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Bref entretien de Renaud Camus au Temps

Quand Richard Millet parle de la douleur que lui inflige la présence des mosquées en France, le fait de se voir «seul Blanc» dans le RER, cela éveille-t-il des échos chez vous ?

Certes — les plus grands et les plus profonds échos. Le changement de peuple, le changement de civilisation, la contre-colonisation, le Grand Remplacement en cours, sont pour moi comme pour lui un sujet de désolation de tous les instants.

Quand il dit son admiration devant la «perfection littéraire» des actes de Breivik, partagez-vous ce point de vue esthétique ?

Pas du tout. Breivik est pour moi un objet d’horreur totale et il ne me serait pas venu un instant à l’esprit d’associer son nom au terme d’éloge. Ses crimes sont épouvantables et je suis pour l’in-nocence, la non-nocence, la non-nuisance, le fait de ne pas nuire. Accessoirement Breivik dessert de façon terrible la cause qu’il prétend servir. Je ne suis pas d’accord avec le titre choisi par Millet, je ne partage pas, en l’occurrence, son point de vue “esthétique”, mais je suis totalement d’accord et plus que cela avec le fond de son propos et je partage entièrement ses vues sur le drame auquel sont soumises, avec leur propre consentement hébété, les populations indigènes de l’Europe colonisée.

Vous sentez-vous de la même famille littéraire que Richard Millet? De la même famille politique? Voyez-vous une parenté entre votre défense d'une certaine idée de la France et la sienne? Cette défense ne se rattache-t-elle pas à une tradition littéraire française à laquelle vous vous rattacheriez tous les deux ?

La même famille littéraire, peut-être un peu, nous avons tous les deux appartenu longtemps à la même maison d'édition, P.O.L, et sommes tous deux de grands admirateurs de Claude Simon. La même famille politique, je ne sais pas. À propos de la Syrie en ce moment, par exemple, nos vues sont très opposées. Mais face à un désastre tel que le changement de peuple et de civilisation, la contre-colonisation en cours, il en va comme de la guerre de Cent Ans ou la défaite de 1940 : les réactions ne sont pas “politiques”, c’est beaucoup trop peu dire. Elles tiennent à l’être même, elles sont ontologiques.
Pas du tout. Breivik est pour moi un objet d’horreur totale et il ne me serait pas venu un instant à l’esprit d’associer son nom au terme d’éloge. Ses crimes sont épouvantables et je suis pour l’in-nocence, la non-nocence, la non-nuisance, le fait de ne pas nuire.

C'est remarquable, c'est bien écrit, c'est clair.

On a parlé d'Huysmans sur un autre fil, c'est vraiment à rebours de la méthode provocatrice de M. Millet
Utilisateur anonyme
31 août 2012, 00:12   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Je ne sais si c'est une différence de méthode ou de tempérament.

M. Millet est rempli de haine pour ce monde. M. Camus n'en paraît qu'être dégoûté. La haine de M. Millet lui fait commettre des imprudences et donner dans des excès qui sont étrangers à la personnalité flegmatique de M. Camus.
Il y a surtout que Millet — c'est là pour moi un point essentiel —, à l'opposé d'un Camus, par exemple, manque singulièrement... d'humour. Je ne crois pas qu'il soit animé par la haine, comme vous dites. Le détachement ironique bien dosé, chez certains, fait passer l'amertume de certaines pensées ; Millet, lui, est plus franc du collier.
Utilisateur anonyme
31 août 2012, 09:47   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Je nuancerais.
Millet n’a aucun humour dans ses écrits « politiques ». Quand il veut faire de l’ironie (comme avec ce malheureux titre) il échoue rudement.
Dans ses romans il fait preuve, en revanche, de beaucoup d’humour, triste et noir certes : Présenter un type qui se balade avec ses excréments car il n’ose pas utiliser des toilettes modernes, pour moi c’est de l’humour noir.
Mais cela n’a rien à voir avec l’humour de Renaud Camus
Le défaut principal de Millet est en effet son manque d'humour et d'ironie. Cela plombe souvent ses écrits et ses invectives. C'est ce qui rendait le ressassement de Muray lisible et parfois jouissif. C'est ce qui rend les analyses de Renaud Camus particulièrement agréables à lire.
L'esprit de sérieux qui anime Millet n'invalide pas la pertinence de la plupart de ses analyses, mais cela rend très ennuyeux et poussif la lecture de certains de ses ouvrages. Cela le rend parfois même un peu ridicule.
Utilisateur anonyme
31 août 2012, 11:21   Re : S'il fallait comparer les styles
Citation
Stéphane Bily
Il y a surtout que Millet — c'est là pour moi un point essentiel —, à l'opposé d'un Camus, par exemple, manque singulièrement... d'humour. Je ne crois pas qu'il soit animé par la haine, comme vous dites. Le détachement ironique bien dosé, chez certains, fait passer l'amertume de certaines pensées ; Millet, lui, est plus franc du collier.

