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« Islamophobie, du fantasme à la réalité »

Envoyé par Marcel Meyer 
Dans cet éditorial du Monde on peut lire ceci :

« Enfin, sur le plan politique, une attention sans faille doit être portée aux discours présentant les musulmans et l'islam en général comme un "problème". Selon la plupart des observateurs, cette tentation de l'amalgame favorise le passage à l'acte. »

Eh bien ! Voilà Le Monde clairement embarqué dans une campagne réclamant la limitation de la liberté d'expression et la répression des dits "dérapages". C'est bien : les masques tombent et révèlent l'ignominie qui se cachait plus ou moins bien derrière les bons sentiments affichés.
Marcel,

Cela confirme bien mon idée, que vous traduisez par "les masques tombent".

Le "Langage unique" a volé en éclats.

D'un côté, certains, comme le Monde, sont de plus en plus radicaux dans leur approche. Les réactions sur leurs forums sont très vives, à croire que les abonnés se sont abonnés par hasard, en tout cas ils ne partagent pas les analyses de leur quotidien (le forum du Monde est intéressant en ce sens que seuls les abonnés y écrivent).

D'autres, comme la presse de province en général, mais aussi le Figaro, le Point et assez souvent le Nouvel Observateur commencent à voir les choses en face.
Pas Ouest-France en tout cas.
La Bretagne ne me semble guère, du point de vue que vous savez, représentative !
Ça vient, ça vient. J'ai appris hier l'existence d'un centre salafiste à Lannion, lequel aurait obtenu plusieurs conversions, et j'ai vu il y a quelques jours un groupe de CPF tenant les murs à Guingamp. Même à Pontrieux on commence à en voir qui ne sont pas des touristes. Et je ne vous parle même pas de Brest ou de Rennes.

Nous avons vu par hasard hier soir à la télévision une comédie pas déplaisante de Philippe de Broca, Tendre Poulet. Cela se passe à Paris et c'est tourné pour l'essentiel en décors naturels semble-t-il. Nous avons reçu un choc : c'était hier (1978) et c'est une autre ville, un autre peuple, presque une autre langue même (et en tout cas une autre diction) que l'on voyait et entendait : terrifiant. Y a-t-il jamais eu dans l'histoire mutation aussi radicale et aussi rapide ?
Les films semblent souvent trompeurs ; dans des tournages de 1995 par ex. on voit des métros propres, les gens bien vêtus (tous figurants en fait)... Je ne suis pas sûr que les films puissent révéler la véritable ambiance d'une période.
Songez aux films tournés actuellement ! Je doute qu'ils reflètent bien ce que chacun voit.
Citation
Loïk Anton
Les films semblent souvent trompeurs ; dans des tournages de 1995 par ex. on voit des métros propres, les gens bien vêtus (tous figurants en fait)... Je ne suis pas sûr que les films puissent révéler la véritable ambiance d'une période.
Songez aux films tournés actuellement ! Je doute qu'ils reflètent bien ce que chacun voit.

Je crois, à l'inverse, que les films et les photographies révèlent très bien l'ambiance d'une époque. Bien sûr il y a le hors-champ, ce qu'on cache, et ce qu'on met en avant. Mais tout de même, les murs, les paysages, les devantures, les visages, les habits... ne mentent pas. Pas plus hier qu'aujourd'hui : beaucoup de films contemporains montrent bien ou assez bien le visage de la France.

Je crois d'ailleurs me souvenir d'un projet d'affiches pour le PI : deux photographies du même lieu, hier et aujourd'hui...
Eh bien, cher Loïk Anton, avez-vous mémoire si courte ?

