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Sur le livre d’Alain Finkielkraut, “L’identité malheureuse”

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 13:21   Sur le livre d’Alain Finkielkraut, “L’identité malheureuse”
Ce livre vient à point nommé. Les réactions qu'il suscite disent beaucoup : comme dirait l'autre, il y a dans ce pays une fracture...

Sur France Inter.

Sur France Culture.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 14:48   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Les auditeurs de France Inter choisis pour poser une question ont été sélectionnés avec soin. Leurs questions me désespèrent et, pour reprendre mon image de la fracture, m'amènent à penser que ce pays, ses habitants sont irréconciliables. Le Grand remplacement a trop d'adeptes (même si c'est de façon inconsciente), trop de communicants, trop d'idiots utiles.
Le Grand remplacement a trop d'adeptes (même si c'est de façon inconsciente), trop de communicants, trop d'idiots utiles.

Ne m'en parlez pas, cher Christophe... En mission à l'étranger pour une organisation française, je suis, au bureau, littéralement cerné de bien-pensants. L'un d'entre eux, un possédé, considère même Samia Ghali comme une "facho": "Attends, elle veut envoyer l'armée et elle défend les pogroms anti-Roms!"... Un autre, moins fiévreux, mais quand même, ne comprend pas tous ces Français qui disent que certaines places parisiennes ressemblent désormais à la Cour des miracles: "Putain, y a dix ans, ces gens-là seraient allés manifester avec le DAL, c'est fou...", etc.
Cher Comolli, vous n'avez qu'à leur dire de répondre au plus vite au "voeu" du Conseil de Paris et de prêter, pendant qu'ils sont en mission, leur logement vacant à des Roms.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 17:08   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
L'écoute de ces émissions est décourageante. Elles sont menées comme de véritables procès, et Finkielkraut, pourtant très mesuré, doit se défendre sans arrêt, alors que n'importe quel sociologue maghrébin du CNRS venu nous dire du bien de l'islam et de la France actuelle est reçu avec bienveillance, admiration voire obséquiosité.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 18:19   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
"Très mesuré" est sans doute un euphémisme. Le fait que le Front National soit exclu du "front républicain" ne semble pas déranger notre ami.
Citation
Michel Le Floch
Cher Comolli, vous n'avez qu'à leur dire de répondre au plus vite au "voeu" du Conseil de Paris et de prêter, pendant qu'ils sont en mission, leur logement vacant à des Roms.

Je mettais promis de suggérer par mail à la pathétique Josiane Balasko, véritable romophile, d'accueillir chez elle au moins une famille et d'inviter ses amis de la jet-set à faire de même. Après tout, elle considère que l'Etat est raciste et que le nombre de Roms à prendre en charge est très faible... Il ne tient qu'à tous ces Gentils de redresser les torts de la nation. (A. Badiou, lui, est cohérent: en adoptant un Africain, il est allé jusqu'au bout de son délire.)
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 20:54   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Le papier de cette pauvre bille de Frédéric Martel sur Slate.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 21:04   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Je vais commencer la lecture du livre ce soir. C'est tout ce que je peux faire pour soutenir ce cher Alain.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2013, 21:11   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
L'entretien avec son acolyte, Elisabeth Lévy, ici.

Le magazine Elle s'y met aussi, ici.
Afchine Davoudi soulève un point capital.
Toute une part de l'identité "de gauche" réside dans la célébration de l'ouverture de nos frontières et la culpabilisation
de toute affirmation identitaire qui pourrait être vécue comme une agression envers les immigrés.
Pour la gauche canal France Inter, l'intellectuel maghrébin sociologue est une icône devant laquelle on se prosterne et
Alain Finkielkraut est un vilain qui attise les fractures ethniques et qui dresse les Français les uns contre les autres.
Et puis dans un certain milieu journalisticopolitique on pète de trouille à l'idée d'être accusé de faire de la peine aux musulmans. Des listes ont déjà étaient dressées et des excommunications prononcées.
Au fait j'ai relevé la phrase de Debord: "je ne suis pas de gauche, je n'ai jamais dénoncé personne". C'est amusant.
"Je suis triste, sincèrement triste, d’assister aujourd’hui à la faillite d’une grande intelligence, une de celles qui ont comptées et que nous devons désormais –esprit devenu malade– combattre." (Martel.)

Voir la langue d'un homme signifier aussi clairement la médiocrité de sa pensée, et révéler sa propre maladie, m'aide à surmonter la tristesse qu'il m'inspire.
Martel a décidé de combattre les esprits devenus malades.
Maintenant imaginez ce type dans un régime communiste; ça fait froid dans le dos.
Utilisateur anonyme
16 octobre 2013, 11:34   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Citation
Olivier Lequeux
"Je suis triste, sincèrement triste, d’assister aujourd’hui à la faillite d’une grande intelligence, une de celles qui ont comptées et que nous devons désormais –esprit devenu malade– combattre." (Martel.)

Voir la langue d'un homme signifier aussi clairement la médiocrité de sa pensée, et révéler sa propre maladie, m'aide à surmonter la tristesse qu'il m'inspire.

Charles Martel ?

L'intellectuel maghrébin sociologue est une icône quand il n'est pas (encore) un martyr. Vous comprenez, c'est tellement dur dans ce pays pour un maghrébin de devenir sociologue que, quand il réussit à le devenir, c'est un bon. Alain Finkielkraut est passé par le lycée Henri-IV, a tenté le concours d'entrée à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et a été reçu à l'agrégation de lettres modernes. Trop de tares pour un seul homme.
C'est irritant. Quand on veut répondre à un commentaire et à une personne en particulier, la réponse se retrouve tout en bas et non pas juste à côté. Sur le journal Libération par exemple ils ont un système de chaîne de discussion très intéressant qui mérite attention.
"Toute une part de l'identité "de gauche" réside dans la célébration de l'ouverture de nos frontières et la culpabilisation
de toute affirmation identitaire qui pourrait être vécue comme une agression envers les immigrés. "

Que la gauche ait tort ou raison, reste que la déferlante immigratoire, imposée par propagande totalitaire et sans consultation au peule français est un déni flagrant de démocratie qui montre que derrière le mépris de la nation se cache le mépris du peuple, le désir inavoué d'en finir avec lui et, donc, avec la démocratie.
"Livre malheureux", "dangereux", "si triste", "digression de croquemitaine", d'un auteur "de mauvaise foi", en "quête d'autorité", qui "divague", "ratiocine", prend "des positions scrogneugneuses", et qui écrit "des choses affreuses", "par préjugés, par obsessions", fait des "amalgames", "parle comme Marine Le Pen". (Martel.)

Un vieux fou, qu'il vaudrait mieux mettre sous assistance psychiatrique. Toute critique à l'égard du "réactionnaire" se résume à l'accuser de morbidité profonde et incurable. Il n'y manque qu'un "jette-toi dans le canal, Finkie" !
Utilisateur anonyme
16 octobre 2013, 13:04   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Citation
Cassandre
"Toute une part de l'identité "de gauche" réside dans la célébration de l'ouverture de nos frontières et la culpabilisation
de toute affirmation identitaire qui pourrait être vécue comme une agression envers les immigrés. "

Que la gauche ait tort ou raison, reste que la déferlante immigratoire, imposée par propagande totalitaire et sans consultation au peule français est un déni flagrant de démocratie qui montre que derrière le mépris de la nation se cache le mépris du peuple, le désir inavoué d'en finir avec lui et, donc, avec la démocratie.

Vous oubliez les élections, chère Cassandre : législatives, présidentielles et européennes. Autant d'occasions qui devaient permettre au peuple français de s'exprimer et de dire non à cette déferlante.