Mais ne l'avoue-t-il pas lui-même dans "Fatigue du sens"?
Si la théorie d'Orimont sur le texte sur Breivik est en partie juste, et elle est en tout cas fort bien amenée, lequel serait une sorte de renvoi d’ascensceur rien que pour voir la tête ébahie des plagiés à leur propre jeu, alors il faut bien concéder que l'humour est bien la dernière chose qui manquerait à M. Millet.
Quant à Mr Camus, flegmatique, ahem...
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 08:45   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il faut bien se mettre en tête qu'un bon écrivain, un bon essayiste ou polémiste n'est pas obligatoirement un bon débateur.

L'éloquence est un don trés rare mais avec l'avénement de la télévision et la multiplication des débats, talk-shows et autres panels de discussion on a tendance à croire que celui qui est doué pour l'écriture devrait également devant les micros et les caméras faire feu de tous bois.

Cela est bien évidemment faux et un Philippe Muray p.e. faisait assez piétre figure à la radio. Richard Millet n'est pas aussi inhibé que Muray mais n'est nullement à l'aise sur un plateau de tv.

Ceux qui réussissent le mieux à la tv sont les grandes gueules comme BHL, Cohn-Bendit et autres cabotins du même genre qui parlent fort, n'ont pas le moindre complexe à couper la parole à leur adversaire et qui profitent outrageusement de la timidité naturelle de leurs contradicteurs.

Richard Millet a de l'humour et même de la roublardise mais après l'avoir vu à la tv qui pourrait le supposer ?
Quand ils ne se penchent pas sur la question de la légèreté et de la lourdeur, la critique du style, le jugement de goût deviennent inopérants, vides. Que Millet se trouve en ce moment précipité sous les feux de la rampe et insulté par la basse-cour ne doit pas nous empêcher de formuler des jugements formels sur sa prose ; et que d'aucuns ne trouvent guère ce style à leur goût ne les empêche nullement de se sentir néanmoins proches, et fraternellement, de cet auteur, sur le plan idéologique et politique.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 09:09   Re : S'il fallait comparer les styles
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 09:17   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Didier,
J'ai lu beaucoup de livres de Millet, pas tous, certes, tant il y en eut. Chaque fois, ce qui me fatigua, ce qui me conduisit à arrêter ma lecture (lorsque je l'arrêtai), ce fut à cause de cette pose un peu sentencieuse et sérieuse de l'auteur, où jamais ne pointe la plus petite distance. De temps en temps, il y a des piques à l'endroit de ses adversaires, mais ce n'est pas de l'ironie (ou alors celle d'un Voltaire, pas d'un Rousseau), moins encore de l'humour. Sa langue est souvent sublime, mais elle fait parfois parler, sans la distance d'un discours indirect libre, des gens qui n'ont pas accès à une telle langue - c'est le cas dans "Dévorations", par exemple où la serveuse parle et articule ses pensées exactement comme Richard Millet, alors qu'elle n'est ni lettrée ni instruite...
01 septembre 2012, 11:48   En la personne d'un symptôme
Il ne me semble pas que la "théorie" que je propose dans l'autre fil (et qui ne se présente que comme une hypothèse) vise à mettre en doute la combativité de Millet ni n'augure chez lui un éventuel "changement de cap". Je ne crois pas m'être posé ces questions dans les quelques réflexions que j'ai proposées.

J'aime à croire que Millet, et avec son titre, et avec la forme de son texte, a voulu se jouer des commentateurs et les conduire à vouer aux gémonies la méthode qu'ils emploient eux-mêmes depuis des années pour "comprendre" la violence des nouveaux "damnés de la terre" qu'ils se sont fabriqués, indispensables à exciter leur compassion de privilégiés. Peut-être un de ces crieurs au loup du Limousin aura-t-il été sur le point d'accuser Millet de pratiquer la "culture de l'excuse", avant de se raviser in extremis, confronté à un terrible "effet miroir" et, cela aussi,,j'aime à l'imaginer. Mais, peut-être, Millet n'y a pas pensé et c'est tout naturellement qu'il a composé son article comme il l'a composé.

Didier affirme que Millet ne s'intéresse qu'au symptôme Breivik et non à sa personne. Il me semble que c'est là une distinction assez vaine à opérer ou, plutôt, une distinction qui est au coeur de tout projet biographique, dès l'instant où celui-ci s'applique à des anonymes qu'un "faits-divers" propulse sur le devant de la scène.

D'absolument toutes ces biographies plus ou moins romancées, plus ou moins analytiques, telles qu'il s'en est produites des dizaines ces dernières années, on peut dire que l'auteur s'intéresse à un "symptôme", soudain "incarné". Celui-là est le symptôme des cadavres dans le placard d'un pays entier (Fritzl), cet autre de l'échec de l'intégration par les études et la gentillesse (Kelkal), ce troisième de la "dérive" fondamentaliste (Merah) et chaque fois, on trouverait le "symptôme" que l'auteur a cru devoir mettre en avant pour justifier son intérêt pour tel ou tel "personnage".