[www.in-nocence.org]
Disons que les films atténuent l'ambiance d'une époque ; ils tendent à être plus pimpants que le réel. Mais modulo ces effets de filtration, je concède qu'ils la révèlent en partie. Je songe à un film des années 90 Les âmes câlines (avec F. Berléand et une jeune actrice magnifique que je n'ai jamais revu dans d'autres films) qui dépeint un Paris rêvé, des balades la nuit, les reflets sur les pavés... Ce film ressemble assez bien au Paris des années 80 de mes souvenirs alors qu'il a été tourné beaucoup plus tard. Il dépeint donc Paris tel que j'ai pu le vivre avec un effet retard d'environ 10-15 ans.
Tout Paris est dans l'effet retard. En 1971, Paris, déjà, n'était plus Paris, comme chacun sait. Pourtant, nous y étions, nous étions dans la chair, le fumet, la violente incertitude des heures parisiennes, qui, selon les dires, tenait déjà de la fiction.

Il n'y a pas d'histoire de Paris, seulement de la nostalgie. Il n'y a d'histoire de Paris que par la nostalgie. Toute l'histoire de Paris est celle de la reconduction nostalgique: nos aînés pleuraient déjà le Paris de leurs aînés, etc.. La beauté de Paris doit beaucoup à cette perte antécédente. Paris, ville qui s'est construite trop vite, induit cette ferveur malheureuse de qui pleure ce qu'il n'a jamais connu, ou connu trop tard et trop partiellement. Les amoureux de Paris pleurent de ne pas en avoir été, quand Paris désormais et depuis déjà un certain temps est fait tout entier -- il est tout entier la construction et le bâti -- de ces pleurs.
Utilisateur anonyme
28 septembre 2013, 10:19   Re : « Islamophobie, du fantasme à la réalité »
(Les Âmes câlines date de 2001 et l’actrice s’appelle Laetitia Coti.)
Ce que dit Marcel me semble juste.

Le film a été tourné en 1977. Je finissais mes études à Paris à cette époque, et Paris était une ville à l'aspect principalement européen (les quartiers Barbès et Italie étant connus comme quartiers ethniques, nord-africain et asiatique).

Il n'est pas beoin de tomber dans les délires comptables de M. Millet pour constater qu'en effet le visage de notre capitale et de nos grandes villes a profondément changé.
Pourquoi dites-vous cela de Millet cher Jean-Marc ? Quels délires comptables ? Il n'y a pas de chiffres dans Fatigue du sens mais des impressions, des sensations et des pensées. Sa description des Halles, de ce que sont devenues les Halles est absolument juste, et ce qu'il ressent, je le ressens tous les jours. Qui voit Paris, voit nos peines écrivait Debord. D'ailleurs dans certains quartiers de Paris désormais, ce qui m'inquiète c'est le grand remplacement des Maghrébins par les Africains.
Jean-Marc du Masnau fait une fixation sur Millet. Ce n'est pas grave, l'essentiel est qu'il voie le réel.
Michel,

Je parlais de la fameuse scène de la station de RER.

Marcel,

Vous connaissez mon goût pour la précision. Le tort, à mes yeux le tort immense, de M. Millet est de disréditer les positions anti-immigrationnistes par l'exagération.

Dites : "J'étais le seul européen dans le RER" et les gens répondront : "il exagère, ce n'est pas vrai". Dites : "Il y a trop d'érangers en France, on ne peux plus en accueillir davantage, voyez vous-même dans les transports en commun, la France a changé" et les gens répondront : "C'est vrai, vous avez raison".

Votre exemple sur Lannion et la Bretagne est excellent : vous ne dites pas que la Bretagne est submergée, ce qui serait ridicule, vous dites que les choses y changent, et cela peut utilement alarmer le lecteur indécis.
Oui c'est vrai, il exagère : disons que sur le quai du RER B à 18h30 à Chatelet les Halles, il y a Richard et moi.
Michel,

Je ne comprends vraiment pas en quoi le fait d'exagérer alors que les simples faits sont déjà accablants apporte quelque chose. Cela apporte surtout une image d'à-peu-près, de manque de sérieux... Zemmour l'a par exemple bien vu, il s'est amélioré et évite les approximations.
Il y a certaines choses que l'on ne voit pas sans le prisme de l'exagération.
Sans compter que "les simples faits déjà accablants" ont assez largement prouvé leur inefficacité en termes de prise de conscience.
Enfin tout de même :