S'il y a un mépris du peuple, je le partage dès lors qu'il s'agit de ce peuple qui depuis tant d'années scie un peu plus la branche sur lequel il est assis. Un seul exemple de ce côté méprisable : que Nicolas Sarkozy bénéficie encore d'une certaine sympathie des électeurs de droite est tout simplement ahurissant quand on pense qu'il s'agit de l'homme qui n'a pas respecté le résultat du référendum de 2005 sur le traité européen.
Martel ne doit pas apprécier le côté réactionnaire et sa moraline répressive, et espérer un monde plus ouvert, tolérant, humain etc. Pourquoi pas ?
Ce qui m'étonne dans ce genre de position, c'est que les mêmes progressistes ne semblent pas trop inquiétés par le sort des homosexuels dans les pays musulmans, ni par la montée de l'homophobie des banlieues, par exemple.
Ils ne voient pas que leur idéal de progrès a plus à craindre d'un côté que de l'autre. Cette cécité est intrigante. Personne n'a jamais songé à interpeller Martel sur le sort des homosexuels et des minorités dans les cités et les pays du Sud? Il ne se pose aucune question ?
On n'a jamais donné au peuple les informations lui permettant de se faire une idée sur ce qui l'attendrait avec l' immigration africano-musulmane. On ne donnait la parole qu'à ceux qui en vantaient les mérites et quand une voix discordante se faisait , difficilement, entendre, celui qui l'avait, quelle que fût son autorité en la matière, était aussitôt diabolisé par tous les médias. Comment voulez-vous que le peuple accablé de soucis quotidiens, et ne connaissant rigoureusement rien à l'Afrique en général et à l'islam en particulier ait pu ouvrir les yeux à temps, surtout quand sa modestie le poussait à faire confiance les yeux fermés à ceux qui lui donnaient l'impression d'être bien plus savants que lui ? Comment d'ailleurs un peuple honnête et sain eût-il pu imaginer une seconde que dans un pays aussi civilisé que la France, ses compatriotes au(x) pouvoir(s) s'étaient mis à le mépriser et à le détester au point de lui préférer des populations étrangères encouragées à venir le remplacer ? Il ne le pouvait pas parce que c'était proprement inimaginable pour lui. Ajoutons à cela une pathétique bonne volonté à ne pas vouloir se comporter en raciste et l'on comprendra pourquoi ce malheureux peuple s'est fait, comme on dit, b....r jusqu'à l'os.
Utilisateur anonyme
16 octobre 2013, 19:17   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Il me semble que vous trouvez bien trop d'excuses à notre peuple. Mais je dois reconnaître que les remplacistes sont d'habiles dissimulateurs et manipulateurs.

A part cela, une divine surprise : Télérama a aimé le livre : "Deux cent quinze pages plus loin, nous sommes sûrs, non d'avoir les réponses, mais d'avoir été stimulés, parfois agacés, souvent séduits par une pensée qui nous prend à contre-pied."
Assez étonnant. Lorànt Deutsch n'aura pas eu droit à cette bienveillance, qui est traité avec le plus grand mépris dans un article récent, pour avoir commis un livre intitulé Hexagone. Il y est notamment qualifié de "méchant clone d'Eric Zemmour". Son récit épique de la bataille de Poitiers, dans lequel les musulmans seraient presque décrits comme belliqueux, n'a pas été non plus du goût du chroniqueur.
Utilisateur anonyme
17 octobre 2013, 10:43   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Lorànt Deutsch a le défaut de la jeunesse : il s'agit d'une jeune pousse qui évolue mal et qu'il convient de tuer rapidement.

Alain Finkielkraut est un chêne qu'on abat moins facilement, par respect, par tendresse (sauf quand on s'appelle Asko bien sûr, il y en aura toujours pour ne rien respecter).
Utilisateur anonyme
17 octobre 2013, 18:52   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Tiens, à propos d’Askolovitch : tout à l’heure, je déjeunais avec deux amis à Saint-Germain-des-Prés et nous commentions le papier que l’homme a commis dans Le Figaro en réponse à une chronique agressive de Natacha Polony sur son livre. Le ton était très libre et visiblement, cela a déplu à un voisin de table, un homme d’âge mûr, bon bourgeois, qui s’est penché vers moi et qui m’a dit : « Vous devriez lire ceci, jeune homme... » en me tendant :

Les murs ont surtout des oreilles.
Utilisateur anonyme
17 octobre 2013, 19:30   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Tchou tchou, le p’tit train.
Ne montez pas dans ce petit train Jean-Michel, jamais.
Utilisateur anonyme
17 octobre 2013, 19:42   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Tout est sous contrôle, il y a un contrôleur à chaque wagon et on n’a presque pas besoin de ticket pour monter.
tout à l’heure, je déjeunais avec deux amis à Saint-Germain-des-Prés ... nous dit M. le Secrétaire général. Ah, le Parti de l'Innocence n'est déjà pas un groupement populiste...
Utilisateur anonyme
23 octobre 2013, 18:28   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Ah, Ali Badou (notamment son entrée en matière) ...

video: [www.youtube.com]
Alain Finkielkraut, une déroute française
LE MONDE DES LIVRES | 23.10.2013 à 19h04 |
Jean Birnbaum

Toute l'oeuvre d'Alain Finkielkraut est vouée à sauvegarder un certain rapport aux textes, une façon de les recueillir comme un legs fragile, exigeant de nous prévenance et gratitude. Ce qui est en jeu, sous sa plume, c'est un amour du livre inséparable d'un art d'hériter.

D'où la première gêne qui saisit son fidèle lecteur au moment de refermer L'Identité malheureuse. Avant qu'il ait pu l'avoir en main, ce nouvel essai était déjà brandi par des agitateurs désinvoltes : des patrons de presse qui décident de mettre un livre à la "une" sans même y avoir jeté un oeil ; des animateurs télévisuels qui considèrent le texte comme un prétexte, simple support à "clash", pure matière à "buzz"... Ceux-là ne lisent pas, ils misent. Quant aux autres, à ces femmes, ces hommes qui, année après année, ont lu les ouvrages de Finkielkraut dans la solitude et le silence, il leur faudra encore exercer leur jugement malgré le brouhaha. Et d'abord faire la part du déjà-dit, de l'inédit, du non-dit aussi.

Celle du déjà-dit n'est pas mince. Sur la muflerie des modernes, sur l'ensauvagement d'une école où plus personne n'est maître, sur cette société qui enseigne la jeunesse aux jeunes quand il faudrait leur transmettre la sagesse des aînés... on reconnaîtra ici des thèmes et un style qui firent le charme des essais de Finkielkraut par le passé et qui continuent de donner à sa plume un souffle familier. On retrouvera aussi ses meilleurs ennemis, à commencer par les sociologues en général et Christian Baudelot en particulier, dépeints une fois de plus comme les princes du "politiquement correct", comprenez les souverains de notre temps. On notera encore l'ardeur intacte avec laquelle Finkielkraut épluche Le Monde, cet organe bien connu de la bien-pensance bobo, dont il raille de livre en livre les mêmes manchettes, parfois vieilles d'une décennie.

Quoi d'inédit, alors ? La tonalité et le vocabulaire plutôt que le sujet. Car l'inquiétude de Finkielkraut à propos de l'éducation est toujours allée de pair avec l'angoisse de l'identité. Fils et petits-fils de déportés, il est l'enfant du "plus jamais ça !" qui a suivi la Shoah et qui a rendu suspect tout éloge des racines. Dès ses premières parutions, le philosophe n'en a pas moins tenu à affronter la question de l'appartenance. Son nouveau livre avance ici des idées intéressantes, et qui méritent débat. Ainsi affirme-t-il que l'Europe post-hitlérienne a cru surmonter ses mauvais démons en inventant le "romantisme pour autrui", c'est-à-dire l'orgueil identitaire pour tout le monde sauf pour elle-même. De même déplore-t-il que le Vieux Continent se réclame du cosmopolitisme mais ait renoncé à toute perspective universaliste, comme s'il n'avait plus aucune valeur à proposer au monde. Enfin, le philosophe moque ces élites qui célèbrent la diversité culturelle mais refusent d'en mesurer les effets : "Gloire aux différences, mais maudits soient ceux qui les voient à l'oeuvre !", résume Finkielkraut.

Toutefois la nouveauté du livre se situe bien du côté du lexique et du ton. Le vocabulaire, d'abord, se fait toujours plus national. Hier, Finkielkraut veillait sur la République, aujourd'hui il escorte "l'identité française". Hier, il s'en remettait aux instituteurs, hussards noirs des Lumières universalistes. Aujourd'hui, il ne jure que par les "autochtones", hussards blancs d'un obscur séparatisme. Naguère il soulignait les points aveugles du discours antiraciste, désormais il s'indigne surtout qu'on ne puisse plus prononcer fièrement le mot "race". Certes, Finkielkraut est conscient de jouer avec le feu, il le souligne lui-même. Mais tout se passe comme s'il s'en délectait : "Personne ne peut souhaiter porter à vie la marque des hommes infâmes. Il faut pourtant accepter de courir ce risque", minaude-t-il.