En cela Millet ne se distingue pas des autres, dans la forme, quand il nous montre en Breivik "(...) un produit exemplaire de cette décadence occidentale qui a pris l'apparence du petit-bourgeois américanisé (...)" Là-dessus, suit une description très intime du parcours familial de Breivik, de ses goûts vestimentaires, de ses lectures, etc (p. 107 et suiv.), le tout s'achevant (p.109) par une longue phrase qui commence par ces mots : "Breivik est, comme tant d'autres individus, jeunes ou non, exemplaire d'une population........etc"

De même, à peine entamée la lecture du Limonov de Carrère, (ce que je viens de faire, c'est pourquoi j'en parle) on lit ceci (p.34) :

"(...) sa vie romanesque et dangereuse racontait quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale."

C'est d'ailleurs un trait commun à beaucoup de biographes contemporains de prévenir très vite l'accusation de s'intéresser "gratuitement" à l'objet de leur étude, comme s'ils en avaient honte, ou qu'ils s'en passeraient bien, allez ! mais cela leur a parut tellement "symptomatique" qu'ils n'ont pas pu s'empêcher d'en écrire (ah ! soit dit en passant, comme on est loin de l'art du biographe, tel que pratiqué pas Marcel Schwob dans ses Vies imaginaires...)

"Je ne cherche pas à faire de la socio-psychologie politique (...)" se défend Millet, immédiatement après un passage où il vient de pratiquer la "socio-psychologie politique" à plein tube et avant un autre passage où il va en reprendre le chemin. Là encore, c'est une forme de dénégation caractéristique de l'usage actuel : affirmer que l'on ne fait pas ce que l'on est en train de faire.

Encore une fois, je ne conteste pas les analyses de Millet quant au geste de Breivik, je me permets simplement de dire qu'elles sont dans le moule formel d'autres analyses, à base de biographies d'anonymes devenus célèbres par un passage à l'acte violent.
Orimont,

C'est très convaincant, en tout cas...
Très intéressante contribution au débat :

[pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com]


Le Nouvel observateur s'améliore.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 12:59   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je trouve cette analyse au moins équilibrée : le problème n'est pas la littérature, c'est la liberté d'expression.

M. Jourde montre bien les risques de chasse aux sorcières, montre bien les risques de parler sans lire. Le Nouvel Observateur s'honore à publier un tel texte qui, en français moderne, est "une claque aux procureurs au petit-pied". Le Nouvel Observateur ne voit pas en tous temps et tous lieux des ventres féconds et des bêtes immondes. Je pense qu'il y a tout lieu de se féliciter de cela.

J'ai encore relu, Didier, le texte de Millet, mot à mot. Je vais finir par le connaitre par coeur. La position de M. Jourde peut se comprendre.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 13:49   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Citation
Jean-Marc
Je trouve cette analyse au moins équilibrée : le problème n'est pas la littérature, c'est la liberté d'expression.

M. Jourde montre bien les risques de chasse aux sorcières, montre bien les risques de parler sans lire. Le Nouvel Observateur s'honore à publier un tel texte qui, en français moderne, est "une claque aux procureurs au petit-pied". Le Nouvel Observateur ne voit pas en tous temps et tous lieux des ventres féconds et des bêtes immondes. Je pense qu'il y a tout lieu de se féliciter de cela.

J'ai encore relu, Didier, le texte de Millet, mot à mot. Je vais finir par le connaitre par coeur. La position de M. Jourde peut se comprendre.


Remarquons qu’il est assez normal que Pierre Jourde n’aime pas les chasses aux sorcières, des « lecteurs » l’ont envoyé à l’hôpital.
Sur le fond de l’ouvrage de Millet je ne pourrai donner mon appréciation que mardi, je ne l’ai pas encore reçu. Mais je pense que la population de la planète pourra attendre jusque là. Enfin pour le moment je préfère les romans corréziens au roman norvégien de cet auteur. Millet, encore une fois, ce n’est pas uniquement la question du nombre de blanc dans le RER.
Kindle, Jean-François, Kindle !


J'ai entendu dire que les Jourde avaient été lapidés... était-ce à Marseille ?
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 14:36   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Citation
Jean-Marc
Kindle, Jean-François, Kindle !


J'ai entendu dire que les Jourde avaient été lapidés... était-ce à Marseille ?

Non dans le Cantal. Ce qui prouve que dans les régions pauvres, il y a moins de violence que dans le 9-3, mais ...
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 15:00   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 septembre 2012, 17:32   Oeuf et poule à l'horizon
Oui, la phrase où apparaît Renaud Camus...

