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Intelligence de l'immigrationnisme

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
14 septembre 2013, 17:23   Intelligence de l'immigrationnisme
Il ne me semble pas percevoir, au Parti de l’In-nocence, qu’on comprend les raisons de l’adversaire. Il me semble plutôt que, ne le comprenant pas et ne cherchant pas à le comprendre, on tend à le percevoir comme pure volonté de nuire, ou inconscience obstinée, obtuse. Si bien qu’on ne s’adresse pas tellement à lui. Ou bien que, si l’on s’adresse à lui, ce sera plutôt sur le mode du cri, ou comme le dit malheureusement Renaud Camus dans un entretien récent, sur celui du hurlement.
Mais les partis qui, du point de vue du Parti de l’In-nocence, sont immigrationnistes, représentent environ les cinq sixièmes de l’électorat. Il est peu probable qu’il y ait en France autant de scélérats, de fous, ou, sur une question maintenant si présente à l’esprit public, d’inconscients.

Quel est le ressort de l’immigrationnisme ?
Je dirais ceci :

1° L’intérêt des immigrants potentiels (je désigne par cette expression les personnes qui essaient d’émigrer), c’est bien d’émigrer. L’intérêt des immigrés, c’est bien de rester en France. Quand on a une idée, ne serait-ce qu’approximative, de ce que c’est que le Congo ou l’Algérie, nul doute à cela. De plus, les hommes ne se trompent pas tant que ça sur leur intérêt : les immigrés qui veulent rester en France ne sont pas des idiots ou des fous qui ne voient pas que leur véritable intérêt est de rentrer dans leur pays, de même on doit créditer les immigrés potentiels d’un sens lucide de leur intérêt.

2° Non seulement les anti-immigrationnistes, mais les immigrationnistes eux-mêmes reconnaissent largement que l’immigration n’est pas dans l’intérêt de la France, ou, en tout cas, reconnaissent qu’elle présente de graves inconvénients - l’intérêt ici n’étant pas seulement compris comme intérêt économique.

3° Si bien que les immigrationnistes choisissent l’intérêt des immigrés plutôt que le leur. Comme, par rapport à des immigrés renvoyés chez eux et par rapport aussi à des immigrés potentiels, ils sont relativement nantis, pourvus, satisfaits, ils privilégient l’intérêt de gens qui sont plus nécessiteux qu’eux au détriment de leur propre intérêt : ils sont généreux, altruistes, idéalistes ou, pour utiliser un terme plus méprisant, « sympas ». C’est d’ailleurs comme cela qu’ils se perçoivent. Et ils perçoivent leurs adversaires comme relativement égoïstes, voire quelquefois comme immoraux, voire méchants.

4° Le monde est bien fait, et les anti-immigrationnistes, symétriquement, ne prétendent pas vouloir le bien des immigrés, ou celui des immigrés potentiels, mais le bien de la France, c'est-à-dire leur bien à eux, Français. L’anti-immigrationniste se pose peu la question de savoir si la politique qu’il préconise augmentera la quantité de bonheur qu’il y a dans le monde. Par exemple, les criminels étrangers expulsés, récidiveront-ils moins dans leur pays d’origine qu’ils ne le feront en France ? Ce n’est pas son souci : il en appelle à l’intérêt des Français, lequel est qu’il n’y ait pas récidive en France.
Et les adversaires des anti-immigrationnistes leur apparaissent être ceux qui perdent la nation ou contribuent à son saccage. Les perçoivent-ils comme généreux ? Et bien oui, ils leur paraissent comme relativement généreux, voire quelquefois comme absurdement généreux, voire pervers.

5° De ce point de vue, rien de plus éclairant que de voir comment la question de l’immigration – presque absente politiquement il y a quarante ou cinquante ans - s’est logée régulièrement dans les formes de l’espace politique structuré par d’autres questions.
Au XXème siècle, la gauche a été très largement le camp de l’égalité. Or prendre à un riche pour donner à un pauvre c’est sympa, puisque une certaine somme représente plus pour un pauvre que pour un riche. De même, tenter de réorganiser la production pour diminuer l’inégalité est-il sympa.
On pourrait dire que la gauche n’a pas été le parti sympa mais le parti des pauvres, au sens du parti pour lequel les pauvres votaient, lesquels poursuivaient leur intérêt ?
Mais ces pauvres comprenaient leur intérêt comme répondant aux exigences de la solidarité des hommes, et on voit que la gauche était le parti sympa par son positionnement dans une autre très grande question politique du XXème siècle : en matière de relation à l’étranger, la gauche s’est aussi proposée d’être sympa, elle a tendu à ne pas chercher à vaincre ou dominer perpétuellement l’étranger, que cet étranger soit l’Allemagne ou qu’il soit les populations coloniales. Elle a proposé de ne pas chercher l’intérêt français au détriment de l’intérêt de l’étranger, elle tendait à parler de Justice et de Droit, pas complètement sans sincérité. Inversement, la droite a plutôt été le camp de l’intérêt national.
Le troisième conflit qui animait l’axe droite/gauche était le conflit religieux. Là aussi, on peut dire que la gauche était le parti sympa (plutôt que généreux, d’ailleurs), puisque c’était le parti qui se proposait d’émanciper l’individu des rudes exigences de la tradition religieuse.