Posture

Ainsi le ton se fait plus que jamais pamphlétaire : Finkielkraut se complaît dans le rôle d'un saint Jean-Baptiste, voix clamant dans le désert, porteuse d'une vérité qui crève les yeux et dont pourtant personne ne veut. Posture qui finit par faire symptôme d'un échec. Et de fait, quand le philosophe approche les parages les plus risqués de sa réflexion, il se brûle. Après Hitler, peut-on encore penser une appartenance non moisie, un "nous" sans exclusion du "eux", une patrie charnelle sans charnier universel ? Voilà trois décennies que Finkielkraut tourne autour de cette interrogation. On pense par exemple à la belle étude qu'il a consacrée à Péguy, Le Mécontemporain (Gallimard, 1991). On songe aussi à La Défaite de la pensée (Gallimard, 1987), un classique dont L'Identité malheureuse reprend presque à l'identique certains mouvements argumentatifs.

Mais si Finkielkraut se brûle au feu de l'identité, c'est peut-être qu'il ne s'appartient plus lui-même. Le ton et le lexique qui marquent l'écriture de ce livre manifestent une aliénation exaltée. Et c'est là qu'intervient le non-dit, qui a pour nom Renaud Camus. Avec les écrits politiques de ce dernier, L'Identité malheureuse partage des mots, des références et surtout la même obsession d'une double décadence : celle de la "Grande Déculturation" (par l'école) et celle du "Grand Remplacement" (par "l'immigration de peuplement"). Chez l'un comme chez l'autre, la France devient une "auberge espagnole" où les "Français qu'on n'ose plus dire de souche" ne savent plus où ils habitent. "Quand le cybercafé s'appelle "Bled.com" et que la boucherie ou le fast-food ou les deux sont halal, ces sédentaires font l'expérience de l'exil (...). Ils n'ont pas bougé mais tout a changé autour d'eux", écrit Finkielkraut. "Sur les lieux mêmes de ma culture et de ma civilisation je marchais dans une autre culture et une autre civilisation", note Renaud Camus (Le Grand Remplacement, éditions David Reinharc, 2011).

On pensait que L'Identité malheureuse marquait le retour de Finkielkraut à la prose politique après son essai sur l'amour. En réalité, ce nouveau texte sonne encore comme une protestation d'amour ; il témoigne d'une passion véhémente pour Renaud Camus. Car le châtelain du Gers n'y est pas seulement cité par son ami et protecteur, il le ventriloque littéralement. Cet élan affectif pourrait avoir sa beauté. Encore faudrait-il qu'il soit pleinement assumé. Et qu'Alain Finkielkraut précise jusqu'où va sa passion pour un écrivain qui a très officiellement déclaré sa flamme à la présidente du Front national.

L'Identité malheureuse, d'Alain Finkielkraut, Stock, 240 p., 19,50 euros.

Jean Birnbaum
D'où il appert que la description (?) remplace la discussion.
Sans doute ne se passe-t-il... rien.
Où l'on retrouve le thème de propagande à l'usage des bien-pensants, relayé ailleurs et probablement conçu dans de très hautes (voire très secrètes) sphères, de "Finkielkraut aliéné". Birnbaum fait ici un travail de spin doctor de l'idéologie : Finkielkraut et Camus sont deux fous se mirant l'un dans l'autre. Passez-vous le mot. C'est là ce que la France qui regarde le JT de 20 heures est à présent sommée de penser. Du reste, il faut s'attendre à voir cette ligne officielle du régime, son verdict sur ses opposants les plus systématiques, généralisés, télévisualisés, JTisés.
C'est un article curieusement, perversement peut-être, flatteur pour Renaud Camus, parce qu'il réussit à enfoncer un auteur dont on reconnaît d'autre part l'intérêt et les mérites relatifs en le ravalant au rang de simple écho viscéral de la voix du Maître, lequel est par-dessus le marché parfaitement honni.
La remarque d'Alain Eytan est pertinente et je partage son sentiment, nonobstant le reste.
Utilisateur anonyme
24 octobre 2013, 10:49   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
C'est drôle, en vingt-quatre heures, le titre a changé ; désormais c'est : Alain Finkielkraut joue avec le feu.
On a dû juger en haut lieu que Birnbaum exagérait un peu, tout de même. Mais ce nouveau titre, en plus d'être bête et enfantin, sonne comme un avertissement : « Attention, Alain, si vous continuez, vous allez tout perdre, votre poste à France Culture, vos invitations sur les plateaux de télévision, ainsi que vos éditeurs. Nous avons déjà lancé nos bouledogues sur vous, la dernière fois, chez Taddéi. N'oubliez jamais que nous avons le pouvoir (après vous avoir calomnié, insulté, détruit) de vous réduire au silence absolu, au néant médiatique, éditorial et financier.»
Rue Jean-Pierre Timbaud, dans le Xe arrondissement, je connais un imam qui est prêt à exorciser Finkielkraut de son mauvais djinn.
Cet article est presque drôle : "Après Hitler, peut-on encore penser une appartenance non moisie, un "nous" sans exclusion du "eux", une patrie charnelle sans charnier universel ?". Ouh la la, on en tremble.
"En réalité, ce nouveau texte sonne encore comme une protestation d'amour ; il témoigne d'une passion véhémente pour Renaud Camus. Car le châtelain du Gers n'y est pas seulement cité par son ami et protecteur, il le ventriloque littéralement." Et là c'est digne de Closer.
Le châtelain du Gers : encore une de ces paresseuses périphrases qui signalent le mauvais journaliste.

Quant à cet atroce emploi d'un verbe d'ailleurs inconnu au bataillon, "ventriloquer", il est parfaitement répugnant, et ambigu, car on ne sait pas qui "ventriloque" l'autre. En bonne logique, c'est AF qui est inspiré par RC au point de tenir un discours similaire, grammaticalement le sujet "il" du verbe "ventriloquer" ne peut que renvoyer au châtelain du Gers, donc à RC.
C'est bien ça : L'union soviétique mettait d'autorité les mal pensant à l'asile psychiatrique, aujourd'hui, en France on les fait passer pour fous, tout en rêvant de les pousser pour de bon vers la folie à force de sectarisme, de malveillance de principe, de condescendance goguenarde et de ricanements médiatiques.
Et ceci, c'est beau : "Posture qui finit par faire symptôme d'un échec".
J'ai trouvé le titre du Journal 2014 : Le Châtelain ventriloque.
Utilisateur anonyme
24 octobre 2013, 11:55   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Pour 2013, j'avais imaginé Le lâcher de vipères. Mais en fait il s'intitule, simplement, Non.
Non, titre magnifique, insurpassable.

Mais est-il disponible ? Marc-Edouard Nabe (les grands esprits se rencontrent) a publié en 1998 un recueil de chroniques sous ce titre, qui faisait d'ailleurs pendant à un autre recueil, paru simultanément, intitulé... Oui.

Et Ionesco a aussi utilisé ce titre, je crois.
Le journal Valeurs Actuelles paru aujourd'hui publie une recension de L'identité malheureuse qui rend, on s'en doute, un tout autre son. Il n'y est pas plus question du Châtelain du Gers que du seigneur de Ferney, manipulant de loin la vie intellectuelle du pays.

Un court entretien avec Jean Raspail aborde certains problèmes qui pourraient intéresser ce parti, et quelques autres. A la question de savoir comment l'Europe peut faire face aux migations, Jean Raspail présente deux possibilités : ou bien nous nous accommodons de notre effacement et nous mourons (et il ajoute que c'est l'avenir le plus probable), ou bien l'on prend "des mesures d'éloignement collectif (...) forcément très coercitives", auxquelles il ne croit pas. Personne, juge-t-il, n'aura le courage de les prendre. "Il faudrait mettre son âme en balance, mais qui est prêt à ça ? " Il envisage enfin une étape intermédiaire de constitution de contre-ghettos blancs, de recours au communautarisme, ce qui ne peut déboucher que sur la concurrence communautaire et la guerre civile. Ceci ne rappelle-t-il pas l'idée, que j'ai trouvée récemment sur le net, de créer un état chrétien au Moyen-Orient pour que les Chrétiens d'Orient s'y réfugient, une sorte d'Israël chrétien ? Enfin, à la question de savoir si un sursaut national est possible, il répond : " Non. Il fallait (sic, il faudrait?) un esprit épique, le goût des destins élevés pour rendre possible un sursaut national. Il faudrait que les gens croient encore en leur pays. Je n'en vois plus beaucoup. A moins de réformer de fond en comble l'Education Nationale et les médias audiovisuels en privant de tribune les enseignants et les journalistes qui participent à la désinformation..."