Mais avant cela, quelque chose m'échappe et j'en demande une explication de texte :

Page 115, Millet écrit, à propos de Breivik : "Il est un écrivain par défaut [...]" puis, page 119, "Breivik a quelque chose de gris. C'est en cela qu'il aurait pu être écrivain."

Il est vrai que je n'ai jamais été très à l'aise avec la tournure "par défaut", mais, me semble-t-il, c'est de "tueur par défaut" que doit être qualifié Breivik, si, plus loin, on dit qu'il aurait pu être écrivain. Il n'a pas été écrivain et, par défaut, s'est fait tueur.

Cette confusion (dont je suis peut-être le seul coupable par lecture fautive), je la retrouve tout du long de ce court Eloge et elle me parait importante. Je n'ai pas bien saisi si, pour Millet, Breivik tue parce qu'il ne peut écrire ou si le massacre est une forme d'écriture, comment dire, "postlittéraire". Il est clair que l'intelligence du texte est à chercher (si c'est possible) de ce côté-là.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 19:50   Re : Oeuf et poule à l'horizon
Citation
Orimont Bolacre
Oui, la phrase où apparaît Renaud Camus...

Mais avant cela, quelque chose m'échappe et j'en demande une explication de texte :

Page 115, Millet écrit, à propos de Breivik : "Il est un écrivain par défaut [...]" puis, page 119, "Breivik a quelque chose de gris. C'est en cela qu'il aurait pu être écrivain."

Il est vrai que je n'ai jamais été très à l'aise avec la tournure "par défaut", mais, me semble-t-il, c'est de "tueur par défaut" que doit être qualifié Breivik, si, plus loin, on dit qu'il aurait pu être écrivain. Il n'a pas été écrivain et, par défaut, s'est fait tueur.

Cette confusion (dont je suis peut-être le seul coupable par lecture fautive), je la retrouve tout du long de ce court Eloge et elle me parait importante. Je n'ai pas bien saisi si, pour Millet, Breivik tue parce qu'il ne peut écrire ou si le massacre est une forme d'écriture, comment dire, "postlittéraire". Il est clair que l'intelligence du texte est à chercher (si c'est possible) de ce côté-là.

« … ce n'était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui ; c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre... »
(La Confession négative)
Je ne sais si cela peut éclairer l'interrogation.
01 septembre 2012, 20:26   Re : Oeuf et poule à l'horizon
» (ah ! soit dit en passant, comme on est loin de l'art du biographe, tel que pratiqué pas Marcel Schwob dans ses Vies imaginaires...)

« L’art du biographe consiste justement dans le choix. Il n’a pas à se préoccuper d’être vrai ; il doit créer dans un chaos de traits humains. Leibnitz dit que pour faire le monde, Dieu a choisi le meilleur parmi les possibles. Le biographe, comme une divinité inférieure, sait choisir parmi les possibles humains, celui qui est unique. Il ne doit pas plus se tromper sur l’art que Dieu ne s’est trompé sur la bonté. Il est nécessaire que leur instinct à tous deux soit infaillible. De patients démiurges ont assemblé pour le biographe des idées, des mouvements de physionomie, des événements. Leur œuvre se trouve dans les chroniques, les mémoires, les correspondances et les scolies. Au milieu de cette grossière réunion le biographe trie de quoi composer une forme qui ne ressemble à aucune autre. Il n’est pas utile qu’elle soit pareille à celle qui fut créée jadis par un dieu supérieur, pourvu qu’elle soit unique, comme toute autre création. » (Schwob, préface des Vies imaginaires)


En somme, le plus biographique possible, et le plus asymptomatique.
01 septembre 2012, 21:59   Défaut
« … ce n'était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui ; c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre... »

Merci pour cette citation qui, hélas, n'éclaire que faiblement ma lanterne apparemment fuligineuse. A quoi renvoie le "ce", dans cette phrase prise en chemin (je ne peux vérifier, n'ayant pas le livre) ? Qu'est-ce qui n'était plus du "roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui" ?

Quant à l'emploi de "par défaut", il me demeure peu clair.
Utilisateur anonyme
01 septembre 2012, 22:43   Re : Défaut
Citation
Orimont Bolacre
« … ce n'était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui ; c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre... »

Merci pour cette citation qui, hélas, n'éclaire que faiblement ma lanterne apparemment fuligineuse. A quoi renvoie le "ce", dans cette phrase prise en chemin (je ne peux vérifier, n'ayant pas le livre) ? Qu'est-ce qui n'était plus du "roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui" ?

Quant à l'emploi de "par défaut", il me demeure peu clair.