6° On remarquera que j’ai défini la droite comme l’anti-gauche, plutôt que le contraire. C’est que la politique naît à gauche : la gauche est résistance à la réalité, et la droite est résistance à la gauche. La gauche est politisation, et l’idéal de la droite est la dépolitisation.

7° Et bien maintenant que la question de l’immigration est partout perçue comme très importante, alors que, comme je l’ai dit plus haut, elle était jadis non pertinente politiquement, l’espace politique s’est assez régulièrement ordonné selon elle, du Fn à Lutte Ouvrière. Plus on est à droite, plus on est anti-immigrationniste, plus on est à gauche, moins on est anti-immigrationniste.

8° De ce qui précède, pas mal de conséquences peuvent être tirées.
Je voudrais d’abord rappeler les arguments de la droite dans la lutte menée contre la gauche en matière sociale, et en matière de relation avec l’étranger, parce que je pense qu’il y a des leçons à en tirer.
Je le ferai dans des envois suivants.
Utilisateur anonyme
14 septembre 2013, 17:28   Re : Intelligence de l'immigrationnisme
--------------------------------Combat de la droite contre la gauche en matière sociale.

La droite rappelait que la gauche, c’est l’erreur : comme la gauche résiste à la réalité, pour proposer autre chose, la gauche tend à être le camp de l’illusion.
La gauche est le camp qui a élucubré de façon gigantesque sur la réalité communiste. La gauche communiste, bien sûr, mais très largement aussi la gauche modérée. L’Express, le Monde étaient il y a cinquante ans des journaux qui se trompaient radicalement sur la réalité des pays communistes.
La droite, elle, et particulièrement la droite radicale, la droite de combat, voyait juste.

La droite rappelait qu’il y a d’autres valeurs que la bonté, et que la politique sympa à des inconvénients quant à ces valeurs.
L’efficacité, par exemple. Plus on prend aux riches, moins il y a de candidats à la richesse ; plus on donne aux pauvres, moins les pauvres s’efforcent de sortir de la pauvreté. L’État étant moins efficace que le marché, la société à État important à fins d’égalité est moins efficace que la société qui accepte plus d’égalité.
Le respect de la famille. Supprimer l’héritage, ça attenterait au sens de la famille, et, par suite, serait ruineux économiquement. Ce serait ruineux parce que non naturel.
La liberté.

Elle rappelait que les politiques égalitaires on des effets anti-égalitaires. Qu’elles échouent : l’inégalité est quand même toujours là.
Utilisateur anonyme
14 septembre 2013, 20:06   Re : Intelligence de l'immigrationnisme
-------------Combat de la droite contre la gauche en matière de relation avec l’étranger.

En ce qui concerne l’Allemagne, puis l’Union Soviétique, la droite a dénoncé l’angélisme. Typiquement, elle a dénoncé le Traité de Versailles, issu de l’idéalisme wilsonien, comme coupable de cette faute.
Elle a dénoncé aussi la gauche comme étant réticente à l’effort militaire nécessaire.
Enfin, elle a dénoncé une partie de la gauche comme perverse : préférant un pays étranger, qui plus est, menaçant - l’Union Soviétique - à la France.
Concernant les questions coloniales, et spécialement l’Algérie, la droite a dénoncé l’angélisme de la gauche ("les musulmans et spécialement le Fln ne veulent pas de mal aux Européens"), et elle a dénoncé aussi son illusion économiste ("il suffit d’augmenter les salaires des musulmans, et en général de leur distribuer de l’argent, et tout ira bien"). À l’extrême-gauche elle a reproché l’affabulation auto-accusatoire ("si les musulmans sont pauvres, c’est parce que les Français sont riches"), et la perversion (la préférence pour l’étranger ennemi).
C'est la faute à Rousseau...
Utilisateur anonyme
15 septembre 2013, 09:27   Re : Intelligence de l'immigrationnisme
-----------------------------------------------------------------Quelques conséquences.