Richard Millet doit se cacher sous un siège.
J'aimerais que l'on me permette quelques souvenirs personnels.
Je suis corse d'une famille dont au pays on appelait les hommes " jo". Non, ce n'est pas ce que vous pourriez croire : le mot, dont le "o" se prononce très ouvert, est un terme de respect qui s'adressait aux membres des familles de notables ou d'aristocrates. La mienne tenaient des deux catégories : mon grand-père, "jo" Romanacce ou "jo" Pierre pour les amis, était un grand propriétaire terrien et ma grand-mère une comtesse de ... Bernouilli (oui, je sais...) que son futru époux avait plus ou moins enlevée selon la tradition insulaire du "scapadicce". La passion du jeu (pratiqué en particulier dans les casinos de Bastia et de Nice) une insouciance et une prodigalité de grand seigneur ayant fini par ruiner l'aïeul, mon père, une fois marié, a "émigré" à Paris avec ma mère. C'est là, dans le quartier populaire du 15ème arrondissement, où j'ai grandi au milieu du "populo", que mon père, élevé par le sien comme un "jo" et tout "jo" lui-même qu'il fut, féru d'histoire et de latin appris au lycée de Bastia réputé, à l'époque, pour l'excellence de son ensigenement, aimait passionnément et m'a appris à aimer. Il avait lui aussi, hérédité oblige, la passion du jeu et m'entraînait partout avec lui : au bistrot du quartier où il avait ses habitudes de joueur de bridge,de belotte et de poker et où il retrouvait ses partenaires, pour la plupart de petites gens, de même qu'à Longchamp où il pariait aux courses, mais aussi aux matchs de foot et aux courses cyclistes du Vel d'hiv . Il adorait bavarder avec les gens du peuple et les faire parler. Il adorait également se "balader" à pieds à travers Paris toujours en ma compagnie. Alors je peux vous assurer que ce que l'on voit dans les films du Paris populaire des années 50, 60 est rigoureusement authentique.
Tout ça pour dire aussi qu'il n'y a pas que les aristos communistes qui aiment le peuple.

(message modifié)
» Disons que les films atténuent l'ambiance d'une époque ; ils tendent à être plus pimpants que le réel

Je crois que le regard lui-même, la façon de montrer, n'échappe pas au changement, moins encore dans les productions "culturelles" de consommation courante, et ce regard devient rapidement et sûrement aussi daté que peut l'être une monture de lunettes.
Oui mais enfin l'image de la population parisienne que donne cette pochade tournée en 1977 n'est guère différente de celle que l'on voit dans les films des années trente, mode vestimentaire et modèles automobiles mis à part : c'est le même peuple, la même langue. Les rames de métro ont changé mais les voyageurs sont les mêmes, quoique habillés différemment.
« Enfin tout de même :



« Richard Millet doit se cacher sous un siège. »


?????????????????????????
Soit, j'explique.

Je ne sais si la photo est bien visible dans mon post ci-dessus, moi je ne vois qu'une vignette aveugle mais mon ordinateur me joue parfois ce tour. Donc, il s'agit de la photo que vous avez mise sur votre "mur" Facebook aujourd'hui, prise dans l'intérieur d'une voiture du métro parisien, et qui ne montre que des immigrés africains et nord-africains. Elle illustre à merveille le propos de Richard Millet et même au-delà puisqu'il n'y a pas un seul Blanc visible, d'où ma plaisanterie (ce doit être le jour où Millet s'est trouvé être le seul Blanc mais comme on ne le voit pas, il doit être caché sous un siège). D'accord, ça n'était pas très fin mais tout à fait bienveillant à l'égard de notre ami.
Verrais-je des images d'archives d'actualités, d’émissions de la télévision israélienne des années 70-80, la différence d'avec ce qui se produit actuellement sera frappante, à tous points de vue : pas seulement dans les apparences secondaires comme la mode vestimentaire et les coiffures, mais dans la diction, la prononciation de l'hébreu, les ambiances sonores, les tics langagiers, l'affleurement dans les comportements individuels des stéréotypes collectifs, censément les façons de penser, tout ce qui constitue une époque et qui ne peut pas être statique, c'est impossible à mon avis ; il s'agit à peu près du même peuple...
Ce type de différences sera-t-il moindre entre, à tout hasard, La Bête humaine et Le Passager de la pluie ? Cela m'étonnerait...
Cher Alain Eytan, vous détournez le débat, nous parlons de peuple, et en trente ans il a radicalement changé, et cela s'accélère.
Vous n'êtes pas très gentil avec M. Millet, Marcel...