Le début de la phrase, que je n'aurais pas dû tronquer est :
"Ce n'était plus la guerre fantomatique à quoi, depuis mon arrivée à Beyrouth, je m'étais habitué et qui ne venait pas ; ce n'était plus du roman........."
Encore une fois je n'ai pas encore reçu l'Eloge mais à vous lire j'ai l'impression que certaines clés se trouvent dans la Confession Négative.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2012, 08:38   Re : Herméneutique
(Message supprimé à la demande de son auteur)
02 septembre 2012, 18:56   Re : Herméneutique
Cher Didier,

Avec la crainte, toujours, de ne pas vous comprendre tout à fait, voici quelques remarques :

« Quand l'gamin i peut plus verbaliser, ben i cogne tire dans le tas, tu vois... »
Si c’est cela, entre autre, que Millet veut faire entendre à ses lecteurs, pourquoi ne le dit-il pas plus clairement ? Supposons, par exemple et puisque il est aussi question de comparer deux styles, que Renaud Camus veuille exprimer cette idée simple et juste que dès l’instant où les mots se dérobent, ou ont perdu de leur portée, il ne reste plus que les coups pour se faire entendre (chose qui, en effet, s’observe tous les jours à cause de l’usage inconsidéré des insultes), eh bien, il, Renaud Camus, saurait l’écrire sans plonger ses lecteurs dans les affres de l’interprétation et l’on pourrait le contester ou l’approuver en toute connaissance de cause. S’il faut en revanche, pour discuter la pensée de Millet, se souvenir des traductions problématiques de Platon, l’argument me parait quelque peu forcé, appliqué à un auteur d’aujourd’hui qui s’exprime en français et à qui il appartient, non pas d’être traduit par des exégètes, mais de traduire, lui, sa propre pensée afin de la rendre raisonnablement accessible, d’autant qu’elle se propose de gloser sur un « fait-divers » unanimement connu. Autrement dit, je ferais simplement le reproche à Millet d’être assez souvent – et inutilement - alambiqué dans l’expression de ses idées.

Ainsi, j’en viens maintenant à oser affirmer que l’emploi qu’il fait du terme « par défaut » me parait très précisément alambiqué. Si j’écris de vous, cher Didier, que vous êtes membre du P.I. par défaut, que comprendrez-vous, sinon que je pense que vous rêviez d’une autre forme d’action dans laquelle vous ne vous êtes pas engagé ? et si, vingt lignes plus loin, j’écris que vous auriez-pu être membre du P.I., c’est que, finalement, je prends acte que vous vous êtes engagé dans une autre forme d’action. Moyennant quoi, vous auriez du mal à savoir ce que je pense de votre position et pourriez me taxez de confusionisme.

Permettez-moi à présent d’en venir au fond, si possible, de la pensée de Millet, telle que j’essaie, avec difficulté, de la comprendre et, en définitive, telle que je la comprends toujours aussi mal.
Je comprends mal cette sorte d’accointance qu’il cherche à établir entre la guerre et la littérature, accointance qui, d’après lui, se serait perdue. Il n’y aurait plus ni guerre ni littérature dignes de ce nom. A la place de la littérature, « l’enfer du roman », à la place de la guerre, la « décivilisation ». Breivik serait à la fois un écrivain et un soldat raté, il serait ce qu’il est, dans tous les cas, par défaut, (peut-être, au fil du clavier, viens-je de comprendre quelque chose mais alors c’est Millet lui-même qui est un écrivain et un soldat par défaut et nous tous qui sommes devenus ce que nous sommes devenus par défaut, parce que l’époque a été définitivement plus forte que nous et que l’affaire est entendue : ne reste que la déploration.)

Toutefois, quand je lis cette citation : « (…) c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre... », je ne peux me défendre de songer à un phénomène vieux comme le monde - et bien malheureux : la fascination des intellectuels pour la violence, la guerre - et ce n’est pas parce que Millet a fait le coup de feu au Liban qu’il serait totalement innocenté, à mes yeux, de cette fascination banale. Quitte à passer pour je ne sais quel déplorable mollasson, j’avoue n’être pas porté à ébranler l’inspiration en appareillant la littérature à la guerre, la vraie, qui, à mes yeux, n’est pas une figure de la guerre intérieure mais sa résolution trop évidente, trop allant trop de soi, oui, en fin finale, on fait la guerre, par défaut, manque de curiosité, dégoût de sa condition humaine, précisément parce qu’on ne parvient pas à vivre, à s’entendre, à se supporter et, par-dessus tout, parce qu’on s’ennuie et que, précisément, la littérature, l’art, la poésie et l’amour échouent à nous porter et il n’y a là rien là-dedans qui puisse m’enivrer.
02 septembre 2012, 19:13   ... et psychologie
Citation
Orimont Bolacre
Quitte à passer pour je ne sais quel déplorable mollasson, j’avoue n’être pas porté à ébranler l’inspiration en appareillant la littérature à la guerre, la vraie, qui, à mes yeux, n’est pas une figure de la guerre intérieure mais sa résolution trop évidente, trop allant trop de soi, oui, en fin finale, on fait la guerre, par défaut, manque de curiosité, dégoût de sa condition humaine, précisément parce qu’on ne parvient pas à vivre, à s’entendre, à se supporter et, par-dessus tout, parce qu’on s’ennuie et que, précisément, la littérature, l’art, la poésie et l’amour échouent à nous porter et il n’y a là rien là-dedans qui puisse m’enivrer.