1° D’abord, je dirais :
Il est normal que, sur l’immigration, tout le monde ne soit pas d’accord, et que droite et gauche s’affrontent. La gauche en la matière est mue par une passion honorable.
La gauche, d’ailleurs, n’est pas si immigrationniste que ça. Hormis la racaille trotskiste, tout le monde résiste à l’immigration. Même les ordures trotskistes, s’ils étaient au pouvoir, résisteraient probablement à l’immigration : leur attitude est avant tout une posture d’oppositionnels, à peu près aussi sérieuse que la proposition, par le Npa, de la gratuité de la nourriture, du logement, et du vêtement.

2° Je dirais ensuite :
Cette histoire montre que la droite a été utile, qu’elle a pour l’essentiel livré de bons combats.
Et la droite, en matière d’immigration, doit sans cesse rappeler la justesse de ses arguments passés, pour légitimer ses arguments actuels. Elle peut dire à la gauche :
Vous pensez que, globalement, l’immigration se passe à peu près bien ?
Dans les années soixante, L’Express et Le Monde pensaient que, globalement, le bilan du communisme était positif. Il y a un siècle, Wilson pensait avoir conclu un excellent traité.
Plus spécifiquement, elle peut reprocher à la gauche son angélisme, et lui rappeler son angélisme passé.
Elle peut lui reprocher sa lâcheté : combattre l’immigration est exigeant, et la gauche a toujours été le camp de la facilité.
Elle peut lui reprocher son illusion économiste.
Son volontarisme social : il ne s'agit d'ailleurs même plus tellement de changer la société que de changer de société et de peuple.
Son volontarisme étatiste : refaire la société par l’Etat - la politique de la Ville, l’intégration par l'orthopédie urbanistique, la subvention et la férule.
Son illusion étatiste : l’Etat peut tout, même faire de millions d’Africains des Français.
Elle peut lui reprocher son affabulation auto-accusatoire – plus les Noirs et les Arabes sont délinquants, plus la gauche découvre combien le colonialisme fut infâme, et combien la France actuelle est raciste et oppressive.
Elle peut lui reprocher son mépris des sentiments naturels, et quelquefois, d’être elle-même dénaturée, comme était dénaturé Sartre.
Elle peut lui reprocher, quelquefois, sa perversité comme était pervers Aragon saluant le pacte germano-soviétique.
Elle peut lui reprocher, quelquefois, de haïr le peuple français sous couvert d'amour du genre humain, comme Rousseau, à force d'aimer l'humanité, avait fini par haïr tout le monde, et lui reprocher finalement de préférer l'allogène au Français, comme les communistes préféraient l'Union Soviétique à leur pays.
A l'accusation récurrente de xénophobie , elle devrait répondre automatiquement et systématiquement par l'accusion d'autophobie soit en l'occurrence, de "francophobie", en soulignant que celle-ci est pire que celle-là car elle revient à trahir lse siens, ce qui, contrairement à l'autre phobie assimilable selon la conjoncture à l'instinct de conservation, a été considéré sous tous les cieux et à toutes les époques comme une infamie.
Oui enfin se saisir par la force de familles nombreuses, qui vivent dans des appartements exigus, pour les renvoyer avec des CRS en Afrique... Cela n'est pas très chrétien. Ce qu'on appelle "la gauche" a simplement repris l'idéal chrétien des dames patronesses de jadis, sans assumer l'aspect transcendant et la sainteté qui l'accompagnait.
Il fut un temps où les marxistes se disaient "scientifiques" et leur combat était par nature anti-sentimental, fondé sur la raison ; en quelques décennies il est passé dans le seul et unique pathos, rejetant toute prétention à la raison, et obnubilé par l'éthique. De ce fait, je ne vois plus comment distinguer cette "gauche morale" des catholiques progressistes.
L'obsession éthique de l'époque me semble le point essentiel.
L'éthique est-elle éthique ?
Si on ne comprend ni ne démonte l'éthique, le Surmoi de notre temps, il est peu probable qu'on comprendra les motivations des Amis.

