Complément :
Pour Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy a perdu parce qu'il n'a pas assez fait du Buisson"
Par LEXPRESS.fr, publié le 13/11/2012 à 11:48, mis à jour à 11:59
Dans une interview accordée au Figaro ce mardi, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, revient sur la stratégie du président sortant durant la campagne présidentielle. Journaliste à L'Express et co-auteur de Ca m'emmerde ce truc. 14 jours dans la vie de Nicolas Sarkozy, Eric Mandonnet analyse le rôle du politologue dans la recomposition à droite.
DROITISATION - Dans une interview accordée au Figaro, le politologue Patricjk Buisson ne renie rien de la stratégie de campagne qu'il a conseillée à Nicolas Sarkozy.
Non, rien de rien, Patrick Buisson ne regrette rien de la stratégie qu'il a conseillée au candidat Sarkozy durant la campagne présidentielle...
Son interview au Figaro le confirme: parce qu'il est d'abord un idéologue, Patrick Buisson ne renonce pas à ce en quoi il croit, et ce n'est pas une défaite à l'élection présidentielle qui le fera changer d'avis. Pour lui, le régalien compte plus que l'économie. Au fond, il ne pense pas que Nicolas Sarkozy a perdu parce qu'il a fait trop de Buisson, mais parce qu'il n'en a pas fait assez...
Dans Ca m'emmerde, ce truc est décrite une journée décisive de l'entre deux tours au cours de laquelle le stratège tente de persuader le président d'aller encore plus loin, en annonçant des référendums un mois après la présidentielle sur l'immigration et sur la proportionnelle. Autre point important: Nicolas Sarkozy le premier, mais aussi Patrick Buisson dans une certaine mesure ne sont pas loin de penser que la droite n'a pas vraiment perdu la présidentielle : ils comparent des sondages qui n'avaient pas grand sens et le résultat final, ils constatent aussi, et là avec raison, que la victoire de François Hollande a été acquise de justesse.
Selon Patrick Buisson, on constaterait une "homogénéité croissante des électorats UMP et FN". Pourtant, il prône une UMP compétitive face au concurrent frontiste plutôt qu'une alliance. Cela vous surprend-il?
Non, car il y a une logique à la Ve République. Comme les deux électorats UMP et FN se ressemblent de plus en plus, Buisson estime que l'UMP doit se préoccuper d'abord d'étouffer le FN en récupérant son potentiel électoral et donc se situer non pas au centre et à droite, mais clairement à droite. C'est tout le sens de son raisonnement, contesté par une part de l'UMP.
Sans surprise, il approuve la campagne de Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP. N'est-ce pas le baiser qui tue?
Patrick Buisson sait gré à Jean-François Copé, alors président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, de l'avoir aidé lorsqu'il a été mis en cause dans l'affaire des sondages de l'Elysée. Et Jean-François Copé sait gré à Patrick Buisson de l'avoir mené sur la ligne adoptée par Nicolas Sarkozy en 2011, ni Front national, ni Front Républicain - ligne qui n'était pas celle de Copé il y a encore trois ans. Copé a choisi une stratégie dans sa campagne interne, qui est clairement une ligne Buisson: jouer la province contre Paris, le peuple contre les élites, les médias et "les barons", les phrases choc contre les thèmes rassembleurs.
En revanche, les liens de Buisson avec François Fillon ont été inexistants pendant tout le quinquennat. Dans le livre, Ludovic Vigogne et moi racontons qu'il a fallu attendre que Nathalie Kosciusko-Morizet cite Maurras à propos de Buisson, en juin, c'est-à-dire après la présidentielle, pour que François Fillon retrouve son numéro de téléphone.
Dans le Figaro, Patrick Buisson raille la dégringolade rapide de François Hollande dans les sondages mais souligne que "parce que notre monde est encombré par le virtuel et par le superficiel, le temps politique qui intègre le moyen et le long terme est le seul à avoir prise sur le réel". Comment croire aux démonstrations du politologue quand il est autant engagé?
On aurait pu s'attendre à avoir autour de Nicolas Sarkozy une prime aux communicants. Pas du tout: l'homme clé fut un homme extrêmement structuré intellectuellement. Il a donc une grille de lecture très précise, et c'est à travers elle qu'il participait hier à la construction de l'action politique de Nicolas Sarkozy, qu'il analyse aujourd'hui la démarche de François Hollande.