Vous auriez au moins pu imaginer qu'il était en train de prendre la photographie (une photographie totalement noire, si on veut), au lieu de cela vous le décrivez caché sous un siège...
A propos de l'apparence d'une population donnée, l'un des sagaces intervenants a-t-il la réponse à la question suivante :

- Soit deux populations, A et B, d'apparences physiques fort différentes (par exemple, les A ont de grandes oreilles, et les B des petites). Soit maintenant ab, fils d'un monsieur A et d'une dame B. Le dénommé ab a des oreilles de taille moyenne. Pour les A, il les a petites. Pour les B, il les a grandes. Est-il systématique que le métis soit vu comme appartenant à la composante de la population à laquelle on n'est pas soi-même rattaché ?

Dit autrement, le mulâtre est noir pour le blanc, blanc pour le noir.
Citation
Marcel Meyer
Cher Alain Eytan, vous détournez le débat, nous parlons de peuple, et en trente ans il a radicalement changé, et cela s'accélère.

Cher Marcel, cela allait, me semblait-il, dans le sens de votre remarque concernant le changement notable du réel apparent, tel qu'il se donne à voir dans les représentations qu'on en fait — hormis, certes, les modifications relatives à la composante strictement ethnique de l'humanité y représentée.
Ces modifications spécifiques n'auront jamais lieu, cela m'apparaît inévitable, que sur un fond de changement perpétuel...
Il y a à partir des années, disons 7O, la volonté de ne plus filmer le peuple en général mais seulement la partie huppée de celui-ci, toujours la même ou alors celle d'origine africaine. C'est ainsi que l'on a vu disparaître du cinéma français cette incroyable brochette d'acteurs populaires qui se distinguaient tous les uns des autres par leur originalité et souvent leur pittoresque. Où sont aujourd'hui, entre bien d’autres, les Jouvet, les Raimu, les Freyney, les Luguet, les Seigners, les Larquais, les Saturnin Fabre, les Noël Roquevert, les Michel Simon, les Bussières, les Gabin, les Blier, les Bourvil, les Ferandel, et même, quoi qu’on en pense, plus près de nous, les Belmondo avec leur gouaille, les Darry Cowl, les de Funès, les Villeret ? Chacun d'eux avait sa façon de jouer, souvent un peu théâtrale mais c'est ce qui en faisait le charme "décalé" comme on dirait aujourd'hui, son timbre de voix, son phrasé, sa gestuelle, et l'on retrouvait dans cette diversité, la diversité du peuple de France qui était tout sauf uniforme. Aujourd’hui, hormis rares exceptions, en voie d'ailleurs de disparition, tous les acteurs jouent de la même façon, parlent avec la même voix et les mêmes intonations. Soit ils incarnent des « bobos » , soit des personnages issus des quartiers « sensibulaires », tous plus stéréotypés les uns que les autres, non par la maladresse du réalisateur mais parce qu’ils apparaissent ainsi dans la réalité formatés qu’ils sont par le totalitarisme ambiant, islamiste pour les uns et petit-bourgeois pour les autres. L'uniformisation du cinéma est le reflet, paradoxal, de l'uniformisation d'une société qui se veut pourtant frénétiquement "diverse".
quartiers « sensibulaires »

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