Si je me permets de reprendre ces idées, c'est que Le camp des saints, ce roman de Jean Raspail paru en 1973, donne à cet écrivain une certaine autorité lucide. Ce serait peu si je ne retrouvais dans ses propos les analyses d'Eric Werner, auteur que je tiens en haute estime pour les livres que j'ai lus de lui. Enfin, pour tout dire, il m'arrive parfois de me pincer pour vérifier que je ne rêve pas et que j'entends bien ce que j'entends. Parfois, je me soupçonne d'être victime d'hallucinations déclinistes, et à ces moments-là, l'actualité (à savoir le récit qui en est fait) franchit une étape de plus vers le délire collecdtif. Et sur le petit écran s'agitent des autorisés de parole qui prêchent à temps et contre-temps que toutes les identités sont belles, sauf la mienne qui est moisie et doit disparaître.
Aïe ! Après Birnbaum, c'est BHL qui s'y met dans son bloc-notes du Point :
[www.lepoint.fr]

J'ai dans l'oreille l'écho du psychodrame dont la France, au même moment, semble devenue le théâtre. Tous ces obsédés de l'identité ou, ce qui revient au même, de la communauté, tous ces gens qui ne craignent plus, les uns de se référer à un écrivain dont la seule contribution mémorable à l'histoire de son pays est d'avoir compté les intellectuels juifs présents sur sa radio favorite, les autres de faire comme si 15 000 Roms représentaient une menace obligeant 60 millions de Français à réviser leurs codes d'hospitalité, les troisièmes à juger qu'une collégienne kosovare en situation irrégulière représente un trouble à l'ordre public si brûlant que doive être violé, sans délai, l'espace sanctuarisé de l'école républicaine - et je songe que nous n'en avons pas fini, en France et en Europe, avec la leçon, la sagesse, de Sarajevo.
C'est curieux, il y a eu des affinités paradoxales, des points de convergence, entre RC et BHL et je suis sûr ou presque sûr qu'il y en a toujours, sous la couche des apparences et des convenances. Quand BHL parle d'un écrivain "dont la seule contribution mémorable à l'histoire de son pays"... il réserve la contribution éventuelle du dit écrivain à la littérature de son pays, qui est tout de même la principale contribution qu'on puisse attendre d'un homme de lettres.
Il y a aussi le Ja de thomas Bernhard, publié en 1978 ; mais c'est un OUI au NON, finalement, puisqu'il clôt le récit par l’affirmative, réponse de certaine Persane à la question de savoir si elle se tuerait, un jour. Cependant que le NON camusien témoigne plutôt une entêtée volonté de continuer de vivre comme on est.
Ce livre, bien qu'il se lise facilement et aussi rapidement qu'un long article de bon journal (mais il n'y en a plus de bon) ou qu'une brillante dissertation de classes préparatoires, est un peu décevant. C'est le livre d'un grand professeur (pas d'un docteur de l'université - si tel avait été le cas, il aurait été illisible) qui s'inscrit dans la grande tradition des Lumières, revue par les "idéologues" (première manière) du type Destutt, à savoir une analyse, sur le modèle de la chimie de Lavoisier, des idées, dans lesquelles sont isolés les divers éléments qui les composent. L'exposé est assez impartial : AF analyse les idées qui lui sont étrangères ou auxquelles il est hostile (rabaissement des femmes, multiculturalisme, obscurantisme, islam...) avec le même soin ou la même bienveillance que les idées qui sont les siennes ou auxquelles il adhère, celles des Républicains de progrès ou "de gauche". Ce livre de professeur talentueux n'est pas un livre d'écrivain : AF cisèle de belles formules dans lesquelles il condense ses analyses, mais dont la principale utilité est de pouvoir être transformées en slogans, que tous ses partisans pourront ânonner...

La conception qu'AF se fait de l'identité de la France se réduit à celle de la République issue de 1792, une et indivisible, mais aussi impériale et impérialiste, qui, de 1792 à 1962, a fait la guerre au monde entier (ou à quasiment tous les peuples du monde) et qui n'a pas hésité à retourner ses armes contre son peuple : "génocide" de Vendée, massacres de Vendémiaire An III, massacres de juin 1948, Semaine sanglante en 1871, répression par l'armée des grèves ouvrières, massacre de la rue d'Isly. C'est à cette France réduite ou lacunaire ou hémiphlégique qu'il est attaché, celle de l'école qu'il a fréquentée et où il a enseigné, des maîtres qui lui ont appris les rudiments, etc. et c'est cette France-là qui est malheureuse, puisque, peu à peu, elle rejoint les poubelles de l'Histoire où elle est jetée par ceux-là mêmes qu'elle a formés et à qui elle a prodigué avantages et privilèges... Elle est en train de connaître le destin de la France royaliste et catholique. Si AF, dès son enfance, avait été gaulliste, c'est-à-dire attaché au Non du 17 juin 1940 (au lieu de faire le gauchiste en 1968 et dans la décennie qui a suivi avec les pétainistes ou les fils de pétainistes et à leur seul profit), il aurait eu sans doute une autre conception de la France et de son identité - et son livre aurait été très différent.

Le véritable "sujet" (une identité en faillite ou en voie de disparition) n'est pas dans le contenu de ce livre, mais dans la façon dont il a été reçu. Ce qui illustre à merveille les analyses d'AF, ce sont les réactions de MM. du Poirier, Lévy et des autres abrutis qui l'ont agressé lors d'une émission de télévision ou de ceux qui éructent leur haine dès que son nom est prononcé... Il serait sans doute trop simple de coller l'étiquette "post-littéraire" (post-historique, post-colonial, etc.) sur ce qui se passe. Le fait est que la France a été pendant huit siècles ou plus une "nation" que l'on peut qualifier de "littéraire", dans le sens ancien (érudit, savant, attaché aux lettres : cf. l'Histoire littéraire de la France, oeuvre des mauristes du XVIIIe siècle) et dans le sens moderne de ce terme : une nation qui existe dans et par les "lettres" et dans laquelle la littérature a toujours joué un rôle déterminant. Cela avait un effet : les écrivains étaient lus avec bienveillance ou, comme l'écrit AF lui-même, "avec un coeur intelligent". Même si l'on était hostile à ce qu'ils écrivaient, on s'efforçait de restituer leur pensée impartialement ou d'analyser leur art sans que le crachat tienne lieu de critique. Ces temps-là sont clos; une ère est terminée : cette France se meurt. Les points de vue de MM Birnbaum, Lévy, Darfi, etc. sonnent le triomphe des Lénine, Hitler, Béria, Goebbels, Staline, etc., ou de la rhétorique qu'ils ont inventée, et cela dans une "république" dite "démocratique" et plus d'un demi-siècle après leur mort et alors que leurs disciples sont tous discrédités. Tous ceux qui ne partagent pas le point de vue de Birnbaum (ou du Monde, de Libé, de France-Cul) sont des fascistes. Mme Le Pen est une fasciste, Renaud Camus qui a voté pour elle en est un aussi, AF qui cite Renaud Camus (il y a beaucoup d'auteurs et de penseurs cités dans sa longue dissertation) en est un aussi. C'est de la démonologie : une vraie chasse aux sorcières, dont ont été victimes dans un passé récent Renaud Camus, Sylvain Gouguenheim, Maurice Dantec, Richard Millet et maintenant Alain Finkielkraut. Dantec s'est exilé; Millet songe à l'exil; Renaud Camus est un exilé de l'intérieur; Gouguenheim aussi... Sans parler de tous ceux qui se taisent ou qui sont condamnés au silence. Or, ce sont là les écrivains, les penseurs, les professeurs les plus brillants du siècle. Maudit soit un pays qui condamne (au nom de l'égalité ou de l'arasement ?) au silence, à l'exil, au pilori, à la honte les plus brillants de ses écrivains, penseurs, professeurs ! Combien d'années pourra-t-il survivre à ces infamies ?
Utilisateur anonyme
25 octobre 2013, 09:21   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Merci pour ce billet très juste, cher Henri Rebeyrol.
Très beau commentaire , en effet.