"Triste" Brvk, ki'a rien compris à la vie...
02 septembre 2012, 19:22   Re : ... et psychologie
Je n'ai pas encore lu le livre de Millet . Je le commence à peine. Peut-être a-t-il voulu dire que Breijvik est un personnage comme la littérature d'aujourd'hui à l'eau de droits de l'homme n'ose plus en inventer ?
02 septembre 2012, 19:30   Re : Herméneutique
Oui, il y a du vrai : Breivik est un personnage de la réalité par défaut, faute d'avoir été celui d'un best-seller (ou mieux, d'un réel débat littéraire (et donc politique etc.)).
Utilisateur anonyme
02 septembre 2012, 19:39   Re : Herméneutique
Citation
Orimont Bolacre
Cher Didier,

Avec la crainte, toujours, de ne pas vous comprendre tout à fait, voici quelques remarques :

« Quand l'gamin i peut plus verbaliser, ben i cogne tire dans le tas, tu vois... »
Si c’est cela, entre autre, que Millet veut faire entendre à ses lecteurs, pourquoi ne le dit-il pas plus clairement ? Supposons, par exemple et puisque il est aussi question de comparer deux styles, que Renaud Camus veuille exprimer cette idée simple et juste que dès l’instant où les mots se dérobent, ou ont perdu de leur portée, il ne reste plus que les coups pour se faire entendre (chose qui, en effet, s’observe tous les jours à cause de l’usage inconsidéré des insultes), eh bien, il, Renaud Camus, saurait l’écrire sans plonger ses lecteurs dans les affres de l’interprétation et l’on pourrait le contester ou l’approuver en toute connaissance de cause. S’il faut en revanche, pour discuter la pensée de Millet, se souvenir des traductions problématiques de Platon, l’argument me parait quelque peu forcé, appliqué à un auteur d’aujourd’hui qui s’exprime en français et à qui il appartient, non pas d’être traduit par des exégètes, mais de traduire, lui, sa propre pensée afin de la rendre raisonnablement accessible, d’autant qu’elle se propose de gloser sur un « fait-divers » unanimement connu. Autrement dit, je ferais simplement le reproche à Millet d’être assez souvent – et inutilement - alambiqué dans l’expression de ses idées.

Ainsi, j’en viens maintenant à oser affirmer que l’emploi qu’il fait du terme « par défaut » me parait très précisément alambiqué. Si j’écris de vous, cher Didier, que vous êtes membre du P.I. par défaut, que comprendrez-vous, sinon que je pense que vous rêviez d’une autre forme d’action dans laquelle vous ne vous êtes pas engagé ? et si, vingt lignes plus loin, j’écris que vous auriez-pu être membre du P.I., c’est que, finalement, je prends acte que vous vous êtes engagé dans une autre forme d’action. Moyennant quoi, vous auriez du mal à savoir ce que je pense de votre position et pourriez me taxez de confusionisme.

Permettez-moi à présent d’en venir au fond, si possible, de la pensée de Millet, telle que j’essaie, avec difficulté, de la comprendre et, en définitive, telle que je la comprends toujours aussi mal.
Je comprends mal cette sorte d’accointance qu’il cherche à établir entre la guerre et la littérature, accointance qui, d’après lui, se serait perdue. Il n’y aurait plus ni guerre ni littérature dignes de ce nom. A la place de la littérature, « l’enfer du roman », à la place de la guerre, la « décivilisation ». Breivik serait à la fois un écrivain et un soldat raté, il serait ce qu’il est, dans tous les cas, par défaut, (peut-être, au fil du clavier, viens-je de comprendre quelque chose mais alors c’est Millet lui-même qui est un écrivain et un soldat par défaut et nous tous qui sommes devenus ce que nous sommes devenus par défaut, parce que l’époque a été définitivement plus forte que nous et que l’affaire est entendue : ne reste que la déploration.)

Toutefois, quand je lis cette citation : « (…) c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre... », je ne peux me défendre de songer à un phénomène vieux comme le monde - et bien malheureux : la fascination des intellectuels pour la violence, la guerre - et ce n’est pas parce que Millet a fait le coup de feu au Liban qu’il serait totalement innocenté, à mes yeux, de cette fascination banale. Quitte à passer pour je ne sais quel déplorable mollasson, j’avoue n’être pas porté à ébranler l’inspiration en appareillant la littérature à la guerre, la vraie, qui, à mes yeux, n’est pas une figure de la guerre intérieure mais sa résolution trop évidente, trop allant trop de soi, oui, en fin finale, on fait la guerre, par défaut, manque de curiosité, dégoût de sa condition humaine, précisément parce qu’on ne parvient pas à vivre, à s’entendre, à se supporter et, par-dessus tout, parce qu’on s’ennuie et que, précisément, la littérature, l’art, la poésie et l’amour échouent à nous porter et il n’y a là rien là-dedans qui puisse m’enivrer.