Mon hypothèse est qu'on ne peut pas rejeter Dieu ni la transcendance ; l'éthique en pris la place, sans garder ses justifications philosophiques. La gauche est devenue un substitut de l'église catholique - avec certaines de ses anciennes méthodes contestables, dénonciations, procès, pouvoir de la cléricature, etc. (Mais cette église humanitaire est meilleure - sans comparaison - que l'église stalinienne et l'église nazie, qui furent d'autres ersatz d'église.)
De ce fait, je ne vois plus comment distinguer cette "gauche morale" des catholiques progressistes.

Facile ! et d’ailleurs vous « tendez la perche » pour répondre. Le catholique aime le pauvre parce que, dans le pauvre, il voit le Christ. Le "gauchiste moral" aime le pauvre parce que, pour lui, le pauvre est le commencement et la fin de tout, et que le monde sera sauvé quand on aura sauvé les pauvres. Autrement dit, du point de vue catholique, le "gauchiste moral" est idolâtre (il adore la créature). Ces affaires-là finissent mal en général, comme vous l’indiquez fort bien, peu importe quelle idole on vénère au juste (le Lumpenprolétariat comme l’actuel régime, la classe ouvrière, la race, etc.).
Utilisateur anonyme
15 septembre 2013, 13:54   Re : Intelligence de l'immigrationnisme
"La gauche est devenue un substitut de l'église catholique"

Je trouve cela bien vu, à condition d'ajouter : et d'église protestante et de synagogue. Telles personnes pas complètement détachées de leur foi et nostalgiques de celle-ci s'accrochent à l'humanitaire comme pratique religieuse de substitution. Je pense à Michel Rocard par exemple.
Par ailleurs, il y a tout simplement aussi ressemblance (sans héritage) : la censure, l'espoir vain de transformer la nature humaine, la volonté d'imposer un universel discours décent, cela ressemble beaucoup au parti dévot de la fin du XVIIème siècle.

Là où je ne vous suis pas, c'est quand vous donnez (semble-t-il) à votre pensée la forme extrême : "Hors de l'église, point de bonne politique". Être détaché du christianisme expose une société à certains périls, cela ne conduit pas nécessairement à l'aberration, de même qu'être catholique ne garantit pas la santé politique.
Ce qu'on appelle "la gauche" a simplement repris l'idéal chrétien des dames patronesses de jadis, sans assumer l'aspect transcendant et la sainteté qui l'accompagnait. (...) L'obsession éthique de l'époque me semble le point essentiel.

Tenez, cher ami, Nicolás Gómez Dávila a dit cela admirablement (je tombe là-dessus par le plus grand des hasards) :

Dieu finit en parasite dans les âmes où prédomine l’éthique.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2013, 22:40   Re : Intelligence de l'immigrationnisme
À la gauche, en matière sociale, la droite a souvent reproché aussi de ne pas agir en faveur des plus démunis, mais de certaines catégories pas si mal loties : ceux qui ont un emploi plutôt que les chômeurs, ceux qui ont un emploi garanti plutôt que les autres, ceux qui travaillent dans les entreprises publiques. Et ce, d'autant plus que leur pouvoir de nuisance est grand.
Tout à fait le même reproche peut être adressé à la politique en faveur des allogènes : la France allogène, si l'on tient compte des revenus non déclarés - les revenus de la drogue - n'est pas si pauvre que ça. Même si l'on ne comptabilise pas cela, elle n'est pas déshéritée : les vrais territoires pauvres sont les zones rurales. En d'autres termes la politique de la Ville, en plus des autres critiques qu'on peut lui faire - l'inefficacité par exemple - est injuste.
Il s'agirait de jouer Morale contre Morale, pour faire pièces aux prétentions éthiques des Amis.
Mais les pauvres des banlieues sont aussi des discriminés, ce que ne sont pas les pauvres de corps des campagnes françaises.

Je crois que la grille de lecture par les Dames Patronesses pourrait se révéler fécondes. Celles-ci avaient des catégories de "bons" et de "mauvais" pauvres, tout comme nos moralistes modernes. Le pauvre humble, contrit, sobre, était bon ; le pauvre revanchard, politisé, alcoolique, était mauvais (cf. la chanson de Brel sur les dames patronesses :

"Pour faire une bonne dame patronesse,
il faut être bonne mais sans faiblesse -
Et c'est ainsi que j'ai dû rayer de ma liste -
Une pauvresse qui fréquentait un socialiste" -
aujourd'hui ce serait "un précaire qui est séduit par le FN".

La gauche morale a seulement inversé les termes de la charité paternaliste pour en garder la structure.
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