" (au lieu de faire le gauchiste en 1968 et dans la décennie qui a suivi avec les pétainistes ou les fils de pétainistes et à leur seul profit)"

Que voulez-vous dire exactement ?
Utilisateur anonyme
25 octobre 2013, 16:37   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Alain Finkielkraut sera l'invité de Laurent Ruquier demain.

Arte se pose la question avec lui et Pierre Nora : "c'est quoi être français ?"

video: [www.arte.tv]
Laurent Ruquier ?????? A.F. n’a peur de rien...
Utilisateur anonyme
25 octobre 2013, 17:48   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Plus que Ruquier, c'est le roquet Caron que je crains.
J'ai eu peur, un instant, j'ai compris que c'était Ruquier qui allait être l'invité de Finkielkraut...
Quant à Arte, inutile de se demander si la question aurait pu être posée correctement, par exemple qu'est-ce qu'être français aujourd'hui ?...
Pourquoi va-t-il se fourrer dans une telle galère ? Est-ce son éditeur qui l'y exhorte ?
Pendant dix ans, la France a eu, de 1959 à 1969, des gouvernants ou un régime qui étaient fidèles à l'esprit de la France libre et qui appliquaient, non pas à la lettre, mais dans son esprit, les objectifs du CNR. Or, c'est contre ce "régime", qui réconciliait les deux France par l'institution d'une monarchie républicaine et qui a redonné à l'Etat une dignité et son efficacité, que la "jeunesse" s'est révoltée, manipulée par on ne sait qui, prenant pour cible celui qui le 17 juin 1940 avait dit non à la défaite, à l'armistice et à la collaboration avec la puissance occupante.

En 1968, quelques semaines avant que ne commencent les événements de mai, Christian Bourgois a publié de François Augiéras (1925-1971), écrivain "gidien" talentueux, un livre de souvenirs : Une adolescence au temps du Maréchal. On peut y lire tous les "thèmes" de mai 68 : esprit de communauté, soif de convivialité, sens de la "génération" (la jeunesse, les "jeunes" des sociologues soixante-huitards), retour à la terre, autocélébration ou autocontentement, "dynamisation culturelle" des campagnes du Périgord, du Limousin et d'Auvergne par le théâtre ambulant (théâtre action). La France de 1941-44 qu'il décrit, celle des organisations de jeunesse de la Révolution nationale, des camps dans la nature et des chantiers, est étrangement semblable à celle de 1968. Il y a plus de vérités chez les écrivains que chez les sociologues et même que chez les historiens. Mai 68 a eu lieu une première fois de mai et juin 41 à mai 44 : c'est ce qu'écrit Augiéras, avant même que ne commencent les événements de mai 68.

Une des fables que l'on nous assène sur les années d'occupation est qu'elles furent des années de puritanisme imposé par le pouvoir pétainiste. C'est sur cette thèse que Miller s'est acquis une petite célébrité. Or, les documents réunis par Patrick Buisson dans les deux volumes de "1940-1944 Années érotiques" infirment cela - de même que les innombrables liaisons entre des soldats de l'armée d'occupation et des Françaises (liaisons qui ont humilié ceux qui, dans leur for intérieur, désapprouvaient la collaboration). La libération des moeurs s'est faite entre 1940 et 1944 - plus de vingt ans avant 1968. Ce sont les résistants qui eux étaient, par réaction contre cette liberté sexuelle, puritains. C'est eux qui étaient pour le travail (retrousser ses manches), pour la famille (très forte remontée de la natalité), pour la patrie. De Gaulle résumait cela en trois mots cruels à l'encontre de Pétain : il n'a jamais travaillé de sa vie, il a toujours baisé la femme des autres et la patrie, il l'a trahie.

Ce qui révèle la vérité des événements (confus, bavards, une révolution introuvable) de mai 68, ce ne sont pas les discours contradictoires ou sans contenu que l'on a entendus, c'est le réel : ce que sont devenus ou ce qu'ont fait réellement sur le plan politique les soixante-huitards, tous étudiants alors (et fils de bourgeois ou de petits-bourgeois nantis), pas ou peu d'ouvriers, pas de paysans (le peuple absent). Ils ont porté au pouvoir Mitterrand (dont la biographie est éloquente); ils ont en 1983 renié un siècle de "combats" en faveur de l'émancipation du peuple; ils ont préféré à ce peuple délaissé le tiers-monde et ses représentants en France; ils ont contribué activement au changement de peuple. Ce fut à la fois une farce et une tragédie pour la France.
Utilisateur anonyme
25 octobre 2013, 21:05   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Citation
Anna Ruperti-Lambert
Pourquoi va-t-il se fourrer dans une telle galère ? Est-ce son éditeur qui l'y exhorte ?

Je crois que ce cher Finkielkraut aime ça, tout simplement. Après Taddeï, après Baddou, Ruquier.

Ardisson a-t-il encore une émission ?
Merci, cher Rebeyrol. Vos éclaircissements vont dans le sens de ce que j'ai toujours pensé.
25 octobre 2013, 23:46   Eichmann in dem Wald
« Le mouvement des Wandervögel, c'était d'abord l'acte par lequel la jeune génération se désolidarisait de ses aînés. Cette guerre perdue, cette misère, ce chômage, cette agitation politique, nous n'en voulions pas. Nous jetions à la figure de nos pères l'héritage sordide qu'ils tentaient de nous faire assumer. Nous refusions pêle-mêle leur morale d'expiation, leurs épouses corsetées, leurs appartements étouffants, capitonnés de tentures, de portières et de poufs à glands, leurs usines fumantes, leur argent. Par petits groupes chantants et enlacés, dépenaillés, coiffés de feutres défoncés mais fleuris, ayant pour tout bagage une guitare sur l’épaule, nous avions découvert la grande et pure forêt allemande avec ses sources et ses nymphes. Efflanqués, crasseux et lyriques, nous couchions dans les fenils et les crèches, et nous vivions d'amour et d'eau claire. Ce qui nous unissait par-dessus tout, c'était notre appartenance à une même génération. Nous entretenions comme une franc-maçonnerie de la jeunesse. Certes nous avions des maîtres. Ils s'appelaient Karl Fischer, Hermann Hoffmann, Hans blüher, Tusk. ils écrivaient pour nous des récits et des chansons dans de petites revues. Mais nous nous entendions trop bien à demi-mot pour avoir besoin d'une doctrine. Nous ne les avons jamais vus à Kiel.
C'est alors que se produisit le miracle des gueux. Nous, écoliers errants, nous avions la soudaine révélation, avec cette Ligue des gueux (Bund der Geusen) qui nous ressemblaient comme des frères, mais qui relevaient de l'idéologie nazie, que nos idéaux et notre manière de vivre n'étaient pas forcément voués à demeurer en marge d'une société forte de son organisation et de son inertie. Les gueux, c'étaient des Wandervögel doués d'une force révolutionnaire qui menaçait directement l'édifice social. »

Michel Tournier, Le Roi des aulnes
Citation
Christophe Rivoallan
Je crois que ce cher Finkielkraut aime ça, tout simplement

Peut être oui, mais en tout cas il me semble aussi qu'il témoigne d'un réel courage, n'hésitant pas à "croiser le fer" avec ses pires ennemis idéologiques. J'ai aussi l'impression qu'il a toujours en lui, même peut-être inconsciemment, l'espoir d'arriver à les convaincre, par ses arguments et sa bonne foi manifeste.
Il a la touchante naïveté de croire que ceux d'en face, certes se trompent, mais ont tout de même une honnêteté intellectuelle suffisante au travers de laquelle il pourra véhiculer son discours et ses démonstrations rationnelles.
Mais si Ruquier l'a invité c'est que lui et son Caron de service pensent qu'ils peuvent l'étriller. A d'autres époques Ruquier ne l'aurait pas invité.
J'ai le sentiment qu'en ce moment les chiens sont vraiment lachés ; que le statut d'intellectuel subtil et respecté, modéré, alliant le coeur et la raison, protègera de moins en moins Finkielkraut, qu'on ne prend plus de gant pour lui taper dessus, l'insulter, le traiter même en malade mental.
Le végétarien Caron doit être impatient de mordre les jarrets de son futur invité. Il a dû bien sentir tout ce climat-là! Il doit certainement se sentir encouragé, par d'autres de son camp qui ont déja ouvert les vannes, a y aller gaiement et ne plus se brider face à cet intellectuel dont l'aura le protègera de moins en moins.
Utilisateur anonyme
26 octobre 2013, 04:30   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Ardisson a “Salut les Terriens”, le samedi, en début de soirée, sur Canal + (on y voit notamment Gaspard Proust). C’est dans cette émission, par exemple, qu’Éric Zemmour avait parlé de l’origine des dealers et des prisonniers — ce qui lui avait valu les tribunaux.
Utilisateur anonyme
26 octobre 2013, 11:39   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Décidément, même chez l'Obs, on ne peut plus évoquer Finkielkraut sans parler de Renaud Camus... La photo de notre président n'est d'ailleurs pas très bonne, il faudrait leur en fournir une nouvelle.

