était plus une religion, mais une idéologie séculière occidentale déguisée.

Peut-être suis-je victime d'un effet d'optique, mais il me semble que l'on a tort de parler de "christianisme" en général. L'ignorance suicidaire de ses prêtres et hiérarques se rencontre surtout dans la composante catholique romaine de cette religion, et chez quelques cas isolés, surtout grecs, d'évêques orthodoxes. J'ai beaucoup connu d'anciens catholiques que la lecture de la théologie a conduits, par désir de la Forme chrétienne, à l'église orthodoxe, car ils se rendaient compte qu'en l'absence de Forme chrétienne dans leurs églises de naissance, le seul lien restant était la fidélité au Pape et à son institution. La discipline, la fidélité à un homme et l'habitude, c'était trop peu pour assouvir leur "désir de christianisme", si j'ose dire.

L'orthodoxie (que pratique Matzneff) a en plus une expérience historique de l'islam que les Occidentaux latins n'ont pas. Expérience de résistance, de survie à l'oppression, de sagesse et de mise à l'épreuve concrète d'un certain nombre de commandements évangéliques.

Comme Cassandre a connu et lu F. Schuon, j'attends sa réponse à votre question avec intérêt.
Mais Henri Bès, les catholiques ont-ils encore une notion de Forme, justement ? N'est-ce pas ce concept qui fait défaut, le déconstructivisme et la moquerie envers "l'essentialisme" ayant gommé ce concept et nous désarmant tout spécialement...
Sans doute pas les catholiques, mais des catholiques ... Personne n'a accès à la vie intérieure, ni à l'expérience de la vie avec Dieu, d'une personne croyante, si surprenants que puissent paraître certains propos ou attitudes (mais qu'allait-il faire à Lampedusa ?)
Cher Henri Bès, Cher Loïk Anton, je n'ai pas connu FS, il m'est simplement arrivé de le croiser dans la rue car l'hopital où nous logions mon mari et moi était juste à l'entrée de la ville arabe de Mostaganem, ville considérée par les musulmans d'Algérie pour la qualité de son enseignement religieux et de ses théologiens. J'ai lu à cette époque le livre, capital, de FS : " Comprendre l'islam" et il faudrait que je le retrouve et que je le relise pour vous répondre exactement, ce qui m'est impossible pour le moment mais que je ne manquerai pas de faire dès que je serai en état de me concentrer à nouveau sur ce genre d'entreprise.
A toutes fins utiles : Comprendre l'Islam de Schuon a été édité en poche en Seuil-spiritualité... Je me suis plutôt intéressé à ses ouvrages philosophiques comme Logique et transcendance.
Merci à vous, Cassandre, et à vous, Loïc Anton. J'ignore si quelque spécialiste s'est un jour penché sur les points communs qu'a l'islam dans sa doctrine, avec la religion manichéenne, apparue "à mi-chemin" entre la naissance du christianisme et la prédication de Mahomet. On y trouve la notion, absente des Evangiles, de "fin de la prophétie", de sceau des prophètes (en la personne de Mani), un jeûne mensuel, des règles alimentaires bien plus sévères que celles de l'islam, révélation angélique, prosélytisme (pacifique) etc ...
Les universités islamiques claquemurent toute possibilité de recherche, il me semble, sur ce que fut l'islam des origines, ses liens avec les diverses sectes judéo-chrétiennes ou le manichéisme.
C'est juste. Un philologue occidental a étudié un jour les relations entre l'arabe coranique et le syriaque, et il a dû publier son oeuvre ... sous un pseudonyme. Quand on compare avec le succès d'un Finkelstein ou d'un Schlomo Sand ...
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