Non, cher Rogemi, je ne veux rien prouver du tout. Cette anecdote m'a amusé, voilà tout. Mais si je voulais prouver quelque chose, ce serait au bénéfice du passé. Ce qu'il a pu, à mes yeux, avoir de meilleur, ne tient pas pour moi à ses mœurs supposées plus "civilisées" mais, plutôt, à la présence assumée de la violence des rapports, à son éventualité, avec toutes ses conséquences, ses risques, sa prise en compte tempérée, la drôlerie qu'elle peut faire naître, etc (sono stanco).
Ce jeune Michel de Crayencour, aujourd'hui protagoniste de l'anecdote que raconte sa fille, qu'adviendrait-il de lui, dans nos sociétés où, paraît-il, la barbarie gagne du terrain ? Quel cinéma on en ferait !
"Dans ce désert, deux souvenirs surnagent comme à titre d'échantillons."
Je n'ai recopié que le premier mais le deuxième est peut-être, lui aussi, significatif. "D'abord la violence..." :
"Ensuite le désir. Dans une autre boîte, Michel, nul en algèbre, prend des leçons dans le bureau d'un jeune professeur en soutane. Ils sont côte à côte. Sous la table, le jeune prêtre pose doucement la main sur la jambe nue de l'élève, remonte un peu plus haut. L'air bouleversé du garçon lui fit cesser son jeu. Mais Michel n'oubliera jamais ce visage de supplication et de honte, cet air d'absorption et de quasi-douleur qui est celui du désir et du plaisir à demi accompli."
Auprès de quels réchauffeurs perpétuels de traumatismes se sentirait-il pratiquement obligé d'aller "en parler", aujourd'hui, ce jeune écolier ?