Cette phrase de cet article, pour faire le lien avec ce que j'ai écrit plus haut : "La démocratie télévisuelle a besoin d'invités régressifs-transgressifs qui assurent le spectacle en mordant régulièrement la ligne blanche."
Utilisateur anonyme
26 octobre 2013, 11:54   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Dernière phrase de l'article : « Mais pas sur le dos d'une catégorie de la population parmi les plus fragiles ».

Mais bien sûr...
Il semblerait néanmoins que tout ce remue-ménage ait quelque effet sur la diffusion de l'ouvrage :
[www.lexpress.fr]
Utilisateur anonyme
26 octobre 2013, 21:14   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Citation
Pierre-Marie Dangle
Il semblerait néanmoins que tout ce remue-ménage ait quelque effet sur la diffusion de l'ouvrage :
[www.lexpress.fr]

Tite-Live est donc un palmarès de ventes...
Le palmarès des essais, où Alain Finkielkraut arrive en tête, s'il était le reflet de la psychè de l'honnête homme en France en octobre 2013, engagerait à un optimisme relatif -- aucun essai des sociologues organiques du complexe médiatico-politique, aucuns des tambour-majors de la France d'après où brillera pour mille ans le soleil radieux de la diversitude, aucune haine ordinaire de soi, à première vue et aucun Tariq Ramadan non plus. Comme si la phase de cauchemar que traverse actuellement le pays pouvait, une fois évacuée par le réveil, être elle-même, et toutes ses prétentions à l'oubli et à l'enfouissement de ce qui l'avait précédée, abandonnée aux oubliettes, perdue pour le souvenir, comme l'individu qui ne se rappelle plus ses moments d'égarement et parvient ainsi à se les faire pardonner. Ca serait bien. Préférable à la guerre civile en tout cas.
Les essais de Bruckner arrivaient souvent en haut des ventes, et pourtant sans effet notable sur le cours inexorable des choses.
Les sociologues organiques vendent à 2000 ou 3000 personnes, mais placées au bon endroit.
Néanmoins ce qui rend optimiste avec ce livre de Finkielkraut, c'est qu'il suscite autant de réactions (des questions ?) à des points stratégiques ; cela me semble nouveau.
Les essais de Bruckner arrivaient souvent en haut des ventes, et pourtant sans effet notable sur le cours inexorable des choses.
Les sociologues organiques vendent à 2000 ou 3000 personnes, mais placées au bon endroit


La question que soulève "le cours inexorable des choses" est celle de l'histoire. Je ne suis pas de taille à lancer ici pareille discussion, qui risquerait trop de se perdre dans le néant des choses, plus inexorable encore que leur cours, mais enfin, je ne connais pas d'école historique sérieuse qui pose pareille inexorabilité.

Deux à trois mille personnes, il est vrai, peuvent en mener en bateau des millions, un certain temps. Jusqu'à ce que soit atteint un point de rupture, celui où le mouton se révèle enragé et où le troupeau conscient de ses forces balaie en quelques jours, quelques semaines, les mauvais bergers. Il me semble que ce scénario se montre plus fréquent dans l'histoire que celui de l'inexorabilité ad infinitum de la conduite du troupeau à l'abîme. L'hébétude de ce dernier, condition de sa soumission et de l'apparente inexorabilité de sa progression vers les poubelles de l'histoire, du reste, se retourne contre ses artisans dans ces moments critiques, avec, quand elle est activée souvent par inadvertance (l'éco-taxe, par exemple, et ce n'est qu'un exemple) le réveil de son pan violent, l'inexorable fureur de la bête émue, que les bergers de l'enfer, après l'avoir longtemps entretenue, auront tout lieu de redouter.
Utilisateur anonyme
27 octobre 2013, 09:59   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
A ceci près que les moutons ne s'opposent pas uniquement aux mauvais bergers, mais à une coalition tacite et subtile qui lie ces mauvais bergers à une armée innombrable de moutons-colons, venus de fermes lointaines, et qui rendent impossible la vie des moutons autochtones.
En somme : "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps."
Eh bien disons qu'il y aura pour ces moutons-là les boucheries halal, celles qu'ils ont eux-mêmes créées... Quand le "cours inexorable de l'histoire" se renverse, certains maux révèlent qu'ils étaient porteurs de leurs propres solutions. La valise ou la boucherie halal : ce choix ainsi posé aux moutons-colons est certes drastique mais pas inédit dans l'histoire. L'inversion de la machine inexorable produit ainsi, en sus de justes retournements des choses, certains justes retours des choses. Et du reste, que pourrait-elle bien produire d'autre, en régime d'inexorabilité.

En régime historique de non-inexorabilité, le cours des choses débouche sur un réveil, la dissipation du cauchemar, la réconciliation de l'esprit avec lui-même dans la vie éveillée, la disparition des boucheries halal et celle de leurs sombres possibilités. Je préfère croire à la non-inexorabilité des boucheries halal, celles du coin de la rue comme les autres, d'envergure historique.
Mmmhh... Finalement, on pourrait peut-être envisager la notion d'exorabilité... Que tout ceci soit bel et bien exorable, après tout, pourquoi pas.
Oui, est exorable ce qui répond moins aux prières qu'à ce que l'anglais désigne par le terme entreaty, qui se rapproche de l'insistant plaidoyer, soit, en gros, ce que nous faisons ici.
Utilisateur anonyme
27 octobre 2013, 18:53   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Derrière Finkielkraut, Renaud Camus, derrière Zemmour ? Renaud Camus bien sûr (et son Grand Remplacement)

video: [www.youtube.com]
Il me semble qu'Alain Finkielkraut est sorti de l'arène ruquieresque auréolé d'une certaine autorité, et ce malgré l'attaque routinière de Caron, assez faiblarde, mais aussi, il est vrai, grâce au soutien de Natacha Poloni et d'une actrice dont le nom m'échappe. Évidemment, cette petite victoire télévisuelle, en elle-même, ne signifie presque rien ; et je suppose que l'identité juive de Finkielkraut lui sert encore involontairement de rempart médiatique.
Utilisateur anonyme
28 octobre 2013, 12:34   Re : Sur le livre d'Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse.
Oui, cette actrice a été bonne.

En face, le Caron a été mauvais tellement sa volonté de lire entre les lignes n'a pas porté.

J'ose croire que toute personne un tant soit peu dotée de neurones sait que Finkielkraut n'est pas raciste et que sa pensée est bien plus profonde que ce que veulent bien en dire Caron, Le Monde, Le Nouvel Obs, etc. (et comme l'a bien rappelé Natacha Polony).
Il jouit en effet d'une aura résiduelle, composée d'esprit républicain, de judéité et de franceculturité, qui lui donne encore le droit de s'expliquer, de se blanchir. On lui fait incidemment comprendre qu'il peut être sauvé à condition d'accompagner tous ses discours du chapelet antiraciste et antilepéniste obligatoire.
Mais il se prête au jeu, avec un art "de la dialectique", que même le crétin de service doit lui reconnaître, qui confine au génie. Il s'arrête au bord du dépassement du débat; il se cantonne à son rôle, s'applique à en rappeler les limites biographiques, historiques, subjectales, qui le définissent. Le parti de Marine le Pen est lui aussi dans la timidité.