Monsieur Bolacre vous posez des questions complexes qui furent aussi miennes au moment de ma lecture de la Confession Négative.
Je voudrai tenter de vous exposer mon opinion sur cet aspect de l’œuvre de Richard Millet, mais seulement quand j’aurai lu Éloge.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2012, 21:54   Re : Herméneutique
(Message supprimé à la demande de son auteur)
le Πόλεμος n'est pas la guerre mais le combat


Dans le sens poétique, oui.
Utilisateur anonyme
02 septembre 2012, 22:09   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Nous sommes d'accord, c'est un sens assez fréquent (voir Homère).

Une autre traduction pourrait être "le choc".
» je ne peux me défendre de songer à un phénomène vieux comme le monde - et bien malheureux : la fascination des intellectuels pour la violence, la guerre - et ce n’est pas parce que Millet a fait le coup de feu au Liban qu’il serait totalement innocenté, à mes yeux, de cette fascination banale

Allez savoir, Millet est peut-être avant tout un authentique combattant, fait pour l'affrontement et qui a aimé ça, et n'a ensuite été littérateur que par défaut, qui continue donc sa guerre par d'autres moyens.
Utilisateur anonyme
03 septembre 2012, 10:14   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 07:34   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 07:53   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Citation
Didier Bourjon
Chasse à l'homme (L'Orient Le Jour)
Richard Millet

Une petite remontée de cet autre fil, à cette occasion.
Par défaut.

« Lors de son procès, Breivik s’est présenté comme un écrivain. Je montre qu’il n’est qu’un écrivain par défaut : il entérine par ses crimes la défaite même de la culture qu’il dénonçait. Il est remarquable qu’un journaliste du Nouvel Observateur ait, en août 2011, rendu compte du massacre d’Utoya en tentant d’« expliquer » Breivik par la violence des Eddas, les sagas fondatrices de la culture scandinave ; c’est aussi absurde que d’expliquer le prétendu racisme des Français par la Chanson de Roland. C’est manifester une haine singulière de la littérature, dont je fais également les frais, les trois livres qui paraissent ensemble constituant une méditation en trois parties sur un destin personnel dans une Europe en passe de n’être plus qu’un protectorat américano-qatari.»

« Je demande qu’on lise ensemble ces trois petits livres, et on comprendra que toute mon œuvre est, en même temps qu’un combat contre le politiquement correct, une inlassable et nécessaire interrogation sur un sujet désormais interdit en France : l’identité, mes ennemis ayant eux falsifié la vérité pour se faire les agents du renoncement à soi, c’est-à-dire de nouvelles formes de totalitarisme plus ou moins déguisé qui régissent la culture occidentale et devant quoi certains, trop rares, ne peuvent que devenir, à un prix dont je prends ces jours-ci la mesure, attaqués de toutes parts, insultés, traînés dans la boue, mais déterminés à rester libres. »

En effet

En effet, oui.
Mais si même ici, où nous sommes sur le site d’un parti et non dans un salon littéraire, on rejette avec mépris le texte de Millet, je pense que l’affaire est mal partie. Mais je salue votre courageuse obstination à vous efforcer de faire comprendre que le livre de Richard Millet est primordial.
Citation
on rejette avec mépris le texte de Millet, je pense que l’affaire est mal partie.

Tout d'abord sur ce forum comme en dehors ce sont ceux qui n'ont pas lu Millet (ou dans le passé Muray) qui en disent le plus de mal. Assez symptomatique d'une époque. Ce qui est critiqué ici à longueur d'année est reproduit à l'identique sans que les gens concernés en aient la moindre mauvaise conscience.

Les causes de ce rejet sont assez glauques mais le dénominateur commun est le choix des mots, le style, la manière plus que le contenu. Les esthètes font la moue. Que nos ennemis utilisent le mensonge, les manipulations les plus grossières laissent nos puristes de marbre.

Au lieu de saluer le fait qu'un auteur ait le rare courage de soulever le voile sur les problèmes qui mettent notre société en danger ils s'évertuent à s'interroger sur le sexe des anges et se joignent à la foule des lyncheurs qui veulent la mort sociale de Richard Millet. .
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 10:28   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Citation
Rogemi


Au lieu de saluer le fait qu'un auteur ait le rare courage de soulever le voile sur les problèmes qui mettent notre société en danger ils s'évertuent à s'interroger sur le sexe des anges et se joignent à la foule des lyncheurs qui veulent la mort sociale de Richard Millet. .