Comme souvent se pose dans ces discussions la question de la générosité envers les nécessiteux. Qui est généreux et comment ? Quelles conditions, y compris matérielles, encadrent aujourd'hui la générosité face au besoin ? Question fondamentale, jamais posée. La générosité demeure inenvisageable en situation d'égalité. S'il y a égalité présumée, il faut changer le nom de générosité pour l'appeler "solidarité". C'est le penchant critique de "la Gauche française". Or ce que la Gauche aime nommer "solidarité" demeure elle aussi inenvisageable, fausse, ou assujettie à une phénoménale mauvaise fois si n'est point réuni un double jeu de conditions: la connaissance et reconnaissance de l'être qui invite à une solidarité envers lui (on ne peut être solidaire de l'inconnu hors l'extase mystique); la communauté de condition (jadis ce que l'on désignait comme "la condition ouvrière", ou "la condition paysanne" ou encore, sur l'autre bord "la solidarité patronale", celle dite "des cent familles", les cartels, etc.) ou encore la communauté d'appartenance tribale, ethnique, familiale ("je suis solidaire de Léonarda parce qu'elle est Rom, comme moi", etc.).

Le "sans-papiérisme" est ainsi plombé par une énorme mauvaise foi : il est suggéré d'être solidaire de gens dont on ne sait rien. Certains pouvant être des criminels, des négriers, des violeurs, des jeteurs de femmes par-dessus bord les embarcations de fortunes, de sombres maquereaux, de monstrueuses maquerelles, des marchands d'enfants. Ils ont caché ou brûlé leurs papiers pour se rendre nus de ces choses, vierges de tout soupçon, ce qui devrait, pour les sans-papiéristes, suffire à "nous sentir solidaires de leur malheur". Or non. Généreux face à la nudité, oui peut-être, mais alors l'égalité de principe fuit, car nous, confrontés au malheur, le visant depuis nos rivages, ne sommes point, objectivement, les égaux des populations qu'il a frappées; généreux et consentants au don éventuellement mais très certainement pas solidaires de ces gens qui refusent de livrer à autrui tout signe qui permettrait de les identifier, de les faire reconnaître comme justifiant l'expression d'une fraternelle solidarité envers eux.

Donc, la Gauche triche, est de mauvaise foi : il est aporétique de se déclarer solidaire de l'inconnu hors le mysticisme, le fanatisme, le furieux aveuglement volontaire et l'idiotès militant, et le slogan "solidarité avec les sans-papiers" est un monstre de mauvaise foi.

La générosité, mise en équilibre sur l'inégalité de condition franchement reconnue, est plus honnête; à partir de cette honnêteté d'esprit, ou honnêteté intellectuelle fondamentale qui compose avec les déséquilibres de l'existant, il devient possible de bâtir une action, une pensée. Qu'est-ce qui, sur les deux piliers que constituent la connaissance objective des conditions historiques du besoin d'une part et, d'autre part, l'élan humanitaire, peut être fait; en d'autres termes, qu'est-ce que l'inégalité permet ? Quel ressort contre le malheur l'inégalité de conditions constitue-t-elle en soi ?

Et si ressort pour l'action humanitaire de bonne foi il y a en cette inégalité, comment l'activer ?

La réponse est double:

1. Préserver la riche inégalité, contenir l'entropie du malheur contagieux qui se propage d'un continent à l'autre et qui vainc toujours et systématiquement tout ce qu'il touche;
2. Agir par le don médiatisé, celui que déléguera le peuple conscient de l'inégalité de condition des hommes à l'Etat qui le représente pour que ce dernier agisse contre le mal extérieur sous toutes ses formes.

La fonction médiatisante de l'Etat dans toute action contre le malheur des hommes a été abandonnée par "la Gauche" française. La liquidation, la liquéfaction de cet être, l'Etat, désormais sans frontière, qui pouvait agir positivement contre le Mal hors les frontières de la nation a entrainé l'infiltration entropique -- tous égaux, tous malheurs se valant, et tout malheur égalisant les hommes il ne reste plus qu'à se pousser sur le banc de la passivité pour lui faire de la place --, de l'espace national qui jusqu'à cet effondrement demeurait préservé des maux d'origines allochtones, et cela s'est accompagné d'une exaltation moralisatrice compensatoire, fanatique, qui, émanant de l'Etat failli, s'adresse, par injonctions répétées, constantes, aux citoyens français appelés dans ce processus d'égalisation entropique à rejoindre, à domicile, les populations touchées par un malheur tout entier originaire de leur sphère historique et géographique propre.

Et ces injonctions étant toujours, systématiquement, immuablement, dirigées contre les Français historiques, sans que jamais elles ne se tournent, ne serait-ce que par souci d'impartialité, sans parler de souci d'égalité lequel est principiellement au-dessus de tout soupçon en de pareilles injonctions, vers les impétrants au droit du sol auxquels au grand jamais on ne saurait faire la morale, le père de Léonarda pouvant tout se permettre, l'injonction morale de l'Etat français n'étant, par définition, jamais dirigée contre lui (car alors, s'il s'y risquait, cet Etat sur-le-champ s'auto-accuserait de "racisme"), c'est dans ce processus, en lequel l'injonction de morale civique directement et exclusivement assénée aux citoyens français vient compenser la perte d'action médiatisée d'un Etat failli, processus que la Gauche française prend en charge, mène au pas de charge, dont elle se fait la championne par le biais de ses tambours-majors du crétinisme audiovisuel bien représenté par le ruquiérisme, qu'il faut identifier une résurgence du pétainisme en France.
(Cher Francis, si l'on s'appuie sur la notion de "morale" pour venir en aide aux nécessiteux, invoquant alors un devoir, une obligation et même un "impératif" de secourir le prochain en difficulté — "prochain" parce que membre de la même espèce, humaine en l'occurrence —, alors toute action allant dans ce sens aura plutôt à voir avec la "solidarité", justement, relevant de la reconnaissance d'une obligation d’assistance liant censément les hommes parce que solidaires du fait même d'être hommes et ainsi liés par cette condition, qu'avec la "générosité", qui n'est qu'un sentiment ou un affect qu'on peut éprouver ou non, et qui ne suffisent certes pas en eux-mêmes à fonder et légitimer une éthique.)
Il n'est pas de "solidarité humaine" dans l'opacité des conditions, des actes, des états présents et antécédents des êtres qui s'y trouvent impliqués ou par elle liés. Solidaire signifie condition partagée dans l'hétérogénéité des états antécédents -- ainsi les prisonniers dans un camp de prisonniers de guerre compteront dans leurs rangs des hommes dont la condition civile était très diverse (aristocrates, fonctionnaires, ouvriers, paysans, petits délinquants, etc.) qui se trouvent solidaires par le fait d'une condition partagée; ou bien un état originel (même ancêtre) partagé dans la diversité des conditions présentes : des personnes aux destins individuels très disparates peuvent éprouver de la solidarité de par l'appartenance commune à une même famille ethnique, une même lignée, etc. Dans les deux cas, il faut du connu, qui sera soit empirique (camp de prisonnier de guerre où la solidarité se fonde sur une expérience commune), soit révélé (comme lorsque Tess of the D'Ubervilles dans le roman de Thomas Hardy s'entend révéler une lignée commune avec ceux qui par ce fait sont institués ses protecteurs potentiels en vertu du principe de solidarité de lignage).