Oui,cher Rogemi, j’ai souvent l’impression que certaines choses m’échappent dans ce rejet de Millet, est-ce lié à son activité chez Gallimard ?
Opposer le style de Millet à celui de Renaud Camus ne me paraît pas politiquement éclairant. L’un et l’autre sont des écrivains considérables, aux idées proches et au style fort différent. Et alors ?
Il me semble que Stéphane Bily posait judicieusement, plus haut, le problème.
j’ai souvent l’impression que certaines choses m’échappent dans ce rejet de Millet, est-ce lié à son activité chez Gallimard ?


Pour moi, c'est en partie cela : être à ce point dans le système me paraît incohérent avec les idées exposées.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 10:49   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Bien sûr que si, il a le droit de travailler, là n'est pas le problème.

C'est une question de nature du travail.

Je n'imagine pas un permanent de SOS-racisme écrivant sur ce forum, je n'imagine pas un prêtre écrivant un ouvrage sur "l'athéisme, seul choix possible", je n'imagine pas un journaliste de Rivarol écrivant des thèses favorables au NPA.

En revanche, je vois très bien un journaliste des Echos, journal fort sérieux mais à mon avis neutre, développant en dehors de son travail telle ou telle thèse économique.

Gallimard me parait, peut-être à tort, être un des symboles du système.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 11:14   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
C'est à votre tour de ne pas bien lire.

Qu'on soit anti-système et qu'on tire une bonne part de ses revenus non de son oeuvre mais d'une source qui est un des symboles du système, je trouve que c'est au moins étrange.

Renaud Camus ne dépend que de lui-même. Céline exerça le métier neutre de médecin, Rioufol est chroniqueur politique d'un journal clairement marqué à droite.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 11:45   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 11:50   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Gallimard comme un des éléments centraux du système (du Système ?) ? Cela m'étonne. Gallimard est depuis toujours une maison indépendante et libre, une affaire familiale, qui édite des auteurs de divers bords politiques.
Gallimard possède par exemple POL, qui n'édite plus certains auteurs.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 11:57   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Justement, n'est-ce pas le signe que Gallimard accorde beaucoup d’indépendance à ses “possession” (fût-ce à notre grand dam) ?
C'est surtout le signe d'une concentration de l'édition, avec extinction des voix qui ne sont pas "dans la norme". POL appartient à Gallimard, Fayard à Hachette, voyez le résultat.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 12:20   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Citation
Jean-Marc
C'est surtout le signe d'une concentration de l'édition, avec extinction des voix qui ne sont pas "dans la norme". POL appartient à Gallimard, Fayard à Hachette, voyez le résultat.


Millet y fait son travail honnêtement (et bien). Il n’est pas responsable de la politique globale de Gallimard concernant ses filiales (dont je ne sais rien), comme moi je n’étais pas responsable de la politique (un peu contestable) de l’Université de Paris Ouest quand j’y enseignais. Eût-il fallu que je démissionnasse pour devenir clochard ?
Je vous prie de me pardonner de m’être comparé à Millet, c’est un peu beaucoup.
Citation
Pour moi, c'est en partie cela : être à ce point dans le système me paraît incohérent avec les idées exposées.

On croit rêver.

Depuis quand Jean-Marc ce grand fonctionnaire est-il contre le système.

Moi j'ai une autre interprétation: c'est parce que vous défendez le système que vous êtes contre Millet et cela est parfaitement logique.
Gallimard fait-il partie du complexe médiatico-politique ? La maison soutient-elle le parti dévot ? Est-elle un organe de diffusion de l'idéologie dominante, de la propagande de l'Empire du Bien, de la pensée-Potemkine ?

M. Gallimard vient de répondre assez clairement à ces questions en refusant de licencier Richard Millet, au grand dam de toute la flicaille idéologique qui lui réclamait sa tête à grands cris. Il est vrai qu'il publie également de nombreux auteurs bien-pensants, et alors ?
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 13:17   Re : Bref entretien de Renaud Camus au Temps
Je maintiens que Gallimard est une maison indépendante et qui résiste au “système” plutôt qu'elle n'y participe.
Il est à mon avis indigne de demander le départ de quelqu'un, et ceux qui demandent le renvoi de M. Millet commettent une indignité, pour que cela soit clair.

Cela ne m'empêche pas de penser qu'il y a une sorte d'incompatibilité entre les fonctions de M. Millet et la thématique générale de son oeuvre et que ce serait plutôt à lui de choisir.
Utilisateur anonyme
10 septembre 2012, 13:53   Re : Omarite, quand tu nous tiens
Citation
Jean-Marc

Cela ne m'empêche pas de penser qu'il y a une sorte d'incompatibilité entre les fonctions de M. Millet et la thématique générale de son œuvre et que ce serait plutôt à lui de choisir.

En somme, votre position est exactement la même que les détracteurs de Millet...
Citation
Jean-Marc
je n'imagine pas un prêtre écrivant un ouvrage sur "l'athéisme, seul choix possible"

Il y a tout de même le précédent du curé Meslier, Ardennais de souche…
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