Si vous considérez que "la famille humaine" suffit à elle seule, comme révélation, à fonder une solidarité de principe avec l'inconnu alors vous proclamez une profession de foi religieuse et aveugle, aveugle en ce sens que cette religion n'implique que vous, et nullement celui ou celle à qui elle n'est point révélée; pareil article de foi humaniste à compassion scopique absolue, comme il me semble l'avoir dit, n'est alors rien d'autre qu'une déclaration d'amour faite à soi-même, ou au mieux, proclamée dans le désert, soit un peu ce que A. Finkielkraut caractérise comme le "s'aimer aimant" des solidaires principiels qui, solitairement, onanistiquement, manifestent dans la rue leur amour pour toutes les Léonarda de l'univers.
Francis a raison, c'est pourquoi le proverbe populaire "charité bien ordonnée commence par soi-même" est si juste, le "soi-même" pouvant se reconnaître, en effet, dans des personnes liées par un vécu, une condition partagée ou par le sang dans l'appartenance comune à une famille ou lignée. Il ne s'agit donc pas d'un conseil cynique, mais d'un constat résultant d'expériences millénaires. On ne peut se solidariser, c'est-à-dire, payer volontairement de sa personne en argent ou en mobilisation plus ou moins bénévole et à bon escient, qu'avec le semblable, le connu . Aussi convient-il de commencer par lui. l'Autre pourra seulement bénéficier, après, à la rigueur, de la générosité et de l'énergie de personnes qui lui sont étrangères si elles en ont de rab à lui prodiguer. Tout le reste est littérature.
Je voudrais revenir sur ce qu'il faudrait peut-être appeler "ferveur religieuse qui n'engage que soi", celle de la proclamation d'une solidarité à sens unique et à fonds perdus : hors la communauté d'intérêt (corporative, celle des chauffeurs de taxi ou des médecins inscrits à l'Ordre des médecins, des militaires, par exemple) et hors les communautés d'expérience (prisonniers de guerre) et enfin la communauté de lignée, trois cas (ou deux, car le deuxième est largement assimilable au premier) où la solidarité prend un sens, soit celui de fonctionner comme une cordée, il existe bien évidemment la solidarité bâtie sur l'a-priori d'une fraternité de communion dans une même foi religieuse. C'est ainsi que, partageant une même foi , les Chrétiens d'Occident peuvent se déclarer "solidaires" de Chrétiens d'Orient qu'ils n'ont jamais rencontrés, qu'ils ne connaissent point; c'est le boxeur Muhammad Ali visitant un pays d'Asie centrale, embrassant tout le monde et déclarant à la cantonnade, au bord des larmes tant son émotion était grande, que ces gens qu'il ne connaissait pas, étaient ses frères puisqu'ils étaient musulmans. La chrétienté, l'Oumma ainsi, peuvent être dites solidaires. Mais le communisme lui-même en faisait tout autant, il suffit de se rappeler la chanson de Jean Ferrat Vous mes amis que je ne connais pas. Dans ces cas, l'élan, la proclamation de solidarité sont bâtis sur une présomption forte de réciprocité qui irriguerait tout le courant solidaire interne à la foi considérée.

Il en va tout autrement de cette religion informe des Droits de l'Homme selon laquelle l'humaine condition, alors qu'elle ne se présente jamais la même en deux lieux différents, justifierait une solidarité. Du reste si tel était le cas, si la solidarité dans la diversité des humaines conditions était authentique et n'était point fausse, alléguée et de mauvaise foi (à la différence de l'Oumma ou de la Chrétienté, par exemple, qui elles, quoi qu'on en dise ou en pense, ne relèvent pas de la mauvaise foi, sont des fois authentiques produisant de l'authentique solidarité), la solidarité dont on vient de dresser la typologie au paragraphe précédent s'annulerait puisqu'elle y apparaît comme tout entière subsumée à une unicité existentielle, à une manifestation unifiée et particulière (ontique) de l'humaine condition, car étant bâtie sur l'insécable singularité des états.

Non irrigable de réciprocité (les Debrani, parents de la petite Léonarda, ne sont pas des droits-del'hommistes, ne sont pas altruistes, ne donnent rien, sont imperméables à toute morale), cette religion des Droits de l'Homme est fausse car elle ne crée aucune boucle (cordée) entre des hommes qui seraient en communautés de condition ou de lignée. Quant à la troisième solidarité, celle qui ressortit à la foi religieuse authentique, elle devrait envisager cette fausse foi jetée comme semence dans le désert pour ce qu'elle est véritablement: un onanisme spirituel.

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Bravo pour cette puissante réflexion.
En somme, il ne reste plus aux Droits de l'homme qu'à attendre l'arrivée des Martiens pour prendre sens... Patience...
Même dans la plupart des religions, sinon toutes, la réciprocité est le principe : celui qui se soumet aux contraintes et aux sacrifices que la divinité exige de ses adorateurs, attend d'elle la réciprocité soit sous forme de protection contre les malheurs terrestres soit sous forme d'existence paradisiaque dans une autre vie. La religion des droits de l'homme est la seule à ne promettre aucune réciprocité, ni sur terre ni au ciel. Quel étrange paradoxe qu'elle soit née dans la génération de ceux qui voulaient jouir sans entraves et interdire d'interdire, alors qu'elle leur impose les pires contraintes et multiplie les interdictions à leur encontre !
Il est possible que le jouir-sans-entraves ait eu besoin, par crainte superstitieuse d'une rétribution des dieux qu'il narguait, de s'imposer en sacrifice, en cilice, ce don de soi éperdu au néant, à une idole sadique et sans visage : l'Homme armé de droits, exigeant son dû d'offrandes de la part de l'onaniste jouisseur-sans-entraves, lequel ravi de l'aubaine y répond en s'obligeant, inlassablement, à fonds perdus, jusqu'au piétinement dernier comme avant lui il y avait eu un jugement dernier, remplacé par celui-là.

La France de François Hollande distribue toutes les semaines, peut-être tous les jours, étant impossible de le savoir avec précision, des centaines de passeports français à toute l'humanité, y compris à des gens qui les réclament à peine et qui sont surpris de se les voir attribuer. Ces gens éprouvent la surprise de qui, encore sain d'esprit, voit le masochiste jouisseur-sans-entraves, au moment le plus inattendu, se rouler à ses pieds qui se confond en supplications qu'on le piétine qu'on lui lie charitablement les membres dans des cordes et entraves.

La cordée solidaire, impossible dans et par les droits de l'homme mais s’y artificialisant néanmoins, se mue ainsi en noeuds de cordes qui emprisonnent le masochiste, lequel crie au passant, à l'homme non impliqué dans sa jouissance de malheur, qu'on veuille bien le faire souffrir et l'obliger.
Francis, ce n'est pas une affaire personnelle, ce n'est pas moi and only qui considère que la "famille humaine" suffirait à fonder une solidarité de fait qui engageât à l'action sans aucune assurance de réciprocité et de retour de bons procédés, ce n'est que la conséquence d'une conception de la morale qui a été très solidement explicitée et formulée par la modernité philosophique, au terme de laquelle la subjectivation accrue du monde s'est payée en retour d'une prise en compte de la totalité des hommes comme sujets, à part égale et absolument, de la loi morale.
Or vous faites comme si toute prise en compte d'une telle solidarité (impliquant devoir et obligation inconditionnés envers l'autre), comme si cette prise en compte ne pouvait qu'être l'expression d'une crasse mauvaise foi doublée d'une pitoyable erreur sémantique et mécompréhension caractéristique du véritable sens des mots ; je ne crois sincèrement pas que ce soit le cas.
On ne peut tout de même pas faire l'économie de la façon dont on a tenté de légitimer les diverses façons de se comporter, culminant en une véritable Métaphysique des mœurs, dans le cours de l'histoire des idées, et en renvoyer les restes contemporains dans les limbes immatures de la pure et simple bêtise, de même qu'on ne peut, à mon humble avis, méconnaître purement et simplement le retentissement considérable et fondateur qu'ont eu les "formules de la moralité" kantiennes, qui toutes sont de facture universaliste et décrètent une solidarité effective entre tous les hommes, pour autant qu'ils soient membres de la même espèce (en fait, pour autant qu'ils soient des "êtres raisonnables"), ce ne serait historiographiquement pas juste, et c'est surtout cela que je voulais pointer, plutôt que vous donner des conseils de bonne conduite, ce dont je me garderais bien...

J'ajouterai encore que vous semblez avoir des rapports entre la foi et la morale une conception "pré-moderne", si j'ose dire, et déduisez toute conviction morale d'une sorte d'infatuation "religieuse" ou "mystique", celle-ci fondant la première ; je suis franchement désolé de vous enquiquiner encore avec mon Kant préféré, mais je ne vois pas comment l'on pourrait en faire l'impasse en cette affaire : fidèle à sa manie malicieuse d'inverser le point de vue sur les choses, ce n'est pas selon lui la religion qui fonde la morale, mais bien la faculté morale en l'homme, caractérisée par la possibilité de s’auto-déterminer par l'exercice de la raison (pratique), et donc de s’affranchir de la condition naturelle prisonnière de la phénoménalité, c'est donc cette faculté morale qui seule permet d'actionner le levier d’échappement et d'accéder à une sur-nature, à la transcendance et donc à la religion.
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